premiers empereurs, furent définitivement pacifiés et fixés vers la fin du
premier siècle. C’est en tant que pays tout à fait pacifié que cette province était
confiée à un proconsul, nommé en principe pour un an, et résidant à Carthage,
d’où le nom qu’elle portait. Tout le régime impérial reposait sur la fiction d’un
partage de la souveraineté entre l’empereur et le peuple, représenté par le
Sénat ; les deux pouvoirs étaient supposés se faire équilibre ; et, conformément
à cette théorie, Auguste avait partagé l’ensemble du monde romain en deux
séries de provinces les provinces sénatoriales, gouvernées par des proconsuls que
désignait le Sénat, et dont les revenus allaient au trésor public ; les provinces
impériales, gouvernées par des propréteurs ou des procurateurs que l’empereur
nommait à son gré, et dont les recettes allaient au fiscus ou caisse de
l’empereur. Cette séparation de pouvoirs était plus apparente que réelle, car en
fait, dès les premiers empereurs, le Sénat fut à peu près entièrement dans la
main du prince ; en outre, des empiètements progressifs réduisirent petit à petit
la part d’autonomie administrative que le Sénat gardait au début dans ses
provinces ; des procurateurs, agents directs de l’empereur, se substituaient peu
à peu dans les diverses branches de l’administration financière des provinces
sénatoriales aux questeurs, fonctionnaires publics. Néanmoins, une différence
intrinsèque subsistait entre les deux catégories de provinces celles que
l’empereur avait confiées au Sénat étaient plus paisibles, plus romanisées que les
autres ; elles pouvaient se passer de garnison ; car Auguste, tenant par dessus
tout à réserver à l’empereur seul la disposition de la force militaire, n’avait pas
voulu, en règle générale, mettre dans le lot du Sénat les provinces où la présence
des troupes était nécessaire. L’Afrique proconsulaire, province civile, était donc
la région d’Afrique dont la population était la plus dense, la plus prospère, et la
plus pénétrée d’influences romaines.
Ensuite venait la Numidie, qui avait pour limite occidentale l’embouchure de
l’Oued-el-Kebir, puis une série de vallées, délimitation qui mettait Djemila en
Numidie, Sétif en Maurétanie ; plus au Sud, la Numidie comprenait l’Est et le Sud
de la plaine du Hodna. La Numidie était gouvernée par le légat commandant la
légion qui était l’élément principal du corps d’occupation de l’Afrique ; ce légat,
qui portait le titre de propréteur, était désigné directement par l’empereur, qui
le laissait en fonctions le plus souvent pendant plusieurs années.
A vrai dire, cette province de Numidie n’eut d’existence officielle, comme
province indépendante et sous ce nom, qu’à partir des premières années du
troisième siècle. Jusque-là, elle fit théoriquement partie de l’Afrique
proconsulaire. Mais comme il était contraire aux règles posées par Auguste
qu’une province proconsulaire, donc sénatoriale, contînt une légion, et comme il
était anormal de subordonner à un proconsul désigné par le Sénat un propréteur
chargé par l’empereur d’un important commandement militaire, dès le règne de