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Durkheim - Biographie

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Emile Durkheim (1858-1917) :
→ Biographie…
Emile Durkheim, considéré comme étant le père de la sociologie moderne né dans les
Vosges le 15 avril 1858, est issu une famille juive pratiquante dont le père était rabbin.
Sceptique de la question religieuse, agnostique, il s’oppose à la tradition familiale en intégrant
en 1879 l’Ecole normale supérieure de Paris. Reçu quelques années plus tard à l’agrégation de
philosophie, il part ensuite, grâce à une bourse obtenue quelques années auparavant, en
Allemagne, y étudier les sciences humaines allemandes. En 1887, de retour en France, il
obtient un poste de « Science sociale et pédagogie » à l’Université de Bordeaux et se marie la
même année à Louise Dreyfus, personnage clé dans l’existence du sociologue avec qui il aura
deux enfants. Entre 1887 et 1902, son activité intellectuelle est particulièrement intense et
fructueuse, puisqu’il écrira durant cette période, trois de ses ouvrages majeurs. L’année 1898
est marquée par la création de sa revue L’Année sociologique qui jouera un rôle capital dans
la définition et l’institutionnalisation de la sociologie française. Durkheim y publiait des
articles originaux et de très nombreux comptes rendus d’ouvrages. Titulaire de la chaire de
science de l’éducation de la Sorbonne à partir de 1906, il parvient à la faire renommer en
1913 : « Sciences de l’Education et Sociologie ». Cependant, « la discipline sociologique »
n’a pas encore d’existence institutionnelle : ce sera d’ailleurs précisément l’objectif de
l’œuvre de Durkheim. Bien que proche de Jean Jaurès, Emile Durkheim, plutôt tourné vers le
socialisme ne s’engage pas en politique. Dreyfusard, Durkheim est également un membre
actif de la Ligue pour la défense des Droits de l’Homme de Bordeaux. Dès 1905, lors de la
séparation de l’Eglise et de l’Etat, il se dit favorable à la laïcité dans l’enseignement. La mort
au front de son fils en 1915, le fait entrer dans un profond chagrin qui le conduira à la mort,
peu de temps après, le 15 novembre 1917.
→ Contexte…
Il serait désormais intéressant afin de mieux comprendre son œuvre, d’étudier le contexte
dans lequel a évolué Durkheim. Considérons tout d’abord le XIXe sous l’angle politique. Il
naît au spectacle sanglant de l’épopée napoléonienne, pour s’abîmer dans la tuerie de la
Grande Guerre. C’est un siècle marqué par une profonde instabilité politique, sept régimes se
succèdent en moins de cent ans : Consulat, puis Empire sous Napoléon Ier, retour à la
monarchie sous Louis XVIII, Charles X puis Louis-Philippe, nouvelle tentative de République
transformée en Empire par Napoléon III et enfin proclamation de la IIIème République qui
durera jusqu’en 1940.
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Les clivages politiques sont particulièrement marqués. Droite et gauche s’opposent,
évidemment. Mais à l’intérieur de ces deux entités, des tensions sont également palpables. Au
sein de la droite notamment, en effet, alors que la droite « aristocratique » s’accroche aux
valeurs de l’Ancien Régime ; la droite bourgeoise elle tente de concilier ordre monarchiste et
capitalisme industriel. Le débat public se pose donc, en général, en termes contrastés : progrès
ou tradition, science ou religion, liberté ou ordre, autant de clivages qui coïncident souvent,
mais pas toujours, avec l’opposition gauche droite. Enfin, la Première Guerre Mondiale à
laquelle Durkheim est intimement lié puisque son fils, André y perd la vie au combat est
également un évènement marquant de cette époque.
D’un point de vue plus économique et social désormais, le XIXe est le siècle, en France, de la
révolution industrielle. Servie par les progrès de la technique, elle se fonde sur le textile et sur
l’aciérie essentiellement. Les moyens de communication se développent, les chemins de fer,
la machine à vapeur… Le capitalisme financier, avec la Bourse, prend une ampleur nouvelle,
et permet l’essor d’une bourgeoisie d’affaires, aux réussites parfois spectaculaires. Cependant,
cette création des richesses engendre une augmentation considérable de la misère sociale. La
question sociale commence alors à être véritablement posée et des sujets comme
l’asservissement de l’homme aux machines et au système social ou le travail des enfants,
finissent par attirer l’attention.
Enfin, notons les principales évolutions culturelles de ce XIXe siècle. On retrouve
premièrement l’avènement d’une culture nationale commune, fondée sur le patriotisme et sur
l’histoire de France. L’idée de nation offre à la France divisée l’occasion de se réunir autour
de valeurs communes. Un mouvement de laïcisation de la société auquel adhère Durkheim
apparait et aboutira à la séparation de l’Église et de l’État en 1905. Dans un autre registre, les
valeurs positivistes de la science et de la connaissance sont de plus en plus célébrées.
Enfin, le XIXe est caractérisé par l’avènement d’une culture de masse. Le suffrage universel,
l’alphabétisation croissante, l’essor de la presse et des gazettes, donnent au pays tout entier
une conscience et une culture politique nouvelle.
→ Théorie…
Intéressons-nous maintenant à la théorie durkheimienne en elle-même. Considéré comme
l’un des pères fondateurs de la sociologie, Durkheim travaille à la définir comme une
discipline scientifique autonome. Afin de définir une méthode scientifique d’analyse des faits
sociaux, Durkheim les considère comme « des choses ». Il applique une méthode scientifique
pure empruntée aux sciences expérimentales alors triomphantes. L’idée principale de
Durkheim est donc que les actes des individus que l’on pourrait croire inspirés par leurs
personnalités sont en réalité influencés par la société. Son étude sur Le Suicide de 1897 en est
l’illustration parfaite, puisque Durkheim y applique pour la première fois sa méthodologie
définie dans Les Règles de la méthode sociologique en étudiant le nombre, la fréquence, le
lieu et le mode de suicide. Il veut démontrer que le suicide est un phénomène social. Il
compare donc à l’aide de statistiques les variations du taux de suicide entre différents groupes
sociaux et en tire la conclusion que le suicide est un fait indépendant de chaque décision
individuelle, et donc : social.
Le suicide varie selon lui en fonction du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait
partie l'individu. Ainsi plus l’individu est intégré socialement, fait partie d’une communauté
solide moins il a de « chances » de se suicider.
Le suicide n’est alors qu’en apparence un acte individuel.
La montée de l'individualisme dans les sociétés modernes représente le fléau occidental
menaçant toute l’œuvre de Durkheim, puisqu’il pourrait désintégrer le corps social et les
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structures sociales traditionnelles. L’individualisation est également rendue responsable de
l’affaiblissement des solidarités et de la baisse du sentiment d’appartenance à la communauté.
Durkheim s’interroge donc sur les différents moyens de freiner la « destruction morale » de la
société. Pour lui, l’intégration de celle-ci repose sur la conscience collective définie comme
l’« ensemble des croyances et des sentiments communs à une société qui a sa vie propre
indépendamment des individus qui la porte ». Dans les sociétés anciennes, cette conscience
collective était portée par la religion, tandis que dans les sociétés modernes, elle repose sur
l’école, contrôlée par l’Etat, chargée de diffuser une morale laïque. Durkheim préconise donc
la mise en place de groupements professionnels comme des corporations de métiers afin d’une
part de garantir la cohésion sociale et d’autre part, de pallier au déclin voir à la disparition des
anciennes formes du lien social Eglise et famille notamment. En vertu de la proximité des
membres, ces corporations permettent donc un renforcement du lien social.
Pour Durkheim, la sociologie doit être une science appliquée, éclairer la société sur ses maux
et indiquer des lignes d’action pour la réformer :
« Nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient
avoir qu’un intérêt spéculatif. Si nous séparons avec soin les problèmes théoriques des
problèmes pratiques, ce n’est pas pour négliger ces derniers : c’est, au contraire, pour mieux
les résoudre » Préface de De la division du travail social, 1893
Durkheim analyse la transformation des formes du lien social lors du passage des sociétés
traditionnelles aux sociétés industrialisées. Il distingue la solidarité mécanique dans les
sociétés traditionnelles et la solidarité organique dans les sociétés modernes.
La solidarité mécanique est basée sur la similitude des individus qui partagent «
mécaniquement » les mêmes sentiments, obéissent aux mêmes croyances et aux mêmes
valeurs. La conscience collective est forte, ainsi la pensée et les conduites des individus sont
déterminées par la communauté à laquelle ils appartiennent (Eglise, famille…).
La solidarité organique qui tient son nom des organes d’un être vivant tous différents mais
tous indispensables au fonctionnement du corps repose elle, sur la différenciation des tâches
entre les individus, liés les uns aux autres grâce à la division du travail. La conscience
collective est donc nettement moins forte.
L’élément à l’origine de ce passage d’une forme de solidarité à l’autre est selon notre
sociologue : le développement de la division du travail, apparue après des désorganisations
économiques et sociales produites par des révolutions politiques et industrielle notamment.
Elle consiste en la répartition des différents rôles et fonctions entre les membres de la société.
Chacun se spécialise dans une fonction qui le rend complémentaire des autres. Elle est
devenue au même titre que la spécialisation en économie indispensable face à l’augmentation
de la population entre autre. La vision durkheimienne de la division du travail diffère
cependant largement de celle des économistes. Alors que ces derniers y voient un moyen
d’accroître la productivité et les richesses produites, Durkheim la conçoit comme un
phénomène social reposant sur le partage des fonctions jusque-là communes à tous les
individus. Bien que la division du travail augmente la solidarité et la dépendance entre les
membres d’une société, Durkheim met cependant en évidence des formes « anomiques » de la
division du travail : c’est le cas lorsque le travail est répétitif où l’ouvrier est séparé de sa
famille, et de tous les cas où la tâche confiée à l’individu ne lui convient pas. Ce concept
d’anomie est un des piliers les plus importants de la théorie durkheimienne.
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→ Bibliographie…
Pour terminer cette présentation d’Emile Durkheim, nous vous proposons une
bibliographie de ses œuvres majeures.
 De la division du travail social, parue en 1893 est considérée comme la première
œuvre du sociologue. Présentée à la faculté des lettres de Paris Félix Alcan, cet
ouvrage encore aujourd’hui une référence en matière de sociologie répond aux
différents questionnements concernant le lien social.
 En 1895, il publie Les règles de la méthode sociologique où il définit l’objet de la
nouvelle discipline qu’il veut fonder comme le fait social. Il le définit comme une «
manière d’agir, de penser et de sentir » extérieure à l’individu et qui s’impose à lui. Il
établit également dans cet ouvrage les règles méthodologiques à suivre pour une étude
sociologique.
 Le Suicide est publié deux après, en 1897, Durkheim met ici en application les
principes méthodologiques qu’il a préalablement définis dans les règles de la méthode
sociologique. Il défend par le biais d’analyses sociologiques susmentionnées l’idée
selon laquelle le suicide est un fait social à part entière.
 Dans la même année il publie La prohibition de l’inceste et ses origines, texte
reproduit dans le journal sociologique de Paris en 1969. A l’instar du suicide, il étudie
la prohibition de l’inceste et ses origines selon sa méthodologie. Ce livre correspond à
une application de la sociologie durkheimienne à l’un des problèmes fondamentaux de
l’anthropologie.
 En 1912, quelques années après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il publie les
formes élémentaires de la vie religieuse une des plus importantes de ses œuvres dans
laquelle il démontre que les représentations religieuses sont en réalité des
représentations collectives.
 Enfin, en 1915 alors qu’il vient de perdre son fils, il publie l’Allemagne au-dessus de
tout.
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