Psychothérapeute mais surtout mère de famille, l'auteur propose d’apprendre à nos enfants à utiliser l’intelligence du cœur pour résoudre les problèmes posés par la vie, en respectant leurs émotions plutôt qu'en les réprimant. A travers de très nombreux exemples personnels ou choisis au fil de ses rencontres, Isabelle Filliozat, démontre pas à pas que l'écoute des enfants et la prise en compte de leurs émotions est souhaitable pour tous, et ne mène pas aux catastrophes annoncées par un entourage, prolixe en « conseils bienveillants », qui trouve vital d'établir une autorité ferme face au risque de faire un enfant-roi, ou un délinquant. N’écoutez pas celui qui vous aide à entendre votre enfant. Faites-vous confiance, écoutez votre cœur. Elle nous propose 7 questions-clé à se poser lorsqu’on fait face à une émotion exprimée par un enfant, afin d’adapter notre comportement : - Quel est son vécu ? Identifier ce qu’il vit, ressent, plutôt que de juger ses actions. - Que dit-il ? Ne pas interroger le « pourquoi » (le plus souvent, l’enfant n’en sait rien), mais plutôt « Que ressens-tu ? » - Quel message ai-je envie de lui transmettre ? Le laisser s’exprimer, le prendre au sérieux - Pourquoi je dis cela ? Prendre conscience de mes demandes, de mes attentes, et de leur bien-fondé ou du poids social/culturel qu’elles portent. - Mes besoins sont-ils en compétition avec ceux de mon enfant ? Dans un jeu de pouvoir, il y a forcément un perdant… Donc dans un premier temps, il faut prendre conscience de ses besoins à soi : besoin de repos, de relais, d’attention… L’adulte projette aussi sur l’enfant ses propres besoins refoulés de l’enfance : il est donc important de se guérir des vieilles blessures. - Qu’est-ce qui est le plus précieux pour moi ? Mon enfant ? L’image que je donne de moi ? Ma relation avec telle personne ? Ma réaction sera signifiante de cela. - Quel est mon objectif ? Il n’y a pas de « bien » ou « mal » dans l’absolu, mais une réponse unique pour une situation unique L'auteur développe ensuite le monde des émotions, à travers des exemples choisis dans des situations de colère, de tristesse, de joie ou de peur. Elle insiste pour qu'on accepte le fait que les émotions des enfants aient un sens, qu'elles soient saines, et toutes utiles, même si des fois on est fatigué et qu’on n’a pas envie de les décoder. L’émotion, c’est le mouvement de la Vie en soi. Les enfants nous disent ce dont ils ont besoin, pour peu que nous sachions les écouter et décoder leur langage. Il importe donc de laisser s'exprimer la colère, les larmes, même lorsqu'elles font suite à une demande ou une interdiction justifiée. Une émotion exprimée n'est par ailleurs pas nécessairement une demande : par exemple si un enfant n'a pas l'autorisation de rester debout après l'heure du coucher, l'autoriser à dire qu'il n'est pas d'accord ne remet pas pour autant la règle en question, on peut même lui dire qu'on comprend qu'il ne soit pas d'accord. Ecoute des émotions ≠ satisfaction de toutes les demandes ! L’expression de la colère, de la tristesse, de la peur doit se faire en message « Je », sans en imputer la responsabilité à l’autre. A travers ce « Je », l’expression des ressentis, des choix, c’est d’ailleurs le sentiment d’identité de l’enfant qui se construit. S'il les émotions, en particulier négatives, sont réprimées, elles ne disparaissent pas pour autant par magie, et cette réprobation a un coût qui se répercutera ultérieurement. Reconnaitre ses émotions, c’est s’accepter comme on est, construire sa confiance en soi... Il faut donc savoir reconnaître ses propres besoins, les écouter, et éventuellement les dire et les revendiquer... Plus délicats sont les conflits d'enfance avec les parents non résolus, les rancœurs gardées pour soi. Le premier pas pour s'en libérer est de les identifier et de les accepter, même s'il peut être difficile d'accepter d'en vouloir à ses parents, en particulier quand on a passé une grande part de sa vie à le refuser. Par ailleurs il est important pour l’enfant de faire l’expérience que l’expression verbale des émotions violentes ne détruit ni la personne, ni la relation qu’on a avec elle. Le sens de telle ou telle émotion est par ailleurs plus facilement accessible à l'adulte attentif, qui prend le temps de questionner et d'écouter les réponses, qu'à l'enfant lui-même. Quand une réaction est disproportionnée, l'événement qui en est à l'origine n'en est probablement que le déclencheur, et une angoisse, une rancœur, une tristesse plus profondes ne peuvent que gagner à être identifiées à cette occasion. Il est donc conseillé de ne pas céder à la tentation de minimiser l'incident, mais de demander à l'enfant, une fois calmé, ce qu'il a ressenti, comment l'incident a été vécu, ... en évitant la question "pourquoi", trop vague et porteuse de jugement. Les émotions justes nous rendent notre puissance. Les émotions déplacées, disproportionnées, substitutives… nous vulnérabilisent. Mon avis ? - Un livre très complet sur la question des émotions, riche en situations d’exemples où chacun pourra se projeter. - Certains passages que je ne partage pas : « tout se joue avant 6 ans » en introduction, me parait un peu péremptoire et culpabilisant ; ainsi que certains exemples un peu « discutables » à mon goût (c’est parce qu’il avait un sentiment de culpabilité face à la séparation de ses parents que Camille a contracté une leucémie). J’ai également une opinion plus nuancée que l’auteur en ce qui concerne les contes de fées traditionnels. - Je le recommande très volontiers à des parents qui souhaitent approfondir leur réflexion sur l’expression et l’accueil des émotions, mais en première approche, le concret « J’ai tout essayé » me semble plus accessible dans sa présentation.