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Reportons-nous à la fin de la gastrulation. Chez plusieurs poissons et chez les amphibiens, les
trois feuillets fondamentaux: endoderme, mésoderme et ectoderme, sont emboîtés, comme
des poupées russes; l'endoderme, feuillet le plus interne, renferme une cavité, l'archentéron.
Les trois feuillets concentriques ne sont pas sphériques, à cause de l'élongation antéro-
postérieure de l'embryon. Ainsi, l'archentéron tapissé d'endoderme prend une forme tubulaire,
présage du futur tube digestif. De plus, son diamètre n'est pas constant sur toute sa longueur.
La portion la plus antérieure est relativement élargie et sa paroi endodermique est mince: c'est
le tube digestif antérieur. La portion moyenne a un diamètre réduit; la partie dorsale de sa
paroi (le toit) est mince tandis que l'épais plancher consiste en blastomères plus fortement
vitellins: c'est le tube digestif moyen. La portion caudale est de diamètre réduit et se termine
par le blastopore (anus présomptif): c'est le tube digestif postérieur.
En gros, la portion antérieure deviendra l'épithélium tapissant la bouche, le pharynx et la
région branchiale, l'oesophage, l'estomac, le duodénum de l'intestin grêle, le foie et le
pancréas. La portion moyenne deviendra l'épithélium tapissant le jéjunum et l'iléum de
l'intestin grêle et le gros intestin (colons, appendice, rectum). La portion postérieure deviendra
le cloaque ainsi que la vessie urinaire, formée à partir du cloaque.
Au site du blastopore, l'endoderme et l'ectoderme ne sont pas séparés l'un de l'autre par du
mésoderme. Les deux feuillets fusionnent, formant la membrane cloacale qui se perfore pour
devenir l'anus.
À mesure que s'allonge l'embryon et que se caractérisent les différentes régions du tube
digestif, certaines d'entre elles s'allongent encore plus que l'embryon entier et deviennent
circonvoluées. Ceci est particulièrement marqué dans le cas du tube digestif moyen.
Chez les reptiles et les oiseaux, les 3 feuillets fondamentaux ne sont pas emboîtés à la fin de la
gastrulation mais empilés sur le sac vitellin, nonobstant un certain espace entre ce dernier et
l'endoderme, espace ne pouvant être considéré comme un archentéron véritable, mais auquel
on donne néanmoins le nom, par commodité. Chez les mammifères, l'organisation des
feuillets est la même mais le "sac vitellin" ne renferme pas de vitellus. Il a été nommé ainsi
par analogie avec le sac vitellin des reptiles et oiseaux.
Le blastodisque se soulève du sac vitellin par un resserrement des feuillets endodermique et
mésodermique, comme le resserrement des cordons d'une bourse. Ceci marque la formation
de la tige vitelline. Ce faisant, les deux feuillets emprisonnent une portion de l'archentéron,
qui mérite maintenant ce nom, car il constitue la lumière du tube digestif en formation. Ce
repliement des deux feuillets internes (nous parlerons des mouvements de l'ectoderme plus
tard) se produit d'abord dans la région antérieure de l'embryon et définit en premier la portion
antérieure du tube digestif. Ensuite c'est la portion postérieure du tube digestif qui
s'individualise. La portion moyenne demeure longtemps en communication avec le sac vitellin,
car la tige vitelline ne se forme (ne se resserre) que très lentement.
De la région postérieure du tube digestif, caudalement au sac vitellin, émerge ventralement un
diverticule endodermique appelé allantoïde, une structure extra-embryonnaire que nous
étudierons plus tard. À mesure que le noeud primitif régresse caudalement en fin de
gastrulation, il laisse devant lui les trois feuillets, sauf dans la région caudale du blastodisque
juste postérieure à l'allantoïde. Il ne se trouve pas de mésoderme entre l'ectoderme et
l'endoderme à cet endroit. Donc, endoderme et ectoderme sont directement apposés, puis