L’« école des relations humaines » et la question de la motivation
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travaux de ces auteurs, alors que celle de « mouvement » en acte la disparité relative,
tout en essayant de les relier par sous-ensembles. Cette « école des relations humaines »
est corrélative de l’« école classique » sous l’idée d’un autre prisme plutôt que celle
d’une « réaction – opposition » dans la mesure où il est essentiellement question de
comportement et de la quête de déterminants de ce comportement et donc d’action
organisée plus que de structure organisationnelle, en particulier la division du travail et
la spécialisation fonctionnelle, mise en avant pour qualifier l’« école classique ». A une
théorie de l’« agent organisationnel conditionnable » de l’ « école classique »,
correspond ici une théorie de l’« agent organisationnel motivable ». Les apports de cette
« école » ont fondé les travaux concernant deux des questions de l’Organizational
Behavior : celle de la motivation et celle du leadership. Ils ont également scellé les
bases de celle de l’apprentissage organisationnel et de celle du changement
organisationnel.
Ils sont aussi à l’origine du développement de méthodes sur deux registres : celui de la
« recherche – action » qui va fonder les démarches de recherche comme celles de
consulting, et celui de méthodes expérimentales ayant débouché sur la mise au point de
batteries de tests et d’une conceptualisation sur la construction et l’animation de groupes
de travail. A ce titre, les travaux de ces auteurs – et ils l’affirment parfois avec force –
relèvent d’une attitude positiviste ayant joué un rôle important dans la construction du
main stream en sciences de gestion.
Il aurait été possible de classer les auteurs de ce chapitre selon un autre prisme en
distinguant les auteurs d’un courant participationniste (cf. K. Lewin) des auteurs d’un
courant interactionniste (cf. les auteurs de la dissonance cognitive), mais c’est en
définitive une approche chronologique qui a été adoptée.
Il faut remarquer la présence d’auteurs ayant émigré d’Autriche et d’Allemagne avant
la Seconde guerre mondiale, auteurs ayant été influencés par les catégories de l’« Ecole
de Vienne » ou « Cercle de Vienne » fondé par un groupe de scientifiques et
philosophes autour du philosophe M. Schlick (avec, par exemple K. Gödel, K. Menger,
R. Carnap et V. Kraft), « école » ayant eu des correspondants à Berlin. Le « Cercle de
Vienne » publia en 1929 un manifeste, La conception scientifique du monde1 où il
expose ses thèses principales : il n'existe pas, comme le prétend E. Kant, de jugement
synthétique a priori, la métaphysique ne peut donc être une science. Par ailleurs, tout
énoncé est soit analytique (des propositions logiques et mathématiques, réductibles à
des tautologies et n'apprenant rien sur le monde, car elles sont vraies par la signification
des termes qui les composent), soit synthétique a posteriori, et donc vérifiable par
l'expérience. L'empirisme logique divise les énoncés des théories scientifiques entre «
expressions logiques » (qui rassemblent les liens logiques et les quantificateurs, donc
partagés par toutes les sciences) et « expressions descriptives » (spécifiques à chaque
science). Les expressions descriptives se divisent en « langage observationnel » (c’est-
à-dire la dénomination attribuée aux entités observables) et « langage théorique » (qui
comporte des termes désignant des entités difficilement, voire non observables). C’est
pourquoi cette perspective est aussi qualifiée de « programme physicaliste »2. Il est
1 Cercle de Vienne, La conception scientifique du monde, in A. Soulez (Ed.), Manifeste du Cercle de
Vienne et autres écrits, PUF, Paris, 1985 (Ed. originale : 1929)
2 L. Kolakowski, La philosophie positive, Denoël & Gonthier, collection « médiations », Paris, 1976, p.
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