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Lobbying à rebours

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Booz Sébastien
Mémoire mineur
Sciences sociales et directions générales
MASTER 101 :
Politique générale et stratégie des organisations
Le lobbying à rebours
L’influence du politique sur la stratégie des entreprises
Résumé général
L’ouvrage que j’ai choisi de résumé s’intitule Le lobbying à rebours : l’influence du politique
sur la stratégie des grandes entreprises. Il a été publié aux éditions SciencesPo Les Presses en
2011 dans le domaine Gouvernances. SciencesPo Les Presses est une maison d’édition
universitaire qui a pour vocation de publier la recherche et d'éditer des ouvrages de référence
à destination des étudiants. Les ouvrages publiés dans le domaine Gouvernances ont pour
objet les organisations publiques, les marchés, les acteurs collectifs, les entreprises, les
mouvements sociaux impliqués dans les politiques publiques et l'enchevêtrement des
régulations sociales, politiques et économiques.
Le Lobbying à rebours a été rédigé par le professeur chercheur Cornelia Woll. Cornelia Woll
est professeur de sciences politiques et chercheur au Centre d'études européennes et de
politique comparée de Sciences Po. Ses recherches portent sur l'économie politique
internationale et la politique comparée, en particulier les questions réglementaires dans
l'Union européenne et aux États-Unis. Elle est spécialiste des relations entre les entreprises et
le gouvernement et certains de ses travaux ont porté sur le patriotisme économique, les
politiques commerciales et industrielles, l'européanisation et les organisations d'employeurs.
Elle est également co-directrice fondatrice du Max Planck Sciences Po Center.
Le lobbying à rebours est un ouvrage académique d’économie politique contenant également
des notions de stratégie. Cet ouvrage n’est pas un ouvrage de stratégie contrairement à ce que
son titre peut laisser penser mais la stratégie n’est pas absente de cet ouvrage, elle se place
plutôt en second plan. L’économie politique étant le thème principal de ce livre.
Cet ouvrage s’articule comme un travail de recherche académique. L’auteur à recours à une
revue de littérature académique afin de poser les bases des notions qu’elle compte utiliser
pour développer son argumentation et utilise l’analyse qualitative avec deux études de cas se
basant sur des entretiens avec l’utilisation de verbatims.
L’ouvrage est divisé en 7 chapitres distincts avec le chapitre 1 qui peut s’apparenter à une
introduction et le dernier chapitre servant de conclusion. L’auteur commence par une revue de
littérature académique dans les chapitres 2 et 3 en s’appuyant sur divers auteurs reconnus en
stratégie et en économie politique afin de mettre en place les notions qu’elle compte utiliser
pour son étude. Le chapitre 4 correspond à l’étude de cas sur le secteur des
télécommunications. Le chapitre 5 est une étude de cas sur le secteur du transport aérien
international. Enfin, dans le chapitre 6 l’auteur va faire une analyse et une discussion des
résultats obtenus par ces étude de cas et elle va également comparer aux notions d’économie
politique développé dans ces chapitres de revue de littérature.
L'économie politique s'articule autour des acteurs qui défendent leurs intérêts. Cornelia Woll à
travers cet ouvrage essaye de comprendre ce que sont les préférences politiques et d'où elles
viennent. En effet, il y a une lacune en économie politique sur ce domaine. Ainsi, avec Le
lobbying à rebours, Cornelia Woll tente d'expliquer les préférences des entreprises face à la
libéralisation du commerce des services.
Elle concentre son étude de cas sur les acteurs des entreprises du commerce de service dans le
domaine des télécommunications et du transport aérien. Dans les années 1990, les opérateurs
monopolistiques sur les marchés des télécommunications et du transport aérien ont soutenu la
libéralisation du commerce mondial, en dépit du fait que cette mesure menacerait leur
domination sur le marché intérieur. Ces actions allant souvent à l’encontre des principes de
politique économique classique. En effet, les entreprises de télécommunications ayant de
grandes infrastructures nationales fixes et relativement peu de profits à réaliser à l'échelle
internationale cette préférence politique va à l’encontre de la logique de profit pour ces
entreprises qui ont pourtant été les plus ardents défenseurs de la libéralisation. En s’appuyant
sur des travaux récents, S'appuyant sur des travaux constructivistes récents, Cornellia Woll
soutient que l'action rationnelle doit être comprise comme étant éclairée par l'environnement
social. Dans le cadre de Woll, les dirigeants d'entreprise définissent d'abord l'identité de leur
entreprise, puis, face à l'incertitude, ils adoptent une stratégie qui doit être adaptée à
l'environnement institutionnel de l'entreprise.
L’auteur affirme que la politique du commerce des services se distingue de celle du
commerce des biens en raison de l'étendue de la réglementation nationale des secteurs des
services. La libéralisation des services est rarement axée sur les quotas quantitatifs, mais
plutôt sur les obstacles réglementaires qui empêchent l'accès au marché. Une telle
réglementation engendre une forme distincte de lobbying, nécessitant une expertise plutôt que
des intérêts purs.
D’après les principes d’économie politique, les entreprises sont au cœur de l'élaboration des
politiques commerciales. Cornelia Woll dans son ouvrage s'oppose à l’idée que les entreprises
dictent la politique en fonction de leurs intérêts matériels. Avec ce livre, l’auteur argumente
sur le fait que les entreprises ne savent pas toujours ce qu'elles veulent. Certes, les entreprises
font pression pour atteindre une politique désirée une fois qu'elles ont défini leurs objectifs.
Pourtant, les facteurs matériels sont insuffisants pour expliquer ces préférences. L’auteur
montre que les entreprises peuvent influencer les décisions politiques, mais que les politiques
influencent à leur tour les demandes des entreprises. L'interaction entre le gouvernement et les
entreprises affecte non seulement la stratégie mais aussi le contenu du lobbying des
entreprises sur le commerce mondial.
Cornelia Woll apporte une contribution majeure dans le domaine de l'économie politique avec
le livre. Elle offre un regard nouveau et construit sur les préférences des entreprises ne se
cantonnant pas uniquement à des arguments matérialistes stricts pour justifier les choix de ces
entreprises. De plus, son étude qualitative rigoureuse offre une excellente analyse de la
mondialisation du commerce des services qui est un sujet très complexe. Le choix de l’étude
de cas paraît très judicieux car cela permet d’aborder ces industries très larges sans se perdre
et permet d’apporter une analyse pertinente.
Résumé chapitre par chapitre
Chapitre 1 : Libre-Echangistes à leur insu
Ce chapitre sert d’introduction à cet ouvrage. L’auteur commence par introduire les prémisses
de la mondialisation et de la libéralisation du commerce des services à travers l’exemple
d’American Express et d’autres institutions financières comme Citigroup qui souhaitent
l’extension du GATT au secteur des services afin de se libérer des restrictions imposées à
l’étranger sur les cartes internationales. L’industrie des service financiers avec l’extension du
GATT est première industrie des services à mettre en place un lobbying de secteur afin
d’inciter à la libéralisation de leur secteur. Leurs actions de lobbying commencent à la fin des
années 1970 pour porter ses fruits en 1994 avec la signature de l’Accord général sur le
commerce des services, ou AGCS.
Dans les années 1990, ce sont les entreprises du secteur des télécommunications qui se
positionnent pour une ouverture des marchés et promouvoir une libéralisation internationale.
A la même période, les acteurs du transport aérien commencent à promouvoir une
libéralisation bilatérale via des accords Open Sky. Ces entreprises monopolistiques sur leur
marché domestique n’avaient pas les mêmes motivations et ne se sont pas investis avec la
même intensité dans leurs actions de lobbying afin d’atteindre leurs objectifs. Cette
libéralisation des services était à l’époque une idée fortement disruptives à contre-courant de
ce qui était de rigueur à l’époque.
Afin d’expliquer ce mouvement, l’auteur utilise la sociologie économique en envisageant
l’action économique en situation d’incertitudes. Ainsi, dans la sociologie économique, les
acteurs n’adoptent pas un comportement en contradiction avec leurs intérêts économiques
propres mais la manière dont elles interprètent ces intérêts en situation d’incertitude dans un
environnement complexe dépend des relations qu’elles entretiennent avec la sphère publique
et avec leurs concurrents.
Les relations entre les entreprises et la sphère publique correspond plus à un apprentissage
mutuel que d’uniques pressions du privé sur les politiques. Les entreprises ne soumettent pas
une liste de souhaits aux gouvernements que ces derniers se contente d’appliquer. Les
politiques influent sur la stratégie des entreprises.
Chapitre 2 : Intérêts des entreprises et économie politique
Dans ce chapitre, l’auteur s’applique dans un premier temps à développer la manière dont les
entreprises fixent leurs objectifs en termes de stratégie économique et aborde les l’influence
du lobbying dans les politiques de commerce international. Ce chapitre correspond à une
revue de littérature classique commune à tout travail de recherche. Elle aborde la notion de
préférences dans l’économie politique internationale. Les préférences correspondent à la
façon dont une entreprise hiérarchise ses objectifs et les moyens que l’entreprise va utiliser
afin d’obtenir le meilleur résultat possible correspondent aux stratégies qu’elle va déployer.
Après avoir conceptualiser la formation de ses préférences, l’auteur explique que les
entreprises convertissent les intérêts en stratégies.
Chapitre 3 : Du commerce international à la réforme réglementaire
Le lobbying effectué par les entreprises prend des formes différentes en fonction des objectifs
fixés. Selon le secteur, le lobbying n’a pas lieu de la même manière, les modèles dominants
pour les industries de biens ne sont pas forcément les plus facilement applicables pour le
commerce des services. Les négociations commerciales internationales s’écartent des modèles
de lobbying classiques. Le lobbying par la pression n’est pas adapté dans le cas de la
libéralisation des services, les entreprises ont privilégiés un lobbying réglementaire basé sur
un partage d’informations avec un rapport Etats-Entreprises différent se rapprochant de
l’apprentissage mutuel. En effet, dans le cas du secteur des services, l’intervention de l’Etat
est très importante. Il est alors nécessaire pour ces entreprises de négocier des régimes d’accès
aux marchés secteur par secteur.
Dans le cas de la mondialisation de secteur de commerce de service une longue période est
nécessaire pour les entreprises afin d’étudier les impacts des décisions à prendre car les
enjeux ne sont pas clairement visibles. Du côté des gouvernements, les négociateurs doivent
trouver un moyen de trans-nationaliser et d’harmoniser leur réglementation intérieure en
faisant en sorte de privilégier le plus possible l’économie nationale.
Dans la suite du chapitre, l’auteur dresse un historique de l’évolution du commerce
international des service.
Chapitre 4 : Les services de télécommunications de base
Cornelia Woll centre sa première étude de cas sur le secteurs des services en
télécommunications. Ce chapitre sur les télécommunications porte sur les négociations
multilatérales menées dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services, AGCS.
Après des années d'impasse au sein de l'Union internationale des télécommunications, la
libéralisation a été réalisée en déplaçant les négociations vers l'arène commerciale. Les
entreprises qui risquaient de perdre le contrôle de leur marché national ont préconisé
l'ouverture. Regional Bells aux États-Unis, comme la NYNEX Long Distance Company ont
activement promu le programme commercial malgré le peu de profits supplémentaires
réalisables à l’international. Du côté européen, la Commission européenne a sensibilisé un
nouveau groupe d'entreprises privées de télécommunications aux avantages potentiels de la
libéralisation. Woll soutient que le résultat contre-intuitif est en grande partie attribuable à un
changement dans l'identité de l'entreprise qui a résulté de la privatisation et de la reréglementation au pays. Par exemple, les réformes du marché intérieur en Europe ont créé une
multitude de nouvelles entreprises à qui l'on enseignait les avantages de la concurrence sur le
marché.
L’auteur détaille ensuite les différences dans le lobbying effectué par ces entreprises entre
l’Europe et les Etats-Unis. Le modèle américain où les entreprises entretiennent depuis
longtemps des relations avec le gouvernement ont effectué un lobbying très direct avec le
gouvernement en étant directement présents dans les délégations du gouvernement.
L’organisation de l’Union Européenne étant plus complexe, les entreprises voulant peser dans
les négociations ont été confrontés à un système complexe à plusieurs niveaux. Négociant
dans un premier temps avec leurs gouvernements respectifs et également avec la Commission
européenne qui a pour fonction de représenter les états membres auprès de l’OMC.
Chapitre 5 : Le transport aérien international
Le secteur aérien est différent de celui des télécommunications car il n’entre pas dans
l’AGCS. Mais une libéralisation du secteur jusqu’ici contrôlé par l’état va tout de même avoir
lieu.
Ce chapitre se penche dans un premier sur l’ancien fonctionnement du secteur du transport
aérien avec le triangle réglementaire associant une organisation intergouvernementale,
l’OACI, à un régime bilatéral pour l’échange des droits commerciaux et un mécanisme
multilatéral pour la détermination des tarifs. Plus de deux mille accords étaient enregistrés
auprès de l’OACI ;
Le changement commence par une dérèglementation nationale avec la loi étatsunienne sur la
déréglementation du transport aérien de 1978. C’est une loi intérieure permettant une
réorganisation de l’aviation américaine entrainant une disparition de certains acteurs et une
diminution importante du prix des billets. En Europe, il faut attendre 1987 pour un accord
pour la libéralisation progressive et 1997 pour un marché intérieur du transport aérien entre
les 17 états de l’espace économique européen. Les accords Ciel ouvert vont permettre
d’accélérer et de renforcer cette libéralisation du transport aérien.
Chapitre 6 : Qui détourne qui ?
Le chapitre 7 sert de conclusion au livre. Ce chapitre très court résume les idées des chapitres
précédents.
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