«NosancêtreslesGaulois…»nes’aimaientpaslesunslesautres
En partant des Gaulois, il s’agissait de démontrer l’existence d’une construction irrésistible de la
nationfrançaise,ilimportaitdoncdesoulignerladifférenceentrelasituationdedépart,cellereprésentée
parlesGaulois,primitive,etl’aboutissement,laIII République,porteused’unsentimentnationalédifié
tout au long des siècles. C’est ainsi qu’au début du XX siècle la fierté nécessaire permit à toute une
générationdepartir,«lafleuraufusil»,prendreunerevanchesurl’Allemagneàtraversla Première
Guerremondiale.Victorieusecertes,maisauprixd’unesaignéehumainesanspareille.
Danscetteperspective, quelleimagedonneErnestLavissede laGaule auprèsdesélèvesdu Cours
moyendanssonHistoiredeFrance? Iln’estqu’àseréférerauchapitrepremier,LaGaule jusqu’au
VsiècleaprèsJ.-C.,pourenprendrelamesure:«Ilyadeuxmilleans,laFrances’appelaitlaGaule.La
Gauleétaithabitéeparunecentainedepetitspeuples.Chacund’euxavaitsonnomparticulier,etsouvent
ils se battaient les uns contre les autres. » Et, à la suite de ces faits concrets, supposés désolants,
s’imposealorsunconstatsansconcession,valoriséparlesitaliquesquisignalentqu’ils’agitduvifdela
leçon:«Elle[laGaule]n’étaitdoncpasunepatrie,carunepatrieestunpaysdonttousleshabitants
doivents’aimerlesunslesautres.»Ensomme,l’histoirenationalepeutcommencer,maisilvafalloirla
construireennesuivantpaslemauvaisexempledesGaulois.
La formule « Nos ancêtres les Gaulois… » ne résonne pas comme une valorisation : elle constitue
seulementlepremierpointdedépartd’unenationqu’ilresteàédifier.C’estaposterioriquelanation
tomberadanslemythefondateurencultivantunetendresseparticulièrepourlesdits«ancêtres».
Pourtant,d’autresouvragesdelapremièremoitiéduXX siècle,parexempleen1937chezDelagrave,
Monpremierlivred’histoiredeFrance,sontdanslamêmeveineetpourlesGauloistoutcommencepar
un constat peu glorieux. Ainsi, page 4, voici la première leçon consacrée aux Gaulois assortie d’une
illustration en couleur recouvrant les trois quarts de la page. Que lit-on en légende ? « Les Gaulois
habitaientdansdeshuttesprèsdesbois.Toutautour,onvoyaitdesporcssauvages,trèsgrandsetsouvent
méchants.»Riend’éclatant…Quantauxporcs,ilsneparticipentguèred’uneimageprestigieuse.
D’oùvientalorscetteformuleendéfinitivesanspanache:«NosancêtreslesGaulois…»?
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