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ASPECTS GÉNÉRAUX
Ovaire
Les principaux stéroïdes sécrétés par l’ovaire sont les œstrogènes et
la progestérone. Comme le montre la figure 2-3, les voies de syn-
thèse des œstrogènes dans l’ovaire sont similaires à celles du testi-
cule. De fait, les enzymes stéroïdogéniques impliquées dans le tes-
ticule et l’ovaire sont les mêmes, mais leur niveau d’expression est
tout simplement différent, à l’exception de l’enzyme qui trans-
forme l’androstènedione en testostérone, soit la 17
β
-HSD de
type 5 dans l’ovaire [9], alors que dans les cellules de Leydig du
testicule, la même réaction est catalysée par la 17
β
-HSD de type 3.
Les œstrogènes sont formés dans le follicule ovarien par les cellules
de la thèque et de la granulosa. Les œstrogènes sont formés par l’aro-
matisation des androgènes androstènedione et testostérone grâce à
l’aromatase (
voir
Figure 2-3). La voie préférentielle est cependant la
transformation de l’androstènedione en œstrone, suivie de la trans-
formation de l’œstrone en œstradiol par les 17
β
-HSD œstrogène-
spécifiques de types 1 et 12. Tout comme dans les cellules de Leydig
du testicule, le mécanisme d’action de la LH dans les cellules de la
thèque interne implique la liaison de la LH à son récepteur et l’acti-
vation de la voie de signalisation de l’AMP cyclique, qui augmente
le transport du cholestérol de l’extérieur vers l’intérieur des mito-
chondries par l’enzyme CYP11A1 et accroît ainsi l’accessibilité du
cholestérol à l’enzyme CYP17. De plus, les cellules de la thèque
interne synthétisent, par l’enzyme CYP17, l’androstènedione qui est
alors transférée aux cellules de la granulosa où la transformation en
œstradiol est majoritairement effectuée. Les cellules de la granulosa
possèdent des récepteurs de l’hormone folliculostimulante (FSH)
qui facilite la formation et la sécrétion d’œstradiol grâce à l’augmen-
tation de l’activité de l’aromatase (CYP19).
Les cellules du stroma de l’ovaire ont également la capacité à pro-
duire des androgènes. C’est la testostérone et l’androstènedione for-
mées par les cellules stromales qui continuent à être sécrétées dans la
circulation après la ménopause et constituent de fait 50 p. 100 de la
testostérone circulante. Toutefois, comme nous le verrons plus loin,
ce pourcentage est une surestimation majeure du rôle réel des ovaires
dans l’apport androgénique total chez la femme, car la formation des
androgènes dans les tissus périphériques à partir de la DHEA est de
très loin la source la plus importante de formation des androgènes,
même si une fraction mineure seulement de ces androgènes formés
dans les tissus périphériques se retrouve dans la circulation. Ainsi,
bien que les tissus périphériques forment une quantité d’androgènes
au moins cinq fois supérieure à la contribution ovarienne, ces andro-
gènes agissent localement sans être libérés dans la circulation de façon
importante, de sorte que leur quantité retrouvée dans la circulation
ne correspond qu’à 50 p. 100 de la concentration de testostérone cir-
culante. La raison en est que la totalité de la testostérone d’origine
ovarienne se retrouve dans la circulation, alors que seulement 10 à
15 p. 100 de la testostérone d’origine périphérique y est présente.
Stéroïdogenèse des androgènes
et des œstrogènes dans les tissus
périphériques : intracrinologie
Mécanismes de l’intracrinologie
Une découverte d’importance majeure dans le domaine de la phy-
siologie des stéroïdes sexuels est celle démontrant que l’homme, de
même que les autres primates supérieurs, sont les seuls parmi les
espèces animales à posséder des glandes surrénales sécrétant des
quantités importantes des précurseurs stéroïdiens inactifs DHEA
et DHEAS (Figures 2-4 et 2-5). Les niveaux élevés de DHEA et
de DHEAS dans la circulation fournissent une quantité impor-
tante de précurseurs qui peuvent être transformés en androgènes et
œstrogènes actifs dans les tissus périphériques possédant les systè-
mes enzymatiques appropriés.
Le terme
intracrinologie
a été introduit en 1988 [5] pour décrire
la biosynthèse des stéroïdes actifs dans les tissus périphériques
cibles où ces stéroïdes exercent leur action dans les cellules mêmes
où leur synthèse a lieu, en évitant ainsi leur sécrétion et leur dilu-
tion dans la circulation générale (
voir
Figure 2-4). En effet, comme
nous l’avons mentionné, ces stéroïdes ne diffusent qu’en très faible
quantité dans l’espace extracellulaire et dans la circulation générale
[2], ce qui explique que les mesures des niveaux de stéroïdes sexuels
actifs dans la circulation sous-estiment très nettement le rôle des
tissus périphériques dans la formation et l’action des stéroïdes
sexuels, notamment chez la femme. De fait, les stéroïdes sexuels
Figure 2-4 Schéma des sécrétions endocrine, paracrine, intracrine
et autocrine. De façon classique, l’activité endocrine se réfère aux
hormones synthétisées par les glandes spécialisées, à savoir les sur-
rénales, les testicules et les ovaires. Ces hormones sont libérées dans
la circulation générale et transportées vers les cellules cibles situées
à distance. Par ailleurs, les hormones libérées d’une cellule peuvent
influencer l’activité des cellules voisines, ce qui constitue l’activité
paracrine, alors que d’autres hormones libérées d’une cellule
peuvent exercer leur action positive ou négative sur la cellule même
qui les a sécrétées, ce qui représente une activité autocrine. L’acti-
vité intracrine se réfère à la formation d’hormones actives à partir
du précurseur déhydroépiandrostérone (DHEA) synthétisé au niveau
des surrénales. Ces hormones formées localement exercent leur
action à l’intérieur même des cellules où elles ont été formées, sans
libération significative dans le compartiment extracellulaire ni la cir-
culation générale. Par ailleurs, ces stéroïdes actifs sont inactivés
dans les mêmes cellules sous forme de dérivés glucuronides et sulfa-
tes, qui diffusent facilement dans la circulation pour être éliminés,
surtout par le foie et par le rein.
Endocrine Paracrine
Circulation générale
Autocrine Intracrine
DHEA
Surrénale
Tissu cible
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