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multilinguisme Djibouti devoir2

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DEVOIR 2 à envoyer à la correction
pour le 10 janvier 2009
(devoir facultatif)
SUJET
La République de Djibouti est un petit territoire francophone situé dans la Corne de
l’Afrique (voir cartes ci-dessous). Les extraits figurant dans le document joint
présentent la situation linguistique de Djibouti ainsi que les fonctions des langues
dans trois domaines (officialité, administration, médias). Nous ajouterons
l’information suivante : dans la capitale, la communauté somali est majoritaire et
participe activement aux activités commerciales de la ville.
A partir de ces informations, pouvez-vous :
1) proposer une analyse de la situation des différentes langues (statut, fonction,
rapports entre les langues) ;
2) préciser les caractéristiques du multilinguisme à Djibouti.
1. Situation des différentes langues :
Nous procédons à la description de la situation linguistique de la République de Djibouti en nous
appuyant sur les indicateurs donnés par le Conseil de l’Europe (Actes de la Conférences
d’Innsbrück et en empruntant le « status » et le « corpus » de la grille d’analyse de Chaudenson :

Les langues en présence : le français et l’arabe classique sont les deux langues officielles alors
que la plupart des Djiboutiens parlent le somali, l’afar ou l’arabe dialectal.

Le statut ou le niveau de reconnaissance institutionnel : La Constitution de 1992 proclame
comme langues officielles le français et l’arabe mais ne mentionne aucunement le somali et
l’afar.
 Le français :
Véritable langue officielle du pays, le français est utilisée dans l’Administration, dans les
médias, dans l’enseignement, donc un status élevé. C’est la langue exclusive de la
communication écrite. Par contre il ne possède pas un corpus correspondant au niveau de
son status : c’est la langue d’environ 17.000 Français (2,3% de la population) et de l’élite
djiboutienne.
Le français est introduit dans l’enseignement dès le début du primaire, et l’Université de
Djibouti adopte le même système de diplômes que les universités françaises.
Il est présent dans la presse écrite (même si cette présence est limitée : Agora et La Nation
sont les 2 seuls journaux français), à la radio et à la télévision. A préciser que le seul cinéma
de la capitale diffuse uniquement des films en français.
 L’arabe classique :
Status élevé, mais corpus quasi inexistant. Il n’est maîtrisé que par des religieux, des
enseignants, ainsi que par quelques spécialistes de la communication et ne figure que sur
les en-têtes des documents officiels. L’explication vient du fait qu’une partie des
Djiboutiens est d’origine arabe, et que le pays fait partie de la Ligue Arabe. En plus, c’est
la langue du Coran (98% des Djiboutiens sont musulmans).
Dao MERCIER – Master 2 - 2009
L’arabe classique est enseigné à partir du CM1 et fait partie des épreuves de l’entrée en
6e, de l’examen du BEPC et du BAC. Une partie de l’enseignement secondaire se fait aussi
dans cette langue.
 L’arabe dialectal :
On peut préciser que personne ne parle l’arabe officiel au sein de la population
djiboutienne, et que l’arabe dialectal est la seconde langue véhiculaire du pays, après le
somali.
 Le somali :
Langue vernaculaire des Somalis qui habitent le Sud, corpus élevé mais pas de status.
Accédé au rang de langue nationale en 1972, le somali demeure la véritable langue
véhiculaire dans tout le pays. Le somali, tout comme l’afar, est complètement absent dans
la communication écrite de l’Etat, sauf dans certains cas exceptionnels (la diffusion de la
Convention relative sur les droits des enfants par exemple).
Comme l’afar, le somali est enseigné à la maternelle. Ces langues sont complètement
vouées à la tradition orale car utilisées uniquement sous cette forme dans la vie
quotidienne mais aussi dans l’Administration.
 L’afar :
Langue vernaculaire des Afars, éleveurs nomades habitant le Nord. Status et corpus
similaires au somali. Il est à noter que les informations sont diffusées en 4 langues à la
radio et à la télévision.

Les relations entre communautés linguistiques :
Djibouti-capitale, qui compte plus de la moitié de la population, pourrait présenter à elle seule
la situation linguistique du pays. On y entend le français, le somali (la communauté somali est
majoritaire), l’arabe dialectal, et l’afar (en régression au profit du somali et du français).
La réalité coloniale a fait que le français reste la langue de l’élite permettant une promotion
sociale ; le somali et l’afar, langues maternelles d’une large part des Djiboutiens n’ont qu’un
statut de seconde classe.
On pourrait dire que le français sert de « véhicule de l’unité nationale », que le statut de l’arabe
est plutôt symbolique, alors que l’afar et le somali demeurent les langues de la vie quotidienne.
Le choix du français et de l’arabe au détriment de l’afar et du somali s’explique donc par des
raisons politico-économiques et religieuses.
Le fait de « choisir » le français (et non une autre langue nationale) comme langue officielle
permet au gouvernement d’éviter (d’une manière tout à fait relative) les antagonismes
ethniques.
2. Le multilinguisme à Djibouti :
Le continent africain représente un terrain d’études de multilinguisme par excellence : on a
dénombré environ 1800 langues auxquelles viennent s’ajouter les différentes langues des
colonisateurs (anglais, français, espagnol, portugais, italien et afrikaans). Même si la situation
linguistique de Djibouti est qualifiée de « relativement simple » par rapport à quelques autres pays
du continent africain (la Guinée avec 8 langues nationales, le Sénégal 6, la République
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Démocratique du Congo 4, etc.), l’impression que me donne la lecture des documents est que le
multilinguisme de Djibouti, comme dans tant d’autres pays africains, est né d’une situation
politique particulière basée sur des relations ethniques compliquées. C’est aussi « la
problématique d’un plurilinguisme où le français langue seconde est mis en demeure de se
positionner clairement comme langue véhiculaire mais aussi constitutive d’une identité
nationale »1.
Pourrait-on dire que dans le cas de la Djibouti – Etat polyethnique -, le multilinguisme n’est pas
une « chance » qui puisse profiter aux Djiboutiens, mais plutôt une difficulté de plus à gérer ?
Et que penser de la place de la langue française dans ce petit pays qui, avant 1977, était encore un
TOM ? Si, comme dans le document joint, l’on considère que l’utilisation du français permettant
aux différentes communautés de communiquer sans avoir à se situer sur le terrain de l’un ou de
l’autre est un point positif, le multilinguisme « compliqué » et « déséquilibré » de ce pays ne
pourrait devenir positif dans un avenir proche. Il est vrai que, de mon point de vue extérieur de
« profane », si l’on veut que le français soit maintenu comme « véritable » langue officielle de
Djibouti, si l’on souhaite que Djibouti continue à être « un îlot de francophonie dans un océan
anglo-arabophone » (mot du Président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh), il faudrait une vraie
politique linguistique pour promouvoir les autres langues nationales (Une évolution dans ce sens
commence à voir le jour, d’après P. Martinez). Mais il est évident aussi qu’une politique linguistique
ne peut se réaliser seule, elle fait partie intégrante de la « Politique » qui, elle, ne s’embarrasse
des fois pas de considérations secondaires, linguistique ou autre…
Principales sources d’informations :
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/djibouti.htm
http://www6.gencat.net/llengcat/noves/hm01estiu/internacional/diki1_6.htm
http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/France4/pierre.pdf
http://www.afarfriends.org/Dok%20t%20websida/franska/MHKLe%20dynamisme%20des%20langues-fin2.pdf
Cet exercice, à plusieurs égards, comme ce Master d’ailleurs, m’est appréciable. La recherche
d’informations m’ouvre des horizons, me forcent à des réflexions…Jusqu’à maintenant, je me suis
limitée à un travail sur le terrain (et dont je suis fière !) mais je me suis aperçu que ce n’est plus
suffisant, que par exemple, pour sauver le français au Vietnam (c’est ma quête du Graal !), il faut
aussi aller voir comment cela se passe dans d’autres pays ! Tant de choses restent à lire, à voir, à
faire… Je suis effrayée devant cette masse de travail qui m’attend, mais j’ai l’intention d’aller
jusqu’au bout, d’apporter ma petite pierre à l’édifice, et peut-être qu’un jour, le français
retrouverait sa place, ou au moins une place, au Vietnam.
1
Martinez, Pierre « Contacts de langues et de cultures dans le Corne de l’Afrique » ressources citées par
l’Université de Franche-Comté
Dao MERCIER – Master 2 - 2009
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