S'en remettre totalement à la Conscience pour révéler le Soi - Will Joel Friedman

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S’EN REMETTRE TOTALEMENT À
LA CONSCIENCE POUR RÉVÉLER
LE SOI
WILL JOEL FRIEDMAN
RÉSUMÉ
Cet article est l’adaptation d’un chapitre extrait d’un livre déjà terminé, mais pas encore
publié et qui porte le titre provisoire, ‘’Awakening to Sanity : Being Sane in an Insane World
A Traveler’s Guide’’.
Les vérités paradoxales du renoncement et de l’Eveil y sont explorées via sept thèmes phares
qui soulignent chacun des aspects spécifiques de notre être qui se déploient en lâchant
consciemment ce que nous ne pouvons pas être afin de révéler ce que nous sommes déjà. Ces
thèmes sont les suivants :
1. La désagrégation du mental égoïque révèle la Conscience même ;
2. La nature de l’Un ;
3. Reconnaître et évacuer ses ténèbres ouvre l’accès à une profondeur sacrée ;
4. Voir ses fausses identités révèle naturellement notre véritable Nature ;
5. Les carrefours entre la folie apprise et la santé mentale primordiale ;
6. JE SUIS Les qualité divines n’ont pas d’opposés ;
7. Marcher sur le fil du rasoir : être dans ce monde, mais pas du monde.
Ces sept thèmes ne se présentent pas comme une analyse documentaire ; ils éclairent plutôt un
changement dans notre perception ou dans notre perspective et tissent la trame de la
déconstruction et du renoncement au contrôle du moi séparé fictif. Ce lâcher-prise ne laissera
que l’épanouissement de la réalisation de l’ainséité préexistante de l’instant éternel et
intemporel, de tout ce qui est réel et vrai, du Soi authentique et libre ou de notre véritable
Nature et de l’opportunité de son incarnation.
Le Dr Will Joel Friedman est un psychologue expérimenté qui exerce en cabinet privé et qui
opère en pleine conscience en honorant la sagesse intuitive et en accompagnant le courant de
la Conscience. Il pratique une thérapie centrée sur la Présence, à partir de la Présence non-
duelle, de l’état-témoin, et utilise le questionnement (par exemple pour la déconstruction de
croyances, de rôles, d’une histoire, de schémas, d’identités fausses…) et l’EMDR...
***
Jésus a dit : ‘’Le chercheur ne devrait pas s’arrêter avant d’avoir trouvé. Lorsqu’ il aura
trouvé, il sera dérangé. Par la suite, il sera sidéré et enfin, il régnera sur toutes choses.’’
(Evangile de Thomas).
Dans le texte gnostique, l’Evangile selon Thomas, on est d’abord appelé à chercher et dans
cette recherche, on ne s’arrête pas avant d’avoir trouvé. En trouvant, on est dérangé et puis, on
est sidéré. Ensuite, on est comme un maître divin de l’univers qui voit sa gloire se déployer
dans toutes choses et en chacun. Un tel saisissement comprend simultanément
l’émerveillement et l’effroi, les deux composantes de tous ceux qui connaissent le numineux.
Le troisième thème des ténèbres qui s’ouvrent sur les profondeurs sacrées à l’intérieur peut
être la nuit obscure de l’âme qui deviendra la lumière du jour de la Révélation infinité sans
limites, éternité en dehors du temps.
Cette composition utilise de nombreux termes comme la Conscience, la Présence
inconditionnelle, la vacuité, le néant, la Nature primordiale, le vrai Soi, l’Eveil, l’Absolu, le
Divin, l’Etre essentiel, le JE SUIS… qui tous indiquent notre Nature authentique. Puisse ce
large éventail de couleurs approfondir l’expérience du lecteur de ce qui est toujours présent en
nous, quand toutes les absurdités imaginaires concoctées par notre mental égoïque sont
démasquées, puis abandonnées. De brefs exemples de cas cliniques seront proposés afin
d’aider à illustrer chacun des sept thèmes.
En abordant les thèmes généraux du renoncement et de l’Eveil, la majorité des religions et des
mystiques soutiennent que le salut par rapport à l’identification à un faux moi séparé est une
fonction de la grâce divine sur laquelle on n’a aucun contrôle. Ceci peut parfois être le cas en
prenant la forme d’un Eveil soudain ou graduel, de crises existentielles et de sens,
d’expériences éclairantes avec ou sans maîtres spirituels ou gurus, de rencontres avec la mort
et l’anéantissement, comme catalyseurs pour approfondir le renoncement. Néanmoins, la
vision des gnostiques du tout début du christianisme ne comprenait pas le salut comme un don
de la grâce, mais plutôt comme ce que lon doit rechercher et mériter par l’accomplissement
de bonnes actions associées à une contemplation intérieure. Pour les gnostiques, on ne peut
découvrir la gnose ou la connaissance intérieure directe ou la connaissance du Soi que si l’on
est en mesure de se ‘’dépouiller de soi’’ dans un processus d’instant en instant et se tourner
vers l’intérieur.
Ramesh Balsekar (1999) mentionnait cette compréhension capitale sur le renoncement et
l’Eveil : ‘’Le véritable amour de Dieu veut dire s’en remettre à la Divinité en ne désirant rien,
pas même le salut.’’
Il y a deux mille ans, Jésus de Nazareth déclarait : ‘’Rendez à César ce qui appartient à César
et à Dieu ce qui est à Dieu.’’ (Nouveau Testament), compris dans le sens on doit consacrer
aux préoccupations matérielles ce qui leur est dû et rendre au ciel ce qui lui est dû.
Etant donné que tout appartient à Dieu et que tout est une expression de Dieu, que peut-on
refuser à la Source ? Rien !
DÉSINCARCÉRER LA SCULPTURE DE LA PIERRE : LA DÉSAGRÉGATION DU
MENTAL ÉGOÏQUE RÉVÈLE LA CONSCIENCE MÊME
Après avoir eu une vision d’une statue monumentale du David biblique, l’artiste de la
Renaissance, Michel-Ange, écuma les carrières en quête du plus beau bloc de marbre de
Carrare qui pourrait contenir son David et après avoir visité les meilleures carrières et moult
réflexions et considérations, Michel-Ange le débusqua enfin au sein d’un énorme bloc de
pierre et il prit ses dispositions pour le faire transporter dans son studio et il est censé avoir
dit : ‘’J’ai vu l’ange dans le marbre que j’ai taillé jusqu’à sa délivrance.’’
Après des études complémentaires et de nombreuses esquisses, Michel-Ange entreprit son
odyssée créatrice en retirant minutieusement tout ce qui n’était pas David et libéra David du
bloc de marbre. Au bout du compte, il ne resta plus que David. Tout comme l’essence de
David fut libérée du bloc de marbre, permettre à l’ego de dégager révèlera notre véritable
Nature. Récemment, mon attention fut accaparée par la contemplation des impressionnants
Prisonniers de Pierre, des personnages humains qui furent taillés dans la pierre à partir de la
taille dans une pierre brute non sculptée, de la taille jusqu’en bas. Ô, combien il sied de nous
souvenir que ce qui est latent et inexploité en toutes choses attend un éclaircissement créatif
pour apparaître ! Comme le dit le sage indien, Nisargadatta Maharaj (1973) : ‘’Voyez l’irréel
comme étant irréel et éliminez-le. C’est l’élimination du faux qui ouvrira la voie du vrai.’’
L’advaita vedanta, une branche de l’hindouisme, caractérise le processus d’élimination de
l’inconscience dans l’optique de révéler notre véritable Nature comme un processus de
négation et de renoncement : ‘’Neti neti’’, pas ceci, pas ceci…Le véritable sens du Nirvana,
c’est l’extinction et la cessation, c’est-à-dire la cessation de tout ce qui est irréel et qui
manque de vérité. C’est ce processus d’élimination et de lâcher-prise par rapport à tout ce qui
est irréel qui révèle ce qui reste – le Réel. L’influx évolutif de tout développement
authentique, de toute transformation et transcendance n’est pas agressivement soutenu par
l’appétit du gain ou du profit, mais se déploie sagement via tout ce qui est relâché et sacrifié.
Ne sachant pas ce qu’est chaque chose en vérité, on reconnaît ce qu’on n’est pas, ce qui en
temps voulu permet son lâcher-prise et le sacrifice. Symboliquement, désincarcérer le David
de Michel-Ange libère la vitalité de la vie et au terme du processus de toute une vie, ce qui
reste iti iti (ceci, ceci) est le réel et l’authentique. Affubler d’un nom cette réalisation ne
ferait que la transformer en une nouvelle projection. Ainsi, s’en retourne-t-on au Silence
immobile, à la divinité la plus pure – au JE SUIS éternel, sans cause et sans forme.
Ramana Maharshi, mystique hindou de l’advaita, propose une analogie sur la manière dont le
Soi est recouvert par l’ignorance et comment la réalisation du Soi peut aider à ôter le fatras et
ne laisser que l’espace de paix déjà ici :
‘’Il y a de l’espace dans une salle. Nous n’allons pas créer de l’espace neuf. Nous
remplissons cet espace d’objets divers. Si nous voulons de l’espace, tout ce qu’on doit faire,
c’est enlever tous ces objets et nous aurons cet espace. Similairement, si nous enlevons tout le
fatras du mental, la paix deviendra manifeste. Ce qui gêne la paix doit être supprimé. La paix
est l’unique Réalité.’’ (Mudaliar, 1961).
On perçoit aisément l’espace après avoir enlevé tout le fatras et de même, l’intemporel se
révèle dès qu’on lâche tout ce qui remplit le temps, tout comme ce qui est dénué de besoin se
révèle, une fois que tous les besoins sont reconnus comme des illusions conceptuelles. On
parle d’espace dans une pièce, un bâtiment ou sur Terre en oubliant qu’en fait, la pièce, le
bâtiment et la Terre se situent en permanence dans un espace. Le Soi demeure toujours. Un
grand privilège que j’ai eu est d’avoir fait l’expérience au fil des ans d’un nombre incalculable
de patients qui ont constaté pour leur plus grande joie que beaucoup de choses dans leurs
routines quotidiennes n’étaient pas seulement inutiles, mais carrément minantes, nocives et
destructrices. Citons par exemple les querelles avec le conjoint, les enfants ou les beaux-
parents, les triangulations, ou encore le fait de vouloir porter tout le monde et le monde
comme le proverbial Atlas. Toute expérience de lâcher-prise n’est rien de moins que magique,
si vous aviez crû être inéluctablement coincé et impuissant face à de vieux schémas rigides.
LA NATURE DE L’UN
L’auteur spirituel, Allan Combs (2002) souligne que le Soi de l’advaita hindou évoque
beaucoup la tradition néoplatonicienne et spécialement Plotin et le terme ‘’Un’’. L’Un est le
pouvoir vivifiant infini de l’univers, la source éternelle de l’existence. Pour Plotin, l’Un
comprend tout ; Il est unifié, sans distinction ni limite, et inclut toutes les possibilités et
potentialités. Considérez l’Un comme tout ce qui est existant et non-existant, manifesté et
non-manifesté, comme toute Conscience. Tout ce qu’il y a dans le monde, l’univers et le
cosmos, y compris toutes les dualités, polarités et opposés, est l’Un. Comme l’a noté
l’enseignant spirituel et auteur, John Welwood (2000) : ‘’’L’ego n’est qu’un prétendant au
trône qui occupe le siège du souverain authentique qui est notre véritable Nature, notre Etre
plus vaste.’’
Prenons l’exemple d’un ami merveilleusement compatissant et généreux qui, de longue date,
est prédisposé à ruminer des pensées d’injustice et de colère jusqu’à la rage. Il y a peu, il
partagea que le fait de se rappeler une seule bonne qualité chez la personne qui le contrariait
le calmait suffisamment que pour pouvoir se relier à son cœur et pour qu’une discussion
paisible et raisonnable puisse alors s’ensuivre. Bien sûr, cette bonne qualité qu’il est à même
de distinguer dans cet instant de colère se trouve en lui, sinon, comment pourrait-il la
distinguer en premier lieu ? En contact avec son humanité partagée, de la colère envers autrui
serait de la colère retournée contre lui, l’essence de la non-violence ou de l’ahimsa, ce qui est
insensé. Cet éclaircissement semble permettre un mouvement intérieur et une ouverture pour
que son équilibre mental premier puisse transparaître.
Certains maîtres parlent du multiple dans l’Un ou de l’Un se manifestant comme le multiple.
L’auteur, Jan Kersschot (2004) écrit ‘’le jeu de l’Un affectant être le multiple’’ (p. 35). Même
ceci est illusoire tout est l’Un. L’être libéré authentique est la petite vague de conscience et
l’océan de la Conscience d’où elle jaillit le silence, la paix et la quiétude même,
intemporels, calmes et parfaits. Cet Un est l’Un que chacun est vraiment.
Les pronoms personnels et possessifs font obstacle à ce qui est. C’est une question d’origine,
de perspective que l’on adopte. Une fois que l‘on se tient à l’extérieur du mental, tout ceci
devient compréhensible et est clairement ce qui est. Imaginez une heure sans aucune pensée
se référant à un moi – l’équilibre et la paix mentale d’origine peuvent alors s’épanouir
naturellement.
LA VIA NEGATIVA : RECONNAÎTRE ET ÉVACUER SES TÉNÈBRES
OUVRE L’ACCÈS À UNE PROFONDEUR SACRÉE
Sans la souffrance qui semble être la condition épiphénoménale indispensable pour le
mûrissement psychologique et spirituel, nous resterions inconscients, infantiles et dépendants.
(Hollis, 1996)
La via negativa est le terme chrétien qui désigne la voie du renoncement, du détachement et
du lâcher-prise, comparable au ‘’pas en arrière’’
1
des bouddhistes et au neti neti sanskrit (pas
ceci, pas ceci) des hindous. L’authentique via negativa ne s’assimile pas à un déni de l’ego,
comme dans l’ascétisme, le ‘’sacrifice’’ et les châtiments, pas plus que reconnaître ses
ténèbres ne revient à dénoncer l’ego comme un malfaiteur ou comme le bouc émissaire
commode de nos pensées, de nos attitudes, de nos paroles et de nos actes.
L’authentique via negativa ouvre l’accès à la profondeur sacrée, principalement en renonçant
et en lâchant prise par rapport à ce qui n’a jamais été, à ce qui n’est pas et ce qui ne sera
jamais vrai et en révélant ainsi ce qui reste. Quand une croyance, un rôle ou une fausse
identité auxquels nous nous accrochions fermement sont perçus comme étant mensongers et
1
‘’Il est essentiel d’apprendre à faire un pas en arrière, en retournant la lumière éclairer l’intérieur’’ - Dogen,
Fukanzazengi, NDT.
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