Les proprietes senatoriales en Numidie

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EPIGRAFIA E ORDINE SENATORIO,
30 ANNI DOPO
a cura di
Maria Letizia Caldelli – Gian Luca Gregori
*
TITVLI
10
ROMA 2014
EDIZIONI QUASAR
estratto
Opera realizzata con il contributo
di Sapienza Università di Roma,
École Pratique des Hautes Études
e British School at Rome
I contributi sono stati sottoposti a peer review
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ISBN 978-88-7140-567-4
Comitato scientico della collana
Maria Letizia Caldelli, Gian Luca Gregori,
Maria Letizia Lazzarini, Silvia Orlandi, Silvio Panciera
estratto
L’Afrique de manière générale et la Numidie en particulier sont réputées pour être l’un
des «greniers à blé» de Rome. Ce rôle annonaire semble principalement s’afrmer à partir de la
n du Ier siècle apr. J.-C.1, date à laquelle apparaissent également dans notre documentation les
premiers sénateurs de Numidie: le premier consul originaire d’Afrique, Q. Aurelius Pactumeius
Fronto, originaire de Cirta, est désigné sous Vespasien2. À partir de cette époque, et particulière-
ment au IIe siècle, nombreux sont les Africains qui intègrent l’ordre sénatorial3. Certains historiens
parlent même d’un «clan» africain à la cour antonine, autour de la gure de Fronton, le profes-
seur de rhétorique et ami de Marc Aurèle4. C’est pourquoi on a parfois fait du rôle de la Numidie
dans l’exportation de blé à destination de Rome l’une des raisons principales de l’intégration des
élites numides dans les ordres privilégiés de l’Empire5. En effet, outre la fortune que procurent
la production et la vente de grain ou d’huile, la mainmise sur le trac de ces denrées alimentaires
indispensables à la paix sociale et politique6 assure aux notables africains une position stratégique:
le pouvoir a dû avoir à cœur de s’attacher des gens dont dépendait en partie l’approvisionnement
de l’Urbs.
Le rôle de la Numidie pour le ravitaillement de Rome est particulièrement perceptible dans
deux inscriptions, aujourd’hui conservées au Louvre, provenant de Rusicade, le port de Cirta. Au
IIIe siècle, un évergète y fait élever deux statues, l’une représentant le Génie de Rusicade, l’autre
* Je tiens à remercier vivement pour leur relecture attentive et leurs précieux conseils François Chausson et
Michel Christol, dont les observations ont spécialement nourri la réexion sur la via nova Rusicadensis. Je remercie
également Antonio Ibba pour ses remarques.
1 Mise au point et recensement de l’abondante bibliographie sur le sujet dans De Romanis 2003.
2 ILAlg, II 644 (Cirta): [Q(uinto) Aur(elio) Q(uinti) f(ilio) Pactumeio Quir(ina tribu) Frontoni, in senatu
inter praetorios allecto / ab I]mp(eratore) [Cae]s(are) V[espas/ia]no Aug(usto) et Tito / Imp(eratoris) Aug(usti) f(i-
lio), sacerdoti fe/tiali, praef(ecto) aerarii / militaris, co(n)s(uli) ex Afric[a] / [p]rimo, Pactumeia [- - -] / [- - -] patri
optimo.
3 Par ex. Lambrechts 1936, 195 s.; Barbieri 1952, 441, 465; Corbier 1982; Le Glay 1982; voir dans le présent
volume A. Mastino, A. Ibba.
4 Voir Corbier 1982, 696 (avec la bibliographie); Le Glay 1982, 758-759.
5 Par ex., Picard 1953, 126 s.; Šašel, discussion de Le Glay 1982, 779; Cébeillac-Gervasoni 1996, 558 s.
6 Depuis l’étude fondatrice de Cagnat 1915, 249-251, voir, entre autres, Jaïdi 1990, 32 s. (avec la bibliogra-
phie), Christol 1996.
Anne-Florence Baroni
LES PROPRIÉTÉS FONCIÈRES SÉNATORIALES EN NUMIDIE
SOUS LE HAUT-EMPIRE*
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celui de l’annone de Rome7. Un bas-relief au Génie de la colonie de Pouzzoles, l’un des ports
annonaires de Rome, signale de la même façon le prot que les habitants tiraient des exportations
de denrées alimentaires à destination de la capitale8. À l’époque tardive, la fonction annonaire
de Rusicade ne se dément pas, puisqu’au Ve siècle, sous Valentinien et Valens, des horrea y sont
construits an d’assurer la sécurité alimentaire du peuple romain9. Il est donc tentant de rapprocher
la vocation annonaire des terres de Numidie et le succès politique et social des élites de cette ré-
gion. S’il est évident que les sénateurs de Numidie, dont le cens est estimé en biens fonciers, sont
possessionnés dans leur région d’origine et le demeurent après leur admission dans l’ordre sénato-
rial10, il reste à savoir dans quelle mesure la possession de terres en Numidie facilite l’intégration
dans l’ordre sénatorial. C’est pourquoi on tentera ici de déterminer le nombre et l’importance des
propriétés sénatoriales attestées et de voir si la documentation africaine permet de conrmer que
ces propriétaires fonciers ont pu bénécier de leur rôle de producteur pour gravir les échelons de
la société. On se concentrera sur la Numidie dans les limites de la province qui porte ce nom au
IIIe siècle, c’est-à-dire le territoire placé sous l’autorité du légat de la IIIe légion Auguste à partir de
Caligula. Cette région offre l’avantage de présenter une zone géographique relativement restreinte
et un corpus épigraphique assez important pour pouvoir tirer des conclusions. Elle correspond
également à l’hinterland du port de Rusicade11, tandis que la Numidie Proconsulaire devait avoir
pour débouché maritime Hippo Regius, l’autre grand port de Numidie.
La carte de localisation des dix-sept domaines attestés épigraphiquement (g. 1) dont le
nom du propriétaire est connu (hors domaines impériaux) fait apparaître la proximité de ces pro-
priétés avec les grands axes de communication, nécessaires à l’écoulement de la production, ain-
si qu’une concentration dans la région de Cirta (Constantine). Les Monts de Constantine et les
Hautes Plaines au sud de Constantine, constituent en effet la zone la plus fertile de la province,
bénéciant de précipitations régulières et abondantes12. De plus, l’extension des domaines impé-
riaux est bien plus importante en Numidie méridionale que dans la région de Cirta13. Il convient
toutefois de noter que, depuis le XIXe siècle, la région de Constantine a davantage fait l’objet de
prospections que celle de l’Aurès et que, de ce fait, la documentation pour le sud de la Numidie
est moins importante14.
7 ILAlg, II 5 (Rusicade): Genio coloniae / Veneriae Rusicadis / Aug(usto) sac(rum), / M(arcus) Aemilius
Ballator, / praeter HS X m(ilia) n(ummum) quae in / opus cultumve theatri / postulante populo de/dit statuas duas
Geni/um patriae n(ostrae) et anno/nae sacrae Urbis sua / pecunia posuit ad / quarum dedicatio/nem diem ludorum /
cum missilibus edidit; / l(ocus) d(atus) d(ecreto) d(ecurionum).
8 ILAlg, II 4 (Rusicade): Gen(io) col(oniae) Put(eolanorum) Aug(usto) sac(rum).
9 ILAlg, II 379 (Stora, à l’ouest de Rusicade): Pro magnicentia temporum / principum maximorum domi/
norum orb[i]s Valentiniani et / Valenti[s] semper Augg(ustorum), horrea / ad securitatem populi Romani / pariter ac
provincialium con/structa omni maturitate, / dedicavit Publilius Caeionius / Caec[i]na Albinus, v(ir) c(larissimus), con-
s(ularis) / sexf(ascalis) p(rovinciae) N(umidiae) Cons(tantinae). Voir Papi - Martorella 2009, 183.
10 Malgré l’obligation pour les sénateurs d’investir une partie de leur fortune en Italie au IIe s. Voir Chastagnol
1992, 165-166.
11 Rusicade est ainsi mentionnée sur une unité de mesure d’un ponderarium trouvé à Lambidiri (AAA, f. 27,
120): AE 1922, 12. Voir Salama - Laporte 2010, 352.
12 Voir Despois - Raynal 1967, 172 s.
13 Sur les domaines impériaux du sud de la Numidie, Fentress 1979, 134 s.; Jacques 1992.
14 Voir notamment Fentress 1979, 142 s.
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LES PROPRIÉTÉS FONCIÈRES SÉNATORIALES EN NUMIDIE SOUS LE HAUT-EMPIRE 389
Parmi les dix-sept propriétaires connus, dix sont des sénateurs ou parents de sénateurs15.
On en laissera de côté trois, pour lesquels les propriétaires ne sont pas autrement iden-
tiables. Le premier de ces propriétaires est la clarissime Caelia Maxima, dont les praedia
s’étendent dans les environs d’Uzelis, à l’ouest de Cirta16. Caelia Maxima porte le même nom
qu’une famille de chevaliers et sénateurs de la n de la République, détentrice de propriétés en
Afrique, aux environs d’Hadrumète17; mais ce gentilice est trop courant en Afrique18 et dans l’em-
pire pour qu’on puisse en tirer des conclusions. Les deux autres domaines se situent au sud et à
l’ouest de Batna: le premier texte mentionne [A]mpelius et [Ma]ximilla, propriétaires de domaines
sur le site autrefois appelé Henchir Fegousia19, près de Lambidiri, à une date impossible à préci-
ser20; le second fait connaître deux clarissimes, Egyptilla et Marcella, l’une mère et l’autre lle du
v(ir) p(erfectissimus) Aurelius Marcellinus21, sur une inscription des environs de Nicivibus22 (au-
jourd’hui N’gaous). Aurelius Marcellinus, qui vit peut-être dans la deuxième moitié du IIIe siècle,
est certes mentionné par une inscription de Vérone23. Mais l’identication avec des personnages
homonymes reste difcile24; on ne sait rien de lui qui soit assuré, si ce n’est son rang et son titre,
remarquable, de dux ducum.
À une exception près, tous les autres sénateurs partagent les caractéristiques suivantes:
tous sont relativement bien connus; tous ont fait carrière au IIe siècle25; tous sont originaires de la
région; enn, leurs propriétés se situent dans la région de Cirta. L’exception est P. Iulius Iunianus
Martialianus, consul suffect entre 227 et 23026. Celui-ci est originaire de Timgad, où il est honoré
15 Les sept autres sont la famille des Paccii (ILAlg, II 4196) dont un membre au moins est parvenu à intégrer
l’ordre équestre (ILAlg, I 1349); Munatius Flavianus, qui reçoit sous Probus le droit de fonder un marché à Emadaucap
(ILAlg, II 7511); Pompeianus dont le nom apparaît au-dessus de la représentation d’un domaine sur les mosaïques de
la villa d’Oued Athménia (ILAlg, II 8460; à corriger avec Morvillez 2006, 314, g. 5 et 315); P. Geminius Laetus (AE
1937, 146; voir Lengrand 1996, 123); un propriétaire qui n’est désigné que par ses initiales, S. I. P., au sud-ouest de
Lambèse (AE 1992, 1836). Les deux derniers domaines sont hypothétiques: on peut malgré tout supposer que les autels
élevés par des esclaves à P. Iulius Celerinus (ILAlg, II 8482) et Claudianus (ILAlg, II 4400) l’ont été sur les propriétés
de ces personnages, par ailleurs inconnus.
16 ILAlg, II 8785: In his praediis / Caeliae Maximae, c(larissimae) f(eminae), / turres salutem saltus / eiusdem
dominae meae / constituit / Numidius ser(vus) act(or).
17 Kolendo 1985.
18 En Cirtéenne même, on compte une cinquantaine de porteurs du gentilice. Voir également Lassère 1977,
173, 460.
19 AAA, f. 27, 115.
20 Dupuis, Morizot 2001 (d’où AE 2001, 2087): Moenia quisque [f]acit famae et[ernae studet ille] / qui maio-
ra tenent ponunt de m[ontibus altis] / ad nobis satis est parvo de cul[mine parva] / et tamen aequat amor parvas re[s
grandibus ardens] // In h[is praediis] / [- - - A]mpeli c(larissimi) [v(iri) et - - - Ma]ximillae c(larissimae) f(eminae) eius /
[- - - in ho]c praetorio [- - - c]um his omnibus / [- - -] fecerunt ac si[mul] dedicaverunt. Pour l’identication d’[A]mpe-
lius, voir dans le présent volume A. Mastino, A. Ibba.
21 Laporte 2006, 105-107 (d’où AE 2006, 1803): In his praedi(i)s / Aureli Marcelli/ni p(erfectissimi) v(iri)
duci ducum / victoriarum et / Marcellae liae / c(larissimae) f(eminae) et Egyptillae / matris c(larissimae) f(eminae) /
[- - -]. Voir Buonopane 2008; Christol 2009, 131; voir dans le présent volume A. Mastino, A. Ibba.
22 AAA, f. 26, 161.
23 CIL, V 3329.
24 Voir Buonopane 2008, en part. 128 s.
25 À nuancer pour les Arrii Antonini, dont on connaît les descendants au IIIe siècle.
26 PIR², I 369; Le Glay 1982, 773 (avec la bibliographie); Thomasson 1996, 182-183.
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