1 SELECTIONNER ET UTILISER METHODIQUEMENT UN INSTRUMENT DE TRAVAIL Lorsqu’on cherche réponse aux questions qu’on se pose, il faut mettre la main rapidement sur des informations ou des documents et en extraire les données utiles. Pour cela, il faut être capable de manier différents types d’ouvrages. Voici quelques conseils pratiques. 1. Bien cibler sa recherche Se poser des questions : - Que me demande-t-on exactement ? - Où puis-je trouver des réponses ? - Dans quels livres ? - Sur quels sites Internet ? - Ai-je besoin de cartes, d’illustrations ? La première étape de la démarche consiste donc à bien cerner l’objet de son enquête. 2. Réfléchir plutôt que compiler Une fois les informations ou les documents en main : - Repérer les passages qui pourraient répondre à la recherche. - Prendre note, photocopier ou imprimer les informations ou les documents, mais seulement après les avoir lus une première fois, afin de se rendre compte de l’intérêt des données disponibles. La deuxième étape de la démarche consiste donc à trier les informations. 3. Prendre note intelligemment Enregistrer les grandes idées développées par l’auteur plutôt que de copier des phrases ou des bouts de phrases, sauf lorsqu’on envisage de faire des citations. La troisième étape de la démarche consiste donc à faire des résumés, et non à simplement recopier les différentes informations. 4. Bien transcrire les citations Lorsqu’on désire citer un auteur, il convient de transcrire scrupuleusement les extraits choisis, de placer ceux-ci entre guillemets et d’indiquer clairement la source. La quatrième étape de la démarche consiste donc à citer des extraits en respectant leur forme : « les guillemets » 5. Bien enregistrer les références Noter les références des informations ou des documents collectés. Au moment où l’on communique le résultat de ses recherches, il faut pouvoir prouver ses affirmations par un renvoi précis aux sources. Les références incomplètes ou erronées doivent toujours vous faire douter ! La cinquième étape de la démarche consiste donc à bien noter d’où viennent les informations, les documents et les citations que vous allez utiliser. 2 CONSTRUIRE UNE DEMARCHE DE RECHERCHE Etudier le milieu, c’est définir un objet d’enquête, concevoir un projet de recherche, traiter les renseignements recueillis, communiquer les résultats obtenus. Voyons comment mener à bon terme une telle démarche. 1. Définir un objet d’enquête Personne ne conçoit de partir en voyage sans se donner une destination, sans établir un itinéraire, sans prévoir où se loger, sans déterminer quelques curiosités à voir… De même, lorsqu’on étudie le milieu, il est indispensable de savoir où l’on va, mais aussi d’où l’on vient… En Etude du Milieu, toute recherche vise à comprendre les conditions de vie actuelles, c’est-à-dire comment les hommes et les femmes occupent et aménagent leur milieu pour y vivre et y organiser : - Leur habitat - Leurs déplacements - Leur production et leur consommation - Leurs relations avec les autres et leur vie en société - Leurs activités culturelles - La préservation du patrimoine et de la nature 2. Concevoir un plan de recherche Une fois choisi le thème d’investigation, il faut concevoir un plan ordonné et méthodique de recherche. Plusieurs démarches sont à envisager conjointement. - Mettre à plat ce qu’on sait déjà. Bien souvent, on en sait plus qu’on ne le croit. Il est judicieux de se remémorer ces connaissances acquises. Il est opportun aussi d’y repérer les « représentations mentales », c’est-à-dire les idées toutes faites que l’on a sur le sujet, afin de les nuancer ou de les corriger. - Collecter des renseignements. En parcourant avec discernement quelques sources d’information générale (journaux, magazines…) C’est le but des pages « Je découvre » et « Je m’informe » de cette séquence de cours. - Se rendre sur le terrain. L’observation directe de la réalité est souvent très évocatrice. Il ne faut donc pas hésiter à y recourir. Méfiance toutefois, car se lancer à la découverte d’un lieu sans avoir une idée même très générale de ce qu’on y cherche conduit souvent à de simples « descriptions paysagères » sans grand intérêt. - Rencontrer des experts ou des témoins. Par exemple, pour enquêter sur les difficultés actuelles du métier d’agriculteur ou de commerçant, quoi de plus normal que d’interroger un exploitant agricole ou le propriétaire d’un, petit magasin. Méfiance également, car rencontrer ces personnes sans savoir ce qu’on va leur demander risque fort de produire un résultat décevant. 3. Etablir un questionnaire Il est avantageux de donner au plan de recherche la forme d’un questionnaire. Comment s’y prendre ? - Exprimer les idées d’une manière interrogative. Il suffit pour cela de transformer les idées recueillies en questions. - Structurer les questions. Les questions ne sont pas laissées en désordre ni toutes sur le même pied. Elles sont classées afin d’éliminer celles qui font double emploi et celles dont la réponse est évidente, afin de retenir les plus pertinentes, c’est-à-dire celles qui supposent une véritable recherche, et afin de distinguer parmi les principales des secondaires pour les associer entre elles (les questions et leurs sous-questions) 4. Collecter des éléments de réponse Il faut ensuite se procurer les éléments de réponse aux questions posées. Voici quelques conseils. - Consulter des ouvrages d’information et de documentation. Pour en savoir plus sur un sujet quelconque, on dispose aujourd’hui d’une multitude de moyens. L’Internet par exemple, est un outil précieux, mais les pages Web ne répondent pas toujours aux résultats espérés et leur fiabilité est parfois douteuse. Les encyclopédies sur CD-Rom sont d’un accès facile et rapide, mais les données sont trop nombreuses et complexes. L’idéal reste de consulter l’un ou l’autre bon ouvrage de base, simple, à jour, bien documenté. Il en existe de différents types : Outils d'information Encyclopédies Synthèses Revues générales générales spécialisées spécialisées Monographies Instruments de références Les encyclopédies sont des ouvrages qui présentent l’ensemble des connaissances humaines de manière alphabétique ou méthodique Les synthèses sont des ouvrages qui réunissent en un tout cohérent les connaissances relatives à une discipline ou un groupe de disciplines. Elles se partagent en deux grandes catégories : les synthèses générales, qui abordent tous les savoirs de la discipline, et les synthèses spécialisées, qui se penchent sur un domaine particulier de la discipline. Les revues sont des ouvrages qui paraissent à intervalles réguliers. Comme les synthèses, elles sont générales ou spécialisées. Elles se composent d’articles qui présentent l’avantage d’actualiser les savoirs. Les monographies sont des ouvrages qui contiennent une étude approfondies et complète d’un sujet précis. Les instruments de référence regroupent des ouvrages tels que les dictionnaires et les atlas dont l’utilité est de faciliter la bonne compréhension des savoirs. - Si ces ouvrages ne sont pas disponibles en classe d’EDM ou à la bibliothèque de l’école, il faut penser à consulter une bibliothèque publique. On y trouve des médias récents et de qualité. Beaucoup disposent d’un département éducatif où sont réunis les ouvrages et les recueils destinés plus particulièrement à la jeunesse. - Se rendre sur le terrain. L’observation directe apporte également son lot de renseignements utiles, à deux conditions : - Ne pas partir à la découverte du terrain avec l’intention de confirmer ce que disent les livres. - Ne pas se limiter à observer les aspects matériels, mais prêter d’abord attention aux personnes. Ce sont les êtres qui donnent leur signification aux choses, et non l’inverse. 5. Traiter les données - Prendre note de façon perspicace. Pour faire bon usage des données disponibles, il est indispensable de bien les comprendre et de bien enregistrer, c’est-à-dire ne pas recopier des phrases ou des passages des pages consultées, mais fixer par écrit les idées qui viennent à l’esprit en parcourant les données. L’objectif n’est pas de rédiger un résumé de lecture, mais de rassembler des éléments de réponse à des questions posées. - Tenir compte de la nature des données. Un texte de vulgarisation trouvé dans un magazine ne se traite pas comme un texte scientifique, un texte d’encyclopédie ou d’ouvrage de synthèse. Tout concept ou mot incompris doit immédiatement être défini à l’aide d’un dictionnaire. - Cerner l’essentiel. Seules sont pertinentes les données qui expliquent comment vit l’homme dans le milieu et pourquoi il y vit ainsi. 6. Communiquer les résultats - Relier entre elles les questions et les réponses. Les questions et les éléments de réponse sont mis « en regard ». Les ressources informatives, qui servent de base à la rédaction des réponses, ne sont pas confondues avec les ressources documentaires, qui illustrent et concrétisent les réponses (photographies, gravures, plans, cartes, schémas, graphiques, témoignages oraux…) - Rédiger les réponses. Les questions sont transformées en énoncés et deviennent des titres et des sous-titres. Les éléments de réponse prennent la forme de textes courts, de notices, de commentaires de documents… - Choisir un mode de communication approprié. Il existe de multiples manières de présenter les résultats d’une recherche : texte ou exposé oral étayé par quelques documents, fiches, brochures, dépliants, affiches, panneaux, diaporama informatique… L’important est de faire son choix en fonction du type de données recueillies et du type de public auquel on s’adresse. 3 COMPARER DES INFORMATIONS POUR FORMULER DES QUESTIONS DE RECHERCHE Pour formuler des questions pertinentes de recherches, il est opportun de réunir et d’associer entre elles des données informatives et documentaires « différentes, contradictoires ou semblables » à propos des mêmes conditions de vie ou des mêmes types de lieux, ou encore des données semblables relatives à des lieux différents. Tentons l’expérience… Lorsqu’on visite le quartier des bords de Sambre à Châtelet, près de Charleroi, on est surpris par son manque d’attrait. Des parkings et des terrains vagues s’intercalent entre les maisons. Certains immeubles sont en piteux état. On rencontre peu de monde et l’ambiance est maussade. 1. Rassemblons des informations et des documents pour cerner la situation de ce lieu. Mettons-les en parallèle. Dégageons quelques constats. 2. Après avoir pris connaissance des renseignements fournis par ces ressources informatives et documentaires, il est possible de déterminer « ce qui fait problème » dans le lieu observé. Le quartier des bords de Sambre à Châtelet présente diverses « anomalies » : - les voies de circulation ferroviaire, - les aires de stationnement sont fluviale et routière y occupent une place exceptionnellement vaste et ont une excessive ; forte courbe ; - la rampe d’accès vers le centre-ville se - des terrains vagues apparaissent termine en cul-de-sac sur une sorte de nombreux aux abords de ces espaces place éventrée ; bâtis ; - des rues ne conduisent nulle part ; - - ceux-ci présentent des ruptures insolites et un pâté de maisons est nettement isolé du reste de la ville ; l’habitat manque de cachet et certains immeubles sont en mauvais état ; - toute la zone proche de la Sambre est dépeuplée et peu animée ; etc. 3. A partir de ces constats, il est aisé d’établir la liste des questions auxquelles il faut répondre pour expliquer ce qui s’est passé et pourquoi cela est arrivé. - Pourquoi dans la ville de Châtelet aujourd’hui, le quartier situé au voisinage immédiat de la Sambre paraît-il si déshérité et si peu accueillant ? Pourquoi n’accorde-t-il guère de place au logement, au commerce, aux activités d’agrément ? - Pourquoi ce quartier a-t-il subi d’aussi importantes transformations durant les dernières décennies ? - Pourquoi les concepteurs de ces travaux se sont-ils si peu souciés de leurs conséquences environnementales et humaines ? - Pourquoi les autorités locales ont-elles toléré cette situation ? Pourquoi ont-elles accepté la présence de parkings et de terrains vagues au lieu d’imposer des maisons, des magasins, des parcs ? 4 REALISER UNE ENQUETE ORALE Une enquête orale permet de mieux connaître certains faits, points de vue, traits de mentalité, etc., actuels ou passés, moins accessibles par d’autres moyens. 1. Pourquoi mener une enquête orale ? Il existe de multiples raisons de mener une enquête orale. - On peut interroger un témoin pour préparer une recherche. Par exemple, avant d’étudier les conditions de travail dans un milieu rural, on enquête auprès d’un agriculteur pour se familiariser avec le sujet. - L’enquête peut être l’objet même de la recherche. Par exemple, pour en savoir plus sur l’évolution du petit commerce dans les centres-villes d’aujourd’hui, on interroge un ou plusieurs commerçants. - L’enquête peut également servir à compléter ou nuancer une recherche. Par exemple, après avoir pris divers renseignements sur les difficultés de circulation aux abords des agglomérations urbaines, on soumet les conclusions, pour avis critique, à des automobilistes. Les sujets qu’il est possible de traiter à travers une enquête orale sont innombrables. Une enquête orale permet d’obtenir des renseignements, par exemple, sur les conditions de logement, sur les pratiques professionnelles, sur les habitudes de consommation, sur les manières de se déplacer, sur les réactions face à certains événements, sur des opinions, etc. Cette enquête peut viser la connaissance d’une réalité actuelle. Elle peut aussi chercher à en savoir plus sur la même réalité dans le passé, en recourant aux témoignages des aînés. L’enquête orale présente l’avantage de donner la parole à des personnes qui ne s’expriment pas volontiers autrement. Elle leur offre l’occasion, par exemple, de donner leur point de vue sur des situations vécues par eux aujourd’hui ou autrefois. En cela, elle sauve la mémoire des humbles, qui sont souvent les « oubliés de l’Histoire » ! 2. Comment mener une enquête orale ? Deux possibilités s’offrent à l’enquêteur : ou bien faire appel à des témoignages déjà publiés, ou bien collecter lui-même les témoignages. - L’enquêteur peut utiliser des témoignages recueillis par d’autres et édités dans des ouvrages scientifiques, dans des publications locales ou même personnelles. - Il peut susciter lui-même une entrevue, rencontrer un ou plusieurs témoins, les interroger, enregistrer leurs propos, puis les mettre en forme et les publier. On fait habituellement la distinction entre deux types de témoignages oraux édités, ceux qui sont consignés directement par le témoin, par exemple sous la forme d’une autobiographie, et ceux qui le sont par un intermédiaire. - Chez les personnes lettrées, le besoin de fixer des souvenirs personnels, familiaux, professionnels, de relater une action d’éclat, de partager sa pensée ou ses croyances, d’affirmer ses sentiments, remonte loin dans le temps. Il s’est accru récemment avec l’alphabétisation générale des populations. - Depuis quelques décennies, des écrivains, des journalistes, mais aussi des ethnologues, des sociologues, des historiens se sont avisés de l’intérêt de recueillir et de publier, sur divers sujets, les témoignages de personnes non lettrées. Outre tous ces témoignages oraux consignés dans des publications diverses, il est possible de recueillir soi-même des témoignages par enquête orale, avec un simple bloc-notes ou un dictaphone. Il faut, dans tous les cas, respecter quelques règles élémentaires… - Bien sélectionner le témoin, faire appel à une personne qui connaît réellement le sujet étudié et qui soit apte à en parler. - Bien cerner le sujet et mettre au point un questionnaire d’enquête qui guide adroitement le témoin tout en lui laissant sa liberté de parole. - N’intervenir que prudemment dans l’exposé du témoin pour recentrer les propos sur la question posée, pour éclaircir un point de détail, pour stimuler la confiance, et donc ne pas introduire des commentaires personnels ou des jugements. - Bien transcrire les propos du témoin, ne pas les laisser à l’état brut, ce qui les rendrait difficilement compréhensibles, mais ne pas en modifier le sens par une réécriture trop littéraire ou trop sélective. Pour mener une enquête approfondie, il est évidemment nécessaire d’interroger plusieurs témoins.