effets de 15 seances de stretching passif sur la statesthesie du genou

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EFFETS DE 15 SEANCES DE STRETCHING PASSIF SUR LA
STATESTHESI E DU GENOU
GOUIN DE ROUMIGNY Thibaut
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou
partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale.
1
A- INTRODUCTION
1- CADRE DE L’ETUDE :
a- Description de l’étude :
L’étude a pour but de confirmer ou d’infirmer que les auto-étirements passifs (aussi appelés
stretching passif), réalisés chez le sujet sain, sur les muscles croisant le genou, diminuent la
statesthésie de cette articulation. Cet effet est évalué après 15 séances de stretching passif, sur une
période de 5 semaines. Pour cela, des étudiants de 1ère année de masso-kinésithérapie et de
pédicure-podologie de l’IFPEK
(Institut
de Formation en Podologie, Ergothérapie et
Kinésithérapie) de Rennes ont été répartis en deux groupes : un groupe d’étude pratiquant les
étirements et un groupe témoin ne les pratiquant pas. Le protocole expérimental s’est déroulé sur les
mois de février et mars 2011.
b- Choix du thème :
Etant ancien sportif, les disciplines que je pratiquais (gymnastique et arts martiaux) m’ont
conduit à souvent m’étirer. A cette époque, mes connaissances et ma pratique des étirements étaient
empiriques. Les études de masso-kinésithérapie apportent des principes qui permettent de prendre
conscience des bonnes et des mauvaises pratiques des étirements. Toutefois, je souhaitais compléter
mes connaissances sur le sujet. Le « travail écrit d’initiation à la recherche scientifique en
kinésithérapie » de 2ème année à été une opportunité pour réaliser ce souhait. Il m’a permis de me
rendre compte que la pratique des étirements, qui peut paraître simple au premier abord, est en
réalité complexe. Cette complexité réside dans le fait qu’il existe une multitude de techniques
d’étirements (s’adressant à différents tissus ou à différentes composantes d’un même tissu que l’on
veut assouplir). Les effets de ces techniques varient dans le temps et selon les tissus impliqués. Il
existe donc une quantité importante de facteurs à maîtriser pour que leur utilisation soit proche de la
perfection et ne relève donc plus du hasard. Depuis une quinzaine d’année, de nombreux travaux
scientifiques tentent de résoudre ce problème et remettent profondément en question la pratique du
stretching. Pour toutes ces raisons, le thème des étirements a été choisi. Je me suis tourné vers les
étirements passifs car j’ai pu observer, sur différents terrains de stage, qu’ils étaient majoritairement
2
préférés aux autres techniques d’étirements. Dans le domaine sportif, cette déclinaison des
étirements est aussi pratiquée en premier lieu [1] [2].
Plusieurs ouvrages avancent que le stretching permettraient d’améliorer la proprioception en
stimulant les propriocepteurs [3] [4]. Cette hypothèse a été discréditée par une étude de
Ghaffarinejad et al. En effet, ils objectivent une diminution immédiate du sens de positionnement
articulaire (statesthésie) du genou après étirements passif des muscles quadriceps, ischio-jambiers,
gracile et poplité [5]. J’ai souhaité savoir si l’effet objectivé par cette étude se prolonge dans le
temps. J’ai donc pris pour deuxième thème la statesthésie du genou. L’aptitude du genou à se prêter
aux mesures statesthésiques m’a incité à choisir cette articulation.
c- Exposé de la problématique :
Nous avons vu précédemment que les étirements passifs peuvent induire un déficit
proprioceptif immédiat (versant statesthésique de la proprioception). Ce qui peut nuire à la bonne
réalisation d’un geste sportif, d’un mouvement imposé en rééducation, mais aussi, porter préjudice
aux gestes de la vie quotidienne ou entraîner un risque de blessure. Illustrons cette hypothèse en
prenant l’exemple d’un footballeur présentant une hypoextensibilité des muscles ischio-jambiers :
chez le footballeur, ce déficit est un facteur de risque de claquage de ces mêmes muscles [6] ; pour
éviter ce risque, le footballeur suit un programme d’assouplissement incluant des étirements
passifs ; l’étude de Ghaffarinejad et al. nous informant que cette pratique diminue la statesthésie du
genou, le footballeur ne devra donc pas disputer un match immédiatement après s’être étirer, sous
peine de moins bonnes performances et de risques traumatiques. Ce risque immédiat de blessure et
de mauvaise performance a d’ailleurs été confirmé par Cometti dans une revue de littérature. Il cite
plusieurs expériences ayant mis en évidence ce phénomène [7] ; sans toutefois, établir un lien avec
la diminution des performances statesthésiques.
Continuons notre raisonnement en émettant une autre hypothèse : les étirements passifs,
régulièrement pratiqués sur une période donnée, diminuent les performances proprioceptives à plus
long terme (statesthésie). Qu’elles en seraient les conséquences pratiques ? Reprenons l’exemple du
footballeur hypoextensible des ischio-jambiers : le traitement assouplissant terminé, le footballeur
attend le laps de temps nécessaire pour que les effets négatifs immédiats des étirements passifs
s’estompent ; il doit ensuite aller disputer un match ; sa statesthésie étant altérée sur un plus long
terme, il risque une performance sportive en deçà de ses capacités habituelles et devient sensible
face à un événement potentiellement traumatique. Il est donc nécessaire de savoir si les étirements
3
passifs pratiqués régulièrement sur une période donnée, entraînent une diminution de la statesthésie.
Si s’est le cas, il faut savoir combien de temps dur ce phénomène après la dernière séance
d’étirement. C’est dans cet optique que ce mémoire prend cette première question pour
problématique : la statesthésie du genou est elle modifiée à la suite d'un protocole de 15 séances de
stretching passif des muscles croisant cette articulation ? (le choix de la période, de la fréquence et
de la durée des auto-étirements passifs sera justifié plus bas).
Afin de répondre à cette question nous allons d’abord faire un rappel de la physiologie
musculaire ainsi que celle des étirements puis faire une classification des différents étirements avant
d’analyser leurs effets grâce à la recherche bibliographique. La seconde partie sera consacrée à
l’étude : sa méthodologie et ses résultats. Enfin, dans la discussion, nous traiterons des incertitudes
scientifiques de cette étude. Puis, nous la confronterons aux données des résultats d'autres travaux
scientifiques.
2- RAPPELS PHYSIOLOGIQUES :
a- Physiologie musculaire
Le muscle est l’organe moteur du mouvement. Les muscles de l’appareil locomoteur sont striés.
Ils se composent d’un corps musculaire (contractile) et d’un ou plusieurs tendons (il existe aussi des
muscles dépourvus de tendon). Ils peuvent présenter plusieurs formes : fusiforme, rubané,
penniforme, biceps, etc. Ils s’insèrent sur une structure osseuse, soit directement par ses fibres
charnues, soit par un tendon ou une lame aponévrotique. Le tendon est une structure constituée de
tissu de collagène. Celui-ci est très résistant et quasiment inextensible. Il permet au muscle d’aller
s’insérer à distance de son corps, et ce, sur une zone de taille réduite pour y transmettre la force de
sa contraction [8].
Le corps musculaire, qui est enveloppé dans du tissu conjonctif (fascia profond), comprend
plusieurs faisceaux eux même divisés en fibres musculaires (fig. 1). Chacune de ces structures
(faisceaux et fibres musculaires) sont enveloppées de tissu conjonctif. Les fibres musculaires sont
composées d’un assemblage de fibres parcourant toute leur longueur, accolées les unes aux autres et
parallèles entre-elles (comme les filins des haubans d’un pont suspendu). Elles sont appelées
myofibrilles et représentent l’unité contractile du muscle. Les myofibrilles comptent aussi leur
propre unité fonctionnelle : le sarcomère. Il essentiellement composé de protéines structurales
4
(« squelette » du sarcomère) et contractiles (couple protéique actine/myosine), ils se disposent en
série et en parallèle le long de la myofibrille [9]. La contraction musculaire s’effectue grâce au
coulissement des sarcomères entraîné par la traction des filaments d’actine par les filaments de
myosine (grâce à la formation de ponts d’actine-myosine) (fig. 2). En microscopie, on peut
s’apercevoir que les sarcomères sont divisés par des stries que l’on nomme stries Z. deux protéines
structurales sont importantes : la titine qui permet de ramener le sarcomère dans sa position de
référence à la suite d’un allongement de celui-ci et la nébuline qui guide les mouvements de
l’actine. La titine et la nébuline sont des protéines sollicitées lors d’étirements intenses [10,11].
Figure 1: organisation structurale du muscle strié squelettique [12].
5
Figure 2 : le muscle s'organise sur plusieurs niveaux : du plus macroscopique (niveau 1
: muscle en lui-même) au plus microscopique (niveau 7: couple d'actine-myosine) [12].
Selon Hill et Shorten, le muscle est divisé mécaniquement en 3 composantes (fig. 3 et 4) :

La composante contractile (CC) formée par les ponts d’actine-myosine (lors de la contraction
musculaire).

La composante élastique parallèle (CEP) composée des différentes enveloppes conjonctives
entourant les structures musculaires.
6

La composante élastique série (CES) essentiellement composé des tendons ; mais aussi, des
ponts d’actine-myosine pour la partie active (en l’absence de contraction musculaire, il existe
des liaisons résiduelles entre actine et myosine).
Figure 3 : en b, modèle de Hill représentant les 3 composantes mécaniques du muscle,
avec CE : la composante contractile, S EC : la composante élastique série et PEC : la
composante élastique parallèle [4].
7
Figure 4 : modèle de S horten représentant les 3 composantes mécaniques du muscle, la
composante élastique série "active" est formée par les ponts d'actine-myosine restée
enclavés au repos [13].
Cette division mécanique implique que le muscle présente différentes propriétés. En effet,
d’après Coulmy, les propriétés du tissu musculaire [14]:

La visco-élasticité, qui est la capacité du muscle à se distendre puis à revenir à sa position
initiale.

La compliance, qui est la capacité du muscle à emmagasiner de l’énergie élastique potentielle.

La raideur : qui comprend la raideur active (ou tension active) et la raideur passive ou (tension
passive). La tension active dépend du nombre de ponts entre l’actine et la myosine (lors de
l’étirement musculaire la tension active diminue car il y a un désenclavement des ponts
d’actine-myosine). La tension passive est produite par les composantes élastiques du muscle
(CES et CEP).
8
b- Physiologie des étirements
Stretching est un terme anglais, qui vient du verbe « to stretch » signifiant s’étirer. Pasquet
et ses collaborateurs définissent le stretching comme étant est un ensemble de techniques qui ont
pour but d’étirer les muscles et les tendons afin de permettre une augmentation de l’amplitude
articulaire et de diminuer les raideurs musculaires, et par là, d’augmenter la souplesse de l’individu
[15]. Pour Prévost, leur principal objectif est de relâcher et de décontracter les muscles [16].
D’après Ferré et Leroux, il existe différents types d’étirements [17] :

Les étirements passifs : mise en position d’étirement (course externe du muscle) de manière
lente et progressive d’un muscle ou d’un groupe musculaire au repos. Lorsqu’ils sont
réalisés par l’individu lui-même, ils s’appellent auto-étirements passifs ou stretching passif.

Les étirements actifs :
-Les étirements actifs statiques : mise en position d’étirement d’un muscle ou groupe
musculaire associé à une contraction statique de celui-ci.
-Les étirements activo-dynamiques : mise en position d’étirement d’un muscle ou groupe de
muscle associé à une contraction de celui-ci suivi et d’une phase dynamique (contraction
concentrique rapide de ce muscle). Il sollicite la composante contractile et replace le muscle dans sa
fonction première.
-Les étirements balistiques : mouvement de balancier ou de circumduction de l’articulation
(selon les degrés de liberté articulaires). Ils balayent progressivement les amplitudes articulaires
maximales. Effectués en fin d’échauffement ils doivent être pratiqués avec prudence car ils sont
potentiellement pourvoyeurs de blessures musculaires.

Les techniques activo-passives (PNF) :
-le contracter-relâcher-étirer : contraction du muscle qui précède son étirement dans le but
de solliciter le réflexe myotatique inverse (le muscle se relâche mieux suite à sa contraction
intense et longue [18].
-la contraction antagoniste pendant l’étirement de l’agoniste : a pour effet de relâcher le
muscle pendant son étirement en sollicitant le réflexe d’inhibition réciproque.
9
D’après Proske et M organe, l’étirement passif met en tension les trois éléments de la tension
passive du muscle : le tissus conjonctif, les éléments élastiques du sarcomère (protéines structurales
dont la titine et la nébuline) et les ponts d’actine myosine (résiduels à l’état de repos).
Chronologiquement, la tension se transmet de la jonction os-tendon, au tendon, à la jonction
myotendineuse, aux éléments élastiques (notamment par voie latérale : CCP) et enfin aux structures
musculaires (fibres musculaires) [19]. Ce qui a des effets, à court et à long termes, sur la
physiologie de l’appareil locomoteur. Nous allons en décrire les principaux en se basant sur des
revues de littérature de Cometti (1è et 2è part), Barrué-Bélou et Prévost [7,16,20,21] :

Sur le court terme (de l’ordre de l’heure), le principal effet des étirements passif est de relâcher
le muscle. En effet, ils provoquent un rétro-contrôle inhibiteur, de mécanisme inconnu, sur
l’alpha-motoneurone (et donc l’unité motrice). M ais aussi, un désenclavement des ponts
d’actine-myosine (diminution de la raideur active), et une diminution de la visco-élasticité
musculaire. Cet effet à pour conséquence macroscopique une diminution de la force-vitesse, de
la force-puissance et de la force-endurance. le deuxième effet provoqué est l’augmentation de
l’amplitude articulaire. En 3ème lieu, les étirements passifs entraînent une diminution de la
température musculaire en provoquant une ischémie (les vaisseaux sanguin se collabent sous la
tension imposée au muscle) ; d’où l’intérêt de pratiquer un échauffement avant de s’étirer. Le
4ème effet est l’effet antalgique des étirements. Ils s’expliquent par une diminution de
l’excitabilité des nocicepteurs. Enfin, il semblerait que les étirements passifs soient responsables
de micro-traumatismes musculaires. Les scientifiques pensent que ces micro-traumatismes
seraient responsables des courbatures ressenties après une séance de stretching.

Sur le long terme, un seul effet physiologique a été mis en évidence (après 1 à 2 mois de
pratique des étirements passifs selon les études): l’augmentation de l’amplitude articulaire. Elle
s’expliquerait par une augmentation de la tolérance à l’étirement qui pousserait le sujet à s’étirer
dans des amplitudes plus importante. Cette augmentation d’amplitude survient après 5 semaines
d’étirement à raison de 3 fois par semaine (1 séance par semaine est significativement moins
efficace et 5 séances par semaine n’est pas significativement plus efficace que 3). Bien que
l’augmentation d’amplitude articulaire soit le seul effet physiologique à long terme mis en
évidence, il semble en existe d’autres. En effet : les étirements passif permettent l’augmentation
significative de la force excentrique et, semblerait-il, de la capacité de restitution élastique du
muscle.
10
c- Physiologie de la statesthésie :
La statesthésie, aussi appelée sens positionnel, est définie comme la perception de la position de
notre corps, en l’absence de mouvement, dans l’espace [22], sans l’assistance de la vision [5]. Le
sens qui permet cette perception en mouvement est appelé kinesthésie. Ces deux concepts font
partie de la sensibilité proprioceptive.
Les afférences statesthésiques prennent naissance au sein des propriocepteurs soumis à un
stimulus mécanique (principalement l’étirement). Les propriocepteurs de la statesthésie sont
principalement articulaires [23] avec : les corpuscules de Ruffin (situés dans les capsules de grosses
articulations) et les organes tendineux de Golgi (situés dans les capsules articulaires et les
ligaments) [24]. Les propriocepteurs musculaires sont eux aussi impliqués dans le sens
statesthésique. Ils sont représentés par les organes tendineux de Golgi (situés à la jonction neuromusculaire) et les fuseaux neuro-musculaires (situés dans les structures contractiles) [25]. Les
propriocepteurs transmettent les afférences aux nerfs périphériques qui les véhiculent jusqu’à la
région postéro-médiane médiane de la moelle épinière (ou, plus haut, au niveau du tronc cérébral).
A ce niveau ils sont véhiculés par les voies lemniscales (celles-ci véhiculent aussi les influx tactiles
épicritiques) formées par les faisceaux gracile de Goll et cunéiforme de Burdach. Le faisceau
gracile véhicule les afférences provenant des membres inférieurs et de la partie inférieure du tronc
et le faisceau cunéiforme véhicule celles provenant des membres supérieurs, de la partie supérieure
du tronc et du cou [26]. Les afférence sont transmises jusqu’au centres nerveux supérieurs où elles
finissent leur course au niveau du cervelet et au niveau du cortex somatotopique (cortex frontal).
C’est ce dernier qui nous donne la perception consciente de la position dans l’espace de notre corps.
A- MATERIEL ET METHODE
1- CHRONOLOGIE DE L’ETUDE :
L'étude s'est déroulée du 10 février au 28 mars 2011. Elle a commencé par le recrutement de
la population d'étude et s'est terminée par le dernier test statesthésique. le protocole expérimental
s'est étalé quant à lui, sur une période allant du 14 février au 25 mars 2011 (fig. 5)
11
28/03/2011 : dernier test JPS1
25/03/2011 : 15 ème et dernière séance de stretching passif
11 sujets exclus :
- 2 sujets blessés
14/02/2011 : 1 ère séance de stretching passif
11/02/2011 : 1 er test JPS1 et répartition de la population en deux groupes
10/02/2011 : Recrutement de la population à l’IFMK (15 sujets)
Figure 5 : Représentation chronologique des moments clés de
l’expérience.
2- CHOIX DE LA POPULATION
Quinze volontaires, étudiants à l’IFPEK de Rennes, répondant aux critères de sélection de
l’étude, ont été recrutés. Ils forment une population dont le sexe ratio est de 2 femmes pour un
homme et la moyenne d’age de 20, 1±1,3 ans (avec une étendue de 18 à 25ans). Tous les sujets sont
informés par oral et par écrit des critères pouvant entraîner leur exclusion de l’étude. Voici les
critères de sélection (critères d’inclusion et de non-inclusion) et d’exclusion de l’étude :

Critères d’inclusion : toute personne saine, volontaire et disponible pour toute la durée de
l’étude ayant signée la fiche de consentement (annexe 1).
12

Critères de non-inclusion : ils sont regroupés en 3 catégories : les éléments pouvant biaiser
les résultats de l’expérience, les éléments défavorables à la réalisation de l’échauffement et
des étirements et les éléments mixtes (répondant indifféremment aux 2 catégories
précédentes) :
-éléments pouvant biaiser les résultats de l’expérience : toute personne pratiquant les
étirements en dehors des séances prévues par l’étude, et présentant des troubles
proprioceptifs réels ou potentiels, comme par exemple : une pathologie cérébelleuse ou un
trouble proprioceptif engendré par une consommation de certaines substances (alcool,
médicaments, etc.)
-éléments défavorables à la réalisation de l’échauffement et des étirements : tout personne
présentant une pathologie cardio-vasculaire, respiratoire ou autre pouvant entraîner une
intolérance à l’effort physique (rappelons l’effet ischémique des étirements).
- éléments mixtes : qui sont les suivants : antécédents de blessures du membre inférieur
(traumatisme en cours de guérison ou ayant entraîné des séquelles mécaniques ou
proprioceptives) ; pathologies rhumatismale (engendrant des troubles proprioceptif ou une
incapacité de réalisation des séances) et neuromusculaires ; douleur chronique des membres
inférieurs (fausse la sensibilité profonde ; non respect de la non-douleur lors des étirements).
•
Critères d’exclusion : pour le bon déroulement des séances d’étirement et le respect de
l’objectivité des résultats, il est jugé nécessaire d’écarter de l’expérience les sujets suivants :
personne ne respectant pas les consignes (de l’échauffement, des séances de stretching
passif et du test statesthésique) ; personne absente à l’une des séances (échauffement et/ou
stretching) ; survenue de troubles cités dans les critères de non-inclusion au cours de la
période d’étude.
3- GROUPE D’ETUDE ET GROUPE TEM OIN
Les 15 sujets sélectionnés pour l’expérience sont répartis aléatoirement en 2 groupes :
-un groupe expérimental : composé de 8 sujets ; ils pratiquent les étirements après une
période d’échauffement.
13
-un groupe témoin, composé de 7 sujets ; ils ne réalisent que l’échauffement. Ceci dans le
but d’objectiver le rôle éventuel de l’échauffement dans les modifications de la statesthésie du
genou (que nous souhaitons mettre en évidence).
4- CHOIX DU TEST D’EVALUATION DE LA STATESTHESIE DU GENOU
D’après Grob et al., il existe trois tests d’évaluation de la fonction statesthésique du genou :
les tests JPS1, JPS2 etJPS3. JPS est l'abréviation de Joint Position Sense (en français: sens de
positionnement articulaire).
Le test JPS1 mesure la capacité du sujet à reproduire, par une mobilisation passive
instrumentale (à l’aide d’un moteur à basse vitesse), une position de genou.
Le test JPS2 mesure la capacité du sujet à reproduire, avec un goniomètre électronique à
main (analogue visuel du membre inférieur), l’angle dans lequel fut placé précédemment son genou.
Le test JPS3 mesure l’aptitude du sujet à reproduire la position dans laquelle est placé son
genou, à l’aide de son genou controlatéral.
Ces auteurs ont comparé, dans leur étude, l’efficacité de ces trois tests. Ils concluent que le
test JPS1, qui n’est pas dépendant d’influx sensoriels secondaires (vue et statesthésie du genou
controlatéral), semble être le plus fiable des trois [27]. Il a donc été utilisé dans l’étude.
5- DESCRIPTION DU TEST JPS1
Le sujet est seul avec l’examinateur dans une pièce calme de manière à favoriser la
concentration. Il a les yeux masqués à l’aide d’un cache-yeux pour supprimer toute implication
visuelle dans le positionnement du genou. Le membre inférieur testé est à nu. Ce qui évite le
frottement du tissu sur la peau et donc des afférences cutanées parasites qui pourraient fausser le
test. Le sujet est en position demi-assise sur une table les jambes pendantes en dehors. Cette
position est ajustée, à l’aide de coussins, jusqu’à ce que le sujet soit dans une position propice à la
détente. La mesure goniométrique de la flexion de genou se fait comme recommandé par
l’AFREK(A), Viel et Chanussot, grâce à un plurimètre de Rippstein fixé sur la crête tibiale du sujet
à l’aide de deux bandes de strap [28,29]. Le pied est placé dans une botte reliée à un système
14
motorisé par un filin permettant la mobilisation passive du segment jambier en extension de genou
(fig 6).
Figure 6 : lors du test JPS 1, le plurimètre de Rippstein est solidement fixé à la crête
tibiale de manière à éviter tout mouvement de celui-ci dans le plan sagittal (dans le cas
contraire, les mesures goniométriques pourraient être faussées).
Le but du test est de déterminer la capacité du sujet à reproduire, par mobilisation passive du
segment jambier (au moyen du filin motorisé), une position donnée de flexion de genou. 3 positions
sont successivement testées : 20°, 45° et 70° de flexion de genou. L’examen se déroule de la façon
suivante : le segment jambier du sujet est placée passivement dans une des positions tests, par une
traction imposée au filin par l’examinateur ; la position est maintenue pendant 5 secondes pour
permettre au sujet de bien la percevoir et la retenir ; l’examinateur replace le segment jambier dans
sa position initiale (pendant librement en dehors de la table à 90° de flexion de genou) ; le sujet
déclanche le système motorisé qui mobilise passivement sa jambe en extension de genou à la
vitesse de 5° par seconde ; une fois que le sujet estime avoir atteint la position test, il stop le moteur.
15
Enfin, l’examinateur procède à la lecture de la valeur angulaire absolue (VAA) de l’erreur commise
par le sujet (différence entre la position souhaitée et la position réellement obtenue).
Cette manœuvre est répétée 3 fois par position. Il y a donc, au total, 9 mesures de VAA dont
on fait la moyenne de manière à obtenir une plus grande fiabilité statistique à l’établissement des
résultats. Cette moyenne est appelée par convention : moyenne angulaire absolue (M AA).
Seul le genou dominant est soumis à la mesure.
6- L’ECHAUFFEM ENT
Les étirements sont réalisés avec un échauffement préalable car d’après Benoist, il permet
un éveil proprioceptif nécessaire au bon contrôle des positions de stretching par le sujet et de plus,
lorsque le muscle est chaud, les structures musculaires se laissent plus facilement étirer et sont
moins sujettes aux micro-traumatismes [30]. La durée de l’échauffement est de 15 minutes
(Chronométré). Il est pratiqué en extérieur.
Les sujets sont munis de chaussures de sport et de vêtements chaud pour des raisons de
sécurité et pour limiter la déperdition de chaleur. Sur terrain plat, ils courent à leur rythme durant 8
minutes ; ce qui permet un échauffement général mais visant principalement des gastrocnémiens et
des quadriceps. Ensuite, ils alternent, durant 7 minutes : 30 secondes de « pas chassés » (15
secondes dans un sens, puis 15 secondes dans l’autre) et 30 secondes de « talons-fesses » dans le
but d’échauffer sélectivement les muscles graciles et ischio-jambiers [15] (fig. 7 et 8).
16
Figure 7 : les "pas chassés" : le sujet se déplace à vitesse moyenne dans le plan frontal, il
décrit des sauts durant lesquels un pied chasse l'autre.
Figure 8 : les "talons-fesses " : le sujet court en ramenant ses talons à ses ischions.
17
7- LES AUTO-ETIREM ENTS PASSIFS
L’échauffement terminé, 5 minutes de pause sont accordées aux sujets du groupe
expérimental avant de commencer la séance de stretching passif. les étirements se font en intérieur.
Rappelons que cette séance se déroule sur une période de l’ordre du quart d’heure. Les muscles
quadriceps (fig. 9), ischio-jambiers (fig. 10), graciles (fig. 11) et gastrocnémiens (fig. 12) sont étirés
tour à tour pendant 30 secondes. Cette manœuvre est répétée 3 fois. Les sujets sont pieds nus et en
short de manière à ce que l’animateur de la séance puisse surveiller la bonne réalisation des
étirements. Les positions et la manière de réaliser les étirements passifs sont inspirées des principes
suivants :

Toujours réalisés avant un échauffement préalable

Eviter les positions pourvoyeuses de déséquilibres ; en effet, le tonus du muscle risque
d’être augmenté (vigilance musculaire) de manière à rééquilibrer le sujet (en cas de besoin),
ce qui va à l’encontre de la mise en tension passive du muscle ; les positions d’étirement en
décubitus sont donc préférées.

Ne pas faire de mouvements saccadés lors de la mise en tension du muscle ; cela peut
provoquer l’apparition de micro-traumatismes [17]

La mise en tension doit être progressive et sur un muscle relâche, tout en respectant la nondouleur (la mise en tension doit être arrêtée juste avant la douleur). Le sujet doit donc être
parfaitement concentré sur ses sensations. plusieurs études montre un gain significatif de
souplesse en respectant ce principe [31,32,33] ; nous pensons qu’il n’est donc pas nécessaire
d’infliger une expérience désagréable au sujet. De plus, la douleur ne permet pas un
relâchement musculaire maximal [17]

Le sujet doit être concentré sur les sensations qu’il ressent (notamment pour respecter la non
douleur). Pour faciliter ce processus, l’étirement unilatéral sera préféré (concentration sur un
muscle ou groupe musculaire à la fois).

Enfin, il est conseillé aux sujets de ne pas avoir d’activité physique intense (force et/ou
d’endurance) une heure après la séance d’étirement pour éviter le risque de survenue de
blessures [7,16,34].
18
Figure 9 : stretching passif du quadriceps : un coussin est disposé de manière à éviter
toute compensation au niveau lombaire et pelvien.
Figure 10 : stretching passif des ischio-jambiers : le sujet se glisse sous la table jusqu'a ce
que l'étirement soit efficace.
19
Figure 11 : stretching des muscles graciles aidé par la pesanteur.
Figure 12 : stretching des
gastrocnémiens : le sujet dose la
flexion de la talo-crurale de façon
à ce que l'étirement soit optimal.
20
8- CHOIX DE LA DUREE, DE LA FREQUENCE ET DE LA PERIODE DES
ETIREM ENTS
Une période aussi longue d’étirements réguliers (5 semaines) ne serait se justifier autrement
que par le gain (ou le maintien) de souplesse. En effet, même si le stretching passif avait une action
positive sur la proprioception, il serait peu judicieux de les pratiquer dans cet optique. Il existe
effectivement des techniques de rééducation proprioceptive beaucoup plus intéressante pour cela.
Le protocole de stretching passif possédant le meilleur compromis entre efficacité et faibles
contraintes a été recherché(durée, fréquence et période). Il semble d’après plusieurs études qu’un
étirement passif de 30 secondes, répété 3 fois, pendant 15 séances, à raison de 3 fois par semaine
soit le protocole qui convienne le mieux pour satisfaire à ce compromis. En effet, une seule séance
par semaine est significativement moins efficace que 3 séances et 5 séances n’est pas
significativement plus efficace que 3 [32,33]. Ce protocole s’est révélé efficace dans l’étude de
Fraudet comparant l’efficacité du stretching passif et du tenu-relâché sur le gain de souplesse des
muscles ischio-jambiers [31], nous avons donc opté pour ce protocole.
9- M ETHODE D’ANALYSE STATISTIQUE
En premier lieu, la moyenne des M AA (moyenne angulaire absolue de chaque sujet lors du
test JPS1) et son écart type à 95% seront calculés au sein de chaque groupe, avant et après le
protocole de stretching passif. Ensuite, la variation des M AA à l’intérieur de chaque groupe sera
évaluée en comparant les moyennes (des M AA) et leurs écarts types avant et après étirement. Enfin,
les 2 groupes seront comparés au moyen d’un test de Student de manière à mettre en évidence une
variation significative des M AA d’un groupe par rapport à l’autre. Si c’est le cas au sein du groupe
expérimental, on pourra conclure que le protocole de stretching passif utilisé influe
significativement sur la statesthésie du genou. Précisons que si la variation est négative la
statesthésie sera améliorée et si elle est positive, elle sera altérée.
B- RES ULTATS
Dans le groupe expérimental, 7 sujets ont été exclus. 6 par abandons et 1 par blessure
(entorse du ligament collatéral latéral de l’hallux droit). Ne restant plus qu’un sujet, l’analyse de la
21
variation de la statesthésie à la suite du protocole de stretching passif est impossible. Il en est donc
de même pour la réalisation du test de Student. La comparaison des 2 groupes ne peut être réalisée.
Il est impossible de répondre à la problématique de l’étude par manque de données objectives.
Toutefois, il nous reste à analyser les données du groupe témoin. Dans ce group e, 4 sujets
ont été exclus. 3 par abandon et 1 par blessure (importante plaie à la face plantaire du pied droit).
Les résultats du groupe témoin ont donc pu être analysés au travers des tests statesthésiques de 3 de
ses membres. Ils nous permettent d’évaluer l’impact de notre échauffement sur le sens de
positionnement du genou. Avant la période expérimentale, la moyenne des M AA du groupe était de
6,9±0,4 ° ; après, cette moyenne est passée à 4,8±2,8 ° (tableau 1 et fig. 13). Les intervalles de
confiance de ces 2 moyennes se « chevauchant », leur variation n’est pas significative. Il semble
donc que l’échauffement, tel qu’il était pratiqué dans l’expérience, n’a pas d’influence sur la
statesthésie du genou après 5 semaines de pratique régulière (3 fois par semaine).
Avant
Après
Moyenne
6,9°
4,8°
Ecart type
0,4°
2,5°
Intervalle de confiance à 95%
0,4°
2,8°
Tableau 1 : récapitulatif des résultats aux tests JPS 1 du groupe témoin avant et après la
période expérimentale.
22
Moyennes des MAA (en degrés)
10
7,5
6,9
4,8
2,5
0
Temps
AVANT
APRES
Figure 13 : décrire+commentaires
C- CONCLUS ION
L'étude avait pour objectif de répondre à la question suivante : la statesthésie du genou est
elle modifiée à la suite d'un protocole de 15 séances de stretching passif des muscles croisant cette
articulation ? Les résultats ne nous permettent pas de conclure sur ce point par manque de données
objectives. En effet, 7 sujets du groupe expérimental sur 8 ont été exclus de l'expérience. ce qui n'a
permis ni de faire l'analyse statistique des variations de la statesthésie du genou, ni de les comparer
à celles du groupe témoin.
L'analyse des résultats du groupe témoin nous a permis d'avancer qu'il est probable que la
pratique de l'échauffement, tel qu'il était pratiqué dans l'expérience, n'entraine aucune modification
à long terme de la statesthésie du genou.
23
D- DIS CUS S ION
Le déficit quantitatif de la population d’étude est à l’origine du non-aboutissement de
l’expérience. Cependant, l’étude présente d’autres points susceptibles d’entraîner des incertitudes
scientifiques. Nous allons, dans un premier temps, les mettre en évidence en faisant l’analyse
critique de la méthodologie. Nous rapporterons ensuite les faits établis par les autres études traitant
de sujets similaires. Enfin, quelques réflexion sur ce travail seront données
1- ANALYSE CRITIQUE DE LA M ETHODOLOGIE
a) les variables non contrôlées

Le nombre de participants à l’étude est faible : 7 à 8 sujets par groupe d’étude. 15 sujets
étaient présents au début de l’expérience contre seulement 4 à la fin : 3 dans le groupe
témoin et un dans le groupe étirement. 2 sujets se sont blessés (aucun dans le cadre de
l’étude) et 9 ont abandonnés. Ces abandons massifs ont été motivé par les révisons en
période de partiels (rappelons que les sujets sont tous étudiants à l’IFPEK de Rennes). Le
nombre réduit de sujets analysables est responsable de la non significativité de l’analyse
statistique de l’étude. Ce phénomène soulève la difficulté de réaliser une étude demandant
une forte implication du sujet (période longue et fréquence élevée des séances d’étirement)
et d’autant plus lorsque celui-ci y participe bénévolement.

La douleur. Il est demander aux sujets de s’étirer en respectant le principe de non-douleur.
La douleur est par définition une expérience subjective [35]. Benoist en conclue qu’elle
n’est pas quantifiable [30]. La douleur est donc propre à chaque individu. Ce critère en fait
d’elle une variable non-reproductible entre les sujets (et sans doute par le sujet lui-même).
L’intensité des étirements ne peut donc pas être « calibrée » et similaire entre les sujets.
Néanmoins, même si cette variable étant, dans l’état actuel des connaissances, incontrôlable,
nous devons composer avec : l’étirement passif doit se faire sur un muscle relâche (la
douleur tonifie le muscle).
24

Le sexe et l’âge n’ont pas été pris en compte lors de l’élaboration des groupes d’étude. En
effet, le nombre restreint de sujets d’étude rendait impossible le contrôle de ces variables.
Une autre remarque est à faire concernant ces critères : la population d’étude étant jeune et à
majorité féminine, elle n’est pas représentative de la population générale.

L’heure de passage des tests JPS1 n’a pas été contrôlée : pour des raisons d’indisponibilité
de la salle d’examen sur un même créneau horaire, l’évaluation de la fonction statesthésique
des sujet a été réalisés à différents moment de la journée. Or, il est probable que ce
phénomène est entraîné des fluctuations sur les mesures statesthésiques. Illustrons cette
hypothèse par l’exemple suivant : notre activité physique varie tout au long de la journée
(activités sportives de loisir, travail de bureau, marche pour aller prendre les transports en
commun, etc.). Or, une étude de M arks démontre que la perception de la position articulaire
du genou varie avec l’activité physique [23]. Cette expérience traitant de l’influence de la
fatigue sur la statesthésie du genou met en évidence qu’une activité physique soutenue
(engendrant une fatigue musculaire) la rend déficitaire et qu’une activité physique modérée
l’améliore.

L’aspect psychologique du test. Abordons ce sujet en deux points : la concentration du sujet
et sa précipitation à arrêter la cours de sa jambe lors du test JPS1 :
-les capacités du sujet à ce concentrer varient dans la journée. De plus, dans le cadre
des tests JPS1, elles pouvaient être altérées par les bruits parasites « baignant » la
salle d’examen (bruits de couloirs pendant les pauses ou intercours des étudiants,
bruits de la circulation automobile lors de heures de pointes, etc.). La concentration
du sujet ne pouvant pas être constante et reproductible, elle a pu être responsable de
fluctuations des performances statesthésique du sujet lors des tests JPS1.
-lors des mesures successives du test statesthésique, j’ai pu observer que les sujets
arrêtaient systématiquement la course de leur jambe avant d’atteindre la position de
genou souhaité par le test (ce phénomène n’est pas mis en évidence dans l’analyse
des résultat car le test JPS1 ne prend en compte que des valeurs angulaires absolues).
Après l’expérience, en communiquant ce fait aux sujets, ceux-ci me rapportèrent que
la mobilisation de leur segment jambier, qui se faisait à vitesse lente (environ 40
secondes pour parcourir 90°), leur semblait plus rapide du fait du bruit aigu causé par
le moteur. Il semble donc que le test JPS1 devrait être effectué avec des bouchons
d’oreilles de manière à éviter cette « interférence ».
25

Le gain d’extensibilité n’a pas cherché à être mis en évidence. Bien que celui-ci s’éloigne de
la problématique de l’expérience, il représente le motif le plus important de la pratique du
stretching passif. C’est d’ailleurs pour cela que le protocole d’étirement imposé au groupe
expérimental a été choisi (durée de 30 secondes, fréquence de 3 fois par semaine et période
de 5 semaines). L’analyse de cette variable n’aurait pas rendu l’expérience plus fiable mais
aurait pu mettre en évidence des variations différentes de la statesthésie en fonction du gain
d’amplitude obtenu par le sujet. Cette découverte permettrait de dégager d’autres
hypothèses, comme par exemple : à long terme, le déficit (ou gain) statesthésique engendré
par le stretching passif est fonction du gain d’amplitude de mouvement qu’il procure.
b) les variables contrôlées

Le test JPS1. Etudions ce test sous plusieurs angles : sa fiabilité et son analyse.
-la fiabilité. D’après l’étude de Grob et al. qui analyse la fiabilité des tests
statesthésiques et
kinesthésiques du genou, bien que le test JPS1 semble être le
test le plus fiable pour analyser
les compétences statesthésiques d’un sujet,
l’ensemble des tests statesthésiques ne s’avère
pas assez sensible pour évaluer
les variations statesthésiques du genou [27]. Il n’existe donc
pas à l’heure
actuelle de tests fiables pour mesurer ce paramètre. Ce fait se manifeste dans
les
études de Ghaffarinejad et al.[5] et Larsen et al. [36], qui recherchent une diminution
immédiate de la statesthésie du genou à la suite d’étirements passifs des muscles
croisant le
genou. Les deux études présentent le même protocole, s’adressent à la
même population,
utilisent le même test (JPS1) et présentent toutes deux des
analyses statistiquement significatives. Or, leurs résultats diffèrent : Ghaffarinejad et
al. trouvent une perte d’efficacité de la statesthésie dans un secteur articulaire de 45°
de flexion alors que Larsen et al. ne trouvent aucune variation. A cette faible fiabilité
du test JPS1 s’ajoute l’utilisation d’un outil de mesure goniométrique peu précis : le
plurimètre de Rippstein. En effet, celui-ci présente une difficulté de lecture (de 2° en
2°). L’utilisation d’un goniomètre électronique aurait permis de contourner ce
problème : la lecture des information se fait directement par le logiciel de l’appareil.
Cet outil n’était pas disponible au moment de la première mesure statesthésique
(emprunté pour une autre expérience). Le plurimètre de Rippstein a donc été utilisé
pour effectuer cette mesure. Enfin, une dernière imprécision se retrouve dans notre
test stathestésique : l’extéroception n’est pas shuntée. Pour cela, certains auteurs
26
comme Viel et Chanussot utilisent une attelle gonflable pour comprimer le
revêtement cutané de manière à shunter l’implication des afférences dans le sens du
positionnement articulaire [29]. Il était impossible d’utiliser une telle attelle dans
cette étude : l’inclinomètre n’aurait pas pu être fixé sur la crête tibiale. Ce qui
souligne encore une fois que le goniomètre électronique aurait du être préféré pour le
test statesthésique (en effet, celui-ci aurait pu trouver sa place juste au dessus de
l’attelle compressive).
-l’analyse du test. Dans leur étude des effets immédiats des étirements passifs sur la
statesthésie du genou, Ghaffarinejad et al. mettent en évidence des résultats différents
selon les positions testées [5]. En effet, il semblerait que la diminution s’opère sur le
secteur intermédiaire de flexion/extension du genou (45° de flexion de genou).
L’analyse des résultats des tests JPS1, tel que pratiqués dans notre étude, ne
différencie pas les positions tests (20°, 45° et 70° de flexion de genou). Et ne permet
donc pas d’objectiver un secteur articulaire préférentiel des variations
statesthésiques. Le pratiquer impliquait le dilemme suivant : conserver un nombre de
mesures faible par position (3 mesures) et donc avoir une puissance statistique faible
ou augmenter le nombre de mesures par position et donc augmenter
considérablement la durée du test et risquer une perte de concentration du sujet
(exemple : 5 mesures par position donne 15 mesures à effectuer ; une mesure prend
environ 1 minute, le sujet devrait rester pleinement concentré durant ¼ d’heure). Le
choix s’est alors porté sur 3 mesures par position avec une analyse confondue de
toutes ces positions.

les muscles étirés. Les gastrocnémiens, quadriceps, gracile et ischio-jambiers ne sont pas les
seuls muscles à croiser le genou. Les muscles sartorius, poplité et TFL (Tenseur du Fascia
Lata) sont impliqués dans la mobilité du genou. D’après Dufour, ces derniers effectuent
principalement les rotations. Ils agissent aussi comme des « ligaments actif » anti-valgus
(sartorius) et anti-varus (TFL et poplité). Le muscle poplité permet aussi la lutte contre le
tiroir postérieur du genou, semble avoir un rôle important dans la proprioception de cette
articulation. Ces trois muscles n’ont pas été soumis au stretching passif parce qu’ils sont des
auto-étirements difficiles à apprendre et à réaliser et peu sélectif du muscle à mettre en
tension. Effectivement : TFL, sartorius et poplité agissent dans plusieurs plans de l’espace
(exemple du TFL : flexion, rotation médiale et abduction de hanche et rotation latérale,
haubanage latéral et verrouilleur de l’extension du genou [8]). Alors que les muscles
gastrocnémiens, quadriceps, gracile et ischio-jambiers Les 4 muscles entrant dans le
27
protocole agissent préférentiellement selon 1 degré de liberté (flexion, extension ou
adduction).

Les modalités d’étirement des muscles gastrocnémiens et graciles. parmi les muscles soumis
au stretching passif, les gastrocnémiens ont été étirés en charge et les graciles de manière
bilatérale. Pourtant, nous avions choisis d’instaurer les principes d’étirement en décharge et
d’étirement unilatéral. L’objectif de ces principes était d’une part, de favoriser la
décontraction musculaire en limitant les réactions d’équilibration et d’autre part, de
permettre au sujet de ne se concentrer que sur un groupe musculaire à la fois. Le non-respect
de ces principes a pu altérer la qualité du stretching passif de ces 2 muscles. Ces modalités
d’étirement se justifient de la manière suivante :
-pour les gastrocnémiens, la mise en charge permet, grâce à la pesanteur, d’exercer une force
importante de mise en flexion de l’articulation Talo-crurale (et donc un étirement plus
important des gastrocnémiens). En effet, le bras de levier constitué par le pied est faible et en
décharge, la mise en tension des gastrocnémiens serait peu efficace.
-pour les graciles, l’étirement bilatéral permet de répartir, sur les 2 hémi-bassins, de manière
homogène, les contraintes qu’implique leur étirement. Ce qui permet d’éviter des positions
de rachis (lombaire principalement) asymétriques (protection rachidienne).
2- LES
AUTRES
ETUDES
TRAITANT
DES
ETIREM ENT
ET
DE
LA
PROPRIOCEPTION
La recherche bibliographique m’a conduit à répertorier 2 expériences traitant des effets
des étirements sur la proprioception du genou. Il s’agit des expériences de Björklund et al.
[38] et de Guissard et Duchateau. [39]. Björklund et ses collaborateurs étudient l’influence
d’un régime de 2 semaines de stretching du muscle droit fémoral sur la sensibilité à
l’étirement de ce même muscle. Pour cela, 29 hommes militaires sont répartis en deux
groupes : un groupe expérimental et un groupe témoin. Le groupe expérimental est soumis à
un protocole d’étirement de 2 semaines ; la perception de l’étirement du droit fémoral est
testée, avant et après les 2 semaines de stretching. Ce test est une échelle d’évaluation
subjective permettant d’attribuer un score à la perception de l’étirement. L’analyse des
résultats indique que la sensibilité à l’étirement diminue après le protocole de 2 semaines de
stretching (p<0,01). Les auteurs en concluent que le stretching permettrait une modification
importante de la sensibilité musculaire. L’étude de Guissard et Duchateau démontre qu’un
28
protocole de 6 semaines d’étirements musculaires, à raison de 5 séances par semaine, abouti
à la diminution de l’intensité des réflexes myotatiques des muscles testés. Cette diminution
semble perdurer pendant un mois.
Ces études, ne permettent pas d’apporter une réponse à la problématique : 15 séances de
stretching passif des muscles croisant le genou influencent-elle la statesthésie de cette
articulation ? Néanmoins, elle suggère que le stretching influence la sensibilité profonde et
nous conforte donc dans l’idée qu’il modifie négativement la proprioception dans le temps.
Le travailleur de force et le sportif est donc invité à être prudents après avoir bénéficié d’une
longue période d’étirements.
3- QUELQUES REFLEXIONS SUR CE TRAVAIL
Les études de Björklund et al. et de Guissard et Duchateau indiquent qu’il est
probable que la pratique régulière du stretching diminue les facultés proprioceptives. Ce qui
nous permet d’émettre plusieurs problématiques : le déficit proprioceptif se retrouve-t-il à
tous les modes (statesthésie, kinesthésie, pallesthésie, etc.) ? Ce phénomène se retrouve-t-il
chez le pratiquant de stretching régulier ? Combien de temps, suite à la dernière séance de
stretching, dur ce phénomène ? Existe-t-il des mesures à prendre pour prévenir cette
diminution des facultés proprioceptives ? Etc. Il est donc nécessaire d’ouvrir une voie de
recherche plus importante dans ce domaine.
L’expérience ne nous permet pas de conclure sur l’influence de la pratique à long
terme du stretching passif sur la statesthésie du genou. Elle doit être considérée comme une
« pré-étude », un « mode d’emploi » à la réalisation d’une expérimentation fiable touchant
une population plus large en terme quantitatif (nombre de sujet) et qualitatif (sujets
représentatifs de la population générale : ratios hommes/femmes et sportifs/sédentaires, age,
etc.).
L’étude de Grob et collaborateurs indique que, parmi les tests évaluant la
proprioception du genou, les tests statesthésiques ne sont pas fiables, contrairement aux tests
kinesthésiques. En effet, en comparant ces tests, qui sont au nombre de 2, les auteurs
démontrent que leurs résultats se révèlent significativement similaires à l’évaluation de la
kinesthésie du genou (r=0,86 à 0,87). Ces 2 tests se nomment TDPM 1 et TDPM 2. TDPM
pour Threshold of Detection of a Passive Movement qui se traduit en français par : seuil de
détéction d'un mouvement passif. Ils évaluent la capacité du sujet à percevoir un mouvement
29
imposé à leur genou [27]. De cette étude, nous en déduisons que dans l’attente de
l’élaboration d’un test statesthésique fiable, il faut se contenter d’évaluer la proprioception
du genou à travers le sens kinesthésique.
30
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3ème année de masso-kinésithérapie. IFM K Rennes. 2009-2010.
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35
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