précis présent chez tous les membres atteints de la famil-
le. Cependant aucun recombinant permettant de réduire
la région d'intérêt n'a pu être mis en évidence. Ces don-
nées suggérent l'étroite association entre l'agrégation
familiale de CaP et l'âge au diagnostic. En effet nous
avons observé à partir des familles recrutées dans l'étude
Progène que la survenue précoce de CaP était corrélée au
nombre de cas de CaP observés dans la famille : l'âge
moyen au diagnostic étant de 68.5 ans dans les familles
à 1 cas, 67 ans pour 2 cas, 65.6 ans pour 3 cas, 60.6 ans
pour 4 cas et plus.
DISCUSSION
L'analyse de liaison génétique* effectuée sur le premier
sous-groupe de familles informatives* de CaP hérédi-
taires (47 familles dont 10 allemandes) a permis de
localiser un gène de prédisposition* au CaP (PCaP) sur
le chromosome 1q 42.2-43 (Figure 1), cette localisation
ayant été confirmée par 14 marqueurs* sélectionnés
dans la région d'intérêt. Trois modèles ont été utilisés
pour tenir compte du problème des phénocopies* c'est à
dire des patients ayant un CaP dans certaines familles,
du fait du hasard et non par prédisposition. En effet
puisqu'il est impossible de déterminer précisément le
taux de phénocopies*, dans les familles à plusieurs CaP,
nous lui avons attribué des valeurs différentes selon le
modèle en tenant compte des données épidémiologiques
disponibles. En effet le CaP représente dans les pays
occidentaux 5 à 10 % de l'ensemble des cancers, avec
une incidence annuelle standardisée de 1-2/100.000
vers 40 ans pour atteindre 1600/100.000 vers 80 ans
avec un risque cumulé au long de l'existence d'environ
10% (2). Ainsi dans le modèle 1, nous avons considéré
un taux constant de phénocopie* de 1%. Etant donné
que les cas héréditaires ont souvent une survenue pré-
coce, il nous est apparu opportun de considérer un
second modèle considérant un taux de phénocopie*
croissant selon l'âge. Le troisième modèle proche de
celui utilisé pa
R
S
M
ith [33] a donné dans notre étude des
résultats comparables à ceux des modèles 1 et 2 pour le
locus 1q 42.2-43 mais avec une significativité moindre.
Bien que les résultats des LOD scores* en analyse bi-
point* n'atteignait pas le seuil de 3, cette valeur de
significativité a été obtenue pour le calcul des LOD
scores* en analyse multi-point*. Par ailleurs un LOD
score* de 3.3 a même été obtenu pour le sous-groupe
de familles pour lesquelles le CaP avait un début pré-
coce. Cependant ces différents résultats des LOD
scores* ne permettent pas d'exclure un certain risque
d'erreur (faux positifs) bien que faible. AinSI, GENIN
[11] a montré que pour une maladie autosomique*
dominante*, et selon la structure généalogique, la pro-
babilité de l'absence de liaison pour un LOD score* de
3 pouvait atteindre 8 à 16%. Cependant ce taux d'erreur
est fortement corrélé à la structure familiale et au
modèle génétique utilisé. La première cause d' erreur
pourrait être en rapport avec une mauvaise définition
des paramètres génétiques aux loci morbides.
Cependant CLERGET-DARPOUX [5] a montré que cela
s'accompagne plutôt d'un risque de faux négatif que de
faux positif. Une autre cause d'erreur conduisant à des
faux positifs est l'utilisation de fréquences alléliques*
erronées pour les marqueurs du locus étudié.
Cependant, comme les fréquences alléliques* utilisées
dans notre étude, ont été évaluées à partir de la popula-
tion étudiée et qu'elles étaient conformes aux valeurs
antérieurement publiées, ont peut exclure cette cause
de faux positifs.
En ce qui concerne l'hétérogénéité* génétique nos
résultats ont estimé que le locus PCaP serait impliqué
jusqu'à 50% des familles étudiées, alors que HPC1
I'était dans 30% des cas dans l'étude de SMITH [33].
Une méta-analyse présentée récemment a conclu que le
gène HPC1 ne serait en fait qu'un gène mineur de pré-
disposition, impliqué seulement dans 5% des CaP héré-
ditaires. Ces données confirment l'hypothèse d'une pré-
disposition multigènique* comme c'est le cas pour la
majorité des cancers héréditaires (sein, colon, rein ...).
La valeur a de 50% évoquée pour la proportion de CaP
héréditaires liés à PCaP est probablement surestimée
en partie du fait du nombre de familles avec simple-
ment 2 cas. La valeur de 20% correspondant au ratio de
9 / 47 pour les familles à survenue précoce de CaP est
probablement une limite inférieure de α. Une meilleu-
re estimation de αnécessiterait de réaliser une méta-
analyse sur une collection mondiale de familles. On
peut cependant considérer que la proportion de CaP
héréditaires résultant d'une prédisposition portée par
PCaP est probablement inférieure à 50%.
Le locus de prédisposition (HPC1) décrit par
SMITH
[33]) après analyse de liaison génétique* portant sur
des familles américaines et suédoises, est localisé sur le
chromosome 1q 24-25. Ce locus est situé vers le cen-
tromère, à 60 cM du locus 1q 42.2-43 décrit dans notre
étude (Figure 1). Nous avons réalisé une analyse de
liaison* sur la région 1q 24-25, et comme d'autres tra-
vaux récemment publiés [3, 9, 22, 35], nous n'avons
observé aucune liaison au niveau de ce locus*. Les
divergences entre les résultats de notre étude et de celle
de SMITH [33] peuvent s'expliquer notamment par: le
nombre de familles incluses dans l'analyse (47 contre
91), le nombre moyen d'individus atteints par famille
(3,3 / famille vs 4.9 / famille), et le nombre moyen de
sujets génotypés (4.1 / famille vs 6,6 / famille). Les dif-
férences de composition éthnique des populations étu-
diées peuvent également être à l'origine des résultats. Il
est également intéressant de noter que dans l'analyse
réalisée parSMITH [33], il existait un pic de LOD score
pour le marqueur D1S235 du chromose 1. Ce marqueur
situé de manière centromérique par rapport à notre
locus pouvait présager nos résultats.
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A. Valeri et coll., Progrès en Urologie (1999), 9, 680-688