L'INFLAMMATION ET LES MÉCANISMES DE RÉPARATION TISSULAIRE Cours 10 | 2016-2017 DEFINITION ET SIGNIFICATION BIOLOGIQUE Mécanismes de défense de l’organisme en réponse à la pénétration de microorganismes et à la présence de cellules tumorales ou étrangères. L'inflammation est un processus habituellement bénéfique : son but est d'éliminer l'agent pathogène et de réparer les lésions tissulaires. L'inflammation peut avoir une évolution néfaste: - l'agressivité de l'agent pathogène; - la persistance dans l’organisme ; - le siège de l'inflammation; - les anomalies des régulations du reponse inflammatoire; - ou par les anomalie quantitative ou qualitative des cellules intervenant dans l'inflammation. L'INFLAMMATION CONSISTE DANS: - Des phénomènes généraux – s’expriment biologiquement par le syndrome inflammatoire et cliniquement de façon variable, le plus souvent par de la fièvre et éventuellement une altération de l’état général. Des phénomènes locaux - l'inflammation se déroule dans le tissu conjonctif vascularisé. - Les tissus dépourvus de vaisseaux – comme le cartilage et la cornée sont incapables de développer une réaction inflammatoire. - Les tissus épithéliaux n'ont pas de rôle actif dans le déroulement de la réaction inflammatoire: - mais ils peuvent être altérés par l'agression qui déclenche l'inflammation puis sont réparés au cours de la phase terminale/reparatoire de inflammation. LES CAUSES DE L'INFLAMMATION Infection contaminant avec des pathogenes - bactérie, virus, parasites, champignons. Agents physiques : traumatisme, électricité, chaleur, froid, radiations ionisants ou ultraviolette. Agents chimiques : substances caustiques, toxines, venins; Corps étrangers : exogènes ou endogènes; Défaut de vascularisation : détermine une inflammation secondaire à une nécrose cellulaire par l'ischémie tissulaire; Agression dysimmunitaire - anomalie de la réponse immunitaire, allergies, autoimmunité etc. ON DOIT SOULIGNER LE FAIT QUE Les agents pathogènes peut être d’origine: - Endogène; - ou Exogène. Les micro-organismes infectieux ne représente qu'une partie des toutes causes d’une inflammation: - une réaction inflammatoire n'est donc pas synonyme avec une infection bactérienne. Le même agent pathogène peut entraîner des réactions inflammatoires différentes selon l'hôte, ce qui explique l'importance des facteurs liés à l'hôte (en particulier l'état des défenses immunitaires). Plusieurs causes peuvent être associées dans le déclenchement d'une réaction inflammatoire. Les acteurs et déroulement de la RI L’inflammation fait intervenir: - des cellules, - des vaisseaux, - des modifications de la matrice extracellulaire, - de nombreux médiateurs chimiques qui peuvent être: - pro-inflammatoires, - anti-inflammatoires, et qui peuvent modifier ou entretenir la réponse inflammatoire. DEPENDENT DE SON SIÈGE, ET DE LA NATURE DES AGENTS PATHOGÈNES - le déroulement d’une réaction inflammatoire présente des caractères morphologiques généraux et des mécanismes communs. - les différentes étapes présentent des variations cliniques liées à: - la nature de l’agent pathogène, - l’organe où se déroule la RI, - au terrain physiologique de l’hôte. Tous ces éléments conditionnent: - l’intensité de la RI, - la durée de la réaction inflammatoire, - l’aspect lésionnel. L’INFLAMMATION AIGUË L ’IA est connue depuis longtemps et ses signes cardinaux ont été décrit dans les traités de médecine grecque et romain (Galenus): - Rubor et Tumor cum Calore et Dolore. Il y a des causes très variées: - traumatismes; - infections bactériennes; - réactions à des substances chimique irritatives d’origine endogène ou exogène; - agents physiques. LES ÉTAPES DE L’INFLAMMATOIRE La réaction inflammatoire est un processus dynamique qui comporte plusieurs étapes (vasculaire/cellulaire) successives : - la réaction vasculo-exsudative; - la réaction cellulaire; - la détersion; - la phase de réparation et cicatrisation. RÉACTION VASCULO-EXSUDATIVE - se traduit cliniquement par les 5 signes cardinaux classiques de l'inflammation aiguë: - Rougeur – Rubor, - Chaleur – Calor, - Tuméfaction/Gonflement – Tumor, - Douleur – Dolor, - Functio laesa. Elle comporte trois phénomènes : - une congestion active; - un œdème inflammatoire (l'exsudat); - une diapédèse leucocytaire. LA CONGESTION ACTIVE - c’est la modification du calibre vasculaire qui apparaît très rapidement (après une courte vasoconstriction), et consiste dans une vasodilatation artériolaire/capillaire . - il en résulte une augmentation de l'apport sanguin (hyperemie) associée avec une ralentissement de la circulation sanguine. -les petits vaisseaux sont dilatés et gorgés d'hématies, bordés d'un endothélium turgescent. - la congestion est déclenchée par un mécanisme nerveux (stimulation des nerfs vasomoteurs) et l'action de médiateurs chimiques. L’OEDÈME INFLAMMATOIRE Le passage du plasma du sang dans le tissu conjonctif interstitiel ou dans les cavités séreuses détermine la formation de l’ exsudat inflammatoire. - se manifeste cliniquement par la tuméfaction des tissus qui, en comprimant des terminaisons nerveuses, est responsable de la douleur - également provoquée par certains médiateurs chimiques. L'oedème inflammatoire résulte d'une augmentation de la pression hydrostatique due: - à la vasodilatation artérielle, - et surtout a l’augmentation de la perméabilité de la paroi des petits vaisseaux sous l’effet de médiateurs chimiques produites par les mastocytes (ex: hist amine) RÔLE DE L'ŒDÈME INFLAMMATOIRE - Apport local de médiateurs biochimiques et de moyens de défense spécifiques/ nonspécifiques. - immunoglobulines, - facteurs de la coagulation, - facteurs du complément. - Dilution des toxines accumulées dans le tissu, - Limitation de la reaction/du foyer inflammatoire par une barrière de fibrine - à partir du fibrinogène plasmatique - ce qui évite la diffusion systémique de micro-organismes pathogenes, - Ralentissement de la circulation du sang par hémoconcentration, ce qui favorise le phénomène de la diapédèse leucocytaire et de chimiotaxie. IL Y'A DIFFÉRENTS TYPES D'ŒDÈME - riche en polynucléaires; - riche en fibrine – fibrineux; - riche en GR – hémorragique; - riche en albumine – sereux . L’ETAPE CELLULAIRE DE L’INFLAMMATION Elle se caractérise par la formation du granulome inflammatoire ou du tissu de granulation inflammatoire: - La diapédèse leucocytaire, - La phagocytose, - Les lymphocytes. LE FOYER INFLAMMATOIRE S'ENRICHIT RAPIDEMENT EN CELLULES PROVENANT Du sang - PMN, monocytes et lymphocytes; - Les agents chimiotactiques, produits dans les tissus altérés, par des bactéries et par les leucocytes (leucotriène B4, interleukine-8, C5a), se fixent sur des récepteurs membranaires des leucocytes, - conduit à l'activation du cytosquelette et à la mobilisation du leucocyte. Du tissu conjonctif local - fibroblastes, cellules endothéliales, mastocytes et macrophages résidents; - Localement des cellules vont se multiplier (fibroblastes, lymphocytes, cellules endothéliales, et macrophages) et des cellules vont se différencier. LA DIAPÉDÈSE LEUCOCYTAIRE - C'est la traversée active des parois vasculaires par les leucocytes phagocytaire. Elle a été étudiée sur les polynucléaires mais intéresse également les lymphocytes, les mastocytes et les monocytes circulants. La DL est favorisée par: - le ralentissement circulatoire, - la turgescence endothéliale, - l'afflux leucocytaire dans le tissu. Morphologiquement, la diapédèse leucocytaire se manifeste par un infiltrat inflammatoire péri-vasculaire. DÉROULEMENT DE LA DIAPÉDÈSE: La margination des leucocytes qui adhèrent à la paroi endothéliale - grâce à l'interaction des molécules d'adhérence spécifiques présentes à la surface des cellules endothéliale et du leucocyte; Les leucocytes émettent des pseudopodes et s'infiltrent entre les cellules endothéliales; Migration des leucocytes dans le site de l'inflammation grâce à des mouvements favorisés par les facteurs chimiotactiques. DIAPÉDÈSE LEUCOCY TAIRE ILLUSTRÉE ICI POUR LES POLYNUCLÉAIRES NEUTROPHILES LA PHAGOCYTOSE Se déroule en trois phases: - Adhérence favorisée par les opsonines, - Englobement pour former un phagosome, - Digestion par fusion avec les lysosomes formant un phago-lysosome. Les phagocytes sont des cellules qui naissent dans la moelle osseuse, capable d'intégrer des particules étrangères. - Neutrophiles – microphages, - Monocytes – macrophages. Les macrophages: monocytes Phagocytent les grosses particules → fonction d'épuration le foyer inflammatoire; - Déclanchement et modulation des réponses immunitaires → transmission de l'information au lymphocyte et sécrétion de monokine; - Possibilité de se transformer en cellules épithéloïdes ou géantes. Les microphages: polynucléaires Phagocytent les petites particules → fonction d'épuration Libération d'histamine par les PN E et B. RÉPARATION ET CICATRISATION La détersion - c'est l'élimination des débris tissulaires, des produits de nécrose et du liquide d'œdème. -Si la quantité est peu abondante détersion interne – PN/macrophages. -Si la quantité est très abondante détersion spontanée ou chirurgicale -Si la quantité est incomplète – result une inflammation chronique. LA DÉTERSION - succède progressivement la phase vasculoexsudative et se passe au cours dela phase cellulaire. La détersion peut être comparée à un nettoyage du foyer lésionnel : c'est l'élimination des tissus nécrosés (issus de l'agression initiale ou du processus inflammatoire lui -même), des agents pathogènes et du liquide l'exsudat. La détersion prépare obligatoirement la phase terminale de réparation-cicatrisation. Si la détersion est incomplète, l'inflammation aiguë va évoluer en inflammation chronique. La détersion s'effectue par 2 mécanismes. La détersion interne - Elimination des tissus nécrosés et de certains agents pathogènes (micro -organismes infectieux) par phagocytose, tandis que le liquide d'oedème est drainé dans la circulation lymphatique et résorbé par les macrophages. La digestion est complète ou incomplète avec des résidus rejetés hors des cellules phagocytaires ou s'accumulent en macrophages. Les phagocytes sont : les polynucléaires, capables de phagocyter des bactéries et des petites particules et les macrophages. La détersion externe Spontanée : liquéfaction de matériel nécrosé (pus, caséum) et élimination par fistulisation à la peau ou dans un canal naturel (bronchique, urinaire, intestinal etc). Chirurgicale : indispensable lorsque les lésions sont trop étendues ou contaminées avec des bactéries. LES EFFECTEURS CELLULAIRES Rôle des leucocytes (neutrophiles, macrophages) Phagocytose des débris, Mobilisation des fibroblastes (TNF), Stimulation de l’angiogénèse (chimiokines). Rôle des plaquettes Activation des fibroblastes, kératinocytes (EGF), Induction de néo-vaisseaux (ECGF), Rôle des fibroblastes Prolifération, Sécrétion de protéines matricielles Cicatrisation. LA CICATRISATION Pour avoir une bonne cicatrisation, il faut: - une détersion complète; - un bon accolement des berges; - une bonne condition neurocirculatoire; Si la réaction inflammatoire n'a pas donnée beaucoup de lésions tissulaires (pas de nécrose) restitution intégrale. S'il y'a de la nécrose tissulaire - réparation en trois étapes aboutissant à la cicatrisation: bourgeon charnu, fibrose, sclérose. Le bourgeon charnu La réparation passe par la constitution d'un nouveau tissu conjonctif appelé bourgeon charnu qui va remplacer les tissus détruits au cours de l'inflammation. Le bourgeon charnu est formé par 3 constituants présents en proportion variable: • Les leucocytes du tissu de granulation, • Des fibroblastes et myofibroblastes, • Des néo-vaisseaux sanguins dont la croissance est dirigée vers la surface des lésions Développement d'une cicatrice La cicatrice est la marque définitive laissée par le foyer inflammatoire après la phase de bourgeon charnu. Elle est formée d'un tissu conjonctif fibreux (prédominance de collagène) prenant la place des tissus définitivement détruits; - sa structure va se modifier progressivement pendant plusieurs mois. La fibrose - c'est un remodelage et une restructuration du tissu conjonctif qui commence dans la zone la plus profonde; - les fibroblastes et les myofibroblastes vont se multiplier et sécréter du collagène; - ce tissu conjonctif va comprimer les néocapillaires sanguins qui a la fin vont s'atrophier et disparaître. La sclérose – c’est la phase finale/terminale de la cicatrisation. MÉDIATEURS CHIMIQUES DE L’INFLAMMATION AIGUE - les médiateurs chimiques, provenant du plasma ou des cellules, déclenchent et interviennent dans tous les stades d’une RI. Les médiateurs d'origine plasmatique sont présents dans le plasma sous la forme de précurseurs qui doivent être activés (par protéolyse) pour acquérir leurs propriétés. Les médiateurs d'origine cellulaire sont: - soit préformés et séquestrés dans des granules intracellulaires (et le stimulus inflammatoire entraîne la dégranulation); - soit synthétisés de novo. LES MÉDIATEURS EXERCENT LEUR ACTION EN SE FIXANT À DES RÉCEPTEURS MEMBRANAIRES SUR DES CELLULES CIBLES. - provoquent des réactions en cascade: - un médiateur peut déclencher la libération d'autres médiateurs par les cellules cibles et qui agissant de façon synergique ou antagoniste. L'activation de divers médiateurs peut se répéter au cours du processus inflammatoire, entraînant des mécanismes d'amplification ou de résistance à l'action médiatrice initiale. - la régulation du déroulement de la réaction inflammatoire implique que les médiateurs soient rapidement inactivés par un ou plusieurs inhibiteurs. CLASSIFICATION DES INFLAMMATIONS AIGUËS Inflammation congestive et oedémateuse, Inflammation hémorragique - Extravasation de GR (érythrodiapédèse) par augmentation exagérée de la perméabilité capillaire et altération des cellules endothéliales ou bien ulcérations d’une muqueuse, Inflammation fibrineuse - Péricardite aiguë fibrineuse; dépôts filamenteux blancs à la surface du péricarde; Inflammation thrombosante - des caillots sanguins oblitérant les petites veines et artères sont possibles dans tout foyer inflammatoire et quand il existe une lésion directe des parois vasculaires ou de l’endocarde; Inflammation purulente ou suppurée - caractérisée par la présence massive de pyocytes (PMN altérés). Inflammation gangréneuse - nécrose tissulaire. L’INFLAMMATION CHRONIQUE L’inflammation chronique correspond à un échec de l’inflammation aiguë. La persistance de l’inflammation va être responsable de séquelles anatomiques et fonctionnelles qui font la gravité des RIC. Le mécanisme de la chronicité n’est pas toujours compris dans le cas d’une RIC; - Il peut s’agir de la persistance des AP; - il est aussi possible que cette inflammation se perpétue en l’absence de tout agent pathogène . L’inflammation chronique correspond à une inflammation n’ayant aucune tendance à la guérison spontanée et qui évolue en persistant ou en s’aggravant pendant plusieurs mois/années On peut distinguer 2 types de circonstances de sur venue des inflammations chroniques Les RIA évoluent en inflammations prolongées subaiguës et chroniques lorsque: - l’agent pathogène initial persiste dans les tissus, - une inflammation aiguë récidive de façon répétée dans le même organe en entraînant à chaque épisode des destructions tissulaires de moins en moins bien réparées ; - les inflammations peuvent parfois se manifester d’emblée sous une forme apparemment chronique. La phase aiguë vasculo-exsudative est passée inaperçue car brève ou asymptomatique; - c’est le cas de maladies auto -immunes et d’affections pour lesquelles les mécanismes dysimmunitaires sont prépondérants (hépatite auto -immune). Les RI chroniques se caractérises par la prédominance de la fibrose; - elles sont caractérisées par une durée prolongée (plusieurs semaines ou plusieurs mois). L'inflammation chronique est dite active et productive lorsqu'elle entraine une destruction tissulaire et des tentatives de réparation. Les inflammations chroniques peuvent survenir dans trois circonstances: - succéder a une inflammation aigue par persistance du stimulus ou par une mauvaise detersion . - poussées d'inflammation aigue (cholécystite) . - inflammation chronique évoluant de façon insidieuse : polyarthrite rheumatoid, cirrhoses hepatique L’INFLAMMATION CHRONIQUE DIFFÈRE DE L’INFLAMMATION AIGUË - les phénomènes vasculaires et cellulaires coexistent tout au long de son évolution. - les polynucléaires jouent un rôle essentiel dans la réaction inflammatoire aiguë, mais ce sont les macrophages qui se trouvent dans le centre de la réaction inflammatoire chronique. - les lymphocytes et les plasmocytes sont fréquemment présent, surtout s’il existe une cause immunitaire à l’inflammation chronique. - la phase de réparation fait intervenir des fibroblastes à l’origine d’un tissu cicatriciel fibreux n’ayant pas les propriétés du tissu initial. RÔLE DU GRANULOME INFLAMMATOIRE Assurer la détersion par les phagocytes (polynucléaires et macrophages) Développer une réaction immunitaire B ou T Sécréter de multiples médiateurs intervenant dans le recrutement cellulaire, la phagocytose, la défense immunitaire, et la réparation tissulaire . Durant les phénomènes de chimiotactisme et de phagocytose, les leucocytes activés peuvent libérer des métabolites toxiques et des protéases dans l’espace extra-cellulaire, ce qui engendre des lésions tissulaires. T YPES D’INFLAMMATIONS CHRONIQUES Dans ces inflammations de longue durée évoluent simultanément une inflammation active, des destructions tissulaires et une tentative de réparation. Les caractères morphologiques communs sont: - peu ou pas de phénomènes exsudatifs sauf en cas de poussée inflammatoire aiguë qui se passe au cours d’une évolution chronique; - le granulome inflammatoire contient peu ou pas de PN neutrophiles et est constitué principalement de cellules mononucléées - lymphocytes, plasmocytes, monocytes, macrophages, fibroblastes, parfois avec des polynucléaires éosinophiles, basophiles et mastocytes.