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S'en remettre totalement à la Conscience pour révéler le Soi - Will Joel Friedman

S’EN REMETTRE TOTALEMENT À
LA CONSCIENCE POUR RÉVÉLER
LE SOI
WILL JOEL FRIEDMAN
RÉSUMÉ
Cet article est l’adaptation d’un chapitre extrait d’un livre déjà terminé, mais pas encore
publié et qui porte le titre provisoire, ‘’Awakening to Sanity : Being Sane in an Insane World
– A Traveler’s Guide’’.
Les vérités paradoxales du renoncement et de l’Eveil y sont explorées via sept thèmes phares
qui soulignent chacun des aspects spécifiques de notre être qui se déploient en lâchant
consciemment ce que nous ne pouvons pas être afin de révéler ce que nous sommes déjà. Ces
thèmes sont les suivants :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
La désagrégation du mental égoïque révèle la Conscience même ;
La nature de l’Un ;
Reconnaître et évacuer ses ténèbres ouvre l’accès à une profondeur sacrée ;
Voir ses fausses identités révèle naturellement notre véritable Nature ;
Les carrefours entre la folie apprise et la santé mentale primordiale ;
JE SUIS – Les qualité divines n’ont pas d’opposés ;
Marcher sur le fil du rasoir : être dans ce monde, mais pas du monde.
Ces sept thèmes ne se présentent pas comme une analyse documentaire ; ils éclairent plutôt un
changement dans notre perception ou dans notre perspective et tissent la trame de la
déconstruction et du renoncement au contrôle du moi séparé fictif. Ce lâcher-prise ne laissera
que l’épanouissement de la réalisation de l’ainséité préexistante de l’instant éternel et
intemporel, de tout ce qui est réel et vrai, du Soi authentique et libre ou de notre véritable
Nature et de l’opportunité de son incarnation.
Le Dr Will Joel Friedman est un psychologue expérimenté qui exerce en cabinet privé et qui
opère en pleine conscience en honorant la sagesse intuitive et en accompagnant le courant de
la Conscience. Il pratique une thérapie centrée sur la Présence, à partir de la Présence nonduelle, de l’état-témoin, et utilise le questionnement (par exemple pour la déconstruction de
croyances, de rôles, d’une histoire, de schémas, d’identités fausses…) et l’EMDR...
***
Jésus a dit : ‘’Le chercheur ne devrait pas s’arrêter avant d’avoir trouvé. Lorsqu’ il aura
trouvé, il sera dérangé. Par la suite, il sera sidéré et enfin, il régnera sur toutes choses.’’
(Evangile de Thomas).
Dans le texte gnostique, l’Evangile selon Thomas, on est d’abord appelé à chercher et dans
cette recherche, on ne s’arrête pas avant d’avoir trouvé. En trouvant, on est dérangé et puis, on
est sidéré. Ensuite, on est comme un maître divin de l’univers qui voit sa gloire se déployer
dans toutes choses et en chacun. Un tel saisissement comprend simultanément
l’émerveillement et l’effroi, les deux composantes de tous ceux qui connaissent le numineux.
Le troisième thème des ténèbres qui s’ouvrent sur les profondeurs sacrées à l’intérieur peut
être la nuit obscure de l’âme qui deviendra la lumière du jour de la Révélation – infinité sans
limites, éternité en dehors du temps.
Cette composition utilise de nombreux termes comme la Conscience, la Présence
inconditionnelle, la vacuité, le néant, la Nature primordiale, le vrai Soi, l’Eveil, l’Absolu, le
Divin, l’Etre essentiel, le JE SUIS… ― qui tous indiquent notre Nature authentique. Puisse ce
large éventail de couleurs approfondir l’expérience du lecteur de ce qui est toujours présent en
nous, quand toutes les absurdités imaginaires concoctées par notre mental égoïque sont
démasquées, puis abandonnées. De brefs exemples de cas cliniques seront proposés afin
d’aider à illustrer chacun des sept thèmes.
En abordant les thèmes généraux du renoncement et de l’Eveil, la majorité des religions et des
mystiques soutiennent que le salut par rapport à l’identification à un faux moi séparé est une
fonction de la grâce divine sur laquelle on n’a aucun contrôle. Ceci peut parfois être le cas en
prenant la forme d’un Eveil soudain ou graduel, de crises existentielles et de sens,
d’expériences éclairantes avec ou sans maîtres spirituels ou gurus, de rencontres avec la mort
et l’anéantissement, comme catalyseurs pour approfondir le renoncement. Néanmoins, la
vision des gnostiques du tout début du christianisme ne comprenait pas le salut comme un don
de la grâce, mais plutôt comme ce que l’on doit rechercher et mériter par l’accomplissement
de bonnes actions associées à une contemplation intérieure. Pour les gnostiques, on ne peut
découvrir la gnose ou la connaissance intérieure directe ou la connaissance du Soi que si l’on
est en mesure de se ‘’dépouiller de soi’’ dans un processus d’instant en instant et se tourner
vers l’intérieur.
Ramesh Balsekar (1999) mentionnait cette compréhension capitale sur le renoncement et
l’Eveil : ‘’Le véritable amour de Dieu veut dire s’en remettre à la Divinité en ne désirant rien,
pas même le salut.’’
Il y a deux mille ans, Jésus de Nazareth déclarait : ‘’Rendez à César ce qui appartient à César
et à Dieu ce qui est à Dieu.’’ (Nouveau Testament), compris dans le sens où on doit consacrer
aux préoccupations matérielles ce qui leur est dû et rendre au ciel ce qui lui est dû.
Etant donné que tout appartient à Dieu et que tout est une expression de Dieu, que peut-on
refuser à la Source ? Rien !
DÉSINCARCÉRER LA SCULPTURE DE LA PIERRE : LA DÉSAGRÉGATION DU
MENTAL ÉGOÏQUE RÉVÈLE LA CONSCIENCE MÊME
Après avoir eu une vision d’une statue monumentale du David biblique, l’artiste de la
Renaissance, Michel-Ange, écuma les carrières en quête du plus beau bloc de marbre de
Carrare qui pourrait contenir son David et après avoir visité les meilleures carrières et moult
réflexions et considérations, Michel-Ange le débusqua enfin au sein d’un énorme bloc de
pierre et il prit ses dispositions pour le faire transporter dans son studio et il est censé avoir
dit : ‘’J’ai vu l’ange dans le marbre que j’ai taillé jusqu’à sa délivrance.’’
Après des études complémentaires et de nombreuses esquisses, Michel-Ange entreprit son
odyssée créatrice en retirant minutieusement tout ce qui n’était pas David et libéra David du
bloc de marbre. Au bout du compte, il ne resta plus que David. Tout comme l’essence de
David fut libérée du bloc de marbre, permettre à l’ego de dégager révèlera notre véritable
Nature. Récemment, mon attention fut accaparée par la contemplation des impressionnants
Prisonniers de Pierre, des personnages humains qui furent taillés dans la pierre à partir de la
taille dans une pierre brute non sculptée, de la taille jusqu’en bas. Ô, combien il sied de nous
souvenir que ce qui est latent et inexploité en toutes choses attend un éclaircissement créatif
pour apparaître ! Comme le dit le sage indien, Nisargadatta Maharaj (1973) : ‘’Voyez l’irréel
comme étant irréel et éliminez-le. C’est l’élimination du faux qui ouvrira la voie du vrai.’’
L’advaita vedanta, une branche de l’hindouisme, caractérise le processus d’élimination de
l’inconscience dans l’optique de révéler notre véritable Nature comme un processus de
négation et de renoncement : ‘’Neti neti’’, pas ceci, pas ceci…Le véritable sens du Nirvana,
c’est l’extinction et la cessation, c’est-à-dire la cessation de tout ce qui est irréel et qui
manque de vérité. C’est ce processus d’élimination et de lâcher-prise par rapport à tout ce qui
est irréel qui révèle ce qui reste – le Réel. L’influx évolutif de tout développement
authentique, de toute transformation et transcendance n’est pas agressivement soutenu par
l’appétit du gain ou du profit, mais se déploie sagement via tout ce qui est relâché et sacrifié.
Ne sachant pas ce qu’est chaque chose en vérité, on reconnaît ce qu’on n’est pas, ce qui en
temps voulu permet son lâcher-prise et le sacrifice. Symboliquement, désincarcérer le David
de Michel-Ange libère la vitalité de la vie et au terme du processus de toute une vie, ce qui
reste – iti iti (ceci, ceci) – est le réel et l’authentique. Affubler d’un nom cette réalisation ne
ferait que la transformer en une nouvelle projection. Ainsi, s’en retourne-t-on au Silence
immobile, à la divinité la plus pure – au JE SUIS éternel, sans cause et sans forme.
Ramana Maharshi, mystique hindou de l’advaita, propose une analogie sur la manière dont le
Soi est recouvert par l’ignorance et comment la réalisation du Soi peut aider à ôter le fatras et
ne laisser que l’espace de paix déjà ici :
‘’Il y a de l’espace dans une salle. Nous n’allons pas créer de l’espace neuf. Nous
remplissons cet espace d’objets divers. Si nous voulons de l’espace, tout ce qu’on doit faire,
c’est enlever tous ces objets et nous aurons cet espace. Similairement, si nous enlevons tout le
fatras du mental, la paix deviendra manifeste. Ce qui gêne la paix doit être supprimé. La paix
est l’unique Réalité.’’ (Mudaliar, 1961).
On perçoit aisément l’espace après avoir enlevé tout le fatras et de même, l’intemporel se
révèle dès qu’on lâche tout ce qui remplit le temps, tout comme ce qui est dénué de besoin se
révèle, une fois que tous les besoins sont reconnus comme des illusions conceptuelles. On
parle d’espace dans une pièce, un bâtiment ou sur Terre en oubliant qu’en fait, la pièce, le
bâtiment et la Terre se situent en permanence dans un espace. Le Soi demeure toujours. Un
grand privilège que j’ai eu est d’avoir fait l’expérience au fil des ans d’un nombre incalculable
de patients qui ont constaté pour leur plus grande joie que beaucoup de choses dans leurs
routines quotidiennes n’étaient pas seulement inutiles, mais carrément minantes, nocives et
destructrices. Citons par exemple les querelles avec le conjoint, les enfants ou les beauxparents, les triangulations, ou encore le fait de vouloir porter tout le monde et le monde
comme le proverbial Atlas. Toute expérience de lâcher-prise n’est rien de moins que magique,
si vous aviez crû être inéluctablement coincé et impuissant face à de vieux schémas rigides.
LA NATURE DE L’UN
L’auteur spirituel, Allan Combs (2002) souligne que le Soi de l’advaita hindou évoque
beaucoup la tradition néoplatonicienne et spécialement Plotin et le terme ‘’Un’’. L’Un est le
pouvoir vivifiant infini de l’univers, la source éternelle de l’existence. Pour Plotin, l’Un
comprend tout ; Il est unifié, sans distinction ni limite, et inclut toutes les possibilités et
potentialités. Considérez l’Un comme tout ce qui est existant et non-existant, manifesté et
non-manifesté, comme toute Conscience. Tout ce qu’il y a dans le monde, l’univers et le
cosmos, y compris toutes les dualités, polarités et opposés, est l’Un. Comme l’a noté
l’enseignant spirituel et auteur, John Welwood (2000) : ‘’’L’ego n’est qu’un prétendant au
trône qui occupe le siège du souverain authentique qui est notre véritable Nature, notre Etre
plus vaste.’’
Prenons l’exemple d’un ami merveilleusement compatissant et généreux qui, de longue date,
est prédisposé à ruminer des pensées d’injustice et de colère jusqu’à la rage. Il y a peu, il
partagea que le fait de se rappeler une seule bonne qualité chez la personne qui le contrariait
le calmait suffisamment que pour pouvoir se relier à son cœur et pour qu’une discussion
paisible et raisonnable puisse alors s’ensuivre. Bien sûr, cette bonne qualité qu’il est à même
de distinguer dans cet instant de colère se trouve en lui, sinon, comment pourrait-il la
distinguer en premier lieu ? En contact avec son humanité partagée, de la colère envers autrui
serait de la colère retournée contre lui, l’essence de la non-violence ou de l’ahimsa, ce qui est
insensé. Cet éclaircissement semble permettre un mouvement intérieur et une ouverture pour
que son équilibre mental premier puisse transparaître.
Certains maîtres parlent du multiple dans l’Un ou de l’Un se manifestant comme le multiple.
L’auteur, Jan Kersschot (2004) écrit ‘’le jeu de l’Un affectant être le multiple’’ (p. 35). Même
ceci est illusoire – tout est l’Un. L’être libéré authentique est la petite vague de conscience et
l’océan de la Conscience d’où elle jaillit – le silence, la paix et la quiétude même,
intemporels, calmes et parfaits. Cet Un est l’Un que chacun est vraiment.
Les pronoms personnels et possessifs font obstacle à ce qui est. C’est une question d’origine,
de perspective que l’on adopte. Une fois que l‘on se tient à l’extérieur du mental, tout ceci
devient compréhensible et est clairement ce qui est. Imaginez une heure sans aucune pensée
se référant à un moi – l’équilibre et la paix mentale d’origine peuvent alors s’épanouir
naturellement.
LA VIA NEGATIVA : RECONNAÎTRE ET ÉVACUER SES TÉNÈBRES
OUVRE L’ACCÈS À UNE PROFONDEUR SACRÉE
Sans la souffrance qui semble être la condition épiphénoménale indispensable pour le
mûrissement psychologique et spirituel, nous resterions inconscients, infantiles et dépendants.
(Hollis, 1996)
La via negativa est le terme chrétien qui désigne la voie du renoncement, du détachement et
du lâcher-prise, comparable au ‘’pas en arrière’’1 des bouddhistes et au neti neti sanskrit (pas
ceci, pas ceci) des hindous. L’authentique via negativa ne s’assimile pas à un déni de l’ego,
comme dans l’ascétisme, le ‘’sacrifice’’ et les châtiments, pas plus que reconnaître ses
ténèbres ne revient à dénoncer l’ego comme un malfaiteur ou comme le bouc émissaire
commode de nos pensées, de nos attitudes, de nos paroles et de nos actes.
L’authentique via negativa ouvre l’accès à la profondeur sacrée, principalement en renonçant
et en lâchant prise par rapport à ce qui n’a jamais été, à ce qui n’est pas et ce qui ne sera
jamais vrai et en révélant ainsi ce qui reste. Quand une croyance, un rôle ou une fausse
identité auxquels nous nous accrochions fermement sont perçus comme étant mensongers et
1
‘’Il est essentiel d’apprendre à faire un pas en arrière, en retournant la lumière éclairer l’intérieur’’ - Dogen,
Fukanzazengi, NDT.
plus comme qui nous sommes vraiment, cette déconstruction révèle l’espace de la Présence
inconditionnelle et de notre nature originelle.
La pratique de neti neti révèle un royaume inconditionnel. Nous transperçons l’ombre du
royaume conditionné avec sa douleur et sa souffrance et une humanité naturelle mise en relief
par l’empathie et par la bonté peut maintenant commencer à émerger. C’est un terrain
d’entraînement pour l’expression de la compassion humaine. Le processus sain d’une
désillusion modulée, c’est-à-dire voir le mensonge de toutes les illusions et déconstruire les
croyances en voyant que toutes les croyances sont fausses sont des activités clés de la via
negativa. Toutes les choses se révèlent comme ce qu’elles sont vraiment.
Et puisque la via positiva complète la via negativa et vice-versa, aucune des deux ne peut
exister sans l’autre. La via positiva ou encore via affirmativa est un terme jungien aussi
utilisé dans le christianisme contemplatif qui fait référence à un ensemble affirmatif,
accueillant et validant de perspectives sur la vie qui englobe la confiance, l’harmonie, la
simplicité, le salut et l’illumination (Fox, 1983). Flageller l’obscurité est voué à l’échec et
c’est une tentative futile pour produire de la lumière alors qu’en allumant simplement une
lampe, on évacue naturellement l’obscurité ! En Orient, ces deux facettes de la même réalité
s’expriment par le concept du yin et du yang et par la loi karmique de cause à effet ou récolter
ce que l’on sème, popularisées dans Le Secret (Byrne, 2006).
Les mystiques et les théologiens soulignent à quel point l’expérience du vide et de la vacuité
est directement liée à l’expérience de la totalité et de la plénitude. Il ne peut pas y avoir l’une
sans l’autre, de même qu’il ne peut pas y avoir d’expérience de joie authentique sans peine, de
plaisir sans douleur, de lumière sans ténèbres, de silence sans bruits, ou d’amour sans absence
ou perte d’amour. La maladie nous rappelle la santé que nous considérions comme allant de
soi.
Il est révélateur qu’il n’y ait ni aspects, ni catégories, ni distinctions, ni facettes, ni cases qui
divisent réellement l’immense plénitude de l’univers. Les aspects plus lumineux et plus
sombres ne sont que des termes impropres, puisqu’ils sont pareillement des expressions de la
Lumière, de la Vérité et de l’Essence de la Conscience universelle, de la pure Conscience et
du Soi. L’interactivité du multiple se révèle dans l’Un et l’Un simule et se manifeste par le
multiple.
Quand on se met à la place d’un autre, le point de vue de l’autre conduit à la tolérance, à la
compréhension et à la compassion (Fox, 1983). Après avoir été arrêtée et jetée en prison en
1918 pour avoir manifesté, la suffragette Dorothy Day (1970) exprima ouvertement son
expérience brutale :
‘’Les ténèbres infernales m’entouraient de toutes parts, les peines du monde me
circonvenaient. J’étais comme quelqu’un qui était tombé au fond d’un abime. L’espoir
m’avait abandonnée. J’étais cette mère dont l’enfant avait été violé et tué. J’étais la mère qui
avait porté le monstre qui l’avait fait. J’étais même ce monstre et j’éprouvais dans mon
propre cœur chaque infamie.’’
Dans le déchirement des illusions brisées, les éléments discrets de l’empathie honnête et de la
compassion peuvent se développer naturellement. Henry David Thoreau (1975) disait : ‘’La
foule humaine mène une vie de tranquille désespérance.’’ Ce n’était pas du tout une
condamnation, mais plutôt un signal d’alarme pour s’éveiller et le présage d’un danger
imminent.
Une fois que l’on démasque, que l’on accepte et que l‘on renonce à toutes les projections de
l’ego, chacune d’elles se dissout sans effort, étant irréelle. Des tempêtes se produisent et puis
s’en vont et qui vous êtes vraiment demeure, pur. Le ténor de l’opéra, Rolando Villazon
(2005), affronta la vie et tous ses démons au cours d’un périple analytique de neuf ans et il
était bien disposé à reconnaître tout le processus :
‘’Nous avons tous quelque chose à l’intérieur de nous que nous n’aimons pas. Mais il ne
s’agit pas d’un monstre. C’est juste une part de vous qu’il faut aimer et accepter. Le fait
d’être capable de le faire dans ma psychanalyse me procure la liberté de créer un personnage
scénique complexe et haut en couleurs.’’
Considérez que tout le monde est né dans l’Unité bienheureuse. La peine et l’insatisfaction se
manifestent quand les besoins et les désirs ne sont pas satisfaits. En tant que mécanisme de
survie, l’ego prendra des décisions qu’il exécute conformément à son conditionnement ou à sa
programmation. Dans ce contexte, une saine révision ne peut seulement avoir lieu qu’en
fréquentant le bar du désenchantement pour y accomplir un travail de transformation
indispensable. Autrement, comment pourriez-vous renoncer au conditionnement
contreproductif et à la pompe de l’ego et développer une empathie, une humilité et une
compassion authentiques ?2 L’ego imaginaire fait aussi partie intégrante de l’Un. Une
souffrance ne peut être dépassée et traversée qu’en étant pleinement ressentie et éprouvée et
Glassman et Fields (1996) l’ont parfaitement décrit :
‘’Le lotus pur qui grandit dans la vase est une métaphore de l’Illumination. Le lotus s’élève
en dehors et à partir de tous les obstacles. En fait, il lui faut l’impureté de l’eau pour se
sustenter. Pareillement, dans notre propre développement personnel, nous ne pouvons pas
nous contenter d’œuvrer avec ce que nous aimons, en ce qui nous concerne. Nous devons
travailler avec notre boue. Nous devons travailler sur nos problèmes et sur nos complexes : là
est l’action.’’3
Contre toute attente, le moteur de la vraie croissance se met à turbiner quand, confronté à la
douleur et à la souffrance, on s’enfonce jusqu’aux genoux dans les marécages émotionnels
boueux. Comme le savent bien les agents nettoyeurs de la nature, on peut trouver de quoi se
sustenter dans les détritus et les impuretés des choses vivantes. Le moteur de la transformation
de la vie se trouve précisément dans le terreau des moments les plus durs. A un moment
donné, toutes nos défenses s’effondrent et n’opèrent plus. On appelle fréquemment ce
moment difficile une ‘’crise d’identité’’, une ‘’rupture’’, une ‘’crise de la quarantaine’’ ou un
‘’tournant’’. En ce qui concerne l’échelle du succès ou de la réussite, le mythologue, Joseph
Campbell déclara une fois à Michael Toms (1989), comme ce dernier l’a mentionné dans son
2
Il y a un exemple – littéral et littéraire - absolument extraordinaire dans le livre de Jack Haas, Mémoires et
dessous d’un voyage mystique avec l’Ivanhoé, un bar réel de Vancouver, NDT.
3
Pour ce faire, je me permets de suggérer au lecteur l’excellent livre du Dr John Goldthwait, Purifie ton cœur !,
qui fournit tous les outils avec la marche à suivre détaillée. Le Dr John Goldthwait est psychologue clinicien et
pasteur et il possède en outre une solide expérience personnelle du zen. Son livre s’appuie principalement sur
le vedanta et sur la psychologie et il y partage également ses expériences spirituelles remarquables et celles de
nombreux patients. La traduction a été réalisée sous forme de ‘’seva’’ et elle est téléchargeable librement et
gratuitement sur Internet, NDT.
livre, An Open Life : ‘’Il est monté jusqu’au sommet de l’échelle…pour se rendre compte
qu’elle était posée contre le mauvais mur !’’
Carl G. Jung (1971) appelle ‘’archétypes’’ les modèles universels qui traversent toutes les
époques et toutes les civilisations et l’archétype de l’ombre est le plus connu. Jung appelle
‘’archétype de l’ombre’’ tout ce qui est inacceptable en soi et que l’on projette typiquement
sur les autres. On peut également projeter sur soi, à l’intérieur de soi l’inacceptable, comme le
soulignent la haine autopunitive, la honte, etc. La face de l’ombre de l’éveil peut revêtir des
formes multiples, comme le matérialisme spirituel, employer abusivement la spiritualité pour
son bénéfice personnel et pour gratifier son ego, croire en son propre mythe, l’inflation de
l’ego, les relents nauséabonds de l’Illumination4, la corruption du pouvoir, la pensée de
groupe, le narcissisme et d’autres prétentions erronées à l’Illumination (Caplan, 1999).
Dans ce contexte, Welwood (2000) utilise les termes d’éludement spirituel en le définissant
comme une ‘’tendance à éluder ou à transcender prématurément les besoins et les sentiments
humains de base et les tâches développementales’’. Les enseignements et pratiques
spirituelles peuvent être employés pour rationaliser et soutenir d’anciennes défenses de l’ego,
rester complaisamment installé dans de l’auto-tromperie et se fabriquer une fausse identité
spirituelle afin d’éviter de s’attaquer à des problèmes psychologiques et à des stades de
développement non résolus. Les dangers d’une fausse prétention à un Eveil et à un
renoncement prématurés ressortent avec la vaste panoplie des défenses de l’ego et
spécialement la projection. Le grand accomplissement et le couronnement de Jung est d’avoir
reconnu le rôle clé de la projection. La projection est la défense classique de l’ego de reporter
sur un autre ou même à l’intérieur de soi-même l’inacceptable par rapport à soi – négatif ou
positif. Dans quelle mesure ? Fritz Perls, le fondateur de la thérapie Gestalt dirait que tout est
projection.
Pour un développement et une individuation saine, l’analyse jungienne et la thérapie Gestalt
suggèrent de reprendre, de digérer et d’assimiler toutes les projections. On reprend ce qu’on a
refusé, évité et projeté en digérant ces caractéristiques inacceptables, comme le fait d’être
paresseux, précipité, radin ou égoïste. En affrontant son ombre et en se disant toute la vérité
en ce qui la concerne, on peut maintenant recycler des sentiments mal placés. La tâche
principale est d’affronter, se connecter à, et intégrer l’archétype de l’ombre, c’est-à-dire toute
la matière brute contre laquelle l’ego s’est défendu, qu’il a refusé d’affronter, avec laquelle il
a évité de s’impliquer et qu’il a refusé d’accepter et d’aborder.5
On peut se demander qui est la source de cette projection ou simplement, qui projette ? La
projection est-elle purement un moi non-existant qui projette une pensée non-existante sur un
autre moi non-existant ? La projection n’est-elle que le monde de l’ego ? Sans une personne
qui projette quelque chose sur une autre personne qui en prend réception étant donné sa
vulnérabilité par rapport à elle, toute l’entreprise s’écroule. C’est le pouvoir de voir tous les
sentiments et toutes les opinions déplacées comme des projections et de prendre conscience
qu’il n’y a en fait rien à projeter en premier lieu. Par exemple, si l’on voit vraiment l’esprit
critique et la négativité à l’égard de soi-même projetés sur des membres de la famille et le mal
qui survient dans les relations, il est nettement plus difficile de continuer consciemment à agir
de la sorte.
4
5
Voir l’article intitulé ‘’Les pièges de l’Eveil ou de l’Illumination’’, NDT
Cf. la note 3 dans cette optique, éventuellement, NDT
Depuis l’évolution vers une thérapie centrée sur la Présence, il y a une dizaine d’années, une
grande majorité de gens ont été en mesure de distinguer progressivement l’illusion d’optique
de l’ego-mental et sa tendance à s’engager dans la projection, la peur, la négativité, la critique
et le jugement. Dans ce processus d’éveil à la Présence et de voir ce que le mental imaginatif
fabrique maintenant, une cliente observa qu’elle voyait maintenant comment ‘’il
recommençait’’ et qu’alors, elle retournait joyeusement à l’équilibre mental de la Présence
elle-même. D’autres racontent ce que l’ego est en train de fabriquer, comme s’inquiéter, se
tracasser, comparer, devenir émotionnellement réactif avant de s’en désidentifier, puis ils
s’accordent une pause et le temps de respirer pour ne pas suivre ses directives urgentes et s’en
libérer pour le moment.
Quand vous goûtez à l’échec misérable et total, à l’impuissance, au désespoir, vous êtes sur le
point de découvrir la lumière tout au fond des ténèbres, une résurrection, une renaissance
impersonnelle. Le mythe ancien du phénix évoque un grand oiseau qui meurt et qui renaît
lentement et plus fort de ses cendres. Des tournants ou des opportunités décisives de
transformation peuvent surgir dans la nuit obscure de l’âme, comme St. Jean de la Croix
(1959) l’appelait. St. Jean de la Croix (1959) a décrit le voyage de l’âme depuis sa demeure
corporelle jusqu’à l’union avec le Divin et particulièrement les défis pénibles et les difficultés
rencontrées par l’âme pour se détacher du monde et parvenir à la lumière de l’union avec
Dieu. Cette crise spirituelle coïncide avec l’aphorisme selon lequel, c’est juste avant l’aube
qu’il fait le plus noir, étant donné que les obstacles les plus durs se dressent juste avant la
clarté et l’éclat du début d’un jour nouveau.
En plongeant pour découvrir et retrouver notre véritable nature dans toute sa dimension, on
pénètre dans un royaume qui dépasse les mots, les concepts et les images. Et une fois qu’on
accepte le vide selon ses propres termes, sans l’expliquer ni le recouvrir, il y a une liberté
d’être avec rien et tout, avec l’obscurité et la lumière, avec la peur et l’amour. Dans la
chanson ‘’Anthem’’ tirée de l’album ‘’The Future’’ (Cohen, 1992), Leonard Cohen va à
l’essentiel : ‘’Il y a une ouverture dans toute chose et c’est par là que la lumière entre.’’
LE RENONCEMENT AUX FAUSSES IDENTITÉS : VOIR NOS FAUSSES
IDENTITÉS RÉVÈLE NATURELLEMENT NOTRE VÉRITABLE NATURE
Le maître spirituel, Ramesh Balsekar (1999) disait : ‘’S’il n’y a pas d’auteur individuel, alors
qui agit est sans objet’’. Quand plus aucune attention et plus aucune importance ne sont
accordées à un auteur individuel, tout l’Etre et toute la Vie sont vus comme impersonnels.
Rien n’est à prendre personnellement par qui que ce soit, puisqu’il n’y a personne en tant
qu’entité distincte. Eclipsant l’ego, la Présence, le silence et la paix demeurent. Rien ne vous
concerne, comme il n’y a pas de vous séparé, qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura
jamais. Quel poids en moins ! Et quel soulagement !
Qui on n’est pas est un autre moyen de décrire les fausses identifications. Deux exemples : les
hommes s’identifient si fortement à leurs pensées, à leur travail et à l’action qu’ils croient
souvent être leurs pensées, leurs jobs et leurs activités, tandis que les femmes s’identifient si
fort à leurs sentiments, leur corps et leurs relations qu’elles croient aussi fréquemment être
leurs sentiments, leur corps et leurs relations, L’auteur, Wayne Dyer (1998), parle de l’identité
de celui qui agit et observe : ‘’Si vous êtes ce que vous faites, alors, quand vous n’agissez pas,
vous n’êtes pas’’.
Toutes les généralisations qui sont liées à qui l’on est, comme des données démographiques,
comme le genre, le milieu ethnique et l’âge ne sont certainement pas qui une personne est.
Bien entendu, personne n’est strictement la somme de ses pensées, de ses actions, de ses
sentiments et de ses relations et par conséquent, personne n’est ce qu’il pense, ni ce qu’il
éprouve, ni sa conduite, ni ce à quoi il s’associe. Qui les humains sont n’est pas la condition
humaine. Toutes les fausses identités et les fausses organisations ne sont que des états
égotiques.
La fausse identité la plus populaire, c’est penser que je suis ce moi, cet ego, ce mental, ce
corps, ces pensées, ces croyances, ces rôles, ces sentiments et ces expériences. Le sage
hindou, Nisargadatta Maharaj affirmait catégoriquement que la fausse identification
fondamentale, c’était avec le corps lui-même. Considérez comme il est courant de prendre
comment le corps se sent pour l’état d’une personne. Par exemple, si votre corps est
douloureux, tendu, il est très facile de présumer que qui vous êtes est aussi douloureux et
tendu. Et comment pourrait-il en être ainsi ?
Beaucoup tiennent à la conviction courante que le ‘’je’’ est réellement le créateur des pensées,
des convictions et des sentiments. Mais si vous examinez, explorez et cherchez par vousmême, cela peut-il être vrai ? Même votre idée, votre désir ou votre agenda pour vivre votre
vie d’une certaine manière, qu’elle soit psychologiquement saine, riche ou joyeuse n‘en est
pas moins l’ego déguisé. La recherche de l’Illumination n’est qu’une autre fausse identité que
génère l’ego. Qu’est-ce qui se situe en dehors de tout désir ? Comme l’a souligné le Bouddha,
vous êtes ce qui observe et pas ce que vous observez.
Chacun ne peut être que la nature originelle ou véritable nature. On peut attirer l’attention sur
elle et la reconnaître dans la Présence et l’expérience de l’Etre, sans ‘’quelqu’un’’ qui
expérimente ou qui pense à l’expérience. Identifier qui vous êtes avec ‘’vous’’, votre moi,
votre mental ou votre ego ne fait qu’obscurcir la Pure Conscience, la nature originelle. C’est
seulement quand ‘’vous’’ n’êtes pas là que vous êtes en contact avec qui vous êtes vraiment !
Ironiquement, votre véritable nature ne peut être toujours présente que quand ‘’vous’’, en tant
que sentiment d’un moi séparé n’êtes pas présent ! Le Maître spirituel, Jean Klein (1989), a
écrit : ‘’Ce n’est qu’en votre absence totale qu’il y a la Présence totale’’.
La fausse identité du moi s’exprime en prenant constamment position mentalement par
rapport à ce qui surgit dans notre expérience. Personne n’est responsable, ni du je, ni du moi,
ni de la création de comment on pense, on croit ou on ressent, puisqu’on n’a aucun contrôle
direct là-dessus. On n’est ni la situation immédiate, ni les conditions de vie, ni le flux ou le
contenu mental. On n’est ni le corps, ni celui qui fait l’action, ni celui qui expérimente, ni
l’expérience, ni n‘importe quel contenu du corps. On construit généralement ses fausses
identités à partir de ses occupations, de ses points de vue, de ses rôles, de ses diplômes et de
sa philosophie. Dans un livre très populaire, Eckhart Tolle (1999) écrit :
‘’Les identifications les plus courantes de l’ego concernent les biens, le travail, le
statut et la reconnaissance sociale, le savoir et les études, l’apparence physique, les
talents particuliers et fréquemment des identifications politiques, nationalistes,
raciales, religieuses et d’autres identifications collectives. Rien de tout cela n’est qui
vous êtes.’’ (p. 37)
Que ce soit vous, les autres ou conjointement que vous vous les attribuiez, chaque fausse
identité n’est qu’une simple description ou une fiction historique, rien de plus. Vous n’êtes
pas plus votre histoire passée que vous n’êtes un livre d’histoire. Vous n’êtes pas plus vos
espoirs concernant l’avenir que vous n’êtes un roman fantastique ou un film de sciencefiction. Vous n’êtes pas plus une étiquette et un concept que vous n’êtes une mangue ou un
kiwi ! Quand vous savez qui vous êtes, ce que vous pensiez être n’a plus la moindre
importance. Les pensées, les croyances et les histoires qui concernent notre personne ne sont
que des instantanés dans le flux mental d’idées rêvé par l’ego, rien d’autre.
L’auteure américaine, Linda Henley, clarifie les risques de fausse identification à l’aide d’une
observation particulièrement occidentale sur le matérialisme :
‘’Il y en a tant parmi nous qui se définissent par ce que nous possédons, par ce que
nous portons, par le genre de maison dans laquelle nous vivons et par la marque de
voiture que nous conduisons…Si vous pensez à vous-même comme à la femme à la
montre Cartier et au foulard Hermès, un incendie détruira non seulement vos biens,
mais vous détruira aussi vous-même.’’
Comment pourrait-on réellement être son nom, son sexe, son âge ou son image ? Pourrait-on
être ses opinions, ses croyances ? Sa situation matrimoniale – célibataire, marié, divorcé,
remarié ? Sa fidélité, son infidélité ? Ses biens ? Ses accomplissements, ses projets ? Son
attitude, ses intentions, sa personnalité ? Comment pourrait-on être limité par une identité,
même spirituelle ? L’ego humain investit du sens dans tout cela, qui n’est pas ce que vous
êtes. Même si vous pouvez investir tout cela avec du sens et construire une histoire avec tout
cela, rien de tout cela n’est votre véritable Nature. Tout cela n’est que supercherie de l’ego,
qui est confirmée par nos agissements en tant que complice et co-conspirateur malavisé.
Une racine essentielle de tout conflit, division et animosité, c’est d’être attaché et faussement
identifié à votre origine ethnique, à votre nationalité, à votre genre, à toute affiliation
affective, à une idéologie ou à une préférence culturelle. Le mental dit que nous sommes ces
identifications et ces croyances et si nous considérons qu’elles sont menacées, alors elles
valent la peine de se battre et de mourir pour elles – mourir pour ce qui n’est même pas réel !
Chaque fausse identité est une histoire ou une identification à un objet que l’ego invente et
prétend vraie pour garder le contrôle et survivre. Une construction artificielle, que ce soit sous
la forme d’un concept, d’une croyance, d’une étiquette, d’un jugement, d’un
accomplissement, d’un rôle ou d’une histoire, peut-elle englober un millième de la
profondeur, de l’étendue et de l’immensité aux multiples facettes que vous êtes ? Toutes les
histoires de l’ego et les identités fausses sont essentiellement des fictions et des mensonges.
Toutes les histoires de l’ego concernent quelque chose, tandis que le vrai Soi ne concerne rien
du tout, mais ne fait que révéler, être et vivre qui vous êtes réellement. Toutes ces histoires,
opinions et identités de l’ego ne sont juste que des accessoires sur la scène de la vie, comme le
décrit William Shakespeare. Ce sont toutes des instruments que la Conscience utilise dans le
jeu de la vie pour se manifester à Elle-même, la Conscience prenant conscience d’Elle-même
sous forme humaine. Comme dirait Shakespeare : ‘’Le monde entier est une scène’’, et il faut
jouer.
Pour bien comprendre la profondeur de cette identification erronée, on peut commencer par se
détacher de toutes les fausses identifications. Ce processus de désintérêt, de désidentification
par rapport aux identités, rôles, histoires, pensées et croyances fausses n’est pas la défense
humaine maladroite de coupure, lorsqu’on est confronté à un traumatisme sévère. Toutes les
identités sont illusoires, à l’unique exception de notre nature originelle. Qui l’on pense être
n’est simplement pas qui l’on est. C’est souvent déconcertant et excitant tout à la fois. Il y a
moins, parce qu’il y a tellement plus, maintenant !
Au cours de mon travail clinique, j’ai eu beaucoup de personnes qui se sont mises à
s’interroger pour savoir si toutes ces identités étaient réellement qui elles sont vraiment. Il y
eut notamment cet homme qui pensait être la conduite compulsive de sa carrière qui avait
produit pas mal de réussite et de succès, mais cependant au prix d’un vide intérieur, d’une
absence de sens et d’un douloureux manque de complétude. Au fur et à mesure qu’il put voir
par lui-même ces pulsions, ces pensées, ces articles de foi, ces agendas et ces actions, il fut de
moins en moins enclin à les poursuivre sur un mode rigide. Il mentionna à plusieurs reprises
éprouver un sentiment de liberté et d’aisance d’être avec lui-même qui lui ouvrit une manière
d’être totalement neuve et détendue dans le monde et sa carrière.
En tant qu’humains, où nous situons-nous dans notre développement en ce point du temps ?
En faisant appel à la recherche et à la théorie de la psychologie du développement, le
philosophe Ken Wilber (2000, 2006, 2009) apporte sa pierre à l’édifice en émettant
l’hypothèse selon laquelle toute ligne de développement moral passe par quatre phases
majeures du corps, de l’esprit et de la Conscience, respectivement, égocentrique (moi),
ethnocentrique (nous), géocentrique ou ‘’mondocentrique’’ (nous tous) et cosmocentrique
(tous les êtres sensibles). Au centre de cette phase du développement hiérarchique de
l’accroissement de conscience, il y a le prérequis qu’un niveau antérieur doit être pleinement
vécu et maîtrisé avant de pouvoir procéder à l’étape suivante.6
Chacune des quatre phases de développement moral dans le déploiement du potentiel humain
supérieur de Wilber (2006) a ses propres jalons. Au premier niveau égocentrique (moi), aussi
nommé stade ‘’préconventionnel’’ ou ‘’prépersonnel’’, il y a la conscience du petit enfant,
largement absorbée en elle-même, dominée par la réalité physique grossière du corps et sa
survie. Egocentrique signifie une morale qui est décidée par ce que j’éprouve, c’est-à-dire ce
qui est ‘’bien’’ et ce qui est ‘’bon’’ pour moi, sans aucune considération pour ce qui est bien
et ce qui est bon pour les autres. Ce stade narcissique et primitif du développement de l’ego
est le tout premier niveau du développement moral, tout autant pour les individus que pour les
cultures.
Au deuxième stade ethnocentrique (le ‘’nous’’), aussi appelé stade conventionnel ou
‘’sociocentrique’’, le jeune enfant commence à apprendre les normes et les règles de la société
et il entretient des relations et des rapports avec d’autres suivant des intérêts, des valeurs, des
rêves et des idéaux communs. Quand des personnes, des groupes et des sociétés commencent
à prendre en compte, inclure et intégrer les sentiments et les préoccupations des autres, à ce
stade, la morale se décide par ce qui est bon pour ma famille, mon groupe et ma nation.
Au troisième stade mondocentrique aussi appelé stade postconventionnel, l’identité de la
personne commence à s’élargir pour inclure des préoccupations à l’égard de tous les peuples
en percevant leurs similitudes, indépendamment des différences démographiques, et elle
possède la qualité d’être spirituelle au sens de communauté de tous les êtres sensibles. Le
contexte moral s’étend alors au stade mondocentrique où la morale se décide par ce qui est
bien et bon pour tous les êtres humains, indépendamment du genre, de la race, de la foi ou de
toute autre catégorie démographique décrivant des différences individuelles et la diversité.
6
Le vedanta l’a bien compris depuis plusieurs milliers d’années avec son double système des varna et ashrama,
tout en prévoyant des exceptions pour les éléments les plus doués, NDT.
Au quatrième stade cosmocentrique (tous les êtres sensibles), aussi appelé stade intégral,
l’être se met à explorer la vie responsable et totale en faisant l’expérience de la plénitude
homogène de l’existence et en observant l‘existence et les états de conscience, suivant le
modèle intégral des quatre quadrants (voir schéma, page suivante). Pour Wilber, le stade
cosmocentrique est le niveau de développement moral le plus avancé et le plus mûr. A ce
stade, la moralité se décide par ce qui est juste et bon pour l’ensemble des êtres conscients, ce
qui englobe tous les êtres humains et qui s’étend jusqu’à la Conscience Elle-même, c’est-àdire la Lumière qui émane des yeux de tous les êtres sensibles, et en s’identifiant au cosmos
tout entier.
Un aperçu partiel du modèle intégral des quatre quadrants de Ken Wilber
La bonne nouvelle, c’est que les êtres humains ont bien progressé dans les stades du
développement moral par rapport à la période prémoderne, mais la nouvelle moins
réjouissante, c’est que Wilber (2009) estime que 70 % de la population mondiale se situe
toujours aux stades égocentrique et ethnocentrique à l’heure actuelle.
Jiddu Krishnamurti, le philosophe et mystique hindou le fait remarquer dans une
vidéoconférence : ‘’Le processus répétitif de massacre mutuel se poursuit, bien que nous
ayons fait de hautes études. Technologiquement, nous sommes extraordinairement efficaces,
mais nous sommes psychologiquement très, très primitifs…’’ Il y a largement de la place pour
un décentrage et pour une évolution au-delà du stade du développement normal et sain de
l’identité de l’ego. Voir, puis se dépouiller de la fausse identité de l’ego joue
incontestablement un rôle capital pour les humains qui progressent le long de cette échelle
théorique du développement moral, individuellement et collectivement. Il semble que nous ne
nous souvenions pas ou que nous n’estimions pas que l’identité égoïque soit une étape de
notre développement et non notre véritable identité. Il nous reste encore en tant qu’êtres et
espèce à dépasser l’ego comme fausse identité, puisqu’il n’est pas ce que nous sommes
réellement.
C.G. Jung (1977) comprit que ‘’…l’expérience du Soi est toujours une défaite pour l’ego.’’ A
un moment donné, l’ego doit s’incliner devant le Soi, devant l’Etre transcendant. Quand l’âme
avance, l’ego doit suivre. La soumission de l’ego à la nature originelle est la reconnaissance
que l’Etre précède la pensée, que la Conscience précède tout courant d’idées. Le sage,
Ramana Maharshi disait que le mental se fond dans le Soi. Une fois que tous les concepts sont
transpercés et vus comme n’étant pas qui quelqu’un est, que l’ego est vu comme ayant servi
sa finalité, que toute aspiration est vue comme une tentative de saisie et de captation de la part
d’un ego non existant, alors instantanément ou graduellement, le moi imposteur s’effondre
devant la pure Présence consciente de la nature originelle. C’est inconcevablement et
inévitablement la voie de la vie.
A ce niveau de l’évolution humaine, notre identité véritable, c’est-à-dire notre véritable
nature, ne peut être approchée qu’en termes de possibilité. Notre identité réelle est
certainement la Conscience elle-même, toujours accessible pour se dévoiler complètement, se
développer et s’incarner totalement d’instant en instant. Notre identité véritable – intangible,
ineffable, inconnaissable et au-delà de toute expérience – embrasse librement et joyeusement
la Présence aimante de Dieu, étant ainsi et par là-même ce que l’on aime chez la Divinité.
Vivre qui l’on est demeure simplement une potentialité jusqu’à ce que l’on s’éveille et que
l’on mûrisse à un stade qui permette de contenir la Conscience et l’Etre.
L’instructeur spirituel, Adyashanti (2008), a suggéré qu’en termes de reconnaissance de notre
identité véritable, n’était-il pas temps pour un changement d’occupant ? Il y a beaucoup de
réponses vraies à la question de savoir qui l’on est ou ce que l’on est, c’est-à-dire, la nature
originelle. Voici quelques propositions apparues au cours de mon voyage et qui semblent
résonner profondément en permanence :
Je suis qui je suis. Je suis le royaume, le pouvoir et la gloire. Le moi qui rencontre le Soi,
l’amour qui accueille l’Amour. Une volonté dotée d’un cœur qui s’épanouit. Celui qui fait ses
choix par rapport à notre Source. Le fruit d’une communion vivante avec le Divin. Une
création consciente du Très-Haut.
Les humains sont des concentrés de force vitale pure, la Conscience du Soi dotée de
possibilités infinies pour s’harmoniser avec le Divin. D’une certaine manière, notre vrai Soi
est un champ de possibilités innombrables, seulement limité en apparence par l’imagination
elle-même. La vraie nature est la Nature de Bouddha. Tous sont Bouddha, l’Illuminé.
D’autres propositions ? Le courage dépourvu d’ego et la Conscience universelle bienheureuse
évolutive ; l’Inconditionné sans commencement ni fin, ici pour prendre une place de choix
dans la palette du Divin ; le Néant, espace du Tout, toujours conscient de Lui-même ; la
Conscience, toujours consciente d’Elle-même. Bodian (2004) écrit au sujet d’Adyashanti
décrivant cette expérience comme ‘’…le Vide préalable à l’Unité, éternellement conscient de
Lui-même’’. Le Divin est ici et maintenant, précisément où l’on est. Comme dirait
l’enseignant spirituel, Timothy Conway : il n’y a pas d’endroit où Dieu n’est pas.
Nous sommes l’Esprit pleinement conscient, avisé et occupé à vivre le Bien, la Conscience
servant authentiquement, passionnément et contribuant pleinement et sincèrement pour le
bien-être et le bénéfice de cette Terre, de cette humanité et de cette vie. Nous sommes ce qui
ne change pas et qui est au-delà de tout changement. Nous ne sommes pas nos expériences
sensorielles, mais Cela en quoi elles surviennent. Qui vous êtes n’est pas une occurrence dans
l’espace-temps, mais plutôt Cela en quoi l’espace-temps apparaît. Nous sommes l’Etre, en
correspondance aimante avec le vœu du Divin, c’est-à-dire cet Amour dépourvu d’illusion et
d’aveuglement, acausal, intemporel, non né et immortel qui manifeste la Conscience sous
forme humaine.
Ultimement, tout est Amour, Conscience, Unité et la Divinité même. L’enseignant spirituel,
A. H. Almaas (2000) décrit ainsi l’expérience de qui nous sommes : ‘’Quand les gens disent
qu’ils veulent de l’amour, c’est comme si des poissons disent qu’ils ont soif ! Vous baignez
dans l’Amour !’’ L’Amour, la Vérité et votre véritable nature sont présents, à chaque instant.
Votre Etre naturel, c’est l’Etre unique, transparent dans la Lumière et l’Amour sacrés. C’est
un saut quantique dans le développement que de reconnaître les mirages des identités fausses
du passé et du futur pour percevoir l’oasis quotidienne ordinaire de votre véritable nature qui
est purement ici et maintenant.
Posez la question de savoir à quelle religion vous souscrivez et répondez : à celle à laquelle
Dieu souscrit ! Cela suscitera des réactions révélatrices de la part des gens. Cette religion-là
doit être la religion authentique ! Bien sûr, Dieu et la Conscience résident en toutes choses, ce
qui comprend toutes les fois et toutes les religions authentiques et toutes choses. Comment
peut-on connaître l’Inconnaissable ? Votre vraie nature se situe au-delà de tous les mots, de
tous les concepts, de toutes les croyances et de tout le reste dans ce monde phénoménal. Le
mystique britannique, Tony Parsons (2000) considère ironiquement :
Essayer de partager via des mots la redécouverte et l’émerveillement de qui nous sommes est
un processus aussi futile que d’écrire la recette du plum-pudding et espérer que celui qui la
lira sera capable de le goûter !
Comment nommer l’Innommable ? Décrire l’indescriptible ? A quoi servent le temps et
l’espace pour l’intemporel sans dimension ? A quoi servent les mots pour l’indicible ? A quoi
servent les métaphores, les symboles, les paraboles et les histoires pour ce qui les transcende
tous et toutes ? Au mieux, utilisera-t-on ce que l’on peut comme des poteaux indicateurs de la
Vérité et de la Nature originelle.
LES CARREFOURS ENTRE LA FOLIE APPRISE ET LA SANTÉ MENTALE
PRIMORDIALE
Dieu est chez Lui ; c’est nous qui sommes sortis errer. (Maître Eckhart)
Etant donné l’histoire troublée et violente de cette planète, les agressions toxiques et
prédatrices à l’égard de l’environnement et le danger du réchauffement climatique, la question
clé à laquelle les êtres humains sont confrontés individuellement et collectivement est soit de
périr ou d’évoluer. Le maître spirituel, Eckhart Tolle (2005) interroge : la paix ou le drame ?
Continuer à dormir ou s’éveiller consciemment ? Il s’agit là d’un carrefour : allons-nous
continuer à nous accrocher et à nous corrompre dans la division de l’enfer ou lâcher prise
pour nous en remettre à l’unité indivise céleste ? Allons-nous nous en tenir au statuquo ou
sommes-nous prêts à mourir à celui que nous croyons être pour être celui que nous sommes
vraiment ? Il n’y a nulle part où aller et pas moyen de retourner en arrière ; il n’y a rien à faire
et à ne pas faire, ni personne pour faire quoi que ce soit pour personne d’autre. A partir de là,
tout arrive, s’écoule et se meut de lui-même sur base de son énergie et de son élan propre.
Caplan (1999) citait le maître spirituel français, Arnaud Desjardins, qui disait : ‘’C’est
toujours la même question : l’ego ou le renoncement ?’’ En termes plus percutants : la
souffrance ou le renoncement ? L’ego et la souffrance exigent une énorme dépense d’énergie,
alors que lâcher prise et s’en remettre ne requièrent essentiellement aucun effort, aucune
énergie, aucune volonté. Le terme ‘’énergie’’, selon sa racine française ou latine la plus
ancienne signifie littéralement ‘’travail’’ ou ‘’au travail’’. Comme on peut comprendre le
traumatisme comme quelque chose auquel on ne peut pas faire face ni accepter, l’acceptation
compatissante introduit l’opportunité d’une guérison. Celui qui a vécu l’expérience humaine
pourrait se demander : continuer à insister mordicus que l’on sait ou accepter humblement que
l’on ne sait pas ?
On pourrait tout autant demander : le traumatisme ou le lâcher-prise, le lâcher-prise signalant
l’acceptation profonde de ce qui est. Ou encore : être quelqu’un d’autre ou soi-même ?
Chaque question nous offre implicitement le choix : être le personnage dans l’histoire de qui
l’on est ou simplement être qui l’on est vraiment ? C’est purement la vie personnelle,
l’évolution humaine, la Conscience elle-même et l’Amour et la Divinité que l’on est qui sont
le pivot de cette bascule. Comme le demandait le Cours des Miracles : préféreriez-vous avoir
raison ou être heureux ? Le simple fait de demander aux gens de réfléchir à la question d’une
réaction ou d’une réponse a provoqué un grand bond en avant dans la conscience de
beaucoup. Ceci fait songer à une scène du film ‘’Un jour sans fin’’, où le personnage principal
qui est joué par l’acteur, Bill Murray, ne cesse de revivre le même jour. Par exemple, après
avoir marché à plusieurs reprises dans un profond nid-de-poule rempli d’eau en traversant une
rue, il expérimente la conscience d’être sur le point de recommencer et il évite prestement le
nid-de-poule et se réjouit de son ‘’progrès’’ !
Au cours des 4500 ans de l’histoire humaine archivée, la majorité des gens a préféré souffrir
et mourir plutôt que de grandir honnêtement et d’évoluer.7 On peut se poser la question en
termes de folie apprise ou de santé mentale primordiale, mais ultimement, la question est : le
mode humain ou divin. ? C’est la Conscience témoin qui observe, amusée, le moi de la
personne qui s’efforce de détourner et de s’approprier la vie. Elle est en mesure de voir cet
ego manœuvrer, et naturellement de renoncer à ce moi fictif, ce qui est le prélude d’un Soi
libre et authentique. Le caractère authentique s’érige au-delà de la personnalité, quand l’ego
n’est plus dans le chemin. Le Soi libre et authentique déploie l’existence, demeure dans la
pure Conscience de ce qui est antérieur à la naissance, de ce qui survit à la mort et de ce qui se
situe au-delà du conceptuel.
JE SUIS – LES QUALITÉS DIVINES N’ONT PAS D’OPPOSÉS
‘’Je suis ce que Je suis’’ et ‘’Soyez tranquille et sachez que Je suis Dieu’’ (Ramana
Maharshi)
Dans ces deux déclarations bibliques précitées, Mudaliar (1961) disait que le sage, Ramana
Maharshi, décrivait la paix évoquée dans l’Ecriture par ‘’Soyez tranquille et sachez que Je
suis Dieu’’ comme signifiant aussi la liberté par rapport aux pensées. La véritable liberté du
JE SUIS survient au prix de la transparence et de la destruction de l’illusion d’optique de
l’ego. Suivant les termes du Maharshi (1985), ‘’JE SUIS’’ est Dieu, et non penser : ‘’je suis
Dieu’’. Le Maharshi considérait le JE SUIS comme un autre nom de la Réalité, de la Vérité et
du Soi, et que le silence (intérieur) était l’unique exigence requise pour la réalisation du Soi en
tant que Dieu. Le JE SUIS est cette Présence habitante qui émane de l’absence, toutes choses
7
Cela m’a toujours stupéfié de le constater !, NDT
se manifestant à partir du néant, sans moi séparé comme intermédiaire entre l’expérience
directe et l’Etre. Le Soi ou le JE SUIS n’a ni sujets, ni objets, ni je suis ceci, ni cela.
Comme Ramana Maharshi le dirait, le Nirvana est réellement la perfection. Une fois encore,
puisque le Nirvana signifie extinction ou annihilation, dans le Nirvana, il n’y a ni sujet, ni
objets, rien à voir, à sentir, ni à connaître. Avec la cessation de l’irréel, seule la Conscience
bienheureuse, le Soi et le JE SUIS demeurent. Beaucoup de sages et de maîtres spirituels
savent que JE SUIS est l’unique Vérité évidente par Elle-même.
Les approches directes de la Vérité n’ont pas d’étapes et acceptent totalement la vacuité de
l’existence et l’unité fondamentale de chaque chose comme un paradoxe inhérent à cet
univers. Via la pure perception de l’Etre essentiel, le tout est observé comme une expression
parfaite de soi-même et de toutes choses. Cette conscience a des racines qui s’étendent
jusqu’à l’ancienne Chandogya Upanishad, si influente dans l’hindouisme, où la Conscience
suprême et Réalité absolue est Brahman, l’Un sans second.
Etre Un, sans second, c’est être impersonnellement Un, sans un autre, sans opposé, l’espace et
la conscience du JE SUIS dans le judaïsme, dans le christianisme et l’hindouisme, et la Nature
de Bouddha dans le bouddhisme. Le sage hindou, Nisargadatta Maharaj, dira ‘’JE SUIS
CELA’’ (That Twam asi). Le Principe général est Brahman, l’Atman ou le Soi, quand Il
s’applique à une personne. L’Atman et Brahman sont identiques, en réalité – la Conscience
universelle. Les anciennes Upanishads hindoues disent directement à la Conscience
essentielle que nous sommes déjà Brahman, puisque Brahman est tout ce qu’il y a et qu’il n’y
a que Brahman.
Derrière chaque grande vérité, il y a souvent une grande vérité égale inverse, comme l’a
suggéré le physicien, Niels Bohr. Derrière la grande vérité, JE SUIS, il y a la grande vérité
inverse, JE NE SUIS PAS. Comme on observe la lumière définie par rapport à l’obscurité et
vice versa, le JE SUIS est indissociable du JE NE SUIS PAS. En réalité, dans le bouddhisme,
les trois caractéristiques de l’existence ou de l’expérience sont l’impermanence, la souffrance
(ou l’insatisfaction) et le non-soi.
Une fois que le faux ego toujours changeant est démasqué, le non-soi – la vacuité qui est au
cœur des enseignements du Bouddha – se révèle. Après le démasquage et le détachement de
tout ce qui est irréel, seule reste évidente la non-séparation, le réel, la nature originelle.
Nisargadatta Maharaj (1973) répétait souvent que l’on devait être libre de tout concept, y
compris du concept JE SUIS. Dans cet espace de liberté, tout ce qui reste est authentique, le
JE SUIS transparent, en tant qu’Etre. Pour être clair, les affirmations, JE SUIS et JE NE SUIS
PAS sont en réalité des termes inappropriés, étant donné que toute personne, ‘’vous’’, ‘’il’’ et
‘’moi’’ ne sont que des idéations exprimées par des mots, et non le réel, la réalité ou ce qui
existe. Ces clauses, la Présence et l’observation des manigances du mental font office de
rappel et de protection contre des manières subtiles de continuer à s’accrocher à une fausse
identité et à des illusions.
Démasquer le moi personnel comme étant purement illusoire génère la conscience que toute
chose est essentiellement vide et vacuité, ainsi que complète et toute chose. Une fois que le
‘’je’’ est perçu comme une illusion, la Conscience naturelle se déploie à un niveau
transcendant auparavant inconcevable – qui et ce que vous êtes vraiment. On ne connaît pas
tant la nature originelle que l’on est connu par elle. Il faut d’abord ‘’quelqu’un’’ pour être
‘’personne’’, pour être qui on est en sachant qui on n’est pas. Il faut un soi pour voir le non-
soi et habiter le JE SUIS. Comme l’a dit Wei Wu Wei (1970) : ‘’Je suis, puis je ne suis plus,
donc JE SUIS.
Considérez cette expérience : choisissez d’éviter de regarder vers l’extérieur dans le monde
pendant un moment. Ramenez naturellement votre attention à l’intérieur de vous-même. Cette
Conscience qui observe et écoute à l’intérieur, simple et profonde, est accessible pour celui ou
celle qui calme suffisamment le mental pour s’accorder au silence intérieur, à la paix et à la
vérité qui sont éternellement présents. Alors, tout ce qu’il y a, c’est ceci : reposer dans la
présence de la Conscience, plus sous la forme d’un sentiment que d’une pensée. Le vrai Soi
est expérimenté dans cette conscience de l’instant présent, le pardon de la
réunification/rédemption, l’espace de l’inspiration créatrice et de l’harmonisation intuitive
avec l’Un.
L’ego imaginaire prétend faussement me créer avec tous ses sentiments, pensées, convictions
et actions qui lui correspondent et qui l’accompagnent. L’ego fictif ou le mental fabrique aussi
tous les opposés matériels et conceptuels, comme le bien et le mal, le chaud et le froid, ma
voie et votre voie. Dans ces instants de présence où elles peuvent observer les penchants du
mental à jouer avec les opposés, les personnes que je conseille s’intéressent moins à toutes ces
opinions arbitraires et à tous ces jugements moraux, ce qui laisse juste le sentiment
merveilleux d’être vitalement présent à l’instant précieux pour respirer, regarder et ressentir
ce que c’est d’être lumineusement vivant et dans l’appréciation de toute chose. Elles accèdent
à l’intuition, au réel et au transcendant et elles approfondissent leur vie spirituelle,
généralement.
Quand le moi raconteur ou fabulateur est perçu comme faux et non-existant, les polarités
demeurent et s’intègrent maintenant dans la perception pure de la plénitude non-duelle et de
l’unité. Le monde duel qui s’intègre dans l’univers non-duel est l’essence du Soi libre et
authentique, étant lui-même la totalité, la plénitude et l’unité. Toutes les fonctions peuvent se
développer par l’entremise du mécanisme du corps-mental produit par la pure Conscience –
une expérience directe de l’Etre et pas une expérience imaginée par un ego fictif.
Les qualités divines d’amour, de lumière, de vérité, de beauté, de bonté et de bienveillance ont
leurs polarités qui sont inversées par la lentille de l’ego : haine, obscurité, mensonge, laideur,
méchanceté et malveillance. A l’inverse, dans la perception pure de la nature originelle, ces
qualités n’ont pas d’opposé. Chacune d’entre elles reflète purement la plénitude divine. Via
cette perception pure, le sentiment d’être dans l’instant n’a pas d’opposé, étant l’Etre Luimême.
L’absence est ce qui se rapproche le plus pour décrire ce qui n’a pas d’opposé : les qualités
divines de la Réalité absolue. Le philosophe du Moyen-Age, St. Augustin fut peut-être le
premier à exprimer cette compréhension avec le précepte ‘’privatio bonum’’. Par exemple,
définir le mal comme l’absence du bien éclaire comment des qualités couplées ont un rapport
inverse d’absence et de présence plutôt que des opposés.
L’absolu divin n’a pas d’opposé sous forme de qualités ou de sentiments. Tout est perçu
faussement à travers la lentille de l’ego. L’apparence d’opposés est seulement deux aspects de
la même chose. Comme le Tao Te King l’a fait observer, il y a longtemps, quand quelque
chose de positif se produit, il contient les germes du positif et du négatif. Similairement,
quelque chose de négatif contient en soi les germes du positif et du négatif. L'obscurité, c’est
l’absence de lumière ; l’inconscience, l’absence de conscience ; la fausseté, l’absence
d’authenticité ; et toute ignorance, séparation, attachement et souffrance ne sont qu’absence
d’unité. Similairement, l’indifférence est absence d’amour ; la tromperie, absence de vérité ;
le désespoir, absence de foi ; la laideur, absence de beauté ; la cruauté, absence de bonté ; et
l’exaction, la violence et la guerre, absence de bien.
Ce n’est qu’à travers la perception de l’ego que le divin peut paraître avoir un opposé. Ainsi,
avec la Conscience, il n’y a pas d’ignorance, l’ignorance est simplement l’absence de
Conscience. Avec la Présence, il n’y a pas de déconnexion ; être déconnecté n’est que
l’absence de Présence. Dans le Soi, il n’y a aucun autre ; l’autre n’est que l’absence apparente
du Soi.
MARCHER SUR LE FIL DU RASOIR : ÊTRE DANS CE MONDE, MAIS PAS
DE CE MONDE
Soyez dans le monde, mais pas de ce monde. (Source inconnue, attribué à Jésus de Nazareth
et au Mahatma Gandhi)
L’intégrité d’être dans ce monde, mais pas de ce monde, est transparente. Ceux qui posent
courageusement les questions impertinentes en faveur de la Vie contestent le statuquo
largement répandu contre la Vie. Soutenir les principes divins dans le terreau universel qui
comprend tout de l’Etre. Ces âmes intrépides risquent tout pour ce qui sonne le plus juste à
l’intérieur de leur cœur. Les lanceurs d’alertes, objecteurs de conscience, rebelles
iconoclastes, idéalistes et progressistes visionnaires risquent la ruine financière, la prison, les
sévices, la torture et la mort pour la liberté authentique du Soi. Défendre les principes divins
n’est pas une déviance. Vilipendés et punis, ces êtres rares restent fidèles à l’Esprit et Cela
que chacun est vraiment.
Etre dans ce monde, mais pas de ce monde, c’est être du royaume intemporel de l’Esprit et de
l’Unité indivise, un royaume d’Amour. Ne pas être séduit par le monde, ne rien prendre d’une
manière personnelle et ne pas se projeter dans le monde empirique se traduit comme
acceptation sincère que tout ce qui naît dans le monde est sacré. Le grand art d’être libre dans
un monde qui ne l’est pas est comparable à marcher sur le fil du rasoir tout en continuant à
jongler habilement et en gardant son équanimité, quand on est provoqué... Renoncer à toute
recherche et à toutes les fausses identités équivaut à l’acceptation d’être simplement et
purement dans le monde sans le moindre intérêt pour être ce que l’on n’est pas – le monde qui
change.
Etre dans le monde et non du monde est la dimension du pouvoir authentique. Etre dans sa
famille, sa société ou son pays, c’est en faire l’expérience directe. Etre dans ce monde, mais
non du monde – dans la dimension de l’union spirituelle – c’est tout observer en reconnaissant
que tout est divin, sans séparation, ni division, ou distinction. Etre dans ce monde et non du
monde, c’est connaître la nature originelle et la Conscience de l’âme et connaître chaque être,
comme expression du divin, comme enfant de Dieu.
Quand les humains ne sont ni dans le monde, ni du monde, cela produit une apathie
abrutissante, une déconnexion dommageable et quand les humains sont dans le monde et du
monde, leur moi personnel, leur ego est toujours en train de quêter, s’approprier et dans
l’appréhension et opère en se croyant plus important que Dieu. Les uns sont sans rapport avec
la vie et les autres sont tellement empêtrés dans la vie qu’ils ne peuvent pas voir au-delà. Il est
tellement facile de se laisser attirer par la pensée que rien n’a de l’importance, de toute façon,
alors pourquoi s’en soucier ou bien alors, le monde est si important que rien d’autre ne
compte.
Celui qui est dans le monde, mais pas de ce monde, a la faculté de pouvoir faire une pause, de
prendre du recul, de respirer et d’observer activement toute difficulté ou toute situation
chargée émotionnellement. Dès que l’on voit à travers les jeux de l’ego, le faux moi se
détache. Tout devient limpide et fluide, à l’image d’un aigle qui plane avec aisance. A partir
d’une vision d’ensemble ou panoramique, on sent ce qu’il y a derrière le drame de la vie qui
se déroule.
Considérez ces exemples : dans la bestialité de la folie matérielle égoïste, n’y prenez pas part
et restez sain d’esprit, le cœur ouvert et capable de faire des choix sains dictés par l’âme. Dans
une famille (biologique) dénuée de sentiments et indifférente, ne lui appartenez pas et liezvous avec votre vraie famille et soutenez votre vraie famille qui est la vaste famille de
l’humanité. Dans un pays auteur d’agressions, d’exactions et de terrorisme, n’adhérez ni à sa
mentalité ni à ses actions. Un conseiller en gestion d’entreprise a commencé à voir à quel
point sa société ne s’était réellement pas montrée à la hauteur de leur contrat et a pu faire face
avec assurance à ce mode de conduite qui était dévalorisant depuis longtemps sans s’attacher
indûment aux résultats et en sachant qu’il n’était pas piégé et qu’il pouvait se mettre à la
recherche d’une entreprise plus saine et plus responsable pour un bénéfice mutuel. Il a
commencé à voir et à ressentir qu’il pouvait se trouver dans la société sans s’identifier à celleci et c’est ce sentiment de liberté et de pouvoir agir qui comptait le plus pour lui.
Etre dans ce monde sans être de ce monde veut dire participer et contribuer au monde en tant
qu’Etre intégral indifférencié. Dans cet espace intérieur, on ne s’identifie pas à tort à la
perception et aux désirs de l’ego. On n’est pas le produit de toute la programmation et de tous
les conditionnements courants. En opérant ses choix de vie dans le monde phénoménal, on
peut incarner et manifester un Soi libre et authentique en s’harmonisant avec l’Absolu
spirituel.
EN GUISE DE CONCLUSION
Les sept thèmes du renoncement et de l’Eveil qui constituent la trame de cet écrit forment un
bel entrelacs qui revendique le trésor de notre véritable nature. Chaque fil se déploie, se
combine avec et sublime synergétiquement l’autre en tissant la splendide tapisserie naturelle
de l’ainséité de l’Etre toujours existante. Nous avons exploré comment voir et reconnaître
l’illusion d’optique du moi ou de l’ego pouvait naturellement l’écarter et révéler la
Conscience elle-même. En outre, une fois que tout ce qui dissimule le réel est dévoilé et
écarté, qu’il s’agisse de morceaux de marbre qui obstruent le David de Michel-Ange, du bricà-brac dans une pièce qui semble nous priver de l’espace toujours présent ou du mental irréel
qui opère comme un écran de fumée masquant notre Soi authentique, seule subsiste ce qui ne
va ni ne vient, la Réalité et la Vérité. Une telle expérience peut se référer à la vision intérieure
de l’Un de Plotin qui englobe toute chose en reconnaissant la nature intégrale de toute chose,
tout comme la notion de Gaia nous fait voir le monde entier comme un organisme vivant. Ce
qui en émerge, c’est l’appréciation d’être vécu dans une plus grande matrice vitale.
Le thème de la via negativa, de l’expérience pleine et corsée, du caractère désagréable, de la
douleur et du déchirement de l’échec brise, puis ouvre notre cœur compatissant à des
profondeurs sacrées indicibles en générant l’appréciation de ce qui est et qui jusque ici avait
été pris comme allant de soi. Nous avons vu comment la prétention de l’ego à l’Eveil
prématuré via le matérialisme spirituel et l’évitement ou le contournement était une
mystification qui ne mène nulle part. Le concept d’individuation de Jung, développement
mature de la révélation de la nature véritable, sans personne dans le chemin survient via un
processus de réintégration de l’ombre du moi – tout ce qui est projeté sur les autres. Bien que
l’individuation ait été mal comprise comme de l’égotisme, il s’agit en réalité d’un
renoncement humble et d’une soumission à l’appel intérieur du Soi. On reprend tout ce à quoi
on a résisté et qu’on a rejeté et on digère tout ce qu’on a trouvé inacceptable.
L’acceptation profonde, associée à une absence de résistance totale et au lâcher-prise
incessant par rapport aux désirs de l’ego est la clé pour accepter, devenir ami avec et
transcender l’ego. Par la suite, on découvre qu’il n’y avait rien à projeter en premier lieu, ni
personne pour le faire. Réintégrer son ombre ou juste voir qu’il n’y a jamais eu personne pour
projeter des circonstances indésirables, des sentiments inconfortables ou des jugements
négatifs pour commencer suscite un bel éveil. En dépassant le stade du développement sain et
normal de l’identité égoïque, tout ce qui demeure, c’est l’expression plus saine du Soi
resplendissant.
Une fois que toutes nos fausses identités en tous genres sont amenées à la lumière du jour,
examinées et démantelées, l’attrait de songer à qui on est en s’assimilant à toutes ces
conceptualisations devient de plus en plus grotesque et ridicule. En restant conscient et en
observant le caractère éphémère de toutes les formes matérielles et de toutes les formes
pensées, elles sont vues comme de pâles imposteurs de notre véritable nature. Vues pour ce
qu’elles sont, toutes les fausses identités perdent leur attrait, leur intérêt et leur fascination et
ne laissent que la Conscience elle-même dans leur sillage.
Arnaud Desjardins écrit : ‘’Avec votre mental en vie, vous mourez ; avec votre mental mort,
vous vivez.’’ A tout instant, notre être se situe à ce carrefour avec ce fichu ego quasiment
indétectable sous des milliards de déguisements différents, en quête d’une nouvelle
opportunité pour contrôler et diriger notre vie, prétendument pour notre sécurité, notre
protection et notre survie. C’est seulement dans notre port intérieur, calme et tranquille, où
nous renonçons à tout ce que nous ne sommes pas que ce que nous sommes vraiment peut
respirer et s’épanouir, révéler et manifester ce qui a toujours été, qui est et qui restera
éternellement - vivant consciemment et authentiquement notre vie et incarnant pleinement et
authentiquement notre Soi.
C’est précisément ce qui surgit au fil du temps au carrefour de la folie apprise conditionnée et
de l’équilibre spirituel originel inconditionné qui détermine essentiellement ce qu’est notre
vie. Lâcher prise par rapport à tout auteur, acteur ou personnage et s’affranchir de tout moi
distinctif dirigeant le spectacle de nos vies par ses supercheries et sa volonté qui se fait passer
pour la nôtre, laisse purement ceci : JE SUIS. En observant cet espace gracieux et subtil
d’équilibre mental, celui que vous êtes réellement peut commencer à voir l’invite de la
Volonté divine authentique et impersonnelle et via l’exercice de son choix apparent, l’honorer
et la suivre.
A travers le prisme de l’ego/mental qui qualifie, catalogue et étiquette, d’innombrables
polarités apparaissent et captivent continuellement le mental, opérant sous la forme de
distractions, tandis que le crime de nous dérober la Vie authentique est perpétuellement
perpétré. A travers le prisme de la Conscience témoin, nous ne pouvons percevoir que
l’amour, la joie, la vérité et la bonté ou l’absence apparente de celles-ci. Bien entendu, une
telle absence est elle-même illusoire et n’existe pas réellement, n’étant pas plus réelle
qu’avoir perdu le soleil éclatant, alors que la vérité en question est que le soleil resplendit
toujours et semble seulement bloqué par d’épais nuages ou disparaître pendant la nuit.
Le fil du rasoir de la conscience non-duelle, c’est se situer dans le véhicule du corps qui
traverse le paysage du monde empirique, à l’image d’un surfeur qui chevauche une vague
formidable et puissante depuis l’océan jusqu’à la plage, et cependant resté détaché de lui.
Comme le surfeur toujours parfaitement vigilant et conscient de tous les périls et dangers
constitués par les hauts-fonds et les écueils, les contre-courants, les requins et les brisants
cachés, nous suivons intuitivement et habilement notre trajectoire, quasiment sans effort, dans
ce monde, sans être de ce monde, pour filer au-delà des appels des sirènes envoûtantes de
l’ego-mental illusoire et de toutes ses idéations, branchés sur et habitant notre vrai Soi.
La nature authentique communie dans l’ineffable et l’inconnaissable absolu. On peut
demeurer toujours accessible, dans l’ouverture de la conscience en n’observant rien et tout à
la fois, y compris des miracles quotidiens et des épiphanies, avec l’absolu qui pénètre le
domaine terrestre. C’est la joie de vivre que les sages de toutes les époques ont expérimentée,
qu’ils ont évoquée et indiquée, qui n’est pas seulement toujours présente pour chacun, mais
qui est en outre notre droit de naissance divin, puisque ce que nous sommes vraiment est déjà
ici, caché sous nos yeux. A la place de continuer de vous faire avoir par les ruses
revendicatrices d’autorité et de paternité de l’ego-mental, la toute belle opportunité que nous
offre chaque instant, c’est d’observer, d’examiner, d’investiguer et de démanteler toutes ces
prétentions conceptuelles et de découvrir par vous-même qu’elles sont toutes fausses.
Dans son livre, Eihei Dogen, Mystical Realist, l’auteur, Hee-Jin Kim, citait le maitre zen
exceptionnellement ordinaire, Dogen, qui déclarait : ‘’Etudier la Voie, c’est étudier le moi.
Etudier le moi, c’est oublier le moi. Oublier le moi, c’est être éclairé par toutes les choses de
l’univers.’’ Quand l’ego/moi est pleinement vu comme un mirage, lâché, puis oublié, ce n’est
qu’alors que notre vie authentique peut commencer. Quand tout peut être accepté et embrassé
comme étant le Soi, sans un second ni un autre, le renoncement est total. Quand on
s’affranchit délibérément de tous les attachements, de toutes les dépendances et de tous les
désirs et quand on est authentiquement sans besoin, on réalise pleinement et naturellement le
renoncement. Dans l’espace de tout ce qui est présent et réel, à chaque instant, nous sommes
bénis de pouvoir incarner progressivement notre équilibre spirituel et notre nature originelle à
la fine pointe de la Vie Elle-même…
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Paradoxica : Journal of Nondual Psychology, Vol.. 2, Spring 2010
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