
2
La bière Mandrin
1. Présentation générale du cas
La structure du marché de la bière en France peut être considérée comme oligopolistique. En effet,
3 grands groupes brassicoles se partagent 80 % du marché de la grande distribution :
• Le groupe Scottish & Newcastle (Grande-Bretagne) commercialise notamment les marques
françaises Kronenbourg et Kanterbräu, mais aussi Obernai. Il détient environ 40 % du marché.
• Le groupe Heineken (Pays-Bas), qui outre sa marque de référence, commercialise Amstel et
Fischer. Il détient environ 30 % du marché.
• Le groupe Interbrew (Belgique), commercialise notamment les marques Stella Artois, Leffe et
Hoegaarden. Il détient environ 10 % du marché.
Le reste du marché se répartit entre les marques de distributeurs (MDD) et marques 1er prix
(MPP), mais aussi quelques brasseries indépendantes.
La loi Evin, élément spécifique de ce marché, restreint et limite la communication des entreprises
fabriquant et commercialisant des produits alcoolisés. Ceci contribue au fait que les ventes de
bière en France sont en stagnation depuis plusieurs années avec une consommation d’environ 36
litres par personne et par an (130 en République tchèque, 120 en Allemagne et 100 en Grande
Bretagne).
Ce marché présente ainsi les signes d’un marché saturé, où l’apparition de nouveaux entrants
serait difficile.
Pourtant, dans ce constat morose, une tendance apparue il y a une dizaine d’années est en
contradiction avec les données générales du marché : l’émergence de petites brasseries
indépendantes, appelées micro-brasseries. En effet, bien que marginale, leur part de marché
connaît une croissance continue et les produits qu’elles proposent sont le témoin d’un nouveau
type de consommation.
Ces nouvelles brasseries, au marché essentiellement local, voire régional, font figure de
spécialistes, bien ancrées dans une niche laissée libre par les grands opérateurs du marché. Elles
revendiquent souvent l’histoire brassicole de leur région d’implantation. Elles se différencient par
leur production artisanale et l’utilisation d’ingrédients « du terroir ».
2. La Brasserie Artisanale du Dauphiné
La Brasserie Artisanale du Dauphiné est l’une de ces micro-brasseries. Avec moins de 2 ans
d’existence, cette entreprise ne commercialise à ce jour qu’un seul produit : la bière Mandrin, une
bière aux noix.
Créée par M. Gachet en 2002 à Grenoble, cette PME remet à jour l’ancienne tradition brassicole
de la région en valorisant l’histoire, l’authenticité, l’ancrage dans une région et l’utilisation de
matières premières locales. Elle compte actuellement 4 salariés : 2 personnes s’occupent de la
fabrication (dont M. Gachet lui-même) et 2 de la commercialisation. La Brasserie Artisanale du
Dauphiné a mis en place son propre réseau de distribution avec des partenaires respectant ses
valeurs, en marge des réseaux habituels.
Signe supplémentaire que les aspirations de son créateur étaient loin d’être utopiques, la brasserie
a été l’une des entreprises choisies par le Secrétaire d’Etat aux PME, lors de sa visite en Isère pour
représenter l’artisanat régional.