1 PEDAGOGIE COMPAREE PLAN DU COURS 1. BUT DU COURS Au sein du programme ce cours a pour but : Favoriser l’élargissement de la vision éducationnelle de l’étudiant en lui permettant de la comparer avec d’autres visions éducatives proches ou lointaines c’est-à-dire celles d’autres nations ou milieux culturels ; Faire acquérir les méthodes et techniques favorisant les études comparatives (analyses, réflexions sur divers aspects des différents systèmes éducatifs) ; Faire acquérir les mécanismes pour mener des études critiques sur les systèmes éducatifs étrangers ; Ce cours vise l’établissement des bases pour effectuer de comparaison entre les systèmes éducatifs, ou autre, en vue de favoriser une meilleure appréhension des aspects qui influencent le but, la structure, l’organisation et la pratique de l’éducation sur plusieurs plans à savoir local, provincial, national et international. Par cet enseignement le sujet devient en mesure d’intégrer dans sa vie ainsi dans sa carrière les principes de pédagogie comparée. 2. OBJECTIF DU COURS A l’issue de ce cours l’étudiant sera en mesure de : Prouver qu’il a compris et maîtrisé le langage et vocabulaires utilisées dans le système éducatif ; d’élargir sa compréhension sur différents systèmes d’éducation, qu’il soit capable d’identifier les similarités et les différences, relever le forces et les faiblesses de différents systèmes ; Utiliser les méthodes de la pédagogie comparée ; Comparer deux ou plusieurs systèmes éducatifs différents en employant des méthodes adéquates ; CONTENU DU COURS INTRODUDUCTION GENERALE Préambule Choix terminologique ; Pour quoi parle-t-on de l’éducation comparée ? CHAP.I. GENERALITES SUR L’EDUCATION COMPAREE 1.1. Objet et définition de l’éducation comparée 2 1.2. Évolution et progrès en éducation comparée 1.3. Comparaison en éducation comparée 1.4. Fonction, finalité et but de l’éducation comparée 1.5. Acteurs de l’éducation comparée 1.6. Éducation comparée est-elle une science ? 1.7. Lieux communs en éducation comparée 1.8. Organisation administrative ; 1.9. Politique de redoublement en Europe. CHAP. II. METHODES EN EDUCATION COMPAREE 2.1. Généralités 2.2. Méthode comparative 2.3. Quelques chercheurs CHAP.III. PROBLEMES EN EDUCATION COMPAREE 3.0. Préambule 3.1. Problème de mondialisation ; 3.3. Problème d’ordre politique 3.4. Problème d’ordre économique 3.5. Problème d’ordre social 3.5. Problème d’ordre pédagogique 1 MODE D’EVALUATION T.D ; T.P ; INTERROGATION 4. CHARGE HORAIRE 45 Heures 3 0. INTRODUCTION GENERALE 0.1. Préambule Chaque cité a l’obligation de lutter pour le bien-être de tous les citoyens. La condition première pour atteindre ce bien être est l’éducation. L’éducation réussie conditionne la bonne marche des autres aspects de la vie sociale. Le développement technologique favorise le rapprochement de différentes sociétés. Les échanges de diverses natures sont intensifiés. La mondialisation est une politique économique qui porte sur le transfert des biens et des services. Elle porte ses ramifications dans presque tous les domaines de la vie. La délocalisation et l’internationalité des industries, l’acquisition de la diversité considérable des outils de communication à longue portée, etc. conduisent à un mixage des cultures. Aucune nation n’est capable de former les jeunes sans se soucier de la manière dont fonctionnent d’autres systèmes éducatifs à travers le monde pour s’en inspirer, afin d’amender, d’améliorer ou d’adapter son propre système pour davantage mieux former les jeunes appelés à vivre dans une société aux réalités multiples. En comparant les différents systèmes éducatifs, il est possible de déterminer la pertinence des méthodes, des techniques et moyens d’enseignement en vigueur dans sa nation. Cette comparaison de différents systèmes inspire aux différentes nations sur les structures, l’organisation, l’équipement, les conditions de passation des examens, des conditions de promotions, l’individualisation des enseignements en vue d’améliorer le système dans sa cité, ville, province ou nation. 0.2.Choix terminologique Le cours a comme intitulé pédagogie comparée, cependant au sein des notes du cours vous trouverez que nous avons plus parlé de l’éducation comparée. C’est la simple question des préférences. Les comparatistes anglo-saxons traitent de l’éducation comparée, tandis que les chercheurs Européens préfèrent le terme pédagogie comparée à l’instar de DEBESSE et Gaston MIALARET. 4 Etant donné que la pédagogie est la science et l’art de l’éducation, elle est l’étude des théories applicables en éducation. Ce que nous cherchons à comprendre n’est pas une comparaison entre les théories éducatives ni simplement les manières d’enseigner, plutôt la diversité d’aspects concourant à une réussite éducative. De ce fait, vous trouverez que nous userons plus de l’éducation comparée, moins de la pédagogie comparée. 0.3.Pourquoi parle-t-on de l’éducation comparée ? L’éducation comparée a existé depuis des décennies, si elle n’a pas existé sous la forme actuelle, néanmoins sous forme des échanges éducationnels, même avec les terres les plus proches, d’une cité à une autre pour de simples raisons de vie. Présentement, la configuration du monde s’est profondément modifiée, le poids des systèmes éducatifs et des enjeux qu’ils recouvrent s’est accru, les raisons sont multiples qu’il importe d’en élucider quelques : La décentralisation éducative : De nos jours, aucune société ne peut prétendre avoir une éducation la meilleure et se passer de ce qui se passe chez le voisin. L’éducation comparée permet à décentrer l’éduction d’une nation, elle mène une lutte à la fois contre l’ethnocentrisme. Elle permet aux sujets de sortir de soi-même tout en restant soi-même et, une double compétence qu’il faut absolument acquérir. La décentralisation nous conduit à comprendre qu’on ne poursuit pas les mêmes objectifs, qu’on n’emploie pas les mêmes moyens pour éduquer, qu’on n’évalue pas les apprenants d’un même niveau de la même façon, qu’on ne vise pas les mêmes objectifs, qu’on emploi pas les démarches pédagogiques identiques pour enseigner. Nous devons donc comprendre qu’il y a des styles d’enseignement et d’apprentissage différents qu’il faut comprendre par la comparaison en vue d’améliorer son propre système éducatif, ce qui est visé c’est l’atteinte des objectifs, du but de l’enseignement conduisant droit vers une finalité. 5 L’internationalité : La mondialisation pousse les nations à se regrouper à effectuer divers échanges, considérant des aspects politiques, économique, culturel, communicationnel, éducative etc. L’internationalité réfère aux échanges de diverse nature, économiques, politiques, culturelles, éducative entre un certain nombre des pays, entre nations, car il y’en a celles qui réussissent et celles qui connaissent des difficultés en matière d’éducation surtout. De ces échanges résultent des relations pacifiques ou conflictuelles, de complémentarité ou de concurrence, développement ou d’exploitation. Vue la circulation des connaissances, des compétences et des nouvelles méthodes d’enseignement, il y a de quoi affirmer que l’école est en mouvement. Pour maîtriser ses fluctuations, l’éducation comparée a sa raison d’être car elle exhibe à la fois les différences et les ressemblances entre les systèmes éducatifs, donc, elle permet l’élaboration de passerelles, de ponts, de connexions, entre divers partenaires nationaux et internationaux. Comme le signale Louise LAFORTUNE disant : « dans un monde caractérisé par l’internationalisation du marché, l’école se transforme fondamentalement à court et à moyen terme. » Si l’école se transforme à l’ère du village planétaire, cela ne s’exécute pas au même rythme, ni à la même manière. L’éducation comparée a sa raison d’être pour élucider les disparités entre les différentes Nations au sujet de l’éducation des jeunes ou des adultes. La délocalisation des entreprises : On entend la délocalisation des entreprises, l’implantation des industries soit d’exploitation, de transformation… à l’étranger. Pour amoindrir le coût, et maximiser le bénéfice, les pays riches préfèrent délocaliser leurs industries vers les pays où ils trouvent les produits dont ils ont besoin et où la main d’œuvre n’a pas de prix. En transférant leurs technologies à l’étranger, il transfère en même temps ou par conséquent leur système de formation scolaire. De ce fait, les pays bénéficiaires de cette technologie sont appelés à adapter leur système éducatif pour que les jeunes prennent part aux bienfaits de la mondialisation sans se laisser dupé. Dans ces 6 conditions l’éducation comparée devient un tremplin pour lancer de différentes sociétés vers la compétence et un tamis pour dénicher les apports culturels sensibles pour ne pas dire dangereux pour certaines sociétés, tels que (L’homosexualité, la transsexualité, l’avortement sans risque, l’homoparentalité, le bébé à trois...) La mondialisation C’est la philosophie qui unit le monde, transformant la planète en un village planétaire. Quoi qu’elle soit une philosophie de transfert des biens et des services. Elle rend les humains dépendant les uns des autres dans leurs différentes relations économiques ou non. Par l’emploi des outils électroniques, le TIC divulgue les nouvelles à la seconde à travers toute la planète. Les différentes nations découvrent avec facilité la nature du fonctionnement du système éducatif de telle ou telle nation. Cet état des choses permet aux nations de jauger les différents systèmes éducatifs pour adapter le leur et le rendre plus performent. 7 CHAP. I GENERALITES SUR L’EDUCATION COMPAREE 1.1 OBJET ET DEFINITION DE L’EDUCATION COMPAREE a. Objet de l’éducation comparée L’éducation comparée est une science dont l’objet est de dégager, d’analyser et d’expliquer les différences et les ressemblances entre les faits éducatifs et ou leur rapport avec l’environnement, et de rechercher les lois éventuelles qui les commandent en différentes sociétés et à différents moments de l’histoire humaine. Autrement dit, l’éducation comparée étudie des réalités pédagogiques différentes non pas seulement à des fins heuristiques (de découverte, repérage), mais aussi dans le souci d’améliorer une situation éducative en s’inspirant des réalisations qui sont menées ailleurs. Elle rapproche des situations, des problématiques ou des systèmes éducatifs. Elle met l’accent sur les similitudes et les différences ; elle les explique en se référant au contexte politique, historique, économique, social, elle retient ce qui peut être transférable dans un autre contexte avec les aménagements qui s’imposent en fonction des spécificités locales. (Groux, Perez al. 2003) cité par Georges MEURIS (2008) Dans ses démarches, l’éducation comparée se préoccupe d’abord de rassembler et de classer toutes les informations concernant les systèmes scolaires, les écoles, l’administration et les finances, les enseignants et les élèves, les programmes et les méthodes d’enseignement, les dispositions légales… sans oublier les choix politiques et les options philosophiques explicites ou implicites. Ensuite, l’éducation comparée essaie d’expliquer pourquoi les choses sont ce qu’elles sont, en analysant les données rassemblées à la lumière de l’évolution historique des différents systèmes ou en montrant quelle a été l’influence des phénomènes sociaux, économiques, technologiques, religieux et philosophiques ainsi que des préjugés raciaux et nationaux. 8 b. Définition de l’éducation comparée Pour mieux définir l’éducation comparée, il convient de comprendre qu’on peut améliorer la pratique d’enseignement, le système scolaire en adoptant et en adaptant certaines approches pédagogiques créées et appliquées ailleurs (à l’étranger). On parvient à déterminer la pertinence des méthodes et pratiques en vigueur qu’en comparant les différents systèmes d’éducation. On comprend mieux ce qui se passe chez soi qu’en le comparant avec ce que font les autres . Georges MEURIS dans revue généraliste de recherches en éducation et formation (sn) 2008, atteste qu’aucune définition précise ne semble s’imposer universellement, quoique bon nombre d’auteurs aient proposé des énoncés susceptibles de répondre aux exigences du monde scientifique. Retenons-en quelques-uns : « Application des techniques de comparaison à l’étude des aspects , des problèmes éducatifs ». (ROSSELLO, 1959,21) ; « L’étude des faits éducatifs et des relations qui les unissent à leur environnement politique, économique, social et culturel ». (Lé Thànk Kôi, 1981,43) « La composante pluridisciplinaire des sciences de l’éducation ; qui étudie des phénomènes et des faits éducatifs ; dans leurs relations avec le contexte social, politique, économique, culturel, etc. ; en comparant leurs similitudes et leurs différences dans deux ou plusieurs régions, pays, continents, ou au niveau mondial ; afin de mieux comprendre le caractère unique de chaque phénomène dans son propre système éducatif et de trouver des généralisations valables ou souhaitables ; dans le but final d’améliorer l’éducation ». L’éducation comparée fait largement appel à des compétences très diverses qui n’appartiennent pas aux seuls spécialistes des sciences de l’éducation. L’histoire de l’éducation et l’éducation comparée peuvent entretenir des liens très étroits sans toutefois se confondre. 9 Les penseurs donnent chacun sa définition, mais ces définitions s'accordent toutes pour dire que dans ce domaine l'accent est mis sur l'utilisation de données provenant de plus d'un système d'éducation. La définition de Noah et Eckstein (1969) va comme suit : L'éducation comparée est bien plus qu'une compilation de données et de points de vue provenant des sciences humaines et ensuite appliquées au domaine de l'éducation de différents pays. Ni le sujet de l'éducation ni la dimension internationale ne sont un point central dans les sciences humaines ; de plus, les sciences humaines ne concernent pas les enseignants. Le domaine de l'éducation comparée se définit comme le point de rencontre des sciences humaines, de l'éducation et des études internationales. Dominique Groux (1997, p. 117) atteste que l’éducation comparée est une spécialité qui permet, en relation avec des champs disciplinaires variés d’approcher des réalités éducatives internationales ou nationales, de les étudier par des biais de la comparaison. Dans leur contexte global, à des fins cognitives, mais aussi pragmatiques pour tenter de comprendre les problèmes rencontrés, mais aussi d’améliorer l’existant. En somme, l’éducation comparée est avant tout une démarche qui permet les rapprochements des aspects parallèles tels que l’administration, la structure de l’enseignement, à différents niveaux (international, national ou régional), autrement dit, l’éducation comparée permet un rapprochement d’objets appartenant à la réalité éducative. Les réalités en question constituent les matières des sciences de l’éducation. De ces matières certaines concernent l’action des enseignements donc relèvent de la pédagogie, (les méthodes, les contenus des cours, l’emploi de la nouvelle technologie, les évaluations des apprentissages.) et ceux qui sont externes à la classe qui sont de la compétence des décideurs, les hommes politiques. (Programme, la formation des enseignants, définition des finalités en matière de l’éducation, organisation des systèmes éducatifs,) ou ceux qui ont de ‘influence 10 directe sur l’école, (la politique éducative, le contexte économique, rôle des médias, des parents, ...) 1.2. EVOLUTION ET PROGRES DE L’EDUCATION COMPAREE a) EVOLUTION La pédagogie comparée est née spontanément, avec les observations des voyageurs. Ils ont de tous les temps, consigné de leurs impressions sur l’éducation et la culture des pays visités. XENOPHON est peut-être le premier comparatiste lorsqu’il parle du système de formation Aristocratique, guerrière, et moule des jeunes Perses en confrontant ses buts et sa structure à ceux de l’éducation Athénienne qui est plus physique et esthétique. Le Tunisien IBN KHALDOUN (1332-1406) apparaît comme un pionnier des études comparatives. Historiens sociologue et économiste, il a laissé une œuvre remarquable éditée en 1967 dans une édition au Caire où l’on lit, « l’historien a besoin de connaître la nature des choses existantes, les différentes offertes par les Nations, contrées et époques, en ce qui concerne la façon d’être, les mœurs, les usages, les sectes religieuses, les écoles et toute circonstance diverse qui influe sur la société. Il doit savoir ce qui, de tout cela, subsiste encore afin de pouvoir comparer le présent avec le passé et les conditions où se trouvent les divers lieux, distinguer les points où respectivement ils s’accordent ou se contredisent, montrer les points de ces analogies et des dissemblances » La naissance de l’éducation comparée date de 1817, l’année au cours de laquelle Marc Antoine Julien de Paris publiait l’esquisse et vues préliminaires d’un ouvrage sur l’éducation comparée. À sa naissance, cette science se préoccupait des travaux de remèdes à une éducation tant familiale, sociale que scolaire incomplète et défectueuse. Il propose de recueillir au moyen des questionnaires des renseignements sur les établissements et les méthodes d’éducation et d’instruction. De différents Etats d’Europe lesquels, résumés dans un tableau analytique, non seulement permettraient d’en déduire les principes certains et des règles déterminées pour conduire l’éducation vers les sciences positives, mais encore suggérer des comparaisons et des 11 améliorations dans tel ou tel pays. Tout au long du 19 ème siècle les progrès seront lents. Des nombreuses études furent effectuées, moins pour des comparaisons proprement dites que pour tirer des leçons d’expériences étrangères en vue d’améliorer le système national. Les premiers essais théoriques de l’éducation comparée apparaissent dans la seconde moitié du 19ème siècle. Marc Antoine Julien de Paris parlait de l’éducation comparée, cependant, beaucoup d’auteurs français lui ont préféré le terme « pédagogie comparée » de ces auteurs nous retenons Vexliard en 1967, Débesse et Mialaret en 1972. Chacun de ces termes a une signification propre qu’il convient d’examiner. La pédagogie est généralement définie comme science et art d’éduquer les enfants. L’éducation quant à elle a un sens plus large, elle désigne non seulement l’institution, mais aussi son résultat et l’ensemble du processus qui forme une personne sur tout le plan (intellectuel, moral, physique, esthétique, social...). Dans une conférence faite en 1900, MICHAEL SADLER considère chaque système éducatif comme un tout dont les éléments sont solidaires et doivent être étudiés dans un contexte global. L’auteur stipule que « l’école même n’est pas la seule ni la plus importante institution éducative. Les problèmes scolaires doivent être examinés dans leurs vraies perspectives, c'est-à-dire en relation nécessaire et constantes avec les autres formes de la culture sociale. L’éducation n’est pas une question en elle-même, elle est partie intégrante de la question sociale et la question est à grande partie de la question éthique. Dans le même contexte, l’auteur (Michael SADLER) pose une question fondamentale «Dans quelle mesure pouvons-nous apprendre quelque chose de valeur pratique de l'étude des systèmes éducatifs étrangers? En posant cette question il montre manifestement qu’on ne mène pas la comparaison entre deux ou plusieurs systèmes éducatifs pour le plaisir de le faire. Elle se fait qu’avec objectif de chercher une amélioration au sein de son pays ou de sa cité. 12 b) LE PROGRÈS En éducation comparée Le progrès vient de trois sources : De l’introduction des méthodes d’analyse quantitatives, des essors des institutions de recherche et des organismes internationaux pour améliorer les statistiques et leur comparabilité. A titre d’exemple citons quelques organismes internationaux : UNESCO : Organisme des Nations Unies pour L’éducation, Science et Culture ; OCDE : Organisme de coopération et de développement économique ; BIE : Bureau international de l’Education ; CE : Conseil de l’Europe ; OEA : Organisation des Etats Américains ; IIPE : Institution International de planification de l’éducation ; Nombreuses associations d’éducation comparée dans le monde ; Séminaires internationaux dans le cadre clé de l’éducation comparée ; Revues en nombre croissant contribuent à son avancement. De la concentration des études sur le système d’éducation tout entier que sur les problèmes précis, qui permettent la mise en œuvre de cultures, de critères, des techniques et des procédures vigoureuses, loin de débordement pléthoriques. De l’approfondissement de l’étude sur les pays du tiers-monde Noah et Eckstein (1969) quant à eux, présentent la brève évolution des méthodes comparatives en éducation. Selon eux, l’éducation comparée est née de l’observation de peuples étrangers et leur éducation pour se concentrer sur la description de systèmes d’éducation d’autres pays. Le but inhérent de ce travail était d’emprunter les stratégies ou innovations étrangères qui semblaient utiles pour les appliquer dans son propre pays. 13 La phase descriptive s’est graduellement élargie pour inclure l’observation du contexte social, politique et historique dans lequel le système scolaire a évolué. On a ensuite étudier la place de l’éducation dans le milieu social. Plus tard on a utilisé des données transnationales pour vérifier des prémisses concernant la relation de l’éducation dans la société. Dans cette optique, l’éducation comparée tente d’expliquer deux phénomènes : d’abord la relation entre les systèmes d’éducation et les institutions ; et en suite, ce qui lie le milieu scalaire à son environnement social. L’étude du premier phénomène met l’accent sur l’instruction, l’organisation, l’administration, la supervision et la finance. Lorsqu’on porte attention aux processus enseignement/apprentissage de plusieurs pays, on en apprend beaucoup sur la psychologie de l’éducation et la psychométrie. Dans la mesure où l’éducation comparée est utilisée dans le domaine pédagogique, ce sont surtout les professeurs, les administrateurs et psychologues scolaires qui ont poussé les recherches afin de tenter de comprendre et d’améliorer le rôle des écoles sur le plan de l’instruction. Cette branche de l’éducation comparée peut être appelée pédagogie comparée. Par contre, lorsque l’éducation comparée porte son attention à l’extérieur des salles de système d’éducation, les sujets d’intérêts et les données amassées empiètent dans le domaine des sciences sociales, qui considèrent parfois l’éducation comparée comme un phénomène social. Noah et Eckstein (1969) concluent que l'éducation comparée est un domaine fermement implanté tant dans la pédagogie que dans les sciences sociales. Ces champs de l'éducation comparée ont deux éléments communs. Le premier est l'intérêt porté à la forme et à la fonction de l'école et le second est l'utilité des méthodes empiriques et quantitatives. Selon Noah et Eckstein, toutes les propositions concernant l'éducation et la société n'ont pas besoin d'être traitées sur le plan transnational. Selon deux types de validations seulement, la comparaison sur le plan transnational est de rigueur. Ils soulignent que certaines généralisations ne peuvent être vérifiées à l'aide des données d'un seul pays, car les variations ne sont pas suffisantes au sein d'un seul cas. Par 14 contre, un test qui porte sur l'hypothèse qu'il y a relation entre la centralisation de l'administration scolaire nationale et le rendement des étudiants requiert inévitablement une comparaison sur le plan transnational. Si l'on ne prenait qu'un seul cas en considération, on ne pourrait que formuler un énoncé limité. Ce n'est que dans le cadre d'une recherche transnationale que des propositions formulées à l'intérieur d'une étude nationale peuvent être généralisées et affinées. Si les résultats provenant d'un pays confirment ceux d'un autre pays, ils sont alors validés. Par contre, si les résultats de cet autre pays sont contradictoires, le chercheur est obligé de revisiter ou de reconsidérer le problème étudié en tenant compte de facteurs et de cas additionnels afin d'approfondir sa compréhension du problème. 1.3. Comparaison en éducation comparée Les comparatistes ne s’adonnent pas à l’exercice de comparaison pour le plaisir de le faire. La comparaison doit être porteuse de sens et est productrice des éclairages nouveaux sur ce qui est comparé dans un contexte quelconque et est caractérisée par sa démarche et par sa finalité. La comparaison dont il est question a pour objet de dégager, d’analyser et d’expliquer les ressemblances, les différences entre deux phénomènes ou institutions. La comparaison n’a pas une raison d’être si ce n’est qu’en son apport au développement d’un système éducatif pour lequel l’étude menée. G. De LANDSHEERE, disait, l’éducation comparée se doit apporter une contribution à une meilleure compréhension internationale. En comparant les faits éducatifs appartenant à des contextes à des contextes différents, on est amené à étudier d’autres cultures. Cf Dominique Groux (1997) On parvient alors à une meilleure compréhension de sa propre culture et on découvre le relativisme. 15 L’éducation comparée est omniprésente en éducation, à tout moment, pour mieux comprendre ce que nous vivons, nous faisons appel à d’autres contextes où apparaissent des réalités, des problèmes semblables. Les problématiques étudiés sous des angles différents permettent la décentration de l’individu, une prise de recul et un changement de point de vue, qui favorisent les analyses et facilitent la compréhension. L’éducation comparée est à l’écoute des différences, elle approche chaque système chaque fait éducatif dans sa globalité. Elle en perçoit la cohérence, la spécificité, elle les relie à leur contexte, à leur histoire, à la société dont ils sont le produit. Disait Lê Thanh Khôi (1981) cf Dominique Groux (1997) Les ressemblances et les différences doivent naturellement se rapporter à des objets correspondants replacés dans leur contexte global. A cet égard, l’éducation comparée présente l’inconvénient de limiter la comparaison aux faits pédagogiques alors que le champ s’est élargi avec essor des diverses sciences qui s’y intéressent (économie, sociologie, anthropologie) et il ne s’agit plus de comparer les systèmes d’enseignement mais aussi les relations qu’ils entretiennent avec leur environnement national, mondial. Pour ainsi dire, on compare un système éducatif contre un autre système et pour cela, on compare finalité contre finalité ; objectif contre objectif ; système d’évaluation contre système d’évaluation. Ces comparaisons sont à placer dans leur contexte c'est-à-dire en situation du milieu ou du pays. Vue que l’éducation a une vue plus large, elle tient en compte les faits des autres sciences qui s’occupent de l’homme. Avant d’exercer toute comparaison, il est exigé d’observer la comparabilité des différents aspects entrant en jeux. Comparabilité : La comparabilité intervient avant de mettre en œuvre la démarche comparative, c'est une étape préalable à la comparaison. Elle fait partie des travaux de repérage, d’analyse des objets que l'on souhaite comparer. C’est dégager les variables éducatives qui pourront vraiment faire objet d'une comparaison. 16 PEDRO ROSSELLO a proposé les classifications de l’éducation comparée. Il s’agit du sujet, de l’étendue, de la nature et de l’angle. Faire de l’éducation comparée : Selon le sujet revient à comparer les systèmes d’éducation, les structures, les méthodes, les programmes, les théories ; Selon l’étendu c’est comparer l’éducation entre les villes, districts, provinces, entre les nations ou groupe régionaux des nations ; Selon la nature : c’est exécuter une comparaison descriptive ou explicative des données et rechercher les causes. Selon l’angle : c’est la comparaison des situations statistiques. Ex : la formation de l'enseignement technique aux USA avec les instituteurs au Congo. En effet, c’est une comparaison qui n'aurait pas de sens sauf si un élément de cette formation se prêterait à cette comparaison. Pour ainsi dire, on biaise la comparaison si l'on prend en compte toutes les variables, cela peut remettre en cause la comparabilité. Il faut se garder de confondre la comparabilité avec égalité, équivalence, similitudes ou parallélisme. Ex : Certains diplômes universitaires sont comparables mais ils n'ont pas les mêmes conditions d'admission, même contenu, même durée... ex : Le Bac est comparable à l'ABITUR allemand et au diplôme congolais. Comparaison : outil de l'éducation comparée, donne des démarches ou méthodes comparatives. La comparaison est propre à l'éducation comparée et à d'autres disciplines, donc la comparaison est assez naturelle et est inhérente à la pensée humaine selon Eckstein mais la comparaison n'est pas une fin en soi, c'est un instrument logique, utile dont on se sert dans un raisonnement inductif afin de résoudre un problème dans le cadre d'une recherche scientifique. La comparaison permet de ne pas se livrer à des études déjà faites dans d'autres lieux, nous sommes maintenant dans un contexte de mondialisation, les mêmes problèmes se rencontrent un peu partout et donc des travaux sont peut-être 17 menés ailleurs et il serait regrettable de ne pas chercher à en connaître les résultats. A travers l'enseignement d'ailleurs, on peut mieux comprendre ce qui se passe dans un contexte particulier. Ex : violence scolaire se manifeste différemment en banlieue parisienne, à Chinatown, ou dans une école d'Afrique du Sud. Manifestation différentes mais on peut envisager les moyens de lutter contre cette violence de façon globale car il s'agit d'un problème général, et donc on peut mettre des actions s'adaptant à chacun des complexes. 1.4. FONCTION, BUT ET FINALITE Lorsqu’on parle de la philosophie de l’éducation, on pense traditionnellement à celle que lui assignent les philosophes et les éducateurs qui sont des domaines des valeurs et des normes. Leurs réflexions ne sont pas indépendantes du milieu et de l’époque. L’étude des finalités relève de la science politique et de l’histoire sans oublier la philosophie de l’éducation. L’étude de ce fondement philosophique, permet de déterminer la signification du système d’enseignement et ses caractères particuliers. a) Fonctions de l'éducation comparée Aucun cours ne peut être mis au programme pour un certain plaisir, l’éducation comparée a une fonction considérable qui permet le développement de différents systèmes éducatifs, au niveau international, national ou régional. L'éducation comparée sert d'abord à réaliser des emprunts pédagogiques pour résoudre un problème en matière d'éducation sur le plan national. Il faut transcender les frontières afin de trouver les solutions adoptées par d'autres pays. Pour ce faire, il faut rechercher les similarités et les différences entre les nations. Dans ce cas, l'éducation comparée est utilisée afin de trouver des solutions à des problèmes que nous pouvons connaître. Entre autres, éducation des enfants de la classe marginalisée, éducation des filles et surtout des filles mères, question de redoublement des classes, l’emploi de nouvelles méthodes, etc. Plusieurs aspects de l'éducation peuvent être examinés d'un point de vue international. Par exemple, si l'on 18 se demande comment procéder avec les filles qui tombent enceintes pendant leurs études, on peut se référer aux différentes mesures prises par d'autres pays, comme la Zambie qui a implanté une politique de réintégration permettant le retour à l'école des jeunes mères dès qu'elles y sont prêtes. Dans ce contexte, l'éducation comparée est utilisée pour emprunter et adapter des idées ou des mesures dont les conséquences positives ont déjà été vérifiées dans le système d'éducation d'un autre pays pour les appliquer au nôtre, tenant compte du contexte d’application. La seconde fonction est de faciliter la planification des programmes pédagogiques, des programmes de formation, des méthodes d'enseignement et des activités pédagogiques. L'examen d'études de cas sur les différents systèmes d'éducation peut faciliter la planification du système d'éducation tant sur le plan national, qu'en ce qui concerne les activités en classe. Avant d'adopter des politiques en matière d'éducation, les décisionnaires doivent évaluer les conséquences possibles de chacune de ces politiques ainsi que les contraintes envisageables. Les études portant sur les systèmes d'éducation qui ont des problèmes similaires et sur d'autres qui ont adopté des mesures pour contrer ceux-ci fournissent de précieux renseignements sur les conséquences possibles. Les études de cas nationales peuvent contenir des données sur la gestion, la planification ou les changements de leur système d'éducation et ainsi apporter des informations cruciales dans un processus de décision sur les mesures qu'il faudrait adopter, modifier ou éviter. L'éducation comparée peut aussi servir à faciliter l'évaluation d'un système scolaire en faisant ressortir notre niveau de performance dans un secteur particulier de l'éducation et le mettre en comparaison avec les autres pays, tout en ayant le souci de prendre en considération plus que les simples résultats scolaires aux évaluations. Noah (1984) affirme que l'éducation comparée facilite l'établissement de points de comparaison. Des études descriptives provenant d'études nationales permettent d'évaluer la position d'un pays par rapport à un autre 19 concernant différent sujet lié à l'éducation. D'ordinaire, l'éducation comparée est utilisée par les responsables des politiques, les élaborateurs de programmes d'étude et les spécialistes de l'éducation. Ces derniers souhaitent habituellement élargir leur savoir en ce qui concerne les idéologies de l'éducation, les théories liées à l'apprentissage et les conséquences des différentes pratiques pédagogiques dans des contextes sociaux variés. b) Finalité Une finalité est une affirmation de principe à travers laquelle une société ou un groupe social identifie et véhicule ses valeurs. Elle fournit des lignes directrices à un système éducatif et des manières de dire un discours sur l’éducation. Les finalités explicites sont généralement énoncées dans les constitutions, les discours officiels, les lois, les plans de développement ou d’éducation. Les finalités implicites résultent de l’observation de la réalité. Entre les deux il peut y avoir un grand écart. Les finalités explicites sont à peu près les mêmes par tout. Rares sont les constitutions qui n’agissent pas à l’éducation, l’épanouissement de la personne humaine, la contribution de la démocratie, l’adaptation au changement, à l’égalité de chances... Mais il y a des finalités propres à chaque système politique même si elles ne sont pas déclarées. Les finalités sont de fois liées aux conditions historiques et culturelle du pays. Cependant, il importe de distinguer la finalité, des buts et des objectifs, trois termes souvent confondus dans le langage courant. Les comparaisons en seront plus rigoureuses car ils correspondent à des niveaux croissants du concret. Par finalité on attend l’expression la plus générale de but que se donne une société, elles sont toujours à long terme. Le but s’énonce pour des horizons moins lointains, il reste qualitatif. Les objectifs par contre, traduisent le but en termes précis, généralement chiffrés et datés pour différents ordres d’enseignement. NB. Une même finalité peut donner lieu à plusieurs buts et un but à plusieurs objectifs. Une finalité est plus ou moins permanente, dans un système scolaire donné, 20 les objectifs peuvent changer selon la conjoncture : lors qu’une tranche d’âge est entièrement socialisée, l’objectif sera dépassé pour la tranche suivante. Le rôle de l’évaluation consiste à étudier les relations cohérentes ou contradictoires qui existent entre les finalités les buts et objectifs, ainsi que l’écart entre la formulation et l’exécution dans le cadre de la comparaison des systèmes d’enseignement. En somme, la finalité de l’éducation comparée est d’éclairer les philosophes de l’éducation, le pouvoir organisateur lors de la fixation des visées éducatives, de la détermination de grandes décisions éducatives, ainsi que la détermination des certaines matières. c) But de l’éducation comparée Au centre de l’éducation comparée se trouve la préoccupation portant sur l’avenir ou le devenir de l’enseignement. L’éducation comparée poursuit donc comme but : Fournir des moyens nouveaux pour perfectionner les sciences de l’Education ; Fixer les objectifs : pour planifier ou réformer le système éducatif, il faut savoir les objectifs à atteindre et l’idéal poursuivi ; Définir le point de référence : chercher les éléments de comparaison identiques, comparer le comparable ; Créer un esprit des saines émulations : chaque nation a son système et doit aller de l’avant. Comment faire évoluer son propre système éducatif ; Hiérarchisation des problèmes : analyser les vrais problèmes, déterminer les urgences et les priorités ; Mettre en évidence la valeur de solutions proposées : déterminer parmi les solutions lesquelles sont plus pratiques que d’autres ; Mettre en relief le sens de la relativité : étudier si le programme nouveau et la tradition sont équivalents, si le programme nouveau contribue au développement de la cité. Mettre au profit les conjonctures : savoir exploiter les occasions du moment. 21 d) Objectif de l’éducation comparée : Par ce cours nous voulons montrer l'utilité et les bénéfices que l'on peut attendre de la démarche comparative dans le domaine éducatif et la nécessité absolue de mettre en place des échanges au niveau des collèges, des lycées et des universités. Une des motivations de l’Éducation Comparée au niveau individuel est de lutter contre l’égocentrisme et mieux se connaître à travers la rencontre avec l’autre. En confrontant ses propres modèles avec d’autres modèles culturels, l’individu (enfant ou adulte) va acquérir une certaine souplesse intellectuelle et le sens du relativisme culturel. Cela va l’aider à lutter contre toute forme d’égocentrisme, qui consiste à considérer que son point de vue est le bon (c’est-à-dire que l’angle sous lequel je vois le monde est le meilleur ou même le seul possible.) Ceci aboutit à la décentration c’est-à-dire apprendre chez le voisin : comment on n’enseigne autrement, pas les mêmes démarches pédagogiques, pas les mêmes objectifs, pas les mêmes examens, on ne juge pas l’école avec les mêmes critères. Etre enseignant, élève, parent suppose qu’on « mesure » les autres enseignants, élèves, parents. Dans cette perspective, la manière la plus efficace d’agir c’est de regarder d’ailleurs, de l’extérieur la situation dans laquelle on se trouve. Cela signifie qu’on doit essayer de se comprendre de l’intérieur et de l’extérieur : on ne disqualifie pas le vécu, mais pour comprendre ce vécu on a besoin de l’autre. La Philosophie de SARTRE : mise en valeur de l’altérité ; je ne peux me comprendre pleinement qu’à travers l’autre. Ce détour par l’autre pour me connaître n’en est pas vraiment un puisqu’il n’y a pas d’autre chemin. La confrontation est ma condition existentielle. (SARTRE « L’être et le néant » 1943,« Les mots »1962) 1.5. ACTEURS EN EDUCATION COMPAREE 22 Les études en éducation comparée sont menées par divers personnages entre autre : Les parents d’élèves ; Les praticiens ; Les décideurs politiques ; Les agences internationales ; les universitaires. a) Les parents d’élèves : Les parents mènent les études comparatives de façon empirique pour déterminer les bonnes écoles pour leurs enfants. Leurs études sont d’une nature empirique car de fois la comparaison faite par les parents, sont celles sur base des éléments sans importance. b) Les praticiens Parmi les praticiens nous retenons les chefs d’établissement, les inspecteurs, les chercheurs qui mènent les recherches sur base des données quantifiables en usant des méthodes scientifiques pour comparer. 1.6. L’EDUCATION COMPAREE EST-ELLE UNE SCIENCE ? L’accession de la pédagogie comparée au statut des sciences est très lente au fait des concepts métaphysiques qui y ont régné depuis longtemps. Certains auteurs étaient allés jusqu’à dire que l’éducation comparée n’existait pas qu’ elle n’est qu’une branche de la philosophie, de l’histoire ou de la pédagogie générale. Nous croyons qu’elle est ainsi considérée à tort car à mesure qu’une relation humaine devient plus complexe et met en jeu un nombre croissant des facteurs, la discipline qu’elle étudie s’approfondie et tend à se séparer de la science dont elle faisait partie et à devenir autonome soit à se constituer à l’intersection de deux sciences. Tel a été l’évolution de la sociologie ou l’économie de l’éducation. La pédagogie comparée tend vers une certaine autonomie caractérisée par le nombre d’articles, d’ouvrage des conférences, des colloques consacrés à ce 23 sujet, ainsi les nombres des problèmes qu’elle est appelée à résoudre sans oublier les méthodes utilisées dans la recherche des solutions à ces problèmes. La pédagogie comparée a ses méthodes et son objet d’étude donc elle est une science. Les échanges en éducation comparée ont pour avantage l’enrichissement réciproque entre différentes nations. Il ne suffit pas de distinguer les différences entre divers systèmes éducatifs pour cerner avec précision les champs de l’éducation comparée. Il faut par contre avoir repéré les identités, ce qui ne varie pas d’un pays à l’autre, ainsi que les préoccupations communes. Sont ainsi nommés lieux communs que l’on peut bien comparer, tenant compte de leur état de comparabilité. 1.7. LES LIEUX COMMUNS EN EDUCATION DANS LE MONDE Les lieux communs dans l’éducation sont les niveaux ou les aspects comparables des systèmes scolaires différents. Entre autres les méthodes d’enseignement et d’apprentissages, l’organisation de cursus, les examens... le fonctionnement général d’un système le caractérisent et relève de la variation. Cependant, chaque nation garde ses sources spécifiques car elles sont l’emblème d’appartenance. Les lieux communs sont dans les préoccupations fondamentales d’une éducation qui est partout, selon Durkheim, une transmission entre « les générations adultes et celles qui ne le sont pas encore. » ces similitudes sont donc des « territoires » d’apprentissage, de réalités qui définissent la fonction sociale globale d’un enseignement. De ces milieux communs nous en analysons certains. 1.7.1. La socialisation Tous les systèmes éducatifs sans exception visent à faire de l’élève un citoyen de son pays, possédant en commun avec ses semblables la connaissance des valeurs qui déterminent la cohésion sociale qui développent le sentiment d’appartenance à une même communauté. Lévi-Strauss a montré que pour saisir les spécificités d’une culture, il est indispensable de savoir quelles sont les relations avec 24 les morts, les dieux, les signes. L’aspect de l’internationalité dans l’éducation ne peut modifier en profondeur cette fonction. Elle ne peut casser les relations que tissent les systèmes scolaires. 1.7.2 La formation scientifique L’enseignement des sciences vise la formation d’un esprit scientifique par la connaissance des lois universellement établies et admises. Ceci constitue un point essentiel de toutes les institutions éducatives sur l’ensemble de la planète. Les différences se remarquent dans la méthodologie, la didactique, les techniques employées pour transmettre le savoir. 1.7.3 L’éducation aux valeurs Tout système scolaire est déterminé à transmettre les valeurs qui conduisent à la fois à vie individuelle et l’existence collective. Les valeurs ne sont pas les mêmes, mais certaines entre elles tendent à une forte densité universaliste. L’éducation comparée constitue, un instrument pédagogique essentiel du fait qu’elle rend visible à la fois l’universalité exigible et les pratiques qui ne coïncident pas avec l’affirmation de principes. C’est elle qui met en exergue que l’étranger est respectable car c’est un être humain porteur des valeurs et que celles-ci sont potentiellement partageables, même si les intéressés (élèves, professeurs, usagers) ne sont pas par hypothèse d’accord avec elles. 1.7.4. Les problème d’éthique Le concept éthique vient du latin « ethicus » qui signifie coutumes, mœurs, morale. Du grec éthos, lieu de vie, habitudes mœurs. C’est une discipline pratique et normative qui se donne pour but de dire comment les êtres humains doivent se comporter dans les interactions. Il existe plusieurs formes d’éthique selon le degré (éthique appliquée et générale), selon leur objet (éthique des affaires ou de l’informatique, la bioéthique) ou selon leur fondement qui peut être la relique, la 25 tradition propre à un pays, à un groupe social. Dans tous les cas, l’éthique vise à répondre à la question. « Quoi faire pour « Bien faire ». Certains penseurs attestent que les agissements sont gérés par trois questions fondamentales formant un triangle d’éthique. Je veux, je peux, je dois. L’éthique est une discipline qui cherche à évaluer les conduites humaines par rapport à un système de valeurs, ou des exigences de respect, de promotion de l’humanité. L’éthique est une recherche de sens : Quel sens cette décision, cet acte a pour ma vie et celle des autres ? L’éthique a une dimension subjective, elle traite du « bon » ou du « mauvais » considérés comme valeurs relatives. Elle est fonction des situations, des personnes, des habitudes. Elle est centrée sur le sujet. L’éthique traite de situations singulières, concrètes, portées par une histoire et sa signification à un moment donné, dans un contexte spécifique. C’est pourquoi en éthique il n’y a jamais de réponse préétablie, à chaque situation sa réponse propre : « qu’est-ce qui est le mieux pour cette personne en ce moment ». Mais au nom de quoi va-t-on décider si tel acte est bon ou mauvais ? Les communautés Mondiale, Européenne, Française, se sont donné des repères qui sont : des déclarations, des Conventions, des Chartes, des Codes de Déontologie.De même les grandes religions du monde donnent des repères : L’éthique a pour centre de préoccupation : l’HOMME. Elle cherche en permanence ce qui est le meilleur pour la personne. L’éducation comparée se donne la charge de mettre en équivalence les différents aspects des pratiques d’éthique dans la vie scolaire par conséquent dans la vie sociale, en vue de les comprendre, les connaître, en élucider les avantages et les inconvénients pour le bien-fondé de sa société. L’éducation comparée empêche qu’on ne perçoive pas un relativisme absolu d’éthique, mais la nécessité de contextualisation des faits selon que l’on est en tel ou tel milieu. La pédagogie comparée permet aux systèmes éducatifs la facilitation de l’intégration des visions éthique des autres sociétés vue qu’elles contribuent à un épanouissement au sein de la société. 26 1.8. ORGANISATION ADMINISTRATIVE EN ÉDUCATION COMPAREE L’organisation administrative doit être étudiée en une double distinction qui ne se recoupe pas : Entre états fédéraux et Etats unitaires ; Entre Etats centralisés et Etats décentralisés. a) ETATS FÉDÉRAUX ET DECENTRALISES Un État fédéral est un État habituellement souverain, composé de plusieurs entités autonomes dotées de leur propre gouvernement, nommées états fédérés. Le statut de ces entités est généralement garanti par la Constitution, et ne peut être remis en cause par une décision unilatérale du gouvernement central fédéral. En occurrence, les USA, l’Allemagne, la Suisse, la Belgique, le Brésil, l’Australie… En matière de l’éducation chaque état fédéré jouit d’une autonomie dans la gestion du système éducatif, ne dépend pas ou n’est pas lié du pouvoir central. Au sein des Etats Fédéraux comme aux USA, l’organisation de l’enseignement dépend pour la plupart de temps des états membres et du pouvoir central. La coordination se fait alors par les conférences des ministres de l’éducation, soit par la loi fédérale dans le domaine déterminé. L’Etat central peut influencer la politique des Etats fédérées par des subventions qu’elle leur accorde. b) LES ETATS UNITAIRES ET CENTRALISES Les Etats unitaires sont ceux dépendant du pouvoir central ou du pouvoir organisateur. Toute la nation fonctionne comme une seule province. Les provinces n’ont rien de particulier à ajouter au programme, moins encore au calendrier. C’est une forme dictatoriale dans l’exécution des situations éducatives. La centralisation est une forme d’organisation administrative érigeant une source unique de pouvoir. L’Etat est la seule source de direction. L’administration elle-même est unie au sein d’une entité car sa gestion s’effectue par les autorités de l’Etat, et non par des autorités locales. 27 1.9. LES PRATIQUES DU R0EDOUBLEMENT EN EUROPE Deux modèles s’opposent, celui des pays que l’on pourrait qualifier rapidement du Nord de l’Europe, comprenant l’Irlande, le Royaume-Uni, le Danemark, la Suède, la Finlande auxquels s’adjoignent l’Islande et la Norvège, qui pratiquent la promotion automatique, et un modèle des pays du Sud comprenant notamment l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, l’Autriche, l’Italie, la France et l’Espagne (auxquels se joint la Suisse) qui pratiquent le redoublement, au moins en fin de cycle. Le Portugal et la Grèce déclarent ne recourir au redoublement que de façon exceptionnelle. Ces deux modèles correspondent d’ailleurs à deux types d’organisation de l’enseignement obligatoire. Les pays qui permettent la promotion automatique sont des pays qui ont repoussé la différenciation des études et donc de l’âge d’orientation vers quinze ou seize ans. Dans ces pays, le passage d’une classe à l’autre au cours de la scolarité primaire se fait sans examen final et est donc systématique. Dans les pays nordiques (Danemark, Finlande, Suède, Norvège), la règle est que les enfants d’un même âge soient scolarisés ensemble tout au long de la scolarité obligatoire, ce qui permet à l’élève de suivre le même groupe de camarades du début à la fin de la scolarité. Un enfant ne peut redoubler (sauf cas exceptionnel qui aurait conduit l’enfant à être absent la majeure partie de l’année). Les élèves qui rencontrent des difficultés d’apprentissage continuent à accompagner leurs camarades mais bénéficient par ailleurs d’actions de soutien et de rattrapage, et de l’aide d’un personnel spécialisé, psychologues, orthophonistes. De la première à la septième année, l’information sur l’évaluation est donnée de façon écrite mais plus souvent oralement, lors de réunions régulières au cours desquelles participent chacun des trois acteurs –enfant, parents, enseignant. Les pratiques peuvent un peu différer d’un pays à l’autre après la septième année. Au Danemark, de la huitième à la dixième année, les parents reçoivent deux fois par an un rapport écrit relatif aux résultats de leur enfant pour les matières qui sont l’objet d’une évaluation finale ; les élèves sont alors notés sur une échelle à dix niveaux. Jusqu’à ce niveau, l’évaluation ne donne pas lieu 28 à notation. En Finlande, les résultats annuels transmis aux parents après la septième année sont notés de 4 (insuffisant) à 10 (excellent). En Suède, des tests obligatoires sont instaurés uniquement à la fin de la neuvième année, en suédois, anglais et mathématiques, évalués sur une échelle à quatre positions. Les écoles disposent de tests utilisables en fin de cinquième année auxquelles elles peuvent recourir librement. En Espagne et en France, l'évaluation n'est théoriquement sélective qu'à la fin de chaque cycle. Pour la France, l'équipe pédagogique peut décider, après consultation des parents, de prolonger (voire de réduire) d'un an la présence d'un élève dans le cycle. CHAP. II METHODES EN EDUCATION COMPAREE 2.1 Généralité 29 En éducation comparée, on fait recours à la méthode comparative pour analyser et comprendre les faits éducatifs au niveau national et international. La comparaison n’est pas un but en soi comme déjà signalé, elle est un moyen pour comprendre ce qui se passe au sein des autres systèmes éducatifs pour améliorer ou amender le système éducatif de son pays. Elle fournit de nouveaux moyens pour faire perfectionner la science. Elle doit être l’objet d’une grande rigueur pour rester efficace. 2.2. MÉTHODE COMPARATIVE Parce qu’il est question de vouloir comprendre une situation éducative en deux institution éducatives ou lieux différents, les chercheurs font continuellement recours à la méthode comparative. En effet, la comparaison fait référence à l'action de comparer plusieurs choses, comme des systèmes, méthodes, théories ou politiques liées à l'éducation, dans le but de déterminer leur force relative, leurs avantages ou leur valeur l'une par rapport à l'autre. La méthode comparative est une méthode de recherche utilisée pour cerner une question particulière, en examiner le résultat, récolté des données provenant de plusieurs cas et déterminer la valeur relative d'un cas par rapport à un autre. La méthode comparative ne se limite pas à décrire une situation, elle détermine si le phénomène trouvé dans un contexte particulier reste similaire dans un ou plusieurs autres contextes et tente d'expliquer les raisons qui les différencient. Les termes « méthode comparative » et « approche comparative » sont employés comme synonymes. La comparaison peut être qualitative ou quantitative. Lorsque la comparaison porte les chiffres, on se gardera de mener la comparaison sur base des données brutes. Il faudra d’abord prendre connaissance de manière dont ces données ont été recueillies, et faire recours au test statistique approprié pour comp arer. Cartoutes les disciplines font appel aux statistiques pour essayer de résoudre les problèmes qui se posent dans les domaines respectifs. La pédagogie comparée ne fait pas exception à cette règle. 30 La comparaison dont il est question a pour objet de dégager, d’analyser et d’expliquer les ressemblances, les différences entre deux phénomènes ou institutions. Les ressemblances et les différences doivent naturellement se rapporter à des objets correspondants replacés dans leur contexte global. A cet égard , l’éducation comparée présente l’inconvénient de limiter la comparaison aux faits pédagogiques alors que le champ s’est élargi avec essor des diverses sciences qui s’y intéressent (économie, sociologie, anthropologie) et il ne s’agit plus de comparer les systèmes d’enseignement mais aussi les relations qu’ils entretiennent avec leur environnement national, mondial. Pour ainsi dire, on compare un système éducatif contre un autre système et pour cela, on compare finalité contre finalité ; objectif contre objectif ; système d’évaluation contre système d’évaluation. Ces comparaisons sont à placer dans leur contexte c'est-à-dire en situation du milieu ou du pays. Vue que l’éducation a une vue plus large, elle tient en compte les faits des autres sciences qui s’occupent de l’homme. La comparaison et la comparabilité sont des aspects différents. Comparaison : outil de l'éducation comparée, donne des démarches ou méthodes comparatives. La comparaison est propre à l'éducation comparée et à d'autres disciplines, donc la comparaison est assez naturelle et est inhérente à la pensée humaine selon Eckstein mais la comparaison n'est pas une fin en soi, c'est un instrument logique, utile dont on se sert dans un raisonnement inductif afin de résoudre un problème dans le cadre d'une recherche scientifique. La comparaison permet de ne pas se livrer à des études déjà faites dans d'autres lieux, nous sommes maintenant dans un contexte de mondialisation, les mêmes problèmes se rencontrent un peu partout et donc des travaux sont peut-être menés ailleurs et il serait regrettable de ne pas chercher à en connaître les résultats. A travers l'enseignement d'ailleurs, on peut mieux comprendre ce qui se passe dans un contexte particulier. Ex : violence scolaire se manifeste différemment en banlieue parisienne, à Chinatown, ou dans une école d'Afrique du Sud. Manifestation 31 différentes mais on peut envisager les moyens de lutter contre cette violence de façon globale car il s'agit d’un problème général, et donc on peut mettre des actions s'adaptant à chacun des complexes. Comparabilité : La comparabilité intervient avant de mettre en œuvre la démarche comparative, c'est une étape préalable à la comparaison. Elle fait partie des travaux de repérage, d’analyse des objets que l'on souhaite comparer. C’est dégager les variables éducatives qui pourront vraiment faire objet d'une comparaison. Ex : la formation de l'enseignement technique aux USA avec les instituteurs au Congo. En effet, c’est une comparaison qui n'aurait pas de sens sauf si un élément de cette formation se prêterait à cette comparaison. Pour ainsi dire, on biaise la comparaison si l'on prend en compte toutes les variables, cela peut remettre en cause la comparabilité. Il faut se garder de confondre la comparabilité avec égalité, équivalence, similitudes ou parallélisme. Ex : Certains diplômes universitaires sont comparables mais ils n'ont pas les mêmes conditions d'admission, même contenu, même durée... ex : Le Bac est comparable à l'ABITUR allemand et au diplôme congolais. Les échanges en éducation comparée ont pour avantage l’enrichissement réciproque entre différentes nations. Il ne suffit pas de distinguer les différences entre divers systèmes éducatifs pour cerner avec précision les champs de l’éducation comparée. Il faut par contre avoir repéré les identités, ce qui ne varie pas d’un pays à l’autre, ainsi que les préoccupations communes. Sont ainsi nommés lieux communs que l’on peut bien comparer, tenant compte de leur état de comparabilité. L’éducation comparée pourrait faire avancer la recherche en éducation, l’anatomie comparée l’a fait pour la science de l’anatomie. Disait Jullien Marc Antoine de Paris (1817). La recherche en éducation comparée doit fournir de 32 nouveaux moyens pour faire avancer le système éducatif de tel ou tel niveau et contribuer au progrès de la recherche en ce domaine. Dans sa rigueur, la recherche dans sa rigueur permet de véritables analyses des faits éducatifs sans les ne simplifier ni agir en arbitraire. Pour mener une comparaison, il faut tenir compte de la comparaison et de la comparabilité signalé précédemment. Pour ce faire, le chercheur n’entreprend pas une comparaison pour le plaisir de le faire, il doit tenir compte des éléments comparés. (Ex : le nombre d’élèves, les taux de réussite, d’abandon, les méthodes employées, etc.) 2.3 QUELQUES CHERCHEURS EN EDUCATION COMPAREE Georges MEURIS (2008) atteste que nombreuses études comparatives en matière d’éducation ont été réalisées par des organisme internationaux : U.N.E.S.C.O., Bureau international de l’Éducation, (B.I.E), la Banque Mondiale… toutefois, les études comparatives ne sont pas que le fait d’organisations internationales. En effet, de nombreux chercheurs, la plupart regroupés au sein d’associations scientifiques étudient et comparent les systèmes pédagogiques en vigueur au niveau mondial, ou celui des Etats et des cultures. Il va sans dire, à part les chercheurs de renommée quiconque ayant reçu la formation adéquate, peut sans peine se donner à une telle recherche. Parmi plusieurs chercheurs nous retenons George Bereday, Brian Holmes, Noah et Eckstein a) ETUDE COMPARATIVE DE GEORGE BEREDAY. George Bereday est considéré comme l'un des pionniers dans le domaine de l'éducation comparée. Selon Kidd (1975), la méthode de Bereday est l'approche comparative systématisée la mieux connue selon laquelle un système d'éducation est considéré comme un élément à l'intérieur d'un contexte culturel. Bereday percevait l'éducation comparée comme un milieu géopolitique composé d'écoles dont la tâche est de retirer des leçons déduites à partir des variations des pratiques péd agogiques de différentes sociétés. Bereday conseillait aux spécialistes en éducation comparée de 33 se familiariser avec la culture des pays qu'ils s'apprêtaient à analyser et de se méfier de leurs préjugés personnels ou culturels. Afin de comparer les différents systèmes scolaires, Bereday a proposé une méthode en quatre étapes. 1. Description et collecte de données : Ce premier stade permet de récolter des données pédagogiques provenant de pays spécialement choisis pour l'étude et de présenter ces données sous forme de tableau et de diagrammes. Ces données doivent être présentées de façon descriptive pour en faciliter l'analyse dans les stades ultérieurs. 2. Interprétation : Cette deuxième étape vise l'utilisation de méthodes provenant des sciences sociales afin d'analyser les données récoltées précédemment. Par exemple, un chercheur pourrait utiliser le point de vue de la sociologie pour expliquer la variation dans l'attitude des élèves envers l'étude des sciences sociales. Les facteurs tirés du contexte historique, géographique, socioéconomique ou politique peuvent être utilisés pour expliquer les éléments qui ont formé le système d'éducation. 3. Juxtaposition : Les comparaisons préliminaires entre les données et les conclusions ainsi qu'entre les concepts et les principes sont utilisés pour classer et traiter les données. Les critères de comparaison sont établis lors de ce stade. 4. Comparaison : C'est le dernier stade de la méthode de Bereday. On y fusionne les données provenant d'un autre pays dans un but comparatif. De là, des plans d'action pourront ressortir. Lors de cette étape, on fait aussi des tests hypothétiques. b) Etude comparative de Brian Holmes Par sa méthode Holmes (1969) affirmait que les premiers spécialistes en éducation comparée cherchaient à appliquer des acquis provenant de différents systèmes d'éducation pour créer des réformes. Il a donc proposé une démarche de résolution de problèmes qui pourrait servir à cela, en plus de répondre aux besoins des spécialistes souhaitant avoir une compréhension théorique de l'éducation. Selon Holmes, les premiers à s'intéresser à l'éducation comparée étaient des administrateurs qui 34 voulaient améliorer leur système scolaire. Conscients du risque de mauvaises intégrations des emprunts culturels, ils ont tenté de développer des méthodes de comparaison pour s'assurer que les théories ou pratiques étrangères qu'ils choisiraient d'adopter seraient bénéfiques à leurs écoles. Ils avaient besoin d'un instrument qui leur permettrait de prévoir, à plus long terme possible, les conséquences possibles des mesures étudiées. Holmes soutenait que la démarche de résolution de problèmes était l'instrument idéal pour aborder les problématiques éducationnelles. Il disait que la démarche de résolution de problèmes présuppose un problème ou un obstacle dans le domaine étudié, et en résistant à l'acceptation de similarités superficielles, elle assure une comparaison précise des conséquences anticipées de façon réaliste. Les étapes de la démarche de résolution de problèmes en éduca tion comparée selon Brian Holmes L'approche de Holmes est une adaptation des étapes de réflexion de John Dewey telles que présentées dans son livre : How we think. Selon Dewey, lorsque l'on veut régler un problème, on détermine la validité des solutions proposées (hypothèses) en comparant nos prévisions à des événements qui ont déjà eu lieu. La vérification des hypothèses et l'explication d'événements qui ont eu lieu apportent des éléments qui peuvent servir de tremplin pour passer à l'action. Suivant cette théorie, Holmes propose les étapes suivantes : 1. La formulation du problème : C'est l'étape où le chercheur ou le spécialiste prend un problème vaguement perçu et le formule aussi précisément que possible afin de pouvoir le fractionner pour mieux l'étudier et observer s'il s'applique sur un plan universel. On appelle aussi cette étape : analyse du problème. 2. Formulation de politiques et d'hypothèses : Le processus d'analyse du problème génère plusieurs solutions possibles. À ce stade, le chercheur examine plusieurs hypothèses et politiques possibles qui pourraient aider à résoudre le problème formulé. Ces hypothèses peuvent naître de discussions sur des problématiques actuelles de l'éducation. Les chercheurs devraient considérer les valeurs sur lesquelles 35 sont bâties les hypothèses et politiques possibles et traiter celles-ci aussi scientifiquement que possible. 3. Prédictions des résultats des politiques : En utilisant l'étape de réflexion de Dewey, Holmes soutient que l'évaluation d'une hypothèse implique que les conséquences possibles dans toutes les situations possibles soient considérées et comparées avec des résultats réels. 4. Analyse du contexte physique et socioéconomique : Cette étape consiste à décrire toutes les circonstances pouvant avoir une influence potentielle sur le résultat d'une politique donnée. Pour y parvenir, le chercheur doit analyser trois catégories de facteurs. D'abord, les facteurs reliés au système normatif. Ensuite, ceux associés à la structure institutionnelle. Enfin, les facteurs liés au contexte géographique, comme le territoire, le climat et les ressources minérales. Les facteurs qui se rattachent au système normatif englobent les normes et les valeurs fondamentales d'une société, comme les croyances religieuses ou traditions, qui ont une influence sur l'attitude et le comportement des gens. Les facteurs associés à la structure institutionnelle correspondent aux institutions sociales, comme le gouvernement et le système économique, qui pourraient avoir un poids décisionnel sur les politiques adoptées. Les facteurs reliés au contexte géographique, quant à eux, incluent le climat, les ressources naturelles et toute autre condition physique qui pourrait influer sur les politiques adoptées. Ces facteurs géographiques ne doivent pas être sous-estimés, ils doivent être pleinement analysés, tous comme les autres facteurs, afin d'en faire ressortir toutes les conséquences possibles sur la politique étudiée. Holmes souligne que les études de cas sont d'une importance capitale en éducation comparée à cause de leurs descriptions contextuelles qui sont nécessaires à la formulation de prévisions. 5. Prévoir les conséquences des politiques : Cette étape englobe toutes les conséquences possibles appliquées à différents contextes. Holmes conclut que la démarche de résolution de problèmes relève de la prévoyance et tente de pousser 36 l'étude de l'éducation à un niveau scientifique, ce qui ne peut être possible qu'à travers une analyse attentive des problèmes et des contextes sociaux. c) ETUDE COMPARATIVE DE NOAH ET ECKSTEIN Les deux auteurs proposent l'utilisation de méthodes empiriques et quantitatives tirées des sciences sociales. Ils proposent la formulation d'hypothèses pour vérifier des données sur le plan transnational afin de donner à l'éducation comparée une base scientifique. Les étapes de la méthode scientifique de Noah et Eckstein 1. Identification du problème : Lors de cette étape, il faut choisir un sujet ou un problème particulier qui peut être étudié sur une base comparative. La problématique sélectionnée doit être en lien avec l'éducation et le développement social. 2. L'élaboration d'une hypothèse : L'élaboration de l'hypothèse se fait à partir de l'analyse de documents. L'hypothèse doit être claire et se concentrer sur un ensemble de données spécifiques. 3. Définition des concepts et des données : Cette étape englobe l'explication et la clarification des concepts, des données et des variables. Les concepts et les données doivent être mesurables et quantifiables. Par exemple, un concept comme celui de l'autodéveloppement doit être redéfini en données concrètes sur l'autodéveloppement pour bien servir l'étude. Il faut se rappeler que la définition d'autodéveloppement variera d'une personne à l'autre. Ainsi, dans un certain contexte, une personne pourrait identifier les facteurs suivants comme étant des données correspondant à l'autodéveloppement chez un adulte : la capacité de payer ses frais médicaux, la capacité d'acheter ou de louer une maison, la capacité de se procurer de la nourriture et la capacité à se procurer des vêtements. 4. Sélection d'études de cas : Cette étape consiste en une sélection consciencieuse de régions comparables et contenant des données utiles à l'élaboration d'hypothèses. Les 37 régions choisies doivent être analysables et contenir un nombre restreint d'études de cas pour en faciliter la gestion. 5. Collecte de données : Cette étape consiste en la collecte de données et doit tenir en considération l'accessibilité, la pertinence et la fiabilité des données, les obstacles qui pourraient empêcher la collaboration des sources et les problèmes de communication en termes de distance et de langage. 6. Manipulation des données : Cette étape est celle de la comparaison des données quantifiables et systématiquement organisées provenant de différents pays. 7. Interprétation des résultats : Lors de cette étape, il faut déterminer la relation entre les données recueillies, les hypothèses élaborées et la pertinence des données pour en tirer des conclusions. En somme, qu’elle soit comparative quantitative ou qualitative, nous constituons les différentes étapes comme suite : 1) Constat fait sur des observations faites sur un système éducatif. Le chercheur explicite ce qui lui fait problème. En d’autres termes fixation de la problématique qu’on finit par une ou deux questions ; 2) Détermination de l’hypothèse ou réponse provisoires ; 3) Fixation du champ d’investigation. Les investigations se réalisent sur un sujet identique mais sur deux terrains afin de réaliser ladite comparaison ; 4) Collecte des données sur les deux champs, suivie de leur traitement ; 5) Interprétation des résultats ; 6) Formulation des recommandations. 7) Publication de la recherche. CHAP. III PROBLEMES EN EDUCATION COMPAREE 3.0. PREAMBULE 38 La vie d’une science tient au fait que celle-ci est confrontée à plusieurs difficultés, des problèmes. Les nouveaux problèmes permettent à se poser des questions et rechercher les moyens ou des solutions plausibles. La tranquillité est l’indice du non progrès ou le dépérissement d’un domaine du savoir. En pédagogie comparée comme dans d’autres sciences, les problèmes ne manquent pas, mais il convient à dénicher les vrais problèmes des problèmes imaginaires. Ainsi pour parvenir à une solution, il convient à poser des vraies questions car une bonne question permet de prendre d’une vue l’ensemble du problème. La pédagogie comparée permet d’examiner comment les principaux problèmes de l’éducation se posent dans différents pays, en analysant les solutions proposées ou expérimentées en espérant faire de bonnes découvertes. Les principaux problèmes sont de quatre ordres à savoir ordre politique, économique, social et pédagogique. Malgré leur catégorisation, ces problèmes ne sont pas exclusifs. 3.1. PROBLEME DE MONDIALISATION Le développement technologique a conduit différents pays à s’unir, à développer le système commun dans certains domaines, pour faciliter la circulation des biens et des services. Les distances sont écourtées par l’invention des instruments de communication à longue portée, le moyen de transport à grande vitesse, etc. font que le monde devient un village planétaire. Pour ce faire, la mondialisation désigne une nouvelle phase planétaire des phénomènes économiques, sanitaire, financiers, écologique, culturels et éducative. Etymologiquement, le concept mondialisation vient du latin « mundus » univers. La mondialisation est le processus d’ouverture de toutes les économies nationales sur un marché devenu planétaire. Elle est favorisée par l’interdépendance entre les hommes, la libéralisation des échanges, la délocalisation des activités, la fluidité des mouvements financiers, le développement des moyens de transport et de télécommunication. (http://www.toupie.org du 24/08/2009.) 39 Selon la conception unitaire, la mondialisation évoque la notion d’un monde uni, d’un monde formant un village planétaire, un monde sans frontière. Ceci dans une approche géographique, idéologique ou économique. Parler de l’unification du monde signifie que l’on parle de l’interpénétration des cultures, des technologies, des économies et des modes d’éducation. Mondialisation et éducation La mondialisation étant un phénomène économique et financier, il se traduit essentiellement des mouvements des biens et des services, des mains -d’œuvre, de technologie à l’échelle internationale. Ce phénomène influence les différents aspects de la vie. Au sein des sociétés, l’internationalité des industries modifie le mode de vie. Pour cela, la mondialisation apporte des exigences nouvelles au domaine de l’éducation. Chaque société est invitée à former les jeunes pour qu’à leur tour, ils forment efficacement les autres selon les niveaux. Parvenir à former les jeunes capables de trouver de l’emploi dans les entreprises, ou créer eux-mêmes des sources de revenue n’est pas chose facile. Raison pour laquelle, chaque société ou chaque nation est appelée à repenser sa façon de former des enseignants, selon qu’ils interviennent à des niveaux différents surtout ceux du niveau universitaire. L’éducation devient une question à la fois universelle et nationale. Donc, il faut avoir une philosophie éducative clairement définie. La mondialisation influence sans conteste l’éducation, les concepteurs ne mettront pas en place le programme pour former les sujets étrangers à leur société, car les enfants à former seront une réponse aux besoins de la société. Une fois de plus, Philippe Perrenoud dit que « même si nous allons vers une société planétaire dominée par quelques grandes puissances, les finalités de l’éducation restent une affaire nationale. Les pensées et les idées peuvent traverser les frontières, mais ce sont les Brésiliens qui définiront les finalités de l’école Brésilienne et formeront les enseignants en conséquence. ». La manière dont les pays industrialisés luttent pour s’adapter au rythme et exigences de la mondialisation d’une part et de l’autre les pays pauvres malgré les 40 écarts qui s’élargissent tentent de s’accrocher aux exigences de la mondialisation. C’est ainsi qu’il y a de quoi d’affirmer qu’il y a lieu d’affirmer qu’on peut comparer selon le bloc, certains aspects de l’éducation. La détermination de la langue d’enseignement : dans quelle langue doit-on enseigner pour permettre aux apprenants de mieux saisir les enseignements étant donné que les pays africains se caractérisent par plusieurs langues. La manière dont les grandes nations ont réussi à mener les éduqués vers les objectifs peut faire l’objet d’une étude comparée, pour parvenir à une amélioration du système éducatif. 3.2. PROBLÈME D’ORDRE POLITIQUE Le terme « politique » est à comprendre ici comme énoncé général ou énoncé des principes indiquant la ligne de conduite adoptée par un organisme privé ou public, dans un secteur donné, pour la gestion de ses affaires. C’est l’ensemble des ambitions, des principes et des objectifs fournissant la base de la planification détaillée et de l’action effective, constituant le guide de la prise de décision. La politique éducative concerne l’éducation qui est l’ensemble de valeurs, de concepts, de savoirs et de pratiques dont l’objet est le développement de l’être humain et de la société. Au sens large la politique éducative s’entendrait comme la vision globale qu’un pays donne à son système éducatif à court, moyen et long terme. Cette vision concerne l’ensemble des facteurs qui entrent en ligne de compte pour la production du « bien éducatif ». Autrement dit, la politique éducative est celle qui permet de traduire les objectifs politiques en matière d’éducation en programme d’action en assurant un suivi et un pilotage continu et évaluation systématique des résultats. En effet, dans la mesure où les finalités, but et objectifs sont définis, la façon dont le programme est réformé, expérimenté, généralisé, évalué de façon continue, ces éléments seraient intéressants d’être comparés pour constater les ressemblances et les différences selon les pays. La mise en œuvre de la politique éducative se traduit 41 par des « textes officiels » publiés selon différentes terminologies entre autres loi cadre, décret, arrêtés, circulaires, instructions officielles, etc. La loi cadre se borne à poser des principes généraux et laisse au gouvernement le soin de le développer en utilisant son pouvoir réglementaire. Les décrets sont des décisions du pouvoir gouvernemental dont les effets sont semblables à ceux de la loi. Le décret est l’apanage des Ministres. Décision exécutoire à portée générale. Les programmes : ensemble d’instructions nécessaires pour atteindre les objectifs d’une politique éducative ; Les circulaires : instructions de services écrites adressées par une autorité supérieure à des agents subordonnés en vertu de son pouvoir hiérarchique. Destinées à guider l’action des fonctionnaires et agents dans l’application des lois et règlements ; Instructions officielles : ensemble des textes régissant la mise en œuvre d’une politique éducative ; Notes de service : informations, instructions communiquées au sein d’un service. Ces différents aspects peuvent faire l’objet de comparaison selon les pays avec l’ambition d’améliorer son propre système éducatif. En effet, le système éducatif qui ne parvient pas à déterminer, à formuler et expliciter d’une manière nette et cohérente sa politique éducative produit les sujets peu performants, non bien formés pour prendre en charge la société. La politique éducative détermine les moyens et les finances en termes de « budget » alloué à l’éducation. La formation des formateurs, l’orientation aux différentes études et l’emploi des jeunes finalistes à différents niveaux. Programmation de l’accueil des écoliers, dont le nombre est croissant, « démographie » 42 Le type d’administration en vigueur, centralisée ou décentralisée, déterminant les avantages et les inconvénients. Participation à l’éducation internationale : Déterminer en quelle mesure le système éducatif de différents pays s’intéressent à ce qui se passe ailleurs, quelles sont leurs rapports avec les organismes internationaux ? La politique éducative est la vision d’un pouvoir organisateur en vue de développer le système éducatif au sein d’une nation. Elle s’inscrit dans le programme politique que présente le Président de la république le Chef de l’Etat, c’est lui qui en trace les grandes lignes lors de son discours d’investiture. Elle est influencée par certains déterminants susceptibles d’une analyse approfondie, parmi ces déterminants citons : Niveau économique (développement, finance, état des routes) ; Niveau social (analphabétisme, chômage, famille nombreuse, exode rural, urbain…) Niveau technologique : (imprimerie, maison d’édition, industrialisation de différents domaines d’exploitation) Niveau démographique : (augmentation de la population, comment la prendre en charge, surtout au sein des pays pauvres.) Niveau idéologique : (opter pour le capitalisme, le libéralisme, la démocratie, la dictature) La détermination de la finalité, des objectifs en éducation est un acte particulièrement politique car la recherche de comment les atteindre, la planification et l’orientation vers les différentes filières selon les attentes de la société relève de l’ordre politique. La politique éducative devient un problème en éducation comparée, elle détermine l’implication des hommes politique dans la conception et l’exécution de la vision éducative. Celle-ci devient l’objet des comparaisons. Des questions portent sur la législation scolaire, les réformes, le budget alloué à l’éducation, les salaires, les 43 évaluations des apprentissages… La politique éducative devient un problème au sein des pays pauvres où les politiciens n’ont pas des visions éducatives ou d’intérêt à l’éducation. NB. La politique éducative au sein d’un établissement scolaire, est la manière dont le chef d’établissement, le personnel, les parents prennent part aux activités de formations et déterminant ainsi la vision de ladite formation. Ainsi définie la politique éducative peut faire l’objet de différentes études comparatives. 3.3 PROBLÈME D’ORDRE ÉCONOMIQUE Etymologiquement, l'économie est l'art de bien administrer une maison, de gérer les biens d'une personne, puis par extension d'un pays. Plus généralement, l'économie est une science sociale qui étudie la production, la répartition, la distribution et la consommation des richesses d'une société. Le principe général qui sous-tend l'économie, en particulier pour les ressources limitées ou rares, est celui de la rentabilité. Elle consiste à consommer un minimum de moyens en vue de réaliser un maximum de profits. La définition de l'économie n'est pas consensuelle. Ses contours et son contenu varient en fonction des auteurs et des courants de pensée. Parler des problèmes d’ordre économique dans l’éducation, revient à traiter des questions de budget alloué à ce secteur, de l’équipement, et construction des écoles, du paiement du personnel, bref c’est la question de la planification de l’enseignement. Ces réalités sont différemment vécues selon les différentes nations. De ce fait, elles peuvent faire l’objet d’une étude comparative dans le souci d’améliorer les conditions économiques dans son propre pays. 44 3.4. PROBLÈME D’ORDRE SOCIAL L’école est le moyen par excellence pour répondre aux attentes de la société. Il est à savoir que chaque société a ses propres problèmes, pour ce faire les écoles y répondent différemment, selon les réalités propres à chaque nation. La première préoccupation de l’école est d’instruire la population pour ainsi lutter contre l’analphabétisme. Ainsi on parle de la démocratisation de l’enseignement, ce terme désigne la massification de l’accès à l’éducation. Il existe 4 formes spécifiques de démocratisation à savoir la démocratisation quantitative, qualitative, uniforme et la démocratisation ségrégative. a) Démocratisation quantitative : celle-ci fait référence au nombre croissant des sujets passant par l’éducation l’instruction. Elle fait allusion à la question à la démographie. b) Démocratie qualitative : Antoine Prost, atteste que la démocratisation qualitative consiste à rendre le destin scolaire des élèves moins dépendant de leur origine sociale. Il s’agit de facilité l’accès de la culture aux sujets selon leurs aptitudes, alors que la situation de la fortune familiale les en écarte. C’est donc orienté les apprenants non selon les niveaux financiers de la famille, plutôt de mérite des élèves eux-mêmes. c) Démocratie uniforme : on constate que le nombre considérable d’élèves poursuit des études jusqu’au bout du cycle, cette évolution a bénéficié de manières plus ou moins semblables à tous les milieux sociaux. d) Démocratie ségrégative : malgré que l’accès aux études est facilité pour plusieurs, sans tenir compte de leur origine, il convient de constater que les problèmes des inégalités s’est simplement déplacé vers la sortie de la formation. Certaines filières ont plus des candidats que d’autres. Ces inégalités inter-filière s’expliquent par le fait que certaines filières ont plus d’avantages que d’autres. La raison d’être de l’éducation comparée en de telles circonstances, revient à mener des études comparatives, pour voir comment les différentes nations ont pu démocratiser l’enseignement et comment elles ont maîtrisé les variantes de la 45 démocratisation de l’enseignement, selon que l’on appartient aux pays riches, ou aux pays économiquement en difficulté. 3.6. PROBLÈMES D’ORDRE PÉDAGOGIQUE Les problèmes pédagogiques sont les plus nombreux, mais ils constituent un reflet de la philosophie de l’éducation qui est un chapitre de la science politique. Celle-ci dicte les objectifs, pourvoit aux moyens financiers, etc. La contribution pédagogique dans la solution des problèmes éducatifs s’avère indispensable afin d’éviter les résultats chaotiques. Quelques problèmes pédagogiques Les réformes de l’enseignement : l’allure avec laquelle évolue différents domaines de vie oblige le système scolaire à s’actualiser. La vision de la politique éducative ne souvent pas la même que celle de spécialistes en éducation. Les décideurs voient cela d’une vision plus large, tandis que les finalistes les voient d’une façon plus restreinte. La façon dont chaque nation s’y prend pour réformer le programme de formation dépend de la politique éducative en vigueur, de moyens financiers à la disposition du système éducatif, du niveau de suivi pour évaluer le programme en question dépend d’une nation à l’autre. Il convient de savoir les critères logiques sur lesquels se base une nation pour réformer, fixer les horaires de cours, déterminer les ouvrages nécessaires. La formation des enseignants, l’inspection des écoles ; La langue d’enseignement ; L’apport de l’enseignement préscolaire ; Les examens et concours, quel est le bon système pour valider la passation des classes de façon efficace ; Le recyclage, la formation permanente ; Le financement de l’éducation ; L’orientation scolaire et professionnelle ; La rééducation ; 46 La délinquance juvénile ; L’éducation des adultes. En somme, la pédagogie comparée aura pour tâche de rechercher et formuler les problèmes de l’éducation. Déterminer lesquels sont fréquents dans différents pays et sous quelle forme ils sont envisagés, comment sont-ils abordés, quelles sont les solutions et méthodes proposées en vue de leur faire face. Cette problématique comparée de l’éducation nous permettra de constater la température générale ou mondiale des problèmes éducatifs. CONCLUSION GENERALE L’apport de l’éducation comparée est à la fois informatif et pratique. VANISCOTTE (2003) cité par MEURIS, stipule que dans un premier temps, l’éducation comparée permet une approche cognitive des grandes questions qui relèvent de l’éducation et aboutit à la connaissance des causes. Elle ouvre ensuite la voie aux propositions capables de répondre à ces questions. Si l’on disposait des nombreuses données quantitatives et qualitatives et suite à des analyses scientifiques et à leurs interprétations, l’éducation comparée aboutirait à de meilleures compréhensions des problèmes, ce qui l’autorise à proposer des politiques et des stratégies concrètes en vue de valoriser l’éducation à l’échelle locale, internationale ou mondiale. Dans cette perspective, on ne peut pas opposer la recherche conceptuelle et la contribution au débat politique ou à l’aide à la décision. Sans oublier la dimension éthique : « accroître l’équité des systèmes éducatifs, favoriser l’adhésion à des valeurs fondamentales communes et le respect de la diversité culturelle, promouvoir l’esprit de tolérance et une meilleure compréhension entre les peuples » Ainsi l’éducation comparée revendique-t-elle bien plus qu’une dimension utilitaire qui considère les autres systèmes éducatifs comme des modèles empruntables dans le but de valoriser le sien. Elle a aussi pour vocation d’approcher, 47 pour mieux les comprendre, les valeurs éducatives promues par d’autres systèmes et d’aboutir à la rencontre des individus accueillis dans leurs caractéristiques propres. A la fois chemin de connaissance et de compréhension, ouverture à l’altérité dans le respect mutuel, l’éducation comparée peut dispenser une culture de la comparaiso n vraiment humaniste. Vue que plusieurs horizons du système éducatif congolais sont jusqu’ici vierges d’études, l’éducation comparée est d’une grande importance pour l’équilibre d’une nation passant par l’efficacité de son système éducatif. Le monde étant devenu village planétaire, les influences entre nations à différents niveaux ne sont pas négligeables. L’éducation comparée apporte la cohésion, un sens à tous ces rapprochements, rationaliser les interprétations venant desdites comparaisons, de proposer la mise au points des outils nécessaires pour rendre efficace l’éducation pour tous, analyser et comprendre les problèmes éducatifs. Au sein du système éducatif congolais, les études en éducation comparée pourraient- être orientées vers plusieurs sujets tels que : 1. La mise au point de différents programmes d’enseignement ; 2. Equipement des institutions éducatives ; 3. Sens et pratique de l’orientation scolaire ; 4. Renforcement de partenariat entre les instituts supérieurs et universités ; 5. Etudes sur l’engagement du personnel enseignant à différents niveaux, rémunération, la pension. 6. Analyse des contenus d’enseignement universitaire… 48 Bibliographie André KASPI, François DURPAIRE, Hélène HARTER, Adrien LHERM, La civilisation américaine, Paris, Presses Universitaires de France, collection quadrige, 2004, (ISBN 2130543502) Claude Levi Alvares et MANABU SATO, Enseignants et écoles au Japon, Maison Neuve et LAROSE, Paris, 2007 Claude Lévi ALVARES, Le collège, un compromis de logiques multiples in Annales de la Société franco-japonaise de recherches sur l'éducation, SaintEtienne 1998 (b), pages 81-104 Dominique Groux L'éducation comparée : approches actuelles et perspectives de développement in Revue Française de la pédagogie n°121 1997. P. 111-139. Fréderic Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006, (ISBN 2070779319) Marie-Paule MASSIANI-Fayolle, Vie politique et société américaines, Paris, Presses Universitaires de France, collection Que sais-je ?, 1999, (ISBN 2130504477) MEURIS Georges, L’éducation comparée, pour faire connaissance, in Revue généraliste de recherches en éducation et formation. Num. inédit. 2008