IFPEK INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES BILAN ADAPTE A LA PRISE EN CHARGE EN LIBERAL D’ENFANTS ATTEINTS DE PLAGIOCEPHALIE POSITIONNELLE Travail Ecrit de Fin d’Etudes réalisé par Maylis GAUDEFROY En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de MasseurKinésithérapeute Année 2014/2015 IFPEK INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES BILAN ADAPTE A LA PRISE EN CHARGE EN LIBERAL D’ENFANTS ATTEINTS DE PLAGIOCEPHALIE POSITIONNELLE Travail Ecrit de Fin d’Etudes réalisé par Maylis GAUDEFROY Sous la direction de Laurent KOSTUR, directeur de mémoire En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de MasseurKinésithérapeute Année 2014/2015 REMERCIEMENTS : Je remercie Monsieur Laurent KOSTUR pour m’avoir suivie tout au long de la réalisation de ce travail. Je remercie Madame Morgane MAREC pour m’avoir apporté son expérience personnelle et pour m’avoir conseillée à chaque étape de ce travail. Je la remercie d’avoir renforcé ma passion pour le domaine de la pédiatrie. Je remercie mes parents, pour m’avoir permis de faire ces études, pour m’avoir soutenue tout au long de ces années, pour m’avoir supportée dans les moments difficiles, pour m’avoir aidée à devenir celle que je suis aujourd’hui. Je remercie mes sœurs pour m’avoir laissée travailler dans le silence durant mes années de prépa. Je remercie mes amies pour leur présence lors d’un repas ou d’un chocolat pendant les périodes de révisions. SOMMAIRE INTRODUCTION 1 I- LE CONTEXTE DE L’ETUDE 2 I.1) LA PLAGIOCEPHALIE 2 I.2) LES BILANS DE DEFORMATION DU CRANE 5 I.3) LES BILANS NEUROMOTEURS 8 I.3.1) LES MOTRICITES DE L’ENFANT 8 I.3.2) LES ETAPES DE DEVELOPPEMENT NEURO-MOTEUR 10 I.3.3) LES BILANS 12 I.4) LA PROBLEMATIQUE DU TRAVAIL 14 I.5) LES HYPOTHESES DE TRAVAIL 14 II- LA MISE EN PLACE DE L’ETUDE II.1) CHOIX DES TECHNIQUES UTILISEES 15 15 II.1.1) L’INTERROGATOIRE 15 II.1.2) LE BILAN DE LA DEFORMATION 16 II.1.3) LE BILAN NEURO-MOTEUR 17 II.2) METHODOLOGIE DE L’ETUDE 20 II.2.1) OUTILS METHODOLOGIQUES 20 II.2.2) CRITERES DE SELECTION 20 II.2.3) MODALITES DE TRAITEMENT 20 II.2.4) ANALYSE STATISTIQUE 21 II.3) LES RESULTATS 23 II.4) DISCUSSION 25 CONCLUSION 27 BIBLIOGRAPHIE 28 RESUME Contexte : La plagiocéphalie positionnelle est en constante augmentation depuis la campagne américaine « Back To Sleep » de 1992, ce qui en fait un problème de santé publique pour lequel il semble intéressant de valider le suivi de prise en charge. Ce travail s’inscrit donc dans un contexte de recherche scientifique et d’Evidence Based Practice (Médecine Basée sur les Preuves). Objectif de l’étude : L’objectif de ce travail est de réaliser une étude de fiabilité d’un bilan adapté à la prise de charge de la plagiocéphalie positionnelle en cabinet libéral. Le bilan aura été préalablement rédigé à partir de la littérature et d’un avis d’expert. Plan de rédaction : Après avoir présenté la plagiocéphalie positionnelle nous présenterons les bilans existants de qualification de la déformation du crâne et d’objectivation de l’avancée de l’enfant dans ses étapes de développement moteur. Nous présenterons ensuite la problématique et ses hypothèses. La seconde partie de ce travail consiste en la présentation du protocole de l’étude et de ses résultats, suivie de la discussion et d’une conclusion. Discussion : Les résultats obtenus à la suite de cette étude ne montrent pas de fiabilité du bilan préalablement établi. De plus, de nombreux biais viennent fausser les mesures prises par les examinateurs. En revanche, l’un des points forts de cette étude est la cohérence externe. En effet, la population étudiée est en bonne corrélation avec les données de la littérature en ce qui concerne les facteurs de risques. Conclusion : Il n’est pas possible de valider les hypothèses de ce travail de recherche. Cependant, celui-ci aura permis de mettre en évidence les biais de réalisation du protocole et ainsi de mieux cerner les besoins d’une étude ultérieure : une plus grande rigueur de mesure et un échantillon plus conséquent et représentatif de la population générale. MOTS CLEFS : Plagiocéphalie positionnelle – Fiabilité Intra-Examinateur – Fiabilité ExtraExaminateur ABSTRACT Context : Positional plagiocephaly has been in constant growth since the 1992 "Back To Sleep" American campaign, making it a public health matter that would prove interesting to validate on its follow-up care. Therefore, this dissertation belongs in a "Evidence Based Practice" context. Objective of the study : The aim of this study is to analyse the reliability in an assessment adapted to the care of positional plagiocephaly made in private practices. The latter would have to be written in advance, based on literature and the advice of an expert. Writing plan : We will introduce the problematic and its hypotheses, after presenting positional plagiocephaly and its existing assessments concerning the level of skull deformation as well as the scale of progress of the child in its motor skills development. The second part of this dissertation will be the presentation of the study protocole and its results, followed by a discussion and a conclusion. Discussion : The results produced by this study indicate no reliability from the preestablished assessment. Moreover, several biases distort the measurments taken by the examiners. On the other hand, one of the key points of this work is external coherence. Indeed, the studied patients are in correlation with the data from literature regarding risk factors. Conclusion : It is not possible to confirm the hypotheses produced in this research work. However, it has highlighted some flaws in the protocole design, making it easier to see the need for a new study : a more rigorous approach and a bigger and clearer representation of patients are necessary. KEYWORDS: Positional Plagiocephaly – Intra-Rater Reliability – Inter-Rater Reliability INTRODUCTION Depuis la campagne de l’American Academy of Pediatrics « Back To Sleep » (1992) spécifiant que les nourrissons doivent préférentiellement dormir en position de décubitus dorsal, le taux de mort subite du nourrisson a diminué de 40% (Looman & Flannery 2011; Mawji et al. 2013; Vlimmeren 2004; Esparza et al. 2007). En parallèle, la prévalence de la plagiocéphalie positionnelle a subit une augmentation importante (jusqu’à 600% selon Looman & Flannery (2011)) ce qui en fait une problématique actuelle de santé publique. Aujourd’hui, la pratique de la masso-kinésithérapie est basée sur l’Evidence Based Medicine (EBM) tant pour le suivi des patients que pour le choix des techniques de rééducation utilisées. Les bilans, plus particulièrement, sont réalisés de telle sorte qu’ils soient fiables, valides et reproductibles (Cleland, 2e édition (2012)). Durant un stage en cabinet libéral en dernière année de formation initiale, nous avons été confrontés à la prise en charge d’enfants atteints de plagiocéphalie positionnelle et avons constaté qu’il n’existe pas de bilan fiable et valide pour cette pathologie. Cela nous a amené à nous poser la question suivante : « Comment réaliser un suivi fiable et valide et donc adapter de manière efficiente la prise en charge de l’enfant sans bilan reproductible ? » Ce travail est une étude de reproductibilité et de validation d’outils métrologiques ayant pour objectif la rédaction et le test d’un bilan fiable et reproductible de suivi de prise en charge d’enfants atteints de plagiocéphalie positionnelle. Nous aborderons en premier lieu le contexte de l’étude en présentant la plagiocéphalie positionnelle, les bilans de déformation existants ainsi que les bilans neuromoteurs. Nous présenterons également dans cette partie la problématique de l’étude ainsi que les hypothèses retenues. Dans un deuxième temps nous aborderons la réalisation de l’étude en présentant le choix des outils utilisés, la méthode de l’étude, ses résultats puis la discussion. La problématique de recherche de ce Travail Ecrit de Fin d’Etude est : « En quoi un bilan adapté à la plagiocéphalie positionnelle permet-il le suivi de l’évolution et l’adaptation de la prise en charge de l’enfant en cabinet libéral ? » 1 I- LE CONTEXTE DE L’ETUDE I.1) LA PLAGIOCEPHALIE La plagiocéphalie positionnelle est selon le MeSH une déformation du crâne qui n’est pas due à une fusion osseuse (synostose) telles que le seraient les crâniosynostoses. Elle est caractérisée par un crâne et une face asymétriques causés par l’applications de pressions extérieures avant, pendant ou après la naissance (Kim et al. 2014). Cette déformation obéit à la loi de Delpech : « La croissance d’un os en longueur est inversement proportionnelle à la contrainte que cet os supporte » (Harnois & Simon 2010). Une augmentation de la fréquence des plagiocéphalies a été observée chez les nourrissons après les recommandations de 1992 sur le sommeil sur le dos pour prévenir la mort subite du nourrisson. Par définition (Wilbrand et al. 2011) le terme de "déformation positionnelle" de la tête d'un nourrisson" n'est utilisé qu'après 6 semaines car une déformation non synostotique directement après la naissance peut être due à l'accouchement et se corriger spontanément la plupart du temps. La plagiocéphalie positionnelle est due à de trop fortes contraintes extérieures sur le crâne toujours malléable et en pleine croissance du nourrisson. Le crâne du nourrisson suit une courbe de croissance égale à 2 cm par mois durant les trois premiers mois de la vie, 1 cm par mois entre le quatrième et le sixième mois puis d’environ 0,5 cm par mois au-delà de 6 mois (Looman & Flannery 2011). Cette croissance, associée à la position préférentielle de l’enfant lors du sommeil ou dans la journée, va avoir pour conséquence une déformation rapide et plus ou moins importante du crâne de l’enfant. Selon Harnois & Simon, « les fontanelles du nouveau-né n’étant pas fermées, la base du crâne est flexible et épouse la forme du support sur lequel elle repose » (Harnois & Simon 2010). Figure 1 - Photo de la déformation du crâne d'un enfant atteint de Plagiocéphalie Positionnelle - Van Vlimmeren "Assymetry in infancy" Chapter 1 Il existe trois types de déformation du crâne. La Plagiocéphalie se caractérise par un crâne aplati sur une partie postéro-latérale du crâne du nourrisson. Selon sa gravité, elle entraine des déformations 2 secondaires telles que l’avancée de la partie du front homolatérale et une avancée de l’oreille homolatérale, ce qui a pour conséquence un crâne en « parallélogramme » (Mawji et al. 2013). Selon Mawji et al., 63,2% des enfants atteints de cette déformation la présentent du côté droit. La Brachycéphalie se caractérise quant à elle par un crâne aplati sur toute la partie postérieure. Le troisième type de déformation est une forme combinée des deux autres déformations. Chaque type de déformation doit ensuite être classé par degré de gravité (McGarry et al. 2008). Wilbrand et al. (2012), ont créé une table de valeurs normatives en fonction de l’âge et du genre de l’enfant en recensant les données anthropométriques de 2571 enfants. Sur ce total, 2506 enfants ont pu être classés dans les trois catégories de déformation : plagiocéphalie, brachycéphalie et forme combinée. Il a été constaté que 99,1% à 99,9% des enfants avaient des valeurs anthropométriques supérieures à celles du 75e percentile. Cellesci sont considérées comme les valeurs limites à partir desquelles nous pouvons parler de plagiocéphalie, brachycéphalie ou forme combinée. Lorsque les valeurs anthropométriques de l’enfant sont comprises entre les valeurs du 75e et du 90e percentile de chaque âge et genre, nous pouvons considérer que la déformation est faible. Lorsqu’elles sont comprises entre le 90e et le 97e percentile, la déformation est modérée. Enfin, si les valeurs sont supérieures à celles du 97e percentile, la déformation est considérée comme grave (J. F. Wilbrand et al. 2012). Argenta et al. (2004) cités dans Mawji et al. (2013), en revanche, proposent une classification sans aucune mesure de valeurs anthropométriques. La classification, comprenant 5 stades, est basée sur l’observation de quatre positions de l’enfant : asymétrie antérieure de la face, asymétrie horizontale (observée en prenant l’axe des oreilles), asymétrie postérieure et croissance verticale anormale du crâne (Mawji et al. 2013). Les 5 stades de classification sont, dans l’ordre de gravité (stades I à V) : déformation postérieure uniquement, malposition de l’oreille, déformation du front, déformation de la face et enfin « bosse » temporale. La plagiocéphalie positionnelle est une pathologie à part entière. En effet, si celle-ci n’est pas traitée rapidement, les déformations qu’elle entraine peuvent devenir permanentes et avoir des conséquences psychosociales pour l’enfant, notamment à l’école (Mawji et al. 2013). Les conséquences esthétiques de la plagiocéphalie positionnelle peuvent être irréversibles si celle-ci n’est pas traitée à temps : « le traitement doit être instauré rapidement, avant le deuxième mois, pour obtenir les meilleurs résultats et éviter que les 3 déformations soient trop sévères » (Captier 2013). A la suite de l’augmentation conséquente de la prévalence des plagiocéphalies positionnelles, il pourrait être conseillé non pas de traiter, mais de prévenir cette pathologie (Martínez-Lage et al. 2012). Les facteurs de risques de la plagiocéphalie positionnelle ont été établis à six semaines et à quatre mois de vie, ces âges étant ceux auquel la prévalence de la plagiocéphalie est la plus importante (Hutchison et al. 2004). Les facteurs de risques retrouvés dans les deux tranches d’âges sont (Hutchison et al. 2004; van Vlimmeren et al. 2007; Joganic et al. 2009): - le sexe masculin, - le fait d’être le premier né de la fratrie, - une limitation passive en rotation de la tête à la naissance ou active à quatre mois, - le fait de dormir en position de décubitus dorsal avant six semaines - un temps passé sur le dos ou dans des sièges auto/cosy… supérieur à 21h par jour à six semaines. Il a été mis en évidence un lien entre l’apparition de plagiocéphalie positionnelle chez l’enfant et un retard de développement moteur (Kordestani et al. 2006; Collett et al. 2013), notamment avec une acquisition plus tardive de la station assise (6,7 mois pour les enfants touchés contre 6,4 mois pour les enfants témoins (Hutchison et al. 2004)). La question de savoir à quoi est dû ce lien reste cependant toujours entière. Après avoir comparé une population d’enfants atteints de plagiocéphalie positionnelle aux attendus de développement de la population générale à l’aide de la Bayley Scale of Infant Neurodevelopment-II, Kordestani et al. ont fait deux hypothèses : le retard de développement pourrait être dû à une physiologie sous-jacente de l’enfant, ou la malformation du crâne pourrait entrainer une restriction de croissance des gyri cérébraux et donc avoir des conséquences sur le développement cortical. Cette dernière hypothèse étant validée chez l’enfant atteint de crâniosynostose, il n’est pas impossible qu’elle le soit aussi pour les enfants atteints de plagiocéphalie positionnelle. Collet et al. quant à eux ont conclu, après une étude similaire, que la corrélation n’était pas prouvée mais que les enfants atteints de plagiocéphalie positionnelle méritaient un suivi de développement neuro-moteur approfondi. Fowler et al. (2008) indiquent que les anomalies sont prédominantes sur le tonus des enfants, en spécifiant qu’il n’est pas toujours diminué mais parfois augmenté (Fowler et al. 2008). 4 I.2) LES BILANS DE DEFORMATION DU CRANE La problématique actuelle de la prise en charge de cette pathologie est de quantifier de manière reproductible les déformations du crâne de l’enfant afin de les classifier et d’adapter le traitement de la plagiocéphalie (McGarry et al. 2008). Il est possible de mesurer les déformations à l’aide de mesures anthropométriques. Cette méthode de mesure est simple et non invasive (McGarry et al. 2008). Des techniques de mesure ont été décrites pour les jeunes enfants et pour les adultes mais pas pour les nourrissons dont la coopération est parfois absente et dont les mouvements persistants peuvent rendre la mesure compliquée. De plus, les points de repères anatomiques peuvent être plus difficiles à trouver chez le nourrisson que chez l'adulte et difficiles à identifier lors de déformations sévères (Wilbrand et al. 2011). Wilbrand et al. ont réalisé une étude de fiabilité des mesures anthropométriques chez les nourrissons comprenant la circonférence du crâne, la largeur, la longueur et les diagonales trans-crâniennes. Ils en ont conclu que les mesures à l’aide d’un compas à calibrer donnent des informations précises sur le diagnostic avec une bonne répétabilité et de faibles variations intra et inter-examinateur. Cependant, il est essentiel que les mesures soient réalisées selon un protocole standardisé et une position standardisée de la tête de l'enfant. Kim et al. (2014) ont tenté d’établir une corrélation entre le rapport des angles occipitaux du côté déformé et du côté sain avec les mesures anthropométriques réalisées au compas à calibrer. Ils ont donc calculé les Cranial Vault Asymmetry Index (CVAI) des enfants puis ont réalisé une mesure des angles occipitaux à l’aide d’ultrasons. L’étude comprenait deux groupes d’enfants : un groupe 1 dont la différence entre les deux diagonales était supérieure à 10 mm et l’autre (groupe 2) dont la différence était inférieure à 10 mm. Kim et al. retrouvent une corrélation significative entre le rapport des angles occipitaux et le CVAI pour le groupe 1 mais pas pour le groupe 2. Il semble donc possible de quantifier les déformations importantes à l’aide d’une méthode de mesure par ultrasons. En revanche, l’examinateur intégré à l’étude avait une expérience de plus de 10 ans dans les mesures par ultrasons (Kim et al. 2014). Geil & Smith (2008) se sont quant à eux penchés sur la fiabilité intra et inter-examinateur d’une mesure en trois dimensions du crâne de l’enfant réalisée à l’aide d’un système d’acquisition laser. Dans cette étude, deux examinateurs réalisaient les acquisitions laser de 5 la morphologie du crâne de l’enfant. Les mesures étaient réalisées cinq fois en alternant chaque examinateur entre deux mesures et ce lors de deux sessions d’examens distinctes. Une fois la modélisation effectuée par le logiciel, ils ajoutaient les repères numériques du nez ainsi que des deux tragus (gauche et droit). Le logiciel calculait, à l’aide de ces repères, la circonférence du crâne de l’enfant ainsi que le Cranial Vault Asymmetry Index. Les mesures de chaque examinateur ont ensuite été comparées entre elles puis avec les mesures du second examinateur. Aucune différence significative n’a été retrouvée, tant en intra qu’en inter examinateur. La mesure en trois dimensions du crâne de l’enfant réalisée à l’aide d’un système d’acquisition laser est donc fiable et reproductible. En revanche, elle nécessite l’acquisition du matériel ainsi que du logiciel d’analyse. De plus, il est précisé dans l’étude que les deux examinateurs ont suivi un entrainement spécifique dans l’utilisation du scanner et du logiciel nécessitant cinq ans d’expérience (Geil & Smith 2008). Leung et al. (2013) ont réalisé une étude de fiabilité en intra et en inter-examinateur de mesures réalisées à l’aide d’une bande flexible. La bande flexible était placée de telle sorte que les deux points de repères soient visibles : le nasion, « central point of the frontonasal suture » (point central de la suture frontonasale) (Leung et al. 2013) et l’inion, « most prominent point of the external protuberance of the occiput » (point le plus proéminent de la protubérance occipitale) (Leung et al. 2013). Après marquage de ces deux points de repères, la bande était enlevée du crâne de l’enfant et placée sur une feuille de papier sur laquelle l’examinateur traçait l’intérieur de la bande flexible puis reliait les deux points de repères. Le CVAI était ensuite calculé à partir des deux longueurs des diagonales du crâne (30° de chaque côté de la ligne entre le nasion et l’inion). L’étude montre que la mesure à l’aide d’une bande flexible est fiable à la fois en intra et en inter-examinateur (Leung et al. 2013). Plusieurs auteurs se sont ensuite penchés sur la quantification à l’aide de photographies. Schaaf et al. (2010) ont comparé les mesures de déformations sur des prises de photos à celles mesurées par le compas à calibrer. Les photos et les mesures cliniques ont été réalisées le même jour. Les réglages de l’appareil photo étaient identiques pour chaque photo, qui était prise avec le même fond et la même distance entre l’enfant et l’appareil. Les photos étaient prises de telle sorte que l’on voit le bout du nez et les oreilles de l’enfant, tête sans rotation (contrôlée par la symétrie de ces points de repères). L’hypothèse initiale était que la photo était plus objective que les mesures au compas à calibrer et moins 6 examinateur dépendant. L’étude montre une légère tendance à la sous-estimation des mesures sur image digitale (Schaaf et al. 2010). Les résultats de fiabilité inter-examinateurs en revanche, montrent un ICC supérieur à 0,81 pour le Cranial Index (CI) et le CVAI. Nous pouvons donc en déduire que la photographie est un bon outil de suivi des déformations. De plus, « a digital picture is an archivable document […] and measurements are repetable » (traduction : une image digitale est un document archivable […] sur lequel les mesures sont répétables) (Schaaf et al. 2010). Hutchison et al. quant à eux, ont comparé la mesure par photographie à la mesure à l’aide d’une bande flexible (fil de soudure dans un fil de silicone). La méthode de prise de vue entrainait une préparation conséquente de l’enfant : de nombreux repères étaient préalablement installés sur le crâne de l’enfant. Tout d’abord, un bonnet était placé sur son crâne afin de cacher les cheveux. Ensuite, une bande de mesure de circonférence de la tête était placée, permettant ainsi la pose de repères colorés indiquant le nez et les oreilles. Chacun de ces repères comprenait une taille standardisée afin de permettre une mise à l’échelle de la photo. L’étude montre un temps identique de mise en place des deux méthodes, mais une analyse plus rapide de la photo. La prise de mesure par photo a montré des résultats significativement plus fiables pour les mesures d’index céphalique et de rapport des longueurs des diagonales du crâne. De plus, 65% des mamans la préfèrent (seules 15% préfèrent la bande flexible, 20% ne se prononcent pas). En conclusion, la photographie est un outil non invasif qui permet une mesure reproductible des déformations et un bon résultat clinique. Cependant, la question peut se poser de sa fiabilité en cas de cheveux longs ou de position non standardisée de l’enfant (Schaaf et al. 2010). Les mesures invasives et notamment à radiations telles que les radiographies ou les tomodensitométries ne sont pas recommandées pour les enfants, et ne peuvent donc pas faire état de tests de quantification mais seulement d’examen complémentaire afin d’éliminer un diagnostic différentiel en cas de suspicion de crâniosynostoses (McGarry et al. 2008). 7 I.3) LES BILANS NEUROMOTEURS I.3.1) LES MOTRICITES DE L’ENFANT Le nourrisson autour de 3 mois présente peu de motricité volontaire à caractère fonctionnel. En revanche, il présente une motricité réflexe dite « primaire » qui est amenée à disparaitre dans les premiers mois de la vie (Toullet 2014). Il est cependant difficile de faire le bilan de cette motricité réflexe : en raison de sa disparition progressive, il n’est pas possible de reproduire les mesures passées les premières semaines de vie. Toullet (2014) indique que « Michel Le Métayer met en évidence l’existence d’une motricité innée à caractère automatique, pré-fonctionnelle, ne disparaissant pas avec l’âge, mais se transformant progressivement à mesure qu’elle va prendre sens fonctionnellement ». La motricité automatique est à différencier de la motricité réflexe. En effet, la motricité automatique « est une motricité prévisible dans le temps et l’espace ; elle n’est pas obligatoire » (Toullet 2014) contrairement à la motricité réflexe. Michel Le Métayer distingue trois types de motricité automatique : la motricité observée, la motricité dirigée et la motricité provoquée. La motricité observée correspond aux mouvements spontanés du nouveau-né, sans stimulations ni visuelles, ni tactiles, ni auditives. Elle peut être évaluée en observant le maintien1 antigravitaire des membres, la synchronie des mouvements ainsi que certains mouvements isolés des extrémités. La sélectivité2 des mouvements est progressive et suit un sens disto-proximal. La motricité dirigée « révèle les possibilités d’adaptation de cette motricité spontanée à des stimulations extéroceptives, notamment visuelles et auditives » (Toullet 2014). L’observateur doit prendre en compte les mouvements de poursuite oculaire et les réactions de la tête lors de la stimulation auditive ainsi que la motricité distale des membres supérieurs et inférieurs à la stimulation tactile. La motricité provoquée quant à elle, « met en lumière les potentialités motrices innées du bébé témoignant de la qualité de la motricité fonctionnelle future. Elle s’exprime sous 1 Selon Michel Le Métayer, la fonction de maintien est l’aptitude à maintenir une partie du corps en suspension au-dessus du vide. 2 La sélectivité est la capacité à dissocier une contraction musculaire analytique volontaire d’un ensemble de mouvements associés (involontaires). (M. Le Métayer) 8 forme d’automatismes (ou schèmes) cérébro-moteurs (indépendants de toute apprentissage) intéressant globalement l’axe corporel et les membres » (Toullet 2014). On notera que si la motricité provoquée est attendue de la même manière chez les nouveaux nés « sains », la qualité de la réponse dépend à la fois des conditions internes et externes de l’enfant, mais aussi de la qualité de la stimulation de l’examinateur. Selon Toullet (2014), dans la motricité provoquée se distinguent deux composantes : la composante posturale qui « assure la régulation automatique du mouvement, par une mise en jeu harmonieuse des contractions musculaires » et la composante anti-gravitaire qui « ajuste la composante posturale à la contrainte de la pesanteur en fonction de la façon dont elle s’exerce sur la posture ». C’est dans la composante anti-gravitaire que nous retrouvons les notions de maintien, de soutien3, de redressement du tronc et d’équilibration4 indispensables à l’analyse des réactions anti-gravitaires (ou suspensions). L’ensemble de ces motricités est donc évaluable et permet un suivi du développement moteur de l’enfant en fonction de son âge et des réactions attendues. L’enfant nait avec une motricité réflexe commune à tous. En effet, la maturation du système neurologique n’est pas achevée à la naissance, et la motricité est sous le contrôle du système sous-corticospinal dans les premiers mois. Celui-ci comprend le système extrapyramidal et contrôle la motricité réflexe, le maintien de la posture et la fonction antigravitaire. On retrouve les réflexes suivants dans les premiers mois de la vie : le réflexe de succion, le réflexe de l’aimant, le réflexe de Bauer, le réflexe de marche automatique, le réflexe de Moro, le réflexe d’agrippement – ou « grasping » - et le réflexe tonique asymétrique du cou Vers trois à quatre mois, la maturation du système cortico-spinal, ou système pyramidal, permet une inhibition de ces réflexes et une apparition progressive de la motricité fine et de la motricité volontaire. L’enfant va alors découvrir son corps, et le lien que celui-ci peut avoir avec l’environnement. 3 La fonction de soutien décrit comment, à partir d’un point d’appui (sol, table, thérapeute…), l’enfant va développer une réponse motrice organisée, modulée dans son intensité et dans la répartition des contractions musculaires afin de réagir activement contre la pesanteur. (M. Le Métayer) 4 « Quelles que soient les forces qui tendent à déséquilibrer l'individu, celui-ci tend toujours à revenir et à se maintenir dans un état stable. […]Les réactions d'équilibration sont à la fois réflexes (réaction de protection contre la chute), et automatiques car elles s'élaborent et se perfectionnent tout au long de l'apprentissage moteur. » (Moreau 1985) 9 I.3.2) LES ETAPES DE DEVELOPPEMENT NEURO-MOTEUR Ce travail concerne des enfants de 3 à 6 mois en particulier. Nous allons donc décrire le développement moteur de l’enfant de 0 à 8 mois. Nous prendrons en compte deux items de ce développement répertoriés dans l’échelle de Brunet et Lézine révisée (1990) : la posture et la coordination. Nous prendrons également en compte l’article « Les grandes étapes du développement psychomoteur entre 0 et 3 ans » de François & Des Portes (2004) afin d’ajouter des précisions pour chaque âge. Tableau 1 - Les étapes de développement neuro-moteur de l'enfant de 0 à 3 mois, réalisé à partir de l'échelle Brunet Lézine révisée et de l'article de François & Des Portes (2004) Âge Corrigé 1 mois 2 mois 3 mois Posture Coordination - Flexion des quatre membres sur le dos - Poursuite oculaire sur 90° - Sur le ventre, dégage la - Poings souvent fermés mais tête mouvement individualisés des - Mouvements doigts asymétriques et non coordonnés des membres - Mouvements plus souples des membres supérieurs et des membres inférieurs - La tête commence à pouvoir rester en position médiane - Poursuite oculaire sur 180° - Sur le ventre : tient sur ses - Suit un objet, une personne avant-bras, redresse la - Préhension : ouverture des tête à 45° un court instant doigts plus fréquente (Zone 1 de Gesell) - Se retourne du côté sur le dos - Retient la tête droite au tiré-assis - 80% tiennent leur tête - Le grasping a disparu sans osciller - Regarde les objets, les suit du - Sur le dos : regard, ne peut les saisir seul flexion/extension des - Saisit au contact un jouet mis membres inférieurs. Le en main : réflexe tonique ouverture/fermeture asymétrique du cou involontaire de la main = disparait. préhension de contact. - Sur le ventre : bassin à Extension des doigts par plat, hanches en stimulation de la face dorsale extension, prend appui sur - Joue avec ses mains, les 10 - 4 mois - ses avant-bras, redresse la tête entre 45 et 90° (Zone 2 de Gesell) Soulève tête et épaules au tiré-assis 94% tiennent leur tête Garde les membres inférieurs en extension Mouvements dirigés vers une serviette posée sur sa tête Redresse sa tête à 90°, prend appui sur ses avantbras, appui sur les coudes, relève le thorax (Zone 3 de Gesell) Tient assis avec léger soutien Début des transferts d’appui examine - - 5 mois - 6 mois - - 7 mois - Participe activement au tiré-assis Sur le ventre : prend appui sur les mains, bras en extension Sur le dos : pédalage, explore ses jambes et genoux Sur le dos : attrape ses pieds Prend ses pieds dans ses mains Se retourne du dos sur le ventre Sur le ventre : est capable de jouer à attraper les jouets Met ses pieds à la bouche (a pris connaissance de son corps) Se retourne dans les deux sens Transfert d’appui pour attraper un objet en position ventrale - - - - Cherche à saisir le hochet 90% des nourrissons de 4 mois agrippent un objet amené au contact Construction de l’axe médian, capacité à aller chercher un jouet en croisant l’axe médian Apparition de la préhension cubito-palmaire grossière Enlève la serviette posée sur sa tête Tend la main pour attraper Porte les objets à la bouche : coordination œil-mainbouche Prend un cube en main en regardant le deuxième Saisit un objet posé sur une table Tient deux cubes et regarde le troisième Relâchement encore involontaire Saisit une pastille en ratissant 90% des nourrissons saisissent un objet tenu à distance à 6 mois Saisit un objet dans chaque main Passe les objets d’une main à l’autre, les tape l’un contre l’autre Permanence de l’objet : cherche la cuillère tombée 11 - Début des pivots - 8 mois - Roulés-boulés Pivots Ramper - Participation du pouce dans les prises Fait sonner la clochette Tire le jouet par la ficelle Joue à jeter les objets I.3.3) LES BILANS Toullet (2014) et Le Métayer (2009) spécifient que le bilan neuro-moteur de l’enfant doit prendre en compte trois aspects. Tout d’abord, l’état physiologique de l’enfant : celui-ci doit être calme et disponible. Cependant, il peut être intéressant de regarder ses réactions dans d’autres conditions afin de voir l’impact des changements d’états sur ses réactions. Toullet (2014) indique donc qu’il « est important de toujours spécifier l’état dans lequel l’enfant a été évalué afin de pouvoir comparer et interpréter les réponses ». Les deux autres aspects à prendre en compte dans le bilan neuro-moteur de l’enfant sont les conditions internes à l’enfant (fatigue, vigilance, fièvre…) ainsi que les conditions externes de l’examen (bruits alentours, température de la salle, luminosité…) (Toullet 2014; Le Métayer 2009). Brunet et Lézine (1990) ont réalisé une échelle des étapes de développement neuromoteur de l’enfant de 0 à 3 ans. Cette échelle prend en compte quatre composantes du neuro-développement : la posture, la coordination, le langage et la sociabilité. A chaque âge, les capacités d’un enfant « sain » sont répertoriées dans chaque axe. Il est alors possible de déterminer l’âge de l’enfant dans chacune des trois catégories et ainsi de repérer une discordance des résultats obtenus. Il faut cependant prendre en compte la grande variabilité individuelle du développement neuro-moteur de l’enfant (François & Des Portes 2004). La « Bayley Scale of Neurodevelopment » permet de donner deux indices de développement : l’index de développement mental grâce aux facteurs langage, cognitif et sociabilité et l’index de développement psychomoteur grâce à la motricité fine et grossière (Collett et al. 2013; Speltz et al. 2010; Kennedy et al. 2009; Kordestani et al. 2006). Elle est utilisée pour des enfants ayant entre 1 et 42 mois et permet une classification des scores obtenus selon une échelle normative. Sa réalisation complète dure environ une heure et demi. La « Alberta Infant Motor Scale » (AIMS) est une échelle standardisée et ayant une validité prédictive permettant le diagnostic d’un retard moteur éventuel (Mayson 2007; 12 Kennedy et al. 2009; Almeida et al. 2008). Elle regroupe 58 items décrivant les différentes capacités de l’enfant et les étapes motrices de la naissance à l’âge de la marche en fonction de quatre positions : décubitus, procubitus, assis et en position debout. Pour chaque étape existent deux cotations : « observé » ou « non observé » qui permettront ensuite de quantifier le développement moteur de l’enfant gâce à un score entre 0 et 58. L’échelle a été standardisée sur un échantillon normatif de 2202 enfants ayant entre 1 semaine et 18 mois. Il est donc possible de classer l’enfant dans l’un des percentiles en fonction du score obtenu, de son âge et de son sexe. En revanche, la précision diagnostique diminue après trois mois ainsi qu’après neuf mois (Mayson 2007). Le temps nécessaire pour réaliser le bilan complet est de vingt à trente minutes. Michel Le Métayer a réalisé un bilan complet du jeune enfant permettant notamment de « mettre en évidence des critères cliniques pour affirmer la normalité motrice chez l’enfant neurologiquement suspect » et « de mesurer qualitativement et quantitativement les progrès obtenus par l’éducation thérapeutique sans se limiter à l’utilisation des échelles fonctionnelles » (Le Métayer 2009). Une étude multicentrique internationale comparative longitudinale (Perrin et al. 2014) a montré une corrélation modérée du bilan de M. Le Métayer avec l’examen de dépistage standard des troubles neuromoteurs du nourrisson (EDS). Le bilan est adapté à la prise en charge d’enfants paralysés cérébraux, mais il nous semblait en partie extrapolable à toute pathologie comprenant un retard neuro-moteur et pertinent en vue de la réalisation de ce travail écrit. Le Métayer observe les motricités spontanées et provoquées de l’enfant, notamment à l’aide des réactions antigravitaires. Celles-ci sont au nombre de 5 : la suspension axillaire, la suspension verticale suivie d’inclinaisons latérales (droite et gauche), la suspension verticale suivie d’inclinaison dorsale et ainsi que la suspension verticale suivie d’inclinaison ventrale. Chaque réaction est cotée entre 1 et 4 suivant le degré de maintien de l’axe corporel et les réactions musculaires observées. Sont côtés de la même manière les retournements guidés par les membres inférieurs. M. Le Métayer précise que « la fiabilité du bilan dépend […] de la précision de technique manuelle des examinateurs ». 13 I.4) LA PROBLEMATIQUE DU TRAVAIL Il n’existe à ce jour pas de bilan reproductible adapté à la prise en charge massokinésithérapique des enfants atteints de plagiocéphalie en cabinet libéral. A l’heure où notre pratique doit être basée sur les preuves, nous avons décidé d’orienter notre travail sur la problématique suivante : « En quoi un bilan adapté à la plagiocéphalie positionnelle permetil le suivi de l’évolution et l’adaptation de la prise en charge de l’enfant en cabinet libéral ? » I.5) LES HYPOTHESES DE TRAVAIL Nous avons émis deux hypothèses pour répondre à la problématique de ce travail. Tout d’abord, nous émettons l’hypothèse qu’un bilan fiable permet un suivi de prise en charge de l’enfant atteint de plagiocéphalie. Deuxièmement, nous faisons l’hypothèse qu’un bilan adapté à la prise en charge libérale de l’enfant atteint de plagiocéphalie permet de prédire l’évolution de la pathologie et ainsi d’en adapter la stratégie rééducative. 14 II- LA MISE EN PLACE DE L’ETUDE II.1) CHOIX DES TECHNIQUES UTILISEES A la suite des recherches dans la littérature sur les méthodologies existantes de quantifications et de classifications de la plagiocéphalie, nous avons mis en avant les techniques les plus efficientes applicables en cabinet libéral afin de rédiger un bilan de prise en charge de l’enfant atteint de plagiocéphalie. Nous avons intégré au bilan final les outils permettant une quantification rapide de la pathologie en limitant la quantité de matériel nécessaire et en prenant en compte l’aspect financier lorsque celui-ci pouvait interférer. Le bilan mis en place a été divisé en trois parties : l’interrogatoire, le bilan de la déformation du crâne et le bilan neuro-moteur (voir Annexe 1). II.1.1) L’INTERROGATOIRE Afin de rédiger l’interrogatoire, nous nous sommes basés sur les facteurs de risque de plagiocéphalie retrouvés dans la littérature à quatre mois. En effet, la prévalence de la pathologie à cet âge étant la plus importante (19,7% selon Hutchison et al., 2004) il nous a semblé pertinent de prendre en compte ces facteurs de risque qui seront les plus représentés dans la population atteinte de plagiocéphalie en cabinet libéral. Nous avons donc inclus dans l’interrogatoire : - le sexe, - la date de naissance, - s’il y a ou non prématurité, - le rang de naissance dans la fratrie, - la position de sommeil - le temps passé sur le dos ou en siège auto/cosy par jour. De plus, nous nous sommes basés sur un avis d’expert pour certains items ayant une incidence sur le développement neuro-moteurs et sur la plagiocéphalie. Nous avons donc ajouté les items suivant : - le déroulement de la grossesse 15 - celui de l’accouchement (celui-ci s’est-il bien déroulé ? la durée ? par voie basse ou césarienne ?) - la présence ou non de reflux qui pourraient entrainer une position en extension de la tête de l’enfant. Cette position pourrait à la fois accentuer la déformation par augmentation des pressions exercées sur le crâne de l’enfant et gêner le développement moteur en empêchant l’enroulement de l’enfant qui est nécessaire aux retournements dos-ventre et ventre-dos. II.1.2) LE BILAN DE LA DEFORMATION L’objectif de notre bilan était d’être applicable en cabinet libéral. Afin de respecter ce critère, nous avons choisi la méthode de bilan la plus économique et la plus rapide. Aujourd’hui, les appareils photos sont des objets communs, qu’ils soient compacts ou intégrés au téléphone portable ou à la tablette. Il nous a donc semblé pertinent d’utiliser cet outil de bilan. Les études rassemblées sur ce sujet dans la littérature (Hutchison et al. 2005; Schaaf et al. 2010) utilisaient des protocoles de prise de vue très standardisés. Nous avons essayé de simplifier au maximum la préparation de la prise de vue afin de rendre l’analyse la plus efficiente possible tout en restant valide et reproductible. La prise de vue est réalisée de la manière la plus simple possible en ne nécessitant pas de préparation. Nous avons donné la consigne suivante : l’enfant doit être placé tête droite, sans rotation ni inclinaison, de manière à ce que le bout du nez ainsi que les oreilles soient visibles. La photographie obtenue est ensuite analysée après impression. L’analyse se compose du tracé de quatre segments de droite sur le crâne du nourrisson. Les repères utilisés lors des analyses sont ceux retrouvés dans la littérature : - Largeur : distance entre les deux Euryons (Eu) [= point latéral le plus saillant de la tête, déterminé par la plus grande largeur de la tête]. - Longueur : distance entre l’opisthocranion (Op) [= point médial occipital le plus postérieur] et la glabella (Gl) [point médian correspondant au point glabellaire le plus saillant]. 16 - Diagonales A et B : distances entre le point fronto-temporal Gauche et le point lambdoid Droit et inversement, la diagonale A étant celle dont la mesure obtenue était la plus petite. Ces quatre mesures nous permettent alors de calculer les Cranial Index (CI) et Cranial Vault Asymetry Index (CVAI) qui serviront à classifier et quantifier la déformation à l’aide du tableau par âge et genre réalisé par J.-F. Wilbrand et al. (2012). II.1.3) LE BILAN NEURO-MOTEUR En cabinet libéral, une première séance dure entre une demi-heure et trois quart d’heure. Lors de cette séance, nous devons réaliser le bilan de la plagiocéphalie mais aussi débuter la prise en charge. Les bilans vérifiés tels que l’Alberta Infant Motor Scale ou la Bayley Scale of Neuro-developpement durent respectivement 30 et 90 minutes. Il ne semble pas réalisable de les utiliser dans un bilan applicable en cabinet libéral. Nous avons donc décidé de réaliser un bilan neuro-moteur plus rapide à effectuer, à partir de la littérature et d’un avis d’expert. Notre étude se concentre sur les enfants atteints de plagiocéphalie positionnelle autour de l’âge de quatre mois. A cet âge, la motricité volontaire n’est pas encore acquise. Il nous faut donc observer la motricité automatique dans ses trois aspects : la motricité observée, dirigée et provoquée. La motricité observée concerne la motricité du nourrisson sans stimulation. Nous pouvons alors observer une éventuelle posture en extension. Selon un avis d’expert, une posture en extension, qui signe une hypotonie des fléchisseurs, entraine une augmentation des pressions exercées sur la face postérieure du crâne de l’enfant. De plus, une hypotonie des fléchisseurs diminue la capacité d’enroulement de l’enfant, et ainsi une difficulté supérieure d’acquérir des retournements dos-ventre pour lesquels l’enroulement est indispensable. Nous pouvons également observer la capacité de maintien des membres supérieurs, mais surtout la symétrie de découverte des mains. En effet, une plagiocéphalie signe une position préférentielle de la tête et donc une visibilité augmentée d’une main plutôt que l’autre qui pourrait entrainer une différence de découverte des membres supérieurs. 17 La motricité dirigée révèle les adaptations de la motricité observée suite à des stimulations extérieures. Elle nous permet d’observer la poursuite oculaire (qui est de 180° à partir de 2 mois) ainsi que la rotation active de la tête de l’enfant lors d’une stimulation à l’aide d’un jouet coloré et bruyant sur toute l’amplitude. En effet, selon un avis d’expert, un enfant supporte peu le contact direct des mains avec la tête. Une mesure passive des rotations pourrait donc entrainer une résistance de l’enfant et ainsi renforcer le muscle responsable de cette position préférentielle : le muscle sterno-cléido-mastoïdien homolatéral à la déformation. Il nous a alors semblé plus pertinent de réaliser le bilan en actif en utilisant la motricité dirigée. Il est important lors de cette observation de vérifier que l’enfant ne présente pas de compensation, notamment en rotation homolatérale du tronc et en antépulsion d’épaule contro-latérale à la rotation. La motricité provoquée peut être observée à l’aide des réactions antigravitaires du nourrisson. Celles-ci sont au nombre de cinq : la suspension axillaire, les suspensions ventrales, dorsales et latérales gauche et droite. Chaque réaction renseigne sur certaines capacités de l’enfant : - La suspension axillaire renseigne sur la capacité de l’enfant à tenir sa tête dans l’axe et sur la qualité du maintien des épaules. Elle permet d’observer une éventuelle inclinaison de la tête du côté opposé à la déformation et ainsi une éventuelle contracture du muscle sterno-cléido-mastoïdien ou une attitude globale en virgule de l’enfant. - La suspension ventrale permet d’objectiver une éventuelle hypotonie des extenseurs du tronc de l’enfant ainsi que sa capacité à tenir sa tête. L’enfant serait alors « effondré » sur les mains de l’examinateur. - La suspension dorsale, à l’inverse, permet quant à elle d’objectiver une hypotonie des fléchisseurs. L’enfant est alors incapable de se regrouper contre pesanteur. - Les suspensions latérales gauches et droites entrainent une inclinaison de la tête controlatérale au côté de la suspension, une incurvation du tronc ainsi qu’une abduction de la jambe controlatérale. Ces suspensions nous indiqueraient donc un déficit de force d’un muscle sterno-cléido-mastoïdien. Nous pouvons ensuite observer les capacités de l’enfant dans ses étapes de développement neuro-moteur. L’enfant de cet âge ne se retourne pas encore seul. En 18 revanche, il a les capacités de participer activement notamment à l’aide des rotations de la tête et d’enroulement des membres. Il parait donc pertinent d’observer les capacités d’enroulement du bassin « pied-bouche » passif de l’enfant puis sa participation active lors des retournements dos-ventre (rotation de la tête homolatérale, enroulement du membre supérieur controlatéral, dégagement du membre supérieur controlatéral) et ventre-dos (rotation de la tête controlatérale, enroulement du membre inférieur controlatéral) à partir de guidages des membres inférieurs (Le Métayer 2009). L’observation des retournements doit être réalisée dans les deux sens afin de déceler une éventuelle asymétrie. Pour chaque retournement, nous avons établi une cotation en nous inspirant de la classification de Diméglio pour le pied bot varus équin en attribuant un point à chaque fois que l’enfant participe activement lors d’une étape du retournement. Le rapport des scores obtenus lors des retournements de chaque côté permet de déceler une asymétrie dans les capacités motrices de l’enfant. 19 II.2) METHODOLOGIE DE L’ETUDE II.2.1) OUTILS METHODOLOGIQUES Afin de répondre aux hypothèses énoncées ci-dessus, l’outil le plus pertinent est la rédaction et l’étude de fiabilité d’un bilan de prise en charge en cabinet libéral d’enfants atteints de plagiocéphalie positionnelle. II.2.2) CRITERES DE SELECTION Les enfants inclus dans l’étude sont des enfants présentant une plagiocéphalie positionnelle pris en charge en cabinet libéral à Rennes en janvier et février 2015. Les critères d’exclusions sont une crâniosynostose détectée, la présence de troubles visuels, une déformation osseuse ou une anomalie de la colonne vertébrale. II.2.3) MODALITES DE TRAITEMENT Le protocole a été réalisé durant notre stage en cabinet libéral durant les mois de janvier et février 2015 afin de nous permettre de prendre en charge les patients. Tout enfant présentant une plagiocéphalie positionnelle (sans présence des critères d’exclusion précédemment cités) durant ces deux mois était inclu dans l’étude. Un premier examinateur appelé E1, réalise deux fois le bilan (E1a et E1b) afin de tester la répétabilité de celui-ci (fiabilité intra-examinateur). Un second examinateur appelé E2, le réalise une fois afin de tester la reproductibilité du bilan (fiabilité inter-examinateur). Le bilan est réalisé comme suit : - L’interrogatoire étant un élément figé dans le temps, il a été convenu que seul l’interrogatoire de l’examinateur E2 serait pris en compte dans l’étude, y compris si celui-ci a été réalisé avant les mois de janvier/février 2015. - Lors d’une seule et même séance, l’examinateur E1 prend deux photos du crâne de l’enfant puis l’examinateur E2 en prend une à son tour afin de permettre une analyse photographique différente et ainsi garantir la répétabilité et la reproductibilité du bilan. 20 - Lors de la même séance, une vidéo de chaque item du bilan neuro-moteur est réalisée (film de la motricité spontanée de l’enfant, des réactions antigravitaires, de la symétrie de découverte des mains, de l’enroulement passif du bassin ainsi que des retournements dos-ventre et ventre-dos). Toutes ces manœuvres nécessitent une habitude et une maitrise gestuelle de l’examinateur. Il a donc été décidé que seul E2, étant plus expérimenté, les réaliserait afin de limiter les biais liés au non déclanchement des réactions attendues. A la suite de cette séance, l’examinateur E1 doit réaliser les analyses des deux photos prises par lui-même ainsi que de la vidéo réalisée par E2. Les tracés et mesures des segments sur les deux photos ainsi que la classification de la déformation à l’aide du tableau de Wilbrand et al. sont réalisés à 4 jours d’intervalle afin d’éliminer un biais du au souvenir des résultats de la première photo lors de l’analyse de la seconde. Les deux analyses de la vidéo sont quant à elles réalisées non seulement à 4 jours d’intervalle, mais aussi sans le son afin de ne pas entendre les commentaires de l’examinateur le plus expérimenté qui pourraient influencer les résultats. L’examinateur E2 quant à lui, réalise l’analyse de sa photo et de la vidéo. Il transfère ensuite ses résultats ainsi que l’interrogatoire réalisé pour chaque enfant à E1 pour que celui-ci rassemble les bilans. Afin d’éviter de revoir l’enfant en séance entre les prises de photos et de vidéos et l’analyse des résultats, ceux-ci doivent être réalisés dans la semaine suivant la première séance. L’étude statistique a été réalisée par un troisième examinateur, spécialisé dans le domaine. Un coefficient de Pearson a été réalisé pour la partie « Déformation du crâne » et une analyse qualitative a été réalisée pour la partie « Bilan Neuro-Moteur ». II.2.4) ANALYSE STATISTIQUE L’exploitation des statistiques descriptives de l’interrogatoire a été faite à l’aide de pourcentages ou de moyenne. 21 Les résultats de l’analyse de la déformation du crâne des nourrissons (comparaison des CI et des CVAI pour chaque mesure) sont donnés par des coefficients de corrélation intra-classe (ICC) puis extrapolés à la population générale à l’aide d’intervalles de confiance à 95% (IC95%). A noter qu’un ICC est considéré comme montrant une très bonne reproductibilité lorsqu’il est supérieur à 0,75 et une reproductibilité moyenne à bonne entre 0,4 et 0,65. Les données obtenues au cours de cette étude de fiabilité de mesure des déformations du crâne de l’enfant ont été analysées à l’aide du logiciel MedCalc, version 12.3.0.0. Les résultats de l’analyse du niveau de développement neuro-moteur de l’enfant sont donnés en pourcentages de résultats identiques pour chaque comparaison de mesures. 22 II.3) LES RESULTATS Sept enfants ont été inclus dans l’étude. L’âge moyen est de 4,1 mois, 71% (5/7) sont des garçons, 71% (5/7) ont une plagiocéphalie positionnelle Droite, 86% (6/7) sont des premiers nés de la fratrie, 100% (7/7) dorment en décubitus dorsal et 100% (7/7) passent plus de 21h en décubitus dorsal ou assis dans un cosy/siège auto. 29% (2/7) sont prématurés, 43% (3/7) présentent des reflux gastro-oesophagiens. Les CCI et IC95% des mesures du Cranial Index sont représentés dans le tableau 2 cidessous : Tableau 2 - Coefficients de corrélation intra-classe et intervalles de confiance à 95% des mesures du Cranial Index. Comparaison des CI E1a/E1b E1a/E2 E1b/E2 ICC 0,2827 0,05891 0,7899 IC95% [- 0,5299 ; 0.8247] [- 0,6760 ; 0.7350] [0,1882 ; 0,9605] CI = Cranial Index, ICC = coefficient de corrélation intra-classe, IC95% = intervalle de confiance à 95%. Les CCI et IC95% des mesures du Cranial Vault Asymetry Index sont représentés dans le tableau 3 ci-dessous. Tableau 3 - Coefficient de corrélation intra-classe et intervalles de confiance à 95% des mesures du Cranial Vault Asymetry Index. Comparaison des CVAI E1a/E1b E1a/E2 E1b/E2 ICC 0,2051 0,6528 0,09757 IC95% [- 5866 ; 0,7964] [- 0,1002 ; 0,9303] [- 0,6543 ; 0,7524] Cranial Vault Asymetry Index, ICC = coefficient de corrélation intra-classe, IC95% = intervalle de confiance à 95% Pour cause de données manquantes, seuls les résultats de quatre enfants ont été analysés pour la partie « Développement moteur » du bilan. Les mesures E1a et E1b sont identiques dans 93% des cas (57 réponses identiques sur 61). 23 Résultats différents 7% E1a/E1b Résultats identiques 93% Concernant la variabilité entre E1 et E2, nous observons des réponses identiques dans 62% (38/61) et 64% (39/61) des cas pour E1a/E2 et E1b/E2 respectivement. E1a/E2 Résultats différents 38% Résultats identiques 62% E1b/E2 Résultats différents 36% Résultats identiques 64% 24 II.4) DISCUSSION L’échantillon réuni lors de cette étude est trop faible pour être représentatif de la population générale. Nous pouvons cependant noter qu’il possède une cohérence externe avec la littérature, ce qui semble être le point fort de notre étude. En effet, l’âge moyen est de 4,1 mois et correspond donc à l’âge où la prévalence des enfants atteints de plagiocéphalie est la plus forte. Une grande majorité des enfants sont des garçons, premiers nés de la fratrie, présentent une plagiocéphalie à droite, dorment en décubitus dorsal et passent plus de 21 heures dans cette position, ce qui est corrélé avec les facteurs de risques de développement d’une plagiocéphalie positionnelle d’après la littérature. Les résultats obtenus concernant la déformation du crâne ne montrent aucune fiabilité intra ou inter-examinateur. En effet, l’échantillon de l’étude est trop faible et non représentatif de la population générale. De plus, même si l’ICC des mesures E1b/E2 du Cranial Index et l’ICC des mesures E1a/E2 du Cranial Vault Asymetry Index sont tous deux supérieurs à 0,65 (valeur pour laquelle la reproductibilité est considérée comme étant bonne), les intervalles de confiance à 95% montrent une plage de valeurs beaucoup trop importante pour donner une utilité diagnostique fiable. Nous pouvons faire l’hypothèse que les résultats ne montrent pas de fiabilité contrairement à la littérature puisque, en plus d’avoir un échantillon minime, nous avons simplifié les consignes de prises de photos afin de diminuer les contraintes de préparation. Cette simplification entraine un nombre trop important de biais. Nous avons constaté, lors de la prise de vue, qu’intégrer à la fois le bout du nez et les oreilles était peu réalisable. Il aurait fallu, comme l’indique la littérature, intégrer des points de repères préalablement marqués sur le crâne de l’enfant afin de rendre les mesures ultérieures plus fiables avec des points de repère plus précis et plus faciles à identifier. De plus, l’angle des photos était différent en fonction des examinateurs ainsi que la distance entre le crâne de l’enfant et l’objectif, ce qui entrainait une évaluation différente de la déformation. En souhaitant simplifier au maximum le bilan, nous avons intégré trop de biais de mesures qui ne permettent pas une analyse réelle et fiable des résultats. A l’aide des pourcentages de résultats identiques, nous montrons une répétabilité et une reproductibilité conséquentes des mesures de neuro-développement. En revanche, ces 25 résultats ne concernent que 4 enfants et ne sont donc pas représentatifs de la population générale. De plus, les résultats identiques dus au hasard n’ont pas été identifiés dans cette analyse. Nous pouvons donc conclure que l’analyse quantitative de l’évaluation du développement neuro-moteur de l’enfant montre une certaine corrélation entre les résultats des deux examinateurs, mais qu’il est impossible d’extrapoler à la population générale en raison du faible nombre de sujets inclus dans l’échantillon. Nous pouvons analyser par la suite la validité interne de l’étude en mettant en avant certains biais. Tout d’abord, il existe un biais d’attrition de par les données manquantes à trois des sept enfants concernant le développement neuro-moteur. De plus, il existe un biais de mesure, les photos étant prises sans la visibilité du nez et des oreilles, ainsi qu’un écart au protocole, les résultats de E2 n’ayant pas été communiqués dans la première semaine après les prises de vues. Enfin, nous pouvons identifier des facteurs de confusion qui peuvent entrainer une différence de mesures tels que l’état de relaxation de l’enfant, la luminosité de la pièce ou l’heure de la journée (par exemple, pendant la sieste). En revanche, il n’existe pas de biais de suivi, tous les enfants inclus dans l’étude n’ayant pas été perdus. Cette étude montre donc de nombreux biais et ne permet pas de vérifier les fiabilités intra et inter-examinateur du bilan préalablement établi pour la prise en charge en cabinet libéral d’un enfant présentant une plagiocéphalie positionnelle. 26 CONCLUSION La problématique de notre Travail Ecrit de Fin d’Etudes est : « En quoi un bilan adapté à la plagiocéphalie positionnelle permet-il le suivi de l’évolution et l’adaptation de la prise en charge de l’enfant en cabinet libéral ? ». Afin d’y répondre, nous avons préalablement présenté la plagiocéphalie positionnelle et rappelé les bilans existants tant pour la déformation du crâne de l’enfant que pour l’objectivation de ses capacités neuro-motrices. Nous avons ensuite réalisé une étude de fiabilité d’un bilan de prise en charge de la plagiocéphalie en cabinet libéral. Ce bilan avait été préalablement établi à l’aide des données actuelles présentes dans la littérature ainsi qu’à l’aide d’un avis d’expert. Le bilan a été testé sur une population de nourrissons présent en cabinet libéral dans lequel nous étions en stage en janvier/février 2015 et ce à l’aide des résultats obtenus par deux examinateurs différents. Les résultats de cette étude ne montrent pas de fiabilité du bilan ni en intra ni en interexaminateur. Il n’est donc pas possible de valider l’hypothèse qu’un bilan fiable permet un suivi de prise en charge de l’enfant atteint de plagiocéphalie. Cette étude montre de nombreux biais qu’il serait nécessaire de corriger afin d’établir la fiabilité d’un bilan adapté à la prise en charge de la plagiocéphalie. Elle peut cependant faire état de pré-étude. Elle permet de mettre en évidence ses biais et de présenter la littérature existante sur le sujet. L’établissement d’un bilan fiable et valide adapté à la prise en charge de la plagiocéphalie permettrait de répondre à l’hypothèse suivante : un bilan adapté à la prise en charge libérale de l’enfant atteint de plagiocéphalie permet de prédire l’évolution de la pathologie et ainsi d’en adapter la stratégie rééducative. La validation de cette hypothèse permettrait d’aider les professionnels à adopter une démarche efficiente de prise en charge thérapeutique. La mise en place et la rédaction de ce Travail Ecrit de Fin d’Etude nous ont permis de nous sensibiliser à la recherche scientifique ainsi qu’à la difficulté due à ses exigences. Elles nous ont aussi permis de nous remettre en question afin de mettre en évidence les points faibles de notre démarche et de trouver des solutions pour les corriger. 27 BIBLIOGRAPHIE Almeida, K.M. et al., 2008. Concurrent validity and reliability of the Alberta Infant Motor Scale in premature infants. Jornal de pediatria, 84(5), pp.442–448. 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Journal of Cranio-Maxillofacial Surgery, 39(1), pp.24–29. 30 ANNEXES Annexe 1 – Bilan de la plagiocéphalie adapté à la prise en charge de l’enfant en cabinet libéral Annexe 2 - Fiche de Lecture 1 Annexe 3 – Fiche de Lecture 2 Annexe 4 – Fiche de Lecture 3 Annexe 1 – Bilan de la plagiocéphalie adapté à la prise en charge de l’enfant en cabinet libéral BILAN de la PLAGIOCEPHALIE Date du Bilan : ___/___/____ I- INTERROGATOIRE : - Nom & Prénom de l’enfant : - Date de naissance : - Sexe : G / F - Côté de la déformation : - Rang de naissance dans la fratrie : - Grossesse : - Accouchement : Long ? En siège ? Voie Basse / Césarienne ? - Position de sommeil : - Temps passé sur le dos par jour (en heures) : - Temps passé dans siège auto/cosy/transat par jour (en heures) : - Reflux ? II- Prématurité : OUI / NON Age (corrigé) : BILAN de la DEFORMATION du CRANE : Méthodologie de Mesure : La photo doit être prise par l’examinateur. L’enfant est dans les bras du parent, sur le dos, la tête très légèrement en extension et sans rotation. La photo doit montrer les deux oreilles et le bout du nez de l’enfant. La photo est ensuite imprimée afin de réaliser les mesures centimétriques utiles aux rapports suivants : 𝐿𝑎𝑟𝑔𝑒𝑢𝑟 CI5 = 𝑥 100 𝐿𝑜𝑛𝑔𝑢𝑒𝑢𝑟 CVAI6 = 5 6 𝐷𝑖𝑎𝑔𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒 𝐴−𝐷𝑖𝑎𝑔𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒 𝐵 𝐷𝑖𝑎𝑔𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒 𝐴 Cranial Index Cranial Vault Asymetry Index 𝑥 100 où Diagonale A < Diagonale B La gravité de la déformation sera ensuite quantifiée à l’aide du tableau de classification selon l’âge et le sexe de l’enfant de l’article de Wilbrand et al. « Clinical classification of infant nonsynostotic cranial deformity ». Repères de mesure basés sur ceux de l’étude de Wilbrand et al. « Clinical classification of infant nonsynostotic cranial deformity » : - Largeur : distance entre les deux Euryons (Eu) [= point latéral le plus saillant de la tête, déterminé par la plus grande largeur de la tête]. - Longueur : distance entre l’opisthocranion (Op) [= point médial occipital le plus postérieur] et la glabella (Gl) [point médian correspondant au point glabellaire le plus saillant]. - Diagonales A et B : distance entre le point fronto-temporal Gauche et le point lambdoid Droit et inversement. Source : Wilbrand, J.F. et al., 2012. Clinical classification of infant nonsynostotic cranial deformity. Journal of Pediatrics, 161(6), pp.1120–1125. Mesures : - Largeur : Longueur : Diagonale A : Diagonale B : cm cm cm cm CI = CVAI = Classification de la déformation et de sa gravité à l’aide du tableau ci-joint : TYPE DE DEFORMATION : ______________________________________ Détermination du type de déformation selon la table ci-jointe : - Plagiocéphalie si CVAI > au 75e percentile - Brachycéphalie si CI > au 75e percentile - Combiné si CVAI et CI > au 75e percentile GRAVITE DE LA DEFORMATION : ______________________________________ Détermination de la gravité de la déformation (avec x = CVAI ou CI) selon la table ci-jointe : - X > 97e percentile = DEFORMATION GRAVE - 90e < X < 95e = DEFORMATION MODEREE - 75e < X < 90e = DEFORMATION FAIBLE III- Le BILAN NEURO-MOTEUR : L’enfant prend une posture en Extension : OUI = 0 NON = 1 Réactions antigravitaires (noter 0 Mauvaises, 1 si Moyennes, 2 si Bonnes/Normales) - Suspension Axillaire : __ - Suspension Dorsale : __ - Suspension Ventrale : __ - Suspension Latérale Droite : __ - Suspension Latérale Gauche : __ Rotation active de la tête lors du suivi d’un jouet bruyant sur 180° : Symétrique = 1 Asymétrique = 0 Découverte des mains : Symétrique = 1 Asymétrique = 0 Enroulement passif du bassin : Bon = 1 Limité = 0 Retournement Dos-Ventre à Gauche (RDVG) : - Tourne la tête à gauche : - Enroule le membre inférieur droit : - Participe à l’aide du membre supérieur droit : - Dégage son membre supérieur gauche : - TOTAL : 1 1 1 1 /4 Retournement Dos-Ventre à Droite (RDVD) : - Tourne la tête à droite : - Enroule le membre inférieur gauche : - Participe à l’aide du membre supérieur gauche : - Dégage son membre supérieur droit : - TOTAL : 1 1 1 1 /4 Rapport RDVG/RDVD : Si le rapport est supérieur à 1 ; on considère que le côté Gauche est supérieur au côté Droit. Si le rapport est inférieur à 1 ; on considère que le côté Droit est supérieur au côté Gauche. Retournement Ventre-Dos à Gauche (RVDG) : - Tourne la tête à droite : Enroule son membre inférieur droit : Participe à l’aide du membre supérieur droit : Pousse sur son membre inférieur droit : TOTAL : Retournement Ventre-Dos à Droite (RVDD) : - Tourne la tête à gauche : - Enroule son membre inférieur gauche : - Participe à l’aide du membre supérieur gauche : - Pousse sur son membre inférieur gauche : - TOTAL : 1 1 1 1 /4 1 1 1 1 /4 Rapport RVDG/RVDD : Si le rapport est supérieur à 1 ; on considère que le côté Gauche est supérieur au côté Droit. Si le rapport est inférieur à 1 ; on considère que le côté Droit est supérieur au côté Gauche. IV- AUTRES OBSERVATIONS Source : Wilbrand, J.F. et al., 2012. Clinical classification of infant nonsynostotic cranial deformity. Journal of Pediatrics, 161(6), pp.1120–1125. Available at: http://dx.doi.org/10.1016/j.jpeds.2012.05.023. Annexe 2 - Fiche de Lecture 1 Référence et Localisation : Wilbrand, J.F. et al., 2012. Clinical classification of infant nonsynostotic cranial deformity. Journal of Pediatrics, 161(6), pp.1120–1125 Article référencé par PubMed. Informations sur les auteurs : Jan-Falco Wilbrand, Kerstin Schmidtberg et Uta Bierther sont chirurgiens au service de chirurgie Canio-Maxillofaciale et de Chirurgie Plastique à l’Hôpital universitaire de Giessen et Marburg en Allemagne. Ils ont tous trois écrit de nombreux articles notamment sur les déformations de la tête chez le nourrisson, sur leurs classifications selon la gravité de la déformation et leurs bilans (anthropométriques, photographiques...) Sujet traité : L’article traite de l’établissement d’une classification clinique des déformations crâniennes non synostotiques chez le nourrisson. Les déformations crâniennes sont classifiées en trois types : la plagiocéphalie, la brachycéphalie et la forme combinée des deux déformations. L’article cherche ensuite à établir un classement selon la gravité de chaque déformation. Résumé Sélectif : Les auteurs ont tout d’abord récolté les valeurs normatives de la courbe de croissance du périmètre crânien chez 401 sujets sains divisés en quatre groupes d’âges : 0-3 mois, 4-6 mois, 7-9 mois et 10 mois et plus. Les mesures anthropométriques récoltées étaient les suivantes : circonférence crâniale, longueur du crâne, largeur du crâne, hémi-circonférences transversale et sagittale et diagonales transcraniennes A et B. A partir de ces valeurs, ils ont établit les valeurs normatives des Index Céphaliques (CI) et de l’Index d’asymétrie de la voute crânienne (CVAI) classées en percentiles. Ils ont ensuite établit une seconde base de données regroupant les mesures anthropométriques standardisées (initiales et de suivi), les antécédents, l’âge, le sexe, la prématurité ou non, les facteurs de risques identifiés ainsi que l’approche thérapeutique de 2571 enfants présentant des déformations crâniennes non synostotiques entre mai 2005 et aout 2011. Le critère d’inclusion de cette base de données est une déformation du crâne nécessitant un traitement orthopédique. Les critères d’exclusion sont une crâniosynostose prématurée et l’absence de déformation de la tête nécessitant un traitement orthopédique. L’analyse statistique et la comparaison des valeurs du bilan cranial initial avec les valeurs anthropométriques normatives récoltées chez les 401 sujets sains, la comparaison des CVAI ainsi que la comparaison des CI ont permis de classer les déformations de la tête en trois groupes. Un CVAI anormal donne une Plagiocéphalie. Cette déformation concerne 61,3% de la population des enfants ayant une déformation de la tête. Un CI anormal donne une Brachycéphalie, 9,1% des enfants ayant une déformation de la tête sont concernés. Enfin, un CVAI et un CI anormal entrainent une combinaison de plagiocéphalie et de brachycéphalie et représente 29,6% des enfants ayant une déformation du crâne. Une fois les trois groupes de déformation définis, les déformations ont été classées en sous-groupes de gravité. Dans les groupes Plagiocéphalie et Combiné, 83,3% des enfants avaient un CVAI d’une valeur e supérieure à celle du 97 percentile. Ceux-ci étaient donc considérés comme ayant une déformation grave. Dans les mêmes groupes, 95,8% des enfants avaient un CVAI dont la valeur était supérieure à celle du 90 e e percentile et 99,1% des enfants avaient un CVAI dont la valeur était supérieure à celle du 75 percentile. Les e e enfants dont le CVAI se situe entre le 90 et le 97 percentile sont donc considérés comme ayant une e e déformation moyenne et ceux dont le CVAI se situe entre le 75 et le 90 percentile sont considérés comme ayant une faible déformation. Une classification identique a été réalisée pour les groupes Brachycéphalie et Forme Combinée à partir e des mesures du CI. Les valeurs de répartition étaient les suivantes : 93,5% au-dessus du 97 percentile, 99,2% e e au-dessus du 90 percentile et 99,9% au-dessus du 75 percentile. Plusieurs classifications des déformations de la tête ont déjà été proposées : Loveday et de Chalain ainsi que Hutchison et al. ont proposé une classification avec les mêmes indicateurs (CI et CVAI) mais sans faire de différence sur le sexe des enfants. Mortenson et Steinbok ont évalué l’applicabilité des mesures anthropométriques à l’aide d’un caliper ainsi que l’apparence des enfants. Argenta et al. ont publié en 2004 une classification uniquement basée sur l’apparence. Contrairement aux études déjà existantes, celle-ci se base sur une comparaison avec des enfants sains ainsi que sur une classification selon l’âge et le sexe de l’enfant pour la sévérité de chaque atteinte. Une mesure exacte des déformations de la tête aurait pu être obtenue grâce à une photographie en trois dimensions qui est un examen rapide, examinateur-indépendant et non invasif mais les mesures anthropométriques utilisées ici avaient l’avantage de l’accessibilité, de la simplicité et du faible cout. Définition : La Plagiocéphalie Positionnelle est selon le MeSH une déformation du crâne qui n’est pas due à une fusion osseuse (synostose) telle que le serait les crâniosynostoses. Elle est caractérisée par un crâne et une face asymétriques. Une augmentation de la fréquence des plagiocéphalies a été observée chez les nourrissons après les recommandations de 1992 sur le sommeil sur le dos pour prévenir la mort subite du nourrisson. Mots Clefs : Classification, Déformation non Synostotique, Plagiocéphalie Positionnelle, Brachycéphalie Positionnelle Pistes de lectures complémentaires : Wilbrand, J.F. et al., 2011. Value and reliability of anthropometric measurements of cranial deformity in early childhood. Journal of Cranio-Maxillofacial Surgery, 39(1), pp.24–29 Pour ne choisir qu’un seul article parmi toute la bibliographie, je pense que l’article de Wilbrand et al. sur la validité des mesures anthropométriques peut être un article complémentaire pour donner du poids à cette étude. En effet, celui-ci indique que les mesures anthropométriques sont fiables en intraexaminateur. Commentaire : Cet article recense les valeurs normatives d’un nombre conséquent de nourrissons « sains » selon leur âge et leur sexe. Il est intéressant d’avoir un point de comparaison de la gravité des déformations du crâne chez les nourrissons atteints de plagiocéphalie. En effet, les comparer entre eux ne permet pas d’avoir une quantification fiable. Le nombre d’enfants inclus dans cette étude est élevé, ce qui permet une bonne représentation de la population générale. Les points de classification des enfants sont nombreux et apportent donc un profil très précis des enfants inclus dans l’étude. De plus, les mesures anthropométriques utilisées sont décrites précisément et donc facilement reproductibles pour l’utilisation de la table de classification des déformations obtenues à l’issue de cette étude. Annexe 3 – Fiche de lecture 2 Référence et Localisation : Hutchison, B.L. et al., 2004. Plagiocephaly and brachycephaly in the first two years of life: a prospective cohort study. Pediatrics, 114(4), pp.970–80 Article référencé par PubMed. Informations sur les auteurs : Lynne Hutchison est diplômée en médecine et travaille au département de pédiatrie à l’université d’Auckland, en Nouvelle Zélande. Elle a écrit divers articles concernant la plagiocéphalie, son bilan et ses conséquences. Sujet traité : L’article traite des données épidémiologiques de la plagiocéphalie positionnelle en Nouvelle Zélande. Il met en évidence les caractéristiques des enfants atteints et leurs facteurs socio-démographiques, l’histoire naturelle de la maladie ainsi que les facteurs de risque de développement d’une plagiocéphalie positionnelle à 6 semaines et 4 mois de vie. Résumé Sélectif : L’étude est réalisée entre les mois de septembre 2001 et février 2002. Elle inclut 200 enfants durant cette période. Elle se compose d’un bilan initial durant la première semaine de vie comprenant une interview de la mère qui permet de recenser les facteurs socio-démographiques, les facteurs obstétriques, des détails sur l’enfant. Un examen clinique permet de faire le bilan de la forme de la tête, la mesure des rotations passives de l’enfant ainsi que la mesure de la circonférence de son crâne. S’en suivent 5 bilans à 6 semaines, 4 mois, 8 mois, 12 mois et 24 mois comprenant une prise de photo prise à l’aide de la méthode décrite dans l’article du même auteur (voir Pistes de Lecture complémentaire), une mesure des rotations actives à partir de 4 mois, une demande d’informations pour l’éducation et une évaluation subjective du matelas. A 6 semaine est associé le questionnaire PDQ-II auquel la maman a pour consigne de répondre jusqu’à ce qu’elle y note 3 réponses « non ». A 4 mois, une évaluation du tempérament à l’aide d’une Pictoral Assessment of Temperament associée à l’EVA est réalisée. Toutes les interview ont été réalisées par l’investigateur principal sauf certaines à 6 semaines et 4 mois. Après chaque interview de suivi, tout enfant ayant un index céphalique supérieur à 93% ou une différence de diagonales supérieures à 106% était considérée comme un cas témoin. Les résultats de l’étude montrent une prévalence maximale de la plagiocéphalie à 4 mois, suivie de peu par la prévalence obtenue à 6 semaines. Au total, 29,5% des enfants ont développé une déformation du crâne quel que soit son âge durant la période d’observation. A 2 ans, seuls 3,3% avaient encore une anomalie. Les facteurs de risques mis en évidence à 6 semaines et 4 mois sont les suivants : limitation passive en rotation de la tête à la naissance (sans différence à 6 semaines), Position préférentielle de la tête à 6 semaines, plus de 21h par jour sur le dos, le fait d’être un garçon, premier né de la fratrie. En revanche, on ne retrouve aucun facteur de risque socio-démographique ou obstétrique dans cette étude. Définition : La Plagiocéphalie Positionnelle est selon le MeSH une déformation du crâne qui n’est pas due à une fusion osseuse (synostose) telle que le serait les crâniosynostoses. Elle est caractérisée par un crâne et une face asymétriques. Une augmentation de la fréquence des plagiocéphalies a été observée chez les nourrissons après les recommandations de 1992 sur le sommeil sur le dos pour prévenir la mort subite du nourrisson. Mots Clefs : Facteurs de Risque, Déformation non Synostotique, Plagiocéphalie Positionnelle, Brachycéphalie Positionnelle Pistes de lectures complémentaires : Hutchison, B.L. et al., 2005. Quantification of plagiocephaly and brachycephaly in infants using a digital photographic technique. The Cleft palate-craniofacial journal : official publication of the American Cleft PalateCraniofacial Association, 42(5), pp.539–47. Cet article permet de comprendre le protocole utilisé pour la prise de photographie du crâne de l’enfant dans l’étude décrite ci-dessus. Commentaire : Cet article permet d’appréhender l’épidémiologie de la plagiocéphalie ainsi que ses facteurs de risques. On constate d’autant plus que la méthodologie de l’article est relativement correcte. La randomisation est aléatoire et le suivi de cohorte est de 90% à 2 ans (tout enfant ayant déménagé ou n’ayant pas pu être suivi à chaque entretien était exclu de l’étude). Les caractéristiques des enfants ne se limitent pas à la simple déformation du crâne mais aussi au développement moteur et aux caractéristiques socio-démographiques et obstétricales. La pathologie est donc prise dans sa globalité. Tous ces aspects sont pertinents en vue de l’établissement d’un bilan adapté à la prise en charge de la plagiocéphalie et notamment en vue de l’interrogatoire inclus dans ce bilan. Annexe 4 – Fiche de lecture 3 Référence et Localisation : Schaaf, H. et al., 2010. Accuracy of photographic assessment compared with standard anthropometric measurements in nonsynostotic cranial deformities. The Cleft palate-craniofacial journal : official publication of the American Cleft Palate-Craniofacial Association, 47(5), pp.447–53. Article référencé par Pubmed. Informations sur les auteurs : Le docteur Heidrun Schaaf et le docteur Jan-Falco Wilbrand sont spécialistes en chirurgie maxillo-faciale à l’hôpital universitaire de Giessen en Allemagne. Sujet traité : Le sujet de cet article est la comparaison des mesures anthropométriques du crâne d’enfants atteints de plagiocéphalie positionnelle avec des mesures obtenues à partir de photographies du crâne. Résumé Sélectif : Les auteurs sont partis du principe que l’image digitale était un document archivable permettant des mesures répétables. Leur hypothèse était que la photographie était plus objective que les mesures au compas à calibrer et moins examinateur dépendant de par la statique de la surface sur laquelle les repères sont sélectionnés et la grande variabilité de prise de vues possible afin de sélectionner la meilleure (et ce, sans présence de l’enfant). Le compas à calibrer quant à lui, a l’avantage d’être non invasif, peu cher et simple mais il demeure compliqué de repérer les reliefs osseux et de garder l’enfant immobile. L’étude inclut 122 enfants atteints de déformation du crâne. Une photographie ainsi que des mesures cliniques (index céphalique et index d’asymétrie de la voute crânienne) ont été réalisées le même jour, avant tout traitement. Les réglages de l’appareil photos étaient identiques pour chaque enfant, avec le même fond et la même distance « crâne/appareil ». La photo est prise de façon à ce que l’on voit les deux oreilles et le bout du nez de l’enfant placé sur les genoux des parents, tête légèrement en extension. Une fois la photo prise, elle est analysée à l’aide du logiciel QuickCeph en calculant le Cranial Index (rapport largeur sur longeur) et le Cranial Vault Asymetry Index (rapport de la différence des deux diagonales sur la plus petite diagonale transformée en pourcentage). Les mesures au compas à calibrer sont faites avec les mêmes repères et donnent les mêmes rapports. Les repères utilisés sont les deux euryons pour la largeur, glabelle et opisthocranion pour la longueur et les repères fronto-temporaux et euryons controlatéraux pour les diagonales. Deux comparaisons ont ensuite été effectuées : photo et anthropométrie ainsi que la fiabilité interexaminateur des deux photos. Les ICC obtenus donnent tous une fiabilité excellente de la mesure par photographie. Définition : La Plagiocéphalie Positionnelle est selon le MeSH une déformation du crâne qui n’est pas due à une fusion osseuse (synostose) telle que le serait les crâniosynostoses. Elle est caractérisée par un crâne et une face asymétriques. Une augmentation de la fréquence des plagiocéphalies a été observée chez les nourrissons après les recommandations de 1992 sur le sommeil sur le dos pour prévenir la mort subite du nourrisson. Mots Clefs : Bilan des déformations, Déformation non Synostotique, Plagiocéphalie Positionnelle, Brachycéphalie Positionnelle Pistes de lectures complémentaires : Hutchison, B.L. et al., 2005. Quantification of plagiocephaly and brachycephaly in infants using a digital photographic technique. The Cleft palate-craniofacial journal : official publication of the American Cleft PalateCraniofacial Association, 42(5), pp.539–47. L’article de Hutchison et al. parait être une piste de lecture complémentaire intéressante étant donné qu’il traite du même sujet avec une technique légèrement différente. De plus, il traite la comparaison avec une méthode différente : la mesure au flexicurve. Commentaire : Lors de notre Travail Ecrit de Fin d’Etudes, nous avons décidé d’utiliser la photographie comme technique de mesure des déformations du crâne de l’enfant. Cet article est pertinent étant donné qu’il traite de ce moyen d’objectivation en donnant sa fiabilité inter-examinateur ainsi qu’en le comparant à une autre technique de mesure préalablement validée. L’étude prend en compte un nombre important de nourrisson et l’échantillon analysé est représentatif de la population. Il est donc possible d’extrapoler cette fiabilité à la population générale.