AUTOCONVERSION ET RÉORIENTATION COMPLÈTE - DAVID CARSE

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AUTOCONVERSION ET
RÉORIENTATION COMPLÈTE
DAVID CARSE
‘’Même si tout le monde désire le bonheur, la majorité des gens souffrent de tragiques
méprises concernant ce qui le confère.’’
- Roger Walsh
‘’Si jamais je cherche encore après ce que désire mon cœur, je ne chercherai pas plus loin
que mon propre jardin, parce que si cela ne s’y trouve pas, je ne l’ai jamais réellement
perdu, pour commencer.’’
- ’Dorothy’’ dans le Magicien d’Oz
N’est-il pas intéressant que la Déclaration d’Indépendance américaine cite la vie et la liberté
comme ‘’droits inaliénables’’, mais pas le bonheur ? La ‘’poursuite du bonheur’’, certes, mais
pas le bonheur lui-même. Il semblerait que ceci soit une reconnaissance que personne ne
possède un droit inaliénable au bonheur, mais uniquement celui de passer sa vie et sa liberté à
le pourchasser. On dirait qu’un certain facteur de frustration est inclus là-dedans, pas vrai ?
Cette question du bonheur s’avère être très, très simple. Le bonheur est votre état naturel. La
seule raison pour laquelle celui-ci n’est pas toujours expérimenté, c’est à cause des couches et
des barrières qui sont érigées et constamment maintenues. Ce n’est qu’affaire de les laisser
partir et non d’obtenir ou de gagner quelque chose de nouveau. Voici le secret : Croire que la
‘’poursuite du bonheur’’ soit rechercher quelque chose de neuf ou de nouveau qui vous rendra
heureux est condamné et voué à la frustration éternelle, puisque c’est regarder dans la
mauvaise direction.
‘’Pourquoi êtes-vous malheureux ? Parce que 99,9 % de tout ce que vous pensez et faites,
c’est pour vous-même – et ce ‘’vous-même’’ n’existe pas !’’ (Wei Wu Wei)
Comme d’hab, il règne une pensée confuse autour de ce sujet qui rend la compréhension
d’autant plus difficile. Même si le bonheur possède une forte connotation positive pour les
chercheurs spirituels et le plaisir, une connotation plus négative, les définitions du
dictionnaire suggèrent que des sensations similaires sont à la base des deux. Pour nos besoins,
il peut être utile de définir ces concepts avec un peu plus de clarté.
Le plaisir fait partie du cycle du désir. Le plaisir est la sensation qui se produit, quand un désir
est satisfait. C’est l’expérience de libération, le ‘’aaahhhh’’ qui est expérimenté, quand le
désir est satisfait et quand il cesse. Ce plaisir est en soi très désirable et addictif. Il y une
agitation (nervosité, fébrilité, ébullition), une irritation (contrariété, impatience) et une anxiété
(tension) qui accompagnent ce désir, suivies par un bref instant de plaisir au moment de sa
satisfaction. Chaque organisme corps-esprit est programmé et conditionné différemment,
aussi les spécificités seront différentes dans chaque cas, mais fondamentalement, tout ce qui
est trouvé pour produire, pour provoquer cette sensation de libération et de plaisir sera ce qui
est désiré, puisqu’au bout du compte, c’est le plaisir libérateur du désir satisfait qui est désiré.
La nature du plaisir est telle que c’est une libération provisoire, la sensation du plaisir étant
perdue presqu’aussi rapidement qu’elle est trouvée, alors que le cycle du désir une fois
satisfait se répète immédiatement.
Comme beaucoup l’auront découvert, il n’y a aucun moyen de sortir de ce cycle suivant ses
propres termes, c’est pourquoi l’enseignement bouddhiste a toujours mis l’accent sur la
cessation du désir lui-même. Mais comment le corps-esprit peut-il simplement s’arrêter de
désirer et qu’est-ce que cela a à voir avec le bonheur ?
La ‘’poursuite du bonheur’’ se fonde principalement sur l’idée subliminale que le bonheur est
un plaisir qui n’en finit pas à tout le moins, pas aussi rapidement, ce qui aboutit à une
méthode de recherche du bonheur qui n’est réellement qu’une affaire d’augmenter la mise
initiale sur le désir : si seulement j’avais ceci ou si seulement ceci arrivait, alors je serais
heureux ! C’est une version idéalisée et magnifiée du cycle désir/plaisir qui est condamnée au
même sort, le bonheur durable ne pouvant survenir que s’il y a une réorientation complète
avec sortie totale du cycle désir/plaisir.
‘’Tout ce que vous voulez, c’est être heureux. Tous vos désirs, quels qu’ils soient, sont une
aspiration au bonheur. Vous vous voulez essentiellement du bien. Le désir n’est pas
mauvais en soi. C’est la vie elle-même, le besoin de grandir en connaissance et en
expérience. Ce sont les choix que vous opérez qui sont mauvais : vous imaginer que des
bagatelles ou des bricoles, comme la nourriture, le sexe, le pouvoir ou la célébrité vous
rendront heureux, c’est vous tromper vous-même. Seul quelque chose d’aussi vaste et
d’aussi profond que votre Soi réel peut vous rendre réellement et durablement heureux.’’
(Nisargadatta Maharaj)
A un moment donné de notre vie, nous avons tous connu l’expérience d’être heureux. Ce peut
être difficile à décrire, mais quelque part, nous connaissons tous, d’une manière ou d’une
autre cette expérience, même si elle fut fugitive et rare. Sinon, nous ignorerions à quoi elle
ressemblait et nous n’en n’aurions pas la nostalgie. Souvenez-vous d’un moment où vous
avez été réellement heureux. Il peut s’agir d’une période de votre vie ou d’un simple instant
fugitif où vous avez ressenti le surgissement, la béatitude et la paix du bonheur authentique. A
cet instant et peu importe à quoi aurait pu encore ressembler ce bonheur, n’y avait-il pas une
part de celui-ci, un élément constitutif de cette expérience d’être heureux qui donnait cette
impression : ‘’C’est parfait ! Rien ne doit être différent. Tout est juste bien, tel qu’il est’’ ?
C’est une composante essentielle de l‘expérience du bonheur et c’est ce que nous ne faisons
qu’entrevoir dans le plaisir momentané d’un désir satisfait avant que cette satisfaction ne
repasse au désir : l’expérience qu’il ne faut rien changer, que rien ne doit être différent. Ceci,
ici et maintenant, est parfait ! Combien de fois, quand quelqu’un expérimente le bonheur,
déclare-t-il spontanément : ‘’Oh, c’est parfait !’’ Même l’expression populaire, ‘’C’est le top
du top !’’ ou le summum bonum implique qu’il n’y a rien à ajouter, que rien ne doit être
différent de ceci, maintenant.
C’est ici où le sujet du bonheur devient très simple. Il ne s’agit pas d’acquérir quelque chose
de nouveau, mais simplement de laisser tomber la barrière que nous érigeons perpétuellement
avec sa poursuite. S’il peut y avoir un simple retournement, un choix de sortir du cycle désir-
plaisir en sachant simplement que c’est parfait maintenant, ici, la manière dont sont les choses
et que rien ne doit être un tant soit peu différent, s’il peut y avoir plus que juste le dire, plus
que juste le croire, mais vraiment le savoir dans son cœur, alors le bonheur est simplement
présent.
Quand ceci arrive, il y a une transformation de la vie d’une expérience de peine, d’irritation,
d’incomplétude ou de frustration en une expérience de bonheur et il est découvert que ce
bonheur est inébranlable. Il ne dépend pas du fait que quoi que ce soit soit accompli, ni d’une
quelconque évolution, ni de quoi que ce soit qui soit d’une quelconque manière différent de
ce qu’il est et il n’est pas non plus ébranlable par la peur que quelque chose ne change,
puisque de toute façon, il y a l’acceptation de ce qui est.
La signification littérale du mot grec ‘’metanoesis’’ (traduit par ‘’conversion’’ dans la Bible
chrétienne), c’est ‘’changement d’esprit’’. L’expression anglaise ‘’I changed my mind’’ ne
veut pas dire la même chose. Elle signifie que mes pensées ont changé. Je pensais ceci, mais
maintenant, je pense différemment. Le même esprit avec des pensées différentes. La
metanoesis ou transformation de l’esprit, c’est quelque chose de différent. Le terme sanskrit
est ‘’paravritti’’ et signifie la même chose : soit un retournement vers le niveau le plus
profond du cœur ou de l’esprit.
‘’Il y a juste un regard dans la bonne direction, une orientation de l’esprit. La paravritti ou
metanoesis n’est que cela, sans nul doute.’’ (Wei Wu Wei)
C’est là où le bonheur réside : dans la réorientation de l’esprit qui permet de regarder dans la
bonne direction. L’acceptation de ce qui est. Votre état naturel.
Après, les désirs surgissent encore. Ceux-ci font partie du Rêve, du fonctionnement du corps-
esprit. Il n’y a aucun besoin que les désirs eux-mêmes ne s’arrêtent, en tant que tels. Mais
comme il est su que rien n’a besoin d’être différent de ce qui est, rien ne doit être poursuivi.
Le plaisir et la douleur se produiront de temps à autre, mais comme rien n’a besoin d’être
différent, il n’y a aucune tentative pour rechercher ou pour éviter ces expériences. Et donc, le
désir n’est pas pris à cœur, ni affirmé, ni fait sien. Il est simplement là et il est expérimenté
comme faisant partie du Rêve.
Et pendant tout ce temps-là, il y a un sentiment constant de bien-être, de bonheur inébranlable
et de savoir profondément que tout va bien. Ceci est parfait, juste OK. Rien n’a aucunement
besoin d’être différent de ceci, maintenant.
(Référence : David Carse : Perfect inner stillness)
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La traduction complète du livre est gracieusement et gratuitement disponible sous le titre ‘’Un silence
éclatant et parfait’’, NDT.
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