Les addictions au Féminin M. SABIR, F. EL OMARI, J. TOUFIQ Hôpital Psychiatrique Universitaire Arrazi; Salé Congrès de l’AMPEP Meknès, le 02 novembre 2013 Pourquoi s’intéresser aux conduites addictives chez les femmes? • Addictions : domaine complexe, impliquant médecine, psychiatrie, sciences sociales, prévention, épidémiologie et politique • Analyse des études épidémiologiques des 20 dernières années : problèmes d’addiction globalement plus fréquents chez les hommes mais plus grande vulnérabilité des femmes concernées par problèmes addictifs Becker JB et al. Sex differences in drug abuse. Front Neuroendocrinol 2008;29:36-47 • Addiction des femmes interroge : quels liens existent-ils entre femmes et addictions ? • Intérêt de la question du genre : le sexe et le genre ont-ils une incidence sur l’addiction ? Questions abordées… • Y a-t-il des spécificités des conduites addictives chez les femmes? • Quel état des lieux des conduites addictives chez les femmes? • Quelles sont les conséquences spécifiques en termes de santé? • Existe-t-il une spécificité de genre en matière de traitements? Méthodologie • Interrogation de 4 bases de données : PubMed, SciencesDirect, OFDT, Jstor • Mots clés: « femme », « women », « addiction », « prise en charge », « care », « traitement », « treatment », « réduction des risques », « harm reduction », « perinatalité », « perinatal », « parentalité », « parenting », « grossesse », « pregnancy » • Période de publication: 2003-2013 • Approche pluridisciplinaire : études épidémiologiques, méta-analyses, études randomisées et études qualitatives 1ères constatations concernant les études… • Etudes portant sur les approches liées au genre surtout anglo-saxonnes, suisses et canadiennes Beck et al., 2008; Simmat-Durand, 2009 • Etudes souvent empreintes d'une vision stéréotypée de la «femme » European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction. A gender perspective on drug use and responding to drug problems, 2006; pp. 21-37. • Données de consommation réelle différence en terme de comportements entre hommes et femmes Cormier RA et al. Women and substance abuse problems. BMC Women’s Health. 2004; 4, suppl 1:58-68 « Etre une femme, est-ce une spécificité face aux psychotropes »? Particularités Physiologiques (1) • 1ère particularité : volume de liquide corporel plus faible que celui des hommes → Femmes métabolisent alcool différemment, → Taux d’alcoolémie plus élevé à quantité ingérée identique et après ajustement sur le poids, → Développement de maladies du foie liées à l’alcool, plus rapidement que les hommes Deal SA et al. Are women more susceptible than men to alcohol-induced cirrhosis ? Alcohol, Health & Research World. 1994; 18:189-91. Cormier RA et al. Women and substance abuse problems. BMC Women’s Health. 2004; 4, suppl 1:58-68. → Durée écoulée entre expérimentation et dépendance généralement plus faible pour les femmes : pour cocaïne, cannabis, alcool et opiacés Wagner FA et al. Male-female differences in the risk of progression from first use to dependence upon cannabis, cocaine, and alcohol. Drug Alcohol Depend. 2007; 86(2-3):191. Particularités Physiologiques (2) • 2ème particularité : Liée aux Hormones +++ → Œstrogènes auraient impact sur craving de cocaïne et d’amphétamines par interaction avec systèmes de récompense : recherche animale a montré qu’ingestion d’oestrogènes augmentait prise de drogues Anker et Carroll, 2011 → Cannabis : différence de pharmacocinétique entre hommes et femmes Fattore et Fratta, 2010 → Liens entre tabac et cancer du sein et cancer du col de l’utérus : spécifiques aux femmes Habib P. Quelles sont les conséquences du tabagisme sur la grossesse et l’accouchement ? J Gynecol Obstet Biol Reprod. 2005; 34, Hors série nº 1:3S353-3S369 Particularités Physiologiques (3) • 2ème particularité : Liée aux Hormones +++ (Suite) → Consommation des opiacés induit irrégularité du cycle voire aménorrhée : négligence de la contraception, risque de grossesse non désirée → Problèmes d’infertilité et de grossesses extra-utérines liés au tabac et à l’alcool Habib P et al. Quelles sont les conséquences du tabagisme sur la grossesse et l’accouchement ? J Gynecol Obstet Biol Reprod. 2005; 34, Hors série nº 1:3S353-3S369. → Autres risques avec les drogues: syndrome de sevrage du nouveau-né, prématurité, faible poids de naissance, fausses couches United Nations. Subtance abuse treatment and care for women : case studies and lessons learned. Vienna: Office on drugs and crime, 2004; p. 96. Particularités Physiologiques (4) • 3ème particularité : Prise de risques dans vie sexuelle et mode de consommation des drogues → Risque plus grand d’infections génitales surtout HIV → Plus grande susceptibilité que les hommes d’avoir des relations sexuelles en échange de drogues ou d’argent European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction. A gender perspective on drug use and responding to drug problems, 2006; pp. 21-37. → Souvent dernières à utiliser les seringues lors d’un partage United Nations. Subtance abuse treatment and care for women : case studies and lessons learned. Vienna: Office on drugs and crime, 2004; p. 96. → Femmes qui abusent de l’alcool plus susceptibles qu’autres femmes d’être victimes de violences conjugales et de ne pas pouvoir négocier l’utilisation du préservatif Stoner SA et al. Women’s condom use assertiveness and sexual risk-taking: Effects of alcohol intoxication and adult victimization. Addict Behav. 2008; 33(9): 1167. Particularités en terme de trajectoire • Singularité de la trajectoire qui mène à la dépendance chez la femme +++ • Installation plus rapide de la dépendance +++ • Omniprésence d’un grand isolement affectif: o en amont : expériences d'isolement, perte de proches...etc., o en aval : éloignement du conjoint lorsqu’il n'est pas consommateur, retrait de la garde des enfants...etc. • Antécédents plus fréquents de violences et d'abus sexuels dans leur enfance et à l'âge adulte que les femmes en général et que les hommes dépendants. Jauffret-Roustide M et al. Trajectoires de vie et prises de risque chez les femmes usagères de drogues. Médecine Sciences. 2007. 24, Hors série nº 2, Les femmes et le sida en France: 111-21 Particularités au niveau de la Santé Mentale (1) • Effets médicaux de l’ingestion de drogues plus forts chez les femmes qui présentent une co-occurrence plus importante de problèmes psychiatriques Fisher G et al. Review of literature on pregnancy and psychosocially assisted pharmacotherapy of opioid dependence. in: WHO Guidelines for psychosocially assisted pharmacotherapy of opiod dependence. WHO: Geneva, Switzerland, 2007. • Une des hypothèses : Système nerveux féminin serait plus sensible à l’alcool Avila Escribano et al. Diferencias de género en la enfermedad alcoholica. Adicciones. 2007; 19(4):383-92. • Femmes consomment généralement plus de médicaments psychotropes dès l’adolescence, dont effets négatifs souvent minimisés Wu LT et al. Non-prescribed use of pain relievers among adolescents in the United States. Drug Alcohol Depend. 2008; 94(1-3):1. Particularités au niveau de la Santé Mentale (2) • Etudes montrent que les femmes ont deux fois plus de risques que les hommes d’avoir une prescription de benzodiazépines pour des symptômes non cliniques comme le stress au travail ou à la maison Cormier RA et al. Women and substance abuse problems. BMC Women’s Health. 2004; 4, suppl 1:58-68. • Sévérité plus importante que les hommes des symptômes dépressifs notamment dans addiction à l’alcool et dans addictions comportementales (jeu pathologique) Llinares Pellicer C et al. Diferencias de sexo en adictos a las maquinas tragaperras. Adicciones. 2006; 18(4):371-6. • Coexistence fréquente entre abus de substances et problèmes mentaux chez les femmes ayant des antécédents de violence et de traumatismes Canadian Women’s Health Network. Women, mental health and mental illness and addiction in Canada: an overview. 2006. www.cwhn.ca Relation au partenaire • Nombreuses études européennes montrent que : → Liens importants des addictions avec la vie affective → Souvent le partenaire est aussi le fournisseur des substances → Parmi femmes en traitement pour un usage d’héroïne : près de la moitié déclare avoir goûté la première fois aux drogues avec petit ami ou avec mari Stocco P et al. Women and opiate addiction: a European perspective. Valencia: IREFREA and European Commission, 2002; 200 p. → Consommation de drogues avec partenaires pour se sentir plus proches ou pour partager expérience Stocco P et al. Women drug abuse in Europe: gender identity. Valencia: IREFREA and European Commission, 2000; 146 p. Problèmes plus spécifiquement féminins : prostitution et grossesse (1) • Double lien entre addiction et prostitution: recours à la prostitution pour acheter des drogues et consommation de drogues pour se prostituer +++ Bertrand K et al. Trajectoires de femmes toxicomanes en traitement ayant un vécu de prostitution: étude exploratoire. Drogues, santé et société. 2007; 5(2):79-109 • Chez les hommes : recours plutôt au activités délictueuses (trafic de drogues) pour financer les consommations • Grandes différences dans l’utilisation des préservatifs des consommatrices d’opiacés comparativement aux autres prostituées : pas d’exigence systématique du préservatif à cause du manque Cagliero S,et al. La consommation de drogues dans le milieu de la prostitution féminine. Paris: OFDT, 2004; 90 p. Problèmes plus spécifiquement féminins : prostitution et grossesse (2) • Question des grossesses des femmes addicts à l’origine de multiples questions • Littérature fait état des lois et des conflits entre les droits des femmes et les droits des fœtus (mise en danger de l’enfant par la consommation de drogues) Boyd S. Femmes et drogues: survol des lois et des conflits mères/état aux États-Unis et au Canada. Psychotropes. 2004; 10(3-4):153-72. • Nombreux articles consacrés aux conséquences de la consommation des substances psycho-actives pendant grossesse Lejeune C. Conséquences périnatales des addictions. Arch Pediatr. 2007; 14(6):656. • Discordance constatée entre résultats des tests toxicologiques et sous -déclarations des femmes enceintes de par la crainte d’être jugées Lester BM et al. The maternal lifestyle study: drug use by meconium toxicology and maternal selfreport. Pediatrics. 2001; 107(2):309-17. Le Regard de la Société • Avant années 80 : → Peu d’études sur femmes et drogues → Existence de stéréotypes sur les femmes vues comme « mad » (folles, souffrant de troubles mentaux), « sad » (malheureuses, victimes du pouvoir masculin ou d’exploitation) ou « bad » (mauvaises, avec une déviance sexuelle ou morale) Measham F. "Doing gender" - "doing drugs": conceptualizing the gendering of drugs cultures. Contemporary Drug Problems. 2002; 29 (Summer): 335-73. • Après années 90 : → Femmes considérées comme des consommatrices comme les autres, à la recherche du plaisir → “Portrait” de la femme alcoolique : référence à la clandestinité, dissimulation et l’étiologie psychiatrique Berthelot J et al. Les alcoolismes féminins. Cahiers du centre de recherches sociologiques. 1984; 1, (janvier): 1-285 → Néanmoins stigmatisation plus importante des femmes pour leur addiction que les hommes dans plupart des sociétés et des cultures United Nations. Subtance abuse treatment and care for women : case studies and lessons learned. Vienna: Office on drugs and crime, 2004; p. 96. « Analyse des pratiques addictives chez les femmes » Particularités en terme de consommations • Complexité de la ligne de césure entre hommes et femmes +++ • Rapport au produit ne se résume pas à simple caractéristique sexuelle • Prévalence de consommation plus importante chez les hommes que chez les femmes, tous psychotropes confondus (à l’exception des médicaments psychotropes) Beck et al., 2010 • N’utilisent, que très rarement une seule drogue • Variabilité des comportements de consommation selon l’âge, le niveau d’éducation et le milieu social • Différences de comportements entre hommes et femmes moins marquées dans milieux favorisés que dans milieux populaires European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction. Differences in patterns of drug use between women and men, 2005; p 8. Question : les femmes consomment-elles moins ou sont-elles moins repérées ? • 3 ensembles, en matière d’addiction féminine, qui se rejoignent sans se superposer : Les consommatrices ayant un usage abusif ou addictif de drogues; Celles que l’on voit; Celles qui se montrent. • Très peu de fréquentations des structures spécialisées en addictologie : préférence revient à la médecine de ville et aux groupes d’entraide • Parfois, démarches autonomes de sevrage…sans aide médico-psychologique • Plusieurs craintes : réprobation sociale, stigmatisation (femme de mauvais genre, prostituée, mère indigne, perte de la garde des enfants…), inadaptation des structures et de l’offre de soins existantes…etc. • Autres questionnements : outils utilisés pour diagnostiquer les addictions (DSMIV, CIM10R, etc.) posent-ils les bonnes questions en ce qui concerne les femmes ? Cormier RA et al. Women and substance abuse problems. BMC Women’s Health. 2004; 4, suppl 1:58-68 Femmes et Médicaments Psychotropes (1) • Catégorie à part : usage majoritairement médicalisé • Femmes consomment médicaments psychotropes 1,5 à 2 fois plus que les hommes • Médicaments psychotropes : une consommation féminine plus fréquente surtout parmi les générations âgées +++ Simoni-Wastila L et al. Gender and other factors associated with the nonmedical use of abusable prescription drugs. Subst Use Misuse. 2004; 39(1):1-23 . • Tendance varie avec : niveau d’instruction, statut, catégorie d’emploi Stocco P et al. Women drug abuse in Europe: gender identity. Valencia: IREFREA and European Commission, 2000; 146 p Femmes et Médicaments Psychotropes (2) • Facteurs associés à consommation de médicaments psychotropes: situation socio-économique difficile, marginalisation sur le marché du travail, fardeau socioaffectif lourd, socialisation encourageant recours aux soins, expression des problèmes de détresse psychologique et de santé mentale . • Milieux aisés : rapprochement des consommations de médicaments psychotropes des hommes et femmes (augmentation de la consommation des hommes cadres) Simoni-Wastila L et al. Gender and other factors associated with the nonmedical use of abusable prescription drugs. Subst Use Misuse. 2004; 39(1):1-23 Prévalence de consommation des médicaments psychotropes (%) au cours de la vie et au cours de l’année selon l’âge et le sexe (d’après Beck et coll., 2012 ; Baromètre santé 2010, Inpes) Comment expliquer ce lien ? • Suggestion par certaines études de l’induction de cette surconsommation par une approche sexuée des problèmes de santé • Troubles et diagnostics diffèrent fortement entre hommes et femmes : → Femmes diagnostiquées comme dépressives plus souvent que les hommes → Plus grande anxiété déclarée Plant et al., 1997 • Mais aussi représentations sexuellement différenciées de la part des médecins : → Tendance plus marquée à diagnostiquer chez les femmes une origine psychologique à certains troubles physiques → Investissement plus facile des femmes le rôle de patient+++ Femmes et Tabac (1) • Tabac : substance pour laquelle différence de genre la moins marquée • Niveau de consommation des femmes s’étant progressivement rapproché de celui des hommes au cours du siècle • Ecarts entre hommes et femmes plus faibles dans jeunes générations • Hausse récente des consommations de tabac chez les femmes, surtout au-delà de 40 ans: émancipation féminine (1945-65) qui fait entrer les femmes dans le tabagisme • Histoire du tabagisme féminin décalée de 20 ans par rapport au tabagisme masculin Beck et al., 2011 Prévalence de fumeurs quotidiens de tabac (%) selon l’âge et le sexe Evolution du tabagisme actuel (en %) depuis 1970 selon le sexe Femmes et Tabac (2) • Utilisation du tabac pour faire face au stress, à anxiété ou à humeur dépressive plus que chez hommes Waldron I. Patterns and causes of gender differences in smoking. Soc Sci Med. 1991; 32(9):989-1005 • Identification de facteurs entravant réussite du sevrage tabagique : prise de poids, apparition de troubles anxieux ou dépressifs; 2 fois plus fréquents chez femmes Lagrue G. Pourquoi l’arrêt du tabac est-il plus difficile chez la femme? Le courrier des addictions. 2004; 6 (2):51 • Variabilité des consommations selon le milieu social : plus les populations sont socialement favorisées, moins elles fument et moins il y a d’écarts entre hommes et femmes +++ Lamy et al., 2010; Legleye et al., 2011 Femmes Marocaines et Tabac (3) • Au Maroc : prévalence du tabagisme féminin de moins de 1% vs 34,5% chez les hommes Tazi MA et al. Prevalence of the main cardiovascular risk factors in Morocco: results of a national survey, 2000. Journal of Hypertension 2003, 21: 897-903 • Femmes achètent leurs cigarettes en paquet • Fidélité à la marque • 46% du fumorat féminin a une consommation journalière de 11 cigarettes et plus • 50% des femmes fumeuses ont moins de 35 ans • Evolution des représentations sociales du tabac : tradition ancienne, chez les classes sociales élevées, de fumer des cigarettes autour d’un verre de thé de nos jours : variabilité des représentations (émancipation chez certains, prostitution et vulgarité chez d’autres) El biaze M et al. Attitudes et comportements de patients vis-à-vis du tabagisme au Maroc. Revue des maladies respiratoire Volume, fascicule17, 3. 2000 Enquête Medspad 2013 : Prévalence de l’usage du tabac (%) chez les 15-17 ans selon le sexe % de l'usage du Tabac selon le sexe chez les 15-17 ans 25,0% 20,1% 20,0% 15,0% Garçons 10,6% Filles 10,0% 6,8% 5,9% 5,0% 1,8% 0,9% 0,0% Durant la vie Durant les 12 derniers mois Durant les 30 derniers jours Femmes et Alcool (1) • Hommes plus concernés par usages et usages à problème d’alcool • Chez les femmes consommatrices : consommation d’alcool et ivresses plus fréquentes chez les cadres que chez les ouvriers Roche AM et al. A. Women’s alcohol consumption : Emerging patterns, problems and public health implications. . Drug Alcohol Rev. 2002; 21(2):169-78 • Phénomène nouveau : hausse des épisodes d’ivresse chez les étudiantes du supérieur ”binge drinking” Beck F et al. L’alcool donne-t-il un genre ? Travail, genre et sociétés. 2006; (15);141-60. Prévalence de l’usage quotidien d’alcool (%) au cours de l’année 2010 Femmes et Alcool (2) • Plus de 9 femmes sur 10 ayant un problème avec l’alcool consomment en cachette • Caractère clandestin du problème : refus d’en parler, déni, honte, peur de la perte de garde des enfants… Bloomfield K et al. Gender, culture and alcohol problems. A multi-national study. Berlin, Charité Universitätsmedizin, Institute for Medical Informatics, Biometrics & Epidemiology. 2005; 341 p • Age d’apparition du problème alcoolique plus tardif que chez hommes : plus de 8 femmes sur 10 ont plus de 35 ans • Révélation du problème alcoolique souvent liée à évènements de vie : problèmes conjugaux, départ des enfants …etc. • Comorbidité fréquente avec autres addictions (tabac et benzodiazépines), troubles de l’humeur, troubles anxieux Roche AM et al. A. Women’s alcohol consumption : Emerging patterns, problems and public health implications. Drug Alcohol Rev. 2002; 21(2):169-78. Femmes Marocaines et Alcool (3) • Au Maroc : → Prévalence de l’abus d’alcool chez les femmes de 0,2% vs 3,4% chez les hommes → Prévalence de la dépendance à l’alcool chez les femmes de 0,2% vs 2,4% chez les hommes Enquête Nationale de Prévalence des troubles mentaux au Maroc, 2003 → Enquête Medspad 2013 : Prévalence de l’usage d’alcool chez les filles de 15-17 ans de 0,6% durant les 30 derniers jours vs 3,1% chez les garçons Enquête Medspad 2013 : Prévalence de l’usage de l’alcool (%) chez les 15-17 ans selon le sexe Prévalence de l'usage de l'alcool selon le sexe chez les 15-17 ans 8,0% 7,6% 7,0% 6,0% 5,0% 3,9% 4,0% 3,0% Garçons 3,1% 2,8% 2,0% 1,2% 0,6% 1,0% 0,0% Durant la vie Durant les 12 derniers mois Durant les 30 derniers jours Filles Femmes et Cannabis • Usage de cannabis : surtout le fait des jeunes et devient plus masculin chez les plus âgés • Mais convergence des usages masculins et féminins avec l’élévation de niveau social ou de diplôme • Elévation du milieu socioculturel s'accompagne pour les femmes d'un rapport plus étroit aux cannabis : considéré comme forme d'émancipation tout en en étant la conséquence Agrawal A et al. Does gender contribute to heterogeneity in criteria for cannabis abuse and dependence ? Results from the national epidemiological survey on alcohol and related conditions. Drug Alcohol Depend. 2007; 88 (23):300 • Dans milieux favorisés : alignement des comportements des femmes sur celui des hommes ↔ augmentation de leur consommation : cas de l’alcool et du cannabis +++ Beck et al., 2006 Prévalences de consommations de cannabis (%) selon l’âge et le sexe Femmes et Autres Drogues Illicites • Prévalences de consommation de cocaine et d’opiacés plus élevées chez les hommes European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction. A gender perspective on drug use and responding to drug problems, 2006; pp. 21-37. • Modification de l’état de conscience : expérience plus fréquemment recherchée par hommes que par femmes Fontaine A et al. Pratiques et représentations émergentes dans le champ de l’usage de drogues en France, juin 1999 – juillet 2000. LIRESS. OFDT, 2001; 272 p. • Amphétamines : possible utilisation comme coupe-faim (pratique plutôt féminine) → minimise écart hommes/femmes par rapport aux autres substances European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction. Differences in patterns of drug use between women and men, 2005; p 8. Pratiques des « Injections » et des « Sniffs » chez les Femmes • Pratiques de partage du matériel (seringue, récipient, filtre pour injection; ; paille pour inhalation) le plus souvent au sein du couple • Dans dynamique du couple: « conjoint » usager de drogues souvent détenteur du produit, initiateur aux drogues et à injection Vidal-Trecan G et al. Les comportements à risque des usagers de drogues par voie intraveineuse : les femmes prennent-elles plus de risques de transmission des virus VIH et VHC?. Rev Epidemiol Sante Publique. 1998; 46:193-204. • Possibilités de consommer liées aux occasions offertes par partenaire (manque d’autonomie) • Récupération des filtres des autres : consommation de résidus de produits de manière économique • Pas de maitrise des circonstances de l’acte de consommation: exposition plus accrue au VIH et hépatites Gollub EL. A neglected population : drug-using women and women’s methods of HIV/STI prevention. AIDS Educ Prev. 2008; 20:107-20. Femmes et Addictions Comportementales • Recherche portant sur addictions comportementales débutante: question du genre peu abordée à l’exception des TCA • Prévalence plus importante de l’anorexie , des dépenses compulsives , des dépendances aux réseaux sociaux chez les femmes • Cyberpornographie plus fréquente chez les hommes • Jeu pathologique : 2 fois plus d’hommes que de femmes mais incidence féminine en augmentation FELLINGER E. Les addictions au féminin, synthèse de la littérature. Le Courrier des addictions, 01/2004, n° 1, pp. 19-22 Femmes et opinions sur les « drogues » (1) • Opinions concernant produits apparaissent sexuées +++ • Etude de Beck, Chaker et Legleye, 2005: hommes déclarent connaitre plus de produits que les femmes (4,2 contre 3,5 ; p< 0,001 femmes plus sensibles que les hommes à la dangerosité estimée des produits (48% des femmes pensent que le cannabis est dangereux dès qu’on essaie contre 43%) femmes moins favorables à la possibilité d’autoriser la consommation de cannabis sous certaines conditions (34% vs 28%) Résultats similaires pour ecstasy, héroïne, cocaïne LECORPS P et al. Masculin-féminin : les lois du genre. La Santé de l’homme, 07/2004, n° 372, pp. 4-45 Femmes et opinions sur les « drogues » (2) • Jugements des deux sexes très proches pour les produits réputés les plus dangereux (ex: héroïne) mais jugement plus dur pour les femmes +++ • Pour l’alcool et le tabac : opinions de dangerosité très proches pour hommes et femmes (seuils quotidiens de 3 verres et de 10 cigarettes) • Opinion également influencée par milieu social : élévation de la catégorie sociale rapproche les opinions des deux sexes LECORPS P et al. Masculin-féminin : les lois du genre. La Santé de l’homme, 07/2004, n° 372, pp. 4-45 Synthèse des pratiques addictives selon le sexe et le genre • Hommes généralement plus consommateurs de drogues que les femmes • Ecarts entre hommes et femmes diminuent avec élévation du milieu social +++ • Milieux aisés: hommes adoptent comportements d’usages plus raisonnables, tandis que les femmes ont tendance à les « masculiniser » • Modes de consommation apparaissent moins liés au sexe qu’aux rôles sociaux qui modèlent rapports entre hommes et femmes « Existe-t-il des spécificités en matière de prise en charge des addictions chez la femme » ? Constatations générales…(1) • Littérature pauvre sur les préconisations de prise en charge des femmes ayant des problèmes de dépendance aux produits psycho actifs Davis et al., 2002 • Prédominance des recommandations pour les femmes enceintes +++ • Majorité des programmes ne prennent pas en considération différences de genre au niveau des besoins et des modalités d’intervention spécifiques Constatations générales…(2) • Femmes représentent uniquement 20 % à 30 % des consultants dans centres d’addictologie • Evaluations montrent que : → Si traitement ne fait pas de distinction de genre : résultats sensiblement équivalents ou moins bénéfiques pour femmes que pour hommes → Distinctions entre programmes mixtes et programmes réservés aux femmes : résultats mitigés → Programmes prenant en compte besoins et vulnérabilités spécifiques des sous groupes de femmes : résultats positifs+++ FELLINGER E. Les addictions au féminin, synthèse de la littérature. Le Courrier des addictions, 01/2004, n° 1, pp. 19-22 Spécificités du traitement de l’addiction au féminin (1) • Accès aux soins: femmes orientées par services médicaux alors qu’hommes le plus souvent par instances juridiques European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction. A gender perspective on drug use and responding to drug problems, 2006; pp. 21-37. • Très peu de structures spécifiques aux femmes; structures mixtes ne répondent pas souvent aux besoins et demandes Stocco P, Llopis Llacer JJ, Defazio L. Women drug abuse in Europe: gender identity. Valencia: IREFREA and European Commission, 2000; 146 p • Population « cachée » féminine consommatrice de drogues difficile à aborder +++ European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction. A gender perspective on drug use and responding to drug problems, 2006; pp. 21-37. • Problème de la garde des enfants pendant les soins: meilleurs résultats chez les femmes qui emmènent enfants avec elles Covington SS. Gender matters: Creating services for women and girls. Alanta, Georgia: Center for Gender and Justice Institute for Relational Development, 2006 Spécificités du traitement de l’addiction au féminin (2) • Obstacles d’accès aux soins : problèmes financiers, crainte de perdre la garde des enfants, crainte du conjoint (abandon), honte, peur du syndrome de sevrage, stigmate social, absence de proximité des structures, structures non adaptées, manque de confiance dans le traitement…etc. • Femmes se débrouillent « seules » : sevrage « sauvage », parfois vont chez généraliste… United Nations. Subtance abuse treatment and care for women : case studies and lessons learned. Vienna: Office on drugs and crime, 2004; p. 96 Que préconisent les recommandations de bonne pratique? • Intérêt d’offres de soins globales qui visent à : → Contrecarrer effets des stigmates sociaux; → Lever craintes vis-à-vis du placement des enfants; → Favoriser accès à santé, droit, emploi, transport et mode de garde des enfants; → Impliquer conjoints, famille et réseaux sociaux; → Accompagner la parentalité; → Prendre en charge comorbidités somatiques et psychiatriques; → Prendre en compte problèmes de violence conjugale. United Nations. Subtance abuse treatment and care for women : case studies and lessons learned. Vienna: Office on drugs and crime, 2004; p. 96 Guyon L et al. Toxicomanie et maternité. Un parcours difficile, de la famille d’origine à la famille « recréée ». Drogues, santé et société. 2002; 1(1): 28 p. Grossesse et Addictions : quelle prise en charge? Conclusions et Perspectives • Examen de la littérature montre : ↘ existence d’une différence entre les hommes et les femmes en terme de consommations de drogues ↘ vulnérabilité plus importante des femmes à l’égard des drogues de part physiologie, surdétermination de souffrance psychiatrique et /ou certaines conditions de vie.. • Grand intérêt des femmes à bénéficier de réponses spécifiques, répondant à leurs besoins et attentes (offres de soins et d’accompagnement) • Approches préventives différentielles à privilégier : prise en compte du genre, des rythmes biologiques, des temps de la vie de la femme mais aussi des contextes sociaux de consommation +++ Merci de votre attention..