soutenue par des organisations internationales telles que la Banque Mondiale à travers le CGAP, les banques de
développement, ou les organismes de régulations étatiques.
Les expériences empiriques notamment dans les pays en voie de développement, ont montré que la microfinance
peut aider les personnes pauvres à augmenter leur revenu, leur consommation et à créer des entreprises viables
(Shahidur et al.,1998, Choudhoury, 2003 ; Giraud et Renouard, 2013 ; Banerjee et al, 2015). D’autres travaux
montrent une amélioration du niveau de santé, du niveau d’éducation (Mees, 2003) ainsi qu’un changement positif
dans les microentreprises des populations à bas revenu (Gubert, Roubaud, 2005). Cependant, bien que la
microfinance soit une chance pour les plus démunis d’avoir accès à des sources de financement (Robinson et
Fidler, 2001), certains auteurs sont plus critiques envers son mode de gestion, notamment sa gouvernance (Guérin
et Servet, 2004 ; Guérin et Palier, 2006; Ordioni, 2005; Fernando, 2004). Selon les travaux de Banerjee et al.
(2015), réalisés en Inde, la microfinance a un impact positif sur la création d’activité génératrice de revenu.
Toutefois, Banerjee et al. (2015) arguent que la microfinance n’a pas d’impact sur des variables non économiques
telles que l’éducation, la santé ou l’autonomisation des femmes. Par ailleurs, selon Guérin et Palier (2006) et
Guérin et Servet (2005), si la microfinance permet à 50% des clients d’une IMF de desserrer la contrainte de leur
budget familial et à 25% d’accroitre leur activité entrepreneuriale génératrice de revenus, elle aboutit à un échec
financier et social pour les 25% restants. Enfin, pour Coleman (2008), l’inefficacité des IMF est en grande partie
due à l’utilisation de produits inadaptés aux besoins de leurs cibles.
Les déterminants de la performance financière et sociale ont fait l’objet de plusieurs travaux de recherche. Les
principaux déterminants identifiés sont la gouvernance, la forme juridique, la maturité et la couverture
géographique. Dans notre analyse à suivre, nous retenons ces différents facteurs explicatifs de la performance
financière et sociale des IMF, et intégrons deux autres facteurs, à savoir les ratios prudentiels et la taille des dépôts.
En effet, les ratios prudentiels et la taille des dépôts sont importants pour la viabilité financière et sociale des IMF.
La littérature sur la gouvernance des IMF demeure limitée contrairement à celle concernant la gouvernance des
entreprises (Van den Berghe et Levrau, 2004 ; Meisel, 2004 ; Guedri, 2008 ; Gillette et al., 2008) et la gouvernance
bancaire (Eichengreen et Gibson, 2001 ; Aizenman et Marion, 2003 ; Goddard et al. 2004; Bates et al., 2009). Les
travaux sur la gouvernance des IMF ont décrit les pratiques et les conséquences sur leurs performances (Chrysten
et al., 2003 ; Peck et Rosenberg, 2004 ; Satta, 2004 ; Lapenu et Pierret, 2005 ; Sabana, 2006; Labie, 2007, 2009).
De plus, Hartarska (2005) et Mersland et Strøm (2009) s’interrogent sur le rôle joué par les mécanismes de
gouvernance sur la performance sociale et financière des IMF dans les pays de l’Europe Centrale et de l’Est. Quant
à Tchuigoua (2011), il analyse l’influence des mécanismes de gouvernance sur la performance des IMF d’Afrique
Sub-saharienne sur un échantillon composé de 64 IMF africaines entre 2001 et 2005 issus de la plateforme
électronique Mix Market. Mersland et Strøm (2009) ainsi que Tchuigoua (2011) ne trouve pas d’influence de la
taille du conseil d’administration et de la forme juridique sur la performance financière et sociale des IMF.
Toutefois, Mersland et Strøm (2009) concluent à une influence négative de la maturité des IMF sur la performance
financière mesurée par l’autosuffisance opérationnelle et à une influence positive de la maturité sur la taille des
prêts. Selon eux, la taille des prêts diminue au fur et à mesure que les IMF gagnent en maturité. Cela signifie
qu’elles auront tendance à toucher une clientèle de plus en plus pauvre par l’octroi de crédits de faibles montants.
Par ailleurs, Mersland et Strøm (2009) ont analysé le rôle joué par la couverture géographique sur les variables de
performances financières et sociales. Ils n’observent pas d’influence de la couverture géographique sur la
performance sociale, mais ils montrent que le rendement du portefeuille de prêts augmente au fur et à mesure que