Mais, derrière le limes maintenu, l’armée n’est plus un outil de romanisation
disséminée un peu partout, elle surveille les mouvements des indigènes, et
beaucoup de ceux qui la composent seraient à l’occasion disposés à seconder ces
mouvements, parce que l’image de Rome s’efface chaque jour un peu plus des
esprits. L’invasion barbare, favorisée par la dépopulation de l’Empire, se fait un
peu chaque jour, par infiltration.
Page 3 : Schismes et révoltes indigènes
Avec Constantin, les persécutions contre le christianisme ont cessé. C’est un
élément de discorde qui a disparu. Mais la situation ne s’est pas améliorée pour
cela, car l’hostilité qui n’est plus entre païens et chrétiens est maintenant à
l’intérieur de la chrétienté. Les discussions sur la conduite tenue par les fidèles
lors de la persécution de Dioclétien, les reproches des intransigeants à ceux qui,
au cours de la persécution, ont faibli ou paru faiblir, et les rivalités personnelles
qui se greffent sur ces débats déterminent, au début du IVe siècle, un schisme.
Les élections épiscopales de Cirta en 305, de Carthage en 311 séparent de
l’orthodoxie catholique ceux que, du nom d’un de leurs chefs, on appelle les
Donatistes. Bientôt il y a, dans presque toutes les localités, un évêque et une
église donatistes en concurrence avec l’évêque et l’église catholiques ; et bien
que les empereurs accordent assez régulièrement leur appui aux catholiques, le
schisme donatiste se maintient et lutte longtemps à forces égales. Des haines
violentes séparent les deux partis il y a des bagarres et des batailles fréquentes.
Les Donatistes ont des auxiliaires terribles des troupes de paysans révoltés, que
la misère a fait retourner à l’état sauvage, qu’en même temps une sorte
d’enthousiasme mystique soulève et qui croient leurs violences inspirées de Dieu.
Ce sont les circoncellions, qui vont de ferme en ferme, circum cellas, non plus
pour trouver du travail, comme au temps de la prospérité, mais pour piller et
tuer, avec une sorte de frénésie de destruction.. C’est la détresse des
campagnes qui a déterminé la formation de ces bandes ; mais elles-mêmes
contribuent à rendre les campagnes de plus en plus désertes et misérables, en
anéantissant ce qu’elles rencontrent et en rendant dangereuse tout circulation.
Dans ce désordre matériel et moral, les révoltes indigènes ne peuvent manquer
de se produire. Un prince indigène, Firmus, soulève la Maurétanie en 372, et
cherche à devenir le chef d’un état indépendant il faut quatre ans d’effort au
meilleur général de l’époque, Théodose, pour le réduire. C’est que les Donatistes
ont donné à Firmus un appui énergique. Un frère de Firmus, Gildon, fidèle d’abord
aux Romains, reçoit d’eux, en 386, la charge de gouverner l’Afrique ; à son tour, il
veut se tailler une principauté indépendante, et compte sur l’appui des
Donatistes en 396, il affame Rome en retenant les convois de blé. Deux ans