Un xanthélasma et des xanthomes tubéroéruptifs sont présents
associés à des xanthomes des plis palmaires et plantaires
caractéristiques. L’obésité est fréquente. Le pronostic est réservé
en raison d’une artériosclérose.
Hypertriglycéridémie de type IV
Type IV majeur. Sa fréquence est de 0,3 % dans la popula-
tion générale, souvent difficile à distinguer des hypertriglycéri-
démies associées à l’obésité, le diabète, l’alcool. Il est transmis
sous le mode autosomique dominant (dans 1/10
e
des cas) mais
est le plus souvent polygénique. Il est caractérisé par une
augmentation des VLDL. Le sérum est lactescent. L’hypertrigly-
céridémie entre 2 et 6 g/l et s’accompagne souvent d’une
élévation du cholestérol. Il est découvert soit de façon fortuite,
ou soit devant un syndrome douloureux abdominal. L’examen
clinique met en évidence une obésité et une hépatosplénomé-
galie associées, un diabète et une hypertension artérielle.
L’apparition de xanthomes de type éruptif est souvent secon-
daire à une aggravation de cette affection (déséquilibre de
diabète, écart alimentaire). La complication majeure est la
survenue de pancréatite aiguë
[8]
.
Type IV mineur. Il est fréquent et représente habituellement
25 % des dyslipidémies. L’hypertriglycéridémie est entre 1,5 et
10 g/l. Il n’entraîne pas habituellement de xanthomes.
Hypertriglycéridémie combinée de type V
Cette forme est associée à une élévation des chylomicrons et
des VLDL. Elle combine les types I et IV. Cette condition est
rare, atteignant un sur 1 000 adultes. Le sérum est trouble avec
une élévation des triglycérides (> 10 g/l) et modérée du choles-
térol. Les xanthomes sur le mode éruptif surviennent chez les
patients souvent obèses. Sur le plan général, une artériosclérose
est inconstamment présente, associée à des poussées de
pancréatite.
Dyslipoprotéinémie primitive avec accumulation de stérols
inhabituels
Ces affections exceptionnelles d’origine héréditaire se trans-
mettent sur le mode autosomique récessif.
Xanthomatose cérébrotendineuse
[9, 10]
. Elle est due à un
déficit en stérol 27-hydroxylase mitochondriale (CYP 27)
responsable de la synthèse d’acides biliaires. Cette enzyme est
codée par un gène situé sur le bras long du chromosome 2 qui
est muté dans cette affection. La xanthomatose cérébrotendi-
neuse débute dans l’enfance par un retard mental, une cataracte
et une diarrhée chronique. Les xanthomes tendineux incons-
tants qui apparaissent vers l’âge de 10 ans au niveau des
tendons d’Achille sont caractéristiques. Des xanthomes palpé-
braux et tubéreux peuvent être présents. Le diagnostic est fait
sur l’élévation du cholestanol sanguin et des alcools biliaires
urinaires. Le pronostic est sombre par la survenue des compli-
cations neurologiques (ataxie cérébelleuse) et cardiovasculaires.
Un traitement combinant un inhibiteur de HMG-CoA, l’acide
chénodésoxycholique avec une aphérèse des LDL peut permet-
tre de ralentir la progression de la maladie
[11]
.
Sitostérolémie
[12, 13]
. Cette affection est liée à une accumu-
lation de stérols végétaux, due à une incapacité des entérocytes
à estérifier ces phytostérols. L’anomalie génétique est située au
niveau du chromosome 2p21 affectant deux gènes adjacents
codant pour les transporteurs adénosine triphosphate ATP-
binding (ABCG5 et ABCG8) responsable d’hypersitostérolé-
mie
[14]
. Les xanthomes sont de type tendineux et tubéreux. Des
accidents coronariens et des arthropathies sont associés. Le
diagnostic est posé par l’élévation de sitostérol sanguin évaluée
en chromatographie, associée ou non à une hypercholestérolé-
mie. Un cas a été traité avec succès par ézétimibe
[15]
.
Maladie de Tangier
[16]
. Elle est due à une anomalie du
récepteur membranaire cellulaire ABCA1 permettant un passage
du cholestérol intratissulaire vers le milieu sanguin pour être
capté par les HDL. Les lésions débutent chez l’enfant par des
xanthomes cutanés et profonds (amygdales jaune-orangé et
atteinte hépatosplénique) dus à une accumulation de cholestéryl
esters. Au niveau sanguin on retrouve un taux bas de cholesté-
rol et des HDL associés à une hypertriglycéridémie. Des compli-
cations à type d’anémie, neuropathies périphériques et atteinte
cornéenne sont signalées.
Forme avec dyslipoprotéinémie secondaire
Les hyperlipoprotéinémies secondaires doivent être connues
car elles sont susceptibles de régresser avec le traitement du
facteur causal. La survenue de xanthomes au cours de ces
hyperlipoprotéinémies reste rare.
Au cours d’endocrinopathies
[17]
Diabète. Le défaut d’épuration des VLDL au cours du diabète
insulinodépendant est responsable d’hypertriglycéridémie. Le
déficit insulinique diminue l’activité de la lipoprotéine lipase.
Dans le diabète non insulinodépendant, l’hyperinsulinisme
entraîne une superproduction des VLDL. L’association diabète et
hyperlipidémie est fréquente. Le déséquilibre diabétique aggrave
l’hypertriglycéridémie et il est corrélé à l’intensité de la rétino-
pathie. Les xanthomes sont habituellement de type éruptif.
Hypothyroïdie. Le déficit en sécrétion d’hormone thyroï-
dienne est responsable d’une hypercholestérolémie par inhibi-
tion de son catabolisme. Il peut être retrouvé une
hypertriglycéridémie par inactivité de la lipoprotéine lipase. Les
xanthomes sont rares et ont une présentation sous forme
éruptive ou tubéreuse.
Au cours des cholestases
L’obstruction biliaire extra- ou intrahépatique acquise (cir-
rhose biliaire primitive
[18]
, cholangite sclérosante primitive
[19]
)
mais aussi congénitale par atrophie des canaux excréteurs
(syndrome d’Alagille
[20]
) entraîne une accumulation du choles-
térol sérique. Les xanthomes sont fréquents, d’aspect varié et
notamment de type plan palmaire et sont liés à l’hypercholes-
térolémie. Ils peuvent régresser après traitement médical ou
chirurgical telle la greffe hépatique au cours du syndrome
d’Alagille
[21, 22]
.
Au cours du syndrome néphrotique
La sévérité de l’hyperlipoprotéinémie habituellement mixte
est en rapport avec l’hypoalbuminémie et la protéinurie. Dans
le syndrome néphrotique, la survenue de xanthomes reste
exceptionnelle et se manifeste de façon éruptive
[23]
.
Au cours de l’intoxication alcoolique
L’abus de boissons alcoolisées inhibe l’oxydation des acides
gras hépatiques qui sont transformés en triglycérides dont une
part est reprise sous forme VLDL et l’autre part reste dans le foie
entraînant une hépatomégalie. Des xanthomes éruptifs sont
observés dans la majorité des cas
[24]
.
D’origine médicamenteuse
[17]
Certains médicaments peuvent révéler ou aggraver une
dyslipoprotéinémie préexistante (hyperlipidémie familiale,
diabète, alcoolisme). Mais la survenue de xanthomes d’origine
médicamenteuse proprement dite reste exceptionnelle.
Estrogènes (contraception orale, hormonothérapie substi-
tutive). Il s’agit le plus souvent d’une hypertriglycéridémie par
une synthèse accrue des VLDL au niveau hépatique. L’hyper-
chylomicronémie induite par l’excès de VLDL est responsable de
pancréatite. Des complications thromboemboliques peuvent se
voir. La présentation cutanée des xanthomes est de type éruptif.
Corticostéroïdes. Au cours d’une corticothérapie prolongée,
une hyperlipidémie, surtout des triglycérides, survient par
l’intermédiaire d’un hyperinsulinisme.
Rétinoïdes per os. L’élévation des triglycérides et du choles-
térol se rencontre à des fortes posologies d’isotrétinoïne dans
20 % des cas environ. Des xanthomes éruptifs peuvent
survenir
[25]
.
Citons encore. Les bêtabloquants, les diurétiques thiazidi-
ques, la cimétidine, les cyclines et la ciclosporine qui peuvent
être responsables d’une exacerbation d’une dyslipidémie latente.
Xanthomes
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5Dermatologie