Psychologie
française
61
(2016)
191–206
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Article
original
Développement
et
première
validation
d’une
Échelle
de
Satisfaction
Environnementale
au
Travail
(ESET)
Development
and
first
validation
of
an
Organizational
Environmental
Satisfaction
Scale
(ESET)
E.
Moffat,1,
J.-L.
Mogenet2,
L.
Rioux3
EA
4386,
université
de
Paris
Ouest
Nanterre
La
Défense,
200,
avenue
de
la
République,
92001
Nanterre,
France
i
n
f
o
a
r
t
i
c
l
e
Historique
de
l’article
:
Rec¸
u
le
12
avril
2014
Accepté
le
7
juin
2015
Mots
clés
:
Satisfaction
environnementale
Environnements
de
travail
Validation
d’échelle
r
é
s
u
m
é
Notre
article
présente
les
résultats
d’une
série
de
trois
études
visant
le
développement
et
la
validation
d’une
Échelle
de
Satisfaction
Environnementale
au
Travail
(ESET).
La
satisfaction
environnemen-
tale,
renvoyant
à
l’évaluation
globale
qu’une
personne
fait
de
son
lieu
de
travail
et
ce,
quelle
que
soit
l’échelle
spatiale
(poste
de
tra-
vail,
bureau,
organisation,
quartier
d’implantation)
sur
laquelle
elle
se
place,
est
un
concept
de
plus
en
plus
central
en
psychologie
envi-
ronnementale.
Cependant,
elle
reste
encore
peu
explorée
dans
le
cadre
organisationnel.
Cette
recherche
a
pour
objectif
d’apporter
sa
contribution
à
ce
champ
d’études,
en
élaborant
une
Échelle
de
Satisfaction
Environnementale
au
Travail
en
langue
franc¸
aise.
Cent
quarante-trois
salariés
travaillant
dans
des
espaces
de
bureaux
de
divers
secteurs
professionnels
ont
participé
aux
différentes
études.
Les
analyses
confirmatoires
montrent
que
le
questionnaire
de
satisfaction
environnementale
au
travail
présente
des
qualités
psychométriques
tout
à
fait
satisfaisantes.
©
2015
Soci´
et´
e
Franc¸
aise
de
Psychologie.
Publi´
e
par
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
r´
eserv´
es.
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(E.
Moffat).
1Thèmes
de
recherche
:
satisfaction
environnementale,
environnements
de
travail,
environnements
résidentiels.
2Thèmes
de
recherche
:
satisfaction
au
travail,
psychométrie,
personnalité.
3Thèmes
de
recherche
:
satisfaction
environnementale
au
travail,
attachement
au
lieu.
http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2015.06.001
0033-2984/©
2015
Soci´
et´
e
Franc¸
aise
de
Psychologie.
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Tous
droits
r´
eserv´
es.
192
E.
Moffat
et
al.
/
Psychologie
française
61
(2016)
191–206
Keywords:
Environmental
satisfaction
Work
environment
Scale
validation
a
b
s
t
r
a
c
t
Our
article
presents
the
results
of
three
studies
carried
out
to
deve-
lop
and
validate
a
scale
to
measure
satisfaction
with
the
work
environment
(ESET).
Environmental
satisfaction
refers
to
the
way
people
evaluate
their
workplace
and
has
become
a
central
concept
in
environmental
psychology.
However,
so
far,
it
has
been
little
explored
in
an
organizational
framework.
Our
study
aims
to
fill
that
gap
by
drawing
up
a
French
scale
of
environmental
satisfaction
at
work
based
on
an
overall
view
of
satisfaction
toward
the
work
environment.
A
systemic
approach
needs
to
be
taken,
covering
the
different
spaces
that
make
up
these
work
environments,
including
the
work-station,
the
office
space,
the
working
area
and
the
exter-
nal
environment.
Participants
were
143
office
workers
in
different
job
sectors.
Confirmatory
analysis
showed
that
our
environmental
satisfaction
at
work
questionnaire
had
good
psychometric
qualities.
©
2015
Soci´
et´
e
Franc¸
aise
de
Psychologie.
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Masson
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All
rights
reserved.
La
satisfaction
environnementale
au
travail
a
donné
lieu
à
de
nombreux
travaux
dans
le
monde
anglophone
(par
exemple,
Aries,
Veitch,
&
Newsham,
2010
;
Carlopio,
1996
;
Danielsson
&
Bodin,
2008
;
Fornara,
Bonaiuto,
&
Bonnes,
2006)
et
son
étude
constitue
un
courant
prédominant
de
la
psychologie
environnementale.
Elle
a
un
impact
négatif
sur
l’intention
de
quitter
l’organisation
(Carlopio,
1996)
et
le
taux
d’absentéisme
au
travail
(Carlopio,
Andrewartha,
&
Armstrong,
2001)
et
positif
sur
la
pro-
ductivité
(Ulrich,
2003).
Cependant
et
malgré
son
intérêt
appliqué,
ce
champ
d’études
est
encore
peu
exploré
dans
le
monde
francophone.
Cette
recherche
a
pour
objectif
d’élaborer
une
Échelle
de
Satisfac-
tion
Environnementale
au
Travail
en
langue
franc¸
aise.
À
terme,
il
s’agira
de
proposer
un
outil
simple
d’utilisation
aux
psychologues
du
travail
et
aux
responsables
des
ressources
humaines
désireux
de
cer-
ner
la
satisfaction
environnementale
des
agents
au
travail,
afin
de
prévoir
ou
prévenir
l’absentéisme
ou
le
turn
over
et/ou
d’influer
sur
la
productivité.
1.
La
satisfaction
environnementale
La
satisfaction
environnementale
résulte
de
l’expérience
de
plaisir
que
retire
une
personne
en
fréquentant
un
lieu
(Bonauito,
2004).
À
l’instar
de
la
satisfaction
globale,
elle
repose
sur
des
élé-
ments
affectifs
et
cognitifs
(Fleury-Bahi,
1997)
ainsi
que
sur
des
caractéristiques
physiques,
sociales
et
humaines
de
l’espace
vécu
(Bonnes,
Bonaiuto,
Aiello,
Perugini,
&
Ercolani,
1997).
Ainsi,
elle
peut
être
considérée
comme
une
évaluation
environnementale
résultant
des
processus
par
lesquels
les
utilisateurs
connaissent
et
jugent
leur
environnement
physique
(Craik,
1966).
Les
travaux
qu’elle
a
suscités
peuvent
se
décliner
en
fonction
du
type
d’environnement
auquel
elle
s’applique
:
environnements
résidentiels
(Amole,
2009
;
Bonaiuto,
Fornara,
&
Bonnes,
2003
;
Mogenet
&
Rioux,
2014),
environnements
institutionnels
(Andrade,
Lima,
Fornara,
&
Bonaiuto,
2012
;
Lannegrand-
Willems
&
Bosma,
2006
;
Nabli-Bouzid,
2014)
et
environnements
de
travail
(Danielsson
&
Bodin,
2008
;
Fleury-Bahi
&
Marcouyeux,
2011
;
Veitch,
Charles,
Farley,
&
Newsham,
2007).
Dans
le
cadre
résidentiel,
Amole
(2009),
par
exemple,
a
mené
une
enquête
auprès
d’un
échantillon
de
1124
étudiants
vivant
en
résidence
universitaire
au
Niger.
Il
a
montré
que
53
%
des
participants
ne
sont
pas
satisfaits
de
leur
résidence,
la
configuration
spatiale
étant
par
ailleurs
un
prédicteur
de
cette
non-satisfaction.
Dans
le
cadre
institutionnel,
on
peut
citer
la
recherche
de
Nabli-Bouzid
(2014)
portant
sur
le
confort
environnemental
des
élèves
de
deux
écoles,
l’une
à
architecture
moderne
et
l’autre
à
architecture
traditionnelle.
Évaluée
de
manière
globale
par
une
étude
analytique
des
plans,
d’une
part,
et
une
enquête
par
questionnaire,
d’autre
part,
cette
étude
a
révélé
que
les
élèves
de
l’école
traditionnelle
E.
Moffat
et
al.
/
Psychologie
française
61
(2016)
191–206
193
sont
plus
satisfaits
de
leur
établissement.
En
effet,
l’auteure
justifie
le
résultat
par
«
un
décalage
entre
les
objectifs
pédagogiques
[une
pédagogie
par
projets
et
un
travail
en
petits
groupes]
prônés
et
inscrits
dans
l’espace
par
l’école
à
architecture
moderne
et
sa
nécessité,
en
tant
qu’école
publique,
d’accueillir
tous
les
enfants,
même
si
l’augmentation
des
effectifs
nuit
au
travail
en
petits
groupes
»
(p.
13).
Dans
le
cadre
organisationnel,
Danielsson
et
Bodin
(2008)
ont
montré,
par
une
enquête
par
ques-
tionnaire
auprès
de
469
employés
de
bureau
suédois,
que
la
satisfaction
au
travail,
le
bien-être
et
la
santé
des
employés
étaient
influencés
par
le
type
de
bureau
(bureau
individuel,
bureau
partagé,
open-space
de
petite,
moyenne
ou
grande
taille,
flex-office,
combi-office).
Ils
pointent
que
les
employés
travaillant
dans
des
open-spaces
de
moyenne
et
petite
taille
ont
un
moins
bon
état
de
santé.
Danielsson
(2013)
explique
ces
résultats
par
le
fait
que
«
la
majorité
du
travail
des
employés
s’effectue
sur
leur
propre
station
de
travail,
dans
un
espace
partagé,
sans
aucune
possibilité
d’intimité
acoustique
et
visuelle,
même
pour
les
activités
demandant
de
la
concentration,
les
appels
téléphoniques
ou
les
réunions,
à
cause
notamment
du
manque
de
salles.
»
(p.
62).
Les
occupants
des
bureaux
individuels
et
des
flex-offices
ont
un
bon
état
de
santé
du
fait
de
l’agencement
permettant
à
l’employé
le
contrôle
de
son
environnement
physique
de
travail
(la
température,
l’éclairage
artificiel
pour
les
premiers
et
le
choix
du
travail,
des
salles
de
travail
et
de
réunions,
pour
les
seconds).
Les
travailleurs
de
ces
deux
derniers
types
de
bureaux
et
des
bureaux
partagés
ont
la
satisfaction
au
travail
la
plus
élevée,
probablement
parce
qu’ils
peuvent
coopérer
et
interagir
avec
leurs
collègues
sans
subir
la
perturbation
qu’il
y
aurait
dans
un
grand
espace
de
travail
partagé.
A
contrario,
le
niveau
de
satisfaction
au
travail
est
le
plus
faible
dans
les
combi-offices,
des
espaces
qui
pourtant
favorisent
le
travail
en
équipe
et
la
communication.
Danielsson
(2013)
interprète
ce
résultat
en
considérant
que
l’organisation
du
travail
pourrait
avoir
un
impact
négatif
sur
la
satisfaction.
«
Les
effets
négatifs
pourraient
être
expliqués
par
d’autres
variables
extérieures,
non
mesurées
ici,
qui
seraient
liées
à
l’organisation
du
travail
»
(p.
62).
Ces
recherches
se
penchent
sur
la
satisfaction
globale
envers
un
espace
spécifique
(Amole,
2009
;
Nabli-Bouzid,
2014)
ou
en
comparant
plusieurs
espaces
(Danielsson
&
Bodin,
2008)
mais
ne
s’intéressent
pas
à
l’environnement
plus
large
dans
lequel
est
inséré
l’espace
étudié
(le
campus,
la
commune,
l’organisation.
.
.).
2.
La
satisfaction
environnementale
au
travail
2.1.
Définition
Selon
Ittelson,
Proshansky,
Rivlin,
et
Winkel
(1974),
la
satisfaction
environnementale
au
travail
est
à
analyser
comme
une
évaluation
environnementale.
En
effet,
elle
peut
être
définie
soit
comme
un
processus
affectif
qui
va
engendrer
l’expression
d’un
niveau
de
satisfaction
pour
un
lieu
ou
pour
une
composante
de
ce
lieu
(Mehrabian
&
Russel,
1974),
soit
comme
une
modalité
d’expressions
de
la
cognition
ou
de
la
perception
environnementale
qui
permet
de
dégager
des
composantes
sur
divers
aspects
de
l’environnement.
Lors
de
l’évaluation
de
données
concrètes,
des
caractéristiques
physiques
et/ou
sociales
de
l’environnement
seront
prises
en
considération
et
permettront
ainsi
de
définir
de
manière
objective
des
«
standards
de
qualité
»
(Dunstan
et
al.,
2005).
Pour
Fleury-Bahi
et
Marcouyeux
(2011),
ce
type
d’approche
pose
le
problème
de
la
prise
en
compte
«
d’indices
objectifs
de
qualité
envi-
ronnementale
qui
ne
rendent
pas
forcément
compte
de
la
subjectivité
et
de
l’affectivité
du
sujet,
ainsi
que
de
l’expérience
individuelle
développée
vis-à-vis
de
1’environnement
»
(p.
377).
Par
conséquent,
le
niveau
de
satisfaction
s’établira,
selon
ces
auteurs,
en
fonction
des
caractéristiques
individuelles
(caractéristiques
sociodémographiques
et
culturelles
ou
préférences
environnementales)
de
la
per-
sonne
qui
a
évalué
la
qualité
environnementale,
ce
qui
impose
d’accorder
une
place
importante
à
la
subjectivité
de
l’évaluateur.
Ainsi,
des
«
standards
de
comparaison
»
entre
la
réalité
du
lieu
expéri-
menté
et
la
représentation
du
lieu
idéal,
ou
le
souvenir
de
lieux
expérimentés
par
le
passé
(Shumaker
&
Stokols,
1982
;
Stokols
&
Shumaker
1982)
et
liés
aux
attentes,
au
niveau
d’aspiration,
au
degré
d’équité,
au
groupe
de
référence,
aux
besoins
et
aux
valeurs,
sont
créés,
permettant
à
l’employé
d’idéaliser
son
environnement
et
influenc¸
ant
son
évaluation
(Amérigo
&
Aragonés,
1997).
194
E.
Moffat
et
al.
/
Psychologie
française
61
(2016)
191–206
2.2.
Les
travaux
portant
sur
la
satisfaction
environnementale
au
travail
Les
recherches
abordant
la
satisfaction
environnementale
au
travail
peuvent
être
regroupées
en
deux
catégories,
à
savoir
:
(a)
les
ambiances
organisationnelles
(ambiance
lumineuse
ou
acoustique
et
qualité
de
l’air)
et
(b)
l’aménagement
de
l’espace
de
travail
:
(a)
l’ambiance
lumineuse
peut,
en
favorisant
ou
en
dégradant
le
confort
visuel,
influer
sur
la
satis-
faction
environnementale.
Par
exemple,
une
étude
de
Sundstrom
et
Sundstrom
(1986)
a
montré
que
les
employés
préfèrent
des
locaux
avec
des
fenêtres
et
éprouvent
alors
plus
de
satisfaction
à
travailler
au
sein
de
leur
environnement
de
travail.
S’intéressant
à
l’ambiance
acoustique,
Raffaello
et
Maass
(2002)
ont
constaté
que
réduire
le
bruit
permettait
une
plus
grande
satisfaction
environ-
nementale
et
la
réduction
du
stress
et
des
problèmes
de
communication.
De
même,
la
qualité
de
l’air
et
l’ambiance
thermique
sont
également
évaluées
par
les
employés
et
peuvent
être
sources
de
satisfaction
ou
d’insatisfaction
environnementale
(Vischer,
1996).
Cette
auteure
montre
que
l’insatisfaction
serait
davantage
liée
aux
plaintes
concernant
la
qualité
de
l’air
qui
proviendraient
d’un
sentiment
de
peur
provoqué
par
les
médias
qui
mettent
en
avant
les
effets
de
la
pollution
;
(b)
concernant
l’aménagement
de
l’espace
de
travail,
citons,
à
titre
illustratif,
l’enquête
menée
de
1994
à
2000
auprès
de
13
000
employés
par
Brill,
Weidemann,
et
the
BOSTI
Associates
(2001)
qui
montre
que
la
possibilité
de
faire
son
travail
seul
sans
distraction
est
source
de
satisfaction
pour
de
nombreux
employés.
Aries
et
al.
(2007)
pointent
que
les
fenêtres
ayant
vu
sur
la
nature
et
les
vues
jugées
plus
attrayantes
sont
bénéfiques
pour
les
occupants
des
locaux,
réduisant
ainsi
l’insatisfaction.
Mais
ces
études
conc¸
oivent
bien
souvent
le
cadre
organisationnel
de
manière
restreinte,
sans
tenir
compte
du
quartier
dans
lequel
est
implantée
l’organisation.
Seule
Moffat
(2013)
considère
l’organisation
comme
une
entité
ne
pouvant
être
isolée
du
milieu
dans
lequel
elle
interagit,
le
quar-
tier
d’implantation
faisant
partie
intégrante
de
l’environnement
de
travail.
En
effet,
elle
montre
que
l’environnement
doit
être
analysé
comme
un
système
d’environnements
spécifiques
en
inter-
action
:
le
poste
de
travail,
l’espace
de
travail,
l’espace
de
bureau
et
le
quartier
d’implantation
de
l’organisation.
2.3.
Les
outils
évaluant
la
satisfaction
environnementale
De
nombreux
outils
d’évaluation
de
la
satisfaction
environnementale
ont
été
validés
dans
des
environnements
divers
(résidentiel,
institutionnel,
organisationnel.
.
.).
Dans
le
cadre
résidentiel,
nous
pouvons
citer
les
échelles
Perceived
Residential
Environment
Quality
Indicators
(PREQI)
et
Neighbou-
rhood
Attachment
(NA)
(Bonaiuto
et
al.,
2003,
2006),
validées
dans
11
villes
italiennes,
auprès
d’un
échantillon
de
1488
résidents.
Ces
échelles
mesurent,
pour
la
première,
la
perception
de
la
qualité
envi-
ronnementale
du
quartier
et,
pour
la
seconde,
l’attachement
au
lieu
de
travail.
Une
version
franc¸
aise
des
échelles
PREQI
et
NA
a
été
élaborée
par
Fornara
et
al.
(soumis)
sur
un
échantillon
de
383
résidents
parisiens.
Ces
auteurs
ont
validé
le
modèle
à
trois
niveaux,
dans
lequel
des
PREQI
plus
spécifiques
(par
exemple,
les
échelles
nommées
«
personnes
et
relations
sociales
»
ou
«
organisation
de
l’accessibilité
et
des
routes
»)
expliquent
le
premier
niveau,
des
PREQI
plus
globaux
(par
exemple,
les
échelles
por-
tant
sur
le
rythme
de
vie)
expliquent
le
deuxième
niveau,
et
l’attachement
au
quartier
représente
la
variable
finale
de
sortie.
Dans
le
cadre
institutionnel,
on
peut
citer
les
travaux
de
Andrade
et
al.
(2012)
qui
ont
adapté
et
validé
un
outil
de
mesure
de
la
perception
de
la
qualité
environnementale
en
milieu
hospitalier
à
partir
du
Perceived
Hospital
Environment
Quality
Indicators
(PHEQIs)
(Fornara
et
al.,
2006).
Ils
ont
confirmé
la
structure
factorielle
de
ce
questionnaire
composé
de
trois
échelles
(deux
portant
sur
les
environnements
physiques
et
une
sur
l’environnement
social)
auprès
de
562
patients
en
unité
orthopédique.
Dans
le
cadre
organisationnel,
les
outils
recensés
dans
la
littérature
scientifique
sont
validés
auprès
de
populations
ou
d’espaces
spécifiques.
Nous
pouvons
citer
à
titre
illustratif
:
E.
Moffat
et
al.
/
Psychologie
française
61
(2016)
191–206
195
le
questionnaire
de
confort
fonctionnel
élaboré
par
Fischer
et
Vischer
(1997)
à
destination
des
employés
de
bureau
nord-américains
;
l’échelle
de
satisfaction
à
l’égard
des
bureaux
paysagers
de
Veitch
et
al.
(2007)
;
l’échelle
de
satisfaction
envers
l’espace
organisationnel
validée
par
Fleury-Bahi
et
Marcouyeux
(2011)
composée
de
deux
dimensions
(contrôle/privacité
et
confort/fonctionnalités)
;
le
questionnaire
de
satisfaction
à
l’égard
de
l’environnement
physique
(Carlopio,
1996)
compor-
tant
5
facteurs
(agencement
spatial,
organisation
de
la
tâche,
santé
et
sécurité,
espace
de
détente,
équipements).
Ces
outils
permettent
de
mesurer
la
satisfaction
environnementale
dans
un
espace
restreint
(le
bureau
ou
l’organisation)
mais
aucun,
à
notre
connaissance,
ne
s’appuie
sur
une
conception
globale
de
la
satisfaction
à
l’égard
des
environnements
de
travail.
3.
Positionnement
théorique
Dans
ce
travail,
nous
nous
appuierons
à
la
fois
sur
l’approche
phénoménologique
de
Moles
(1977),
la
théorie
du
lieu
de
Canter
(1977)
et
l’approche
systémique
de
Bronfenbrenner
(1979).
Selon
Moles,
l’insertion
de
l’homme
dans
l’espace
est
déterminée
par
deux
systèmes
de
pensée
qui
renvoient
à
deux
modes
de
perception
de
l’espace
distincts
:
le
premier
est
basé
sur
une
philosophie
cartésienne
de
l’espace
comme
étendue.
L’espace
y
est
consi-
déré
comme
une
configuration
géométrique
caractérisée
par
un
système
de
coordonnées
purement
arbitraire
et
décrit
par
un
observateur
extérieur
;
le
second
s’appuie
sur
une
philosophie
de
la
centralité,
dans
laquelle
l’espace
est
appréhendé
à
partir
du
Moi,
centré
autour
duquel
le
monde
se
déploie.
Dans
cette
approche
centrée
sur
l’espace
vécu,
le
monde
s’organise
à
partir
du
Moi
dans
l’espace.
Pour
Moles,
ces
deux
systèmes
sont
en
interaction
et
il
développera
sa
théorie
de
la
coquille
en
prenant
en
compte
les
dimensions
à
la
fois
géométrique
et
affective
de
l’espace
vécu
:
l’homme
se
consi-
dère
comme
le
centre
de
l’espace
dans
lequel
il
est
intégré
et
il
étend
son
emprise
sur
l’environnement
en
construisant
autour
de
lui
une
série
de
coquilles
concentriques
qui
correspondent
à
des
exten-
sions
subjectives
du
corps.
Dans
l’environnement
résidentiel,
Moles
a
défini
8
coquilles
dont
les
plus
proches
du
Moi
sont
:
l’espace
privé,
l’espace
commun,
le
voisinage
et
le
quartier
résidentiel.
Pour
ce
travail
et
par
analogie,
nous
retiendrons
:
le
poste
de
travail,
le
bureau,
l’organisation
et
le
quartier
d’implantation.
Selon
Canter
(1977),
le
lieu
est
décrit
comme
«
le
résultat
de
la
relation
entre
les
caractéristiques
physiques
d’un
espace
donné,
les
comportements
qui
se
produisent
généralement
ou
sont
susceptibles
de
se
produire
dans
un
tel
espace,
et
enfin
les
descriptions
ou
les
conceptions
que
les
personnes
ont
de
ce
comportement
dans
cet
espace
»
(p.
159).
Autrement
dit,
les
caractéristiques
physiques
de
l’environnement
interagissent
avec
les
aspects
psychosociaux
et
affectifs,
et
cette
interaction,
non
seulement
donne
un
sens
au
lieu
et
à
l’espace,
mais
est
fondamentale
pour
notre
évaluation
de
ce
lieu
(Moser
&
Uzzell,
2003
;
Uzzell,
2013).
Un
environnement
de
travail
peut
ainsi
être
formé
de
plusieurs
sous-lieux
qui
sont
reliés
par
les
relations
que
leurs
occupants
ou
usagers
établissent
avec
eux
(Fornara,
Bonaiuto,
&
Bonnes,
2013).
Ainsi,
pour
appréhender
la
satisfaction
envers
un
lieu,
il
est
nécessaire
de
comprendre
le
sens
de
ce
lieu.
Dans
cette
perspective,
un
sentiment
de
privacité
ou
de
satisfaction
envers
les
espaces
verts,
par
exemple,
peut
être
généré
par
et
dans
plusieurs
sous-lieux
n’appartenant
pas
forcément
à
la
même
coquille
de
Moles.
Le
concept
de
lieu
nous
a
paru
donc
heuristiquement
riche
pour
étudier
la
satisfaction
envers
l’environnement
de
travail.
L’approche
systémique
de
Bronfenbrenner
(1979)
conc¸
oit
l’environnement
«
écologique
»
comme
un
ensemble
de
structures
concentriques
emboîtées
les
unes
dans
les
autres.
Ces
structures
sont
:
le
microsystème,
c’est-à-dire
les
espaces
circonscrits
et
privatifs
dans
lequel
est
inséré
le
sujet
(par
exemple,
les
collègues
ou
les
clients
dans
l’espace
de
bureau
de
l’employé)
;
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