reconnaissait, vendredi 10!avril, que 6!cas
confirmés, 24!suspects et un seul décès). En
Equateur, les Indiens sont d’autant plus
inquiets que, dans ce petit pays de
15 !millions d’habitants, le nombre de
malades est monté ces derniers jours à
7!161, celui des morts à 297. La ville de
Guayaquil, submergée par la pandémie,
n’est qu’à sept!heures de route de la jungle,
un peu plus de 200!km à vol d’oiseau. Au
Pérou, un seul cas a été à ce jour recensé,
celui d’un leader indigène, Aurelio Chino,
contaminé lors d’un séjour en Europe où il
effectuait une tournée pour dénoncer les
ravages de l’industrie pétrolière. Il a été en
contact avec plusieurs personnes avant
d’être confiné.
MANQUE DE DÉCISIONS
Partout, la peur gagne les aldeias
(«!villages!») indiens où le confinement à
l’intérieur des communautés est, par nature,
difficile. La vie collective dans la maloca, la
«!maison commune », rend toute
quarantaine individuelle quasi impossible.
Une situation d’autant plus périlleuse que
les populations indigènes souffrent déjà de
multiples comorbidités, qu’elles sont plus
exposées aux virus et ont moins accès aux
soins.
«!On le sait, affirme Sydney Possuelo,
célèbre sertaniste (spécialiste du Sertao,
région du nord-est du pays) brésilien et
ancien président de la Fondation nationale
de l’Indien (Funai), cette nouvelle maladie
hautement contagieuse et virulente
représente un danger particulier pour ces
populations immunologiquement
vulnérables. De tout temps, les virus
transmis par les Blancs aux peuples
autochtones ont eu un effet beaucoup plus
dangereux en raison de la faiblesse de
leurs anticorps.!» De 90 à 95!% des 10 à
12!millions d’Indiens présents au moment
de l’invasion européenne ont été exterminés
par les maladies importées par les
colonisateurs.
Pour l’heure, les communautés tentent de
s’adapter. Dans la plupart des pays, les
caciques (les chefs de villages) et dirigeants
locaux ont imposé l’!«!auto-isolement!». Un
réflexe qui fait partie d’une stratégie
adoptée depuis des siècles pour se prémunir
des violences extérieures. (…)
La ville de Sao Gabriel da Cachoeira, sur
les rives du rio Negro, plus grande «!ville
indigène !» du pays avec 22 ethnies
différentes, s’est mise «!sous cloche!»!: tous
les transports fluviaux et aériens en
direction ou en provenance de la ville ont
été interrompus. Des tracts mettant en garde
contre la dangerosité du virus ont été
traduits en quatre langues indigènes (…) et
distribués dans les postes de santé. (…)