
pour apparaître ! Comme le dit le sage indien, Nisargadatta Maharaj (1973) : ‘’Voyez l’irréel
comme étant irréel et éliminez-le. C’est l’élimination du faux qui ouvrira la voie du vrai.’’
L’advaita vedanta, une branche de l’hindouisme, caractérise le processus d’élimination de
l’inconscience dans l’optique de révéler notre véritable Nature comme un processus de
négation et de renoncement : ‘’Neti neti’’, pas ceci, pas ceci…Le véritable sens du Nirvana,
c’est l’extinction et la cessation, c’est-à-dire la cessation de tout ce qui est irréel et qui
manque de vérité. C’est ce processus d’élimination et de lâcher-prise par rapport à tout ce qui
est irréel qui révèle ce qui reste – le Réel. L’influx évolutif de tout développement
authentique, de toute transformation et transcendance n’est pas agressivement soutenu par
l’appétit du gain ou du profit, mais se déploie sagement via tout ce qui est relâché et sacrifié.
Ne sachant pas ce qu’est chaque chose en vérité, on reconnaît ce qu’on n’est pas, ce qui en
temps voulu permet son lâcher-prise et le sacrifice. Symboliquement, désincarcérer le David
de Michel-Ange libère la vitalité de la vie et au terme du processus de toute une vie, ce qui
reste – iti iti (ceci, ceci) – est le réel et l’authentique. Affubler d’un nom cette réalisation ne
ferait que la transformer en une nouvelle projection. Ainsi, s’en retourne-t-on au Silence
immobile, à la divinité la plus pure – au JE SUIS éternel, sans cause et sans forme.
Ramana Maharshi, mystique hindou de l’advaita, propose une analogie sur la manière dont le
Soi est recouvert par l’ignorance et comment la réalisation du Soi peut aider à ôter le fatras et
ne laisser que l’espace de paix déjà ici :
‘’Il y a de l’espace dans une salle. Nous n’allons pas créer de l’espace neuf. Nous
remplissons cet espace d’objets divers. Si nous voulons de l’espace, tout ce qu’on doit faire,
c’est enlever tous ces objets et nous aurons cet espace. Similairement, si nous enlevons tout le
fatras du mental, la paix deviendra manifeste. Ce qui gêne la paix doit être supprimé. La paix
est l’unique Réalité.’’ (Mudaliar, 1961).
On perçoit aisément l’espace après avoir enlevé tout le fatras et de même, l’intemporel se
révèle dès qu’on lâche tout ce qui remplit le temps, tout comme ce qui est dénué de besoin se
révèle, une fois que tous les besoins sont reconnus comme des illusions conceptuelles. On
parle d’espace dans une pièce, un bâtiment ou sur Terre en oubliant qu’en fait, la pièce, le
bâtiment et la Terre se situent en permanence dans un espace. Le Soi demeure toujours. Un
grand privilège que j’ai eu est d’avoir fait l’expérience au fil des ans d’un nombre incalculable
de patients qui ont constaté pour leur plus grande joie que beaucoup de choses dans leurs
routines quotidiennes n’étaient pas seulement inutiles, mais carrément minantes, nocives et
destructrices. Citons par exemple les querelles avec le conjoint, les enfants ou les beaux-
parents, les triangulations, ou encore le fait de vouloir porter tout le monde et le monde
comme le proverbial Atlas. Toute expérience de lâcher-prise n’est rien de moins que magique,
si vous aviez crû être inéluctablement coincé et impuissant face à de vieux schémas rigides.
LA NATURE DE L’UN
L’auteur spirituel, Allan Combs (2002) souligne que le Soi de l’advaita hindou évoque
beaucoup la tradition néoplatonicienne et spécialement Plotin et le terme ‘’Un’’. L’Un est le
pouvoir vivifiant infini de l’univers, la source éternelle de l’existence. Pour Plotin, l’Un
comprend tout ; Il est unifié, sans distinction ni limite, et inclut toutes les possibilités et
potentialités. Considérez l’Un comme tout ce qui est existant et non-existant, manifesté et