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Situation de soins et de bien être

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Unité d’enseignement 4.1 S1
Soins de conforts et de bien-être
Analyse d’une situation de soins et
de bien-être
A rendre pour le 21 Janvier 2020
IFSI Robert Ballanger
Promotion Virginia Henderson (2019-2022)
Session 1
Notes aux lecteurs :
« Il s’agit d’un travail personnel et il ne peut faire l’objet d’une publication en tout ou
partie sans l’accord de ses auteurs »
Sommaire :
Introduction. …………………………………………………………………………………..Page 1
Description de la situation ……………………………….……………………..……...…..Page 2
Analyse. ……………………………………..………………………………………………Page 5
Conclusion. ……………… …………………..………………………………………………Page 7
Annexe ………………………………………………………………………………………...Page 8
Bibliographie et ressource……………………………………………………………………Page 9
I.
Introduction
1. Présentation du lieu et des acteurs
Nous sommes étudiantes en soins infirmiers (ESI) en première année à l’institut
de formation en soins infirmiers (IFSI) Robert Ballanger. Dans le cadre de l’unité
d’enseignement (UE) 4.1 Soins de confort et de bien-être, et en lien avec la
compétence 3 “ Accompagner des personnes dans la réalisation de ses soins
quotidiens ”, nous devons réaliser une analyse de situation professionnelle à partir
d’une situation rencontrée par l’une d’entre nous lors du stage de 5 semaines de
semestre 1. Cette situation doit être en lien avec deux des concepts étudiés en
cours.
La situation que nous allons vous exposer s’est déroulée dans un
établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD)
correspondant à la typologie de soins individuels ou collectifs sur des lieux de vie.
L’établissement propose des hébergements permanents ou temporaires sur
trois étages, le dernier étant réservé aux personnes âgées les plus dépendantes. Cette
maison de retraite médicalisée a donc une capacité d’accueil de 84 résidents. Lors du
stage, l’effectif était de 80 résidents pour une moyenne d’âge de 85 ans. Les
pathologies fréquentes étaient les maladies neurodégénératives type Alzheimer, des
maladies cardiovasculaires ainsi que des maladies ostéo-articulaires dégénératives.
Tout au long de la semaine, les résidents pouvaient se divertir avec de nombreuses
animations et avaient à leur disposition un salon de coiffure le lundi matin.
L’équipe est pluridisciplinaire. Par étage, il y avait une aide-ménagère ainsi que trois
aides-soignantes, 9 résidents étaient donc à la charge d’une aide-soignante. Deux
infirmières étaient présentes pour l’ensemble de l’EHPAD. Une infirmière cadre de
santé, un médecin coordinateur, une psychologue, une psychomotricienne, un
ergothérapeute ainsi que quatre kinésithérapeutes libéraux travaillent tout le long de
la semaine. La nuit, les résidents sont pris en charge par deux aides-soignantes.
II.
Description de la situation
Nous avons choisi d’analyser une situation vécue en stage par une étudiante de notre
groupe.
1. Situation
Lundi 21 Octobre 2019, c’est mon premier jour de stage d’une durée de 5
semaines. Un stage qui s’est réalisé dans un établissement d'hébergement pour
personnes âgées dépendantes. Les missions de ce secteur de nature sanitaire, sont
axées sur le bien-être continu et le confort de la personne âgée dans son lieu de vie.
La situation présente est en lien avec les concepts de dépendance, bientraitance et
de dignité. Chambre 17 qui est une chambre individuelle, où loge une patiente étant
résidente depuis 1an et demi. Appelons la Madame B. Cette patiente est une femme
plutôt coquette qui aime prendre soin d’elle. Ce jour-là, Madame B avait de la pilosité
au niveau de la lèvre supérieure. Ceci la rend mal à l’aise et elle a toujours eu pour
habitude de s’épiler le duvet de la moustache. Or, ce jour-là, au premier abord elle
n’en a pas parlé aux aides-soignantes. Le lendemain, soit le deuxième jour, au
moment du déjeuner, la patiente se plaint à toutes les soignantes mais aucune n’a fait
quelque chose et il n’y a eu aucune prise en charge, pour l’épilation de son duvet. Dès
qu’elle voyait l’étudiante, cette patiente l'interpellait pour demander de lui retirer. Elle
lui disait « S’il vous plaît mademoiselle retirez-moi ça, ce n’est pas normal pour une
femme d’avoir ça. Vous êtes d’accord avec moi ? Vous savez depuis 2 semaines tout
le monde me laissent avec cette chose, je n’en peux plus, je ne peux pas rester avec
ça ». L’étudiante lui a répondu “madame prenez votre repas et après on s’en occupe
ne vous n’inquiétez pas”. Après le repas, dès qu’elle voyait l’étudiante, elle lui disait
“vous n’oubliez pas” en montrant sa moustache.
Après cet échange, elle a tout de suite été cherché une aide-soignante dans les étages
car celle-ci n’est pas souvent au rez-de-chaussée. En cherchant dans les étages
l’étudiante à trouver une aide-soignante du 3ème étage, qui n’avait plus rien à faire,
vu que tous les résidents à sa charge avaient terminé leur repas. L’étudiante demande
à l’aide-soignante de venir avec elle pour répondre à la demande d’une résidente, en
expliquant toute la situation. Il faut savoir que les aides-soignantes du 3ème étage sont
rarement en contact avec les autres résidents, car le 3ème étage regroupe les plus
lourdes pathologies, avec les résidents les plus difficiles à prendre en charge. Après
une brève, elle répond « Ah mais oui on ne va pas la laisser comme ça encore plus
longtemps. ». Elles ont ensuite monté la résidente dans sa chambre pour pouvoir raser
sa moustache. Elle était très contente qu’on s’en occupe enfin. Sur le trajet jusqu’à sa
chambre, cette dame n’a fait que répéter qu’elle en avait marre d’avoir “ce truc” depuis
deux semaines, elle disait que ce n’était pas du tout féminin. A l’arrivée dans sa
chambre, elles l’ont mis dans la salle de bain, puis elles ont commencé le rasage.
Pour commencer, elles lui ont mouillé le bas du visage ensuite nous lui mettons un
peu de mousse à raser puis nous commençons à la raser. Une fois la moustache
enlevée, elles ont rincé le visage, lui ont essuyé l’eau qui lui reste et pour finir lui ont
mis de la crème hydratante sur le visage. Une fois terminé, elles lui ont montré le
résultat dans un miroir. Elle était très satisfaite de ce soin, elle n’en revenait pas que
sa pilosité soit enfin enlevée. Madame B a sans cesse demandé si elle n'était plus
voyante. Même en se regardant dans un miroir, elle n'était pas confiante. La résidente
n’a que demandé “mais vous êtes sûr c’est partis ? Vous êtes sur on ne voit plus rien
?”. Après être assez confiante sur le fait qu’elle ne soit plus visible, l’étudiante a
descendu la résidente dans le salon et l’a placé à sa place habituelle. Une fois placée,
Madame B a remercié l'étudiante de s’être occupé d’elle. Ce soin aura duré moins de
5 minutes. 5 minutes que les soignants n’avaient pas accordé à la patiente depuis 2
semaines.
2) Identification des concepts théoriques en lien avec la situation et l’unité
d’enseignement
Les concepts que nous avons choisis sont : la dépendance, la bientraitance et
la dignité.
La dépendance : selon Virginia Henderson se définit par « l'incapacité où se trouve
la personne d'adopter des comportements appropriés ou d'accomplir elle-même sans
aide les actions qui lui permettraient en fonction de son état d'atteindre un niveau
acceptable de satisfaction de ses besoins » (Dictionnaire LAROUSSE). La
dépendance se définit comme “ le rapport qui fait qu’une chose en dépend d’une
autre”. Il s’agit d’un mot polysémique, c’est-à-dire, qui peut avoir plusieurs sens. En
effet, dans l’ouvrage Soins de confort et de bien-être (Le Neures, SIEBERT, et al.
2011), nous remarquons que ce terme est utilisé dans plusieurs domaines du sanitaire
et social, elle se définit comme le besoin d’aide des personnes de soixante ans ou plus
dans les gestes quotidiens.
La bientraitance : Ce terme est apparu dans les années 1990. C’est un néologisme
qui s’oppose au concept de maltraitance. « La bientraitance est une démarche globale
dans la prise en charge du patient, de l’usager et de l’accueil de l’entourage visant à
promouvoir le respect des droits et libertés du patient, de l’usager, son écoute et ses
besoins, tout en prévenant la maltraitance. Cette démarche globale met en exergue le
rôle et les interactions entre différents acteurs que sont le professionnel, l’institution,
l’entourage et le patient, l’usager. Elle nécessite un questionnement tant individuel que
collectif de la part des acteurs. » C’est bien soigner, bien prendre l’autre en charge en
respectant les valeurs morales, éthiques et professionnelles que cela implique (lien
avec UE 1.3...) C’est une exigence éthique de la relation soignant-soigné. Elle doit
répondre aux besoins fondamentaux de l’autre de la manière la plus individualisé et
personnalisé possible par le savoir être, agir et communiquer du soignant. Elle repose
donc sur des compétences, des bonnes pratiques, une conscience professionnelle. La
bientraitance vise à restituer à la personne, sa dignité d’être humain et s’inscrit ainsi
dans une démarche de bientraitance.
La dignité : Vient de dignitas, fonction, titre ou charge qui donne à quelqu’un un rang
éminent ; Valeur qui est intrinsèque à l’homme. On naît digne. Ne peut être altérée par
aucune déficience, aucune incapacité́ (handicap). La dignité́ est un tout, sans degré́ ni
échelle. Respect de l’autre en tant que personne, en tant qu’individu et être humain
quel que soit son état, son âge, son autonomie... La dignité se définit comme la
considération que mérite quelqu’un ou quelque chose. Le patient peut avoir le
sentiment de perdre sa dignité, lors des toilettes par exemple. Concernant le respect,
on peut le rapprocher de la notion de dignité car ils sont intimement liés. Le respect
est primordial dans la relation soignant/soigné afin que le patient puisse se sentir bien
dans sa peau et à l’aise lors du soin.
III.
Analyse de la situation
1. Mesure de l’écart entre la situation et les concepts théoriques
Cette situation fait part d’un étonnement dans l’unité de soins. En effet, les
concepts de dignité, de dépendance et de bien traitante n’ont ici pas été respectés. En
théorie, le soignant se doit d’assurer la bonne prise en charge du patient et veiller à ce
que ses besoins soient identifiés et comblés.
Nous avons ici une patiente, étant une personne âgée, qui se plaint de sa « moustache
» et supplie les IDE et AS de lui raser. La patiente était tellement indignée qu’elle
n’osait même pas nommer sa moustache. En effet, c’était tellement honteux pour elle
qu’elle l’appelait « cette chose » ou encore “ce truc”. Elle interpelle les soignants en
leur disant « enlevez-moi cette chose, c’est indigne d’une femme et ça ce n’est pas du
tout féminin ». Selon elle, la pilosité n’était pas en accord avec la féminité.
Nous pensons que chacun a son point de vue et son avis à ce sujet, mais en théorie
en tant que professionnel de santé, notre devoir est d’écouter le patient et de répondre
à leurs besoins en oubliant tous préjugés. Cette patiente aurait dû se faire retirer la
moustache lorsqu’elle en a exprimé le besoin. Malheureusement, les concepts cités
précédemment n’ont pas été respectés. Le rôle d’un soignant est de faire passer en
priorité le bien-être du patient. Or, ici, c’est le gain de temps qui a primé sur la
bienveillance. Le fait que cette patiente soit dépendante, autant d’un point de vue
physique que morale, fait qu’elle compte malgré elle entièrement sur le personnel
soignant et je pense qu’il est de notre devoir de répondre à leurs attentes. Chacun
d’entre nous tient à sa dignité, dans cette situation il y a une atteinte à la dignité d’un
être humain. Selon nous, il aurait fallu, dès l’expression du besoin, prodiguer ce soin.
Si l’aide-soignante était vraiment occupée, il aurait alors fallu expliquer à la patiente
qu’une fois qu’elle a terminé ses soins, elle viendra s’occuper d’elle. Cela aurait
rassuré la patiente et elle aurait surement été soulagée. D’autant plus que l’aidesoignante n’était pas du tout occupée.
La dignité est commune à tout être humain et ne pas respecter sa dignité c’est ne pas
respecter ses droits. Pierre Lecompte du Nouy, un philosophe du XIXème siècle, dit ’“
Il n'existe pas d'autre voie vers la solidarité humaine que la recherche et le respect de
la dignité individuelle.”
Et qu’est-ce qu’un être humain ? Qu’est-ce qui le définit ? Et bien celui-ci est doté
d’une conscience, d’une réflexion, d’une nature, d’une culture, de sentiments, d’une
morale et le fait qu’il est capable de prendre en considération ce qu’il sait.
D’après l’article R. 4312-3 du code de déontologie des infirmiers « L’infirmier, au
service de la personne et de la santé publique exerce sa mission dans le respect de
la vie humaine. Il respecte la dignité et l’intimité du patient, de sa famille et de ses
proches… »
2.
A partir de cette mesure d’écart, analyse des causes et des conséquences
réelles et/ou potentielles de cette situation
D’après les soignants, la patiente n’a pas été rasé car les soignants n’avaient
pas le temps. Certainement dû au manque d’effectif ou la fatigue. Cependant, nous
pensons que ce soin aurait pu être fait bien avant. Cela aurait arrangé l’état
psychologique de la patiente, elle n’aurait pas eu de mal-être, surtout que ce soin
trainait depuis plus de deux semaines.
La patiente a été traumatisé par cet évènement, elle n’arrivait plus à se regarder. Elle
avait perdu toute féminité disait-elle. De plus, son sentiment d’être mal à l’aise et de
mal-être était présent dans le reste de l’établissement car les résidents se moquaient
d’elle, la dénigrer et la rejeter. Elle aurait pu déprimer. Si celle-ci n'avait pas persisté,
personne ne l'aurait fait et elle aurait souffert davantage. Cela aurait pu avoir des
conséquences dramatiques sur l’état de la patiente et sa vie au sein de l’établissement.
IV.
Conclusion
1. Présentation de la réflexion professionnelle apportée par cette analyse
En tant qu’étudiante en soins infirmiers de 1ère année, nous nous sommes rendu
compte de l’importance de ne pas laisser trainer un soin. Ne pas se dire, je le ferai
plus tard, ou encore que ce soin ne soit pas urgent. Malheureusement, nous avons
constaté qu’entre la théorie et la pratique il y a un grand écart. Cette situation a permis
à l’étudiante de lui faire développer une certaine réflexion sur l’exercice de sa
profession, pour ne pas reproduire ces écarts plus tard. Kant dit “Agis de telle sorte
que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout
autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un
moyen”. Cette situation a été très enrichissante pour l’étudiant.
2.
Projection professionnelle attendu
En tant que futures professionnelles, face à cette situation, nous aurions pris en
compte la demande du patient au moment venu afin de répondre au plus vite à son
besoin. Une bonne prise en charge est indispensable et elle doit être faite au bon
moment car si elle n’est pas prise en compte au bon moment, il peut y avoir des effets
secondaires.
Dans cette situation, cette patiente a attendu deux semaines avant que quelqu’un
s’occupe d’elle, pendant ce temps son état mental c’est dégradé, son estime de soi a
était atteint car elle ne se sentait pas jolie et avec le temps sa « moustache »
prononcée est devenue un complexe. Nous aurions effectué ce soin de confort et de
bien-être le matin au moment de la toilette. Nous procéderons au soin grâce à une
fiche technique tout en respectant les règles d’hygiène. Ce soin lui permettra alors de
retrouver la dignité qu’elle dit avoir perdu et de retrouver un bien-être physique, mental
et social. Plus tard nous travaillerons avec le concept d’humanité. Il ne faut pas oublier
qu'avant d'être un malade, c’est avant tout un être humain.
Il faut garder à l’esprit que beaucoup de patient n’ose pas demander par peur de
déranger et de se faire rejeter donc ses patients restent dans le silence. Il faut donc
apprendre à connaitre nos patients, afin qu’ils n’aient pas à solliciter un soin pour
l’avoir. Néanmoins, ici, cette dame a su s’exprimer et a “tenu” tête aux soignants
pendant deux semaines.
V.
Annexe
Décret n° 93-221
Article 2. - L’infirmier ou l’infirmière exerce sa profession dans le respect de la vie et
de la personne humaine. Il respecte la dignité et l’intimité du patient et de la famille
Article L. 1110-2. - La personne malade a droit au respect de sa dignité.
Article 16-13. - Nul ne peut faire l'objet de discriminations en raison de ses
caractéristiques génétiques. »
Article R. 4312-3 du code de déontologie des infirmiers « L’infirmier, au service de la
personne et de la santé publique exerce sa mission dans le respect de la vie humaine.
Il respecte la dignité et l’intimité du patient, de sa famille et de ses proches… »
VI.
Bibliographie et ressource
https://www.has-sante.fr/jcms/c_1313787/fr/bientraitance définition bien traitante
Legifrance.gouv
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI00000691390
6&cidTexte=LEGITEXT000006072665&dateTexte=20040808
TD 4.1
Dictionnaire LAROUSSE
« Code de déontologie des infirmiers » ordre national des infirmiers, Décret n° 20161605 du 25 novembre 2016
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