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Les clivages politiques sont particulièrement marqués. Droite et gauche s’opposent,
évidemment. Mais à l’intérieur de ces deux entités, des tensions sont également palpables. Au
sein de la droite notamment, en effet, alors que la droite « aristocratique » s’accroche aux
valeurs de l’Ancien Régime ; la droite bourgeoise elle tente de concilier ordre monarchiste et
capitalisme industriel. Le débat public se pose donc, en général, en termes contrastés : progrès
ou tradition, science ou religion, liberté ou ordre, autant de clivages qui coïncident souvent,
mais pas toujours, avec l’opposition gauche droite. Enfin, la Première Guerre Mondiale à
laquelle Durkheim est intimement lié puisque son fils, André y perd la vie au combat est
également un évènement marquant de cette époque.
D’un point de vue plus économique et social désormais, le XIXe est le siècle, en France, de la
révolution industrielle. Servie par les progrès de la technique, elle se fonde sur le textile et sur
l’aciérie essentiellement. Les moyens de communication se développent, les chemins de fer,
la machine à vapeur… Le capitalisme financier, avec la Bourse, prend une ampleur nouvelle,
et permet l’essor d’une bourgeoisie d’affaires, aux réussites parfois spectaculaires. Cependant,
cette création des richesses engendre une augmentation considérable de la misère sociale. La
question sociale commence alors à être véritablement posée et des sujets comme
l’asservissement de l’homme aux machines et au système social ou le travail des enfants,
finissent par attirer l’attention.
Enfin, notons les principales évolutions culturelles de ce XIXe siècle. On retrouve
premièrement l’avènement d’une culture nationale commune, fondée sur le patriotisme et sur
l’histoire de France. L’idée de nation offre à la France divisée l’occasion de se réunir autour
de valeurs communes. Un mouvement de laïcisation de la société auquel adhère Durkheim
apparait et aboutira à la séparation de l’Église et de l’État en 1905. Dans un autre registre, les
valeurs positivistes de la science et de la connaissance sont de plus en plus célébrées.
Enfin, le XIXe est caractérisé par l’avènement d’une culture de masse. Le suffrage universel,
l’alphabétisation croissante, l’essor de la presse et des gazettes, donnent au pays tout entier
une conscience et une culture politique nouvelle.
→ Théorie…
Intéressons-nous maintenant à la théorie durkheimienne en elle-même. Considéré comme
l’un des pères fondateurs de la sociologie, Durkheim travaille à la définir comme une
discipline scientifique autonome. Afin de définir une méthode scientifique d’analyse des faits
sociaux, Durkheim les considère comme « des choses ». Il applique une méthode scientifique
pure empruntée aux sciences expérimentales alors triomphantes. L’idée principale de
Durkheim est donc que les actes des individus que l’on pourrait croire inspirés par leurs
personnalités sont en réalité influencés par la société. Son étude sur Le Suicide de 1897 en est
l’illustration parfaite, puisque Durkheim y applique pour la première fois sa méthodologie
définie dans Les Règles de la méthode sociologique en étudiant le nombre, la fréquence, le
lieu et le mode de suicide. Il veut démontrer que le suicide est un phénomène social. Il
compare donc à l’aide de statistiques les variations du taux de suicide entre différents groupes
sociaux et en tire la conclusion que le suicide est un fait indépendant de chaque décision
individuelle, et donc : social.
Le suicide varie selon lui en fonction du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait
partie l'individu. Ainsi plus l’individu est intégré socialement, fait partie d’une communauté
solide moins il a de « chances » de se suicider.
Le suicide n’est alors qu’en apparence un acte individuel.
La montée de l'individualisme dans les sociétés modernes représente le fléau occidental
menaçant toute l’œuvre de Durkheim, puisqu’il pourrait désintégrer le corps social et les