EMC-Anesthésie Réanimation 1 (2004) 2–24 www.elsevier.com/locate/emcar Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale Anaesthesia for oral and maxillo-facial surgery J.-L. Bourgain (Chef de service) Service d’anesthésie, Institut Gustave Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94800 Villejuif, France MOTS CLÉS Anesthésie ; Stomatologie ; Odontologie ; Chirurgie maxillofaciale ; Intubation difficile ; Transfusion ; Antibioprophylaxie Résumé Les problèmes spécifiques de l’anesthésie en stomatologie et chirurgie maxillofaciale sont dominés par le maintien de la perméabilité des voies aériennes. Ceci prend en compte les difficultés prévisibles d’intubation, les contraintes chirurgicales et l’état de la filière pendant la période postopératoire. L’utilisation d’algorithmes adaptés à la situation est indispensable tant pour l’intubation que pour le maintien de l’oxygénation. Le risque d’obstruction des voies aériennes supérieures justifie une politique de prévention : fixation de la langue ou le plus souvent trachéotomie transitoire. Le blocage maxillaire nécessite que la filière soit correcte, que les vomissements soient prévenus et qu’il existe une possibilité de lever le blocage en urgence. Dans cette chirurgie souvent fonctionnelle, il est important d’éviter la transfusion sanguine. Une stratégie d’économie transfusionnelle associant plusieurs techniques est le plus souvent efficace. La prescription d’antiinflammatoires (surtout non stéroïdiens) est la base de l’analgésie postopératoire. L’antibioprophylaxie est guidée par la récente conférence de consensus organisée par la Société française d’anesthésie et de réanimation. © 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Anesthesia; Stomatology; Odontology; Maxillo-facial surgery Abstract Main problems during anesthesia for maxillo-facial surgery concern airway management. Several factors should be taken into account : predicted difficult intubation, surgical requirements and postoperative airway patency. Specific algorithm should be created for difficult intubation and failure to maintain oxygenation. Risk of upper airway obstruction should be prevented by surgical management and tracheotomy. In case of maxillary fixation, upper airway must be secured, vomiting should be prevented and devices allowing removal of maxillary fixation should be ready to use. Multimodal strategy for reduction of homologous transfusions is required for this functional surgery. NSAID administration is used to reduce postoperative pain. Antibioprophylaxy should be given according to the recommendations of the French Society of Anesthesiology. © 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Maintien de la liberté des voies aériennes supérieures Évaluation préopératoire de l’obstruction des voies aériennes supérieures La stratégie tient compte des contraintes chirurgicales, des impératifs anatomiques et de l’expérience de l’anesthésiste. La présence de signes cliniques d’obstruction des voies aériennes supérieures (VAS) (dyspnée inspiratoire, tirage, cornage surtout nocturne) témoigne d’une réduction importante de la filière. Ce niveau d’obstruction rend dangereuse la pratique de toute Adresse e-mail : [email protected] (J.-L. Bourgain). © 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi: 10.1016/S1638-6205(03)00002-3 Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale 3 anesthésie, voire même d’une simple sédation, sans s’être assuré de la disponibilité immédiate du matériel de ventilation transtrachéale ou du chirurgien en vue d’une trachéotomie. Malgré une évaluation soigneuse, il arrive de sous-estimer une obstruction des VAS, qui deviendra symptomatique pendant ou après l’intervention. d’une lésion hypopharyngée ou laryngée contreindique son utilisation. L’échec du masque laryngé (ML) impose l’utilisation d’une autre technique d’oxygénation, en particulier la ventilation transtrachéale. Maintien de l’oxygénation Ses indications concernent la ventilation au cours des endoscopies et l’oxygénation en urgence. Cette technique est décrite dans un autre article du même traité 24. Il s’agit d’une priorité qui nécessite la mise en œuvre d’algorithmes décisionnels immédiatement applicables20. Préoxygénation et oxygénation après l’induction La préoxygénation est systématique ; la surveillance de la FeO2 permet de s’assurer de la qualité de la manœuvre. Pour une population de chirurgie générale (1 502 patients), les difficultés de ventilation au masque sont plus fréquentes chez le barbu, chez le patient âgé de plus de 55 ans, chez l’édenté, chez l’obèse et chez le ronfleur72. Pour les patients de stomatologie, il faut y ajouter toutes les modifications anatomiques en relation avec la pathologie et son traitement. À cet égard, l’existence d’une radiothérapie cervicale est un facteur de risque réel58. L’insuffisance de profondeur d’anesthésie est probablement la cause la plus fréquente d’obstruction des VAS. L’augmentation de la pression d’insufflation au-delà de 25 cmH2O augmente le risque d’insufflation œsophagienne sans améliorer la qualité de la ventilation. En effet, la pression du gaz dans les sinus piriformes, en s’exerçant sur les parois latérales du larynx, majorerait l’obstruction de la filière laryngée. La traction de la langue à l’aide d’une pince peut être utile en cas d’obstruction pharyngée51. Fastrach® Il s’agit d’un modèle de masque laryngé spécialement conçu pour l’intubation difficile. Le coussinet est semblable à celui d’un masque laryngé classique mais le tube, coudé à presque 90°, est métallique. Le diamètre externe du tube étant de 20 mm, il ne peut être utilisé chez les patients porteurs d’un trismus sévère. Ceci représente une limitation réelle à son utilisation en stomatologie, où la réduction de l’ouverture buccale est fréquente. Ce dispositif est facile à poser, même par des opérateurs inexpérimentés ; la ventilation est pratiquement toujours efficace, même pour des patients ayant des antécédents de pathologie cervico-maxillo-faciale73. Le Fastrach® permet l’intubation avec un taux de succès de l’ordre de 95 %. L’existence d’une radiothérapie cervicale ou Ventilation transtrachéale Ponction intercricothyroïdienne Des dispositifs spécifiques à la ponction transtrachéale sont commercialisés : le cathéter (13 G) de Ravussin103, les cathéters de Ent ou de Patil (Cook™) et une adaptation d’un cathéter artériel (cathéter Vygon™). Le repérage de la membrane intercricothyroïdienne est facile entre les cartilages thyroïde et cricoïde (Fig. 1). Les complications de la ponction intercricothyroïdienne ont été récemment évaluées dans un travail prospectif multicentrique portant sur 643 patients27 ; l’emphysème sous-cutané est la complication la plus fréquente (8,4 %) ; il ne dépasse le cou que dans 2 % des cas. Il est significativement plus fréquent après ponctions multiples. Figure 1 Schéma mettant en évidence la position respective des cartilages cervicaux et des cordes vocales. 1. Os hyoïde ; 2. cartilage thyroïde ; 3. membrane intercricothyroïdienne ; 4. cartilage cricoïde ; 5. trachée ; 6. cordes vocales ; 7. épiglotte. 4 Jet ventilation L’O2 est administré de façon manuelle ou à l’aide d’un respirateur à haute fréquence. Les patients n’étant pas intubés, le barotraumatisme pulmonaire survient quand le gaz est injecté dans la trachée et qu’il ne peut s’évacuer à l’extérieur du fait d’une obstruction des VAS. Le pneumothorax est une complication rare (1 %), exceptionnellement grave42. En cas d’utilisation d’injecteur manuel, la sécurité est assurée par la limitation de la fréquence d’injection et la surveillance visuelle du thorax. Les appareils modernes de jet ventilation à haute fréquence (JVHF) mesurent la pression trachéale afin de limiter l’insufflation en cas d’obstruction des VAS25. Dans ces circonstances difficiles et en l’absence de formation, la morbidité de la ventilation transtrachéale semble élevée93. Dans certains cas très difficiles, la trachée est piquée sous anesthésie locale, éventuellement après avoir pris des repères sur le scanner cervical. La jet ventilation est débutée avant l’anesthésie chez un patient conscient, et elle se superpose à la ventilation spontanée28. Intubation trachéale Prédiction de l’intubation difficile L’intubation difficile est une situation particulièrement fréquente en chirurgie oto-rhinolaryngologique (ORL) et en chirurgie maxillofaciale26. Les critères utilisés pour la détection de l’intubation difficile sont identiques quel que soit le type de chirurgie8. Pris isolément, ils ont une médiocre valeur prédictive ; plus le nombre de signes recherchés est grand, meilleure est la prédiction. Néanmoins, l’intubation peut être très difficile chez des sujets ne possédant aucun des signes prédictifs. Cette notion implique deux conséquences importantes : le matériel d’intubation difficile doit toujours être prêt, et tout anesthésiste doit maîtriser les techniques alternatives pour l’intubation et l’oxygénation. L’ouverture de bouche est mesurée avec précision car elle conditionne le choix de la technique d’intubation. Le trismus est le plus souvent réactionnel à une cause générale (tétanos, rage) ou locale infectieuse (accident de la dent de sagesse, cellulite), traumatique (contraction musculaire, fracture) ou tumorale. Ces trismus sont douloureux et cèdent lors de l’anesthésie générale ou de l’infiltration du nerf temporomassétérin par un anesthésique local. En dehors des pathologies aiguës infectieuses, la réversibilité du trismus est le plus souvent partielle, et il faut se garder de trop d’optimisme à cet égard. La limitation de la subluxation J.-L. Bourgain Tableau 1 tion. Pathologies majorant les difficultés d’intuba- Laryngoscopie difficile Limitation de l’ouverture buccale Limitation de mobilité cervicale Laryngoscopie dangereuse Tumeur buccopharyngée Malformation génétique ou post-traumatique Déviation des structures anatomiques Trismus Ankylose temporomaxillaire Séquelles de brûlures Radiothérapie cervicofaciale Blocage intermaxillaire Pathologie rhumatismale Diabète Radiothérapie Phlegmons oropharyngés Saignement oropharyngé post-traumatique ou postradique Fracture mandibulaire ou fracture du rachis cervical maxillaire limite l’exposition pendant l’utilisation de la lame de Macintosh. D’autres pathologies majorent les difficultés d’intubation, elles sont résumées dans le Tableau 1. Des informations (laryngoscopie indirecte, scanner, imagerie par résonance magnétique [IRM]) contenues dans le dossier chirurgical sont utiles pour détecter l’intubation difficile et guider les gestes. Intubation trachéale Intubation orale ou nasale Le choix du type d’intubation (orale ou nasale) est déterminé par des impératifs chirurgicaux et anatomiques. Les indications d’intubation nasale sont fréquentes. Deux obstacles sont souvent rencontrés (le passage du nez et celui des cordes vocales). Le choix de la narine pour passer le tube n’est pas déterminé par l’estimation subjective ou tactile du débit expiratoire de chaque narine117. Le saignement nasal est évité par le choix d’un diamètre de sonde plutôt petit (< 7,5) et l’administration systématique d’un vasoconstricteur, 10 minutes avant l’intubation (naphazoline). L’angle entre le larynx et la trachée gêne souvent le passage du tube qui bute contre la paroi antérieure de la trachée. Pour résoudre ce problème, la sonde est guidée par la pince de Magill, et le passage favorisé par la rotation antihoraire de la sonde qui fait glisser le biseau sur la commissure antérieure. Une ouverture de bouche inférieure à 20 mm rend impossible l’utilisation de la lame de Macintosh. Devant un trismus serré, l’absence de molaires rend possible l’intubation rétromolaire avec une lame droite. Ce geste nécessite un apprentissage : la lame droite est introduite dans la commis- Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale sure labiale gauche, passée derrière les molaires puis sous la base de langue et l’épiglotte est chargée. L’angle de vision est étroit : l’introduction de la sonde est faite à l’aveugle à travers le laryngoscope, et l’intubation œsophagienne est fréquente. Une alternative est d’introduire la lame à gauche et la sonde munie d’un mandrin à droite ; les deux dispositifs se rencontrent sur la ligne médiane. Le mandrin souple (type mandrin de Macintosh) rend de grands services pendant l’intubation par lame droite, puisque son introduction à travers la glotte se fait sous contrôle de la vue87. La visualisation de la glotte est parfois plus aisée avec le laryngoscope des chirurgiens (lame droite munie d’un éclairage puissant), et leur collaboration est utile dans certaines intubations difficiles. Une ouverture de bouche très limitée impose souvent la pratique de l’intubation nasale. Elle peut être réalisée à l’aveugle sous sédation à condition de garder la ventilation spontanée. Quelques innovations ont rendu cette technique plus facile : l’utilisation du sévoflurane ou du propofol comme agent de sédation, le guidage de la sonde par le capnigramme plutôt que par le son de l’air passant à travers la sonde, et le gonflage partiel du ballonnet dans le pharynx qui permet de soulever l’extrémité de la sonde et de l’orienter vers la glotte129. L’intubation nasale à l’aveugle n’est justifiée qu’en l’absence de fibroscope ; le risque est l’acharnement, qui conduit à l’obstruction des VAS. Types de sonde d’intubation Il est recommandé d’utiliser des sondes armées. Elles ne se plient pas lors des mobilisations de la tête et peuvent être fixées dans différentes positions sans avoir besoin d’être coupées ou pliées. L’obstruction par morsure est un piège classique qui nécessite parfois la réintubation. Les sondes d’intubation préformées donnent un meilleur confort chirurgical, au prix d’un risque d’intubation sélective majoré ; la sonde d’intubation nasotrachéale RAE™ (Ring Adair et Elwin de chez Mallinckrodt) est coudée à son émergence nasale ; ceci limite la compression de l’aile du nez et donc la nécrose aux conséquences esthétiques fâcheuses. Intubation sous fibroscope Il est indispensable qu’un anesthésiste exerçant régulièrement en stomatologie maîtrise l’intubation sous fibroscope. Il faut avoir pratiqué environ 100 intubations sous fibroscope avant d’être considéré comme expert aux États-Unis !88. Ce geste est délicat à réaliser lorsqu’il existe une diminution de l’espace entre l’épiglotte et la paroi postérieure du pharynx ; la sclérose après radiothérapie cervicale efface les reliefs et rétrécit cet espace. L’existence 5 d’un saignement endobuccal contre-indique l’utilisation de cette technique et en réduit les indications. Une traction sur la langue associée à la luxation de la mâchoire améliore la visualisation de la glotte51. En général, l’intubation sous fibroscope se fait sur un sujet conscient ou sous anesthésie légère en ventilation spontanée. Quoique la sédation en majore le risque, la survenue d’une apnée obstructive est toujours possible, même chez un sujet conscient116. La sédation par propofol ou par sévoflurane apporte un confort pour le patient et l’opérateur. Le risque d’apnée obstructive impose que les méthodes d’oxygénation comme la ventilation transtrachéale soient disponibles immédiatement. Les morphiniques ou les benzodiazépines majorent le risque de dépression respiratoire. Les plans de sédation étant légers, il est indispensable d’y associer une anesthésie locale : l’aérosol de lidocaïne71 est aussi efficace et plus facile à réaliser que les anesthésies tronculaires (nerf laryngé supérieur). L’injection intratrachéale de lidocaïne à travers la membrane intercricothyroïdienne est utile59. Pour des opérateurs expérimentés, les échecs de l’intubation sont rares (1,6 % dans une série de 2 031 intubations), et liés le plus souvent à un défaut d’anesthésie (toux, laryngospasme), plus rarement à l’impossibilité de voir les cordes vocales ou de passer la sonde à travers ces dernières92. L’utilisation de sondes d’intubation spécialement profilées (livrées avec le Fastrach®) favorise le passage du tube à travers les cordes vocales13. Intubation rétrograde sous fibroscope Un guide est introduit dans la trachée après ponction intercricothyroïdiennne ; il est poussé pour ressortir par la bouche ou le nez de façon rétrograde. Ce guide, introduit à travers le canal opérateur, sert de tuteur au fibroscope18. Il suffit alors d’avancer le fibroscope le long du guide pour intuber le patient sous contrôle de la vue. Canules de trachéotomie La canule de Shiley est largement utilisée en stomatologie : le double corps permet de traiter rapidement les obstructions mécaniques sans avoir à recanuler le patient. En hospitalisation, le ballonnet est gonflé en cas de saignement ou de fuite salivaire. La canule de Montandon expose au risque d’intubation sélective et sa coudure importante gêne les aspirations. Masque laryngé (ML) En dehors de la situation d’intubation difficile, le masque laryngé est utilisé en chirurgie maxillofa- 6 ciale : avulsions dentaires, chirurgie nasale par exemple. L’ensemble des auteurs prône l’utilisation des masques laryngés armés37, même en pédiatrie57. La protection des voies aériennes par le masque laryngé armé contre l’inhalation de sang venant du nez ou de la bouche est comparable à celle fournie par l’intubation134. Tous les auteurs soulignent l’intérêt du masque laryngé au réveil : moins d’agitation et de laryngospasme121, meilleure protection des voies aériennes contre le saignement136. La bronchoconstriction est limitée avec le masque laryngé136, surtout chez l’enfant enrhumé70. Pour des praticiens expérimentés, le ML s’est avéré efficace chez les patients porteurs d’un trismus après radiothérapie cervicale haute58. Il est possible de poser un masque laryngé même lorsque l’écart interincisives est inférieur à 15 mm. Aucun travail prospectif n’a encore rapporté l’utilisation du Proseal™ dans le contexte de la chirurgie maxillofaciale. Monitorage respiratoire Pendant l’opération, la capnigraphie est indispensable en détectant précocement un grand nombre d’incidents : intubation œsophagienne, débranchement, encombrement ... Sous sédation, la surveillance du CO2 expiré16 est utile pour le diagnostic des apnées ou des bradypnées, même si ce monitorage s’avère inopérant chez certains patients (respiration buccale, hypersécrétion, ...). Protection des voies aériennes supérieures contre le saignement Elle est assurée le plus souvent par l’intubation trachéale ; il est habituel d’y associer un « packing », non pas tant pour protéger l’arbre aérien du saignement que pour éviter la présence de caillots dans l’hypopharynx et la déglutition de sang, facteur de vomissements postopératoires. En cas de saignement endobuccal postopératoire, le risque d’inhalation de sang est non négligeable. La toux, conséquence de ces inhalations, majore le saignement local et peut ainsi initier un cercle vicieux. Le masque laryngé armé représente donc une alternative intéressante à l’intubation trachéale ; néanmoins, du fait de l’accès difficile à la tête et des éventuelles manipulations chirurgicales, l’anesthésiste doit maîtriser parfaitement cette technique, et le chirurgien doit tenir compte de la présence du masque laryngé lors des gestes chirurgicaux. J.-L. Bourgain les autres chirurgies11. Les facteurs de risque sont le sexe masculin, l’obésité et les difficultés d’exposition de la glotte11. Les problèmes d’extubation sont plus fréquents si elle est réalisée sur un patient endormi (30 %) plutôt que semi-conscient (20 %) ou complètement réveillé (15 %) ; l’utilisation d’agents anesthésiques de courte durée d’action, sans accumulation, représente probablement un gage de sécurité. Certains facteurs favorisent l’apparition d’un œdème glottique postextubation : enfant de 1 à 4 ans, diamètre du tube trop élevé, mouvements répétés de la sonde (mobilisation, toux, ...), ballonnet haute pression, sonde réutilisable. L’œdème débute quelques minutes à quelques heures après l’extubation. Le plus souvent transitoire, il peut être source de séquelles (sténose sous-glottique) s’il persiste plus de 24 heures. Les mesures préventives sont l’intubation douce et le choix du calibre de la sonde, laissant une fuite audible pour des pressions trachéales de 20 cmH2O. Le diagnostic des lésions par laryngoscopie directe et le traitement par aérosol d’oxygène et d’adrénaline doit être précoce81. Pour réduire l’incidence des inhalations postopératoires, il est souhaitable d’extuber les malades complètement réveillés. La reprise de l’alimentation se fait après contrôle de la déglutition par ingestion d’eau. Le blocage maxillaire pose des problèmes spécifiques. Les vomissements peuvent avoir des conséquences désastreuses (inhalation, rupture des sutures endobuccales) ; pour les prévenir, l’aspiration gastrique et l’administration d’antiémétiques sont effectuées. Le blocage maxillaire doit pouvoir être levé rapidement, soit par section à l’aide d’une pince de Bebee qui doit rester attachée au lit du patient, soit à l’aide de montages particuliers qui permettent le déblocage par simple traction sur un fil d’acier. En cas de doute sur la perméabilité de la filière, deux attitudes sont possibles : la réalisation d’une trachéotomie transitoire ou l’extubation sur guide creux. Ce guide est passé à travers la sonde d’intubation et laissé dans la trachée quelques heures après l’extubation. Il permet la réintubation sur guide ; le choix d’un guide creux permet la vérification de la position de l’extrémité du guide par capnigraphie, et l’éventuelle administration d’O2 si l’expiration est possible125. Chirurgie odontologique Critères d’extubation Les problèmes d’extubation sont deux fois plus fréquents après chirurgie ORL et dentaire qu’après Il s’agit de la chirurgie dentaire : avulsions de dents de sagesse ou de dents incluses, traitement des infections locales, chirurgie reconstructrice de la Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale gencive. La base de la technique anesthésique repose sur l’injection tronculaire d’anesthésiques locaux. L’anxiété du patient et les échecs de ces techniques justifient un complément par une sédation ou une anesthésie générale. Anesthésie locorégionale L’anesthésie du maxillaire supérieur est obtenue par infiltration du nerf maxillaire supérieur au contact du bord supérieur du zygoma, dans l’angle postérieur du malaire. L’anesthésie du maxillaire inférieur utilise l’infiltration du nerf dentaire inférieur lorsqu’il pénètre dans le canal dentaire, au niveau de la face interne de la branche montante du maxillaire. Pour des extractions dentaires simples, l’infiltration du nerf dentaire inférieur est moins douloureuse (19 %) et plus efficace (86 %) que l’infiltration intraligamentaire (62 % et 50 % respectivement)50. En cas de paresthésie dans le territoire lors de la ponction, les signes persistent au-delà de 10 à 12 semaines dans 18,6 % des cas et nécessitent parfois un traitement chirurgical54. La qualité de l’analgésie peropératoire est identique avec la lidocaïne et la bupivacaïne23. Le choc anaphylactique aux anesthésiques locaux est très exceptionnel bien que parfaitement documenté67. Dans une étude française multicentrique, il ne représentait que trois cas sur 1 240 patients ayant présenté un choc allergique au cours d’une anesthésie74,82. Les réactions d’hypersensibilité de type IV (éruption cutanée retardée) sont plus fréquentes, particulièrement après injection ou application d’esters de l’acide aminobenzoïque avec un amine en para(procaïne, tétracaïne, ...)29. L’utilisation d’une solution adrénalinée est recommandée parce qu’elle diminue le saignement et le passage systémique de l’anesthésique local ; elle s’accompagne néanmoins d’un passage vasculaire d’adrénaline dont l’importance est directement corrélée à la vasodilatation locale65. Même en dehors de l’injection de 7 solutions adrénalinées, cette chirurgie s’accompagne d’extrasystoles ventriculaires ou supraventriculaires synchrones de l’augmentation du produit de la fréquence cardiaque par la pression artérielle systolique33. La surveillance de la pression artérielle et de l’électrocardiogramme (ECG) de tous les patients à risque cardiaque élevé semble souhaitable. L’anesthésie locale après chirurgie de la dent de sagesse peut induire des effets secondaires mineurs, comme une difficulté à avaler et à parler ou une perte de la continence buccale lors de l’ingestion de liquides80. Évaluation de la sédation et de l’anesthésie générale L’analyse de la littérature est assez surprenante car, aux États-Unis, l’anesthésie générale et la sédation sont souvent administrées par les opérateurs eux-mêmes, sans intubation, dans leur cabinet43. À partir d’un questionnaire, l’incidence des complications a été évaluée en fonction du type d’anesthésie (Tableau 2). Sur un collectif de près de 1,5 million de patients, il n’a pas été rapporté de décès ni d’intubation peropératoires. Sous anesthésie générale ou sédation, les complications les plus fréquentes sont le laryngospasme, la syncope, la phlébite, les troubles du rythme et les réactions allergiques ; l’inhalation de liquide gastrique est extrêmement rare. Sous anesthésie locale, la complication la plus fréquente est de loin la syncope, suivie par la plaie artérielle et les convulsions. La syncope est favorisée par la position assise, l’anxiété et le jeûne. La fréquence des hospitalisations après chirurgie dentaire aux États-Unis est très faible (1/26 473), en relation principalement avec des complications cardiaques (trouble du rythme). Des résultats comparables ont été publiés dans une étude prospective monocentrique portant sur 1 126 patients opérés sous anesthésie générale sans intubation66. Les complications les plus fréquentes Tableau 2 Incidence des complications au cours de la chirurgie dentaire (n = 572 617 patients), selon le mode d’anesthésie (d’après43) N2O. Événements Syncope Laryngospasme Bronchospasme Réaction allergique Convulsion Hypotension Hypertension Trouble du rythme Phlébite AG n = 69 795 134 257 26 9 1 6 2 56 80 Sed+ AL n = 67 304 281 46 8 10 1 9 3 11 101 AL : anesthésie locale ; AG : anesthésie générale ; Sed : sédation. N2O + AL n = 22 153 83 0 0 1 1 0 0 0 0 AL n = 158 061 1114 0 0 4 14 1 3 3 0 Pas d’AL n = 255 304 228 0 0 30 3 0 3 0 0 8 étaient le laryngospasme (0,8 %), les troubles du rythme cardiaque (0,7 %), l’obstruction des voies aériennes (0,4 %), la syncope (0,2 %). L’incidence des autres complications (vomissements, angor, hypo- ou hypertension artérielle, ...) était inférieure à 1/1 000. L’ensemble des auteurs américains insiste sur l’importance du monitorage et de la sélection des patients (intervention de moins de 40 minutes, ne posant pas de problèmes de perméabilité des voies aériennes). L’expérience en France est bien différente puisque les anesthésies générales et les sédations sont administrées par des anesthésistes. Les voies aériennes sont fréquemment contrôlées par intubation ou masque laryngé. Il est difficile de comparer ces séries, puisque l’intitulé des interventions pratiquées n’est pas précisé. Il est de règle de pratiquer cette chirurgie sur le mode ambulatoire ; les motifs justifiant l’hospitalisation la nuit suivant l’intervention sont le plus souvent du domaine du confort (douleurs, anxiété et vomissements)91. Techniques d’anesthésie générale et de sédation en chirurgie dentaire Évaluation préopératoire Un état anxieux préopératoire prédispose aux malaises vagaux66 et requiert l’administration de doses d’anesthésique plus élevées. L’existence d’une hypertension artérielle justifie une surveillance plus attentive43 et une augmentation des doses de midazolam si ce produit a été choisi83. La recherche d’un diabète ou d’une valvulopathie est systématique. La pratique d’examens biologiques systématiques est inutile ; un interrogatoire soigneux et un examen clinique sont en règle suffisants62. Sédation en complément de l’anesthésie locale De nombreuses techniques d’anesthésie ont été évaluées dans ce contexte43,91 ; elles ne semblent pas avoir été modifiées récemment43. Aux ÉtatsUnis, la préférence va au N2O associé au méthohexital et aux benzodiazépines, en ventilation spontanée sans intubation. Les doses de benzodiazépines nécessaires à l’obtention d’une sédation étant très variables d’un sujet à l’autre, il y a lieu de titrer les patients. Des doses élevées de midazolam sont injectées particulièrement chez la femme, en l’absence de morphinique, en cas de tachycardie et d’hypertension préopératoire83. Dans ce dernier travail, les auteurs reconnaissent des échecs à la sédation et un meilleur confort avec le méthohexital, au prix d’un risque accru de dépression respiratoire. Le propofol est un agent de sédation adapté aux exigences chirurgicales et au caractère ambula- J.-L. Bourgain toire de cette chirurgie (action rapide et durée d’action courte, effets anxiolytique et amnésiant, action antiémétique)40. Le patient doit être averti du niveau de sédation choisi par l’anesthésiste (sédation consciente, sédation endormie ou anesthésie générale). À ces faibles concentrations d’anesthésiques, des mémorisations de faits imaginaires ont conduit à des situations délicates101. La mémorisation des consignes postopératoires peut être réduite du fait de la prolongation des effets mnésiques pendant la phase postopératoire115.La perfusion continue est préférable aux injections répétées (meilleure stabilité de la fréquence cardiaque et meilleure satisfaction de l’opérateur), bien que la chirurgie doive être interrompue de temps en temps à cause des mouvements du patient17. Le propofol administré en anesthésie intraveineuse à objectif de concentration (0,5 à 2,5 lg/ml) permet un contrôle aisé de la sédation avec une récupération indépendante de la durée d’administration86,89. Certains ont préconisé la sédation contrôlée par le patient60 : elle donne de meilleurs résultats que l’administration contrôlée par l’anesthésiste, en termes tant de satisfaction que de fréquence des effets indésirables90. Dans une étude prospective randomisée, les concentrations plasmatiques de propofol pour obtenir une sédation étaient comparables : 1,8 (0,8-2,7) lg/ml dans le groupe où l’administration était effectuée par l’anesthésiste et de 1,2 (0,2-2,5) lg/ml dans le groupe autocontrôlé par le patient89. Le réglage proposé est d’un bolus de 3 à 5 mg en 6 à 7 secondes sans intervalle d’interdiction89. Le conditionnement des seringues préremplies à 500 mg représente une contrainte financière réelle115. Le contrôle de la profondeur de la sédation par l’analyse bispectrale de l’électroencéphalogramme (EEG) fournit un index objectif dans une situation où il n’est pas toujours facile d’interroger le patient. Sous propofol et fentanyl, il existe une corrélation très forte entre l’index BIS et le score de sédation évalué par un anesthésiste111. Anesthésie générale Elle est souvent pratiquée en Europe, et nécessite le contrôle des voies aériennes. Une réduction du nombre d’anesthésies générales pourrait être obtenue par une meilleure information du patient sur le rapport bénéfice/risque127 et un traitement de l’ensemble des dents abîmées dans le même temps anesthésique61. Les critères de choix des agents anesthésiques sont : vitesse d’action rapide, durée d’action courte, bon relâchement musculaire. Le propofol associé à un morphinique répond à ces exigences. Il n’est pas indispensable d’utiliser un curare pour l’intubation. Dans une étude bien Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale conduite portant sur 100 patients devant subir des extractions de dents de sagesse2, il a été possible d’intuber sans problème 90 % des patients avec l’association propofol (2,5 mg/kg) et alfentanil (10 lg/kg) en comparaison avec 100 % de succès dans le groupe propofol (2,5 mg/kg) et suxaméthonium (1 mg/kg). L’incidence des myalgies et des maux de gorge était moindre dans le groupe alfentanil. L’utilisation du mivacurium se complique rarement de myalgies mais nécessite parfois l’antagonisation45. L’utilisation du rémifentanil plutôt que l’alfentanil procure des conditions chirurgicales comparables et s’accompagne d’un réveil plus rapide sur le plan respiratoire (saturation et fréquence respiratoire)137. Le contrôle des voies aériennes implique une limite nette entre sédation et anesthésie générale, ce qui n’est pas la réalité. L’intubation nasotrachéale est la technique de référence. Les travaux concernant l’utilisation du masque laryngé en odontologie sont très fragmentaires. La protection des voies aériennes contre l’inhalation de sang provenant de l’oropharynx est assurée quand la pression de fuite est supérieure à 15 cmH2O31. Chez l’enfant, le masque laryngé armé diminue l’incidence des épisodes d’obstruction des voies aériennes, et améliore le confort chirurgical par rapport au masque laryngé standard ou au masque nasal57. Chez l’adulte, l’indication de l’intubation doit être remise en cause en cas de difficultés d’intubation et de mauvais état dentaire133. La chirurgie dentaire est un facteur de risque de vomissements postopératoires ; ils contribuent à l’allongement de la durée de séjour en salle de réveil39 et à l’hospitalisation des patients ambulatoires91. L’un des Tableau 3 9 mécanismes expliquant cette fréquence élevée est l’ingestion postopératoire de sang. Ceci expliquerait l’inefficacité de l’ondansétron dans la prévention des nausées et des vomissements après chirurgie maxillofaciale, mise en évidence récemment dans une étude en double aveugle versus placebo132. Ce résultat n’a pas été retrouvé chez l’enfant, où l’ondansétron (0,1 mg/kg) s’est montré supérieur au placebo et au dropéridol (75 lg/kg) : l’incidence des vomissements était respectivement de 9, 35 à 32 %44. D’autres études sont nécessaires pour proposer des règles de prescription dans ce domaine. L’hémorragie postopératoire est en règle peu importante, mais peut empêcher la sortie du patient le jour de l’intervention. L’administration d’acide tranéxamique (Exacyl®) 25 mg/kg à l’induction permet la réduction du saignement postopératoire114. Le retard de cicatrisation chez le diabétique est directement lié à l’hyperglycémie47 ; il est préférable de n’envisager des extractions dentaires que chez des patients dont le diabète est équilibré. Antibiothérapie Elle a pour but de prévenir l’infection locale (Tableau 3) et la survenue d’une endocardite infectieuse chez les patients porteurs d’une cardiopathie. La fréquence des bactériémies pendant les extractions dentaires est évaluée entre 18 et 85 %. Il est recommandé5 d’administrer de l’amoxicilline en cas de valvulopathie, particulièrement chez les patients ayant une cardiopathie à haut risque (insuffisance mitrale, insuffisance aortique, prothèse Antibioprophylaxie en chirurgie dentaire et maxillofaciale. Type de chirurgie Dentaire Antibiotiques Tétracycline locale Prophylaxie endocardite Amoxicilline Articulation temporomaxillaire Chirurgie maxillofaciale avec ouverture des muqueuses buccopharyngées Bêtalactamine antistaphylococcique Pénicilline A + inhibiteurs des bêtalactamases 2 g puis 1 g toutes les 2 heures. Céfazoline 2 g puis 1g toutes les 4 heures Chirurgie rhinologique + greffon, reprise chirurgicale et nasosinusienne avec méchage Traumatologie Chirurgie carcinologique Pénicilline pendant 36 heures Pénicilline A + inhibiteurs des bêtalactamases 2 g puis 1 g toutes les 2 heures Particularités Pas d’antibioprophylaxie sauf : infection locale diabète immunodépression radiothérapie Vancomycine ou teicoplanine en cas d’allergie 5 Cf 79 Clindamycine et gentamicine en cas d’allergie 5 Durée prolongée si méchage 5, 76 À la phase initiale si plaie muqueuse 63 Clindamycine et gentamicine en cas d’allergie 5 10 valvulaire mécanique, cardiopathie cyanogène, antécédents d’endocardite)53. L’incidence des infections postopératoires est faible (1 à 6 %) et les complications infectieuses sont habituellement bénignes139. Les études sur l’efficacité des traitements antibiotiques prophylactiques n’ont pas montré de réduction de l’incidence des infections postopératoires139. En revanche, il semble que l’application locale de tétracyclines puisse réduire ce taux d’infection95. Il est d’usage de prescrire des antibiotiques en cas de déficit immunitaire48 ou d’antécédents de radiothérapie cervicofaciale. Gestion des problèmes de coagulation Le risque d’arrêt d’un traitement anticoagulant doit être mis en balance avec l’augmentation du risque hémorragique en relation avec la poursuite du traitement. Sur une petite série de 39 patients randomisés, la poursuite de l’aspirine (100 mg) a allongé le temps de saignement significativement sans modifier la qualité de l’hémostase locale après extractions dentaires6. Dans une étude de cohorte non randomisée, 52 patients sous aspirine ont été comparés à 119 patients ne prenant pas d’aspirine avant une chirurgie cutanée et plastique : le taux de complications locales était comparable dans les deux groupes15. Ce débat concerne également les antivitamines K, particulièrement chez les patients pour lesquels il y a risque à arrêter le traitement (valve cardiaque mécanique). Les travaux sont très préliminaires et présentent des défauts méthodologiques. Dans une étude incomplètement randomisée, la poursuite des antivitamines K n’a pas engendré de problèmes hémorragiques, en comparaison avec un groupe où un relais entre l’antivitamine K et l’héparine avait été effectué118 ; les international normalized ratio (INR) des patients étaient néanmoins relativement bas (entre 2,82 et 3,29). De façon comparable, Webster et al ont proposé de ne pas modifier le traitement anticoagulant si l’INR est inférieur à 4 pour une chirurgie maxillofaciale mineure, et de n’envisager le relais antivitamine K héparine qu’en cas de chirurgie majeure135. L’utilisation de bains de bouche à l’acide tranéxamique était préconisée dans ces deux articles. Analgésie postopératoire L’anesthésie locale voit ses effets se prolonger pendant la période postopératoire. L’efficacité de l’injection de bupivacaïne avant ou après l’incision est similaire ; il n’y a pas donc pas « d’analgésie préventive » dans ce contexte34. L’injection per- J.-L. Bourgain opératoire d’anesthésiques locaux dans la région opératoire est efficace dans les premières heures postopératoires35. L’utilisation de bupivacaïne procure une meilleure analgésie postopératoire que la lidocaïne pendant les 8 premières heures postopératoires23. L’injection de lidocaïne adrénalinée procure une meilleure analgésie pendant la première heure postopératoire que la même injection non adrénalinée, mais son action s’épuise plus vite jusqu’à la 7e heure postopératoire68. La courte durée d’action de l’infiltration d’anesthésiques locaux nécessite la prescription d’analgésie en relais. La base du traitement repose sur les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). La justification de cette prescription a été démontrée dans une étude108 où les patients, après une chirurgie dentaire, recevaient un placebo ou du flurbiprofène (200 mg per os). Le flurbiprofène diminue de 70 % la douleur postopératoire ; parallèlement, le taux de prostaglandine E2 au niveau de la zone opératoire s’effondre sans modification des leucotriènes. Le kétorolac a la même efficacité que la morphine chez l’enfant après chirurgie dentaire, et provoque moins de vomissements postopératoires100. Une seule injection préopératoire de méthylprednisolone (125 mg) réduit la douleur postopératoire versus placebo52. Urgences odontologiques Elles sont suffisamment fréquentes104 pour justifier un service d’accueil spécifique dans les grandes agglomérations. Douleur dentaire Elle est liée habituellement à une carie ou une infection localisée. Plus rarement, elle est liée à un abcès dentaire. Les abcès relèvent initialement du traitement médical (antibiotiques et antalgiques) avec ou sans simple drainage. Le traitement local est indispensable et différé de quelques semaines. Cellulites cervicofaciales L’extension de l’infection (le plus souvent d’origine dentaire) aux tissus avoisinants (cellulite) est très rare mais très grave (risque de choc infectieux ou d’obstruction des VAS)107. Ces patients sont généralement hospitalisés en réanimation et la mortalité (sept dans une série de 20 patients) est encore de l’ordre de 20 à 30 %107. La prise d’AINS sans antibiotique est un facteur favorisant la gravité de cette infection12, mais des cas de cellulite s’observent après administration d’AINS et d’antibiotiques. Le traitement repose sur une antibiothérapie massive avec une action antianaérobie associée à une chirurgie souvent délabrante. L’extension de la Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale cellulite au médiastin doit être recherchée très précocement, car elle conditionne le traitement et le pronostic. Les pansements itératifs permettent de nettoyer la plaie et d’éviter l’extension des lésions. Les indications de la trachéotomie systématique et de l’oxygène hyperbare sont discutées12,107. Traumatologie dentaire En dessous de 16 ans, la réimplantation d’une dent extraite accidentellement réussit dans 98 % des cas, si elle est réalisée dans les 15 minutes après la chute104. Il ne faut jamais la tenir par la racine pour ne pas endommager le ligament et la conserver dans du sérum physiologique. Fibrome nasopharyngien Il s’agit d’une tumeur bénigne rare, survenant presque exclusivement chez l’adolescent. La morbidité et la mortalité sont liées à son caractère hémorragique et à son pouvoir de croissance locale. Le traitement est essentiellement chirurgical et guérit le patient dans plus de 85 % des cas, la radiothérapie n’étant réservée qu’aux récidives et aux tumeurs très volumineuses. L’embolisation préopératoire favorise la qualité du geste chirurgical et limite le saignement126. Elle n’est pas toujours possible pour des raisons anatomiques ; l’extension intracrânienne n’est pas une contre-indication à l’embolisation. Il est possible de réaliser l’exérèse tumorale par voie endoscopique36. L’hypotension contrôlée semble inutile et l’anesthésiste doit être prêt à réaliser une transfusion rapide. Les complications peropératoires sont plus fréquentes pour les tumeurs étendues, ou préalablement traitées par électrocoagulation ou radiothérapie30. La survenue de complications oculaires est un signe précoce d’hématome postopératoire compressif. Les problèmes en relation avec le traitement des malformations artérioveineuses sont comparables ; avant une éventuelle chirurgie, il y a souvent intérêt à répéter les embolisations par voie artérielle ou percutanée. Cette attitude permet d’éviter l’intervention dans la plupart des cas, et d’en limiter le saignement dans les autres105. Ces gestes sont accompagnés d’une prescription d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires. Chirurgie de l’articulation temporomaxillaire Les trismus irréductibles sont d’origine articulaire (ankylose post-traumatique ou infectieuse) ou 11 extra-articulaire (musculaire ou mésenchymateuse). Ils évoluent habituellement lentement et leur probabilité de guérison est d’autant plus élevée que le traitement est précoce. Lors de l’utilisation du laryngoscope pour l’intubation, une traction excessive sur une articulation dépourvue de tout tonus musculaire peut déplacer en avant le disque articulaire. L’aggravation d’une dysfonction temporomandibulaire débutante peut ainsi compliquer une intubation102. La place de l’intubation sous fibroscope est large du fait de l’incertitude sur la levée du trismus, et du risque potentiel d’aggravation des lésions articulaires lors de la laryngoscopie. La chirurgie de l’ankylose temporomandibulaire se fait de façon conventionnelle ou sous endoscopie64. Dans les deux cas, le confort chirurgical est amélioré par la limitation du saignement. Le rapport bénéficerisque de l’hypotension contrôlée est jugé défavorable par la plupart des auteurs. Comme pour toute chirurgie articulaire et même si l’infection est exceptionnelle, l’asepsie rigoureuse et l’antibioprophylaxie sont de rigueur79. Chirurgie cutanée et plastique de la face Des informations précises sur le type de chirurgie et ses contraintes sont nécessaires pour définir une stratégie anesthésique : les libellés chirurgicaux sont peu clairs et ne laissent pas forcément transparaître la lourdeur de l’intervention. En effet, telle petite tumeur nécessitera une exérèse large avec lambeau complexe, alors que telle autre pourra être retirée sous anesthésie locale. La chirurgie très lourde (carcinologique, lambeau libre) est développée dans l’article « Anesthésie-réanimation en oto-rhino-laryngologie »24. L’obstruction postopératoire des VAS est la cause la plus fréquente de mortalité après chirurgie de la mandibule128. Les problèmes d’installation ne doivent pas être négligés car ils sont source de complications aux conséquences parfois définitives. La protection oculaire est systématique3 ; seul le collyre à la méthylcellulose doit être utilisé : il n’a pas d’effet secondaire et prolonge la durée pendant laquelle l’œil reste humide. La fermeture des paupières par un adhésif doit affronter les paupières. L’utilisation de pansement occlusif type Tegaderm® ou OpSite® réduirait l’incidence des lésions cornéennes de 0,17 % à 0,03 %3. Anesthésie locale Du fait de la richesse de la vascularisation locale, le risque de résorption rapide existe. Les conséquen- 12 ces cliniques de cette résorption sont réduites par la limitation de la dose totale et des doses par injection, par l’utilisation de solutions adrénalinées et l’éviction des produits les plus toxiques (bupivacaïne). L’usage de la crème Emla® expose au risque de méthémoglobinémie chez le nourrisson120 et de surdosage si l’on utilise plus d’un demi-tube chez l’enfant de moins de 6 kg. Chez l’adulte, des arrêts cardiaques par fibrillation ventriculaire ont été rapportés lors de méchages avec vasoconstricteurs. Sédation en complément de l’anesthésie locale En France, elle se fait dans le cadre de l’environnement réglementaire : consultation préanesthésique, surveillance per- et postopératoire et prise en charge en ambulatoire si le contexte médicosocial le permet. Du fait des difficultés d’accès à la tête, la surveillance peropératoire doit être étroite. Le midazolam est cinq fois plus actif que le diazépam, mais le temps d’équilibration sang/ cerveau étant plus long, l’effet maximal d’une dose injectée est retardé32. La dose efficace peut être faible (1 mg) et conduire à des apnées en particulier chez le sujet âgé. Il existe une forte variabilité interindividuelle en termes de puissance et de durée d’action. Le propofol présente de nombreux avantages dans cette indication, et ses principes d’administration ont déjà été abordés plus haut. Techniques de protection contre le saignement Le saignement est la deuxième préoccupation majeure de l’anesthésiste en chirurgie maxillofaciale. Il peut mettre exceptionnellement en cause le pronostic vital, que ce soit pendant la chirurgie maxillaire128 ou dans les suites postopératoires124. Ces hémorragies postopératoires peuvent être retardées (faux anévrisme, érosion de l’artère linguale par du matériel d’ostéosynthèse, ...) ; elles sont généralement embolisées, et la réintervention n’est justifiée qu’après échec de l’embolisation. Plus souvent, le saignement gêne l’acte chirurgical et expose au risque transfusionnel dans une chirurgie habituellement fonctionnelle ou esthétique. À l’exception des lambeaux et des greffons osseux, la transfusion n’est pas nécessaire pour la chirurgie mandibulaire. Elle concerne environ 25 % des patients opérés d’une ostéotomie bimaxillaire sans que les facteurs prédictifs apparaissent de façon évidente110. Dans des mains expérimentées, les chirurgies complexes peuvent être réalisées sans transfusion109 et avec une incidence faible de complications55. Les lambeaux microanastomosés amé- J.-L. Bourgain liorent le pronostic fonctionnel sans majorer la morbidité (infection ou transfusion), mais en augmentant la durée opératoire et le temps d’hospitalisation96. Il est rarement nécessaire d’avoir à transfuser plus de trois unités de sang (4 %) ; cette complication n’étant pas exceptionnelle, elle doit être prévue et le patient informé110. L’évaluation peropératoire des pertes sanguines est systématique (aspiration, pesée des compresses) ; elle sousestime fréquemment les pertes, et le contrôle régulier de l’hémoglobine est nécessaire. Diminution des besoins transfusionnels Elle est mise en œuvre par la réduction du saignement et l’établissement d’une stratégie transfusionnelle. Cet objectif est atteint en associant plusieurs méthodes. Application ou infiltration d’adrénaline L’application ou l’infiltration d’adrénaline à 1 : 200 000 est un élément très important. Les quantités injectées doivent être évaluées et adaptées en cas d’administration d’halothane. Des doses d’adrénaline inférieures à 5 lg/kg ne provoquent pas d’extrasystoles sous anesthésie au sévoflurane ou à l’isoflurane (1 à 1,3 MAC) ; des doses allant jusqu’à 15 lg/kg peuvent être administrées avec l’apparition d’extrasystoles dans environ un tiers des cas84. Position proclive La position proclive (angle de 15°) réduit le saignement, par amélioration du retour veineux cérébral et diminution de la pression veineuse au niveau du site opératoire. Du fait du risque d’embolie gazeuse, le patient est ventilé en pression positive ; la capnigraphie est indispensable, bien que l’incidence de l’embolie gazeuse soit extrêmement faible dans les enquêtes épidémiologiques. Hypotension contrôlée Les techniques d’hypotension contrôlée profonde (pression artérielle moyenne inférieure à 60 mmHg) sont tombées en désuétude, depuis le travail de Fromme ayant démontré son inefficacité sur la qualité du champ opératoire et le saignement dans la chirurgie orthognatique56. Il semble encore exister quelques partisans de l’hypotension contrôlée, surtout dans la chirurgie du nez sous endoscopie, situation où un saignement minime peut gêner le chirurgien et entraîner une complication grave par fausse route. Les auteurs s’accordent pour limiter l’objectif de pression artérielle autour d’une pression artérielle systolique de 80 à 90 mmHg ou d’une pression artérielle moyenne de 60 mmHg97,113. À ce niveau et chez des patients jeunes, le confort chi- Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale rurgical semble amélioré et les pertes sanguines réduites97. Les patients doivent être bien sélectionnés car cette technique est source de complications, particulièrement chez le sujet âgé41. Le maintien de la réponse vasomotrice au CO2 sous isoflurane doit faire redouter une baisse du débit sanguin cérébral par vasoconstriction en cas d’hypocapnie. Une baisse de la PaCO2 en dessous de 25 mmHg s’accompagne d’une baisse de 22 % du débit sanguin cérébral pour une pression artérielle moyenne (PAM) de 50 mmHg10. L’isoflurane est l’agent anesthésique habituellement recommandé dans cette indication, bien qu’il existe un certain nombre d’échecs nécessitant l’administration d’un autre agent hypotensif. La nicardipine utilisée sous narconeuroleptanalgésie n’a permis l’obtention d’une hypotension artérielle (PAM entre 50 et 55 mmHg) que chez 14 des 17 malades étudiés21. L’hypotension contrôlée par le nitroprussiate de sodium n’a pas amélioré les conditions chirurgicales dans la chirurgie du sinus maxillaire56. De meilleurs résultats ont été rapportés lors de l’utilisation d’esmolol19. Stratégie transfusionnelle Une stratégie rigoureuse permet de réduire la transfusion de sang homologue. L’association hémodilution normovolémique, hypotension contrôlée modérée, utilisation du Cell Saver®, autotransfusion a permis une réduction des transfusions de sang homologue de 50 %106. Dans le même travail portant sur une période de 1 an, l’administration d’érythropoïétine a permis d’éviter la transfusion. Pour des gestes standardisés, l’autotransfusion peut suffire : un prélèvement de deux à trois unités de 400 ml chacune est suffisant pour les ostéotomies bimaxillaires, un prélèvement de une à deux unités pour la chirurgie du maxillaire supérieur, et une simple hémodilution pour celle du maxillaire inférieur99. Ces chiffres sont donnés à titre indicatif et varient d’une équipe à l’autre. L’hémodilution normovolémique intentionnelle a été proposée pour augmenter la viabilité des lambeaux22. Cette technique a été abandonnée du fait de la majoration de l’œdème local et de l’absence de modification de la réponse inflammatoire locale et générale94. La récupération de sang peropératoire ne semble pas avoir été étudiée, probablement à cause du risque septique potentiel. Antibioprophylaxie En dehors de la prévention de l’endocardite (Tableau 3), la chirurgie des glandes salivaires, les cervicotomies sans ouverture muqueuse, la chirurgie vélopalatine et la chirurgie de surface ne néces- 13 sitent pas d’antibioprophylaxie5. Cette attitude peut être transgressée lorsque certains facteurs sont associés : chirurgie nasale ou auriculaire, tumeur maligne ou plastie complexe119. La durée de l’antibioprophylaxie demeure incertaine faute d’études bien conduites. Le risque infectieux est majoré par les fuites salivaires au niveau des sutures muqueuses85. Le maintien de l’antibiothérapie au-delà de 48 heures limiterait la contamination bactérienne des tissus au contact d’une déhiscence muqueuse. Analgésie postopératoire La chirurgie maxillofaciale est douloureuse lorsqu’elle ne concerne pas que les plans superficiels. La base de l’analgésie repose sur l’administration de paracétamol et d’AINS. Les différents AINS ont une efficacité comparable et ne sont pas assez puissants pour se passer de morphine122. Traumatologie maxillofaciale En face d’un traumatisme maxillofacial, l’anesthésiste est confronté à trois difficultés : le maintien de la liberté des voies aériennes, le saignement qui peut être très abondant et le diagnostic des lésions associées. Classification des fractures du massif facial Les lignes de fracture du massif facial suivent un trajet stéréotypé. Elles sont schématisées dans la Figure 2. La fracture de Le Fort 3 est associée très fréquemment à une fracture de la base du crâne et de l’ethmoïde à l’origine d’une brèche duremérienne. Le scanner (ou, plus simplement, l’endoscopie sinusienne au lit du malade) évalue l’extension de la fracture au plancher de l’orbite112. Devant une fracture de l’ethmoïde, le diagnostic de brèche méningée n’est pas toujours évident, la fuite de liquide céphalorachidien (LCR) étant souvent minime et mélangée avec du sang. La prescription d’une antibiothérapie prolongée devant une simple suspicion de brèche1 est remise en question131. Le parage des plaies est effectué précocement et soigneusement pour améliorer le pronostic esthétique. Même en cas de plaie septique et/ou de retard thérapeutique, la fermeture est effectuée le plus tôt possible sous couvert d’une antibiothérapie49. Quand il n’est pas possible de suturer ces plaies de façon convenable, la réalisation d’un pansement occlusif de 5 jours peut être proposée123. Le plus souvent, la réparation des dégâts osseux est réalisée secondairement, après bilan radiologi- 14 J.-L. Bourgain Figure 2 Fractures du massif facial. Dans la fracture de Le Fort type 1, la ligne de fracture horizontale sépare le massif alvéolaire dentaire supérieur du maxillaire ; le segment fracturé est mobile. La fracture de Le Fort 2 est une fracture pyramidale qui s’étend de la partie moyenne de l’os nasal vers le bord inférieur de l’orbite et du zygoma. Une fracture de la base du crâne peut y être associée. La fracture de Le Fort 3 est une dysjonction craniofaciale qui sépare la base du crâne du squelette facial que détaillé. L’ostéosynthèse est souvent utilisée pour traiter les fractures mandibulaires ; le taux d’infections est de l’ordre de 1 %, majoré lorsque le délai thérapeutique s’allonge au-delà de 2 semaines (4 %) et lorsque l’état local est défavorable138. D’autres équipes pratiquent le traitement orthopédique des fractures mandibulaires avec des résultats comparables au traitement chirurgical. Rarement, la réduction d’une fracture mandibulaire se complique d’un emphysème sous-cutané4. La recherche de lésions associées est systématique au niveau de la tête et du cou (traumatisme crânien, rachis cervical, lésions laryngée, oculaire ou œsophagienne) et ailleurs en cas de polytraumatisme. Chez l’enfant69, les fractures maxillaires et médiofaciales sont la conséquence d’un choc violent et les lésions associées sont fréquentes (tête : 42 % ; extrémités : 24 % ; œil : 22 % ; thorax : 10 % et abdomen 2 %). Contrôle des voies aériennes Les modifications anatomiques, le saignement endobuccal et les troubles de conscience concourent à des degrés divers à gêner la ventilation. L’identification anatomique de la lésion n’est pas toujours effectuée avant l’intubation. L’intubation sous laryngoscopie directe est souvent faisable ; elle permet d’extraire un éventuel corps étranger. En revanche, elle peut aggraver le déplacement d’une fracture ou majorer le saignement endobuccal, raison pour laquelle une aspiration de forte capacité doit être disponible. Le patient traumatisé de la face devant être intubé en urgence est considéré comme à estomac plein. Dès lors, deux attitudes sont possibles : l’intubation vigile qui, dans des mains expérimentées, est une technique fiable77, ou l’intubation après induction à séquence rapide, sous couvert de la manœuvre de Sellick. La fracture parasymphysale bilatérale libère un fragment de mandibule qui, parce qu’il est attiré en arrière et en bas, va obstruer la filière aérienne. L’existence d’un traumatisme laryngé ou pulmonaire augmente les difficultés de prise en charge. Le trismus est fréquent ; il est habituellement levé sous anesthésie générale avec curarisation, à l’exception des fractures intéressant l’articulation temporomaxillaire ou en cas de déplacement postérieur d’une fracture du zygoma. L’injection de pancuronium (0,025 mg dans 0,5 ml de chaque côté) dans le muscle masséter a été proposée avec succès130. Les fractures condyliennes provoquent des trismus difficilement réductibles. Les plaies transfixiantes de la face ou du cou peuvent gêner la ventilation au masque et sont volontiers hémorragiques. Avant d’avoir éliminé une fracture de la base du crâne, l’intubation nasotrachéale est classiquement contre-indiquée. Néanmoins, elle est possible sous fibroscope en l’absence de lésions nasales et cérébrales et de difficultés prévisibles d’extubation9. Pour le praticien habitué à cette technique, l’intubation rétrograde est relativement peu traumatique, et applicable en cas de fracture du rachis cervical ou de saignement endobuccal14. L’intuba- Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale tion sous fibroscopie a une place limitée en présence de sang dans les VAS, bien qu’un taux de succès de 87 % ait été rapporté avec des opérateurs assez inexpérimentés46. En revanche, pour du personnel peu aguerri, la pose du masque laryngé est plus facile qu’une intubation38, et il protège efficacement la trachée vis-à-vis de l’inhalation de sang98. Les indications de ventilation transtrachéale sont rares. La décision d’extubation n’est pas toujours facile à prendre et tient compte des facteurs associés (traumatisme pulmonaire, état de conscience). L’œdème facial post-traumatique peut prendre des dimensions considérables et gêner une éventuelle réintubation ; dans ce contexte, les indications de trachéotomie sont larges. Chez l’enfant, l’administration de midazolam par voie nasale (entre 3 et 7 mg) permet l’obtention d’une sédation pendant la pratique de gestes sous ou sans anesthésie locale75 ; les indications de trachéotomie sont exceptionnelles dans le contexte traumatique. Risque hémorragique Le saignement7 est fréquent, mais n’engage que rarement le pronostic vital (10 cas sur une série de 222 patients). Habituellement, ce saignement est contrôlé par le méchage nasal (sonde de Foley avec ballonnet gonflé dans le cavum, éventuellement mise en traction), parfois associé à la réduction en urgence de la fracture. Certaines plaies de la face sont à l’origine de pertes sanguines importantes difficilement chiffrables : leur hémostase en urgence s’impose et l’embolisation peut être tentée. Dans ce contexte, heureusement très rare, l’identification du vaisseau en cause est souvent difficile. Antibiothérapie L’antibiothérapie est instituée s’il existe une lésion muqueuse. L’administration de pénicilline pendant 36 heures est aussi efficace que celle de ceftriaxone et moins coûteuse63. Elle est administrée devant un délabrement facial, même si un geste chirurgical n’est pas pratiqué en urgence. Secondairement, elle encadre le geste comme pour toute antibioprophylaxie. L’antibiothérapie, associée aux soins locaux, n’empêche pas toujours la survenue d’une infection postopératoire aux conséquences redoutables69. Malformation congénitale de la face Il s’agit de malformations extrêmement rares dont la prise en charge est faite, habituellement, dans 15 des centres très spécialisés. Ce sujet a été abordé dans un ouvrage récent auquel le lecteur pourra se référer78. Chirurgie maxillofaciale carcinologique Les problèmes posés par les patients porteurs d’un cancer épidermoïde de l’oropharynx ont été traités dans l’article « Anesthésie-réanimation en otorhino-laryngologie » de l’Encyclopédie MédicoChirurgicale24. Ne sont envisagés que les problèmes spécifiques aux cancers des sinus et du massif facial. Les cancers du massif facial sont des tumeurs rares touchant l’adulte et l’enfant. Les types histologiques sont très variés et les indications thérapeutiques dépendent de la nature histologique de la tumeur. Néanmoins, la majorité de ces tumeurs relève d’un traitement chirurgical associé à la radiothérapie et/ou la chimiothérapie. Du fait de la rareté de ces tumeurs, aucun travail n’a pu collecter suffisamment d’informations pour l’étude de la morbidité per- et postopératoire. Classification des tumeurs du massif facial Chez l’adulte, les carcinomes représentent plus de 85 % des tumeurs malignes, et les lymphomes environ 10 %. Les autres tumeurs sont plus rares (sarcome, tumeur nerveuse, mélanome malin). Ces cancers touchent dans des proportions comparables le sinus maxillaire, l’ethmoïde et les fosses nasales. Contrairement aux autres tumeurs des VAS, le rôle du tabac et de l’alcool dans la genèse de ces carcinomes est très secondaire. Les carcinomes épidermoïdes représentent 46 % des carcinomes, et la survie à 5 ans est de l’ordre de 35 %. Les carcinomes à cellules cylindriques sont plus rares et leur pronostic dépend de la croissance locale de la tumeur. Les adénocarcinomes surviennent le plus souvent chez les travailleurs du bois (ébénistes) ; leur pronostic est assez favorable si le traitement chirurgical initial permet l’exérèse complète de la tumeur. Les autres tumeurs sont très rares. Le mélanome nasosinusien (2 à 4 % des tumeurs de la région) a un mauvais pronostic (survie à 5 ans inférieure à 25 %). Le seul traitement ayant montré une certaine efficacité est la chirurgie quand l’exérèse est complète. Les lymphomes surviennent après 60 ans et sont fréquemment associés à une positivité de la sérologie au virus Epstein-Barr (EBV). Le pronostic dépend du typage qui doit être formellement obtenu avant tout traitement, y compris la corticothérapie. Le diagnostic histologique étant impéra- 16 tif, les contre-indications anesthésiques doivent être très restrictives. Le seul fait clinique qui doit faire surseoir à une anesthésie générale est la compression médiastinale. Une anesthésie dans ce contexte peut décompenser une compression trachéale et empêcher l’extubation82 ; la chimiothérapie lourde doit alors être effectuée chez un patient intubé, augmentant le risque de complications infectieuses. Le neuroblastome olfactif survient chez l’adulte avant 60 ans. Le pronostic dépend de l’extension à la base du crâne mais est globalement mauvais. Le traitement est essentiellement chirurgical en double équipe : neurochirurgicale et maxillofaciale. Les sarcomes sont des tumeurs très rares et de sombre pronostic. Le traitement est chirurgical après réduction tumorale par la chimiothérapie. On distingue les schwannomes, les chondrosarcomes, les ostéosarcomes et les sarcomes radio-induits survenant 8 à 10 ans après une radiothérapie, dont le traitement est surtout chirurgical. Chez l’enfant, les tumeurs du massif facial sont parmi les plus fréquentes. Les sarcomes et les lymphomes sont fréquents, les autres types histologiques étant beaucoup plus rares. Le diagnostic est souvent tardif, parce que la symptomatologie est souvent rapportée à des épisodes infectieux ORL banals. Le diagnostic est histologique : au cours de l’anesthésie pour la biopsie, il est habituel de pratiquer le bilan d’extension (biopsie médullaire, ponction lombaire, ...) et de poser une voie veineuse centrale. Leur localisation au niveau de la tête rend le traitement chirurgical et radiothérapique plus délicat. Une approche multidisciplinaire est indispensable dans des unités d’oncologie pédiatrique. Les rhabdomyosarcomes sont de bon pronostic, s’ils surviennent chez le jeune enfant et s’ils présentent une localisation orbitaire. Le large volume tumoral et l’extension à la base du crâne assombrissent le pronostic. En Europe, la séquence thérapeutique habituelle est la chimiothérapie lourde, suivie de chirurgie d’exérèse. En cas de résection insuffisante, une deuxième ligne de chimiothérapie ou une radiothérapie est proposée. Les lymphomes non hodgkiniens ne sont pas des tumeurs chirurgicales ; ils répondent bien à la chimiothérapie. À la phase initiale de la maladie, la croissance tumorale est souvent très rapide, et la pratique d’une radiographie thoracique à la recherche d’une compression médiastinale est indispensable. Modalités chirurgicales Quelle que soit la technique chirurgicale retenue, les précautions sont les mêmes : antibiothérapie, J.-L. Bourgain gestion du risque hémorragique, prévention de l’inhalation postopératoire. Le type de chirurgie retenu est déterminé par les rapports anatomiques de la tumeur avec les cavités sinusiennes (ethmoïde, sinus maxillaire). L’extension de la tumeur au-delà du sinus complique en général le geste, et expose le patient à des complications chirurgicales76. Le scanner et surtout l’IRM, d’interprétation difficile, permettent de bien apprécier les limites de la tumeur et de différencier le processus tumoral des réactions inflammatoires. Chirurgie classique La chirurgie ethmoïdale se fait après incision paralatéronasale en réséquant les cellules ethmoïdales en dedans de l’orbite. Le risque de brèche duremérienne existe, et une extension tumorale à la base du crâne impose la présence d’un neurochirurgien. Une atteinte du nerf optique impose l’exentération oculaire, avec des conséquences esthétiques majeures et des problèmes de couverture cutanée imposant parfois l’apposition d’un lambeau libre. La chirurgie du sinus maxillaire est simple lorsque la tumeur est limitée. Les choses se compliquent en cas d’extension supérieure au plancher de l’orbite (reconstruction immédiate pour éviter la chute du globe oculaire) ou postérieure (risque hémorragique). Un envahissement de la voûte palatine justifie une résection complète de l’infrastructure maxillaire. Au décours de cette chirurgie délabrante, il existe une vaste cavité qui est comblée par un méchage ou une prothèse. L’ajustement de cette prothèse est délicat et nécessaire pour que le patient puisse déglutir normalement ; le maintien de ce matériel est facilité par la confection d’une voûte palatine synthétique accrochée aux structures osseuses restantes. Malgré tout, il n’est pas rare que cette prothèse se mobilise en postopératoire sans pour autant induire une obstruction des voies aériennes supérieures. Chirurgie endoscopique L’utilisation routinière de l’endoscopie permet un diagnostic précoce de petites tumeurs et la différenciation de la tumeur et des polypes réactionnels. Des exérèses tumorales complètes ont déjà été réalisées par cette méthode, et donneraient des résultats carcinologiquement identiques. Le risque de fausse route et de difficultés d’hémostase pourrait être prévenu par une embolisation préopératoire. La chirurgie endoscopique permet de traiter certaines complications, comme les mucocèles ou les rétentions purulentes chez l’immunodéprimé. Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale Prise en charge anesthésique Le risque chirurgical est lié au volume tumoral, à son extension aux tissus avoisinants et à l’existence d’une infection. Contrairement aux autres tumeurs des voies aériennes, l’éthylisme et le tabagisme ne sont pas des facteurs de risque. Pour une chirurgie première, les patients sont en général faciles à intuber par la bouche avec une sonde armée. La trachéotomie est rarement indiquée en postopératoire. L’abord trachéal pour réintervention peut poser des problèmes, et les indications d’intubation sous fibroscopie sont larges. La radiothérapie aggrave les problèmes d’intubation difficile. Les complications chirurgicales sont souvent redoutables. Certaines d’entre elles (fausses routes intracérébrales, plaie de la carotide ou du sinus caverneux au cours de l’abord de la fosse infratemporale) engagent le pronostic vital. Les fausses routes sont favorisées par l’abondance du saignement, qui gêne la visualisation des repères anatomiques. Le diagnostic de plaie cérébrale n’est pas toujours immédiatement évident lorsque le chirurgien la méconnaît ; il est alors évoqué devant un retard de réveil. Le risque hémorragique est important lors de l’exérèse complète de l’infrastructure du massif facial, parce que l’hémostase de l’artère maxillaire n’est possible qu’après avoir retiré la pièce opératoire. Il s’ensuit un épisode hémorragique fréquent et important dans un laps de temps très court. L’exérèse des tumeurs de l’ethmoïde est hémorragique quand le chirurgien sectionne dans le plan osseux. 17 Du fait des difficultés d’hémostase, les suintements hémorragiques sont courants au décours de cette chirurgie. Il est possible de mécher la cavité résiduelle après chirurgie ethmoïdale ou maxillaire si la voûte palatine a été laissée intacte. Les méchages compressifs exposent au risque de toxic shock syndrome et nécessitent une antibiothérapie antistaphylococcique systématique pendant la durée du méchage76. Le sang qui s’écoule de la zone opératoire est dégluti et il est habituel d’observer des vomissements au cours des premières heures postopératoires. L’antibiothérapie prophylactique est systématique pendant 24 heures (Tableau 3). Cette chirurgie nécessite la pratique d’une analgésie postopératoire type analgésie contrôlée par le patient (PCA). La présence d’un méchage compressif accentue la douleur postopératoire. L’existence ou la prolongation de la durée des céphalées doit faire redouter une complication neurologique : fistule de LCR, méningite. Conclusion De nombreuses publications récentes ont permis de mieux appréhender les problèmes posés par l’anesthésie en stomatologie et en chirurgie maxillofaciale. La prise en charge des voies aériennes selon des algorithmes spécifiques, la prise en compte des problèmes hémorragiques ont apporté un gain de sécurité majeur à cette chirurgie souvent fonctionnelle ou esthétique. Il reste encore des domaines obscurs à explorer, parmi lesquels la prise en charge de la douleur postopératoire et des problèmes infectieux apparaît prioritaire. 18 J.-L. Bourgain Points essentiels • Tout anesthésiste en chirurgie maxillofaciale doit maîtriser les techniques d’intubation difficile et celles à mettre en jeu en cas de difficultés d’oxygénation avant l’intubation. À cet égard, l’intubation sous fibroscopie présente de larges indications. • L’intubation nasale est fréquemment employée et l’anesthésiste se doit d’en connaître les aspects techniques en détail. • L’extubation se fait chez un patient complètement réveillé, après avoir pris avis du chirurgien sur l’éventualité de difficultés d’ordre anatomique. • Les difficultés d’extubation sont anticipées et les mesures de sécurité reposent sur la trachéotomie ou l’utilisation de guides creux. • L’anesthésie pour chirurgie dentaire se complique d’autant que le patient présente des antécédents médicaux. Ceci justifie pleinement la consultation d’anesthésie même si l’indication de l’anesthésie locale est retenue. • La chirurgie dentaire doit bénéficier des mêmes règles de sécurité que les autres prises en charge anesthésiques. • L’antibioprophylaxie pour la chirurgie dentaire est discutée, en dehors de la prévention des endocardites chez les patients valvulaires. • En chirurgie maxillofaciale, la politique de prévention du saignement doit conduire à une réduction systématique des besoins transfusionnels. Les moyens disponibles sont : l’infiltration de solutions adrénalinées, la position proclive, le contrôle de la pression artérielle moyenne et l’autotransfusion (voire la récupération de sang peropératoire). • La traumatologie maxillofaciale est source de difficultés d’oxygénation et d’intubation. Le maintien de la perméabilité des voies aériennes doit tenir compte du saignement endobuccal et des lésions anatomiques. L’antibiothérapie prévient en partie les complications infectieuses. • Les tumeurs du massif facial bénéficient d’une prise en charge multidisciplinaire (anesthésie, chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie). • La stomatologie concerne les affections touchant la cavité buccale et particulièrement l’appareil dentaire ; la chirurgie stomatologique est effectuée par les stomatologues, le plus souvent dans des unités spécialisées dans ce domaine. La chirurgie maxillofaciale est réalisée par des chirurgiens de diverses spécialités (stomatologue, ORL, plasticien) dans des blocs souvent communs ; dans ce dernier cas, l’anesthésiste n’est pas forcément spécialisé dans ce domaine, et est alors confronté à des problèmes très particuliers. C’est la raison pour laquelle nous insistons sur la spécificité anesthésique des interventions les plus courantes. • Comme pour l’anesthésie en ORL, la liberté des voies aériennes supérieures (VAS) est la préoccupation principale de l’anesthésiste. Qu’elle soit liée à la pathologie initiale ou aux gestes chirurgicaux, l’obstruction des VAS doit être évaluée avant l’opération, et détectée pendant et après l’acte par une surveillance adéquate ; cette vigilance permet d’appliquer un traitement rapide qui évite l’apparition d’accidents aux conséquences graves20. Anesthésie-réanimation en stomatologie et chirurgie maxillofaciale 19 Autoévaluation Questions I A - Dans une population de chirurgie générale, les difficultés de ventilation au masque sont plus fréquentes chez le barbu, le patient âgé de plus de 55 ans, l’édenté, l’obèse et le ronfleur B - L’insuffisance de profondeur de l’anesthésie est la cause la plus fréquente d’obstruction des voies aériennes supérieures (VAS) C - En présence d’une radiothérapie cervicale ou d’une lésion hypopharyngée ou laryngée, seul le Fastrach® permet l’intubation avec un taux de succès de l’ordre de 95 % D - L’estimation tactile du débit expiratoire de chaque narine permet de choisir celle qui sera préférentiellement utilisée pour l’intubation nasale E - L’utilisation d’un vasoconstricteur (naphtazoline) 10 minutes avant l’intubation permet de réduire le risque de saignement lors du geste II A - L’intubation trachéale à l’aveugle est facilitée par l’utilisation de la capnographie B - Les sondes d’intubation préformées augmentent le risque d’intubation sélective C - Chez un patient ayant reçu une radiothérapie cervicale, une traction sur la langue associée à la luxation de la mâchoire améliore la visualisation de la glotte D - Lors d’un saignement en chirurgie maxillofaciale, la protection des voies aériennes par le masque laryngé est inférieure à celle fournie par l’intubation E - Les facteurs de risque de survenue de problèmes lors de l’extubation sont le sexe masculin, l’obésité et les difficultés d’exposition de la glotte III A - L’anesthésie du maxillaire supérieur est obtenue par l’infiltration du nerf maxillaire supérieur au contact du bord supérieur du zygoma, dans l’angle postérieur du malaire B - Pour les extractions dentaires simples, l’infiltration intraligamentaire est plus efficace que l’infiltration du nerf dentaire inférieur C - En chirurgie d’extraction dentaire sous masque laryngé, la protection des voies aériennes contre l’inhalation de sang n’est assurée que lorsque la pression de fuite est supérieure à 30 cmH2O D - Dans la chirurgie maxillofaciale, l’ondansétron est particulièrement efficace dans la prévention des nausées et vomissements postopératoires (NVPO) E - La fréquence des bactériémies au décours d’extractions dentaires est évaluée à 10 % IV A - L’embolisation préopératoire d’un fibrome nasopharyngien favorise la qualité du geste chirurgical et limite le saignement B - L’extension intracrânienne d’un fibrome nasopharyngien contre-indique l’embolisation préalable à la chirurgie C - Pour la protection oculaire en chirurgie de la face, seul le collyre à la méthylcellulose doit être utilisé D - Sous anesthésie au sévoflurane, la dose de 1 lg kg–1 d’adrénaline ne doit pas être dépassée sous peine d’induire des extrasystoles E - Pour l’hypotension contrôlée, l’objectif de pression artérielle est de 80 à 90 mmHg pour la systolique ou de 60 mmHg pour la diastolique V A - La fracture de Le Fort III est fréquemment associée à une fracture de la base du crâne et de l’ethmoïde et expose à la survenue d’une brèche dure-mérienne B - Pour les fractures intéressant l’articulation temporomaxillaire, l’anesthésie générale permet fréquemment de lever le trismus C - En traumatologie maxillofaciale, l’antibiothérapie doit être instituée dès qu’il existe une lésion muqueuse D - La consommation d’alcool et de tabac est fortement incriminée dans la genèse des carcinomes du massif facial E - Pour l’analgésie postopératoire de chirurgie carcinologique maxillofaciale, une PCA (patient controlled analgesia) à la morphine est le plus souvent nécessaire 20 J.-L. Bourgain Réponses I A - Vrai : pour les patients de stomatologie, il faut ajouter toutes les modifications anatomiques en relation avec la pathologie et son traitement (par exemple : la radiothérapie cervicale) B - Vrai C - Faux : il s’agit même de situation contre-indiquant l’utilisation du Fastrach® D - Faux E - Vrai II A - Vrai : quelques innovations ont rendu la technique d’intubation à l’aveugle plus facile : le guidage de la sonde par le capnogramme, l’induction au sévoflurane et le gonflage partiel du ballonnet dans le pharynx qui permet de soulever l’extrémité de la sonde et de l’orienter vers la glotte B - Vrai C - Vrai D - Faux E - Vrai III A - Vrai B - Faux C - Faux : cette protection est assurée dès que la pression de fuite est supérieure à 15 cmH2O D - Faux : les NVPO liés à l’ingestion postopératoire de sang répondent mal à l’administration d’ondansétron E - Faux : la fréquence de ces bactériémies est comprise entre 18 et 85 % IV A - Vrai B - Faux C - Vrai : ce collyre n’a pas effet secondaire et il prolonge la durée pendant laquelle l’œil reste humide D - Faux : il a été montré que des doses d’adrénaline inférieures à 5 lg kg–1 ne provoquent pas d’extrasystoles sous anesthésie au sévoflurane ou à l’isoflurane E - Vrai V A - Vrai B - Faux C - Vrai D - Faux : contrairement aux autres tumeurs des voies aériennes supérieures E - Vrai Références 5. 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