CONNAISSANCES ET PRATIQUES DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ SUR LE RISQUE INFECTIEUX ASSOCIÉ AUX SOINS : ÉTUDE DANS UN HÔPITAL DE DISTRICT AU BURKINA FASO Hervé Hien, Maxime Drabo, Laurent Ouédraogo, Salifou Konfé, Djénéba Sanou, Sylvain Zéba, Sidzabda Christian Compaoré, Jean-Bosco Ouédraogo et Nicolas Méda S.F.S.P. | « Santé Publique » 2013/2 Vol. 25 | pages 219 à 226 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2013-2-page-219.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour S.F.S.P.. © S.F.S.P.. Tous droits réservés pour tous pays. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. ISSN 0995-3914 Afrique, santé publique & développement Recherche originale Connaissances et pratiques des professionnels de santé sur le risque infectieux associé aux soins : étude dans un hôpital de district au Burkina Faso Knowledge and practices of health care workers in the area of healthcare-associated infection risks. A case study in a district hospital in Burkina Faso 1, 2 2, 3 4 5 6 7 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. û Résumé û Summary Introduction : les infections associées aux soins sont le résultat fréquent des soins non sécurisés. Cependant, la place des professionnels de santé dans le processus de sécurité des patients reste méconnue au Burkina Faso. Les objectifs de cette étude étaient i) d’analyser les connaissances des professionnels de santé sur les risques infectieux, ii) de mesurer le niveau d’application des règles d’hygiène des mains et de barrières pour la sécurité des patients. Méthodes : nous avons réalisé une étude transversale dite d’un jour en juin 2011 dans l’hôpital de district sanitaire de Ziniaré. Elle a concerné les professionnels de santé présents le jour de l’enquête dans les unités de soins de l’hôpital. Une enquête par questionnaire auto administré et une observation non participative des pratiques d’hygiène ont été réalisés. Résultats : au total, 56 professionnels de santé ont été inclus dans notre étude. Parmi ces professionnels de santé 30,04 % connaissaient la définition d’une infection nosocomiale. Seulement 44,4 % ont déclaré que la main du personnel soignant en l’absence d’hygiène était le principal mode de transmission croisée des germes entre les malades dans un établissement de soins. La pratique d’hygiène par les professionnels de santé était faible (score de 36,85 %). Conclusion : la démarche qualité de soins et sécurité des patients doit prendre en compte la dimension de la formation et un changement de comportement des professionnels de santé. Introduction: Healthcare-associated infections are a common consequence of unsafe health care practices and are a major issue for patient safety. Health care workers play a key role in patient safety and the quality of care, with factors such as poor compliance with hygiene standards and poor knowledge of infection risks having a major impact. However, the role of health care workers in patient safety has been overlooked in the literature. The objectives of this study were i) to examine health care workers’ awareness of infection risks and ii) to assess levels of hand hygiene compliance and barriers to patient safety. Methods: A one-day cross-sectional survey was conducted in June 2011 at the Ziniaré health district hospital. The study focused on the health care workers present on the day of the survey in hospital care units and involved interviews and observations. Results: The study found that 30.04% of the health care workers knew the definition of healthcare-associated infections. Only 44.4% of the health care workers reported that the hands of health care workers (in the event of poor hand hygiene compliance) were the main mode of transmission of germs between patients in a care facility. In addition, only 21.43% (12/56) of the participants were aware of the main factors that increase the risk of health care-associated infections. The level of compliance with hygiene protocols was low (36.85%). Conclusion: The promotion of patient safety and quality of care requires a focus on training and behavior change among health care workers. Mots-clés : Connaissances ; Pratiques ; Risques ; Infections associées aux soins ; Professionnels de santé ; Hôpital. Keywords: Knowledge; Practices, Risk, Healthcare-associated infection; Health care workers; Hospital. Centre mURaZ, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso. Institut de Recherche en Science de la Santé, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso. 3 Laboratoire National de Santé Publique, Burkina Faso. 4 UFR/SDS, Université de Ouagadougou, Burkina Faso. 5 Direction de la Décentralisation des Systèmes Sanitaires, Burkina Faso. 6 Direction de la santé de la mère et de l’Enfant, Burkina Faso. 7 Région sanitaire du Plateau Central, Burkina Faso. 8 District sanitaire de Ziniaré, DRS plateau central, Burkina Faso. 1 2 Correspondance : H. Hien [email protected] Réception : 07/10/2011 – Acceptation : 02/01/2013 Santé publique volume 25 / N° 2 - mars-avril 2013 219 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. Hervé Hien , Maxime Drabo , Laurent Ouédraogo , Salifou Konfé , Djénéba Sanou , Sylvain Zéba , 8 2 1, 4 Sidzabda Christian Compaoré , Jean Bosco Ouédraogo , Nicolas Meda Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. Introduction Méthode Les infections associées aux soins sont le résultat fréquent des soins non-sécurisés [1]. La survenue des infections associées aux soins entraîne, dans les pays en développement, des séjours prolongés à l’hôpital [2-5], des frais excédentaires [4, 6] des résistances élevées des micro-organismes aux antibactériens et des taux de mortalités élevées [7-11]. L’infection associée aux soins (IaS) englobe tout événement infectieux en rapport plus ou moins proche avec un processus, une structure, une démarche de soins, dans un sens très large. L’IaS comprend l’infection nosocomiale, au sens d’une infection contractée dans un établissement de santé et couvre également les soins délivrés en dehors des établissements de santé [12]. Ces infections constituent un problème majeur de santé publique. Les infections associées aux soins dans les pays en développement ont été estimées en 2010 par l’OmS entre 5 à 15 % des patients hospitalisés. Ces infections peuvent affecter entre 9 et 37 % des patients admis dans les unités de soins intensifs [13]. Les déterminants de ces risques infectieux associés aux soins dans les pays en développement sont entre autres le manque d’infrastructures, des équipements insuffisants, des conditions d’hygiène inadéquates, la non-application des protocoles, l’utilisation inappropriée des antibiotiques, le non-respect de l’hygiène et l’insuffisance des connaissances des professionnels de santé qui pourrait trouver son origine dans le manque de formation initiale [14]. Cependant, dans la littérature africaine, il y a très peu d’informations sur le risque infectieux et la perception des professionnels de santé sur les risques infectieux en milieu de soins [14]. Par ailleurs, il y a une faible implantation de la démarche qualité dans les soins et la sécurité des patients dans les hôpitaux des districts [15-16]. Ces faiblesses sont liées à l’absence d’implication des responsables des services, à l’insuffisance des outils de gestion de la qualité, au manque de coordination entre les acteurs et à une inexistence de commission nationale d’assurance qualité [15-16]. En conséquent, la place des professionnels de santé dans le processus de sécurité des patients reste méconnue. Ce travail a pour objectif d’analyser les connaissances des professionnels de santé sur le risque infectieux et de mesurer le niveau d’application des règles d’hygiène des mains et de barrières pour la sécurité des patients. Type d’étude, site de l’étude 220 Santé publique volume 25 / N° 2 - mars-avril 2013 Nous avons réalisé une étude transversale dite d’un jour en juin 2011 dans l’hôpital de district sanitaire de Ziniaré dans la Région sanitaire du Plateau central au Burkina Faso. Les enquêtes ont été réalisées dans huit services de l’hôpital. Ces services étaient : la pédiatrie, la médecine, la chirurgie, la maternité, l’odontostomatologie, l’ophtalmologie, la psychiatrie et le laboratoire. L’hôpital de district de Ziniaré est un des trois hôpitaux de la région. Cet hôpital est organisé en huit services : il s’agit du service de médecine qui a pour mission d’assurer les soins curatifs en ambulatoire et en hospitalisation et des soins promotionnels. Le service de chirurgie comprend deux unités : le bloc opératoire et l’unité de suivi des post opérés qui assurent les interventions d’urgence, les petites chirurgies et la surveillance post opératoire. La maternité assure les accouchements dystociques et la surveillance des suites des couches. La pédiatrie assure les soins curatifs en ambulatoire, en hospitalisation et de soins promotionnels. Le Centre de Récupération et d’Education Nutritionelle (CREN) assure la récupération nutritionnelle des enfants malnutris sévères et modérés. Le laboratoire assure l’appui aux services cliniques en réalisant le diagnostic bactériologique, hématologique, et parasitologique. Le service de la pharmacie assure les commandes et l’approvisionnement en médicaments essentiels et génériques. Les services spécialisés (odontologie, ophtalmologie, psychiatrie) assurent de soins curatifs en relation avec le service de la médecine. En 2011, l’hôpital du district enregistrait 86 agents dont 73 professionnels de la santé. Ces professionnels de la santé sont répartis en : médecins généralistes (n = 4) et médecins chirurgiens(n=1),attachésdesanté(n=7),infirmiers(n=21), sages-femme d’état (n = 15), accoucheuses auxiliaires (n = 6), aidesanesthésistes(n=4),aideschirurgiens(n=5),techniciens de laboratoire (n = 6), filles de salle (n = 2), préparateurs d’état enpharmacie(n=2).Les13autrespersonnelsdecatégorienon médicale sont des chauffeurs, comptables, cuisinières. Population étudiée et techniques d’échantillonnage Cibles de l’étude et critères d’éligibilité Les cibles de l’étude étaient constituées des professionnels de santé présents le jour de l’enquête dans les unités Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. H. Hien, M. Drabo, L. Ouédraogo, et al. PROFESSIONNELS DE SANTÉ ET RISQUE INFECTIEUX Echantillonnage L’échantillon était exhaustif pour le personnel de soins. Le personnel était constitué de tous les professionnels de santé présents le jour de l’enquête dans les unités de soins concernés par l’étude. Ce type d’échantillonnage a été validé [17-19] et a été jugé bon dans la littérature pour sensibiliser les professionnels de santé et justifier la mise en œuvre d’une politique de réduction des risques infectieux associées aux soins. La présence des soins dans les services était le critère de sélection des services visités. Collecte de données Définitions des variables Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. Le référentiel des 100 recommandations actualisé en septembre 2010 pour la surveillance et la prévention des infections associées aux soins a été utilisé pour identifier les variables [17]. Techniques et instruments de collecte des données Les techniques de collecte de données ont été une observation directe non participative pour l’étude des pratiques et une enquête par questionnaire auto administré pour l’évaluation des connaissances. Quatre enquêteurs ont été recrutés et formés à l’utilisation des outils de collecte des données. Ils étaient supervisés par un chercheur principal. Ces enquêteurs étaient de niveau « attachés de santé » identifiés dans l’aire de santé de la Direction Régionale. Un attaché de santé est un cadre supérieur de la catégorie des infirmiers, sages-femmes et maïeuticiens au Burkina Faso Ces enquêteurs n’appartenaient pas à l’hôpital de district dans lequel l’étude a été réalisée. Deux types d’instruments étaient utilisés pour la collecte des données. • Une grille d’observation a servi à l’évaluation des pratiques d’hygiène. Cette grille d’observation comportait 17 critères repartis en deux rubriques : i) la tenue professionnelle et l’hygiène, ii) le port des gants, la friction hydro alcoolique et le lavage des mains. • Un questionnaire auto administré a servi à l’évaluation des connaissances des professionnels de santé. Ce questionnaire a été transmis à tous les professionnels de santé présents le jour de l’enquête dans les services. Ce questionnaire comprenait 27 questions réparties en cinq rubriques : i) les connaissances générales sur les infections associées aux soins, ii) la définition de l’isolement des patients, iii) le lavage de mains, iv) l’importance du port des gants, de la friction hydro alcoolique des mains et v) les germes hospitaliers. Un pré test des outils a été réalisé. Analyse des données Des proportions ont été utilisées pour calculer les connaissances des professionnels de santé sur les risques infectieux. Les connaissances ont été comparées selon l’ancienneté dans la profession c’est-à-dire six ans (< 6 ans, et ≥ 6 ans). Pour apprécier le niveau conformité des pratiques d’hygiène, un score de 0 ou 1 correspondant aux réponses oui ou non a été défini pour chaque variable. Le total des scores a servi de base pour apprécier le niveau de conformité des pratiques pour chaque variable. Ensuite un score global a été calculé pour chaque pratique. Pour une pratique qui avait plusieurs variables, le score global était le score qui renseignait à la fois toutes les variables de la pratique concernée par la modalité « oui ». Des intervalles ont été utilisés pour l’évaluation du niveau des pratiques d’hygiène des professionnels de santé. Lorsque le pourcentage des scores calculé était ≥ 85 %, les pratiques étaient jugées de bon niveau. Le niveau était considéré moyen quand le pourcentage des scores était compris entre 60 % et 85 %, le niveau était considéré faible quand le pourcentage de score était inférieur à 60 %. Les données ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel Epi Info version 3.5.1. Considérations éthiques et réglementaires Des autorisations des responsables de la Direction régionale de la santé et du district sanitaire ont été obtenues pour mener l’étude. Un consentement a été obtenu auprès des soignants pour leur participation à l’étude. La collecte, la saisie et le traitement des données ont été faits en respectant l’anonymat des participants. Santé publique volume 25 / N° 2 - mars-avril 2013 221 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. de soins de l’hôpital. Ont été inclus dans cette étude tous les soignants ayant donné leur accord pour participer à l’étude. Les professionnels de santé de soins devaient être en train de pratiquer des soins (pour l’évaluation des pratiques de l’hygiène des mains et des méthodes barrières). H. Hien, M. Drabo, L. Ouédraogo, et al. Tableau I : Caractéristiques sociodémographiques des professionnels de santé Caractéristiques sociodémographiques des professionnels de santé au total, 56 professionnels de santé ont répondu aux questionnaires sur les connaissances des risques infectieux (tableau I). Parmi eux, 19 ont été observés pour l’enquête des pratiques d’hygiène à l’hôpital. Les professionnels de santé étaient représentés pour la plupart par des infirmiers 33,9 % (19/56), des sages-femmes 23,2 % (13/56) et des attachés de santé 19,6 %. (11/56). La moyenne d’âge des professionnels de santé était de 36,6 ans (28-54 ans) avec un sex-ratio 1,8 (20H/36F). La durée moyenne dans la profession était de 7,7 ans (min 0 an ; max 27 ans). Analyse des connaissances des professionnels de santé sur le risque infectieux associés aux soins L’analyse du contenu des connaissances a montré 30 % (17/56) des professionnels de santé qui avaient défini une infection nosocomiale comme une infection acquise à l’hôpital et en ayant reconnu le délai de 48 heures pour Professionnels de santé observés (n = 19) Professionnels de santé répondant au questionnaire (n = 56) Sexe, F, (%) 8 (42,1) 36 (64,3) Age, moyen, – 36,6 (+/–5,72) Expérience professionnelle ans moyen, – 7,7 (+/–5,6) Caractéristiques Profession, n, % Infirmiers 4 (21,1) 19 (33,9) Sages-femmes 4 (21,1) 13 (23,2) Médecins 1 (5,3) Attachés de santé 7 (36,8) 11 (19,6) 2 (3,6) Techniciens bio technologistes 2 (10,5) 4 (7,1) Accoucheuses auxiliaires 1 (5,3) 5 (8,9) Génie sanitaire – 1 (1,8) Pharmacien – 1 (1,8) distinguer le caractère communautaire du nosocomial (tableaux II). Parmi les réponses obtenues, 21,43 % des professionnels de santé ont trouvé le mode d’acquisition des Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. Tableau II : Connaissances générales des 56 professionnels de santé sur les infections nosocomiales et les germes hospitaliers Rubriques de questions Ancienneté dans la profession (N = 50) < 6 ans (n = 23) 1. Qu’est-ce qu’une infection nosocomiale ? (Infection acquise à l’hôpital+48 H) n, % • Oui 2. Comment le malade attrape-t-il une infection nosocomiale ? n, % • Manuportage • Matériel septique • Défaut d’asepsie • Réponses multiples 3. Quels sont les facteurs qui augmentent le risque d’avoir une infection nosocomiale ? (n, %) • Actes invasifs • Durée d’hospitalisation • Terrain • Age • Réponses multiples 4. Quel est le principal mode de transmission croisée des germes entre les patients dans un établissement de soins (Mains du personnel soignant en l’absence d’hygiène des mains) • Oui 222 Santé publique volume 25 / N° 2 - mars-avril 2013 ≥ 6 ans (n = 27) Ensemble du personnel (N =56) 8 (33,78) 9 (33,33) 10 (43,48) 9 (39,13) 18 (78,26) 5 (27,74) 11 (40,74) 14 (51,85) 23 (85, 18) 9 (33, 33) 22 (39,3) 25 (44,6) 47 (83,9) 14 (25) 17 (73,91) 17 (73,91) 8 (34,78) 3 (13,04) 3 (13,04) 16 (59,26) 21 (77,78) 11 (40,74) 2 (7,41) 2 (7,41) 37 (66,1) 43 (76,8) 21 (37,5) 5 (8,9) 5 (8,9) 11 (47,83) 10 (37,04) 25 (44,6) 17 (30,04) Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. Résultats PROFESSIONNELS DE SANTÉ ET RISQUE INFECTIEUX Tableau III : Connaissances des professionnels de santé sur leurs pratiques des méthodes barrières d’hygiène lors des soins Ensemble du personnel (N = 56) < 6 ans (n = 23) ≥ 6 ans (n = 27) En quoi consiste l’isolement d’un malade ? • Isolement technique • Isolement géographique • Réponses multiples 11 (47,83) 11 (47,83) 1 (4,35) 11(40,74) 14 (51,85) 1(3,70) 24 (42,86) 28 (50) 2 (3,57) Quand est-ce que vous vous lavez les mains ? • avant et après 14 (60,87) 23 (85, 18) 43 (76,8) 0 (0,00) 0 (0,00) 0 (0,00) Est-il nécessaire de se laver les mains avant de mettre les gants ? • Oui 21 (91,30) 25 (92,59) 51 (92,7) Portez-vous des gants lors des soins ? • Oui 21 (91,30) 24 (88,89) 51 (92,7) 0 (0,00) 1 (3,70) 2 (3,6) Connaissez-vous les différents types de lavage des mains ? (simple, antiseptique, chirurgical) • Oui Avez-vous suivi une formation en hygiène des mains ces trois dernières années ? • Oui Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. infections par le malade, 8,9 % ont déclaré connaître tous les facteurs qui augmentaient le risque d’avoir une infection nosocomiale, aucun prestataire ne connaissait les trois types de lavages des mains. En ce qui concerne la formation sur l’hygiène des mains, deux professionnels de santé sur 56 ont déclaré avoir suivi une formation durant les trois dernières années (tableau III). Selon l’ancienneté dans la profession (< 6 ans et ≥ 6 ans), les connaissances étaient similaires pour la définition d’une infection nosocomiale (33,78 % et 33,33 %), pour le mode d’acquisition des infections par les malades (27,74 %, et 33,33 %), le mode de transmission croisée des germes entre les patients (47,83 % et 37,04 %), pour le type de lavage des mains (0 %) et la nécessité de se laver les mains avant de porter les gants (91,30 % et 92,59). Par contre, pour le lavage des mains avant et après chaque acte de soins, les professionnels de santé qui avaient plus six ans d’ancienneté avaient de meilleures connaissances (85,18 % contre 60,87 %). Tableau IV : Observation des pratiques d’hygiène de 19 professionnels de santé Indicateurs Tenue professionnelle Scores 0-3 Critères Niveau de scores Niveau de conformité 63,16 moyen moyen n % port de blouse 16 84,2 blouse propre 13 81,3 blouse manche courte 14 87,5 14 73,7 73,7 5,26 Port des gants 0-1 pendant les soins à risques Friction des mains 0-6 pratique de la friction 1 5,26 maîtrise de la technique 1 5,26 0-1 pratique de lavage 4 21,1 0-9 maîtrise de la technique 1 5,26 Lavage simple des mains Niveau global scores (%) 5,26 faible 36,85 faible Santé publique volume 25 / N° 2 - mars-avril 2013 223 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. Ancienneté dans la profession (N = 50) Rubriques de questions Niveau de conformité des pratiques d’hygiène des professionnels de santé L’observation des pratiques d’hygiène des professionnels de santé a montré 82,4 % de port de blouse (niveau de conformité moyen), 73,7 % de port de gants pendant les gestes à risque (niveau moyen), 21,1 % (4/19) qui se lavaient les mains dont 1/4 maîtrisant la technique de lavage de mains (niveau faible). Le score obtenu par les professionnels de santé pour l’ensemble des critères concernés était de 36,85 %. Les professionnels de santé avaient un niveau faible pour l’observance des méthodes d’hygiène et de barrière contre les infections (tableau IV). Discussion Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. Dans notre étude, nous avons trouvé que seuls 30,04% des professionnels de santé connaissent la définition d’une infection nosocomiale. Seulement 44,4% des professionnels de santé avaient déclaré que la main du personnel soignant en l’absence d’hygiène était le principal mode de transmission croisée des germes entre les malades dans un établissement de soins. Les principaux facteurs qui augmentaient le risque d’avoir une infection nosocomiale étaient connus par seulement 21,43% (12/56) des professionnels de santé. Les connaissances étaient similaires selon le niveau d’ancienneté dans la profession sauf pour le lavage des mains avant et après chaque acte de soins. La proportion pour les plus de six ans était 85,18% (23/27) contre 60,87% (13/23) pour les moins de six ans d’ancienneté dans la profession. La pratique d’hygiène des 19 professionnels de santé observés dans l’hôpital était faible (score de 36,85 %). La méthode transversale que nous avons utilisée est une bonne méthode reconnue dans la littérature pour sensibiliser et justifier la mise en œuvre d’une politique de réduction des risques infectieux accompagnant les soins. C’est une méthode facilement reproductible et compréhensible par les professionnels de la santé. Cependant, cette approche comporte des insuffisances, pouvant entraîner une sous estimation du niveau d’hygiène des professionnels de santé et des informations recueillis auprès des professionnels de santé. La faible représentativité de nos effectifs pourrait en effet et conduire à cette sous estimation ; le questionnaire auto administré étant également source de biais liés aux non réponses. Il pourrait également induire certaines réponses et surestimer le 224 Santé publique volume 25 / N° 2 - mars-avril 2013 niveau de connaissances des professionnels de santé sur les pratiques des méthodes d’hygiène. Deux constats se dégagent de nos résultats : une insuffisance des pratiques d’hygiène par les professionnels de santé et une insuffisance des connaissances sur les risques et les moyens de prévention des ces risques pendant les soins. Ces résultats viennent confirmer la faible mise en œuvre de la démarche qualité des soins et de sécurité des patients dans le système de santé du Burkina Faso. Une relation peut être discutée entre le manque de connaissances des professionnels de santé et le faible niveau des pratiques d’hygiène pendant les soins ; la première pouvant être la cause de l’autre. En ce qui concerne l’insuffisance de connaissances, de rares études ont été retrouvées dans la littérature sur la perception du risque infectieux en milieu de soins. a Dakar, en 2008, des auteurs ont trouvé 56 % des professionnels de santé qui reconnaissaient la définition correcte d’une infection nosocomiale, une personne sur trois ne pouvait pas expliquer les facteurs de risques des infections associées aux soins [20]. En effet, plusieurs raisons peuvent expliquer cette insuffisance de connaissance dans notre étude. On peut incriminer en premier lieu une insuffisance de formation des professionnels de santé [21]. Dans les écoles de formation de base des professionnels de santé du pays, il n’existe pas de modules de formations spécifiques aux infections associées aux soins et à leur prévention. Ils apprennent ces gestes de prévention lors de stages préparatoires et introductifs à la vie professionnelle qui sont de faible qualité. Ces stages ne sont pas pour la plupart de bonne qualité du fait du nombre élevé d’apprenants et de l’insuffisance organisationnelle des structures d’accueil. Pendant l’insertion professionnelle, les programmes de formation sur la prévention des infections sont insuffisants et ne concernent pas tous les professionnels de santé de soins. Le choix de ces professionnels de santé est décidé de façon raisonnée de sorte que certains professionnels de santé se retrouvent doublement ou triplement formés au détriment d’une catégorie de professionnels de niveau inférieur et/ou des nouveaux agents dans le besoin. Pour preuve dans notre étude, parmi les professionnels de santé enquêtés, 2/59 professionnels de santé seulement avaient déclaré avoir suivi une formation en hygiène des mains au cours des trois dernières années. Ce faible niveau de connaissances des risques infectieux pourrait entraîner des pratiques à risque et des faibles niveaux de pratiques d’hygiène pendant les soins décrits dans nos résultats. Ce deuxième constat de nos résultats nous amène à réfléchir et à se poser des questions sur les aspects Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. H. Hien, M. Drabo, L. Ouédraogo, et al. PROFESSIONNELS DE SANTÉ ET RISQUE INFECTIEUX 2006 [23] et Boyce et al. en 2002 [25] l’hygiène des mains est la principale action pour réduire les infections associées aux soins et la transmission croisée des germes pathogènes. Le risque zéro n’existe pas [26]. L’objectif à atteindre de la gestion du risque infectieux en milieu de soins est de rendre fonctionnel le système national d’assurance qualité et de sécurité des patients avec, au centre, les professionnels de santé comme des animateurs développant une culture de la sécurité des soins. La démarche qualité de soins et sécurité des patients devrait prendre en compte la dimension de la formation et un changement de comportement des professionnels de santé. Les résultats de cette étude méritent d’être confirmés par une étude à grande échelle dans les hôpitaux du pays. Aucun conflit d’intérêts déclaré Remerciements Ce document a été réalisé avec l’aide financière de la Commission Universitaire pour le Développement (Belgique) à travers le projet EDULINK au Bénin et au Burkina Faso. Nous remercions également tous les agents de santé et l’équipe cadre du district de Ziniaré pour leur participation à cette étude. Références 1. Allegranzi B, Nejad S B, Combescure C, Graafmans W, Attar H, Donaldson L et al. Burden of endemic health-care-associated infection in developing countries: systematic review and meta-analysis. Lancet 2011;377:228-41. 2. Rosenthal VD, Guzman S, Migone O, Safdar N. The attributable cost and length of hospital stay because of nosocomial pneumonia in intensive care units in 3 hospitals in Argentina: a prospective, matched analysis. Am J Infect Control 2005;33:157-61. 3. Barnett AG, Graves N, Rosenthal VD, Salomao R, Rangel-Frausto MS. Excess length of stay due to central line-associated bloodstream infection in intensive care units in Argentina, Brazil, and Mexico. Infect Control Hosp Epidemiol 2010;31:1106-14. 4. Higuera F, Rangel-Frausto MS, Rosenthal VD, Soto JM, Castañon J, Franco G et al. Attributable cost and length of stay for patients with central venous catheter-associated bloodstream infection in Mexico City intensive care units: a prospective, matched analysis. Infect Control Hosp Epidemiol 2007;28:31-5. 5. Madani N, Rosenthal VD, Dendane T, Abidi K, Zeggwagh AA, Abouqal R. 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L’absence de dispositifs de lavage de mains dans les unités de soins, l’absence et ou la non application des protocoles et procédures [14] pour les techniques de lavage de mains soutenues par l’insuffisance en qualité des supervisions continues peuvent également expliquer ces constats. Dans les hôpitaux de premier niveau au Burkina Faso, il y a rupture régulière des consommables tels que les gants, l’eau de javel, le savon. a cela s’ajoutent des constructions de salles de soins qui ne prévoient pas toujours des dispositifs de lavage de mains au cours de soins. Dans ce même hôpital, pendant la même période, une analyse de l’organisation des services et des soins a montré que les dispositifs de point d’eau pour le lavage des mains dans six services de soins étaient en nombre insuffisant. Parmi les six dispositifs de point d’eau retrouvés (robinet manuel), 3/6 ne fonctionnaient pas et 4/6 étaient à distance des lieux des soins (en dehors de la salle de soins) [24]. Cependant, même si les ressources dans nos pays constituent une limite à la mise en œuvre et au contrôle des programmes de lutte contre la maladie, des changements de comportements sont nécessaires auprès de professionnels de santé comme le souligne également michel P. [18]. En effet, au cours de notre étude, nous avons constaté un faible niveau de la tenue professionnelle des professionnels de santé. Seulement 63,16 % des professionnels de santé portaient à la fois une tenue de travail, qui était propre et adaptée au métier. Il y a également une inadéquation entre les connaissances et les pratiques chez les professionnels de santé dans notre étude. Les résultats entre les connaissances du moment de lavage des mains (76,8 %) et la pratique des lavages des mains (5,26 % faible niveau de conformité) constituent un exemple qui pourrait faire penser à un problème de négligence de la part des professionnels de santé face à la prévention des risques liés aux soins. Ce constat soulève une réflexion sur une prise de conscience à générer et à accompagner auprès des professionnels de santé et des gestionnaires pour rentrer dans la culture de la lutte contre les infections associées aux soins. L’utilisation d’une solution hydro-alcoolique moyen simple et efficace, est une solution pour entrer dans cette culture. a elle seule, elle permet de réduire considérablement les infections associées aux soins [23, 25]. Selon Pittet et al. en Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.0.53.117 - 01/07/2019 17h08. © S.F.S.P. 6. Tarricone R, Torbica A, Franzetti F, Rosenthal VD. Hospital costs of central line-associated bloodstream infections and cost-eff ectiveness of closed vs. open infusion containers. The case of intensive care units in Italy. Cost Eff Resour Alloc 2010;8:8. 7. Rosenthal VD, Guzman S, Orellano PW. Nosocomial infections in medical-surgical intensive care units in Argentina: attributable mortality and length of stay. 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