Notes relues par Marie-Christine Bernard Pas facile de se dire « je

Notes relues par Marie-Christine Bernard
Pas facile de se dire « je suis homo »
Réponse : il faut d’abord poser la réalité, puis ensuite se dire : comment je vis avec ce donné-.
Comment vivre ma sexualité ?
R : on n’est pas obligé d’avoir des relations sexuelles ; on peut vivre sans relations sexuelles et être
heureux. Quelle place alors pour le plaisir ? Il faut, non pas une négation, encore moins un mépris du
plaisir. Mais un dépassement.
Dire que l’H est un choix est une erreur ou un mensonge ?.
R : c’est d’abord une erreur. Tous les fondamentalistes ont en commun de refuser de tenir compte
des connaissances, du « savoir ». Ils disent « je ne veux pas le savoir ». Aujourd’hui, on sait qu’être H
ne relève pas d’un choix. Continuer de prétendre le contraire, c’est donc devenu du mensonge.
Que penser des prêtres concernés et qui font comme si ils n’étaient pas H ?
R : c’est très difficile pour chacun. Ne pas jeter la pierre. Parfois il faut poser des actes de
clarification. Actes de fraternité vis-à-vis de ces prêtres. Ne jamais fermer la porte.
C’est long d’assumer son JE. Pourquoi ?
R : il faut la vie pour naître à soi-même. Les anciens disaient qu’en mourant, on « naissait au ciel ». Je
dois naître en tant que citoyen, citoyenne du ciel.
Mon JE (= mon identité profonde) continue de vivre en Dieu. On est citoyen du Ciel, pas du monde.
J’ai entendu une mère déclarer : quand mon fils m’a dit qu’il était H, ça a été une nouvelle naissance.
Quand on naît à soi-même, ce qui nous empêche de vivre tombe. Seul Dieu nous aime en Vérité.
Ce qu’on ne veut pas perdre, c’est souvent ce qui nous perd ! Il faut laisser Dieu « brûler » tout ça,
tout ce qui s’oppose à la joie de sa présence en nous, et à nos côtés.
Quels garde-fous avoir pour ne pas faire « sa religion à soi » ?
R : depuis toujours, chacun, chacune assume sa religion à sa manière. Toujours se dire : je n’ai pas la
Vérité moi tout seul moi toute seule. L’Esprit Saint travaille en chacun de nous. Si je me dis que je
suis seule seul à savoir, à bien croire, : attention, DANGER !
Si je considère que Le Seigneur me parle à travers tel ou telle que je rencontre, je me rapproche de
La Vérité.
Ne pas étriquer Dieu, ne pas l’enfermer dans une façon de prier, de célébrer la messe, … etc…Dans
l’Eglise Catholique il y a tout et son contraire… Il nous faut donc respecter la pluralité dans l’Eglise,
et trouver des lieux où l'on se sent vraiment ressourcé à l’intérieur.
Que penser de La Genèse aujourd’hui ?
R : on n’arrête pas de s’extasier sur ce récit, sur la justesse de ce qui s’y dit sur l’être humain. C’est
un texte d’une intelligence extraordinaire. On retrouve au fond ce que la foi exprime.
En créant, Dieu ne sépare pas : Il fait apparaître de la différenciation dans les choses. On ne sort pas
de la relation. On ne peut parler de ténèbres sans aborder la lumière, de la terre ferme sans parler de
l’eau, .. etc… [ Genèse Chap. 1].
Livre à consulter : « La Divine Origine. Dieu n’a pas créé l’homme » de Marie Balmary .
Il y a de la différence entre mâle et femelle. Après, qu’est-ce qu’être un homme ? Etre une
femme ? On n’a pas la réponse absolue. Qui a décidé de ce qui était masculin ou féminin? Par
exemple : la tendresse serait elle réservée aux femmes? certes non ! On est tous capable de
tendresse ! Laissez les gens hommes et femmes exprimer leur tendresse comme ils et elles
l’entendent ! Les définitions varient d’une société à l’autre, d’un temps à l’autre, parce qu’elles sont
d’origine culturelle. Elles peuvent, et parfois doivent changer, pour plus de vérité.
Qu’est-ce que le Péché ? La culpabilité ?
R : il y a la bonne culpabilité : se sentir coupable de quelque chose qu’on a fait et qui est mal.
Le Seigneur nous dit : si tu as l’impression que tu ne fais jamais de bêtises, tu es aveugle.
Si je reconnais mes torts, c’est une situation saine.
La fausse culpabilité, c’est se sentir coupable de quelque chose qu’on n’a pas commis. Il faut arriver à
« se soigner » de ça. Par exemple : un enfant de parents divorcés n’est pas responsable du divorce ;
ou bien quelqu’un qui a subi des traumatismes dans l’enfance. Il faut qu’il entende :"Tu as été
victime et tu n’es pas coupable"
Le péché est exclusivement lié à un rapport de vérité à l’Amour. Le péché nest pas lié à ma
personnalité ou à mes limites. Quand on est H. le péché pourrait être de refuser de s’accueillir soi-
même tel quel.
Si je suis dans la négation de ce que je suis : je reste dans le péché, je refuse mon JE , l’être que Dieu
appelle toujours et encore à la vie.
Sur le plan anthropologique le péché n’existe pas, seulement la culpabilité.
L’erreur n’est pas un péché. Le fait de ne pas reconnaître son erreur est un péché.
Le déni nécessiterait le sacrement de réconciliation ?
R : oui. Si on reconnaît un tort avec qqn, aller se réconcilier.
Si on nie le fait d’être H, alors qu’on l’est, c’est du déni. Et inversement : il arrive qu’on se croie H,
parce que dans certains milieux branchés, c’est à la mode, comme un nouveau conformisme, alors
qu’on est hétéro… Il faut donc se réconcilier avec soi-même. Humainement parlant. C’est un
cheminement, ça peut prendre du temps. Le sacrement de réconciliation peut aider en amont. Mais
il est recommandé de le célébrer quand la grâce de Dieu a opéré, et qu’elle nous fait faire
l’expérience de la réconciliation avec soi-même. Elle nous ouvre du même coup les yeux sur notre
péché, celui qui nous barrait la route à la sérénité…et c’est le moment de célébrer la réconciliation
par le sacrement du même nom !
Qu’est-ce que la Liberté ?
R : la liberté exercée, c’est la capacité de choisir, en intégrant le prix de ses propres choix.
Obtenir un gain, de l’ordre du bien, du mieux, à mes yeux, passe toujours par un certain prix à payer
(ne serait-ce que le fait d’avoir à renoncer du même coup à d’autres possibles). L’assumer participe à
la liberté.
Etre H, ce n’est pas un choix, ce n’est donc ni une maladie, ni une perversion.
R : oui. Mais attention : un homo ou un hétéro peut exercer sa sexualité de façon déviante.
On est peut-être tous et toutes bisexuels. On ne sait pas de quelle façon la pression sociale oriente
les gens vers homo ou hétéro. On est encore dans le questionnement par rapport à ça.
Dans le concret de nos vies, comment avancer dans la vérité, quand le mensonge est nécessaire ?
R : Qu’est-ce que la vérité ? Pour les sciences, c’est le rapport d’exactitude entre une chose
et son nom ( le mot qui la désigne et la définition qui circonscrit). Mais chaque personne configure le
réel à sa manière, voit le monde de son balcon, et le désigne dans sa langue propre.
Pour la sagesse , la vérité, c’est l’art d’être vrai avec soi-même et donc avec les autres. C’est
pourquoi transmettre quelque chose que l’on sait difficile à entendre pour l’autre demande du
temps, des détours, du tact, de la bienveillance. On peut avoir le projet ferme de se faire comprendre
clairement, tout en acceptant qu’il faudra des étapes dans l’expression à l’autre
Jésus dit « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Ces 3 mots sont indissociables. Si on en prend un, on
a obligatoirement les 2 autres. Si je suis vivant, je chemine en vérité. Si je suis en vérité, je vis et je
chemine , etc
Le dogme est très important, comme une carte de géographie avec des balises. Mais chacun doit
faire sa propre route, en s’aidant des balises, parfois en les dépassant. Pas en les « embrassant » !
Que penser de la condamnation des H dans l’Ancien Testament (AT) ?
R : dans l’AT, l’H est assimilée à la débauche. Dans la Bible, la sexualité est orientée vers la
procréation. Même la masturbation masculine, parce qu’elle est une perte de semence, est
considérée comme mauvaise.
Dans la Genèse, le texte qui parle de Sodome et Gomorrhe, ne condamne pas l’H. en tant que telle.
Il condamne plutôt l’infidélité du peuple vis-à-vis de Dieu, et l’image de l’infidélité dans la Bible, c’est
la prostitution, laquelle est toujours associée à de la débauche.
Les chrétiens lisent l’AT à travers la lumière du Christ. C’est son message qui en constitue la clef de
lecture, et donc aussi le fil du devoir d’inventaire. C’est dans la lumière du Christ que l’on entend
l’AT.
La relecture de l’Ancien Testament sans passer par le Nouveau testament est une imposture. Les
fondamentalistes de tout poil s’en repaissent, hélas.
Etre H, dans la culture biblique, c’est une incongruité. Un H qui exerce sa sexualité est donc
considéré comme un déviant, un débauché. Notons qu’il existe encore aujourd’hui des pays entiers,
des cultures qui nient avoir des H dans leurs populations. Les mêmes continuent de considérer les
pratiques H comme des déviances insupportables pour l’ordre moral
Le Christ accomplit les Ecritures, est-il dit : il remplit la mission qu’elles véhiculent. Il insiste sur la
pureté du cœur, non sur la pratique de la Loi.
Quelle place a le sacrement de réconciliation ? Quelle signification ?
R : la Vie est du côté de l’Amour. Ce sacrement bien compris permet d’assumer une erreur.
Déjà, quand regrette sincèrement et qu’on le dit au Seigneur, le poids de la faute s’en va. Le prêtre
est témoin de cette relation de pardon.
Mais parfois le prêtre condamne lorsqu’un H vient demander le pardon. Et il s’autorise à refuser
l’absolution. C’est grave. L’H qui dit « j’ai eu pitié de ce prêtre qui me refusait l’absolution » est déjà
entré dans la Vie, montre qu’il est déjà pardonné.
Dieu ne passe pas toujours par les sacrements. On peut échanger avec un frère ou une sœur en
Jésus-Christ, lui confesser un péché. Il ou elle est alors le témoin de la miséricorde de Dieu. Mais pas
le médiateur : entre un disciple du Christ et le Seigneur Dieu, il n’est pas (plus) besoin de médiateur.
Exercice de la liber
R : la liberté c’est faire des choix dans ce qu’on n’a pas choisi. A partir de là, tout est possible
en fonction de ce qu’on a reçu.
Pour certaines valeurs, je suis capable de mettre ma vie en péril. Si j’accepte le prix à payer, je
choisis. J’assume.
A fréquenter Le Christ, notre liberté augmente, et plus elle est libéré, déliée, plus on peut l’ exercer ,
dans nos choix. Le Christ va jusqu’à engloutir la mortIl choisit la Vie.
Dans un passage du Deutéronome, Dieu dit « .. choisis la vie… ou la mort… » [ Deut. 30, v 15 à 20].
Pour l’Eglise, la liberté est ce qui nous permet de choisir le bien. Choisir le mal, c’est l’indicateur d’un
état de péché, la liberté n’est qu’illusoire, on est en fait conduit par le mal, le mauvais, pas par la Vie.
JE, pas facile à assumer
R : plus je suis bien avec moi, plus je suis bien avec les autres. Parfois l’amour reçu de l’autre
facilite les choses, on se découvre aimable = on peut être aimé, ça libère notre propre capacité
d’aimer ! Dans ce sens, l’amour guérit de tout.
Quelle différence entre l’anthropologie humaine et l’Eglise ? C’est le regard sur l’acte sexuel ?
R : reprendre la notion de plaisir, pas de manière désordonnée dit l’Eglise . Il faut s’engager
l’un par rapport à l’autre, dans une relation de fidélité. La masturbation masculine est toujours
considérée comme une mauvaise chose par le magistère, parce qu’elle sollicite la semence en pure
perte, sans projet de procréation.
Mais du point de vue anthropologique stricto sensu, la masturbation n’est ni une bonne ni une
mauvaise chose. On constate seulement que la pulsion sexuelle a besoin d’être assouvie, d’une
manière ou d’une autre, de temps en temps, en des rythmes différents selon les personnes. On note
également que la sexualité volontairement non exercée, de façon détendue, émousse peu à peu la
force des pulsions (expériences des religieux, religieuses par exemple, lorsqu’ils et elles sont en
phase avec leur chemin). On repère également que l’orgasme participe à un état de bien-être
bienfaisant pour l’ensemble de la santé du corps et du psychisme. Mais comme tout ce qui concerne
l’humain, la question vient du lien avec cette exigence. A l’instar du rapport à la nourriture,
nécessaire pour vivre, le lien peut être déréglé (boulimie, ou anorexie).L’équivalent existe quant au
rapport à sa sexualité. Il s’agit de trouver un équilibre et de veiller à ce que la relation avec les autres
reste constructive, heureuse, féconde, d’une manière ou d’une autre.
N’oublions pas que la pathologie relève d’une définition sociale. Ce qui peut être considérer comme
maladie ici, ne l’est pas là-bas. Je me souviens avoir croisé en Inde, au milieu de la ville, un groupe de
« religieux » défilant parfaitement nus, le corps recouvert seulement de peintures et de cendres : ça
ne posait aucun problème au reste de la population. La même chose en France…les « naturistes » se
retrouvent illico en psychiatrie…
www.mariechristinebernard.org
octobre 2015
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