LA REPRODUCTION SEXUÉE CHEZ LES CORMOPHYTES
Les Cormophytes sont les végétaux dont une partie est constituée par une tige feuillée.
Ce sont, pour leur immense majorité, des végétaux terrestres qui ont acquis au cours
des temps des organes de reproduction de plus en plus sophistiqués.
La reproduction chez une Bryophyte : le polytric Polytrichum juniperinum Hedw,
Polytrichaceae
Les Bryophytes comprennent de nombreuses espèces dont les plus connues sont les
hépatiques, les sphaignes et les mousses. Parmi ces dernières, le polytric, Polytrichum
juniperinum, est remarquable. C’est une grande et belle mousse formant des tapis d’un beau vert
sombre dans les bois. Il est aisé de constater que cette plante est formée de nombreux axes feuillés
chlorophylliens dressés, d’environ 10 cm de haut. Ces axes sont reliés entre eux, à terre, par des
filaments, le protonéma. La fixation au sol se fait par des poils pluricellulaires, les rhizoïdes. C’est au
printemps que se produit la reproduction sexuée. Sur les rameaux végétatifs ayant terminé leur
croissance apparaissent des bourgeons gamétangiaux qui donneront des gamétanges. Le polytric est
dioïque. Sur les pieds femelles des rameaux s’élargissent au sommet et prennent une forme de coupe.
Dans celle-ci, on trouve des structures en forme de bouteilles séparées les unes des autres par des
filaments stériles. Ce sont des archégones. Ils sont constitués d’une couche cellulaire externe, d’une
file de cellules centrales alignées (le col) dont la plus profonde, située au niveau de la partie ventrue
de l’archégone est l’oosphère immobile.
Sur les pieds mâles, les rameaux sont terminés par une rosette de larges feuilles. Au centre, on
trouve les anthéridies. Elles ont une forme de massue limitée par une paroi formée d’une seule assise
cellulaire. À l’intérieur un massif de cellules se transforme progressivement en spermatozoïdes
filiformes flagellés. En avril-mai, au moment de l’ouverture des anthéridies, les spermatozoïdes nagent
dans l’eau et s’approchent des archégones, attirés par le mucilage des cellules du col qui ont dégénéré.
Ils pénètrent dans l’archégone et viennent féconder l’oosphère immobile. Cette fécondation, appelée
zoïdogamie, conduit à la formation d’un œuf diploïde, le zygote, qui se développe immédiatement. La
partie basale s’enfonce dans la tige feuillée tandis que la partie supérieure donne le sporogone. Il
contient des cellules qui vont subir la méiose et qui donneront des tétraspores haploïdes qui
progressivement s’entourent d’une paroi épaisse et résistante, riche en dérivés lipidiques.
Au début de l’été ces spores seront disséminées. Tombant sur le sol et trouvant des conditions
d’humidité et de température suffisantes pour germer, elles redonneront la mousse bien connue.
Plusieurs choses sont à retenir de cet exemple de la mousse surtout si on le compare avec les points
importants observés chez les Thallophytes.
1. Le cycle est haplo-diplophasique (fig.), digénétique, à gamétophyte (haploïde) dominant. Le
sporophyte a une morphologie et une durée de vie différentes du gamétophyte mais surtout il vit en
parasite. Cette dominance de la phase haploïde est particulièrement rare et originale chez les
Cormophytes.
2. Les deux gamètes sont de morphologie très différentes. L’oosphère est immobile et volumineuse, le
spermatozoïde est petit et flagellé donc mobile. On parle dans ce cas d’oogamie.
3. Les parois des organes reproducteurs, anthéridie et archégone, sont constituées par une couche de
cellules. Il s’agit bien de gamétanges, qu’il faut opposer aux gamétocystes des Thallophytes.