La Libération de Montbéliard (novembre 1944)

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Montbéliard
La Libération
de Montbéliard
(novembre 1944)
Archives
municipales
de Montbéliard
Pochette
pédagogique
6
| La libération du Pays de Montbéliard |
Juin 1940 : les troupes allemandes victorieuses occupent le Pays de Montbéliard.
Novembre 1944 : la Première Armée Française (1re armée française) libère la
région et précipite la défaite allemande. Cette libération fut, pour la population
locale, un événement majeur perçu par la conscience collective comme la fin
d’un cauchemar, d’autant plus qu’elle fut précédée d’une désespérante attente
de plus de deux mois, au cours de laquelle les libérateurs tant désirés étaient
à quelques kilomètres, tandis que l’occupant devenait de plus en plus brutal.
Avant d’étudier cette libération, sa préparation, sa réalisation et ses
conséquences, il est nécessaire de caractériser le contexte qui permit son
déroulement, ainsi que d’évoquer la naissance de cette 1re armée française dont
le rôle fut essentiel pour la population comtoise.
la
1
re
armée française
Grands traits de la libération du territoire français ( juin –
septembre 1944)
Depuis la Normandie (6 juin 1944)
Dès le débarquement du 6 juin 1944, les armées alliées sans cesse renforcées se
ruent à l’assaut de l’Europe :
• les Américains libèrent l’ouest, atteignant la Loire début août, les
Ardennes puis la Lorraine début septembre,
• les Anglo-Canadiens, longeant la côte, progressent vers les ports de la
mer du Nord (Belgique atteinte début septembre),
• intégrée au dispositif américain, la 2e division blindée (DB) des Forces
françaises libres (FFL), sous les ordres de Leclerc libère Paris (24-25 août).
Depuis la Provence (15 août 1944) [doc. 1]
Le 15 août 1944, les forces alliées débarquent dans le secteur de Saint-Tropez, SaintRaphaël, Cavalaire (opération Anvil-Dragoon). Cette force est essentiellement
composée de la 7e armée américaine commandée par le général Patch et qui
associe trois divisions américaines (6e corps d’armée américain commandé par
le général Truscott) et trois divisions françaises, venues d’Afrique du Nord et
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 1
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Châtillonsur-Seine
2e DB
LA POURSUITE
29 août au 14 septembre 1944
Dijon
D
S
Le Creusot
Isle-sur-Doubs
Clerval
Pontarlier
Poligny
Ai n
Mouthe
Morez
St-Claude
GENÈVE
Nantua
Villefranche
Ambérieu
Lagnieu
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Annecy
Loire
LYON
Bourgoin
S -Étienne
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Lamastre
St-Peray
Saint-Jean
de Maurienne
Voiron
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Issingeaux
Le Puy
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Grenoble
Valence
Drôme
Luz-la-Combe-Haute
Le Teil
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Cavalaire - St Tropez - Ste Maxime dè
Cogolin - Gonfaron - Brignoles
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Les Maures
Ga
Cuers - les Londes - Hyères rd
Presqu’île de Giens - Îles de Port Cros
Alès
et de Porquerolles - mont Redon Uzès
Réal Martin - Gapeau - forts Coudon
et Faron - Solliès - la Farlède la Valette - plaines de la Crau et
de la Garde Montpellier
Toulon Aubagne Marseille Salon - Peypin Tarascon - Arles Narbonne
Avignon
Le Rhône
St-Hippolyte
Valdahon Maîche
Morteau
Ornans
Tournus
Mâcon
Aubenas
bs
Chalon-surSaône
Montceau-les-Mines
Lancogne
ou
Pont-Saint-Esprit
Bagnols-sur-Cère
Remoulins
Nice
Arles
Aix
MARSEILLE
Aubagne
La Ciotat
Toulon
Le Trayas
Fréjus
Gonfaron
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S - Raphaël
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Cogolin S -Tropez
Rayol
Hyères
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Montbéliard
Besançon
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Nuits-Saint-Georges
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Beaune
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St-Léger Chagny
Meylieu-Montrand
LE DÉBARQUEMENT ET LA
BATAILLE DE PROVENCE
15 août 1944-28 août 1944
Gray
Mirebeau
Montpellier - Narbonne - Port-Vendres
Belfort
Port-s.S.
Montbard
Til-Châtel
Pont-Saint-Esprit - Aubenas Lancogne - Le Puy.
Annonay - Saint-Étienne - Fourvières mont Verdun - Saint-Rambert.
Anse - Les Dombes - Villefranche Lyon - L’Ubaye.
Grenoble - Guillestre - Briançon La Maurienne - Nantua - l’Ain.
Vallée de la Saône - Mâcon Tournus - Chalon - Chagny Autun - Beaune - Nuits-Saint-Georges.
Dijon - Langres.
Besançon - Valdahon.
Le Doubs - Mouthe
Pontarlier - Saint-Hippolyte.
Dannemarie - Pont de Roide les Vosges
2
Langres
Archives municipales de Montbéliard
DAO : É. Fuhrer
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[Doc. 1]
La marche de la 1re armée de la Provence à la Franche-Comté (août-septembre 1944) d’après de lattre de tassigny Jean-Marie Gabriel, Histoire
de la 1re armée française, Plon, Paris, 1949.
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d’Italie, constituant l’Armée B, ancêtre de la 1re armée française, sous les ordres
de De Lattre. Cette Armée B comprend la 1re division française libre (DFL), la
3e division d’infanterie algérienne (DIA), ainsi que la 1re DB, plus quelques unités
de commandos.
Les troupes de Provence commencent leur progression avec un triple but :
• libérer le sud-est de la France,
• faire la jonction avec les troupes venues de Normandie,
• couper la retraite aux armées allemandes qui remontent vers le nord
pour éviter l’encerclement.
La résistance française
Mais, à côté de cette tenaille qui vient de se mettre en place, la résistance
française a un rôle important :
• libération de certaines régions (sud-ouest en particulier),
• aide aux troupes alliées : renseignements, sabotages,
• incorporation progressive des maquisards des Forces françaises de
l’intérieur (FFI) dans l’armée française après le débarquement de
Provence et au fur et à mesure de sa progression.
L’épopée de la 1re armée française
Une armée originale par ses origines
La naissance
En 1944, les origines de cette 1re armée française sont déjà lointaines. Le noyau
initial en était l’armée créée par Weygand en Afrique du Nord, après la signature
de l’armistice de 1940, et l’ossature était surtout formée de troupes coloniales.
Parallèlement, Weygand s’efforçait de constituer clandestinement des stocks
de matériels et de munitions, espérant créer ainsi une armée nouvelle capable,
le moment venu, d’assurer la revanche de 1940. Il faut aussi indiquer qu’en
métropole, dans la France de Vichy, existait une armée d’armistice en cours de
réorganisation pauvre en matériel, en effectifs, mais riche en cadres de valeur.
Lors du débarquement allié en Afrique du Nord française (AFN) (novembre 1942),
les autorités françaises en place dépendant de Vichy, et les chefs de l’armée
d’Afrique, naguère vichyssois (tel le général Juin), se rallièrent finalement à
l’idée de la rentrée en guerre de l’AFN aux côtés des alliés. Ainsi l’armée d’Afrique
devenait le fer de lance de la renaissance militaire française dans la Deuxième
Guerre mondiale et se rallia à De Gaulle qui s’imposait définitivement dès mai
1943 et devenait Président du Comité Français de Libération Nationale installé
à Alger, devenue capitale jusqu’en août 1944. Les troupes d’Afrique brûlaient de
se battre et furent, pour De Gaulle, un instrument efficace qui permit à la France
de reprendre peu à peu sa place parmi le camp allié, d’autant plus que dès leurs
premiers engagements elles connurent le succès et prouvèrent leur valeur.
Les premiers engagements
Intégrée au dispositif allié, n’ayant pas encore une action autonome, l’armée
d’Afrique participa aux événements majeurs du théâtre méditerranéen :
• libération de la Tunisie en avril-mai 1943,
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• débarquement en Italie (septembre 1943) et reconquête de la
péninsule : le corps expéditionnaire français se couvre de gloire sous
les ordres du général Juin, en ouvrant la route de Rome par la réduction
du point d’appui allemand du Monte Cassino (printemps 1944). Ce
fut vraiment là que les alliés prirent conscience des possibilités des
troupes françaises,
• en même temps, en AFN, se constituaient de nouvelles unités qui,
avec certaines unités d’Italie, devaient constituer l’Armée B, sous les
ordres du général De Lattre et qui débarqua en Provence en août 1944,
intégrée à la 7e armée américaine. Elle ne devint 1re armée française
qu’en septembre 1944, composée alors de deux corps d’armée (CA) et
elle atteignit l’Allemagne du sud et l’Autriche en mai 1945.
Une armée originale par son organisation
Des combattants d’origines très diverses [doc. 2]
4
Cette armée française fut un véritable creuset où se fondirent des éléments au
départ très disparates :
• soldats de l’armée d’Afrique : soldats de métier français d’Afrique
du Nord, volontaires français d’Afrique du Nord ou appelés, troupes
coloniales (tirailleurs algériens, marocains, sénégalais ou goumiers et
tabors marocains : unités équivalant aux compagnies et aux bataillons,
non intégrées aux divisions régulières et qui avaient un statut à part
au sein de l’armée, tel que le maintien des traditions très ancestrales
et un droit au pillage légalement reconnu!) ;
• soldats de l’armée d’armistice passés en AFN après l’invasion de la
France du sud par les Allemands en novembre 1942 ;
• Français libres de Londres revenus en Algérie après le débarquement
de 1942 ;
• enfin, lors de la progression en France, nombreux FFI.
[Doc. 2]
Un soldat du 5e régiment de
tirailleurs marocains, qui libéra
la ville.
Photothèque des Armées.
Archives Municipales de Montbéliard
(AMM), 1Fi4591, 1944.
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Le grand mérite de cette armée fut de réaliser, à partir de ces éléments
disparates, un remarquable instrument militaire en évitant les rivalités raciales
(il y avait des européens, des arabes, des noirs), religieuses (chrétiens, juifs
d’Afrique du Nord, musulmans, fétichistes), politiques (anciens pétainistes
désormais ralliés et gaullistes) ou militaires (soldats de métier et volontaires).
En fait, la conscience de libérer le sol national, de venger le désastre de mai
1940, donna à cette troupe un état d’esprit exceptionnel, un véritable esprit de
croisade encore renforcé par la personnalité des chefs.
Le commandement : des chefs prestigieux [doc. 3, 4, 5]
Pour plus de précision, on se reportera à la notice bibliographique jointe à la fin.
Cependant, certains traits communs caractérisent les trois principaux chefs : De
Lattre, Commandant en chef de la 1re armée française, Monsabert et Béthouart,
les chefs des deux CA la composant à partir de septembre 1944 :
• tous ont vécu le désastre de 1940 et veulent une revanche qui rende au
pays son honneur et sa grandeur,
• tous veulent prouver aux alliés anglo-américains la valeur des troupes
françaises,
• tous sont des anciens de l’armée d’Afrique qui connaissent bien les
troupes coloniales,
• tous sont d’anciens pétainistes qui ont rompu avec la France de Vichy
au fur et à mesure que la pression allemande devenait plus forte et
que le gouvernement se compromettait davantage,
• tous sont sincèrement ralliés à De Gaulle.
Il faut mettre l’accent sur la personnalité exceptionnelle du général De Lattre,
« Le Roi Jean » pour ses hommes, fonceur et homme de panache, explosif
exubérant, favorable aux risques, à l’action rapide et fortement imprégné de
cet esprit de croisade qui caractérise son armée.
[Doc. 3]
Le général De Lattre passant en revue le piquet d’honneur lors de sa visite à Montbéliard le 19 novembre 1944. Ici,
place Saint-Martin, devant l’Hôtel-de-Ville. Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4745, 1944.
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[Doc. 4]
Le général Béthouart, place Saint-Martin, le 19 novembre 1944.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4577, 1944.
6
[Doc. 5]
Chars de la 1re armée dans la rue de l’Hôtel de ville.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4602, 1944.
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Un armement et des équipements américains [doc. 6, 7, 8, 9, 10]
Les stocks de l’armée d’Afrique étaient nettement insuffisants et peu adaptés
à la guerre nouvelle inaugurée par les Américains ; aussi, dans un souci de
standardisation et de facilité d’approvisionnement, l’armée Française était-elle
équipée de matériel, munitions, ravitaillement américains, et le plus souvent
aussi les uniformes étaient américains (exception faite des goumiers, tabors et
de quelques unités spécialisées).
Les dotations étaient très larges et l’organisation calquée sur le modèle
américain : très forte mécanisation, remarquable service de santé, très
fort encadrement blindé, génie très efficace, appui aérien permanent et
pratiquement sans riposte en raison de la suprématie alliée et assurée par les
appareils des Forces aériennes françaises libres, l’United States air force et la
Royal air force.
Le corps de bataille de l’armée française
Au départ, lors du débarquement en Provence, l’armée était composée d’un
seul CA regroupant la 1re DFL (général Brosset), la 3e DIA (général de Monsabert),
la 1re DB (général du Vigier). Mais, au cours des mois suivants arrivèrent de
nouvelles unités et, dès la mi-septembre, naissait officiellement la 1re armée
française (succédant à l’Armée B) et composée de deux CA :
Le 1er CA regroupant la 1re DB, la 9e Division d’infanterie coloniale (DIC - général
Magnan), la 4e division marocaine de montagne, puis seulement fin octobre,
début novembre, la 2e division d’infanterie marocaine (DIA) (général Carpentier)
et la 5e DB (général de Vernejoul), était sous les ordres du général Béthouart.
Le 2e CA regroupait la 3e DIA et la 1re DFL sous les ordres du général de Monsabert.
À cela s’ajoutaient des unités indépendantes, non endivisionnées (tabors,
goumiers, commandos, artillerie, chasseurs de chars, génie, transport,
transmissions...) répartis entre les deux CA, soit au total plus de 260 000 hommes
environ. C’est organisée suivant ce modèle que la 1re armée française libéra le
Pays de Montbéliard.
[Doc. 6]
Un dépôt d’essence : des milliers de «jerricans» permettent le ravitaillement quotidien
de l’armée. Le dépôt principal était à Lons-le-Saunier, mais des dépôts secondaires (tel
celui-ci) étaient répartis partis sur tout le front.
Photothèque des Armées. AMM 1Fi4662, 1944.
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[Doc. 7]
Un convoi de ravitaillement : au 1er plan, la célèbre jeep, véhicule tout terrain à tout faire des armées alliées et,
au second plan, une colonne de camions GMC et Dodge. On remarquera la route, transformée en bourbier :
l’automne 1944 fut très pluvieux! C’est cette navette incessante de véhicules qui permit à la 1re armée de
constituer ses stocks avant l’attaque de novembre.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4663, 1944.
8
[Doc. 8]
Un hôpital de campagne dans le secteur de Pont-de-Roide. Le service de santé de l’armée, organisé selon le
modèle américain, était remarquablement efficace et permettait une évacuation très rapide des blessés vers les
hôpitaux de l’arrière. Au centre, le bloc opératoire de campagne et les ambulances.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4647, 1944.
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[Doc. 9]
Un char M4 Shermann, place Saint-Martin (19-20 novembre 1944). On remarquera la liesse
populaire et le camouflage en branchage.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4593, 1944.
9
[Doc. 10]
Une colonne blindée sur le grand pont.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4612, 1944.
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La chevauchée de l’armée française : la poursuite
(août - septembre 1944) [doc. 1, 11, 12]
L’armée française participa à la fantastique course poursuite qui conduisit
les alliés de la Provence aux Vosges. Elle libéra Toulon, Marseille (27-28 août
1944), une partie empruntant la rive droite du Rhône et atteignant Avignon
le 29 août et Lyon le 2 septembre et les autres unités remontant par les Alpes
et le Jura vers la frontière suisse, atteignant Saint-Claude le 2 septembre, Lons,
Champagnole, Morez le 3 septembre. Entre les deux corps, sur la rive gauche
du Rhône, progressent les Américains en direction de Bourg-en-Bresse. Le
3 septembre, le général Patch commandant l’ensemble des forces du secteur
(7e armée américaine dans laquelle l’armée française est intégrée) définit le
but : atteindre le plus vite possible la trouée de Belfort pour empêcher l’ennemi
de s’échapper. Il crée aussi une émulation entre alliés en fixant à chaque CA
un objectif précis : le 2e CA doit pousser vers Dijon (atteinte le 11 septembre),
Épinal, Strasbourg ; le 6e CA américain doit pousser vers Besançon (atteinte
le 7 septembre), Belfort, tandis que le 1er CA français doit atteindre le Jura :
Pontarlier, Mouthe, Ornans le 4 septembre, et enfin le Lomont, où le fort est
déjà occupé par les maquisards le 6 septembre. [doc. 11, 12]
10
Face à cette marée, l’attitude allemande est réaliste. La 19e armée du général
Wiese recule en bon ordre, s'efforçant de prendre de vitesse les alliés lancés à sa
poursuite pour éviter l'encerclement. Wiese s'efforce d’autre part de laisser libre
le plus longtemps possible la porte de Bourgogne, de façon à permettre aux
troupes allemandes du sud-ouest de regagner l'Alsace (1re armée allemande, par
exemple) où un regroupement doit s’effectuer pour interdire l'accès au Rhin. Il
ne s'agit pas d'une débandade et les alliés font des prisonniers sans réussir à
couper la retraite à la 19e armée : comme le dit De Lattre « Wiese connaît son
métier ».
[Doc. 11]
Observatoire de la 1re armée
au fort du Lomont (octobre
1944) : position d’observation
idéale, le fort du Lomont
permettait de couvrir toute
la trouée de Belfort. Il fut
atteint par la 1re armée début
septembre, époque où il était
déjà occupé par le maquis : il
fut donc un endroit privilégié
pour l’amalgame des FFI à la
1re armée.
Photothèque des Armées. AMM,
1Fi4624, 1944.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
[Doc. 12]
FFI et soldats de la 1re armée dans les rues de Villars-Iès-Blamont. Ce village fut libéré dès le début septembre
1944 et fut l’une des bases de départ du 9e régiment de zouaves durant l’attaque de novembre.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4630, 1944.
la stabilisation du front
(septembre - novembre 1944)
Un front qui se fige (début septembre) [doc. 1]
La 3e DIA du 1er corps est au Lomont, « incomparable observatoire sur la plaine
de Montbéliard et chien de garde de la trouée », mais pour l’instant à bout
de souffle après cette épuisante course poursuite. De même, les Américains
progressent plus difficilement vers Vesoul et Luxeuil, tandis que le 2e CA se
stabilise sur les Vosges saônoises. Dès la mi-septembre, le front parait plus
stabilisé de la frontière suisse à Blamont, Pont-de-Roide, l’Isle-sur-le-Doubs,
Ronchamp, Épinal. Mais le bilan est très favorable :
• 100 000 prisonniers allemands et leur matériel,
• création d’un solide groupe d’armée au sud de l’Europe,
• possibilité d’utiliser, une fois réparé, l’axe de communication du Rhône.
C’est aussi ce moment-là que choisit le commandement interallié pour
remodeler le dispositif dans la région : à l’issue d’une réunion tenue à Vittel le
15 septembre se constitue le 6e Groupe d’armée américain commandé par le
général Jacob Devers et qui regroupe la 7e armée américaine (général Patch),
tenant le front de Remiremont à Luxeuil et la 1re armée française (qui succède
officiellement à l’Armée B) qui devient complètement autonome et tient le
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 11
| La libération du Pays de Montbéliard |
secteur de la trouée de Belfort. Le but de l’opération était de donner aux armées
des secteurs continus, d’un seul tenant.
Les raisons de cette stabilisation
La fatigue des hommes
Il est évident que cette chevauchée de 750 km, accomplie en moins d’un mois,
accompagnée d’accrochages souvent durs, a été exténuante pour la troupe et
que cette fatigue ralentit la progression. Mais ce n’est pas la raison essentielle
de la stabilisation. Autrement déterminant est le problème du ravitaillement.
Les problèmes du ravitaillement [doc. 6, 7]
a) Les difficultés
Les besoins de l’armée en marche sont considérables : les 5 000 véhicules
(chars, half-tracks, camions, jeeps de la 1re armée ont besoin de 800 000 litres
de carburant par jour! (alors qu’il en fallait seulement 280 000 en juillet), sans
compter les munitions, les vivres, le matériel divers. Du 16 août au 30 septembre,
l’armée consomma 28 millions de litres de carburant. Les difficultés sont
croissantes : retards, irrégularités, réduction des arrivages : ainsi au début
septembre, il arrive 1 000 tonnes par jour, alors qu’il en faudrait 14 000. La crise
est donc sérieuse et explique l’arrêt de la progression.
12
Les raisons de ces difficultés sont multiples. Les alliés ont été pris de court par
la progression foudroyante de l’armée (d’après le plan initial, Lyon ne devait
être atteinte que vers le 15 octobre, soit 6 semaines plus tard qu’en réalité), ce
qui entraîne des difficultés. De plus, les destructions dans la vallée du Rhône
freinent le ravitaillement (ponts détruits, chemins de fer désorganisés, matériel
roulant endommagé ou pris par les Allemands) alors que les dépôts sont restés
sur les plages de débarquement, nécessitant de longues navettes en camion
(dont les dotations d’ailleurs prennent du retard). La crise est encore aggravée
par l’absence de grands ports utilisables (Marseille et Toulon étant beaucoup
endommagés). Les approvisionnements devaient subir quinze manutentions
entre les dépôts des plages et le front. La crise bat son plein en septembre mais
pour essayer de la résoudre, les alliés eurent recours à l’organisation et à la
débrouillardise.
b) Les solutions
La moindre goutte d’essence était récupérée (véhicules en panne, accidentés
ou détruits) tandis que tous les véhicules non indispensables sont arrêtés. Pour
alléger les convois, les équipements sont réduits au maximum. Des tronçons
de chemins de fer sont rétablis d’urgence et remis en service et des navettes
interminables de camions transportent en priorité l’essence, dans des milliers
de jerricans. Des entrepôts sont échelonnés entre la Provence et le front, à Aix,
Lyon et à Lons-le-Saunier depuis le 15 septembre, où la 1re armée s’approvisionne.
Dès la fin septembre, le problème est réglé et le ravitaillement devient plus
régulier ; il n’empêche que cette crise logistique avait arrêté l’élan de la 1re armée
qui avait dû, pour éviter une paralysie complète, s’arrêter pour rapprocher ses
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
bases. Mais cette armée est aussi sollicitée par d’autres théâtres d’opérations,
ce qui retarde l’action vers la Porte de Bourgogne.
Une action dans les Vosges (3 octobre - 7 novembre 1944)
De Lattre, impatient d’agir, décide de contourner et de déborder les positions
allemandes de la Porte de Bourgogne par les Vosges du Sud, contre le gré
de Béthouart qui préférerait pousser en direction de Montbéliard et Belfort.
L’attaque se déclenche le 3 octobre et est un échec cuisant face à une armée
allemande bien organisée et solidement retranchée et dans des conditions
météorologiques catastrophiques (nombreux cas de gelures parmi les
coloniaux). Le 7 novembre, l’attaque cesse et on en revient à l’idée de Béthouart :
la poussée vers Montbéliard. Mais cette malheureuse tentative vosgienne avait
réduit les réserves en approvisionnement et augmenté la fatigue des hommes.
La refonte de certaines unités coloniales
Autre facteur de stabilisation, bien que de portée réduite : il faut refondre
certaines unités coloniales composées de tirailleurs sénégalais, pour lesquels le
précoce hiver comtois est un calvaire. Ils sont ramenés vers l’arrière et remplacés
par de jeunes recrues métropolitaines ; ceci prend du temps et retarde l’action
vers Montbéliard où la population désespère de plus en plus.
Une population impatiente et résignée à la fois
Les villages évacués de la ligne de feu [doc. 13 et 14]
Dès le début septembre, les Allemands ont fait évacuer les villages situés sur
la ligne de feu : Dannemarie, Glay, Roche-lès-Blamont, Écurcey, Bourguignon,
Villars-sous-Écot, Saint-Maurice, Écot, etc., ceci afin de mener à bien des travaux
de renforcement des défenses à l’abri des regards indiscrets. Toute personne
évacuée et trouvée sur les lieux est passible de la peine de mort. Les réfugiés
s’étaient installés tant bien que mal dans les villages voisins, tandis que les
Allemands transformaient en forteresse les villages évacués (Glay, Écurcey, Écot,
Sainte-Marie en particulier).
Le poids de l’occupation dans le Pays de Montbéliard [doc. 15]
Pendant cette longue attente allant de septembre à novembre, la population
du Pays passe de l’enthousiasme à l’abattement. Dès septembre, en raison du
bruit de la bataille, du passage des troupes allemandes en retraite, des nouvelles
diffusées par la radio suisse, les habitants connaissent la grande nouvelle : la
1re armée arrivait !
Le Pays serait vite libéré, c’était une question de jours. Mais les jours passent
et le canon se tait. À l’enthousiasme succède la perplexité, puis l’inquiétude, et
enfin la résignation. Le beau rêve est fini et ils sont de plus en plus nombreux
à penser qu’un nouvel hiver d’occupation s’annonce, placé sous le signe d’une
botte allemande de plus en plus lourde. Il faut dire que les habitants n’avaient
pas connaissance des multiples difficultés rencontrées par la 1re armée et ne
comprenaient guère les raisons de ce retard.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 13
| La libération du Pays de Montbéliard |
au
Rh
in
La Libération du Pays de Montbéliard
du 14 au 17 novembre 1944
Héricourt
Le R
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Montbéliard
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Villars-sousSaulnot
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Saint-Maurice
Isle-surle-Doubs
Villars-sous-Écot
Bourguignon
Écurcey
Glay
Dannemarie
Clerval
14
9e DIC
1e DB Barbèche
zone située sur la ligne de feu
et évacuée depuis septembre
Pont-deRoide
La
Saint-Hippolyte
axes de progression des principales unités
axes routiers
voies ferroviaires
Échelle 1/200 000
[Doc. 13]
La libération du Pays de Montbéliard (14-17 novembre 1944)
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LE FORCEMENT DE LA TROUÉE DE BELFORT
ET LA VICTOIRE DE HAUTE-ALSACE
14 - 28 NOVEMBRE 1944
[Doc. 14]
Le dispositif français devant Montbéliard et la trouée de Belfort avant l’attaque (14 novembre 1944)
d’après De Lattre de Tassigny, Jean-Marie Gabriel, Histoire de la 1re armée française, Plon, Paris, 1949.
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Une occupation de plus en plus lourde [doc. 15, 16]
16
Les nazis, se sentant acculés et menacés, rendent l’occupation de plus en plus
atroce. Elle est marquée par une répression accrue. Les arrestations d’otages et
les rafles se multiplient (35 otages à Montbéliard le 6 septembre) et la prison
des Môles se remplit régulièrement de détenus arrêtés dans tout le Pays avant
leur transfert à Belfort. Il y a des déportations vers les camps de la mort ou des
rafles pour le travail en Allemagne : dans la seule ville de Montbéliard, en trois
rafles, plus de 1 000 personnes sont envoyées en Allemagne. Les scènes d’horreur
deviennent courantes : exécutions (200 personnes sont passées par les armes
dans le seul arrondissement de Montbéliard entre septembre et novembre ;
22 personnes à Villars-sous-Écot le 19 septembre ; 14 à Présentevillers ; 15 à
Montenois ; 3 à Laire ; 4 au Vernois ; 10 dans le bois d’Allondans) et terreur (ainsi
le 7 septembre, Voujeaucourt est ravagé par des troupes cosaques de l’armée
allemande qui battent en retraite et veulent se venger d’une attaque de leur
convoi par la résistance : le bourg est la proie de meurtres, viols, brutalités et
pillages). Cette répression est assurée par la Gestapo, commandée par le sinistre
commandant Kruger, installé faubourg de Besançon, à la maison Mattern. Elle
est aussi le fait de l’armée allemande, mais surtout des unités les plus fanatiques
(SS) ou des Osttruppen (volontaires ou mercenaires d’Europe de l’Est enrôlés
dans la Wehrmacht : Tchèques, Cosaques ...). Même des Français participent à
ces exactions au sein de la milice et exercent un véritable gangstérisme, pillant
et volant dans tout le secteur.
L’occupation est aussi marquée par une condition matérielle de plus en plus
précaire ; l’occupant pille tout : ateliers, usines, fermes, magasins, compromettant
un peu plus le sort de cette population déjà si durement éprouvée par sa
situation d’assiégée. Les vivres manquent, en particulier la graisse, la viande,
le pain, tandis que les Allemands emmènent dans leur retraite des troupeaux
entiers. Électricité et gaz sont coupés, le ravitaillement en bois est de plus en
plus difficile, ce qui, en cet hiver très rude, accentue encore les difficultés.
Enfin, les bombardements constituent un péril d’autant plus grave que les caves
servant d’abris sont inondées en raison des pluies diluviennes et que l’hôpital
manque de médicaments. L’artillerie française, depuis le Lomont et la ligne de
feu, pilonne les objectifs allemands (Citadelle, Mont-Bart, batteries allemandes),
mais bien des obus manquent leurs objectifs et beaucoup de maisons brûlent.
Le rôle de la résistance locale [doc. 17, 18]
Cependant, dans cette atmosphère de désolation, la résistance locale joue un
rôle important aux aspects multiples :
transmission de renseignements sur le dispositif allemand à la 1re armée. On
peut citer l’action du réseau « Bruno Kléber » qui, chaque jour, envoyait des
informations par radio au Lomont, jusqu’au 15 novembre ;
• information de la population sur la réalité de la situation militaire
(tracts) ;
• action psychologique auprès des collaborateurs et des soldats
allemands ;
• action de sabotage en particulier au niveau des voies ferrées
(« Résistance Fer ») mais aussi aux usines Peugeot obligées de participer
à l’effort de guerre allemand.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
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Jeudi 7 septembre 1944
[...] Fusillade et canonnade serrée jusqu’à minuit. Aujourd’hui, la radio annonce
que les Américains sont à Besançon1. Les fausses nouvelles sont énervantes : depuis
quelques jours, certains disent qu’ils sont à Belfort, d’autres à Clerval, à Maîche, à
Voujeaucourt, mais aujourd’hui le canon a l’air de se rapprocher. Une grande file de
camions, canons, etc. est sur le champ de foire, il y en a au canal, chez Chenevière,
chez Schwander2 : si tout cela résiste, nous serons bien placés! André croit qu’ils iront
de Sancey à Pont-de-Roide et éviteront de passer par ici. Cette incertitude est bien
énervante. Le pont-levis est ruiné aussi, paraît-il3.
Ce soir, André a appris que les Marocains ont rejoint le Lomont et sont à Bondeval. A
minuit, on entend un passage de gros chars lourds. On a le gros espoir que ce sont
eux, mais ce sont encore des Allemands.
Jeudi 14 septembre 1944
Tout est calme aujourd’hui. Est-ce mauvais signe ? Nos sauveteurs se sont-ils
éloignés ? Il paraît que Villersexel est pris ; les autres sont à Médière d’une part, à
Mathay de l’autre. Mais comment contrôler ? Toujours la même incertitude4.
Mercredi 20 septembre 1944
On fusille aux Grands-Jardins 23 hommes de Villars-sous-Ecot qui n’étaient pas partis
à l’évacuation de leur village5. Les obus sifflent ce soir tout près. Jusqu’à présent, on
entendait le départ des obus, mais à présent on assiste à l’arrivée.
Mercredi 18 octobre 1944
Toujours rien, sinon le bruit du canon et de nombreuses pannes d’électricité. […]
Jeudi 19 octobre 1944
Bombardement de Bart. Un enfant de 4 ans est tué. Beaucoup de sans abri.
Vendredi 20 octobre 1944
Les Allemands ne laissent plus aller du côté de Saint-Julien.
Mardi 7 novembre 1944
Temps épouvantable. Tempête effrayante. Je n’ai pas trouvé une seule éclaircie pour
aller chercher mon bois au canal.
Mardi 14 novembre 1944
10 h 30 : roulement continu, brouhaha général, sans arrêt encore tout l’après-midi.
Quelle joie ! Je suis comme si j’avais bu 10 apéritifs...
Jeudi 16 novembre 1944
Le bombardement fait rage. Lougres et Sainte-Marie sont, paraît-il, effondrés, mais
libérés. Je vais à la Petite Hollande sous les obus. Un incendie direction Courcelles,
une direction Allondans. Ce soir tout tremble - La véranda gémit à chaque coup tout
proche - mais pas moi : je n’ai pas peur. On demande ça depuis si longtemps!
Vendredi 17 novembre 1944
10 h : des soldats en déroute, à pied, déferlent le long du faubourg6 : tout crottés,
des mortiers et des mines sur l’épaule, boiteux, lamentables, puis des voi­tures, des
motos, puis il y a 5 minutes, des voitures « pol »7. Oh ! mes yeux les accompagnent de
chez Stiedel à chez Balaguer8 ! Il semble qu’une des chaînes déjà s’est ouverte. Quel
soulagement!
4 h : un officier allemand est là, devant Saint-Georges, et aboie des ordres. La
mitrailleuse tire devant la porte.
…/…
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 17
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…/…
Il est 9 h. Ils sont là. Comment raconter ! Je n’y crois encore pas.
De 4 à 6 h, j’ai eu très peur, surtout du feu. Tout le pâté de maisons vers chez MaillardGreys est en flammes - une à la Citadelle, une au fond du faubourg. La mitrailleuse est
contre la porte de la rue ; on en entend aussi une derrière. L’incendie continue de plus
belle derrière, et devant, des tanks allemands, de Saint-Georges jusqu’au faubourg,
sont arrêtés. Nous nous attendons au pire. De grosses détonations. Seraient-ce les
ponts? [...] Voilà Mme Peck et Mme Simonin qui m’appellent et me crient : « Mme
Faivre vient de nous dire qu’on est libérés ! » Je me rue à la fenêtre : Oh ! joie! Des
soldats qui parlent français. Quel dommage qu’il fasse grand nuit. J’entends : « Ici
Capitaine Garde ». Les prisonniers allemands sont alignés devant Saint-Georges,
dont un blessé.
Un peu plus tard, les tanks sont là et nous bavardons depuis la fenêtre avec les
Légionnaires. Ma bouilloire est pleine d’eau chaude, je leur descends le thé et Mme
Simonin de la soupe chaude. Je n’ai pas encore compris comment ils sont arrivés : vite
demain que l’on voie clair ! Tête9 vient de publier qu’il faut rentrer dans les maisons
car il y a encore des obus allemands. C’est l’imprimerie Montbéliardaise qui brûle et
chez les Mattern10. Je suis folle de joie, mais il me semble encore plus terrible d’être
toute seule dans la joie que dans la peine11. Mais patience, le moment approche où
nous allons nous retrouver. […] Comment garder cette joie sans la crier à personne ?
Samedi 18 novembre 1944
6 h du matin : le casque blanc de la police routière a remplacé le boche d’hier.
L’impression d’un film…
18
Notes :
1. Les habitants captaient facilement la radio suisse et les informations du journaliste
chroniqueur René Payot étaient très écoutées. Il permettait le contact avec une information
sûre et grâce à lui le moral se maintenait : il fut fait citoyen d’honneur de la ville de
Montbéliard en novembre 1945. Pour éviter l’écoute, même clandestine, de ces informations,
les Allemands firent saisir les postes de radio courant septembre 1944.
2. Le long du canal du Rhône au Rhin.
3. Avant l’aménagement du pont de la Petite Hollande (vers 1965), c’était un pont-levis qui
permettait le franchissement du canal.
4. On notera l’importance des mauvaises informations ou bobards : il s’agit d’informations
transmises de bouche à oreille et déformées ou d’informations erronées volontairement
entretenues par les Allemands.
5. Tous les villages le long du front avaient été évacués pour ne pas entraîner de gêne pour
les opérations militaires.
6. L’auteur habitait au début du faubourg de Besançon (près du temple St-Georges) et décrit
surtout les événements dont ce secteur fut le théâtre.
7. Il s’agissait de voitures de la police allemande, « Pol » étant l’abréviation de « Polizei ».
8. Les deux extrémités du faubourg de Besançon.
9. Surnom de l’employé municipal chargé de diffuser les consignes de sécurité dans la ville.
10. Siège de la Kommandantur allemande (poste de commandement local) situé faubourg de
Besançon, au coin de la rue Jules Grosjean.
11. Le mari de l’auteur, résistant, responsable de deux réseaux de renseignements et
recherché par la Gestapo allemande, avait quitté Montbéliard et gagné le Lomont en
septembre, ainsi que ses parents, M. et Mme Bermont, réfugiés en Haute-Saône.
M. Bermont, Maire de Montbéliard de 1929 à 1946, était aussi recherché par les Allemands
pour acte de résistance. Ils retrouvèrent leur ville dans les jours qui suivirent sa libération.
[Doc. 15]
La libération vue par une habitante de Montbéliard (Mme Léger)
Extrait de BLAZER Louise et LEGER Suzanne, « Les journaux de Suzanne Léger et de Louise Blazer : souvenirs de
l’automne 1944 », in Les bulletins de la Société d’émulation de Montbéliard, 1994. AMM, PER024.
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19
[Doc. 16]
Extraits du journal
La République
de Franche-Comté
et du Territoire de Belfort
du 20 novembre 1944.
AMM, 4H31, 1944.
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20
[Doc. 17]
Tract bilingue diffusé par la résistance locale pour inciter les troupes allemandes à se rendre, en leur montrant
que toute résistance est vaine. Il ne semble pas que ces tracts caractéristiques de la guerre psychologique, aient
été suivis d’un grand effet. AMM, 4H31, 1944.
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21
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22
[Doc. 18]
«Libération du Pays de Montbéliard». (31 août 1944)
On remarquera l’association entre informations nationales et régionales, ainsi que la volonté de rétablir une
information exacte. Le marché noir est sévèrement stigmatisé, surtout lorsqu’il se pratique à grande échelle
et le journal s’efforce de montrer la nécessité de renouveler le personnel politique (allusion à E. Peugeot, maire
d’Hérimoncourt), d’éviter après la libération les excès d’une épuration excessive. Il s’efforce aussi de redonner à la
résistance sa vraie place. AMM, 4H31, 31 août 1944.
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En définitive, pour la population, malgré ces actions qui maintenaient un certain
moral, la situation paraissait désespérée. Hantés par le spectre de la famine,
persécutés par les nazis, les habitants perdaient tout espoir d’être libérés
avant le printemps, avec la sombre perspective d’un hiver encore plus dur. Une
rancœur se faisait jour contre ceux qui étaient là, tout proches, à la tête d’une
armée considérable. Qu’attendaient-ils pour foncer ? Sans doute qu’on soit tous
fusillés, déportés ou morts de faim! Une grande tristesse s’emparait du Pays.
Aussi, quelle ne fut pas la joie lorsque, le 14 novembre à 11 h 20, on entendit,
crevant le silence, une terrible canonnade. Au bout de dix minutes, ce fut la
certitude, les Allemands se mettant à courir dans tous les sens ! C’était fait :
l’attaque tant souhaitée s’était déclenchée. Ils seraient bientôt là ! La libération
n’était qu’une question de jours...
Une brutale attaque surprise
(14-17 novembre 1944)
Des préparatifs minutieux et secrets
Les idées de De Lattre
De Lattre voulait attaquer : « Il fallait libérer ces populations dans les rangs
desquelles la barbarie nazie amplifiait tous les jours ses abominations, avant
qu’il ne soit trop tard pour ces familles vers lesquelles tant d’ardentes volontés
portaient nos cœurs et dont nous parvenaient les appels angoissés. Chaque
jour, en effet, nous arrivaient vos émissaires et les plus émouvants messages.
Des jeunes gens passés par la Suisse nous disaient les déportations, les pillages,
les exécutions auxquels se livraient les Allemands. Des vieillards, des prêtres,
des notables, des femmes réussissaient à nous joindre à travers les lignes.
Jusqu’au Doubs lui-même qui nous apportait des bouteilles contenant des
SOS suppliants. » (Discours de De Lattre au théâtre de Montbéliard pour le
1er anniversaire de la libération le 18 novembre 1945). Il faut mettre cette région
industrielle très peuplée à l’abri du feu en la débordant le plus vite possible. Il
faut faire sauter le verrou posé par les Allemands devant la porte de Bourgogne
pour reprendre la progression vers Belfort, l’Alsace, le Rhin et enfin l’Allemagne.
De Lattre est aussi soucieux de prendre de vitesse les Américains : en effet, il
a reçu l’ordre du général Devers de déplacer, à la fin novembre, deux de ses
divisions vers le nord afin de soutenir l’attaque du 6e CAUS au sud des Vosges.
Enfin, il ne déplairait pas à De Lattre de dépasser les Américains dans la course
au Rhin. Il faut donc attaquer vite, en tout cas avant la fin novembre, d’autant
que les préparatifs étaient déjà bien avancés. [doc. 13, 14]
Les préparatifs
Le renforcement de l’armée
Dès octobre, Béthouart s’était efforcé de reconstituer des stocks suffisants de
carburant, de munitions et d’équipements, ceci étant largement facilité par la
remise en état des voies ferrées dans l’axe Rhône-Saône.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 23
| La libération du Pays de Montbéliard |
Des troupes fraîches arrivent en renfort : deux divisions récemment constituées
renforcent le dispositif : la 2e division marocaine d’infanterie de Carpentier et
la 5e DB de Vernejoul, tandis que la 9e DIC connaît une mutation : de jeunes
recrues métropolitaines issues des maquis remplacent les Sénégalais éprouvés
par le froid et l’humidité. Mais compte tenu des servitudes de l’équipement,
la relève s’effectue suivant les vertus du système D : le plus simplement du
monde, les Sénégalais laissent aux jeunes recrues arrivées en civil, casques,
fusils, capotes, équipements, avant de regagner l’arrière avec leur chéchia !
L’instruction des recrues s’effectue sur le tas et la plupart n’auront qu’un mois de
service lors de l’attaque, mais l’idéal et la volonté de combattre compenseront
l’inexpérience. Cela rappelle l’armée de l’An II ! De plus, pour épauler la 9e DIC,
Béthouart dispose encore de formations de FFI venues rejoindre la 1re armée.
Fin novembre, ils sont 75 000. L’amalgame de ces unités aux noms pittoresques
(régiment du Morvan, bataillons du Languedoc, brigade Alsace-Lorraine) pose
un sérieux problème d’équipement car leur intégration n’avait pas été prévue
par le haut commandement allié. Là aussi, la débrouillardise triomphe : le plus
grand nombre est vêtu grâce aux effets de remplacement, tandis que armement
et munitions résultent de la récupération. On ne dira jamais assez les talents
d’organisateur efficace de Béthouart.
24
L’arrière est organisé en vue d’une attaque imminente : concentration d’une
puissante force blindée, artillerie, génie (400 canons de tous calibres, du 240 au
90). Mise en place d’un appui aérien efficace : 120 chasseurs, 80 bombardiers
et 20 avions de reconnaissance (qui sera en fait très peu utilisé en raison de la
météo). Des régiments de réserve sont également mis à pied d’œuvre en vue
de l’exploitation. Les stocks d’essence sont mis en place, ainsi que six groupes
chirurgicaux, des compagnies de réparation et des magasins de matériel. Il
s’ensuit un énorme embouteillage de Besançon jusqu’au Pays de Montbéliard!
Il faut souligner que cette concentration est rendue très difficile en raison
du mauvais temps : pluie, neige, inondations, campagne détrempée, crues
du Doubs et de ses affluents. Parallèlement à ces efforts, De Lattre cherche à
tromper l’ennemi sur ses intentions, afin de créer un effet de surprise. [doc. 6,
7, 8]
« L’intoxication »
Camouflage des préparatifs facilité par le mauvais temps et l’absence
d’observation aérienne allemande en raison de la maîtrise du ciel par les alliés.
On fait la chasse aux espions allemands et on s’efforce de faire surtout les
grands déplacements la nuit, tous feux éteints.
Par ailleurs, un vaste plan de camouflage et d’intoxication tend à faire croire
qu’une attaque se préparait dans les Vosges. « De fausses instructions
rédigées par mon État-major tombent par hasard entre les mains du service
de renseignement allemand. Elles laissent prévoir une prochaine offensive au
nord de cette zone où notre activité se renforce d’ailleurs. Des troupes montent
ostensiblement vers les Vosges d’où elles redescendront vers leurs bases de
départ, tous feux éteints, dans les deux nuits qui précéderont l’attaque. Une
campagne de fausses nouvelles est lancée. Un trafic radio intense et anormal
est établi dans la région de Vesoul. Dans un ordre officiel adressé à toute mon
armée, j’annonce que les permissions vont être reprises à un rythme massif
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
pendant la seconde quinzaine de novembre » (De Lattre). Il y a aussi l’installation
de postes de commandement fictifs à Remiremont, Plombières. Le comble est
atteint par cette directive n°4 dans laquelle De Lattre annonce son intention
de simuler des mouvements de concentration dans le secteur du Doubs afin
d’inciter l’ennemi à se dégarnir dans les Vosges ! Les Allemands attendaient
donc une action imminente dans le secteur.
Le plan de De Lattre et le dispositif allemand
Le plan de De Lattre
Dès le 24 octobre, De Lattre a arrêté son idée de manœuvre en accord avec ses
deux chefs de corps, dont il prévoit une action conjuguée : «Le 1er CA du général
Béthouart déclenchera par surprise une offensive ayant pour but de rompre
le dispositif ennemi au nord du Doubs, de libérer la région de MontbéliardHéricourt et de la dépasser pour sortir ces villes de la zone des combats.
Simultanément, il poussera entre le Doubs et la frontière suisse, vers Delle
et Morvillars. Il profitera de la circonstance pour entreprendre la réduction
des défenses du camp retranché de Belfort et pour exploiter au plus vite en
Alsace en direction de Mulhouse et du Rhin. À sa gauche, le 2e CA du général de
Monsabert, qui mène depuis un mois des combats incessants dans les Vosges,
devra poursuivre ses attaques pour continuer d’aspirer les réserves ennemies.
Sitôt déclenchée l’offensive du 1er corps, il devra déborder par le nord les
défenses de Belfort et faire l’impossible pour pénétrer en Alsace par les vallées
vosgiennes» (De Lattre).
Le général Béthouart devait engager en 1er échelon :
La 9e DIC de Magnan, renforcée par un Combat command (CC qui est un
groupement blindé) de la 1re DB, devait attaquer entre Suisse et Doubs. Elle était
composée de zouaves, de tirailleurs marocains et de FFI recrutés sur place.
La 2e DIM qui reçoit pour objectifs Montbéliard, Héricourt et Belfort. C’est à elle
que revient l’effort principal et c’est pourquoi on lui attribue deux CC de la 2e DB
[doc. 13, 14]
Le dispositif allemand
En face, la 1re armée du général Wiese opposait son 64e corps (général Schalk)
sur un front de 45 km avec, à gauche, la 338e division d’infanterie, appuyée
sur la frontière suisse et à droite la 159e division d’infanterie barrant la route
de Belfort. Ce sont des divisions formées d’éléments disparates et de valeurs
diverses ( jusqu’à un bataillon de sourds!). Leur moral, en raison des revers
accumulés par l’armée allemande, est assez douteux.
Cependant, la 11e Panzergrenadier-division (division blindée) reste un élément
sûr, équipée de matériel moderne (chars Panther et Tiger) qui surclassent
nettement les matériels alliés correspondants, mais ces chars ne sont pas en
ordre suffisant.
Le dispositif allemand est couvert par des champs de mines antichars denses
et très profonds, dont le nettoyage est rendu particulièrement difficile par
un réseau infernal d’engins anti-personnel et de pièges explosifs. Les villages
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 25
| La libération du Pays de Montbéliard |
évacués ont été souvent transformés en forteresses et en point d’appui. De
Delle à Belfort, des travailleurs réquisitionnés parmi la population occupée ont
terminé le gros-œuvre d’un fossé antichar de 20 km de développement. Il aurait
causé bien des ennuis à la 1re armée si le général De Lattre, remettant la date de
son attaque, avait donné à l’ennemi le temps nécessaire pour le miner et pour
armer les casemates.
Le compte rendu des opérations de la 19e armée allemande le 16 novembre 1944
nous apprend que les Allemands attachaient beaucoup plus d’importance au
front vosgien qu’à celui de la Porte de Bourgogne. Sur la quinzaine de pages
de ce rapport, seulement trois sont consacrées à la région de Montbéliard et le
reste aux Vosges : le travail d’intoxication de De Lattre avait été payant. De plus,
ce document montre chez les Allemands un souci permanent de camouflage
face aux attaques aériennes. [doc. 19]
Le problème de la météo
26
Pour De Lattre et Béthouart, un point reste très préoccupant. Le temps est
détestable depuis la mi-octobre, avec des pluies diluviennes incessantes.
Toutes les rivières y compris le Doubs, débordent. Si cela persiste, l’appui aérien
sera inexistant par manque de visibilité et on peut même se demander si les
chars pourront quitter les routes et se déplacer sur le sol détrempé. La date de
l’offensive est reportée au 13 novembre mais ce jour-là, c’est pire que tout : une
tempête de neige s’abat sur la région. On ne distingue plus rien des observatoires
d’artillerie et l’attaque est reportée au lendemain. Le même jour, De Gaulle et
Churchill arrivent à Maîche et rencontrent De Lattre et Béthouart qui exposent
leur projet d’exploitation vers l’Alsace, mais le secret est bien gardé sur la date
de l’attaque. Churchill ne fait que répéter : « Vous n’allez pas faire attaquer vos
gars par un temps pareil ! »
En fait, le lendemain, 14 novembre, l’attaque est lancée, malgré un temps très
médiocre. Plusieurs raisons ont motivé les chefs :
• impossibilité de maintenir 24 heures de plus les troupes dissimulées
dans les bois, frigorifiés, et risquant à tout instant de se faire matraquer
par l’artillerie allemande ;
• nécessité d’attaquer avant la fin du mois, afin de ne pas perdre les deux
divisions promises aux Américains dans les Vosges ;
• libérer le plus vite possible une population qui attend depuis si
longtemps sa délivrance ;
• volonté de respecter la promesse faite aux alliés d’attaquer à partir du
13 novembre.
L’offensive et la libération du Pays de Montbéliard [doc. 1, 2, 3, 4, 5, 13,
14, 19, 20, 21, 22, 23, 24]
14 novembre
L’attaque est donc déclenchée le 14 novembre 1944. Le temps est épouvantable :
bourrasques de pluie, de neige, très faible visibilité, ce qui accentue encore l’effet
de surprise. À la faveur d’une courte éclaircie, les artilleurs peuvent accrocher
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Situation au 16 novembre 1944
[...] Dans le secteur du commandement général de Belfort, l’ennemi, avec
des forces blindées fraîchement engagées (5e division blindée française)
poursuit ses attaques contre l’aile gauche de la 18e division d’in­
fanterie (DI), tandis qu’il fournit son effort principal contre la
338e DI. Il réussit à ouvrir une brèche à la jonc­
tion entre ces deux DI,
jusqu’à la ligne Gonvillars, Villers-sur-Saulnot, Aibre, Laire, SainteMarie, Présentevillers. Toutes ces localités risquent d’être perdues.
Il faut s’attendre à la poursuite des attaques ennemies, non seulement
dans le secteur du 64e corps d’armée (CA), mais aussi dans le secteur du
commandement en chef de Belfort.
Les pertes parmi les deux CA sont considérables [...]
[...] Après une nuit calme, dans le secteur de Belfort, l’ennemi continue
depuis l’aube, avec des forces blindées nouvellement arrivées, ses
attaques contre l’aile gauche de la 189e DI et en particulier contre tout
le secteur de la 338e DI.
Tandis que les attaques répétées d’une compagnie ennemie sont repoussées
du côté de Gémonval, l’ennemi attaquant dans le secteur d’Arcey avec
25 chars, suivis de l’infanterie, et progressant vers le nord-ouest,
le nord et le nord-est, réussit à prendre en début d’après-midi
Gonvillars, Villers-sur-Saulnot et Aibre. Des avant­-gardes blindées
ennemies poussent jusqu’à Laire. L’après-midi, les attaques répétées
d’un bataillon ennemi, appu­
yées par des chars et commencées dans la
matinée depuis Montenois, entraînent la perte de Sainte-Marie, Présen­
tevillers. Plusieurs attaques à l’est de Lougres sont repoussées.
Au sud du Doubs, et au nord-est d’Ecot, l’ennemi attaquant avec
2 bataillons et 14 chars est repous­
sée après de durs combats au cours
desquels 2 chars sont détruits.
Dans le secteur gauche de la 338e DI, nous subissons la perte de Rochelès-Blamont.
Le commandement en chef de Belfort reçoit l’ordre (0 h 33) d’envoyer,
cette nuit même, des troupes de choc dans les secteurs des 159e et 189e
DI pour faire croire à l’ennemi qu’il s’agit d’actions offensives.
Rien à signaler au commandement en chef de Belfort.
Selon l’ordre du commandant en chef du front Ouest, il faut, en raison
de l’absence de feuillage des arbres, prendre de nouvelles mesures de
camouflage pour la circulation sur les routes, afin de lutter contre les
atta­
ques aériennes à basse altitude. Pour cela, les ordres suivants
sont donnés aux postes subordonnés: Repérer et exploiter toutes les
possibilités de camouflage naturelles. Abris bien choisis. Il faut partir
du principe que d’abord, près des endroits les plus exposés (routes
nationales en particulier), les possi­bilités naturelles de camouflage, en
première ligne, doivent être élargies et exploitées. Les chefs de sec­
teur indiqueront les abris appropriés au bord des routes nationales et
au-delà de la zone de combat proprement dite.
Tracé de la première ligne au soir du 16/11/1944 :
Aucun changement depuis la percée de Remoncourt-Amenoncourt. 1 km au sudouest de Blamont­
500 m au sud de Blamont - 1,5 km au sud de Fremonville
- 1 km à l’est de Harbouey - lisière de la forêt de Non­
higny - lisière
de forêt à l’est et au Sud de Montroix - 1 km au Nord de Saint-Maurice
- 2 kms à l’est de Vacque­
ville - côté ouest de Neufmaisons - brèche de
3,5 kms au nord-est de la Tronche - brèche jusqu’à 1 km au sud-est de
Raon - aucun changement jusqu’à la percée 500 m côté est de Rougiville
- aucun changement jusqu’à l’est de Gémonval - nord de Gonvillars -nord
de Villers-sur-Saulnot - nord-est d’Aibre -Raynans - Issans - brèche à
l’est de Lougres - Étouvans - Mathay - tout près du nord d’Écurcey nord de Roche-lès-Blamont - frontière suisse 1 km au sud de Dannemarie.
[Doc. 19]
Compte rendu des opérations du côté allemand
Traduction d’un rapport de l’état-major de la XIXe armée allemande sur la situation du front le 16 novembre. On
pourra suivre les opérations sur la carte 1C. L’importance du camouflage apparaît nettement
Bundesarchiv Coblenz
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 27
| La libération du Pays de Montbéliard |
28
16 novembre
Poste de commandement (PC) du Combat
command 5 (CC) se porte à Montenois.
La mission du CC 5 est d’appuyer
de tous ses moyens l’action du
groupement centre de la 2e DIM sur
Sainte-Marie, centre de résistance
principal de la position ennemie, et
ultérieurement de pousser au nord
vers Saint-Julien, Issans ; au sud
vers Présentevillers.
Le colonel Bourgin commandant
provisoirement le CC décide de
confier au sous groupement Robelin
l’attaque de Sainte-Marie.
9 heures : le PC du CC se prote
(porte ?) à Montenois
12 heures : après une violente
préparation d’artillerie l’attaque
débouche. L’ennemi oppose une
résistance énergique.
14 heures : le sous groupement
Robelin aidé par les tirailleurs du
8e RTM et le sous groupement Perrin
procède au nettoyage de Sainte-Marie
16 heures : le sous groupement
Robelin occupe Saint-Julien
après avoir tenté de déboucher
en direction de Montbéliard. Un
bataillon du 8e Tirailleurs l’y
rejoint.
18 heures 30 : un half-track
radio de l’EM saute sur une mine.
L’adjudant-chef Madeux est blessé.
Les pertes sont de : 1 tué,
9 blessés (1 officier, 8 sousofficiers et hommes), 5 disparus.
Au cours de la journée le lieutenant
Blanié, le maréchal de logis-chef
Texidor et le brigadier-chef Mathiew
se sont particulièrement distingués.
17 novembre
PC Allondans
2 heures : la mission du CC demeure
inchangée. Le colonel Bourgin
commandant provisoirement le CC
décide :
•de pousser dès le lever du jour
sur l’axe Saint-Julien-Allondans
de façon à prendre pied le plus
vite possible sur le plateau
nord de Montbéliard ;
•de chercher à progresser plus
au sud sur l’axe BovarsPrésentevillers-Dung-SainteSuzanne ;
•Ultérieurement de s’emparer
de Montbéliard par le NW prêt
à exploiter en direction de
Sochaux-Vieux-Charmont.
8 heures 30 : le colonel d’Oléon
prend le commandement du CC5.
Le colonel Bourgin reprend le
commandement de son sous groupement.
10 heures : Issans et Allondans
sont occupés presque sans combat.
Le Génie se met aussitôt au travail
pour rétablir les passages sur le
Rupt.
15 heures : le sous groupement
Robelin prend pied sur le plateau
nord de Montbéliard.
16 heures : l’escadron Davout et
la compagnie Bertelin du sous
groupement Bourgin abordent les
faubourgs nord de la ville. Il
signale que les ponts du Doubs et
de la Lizaine sont intacts. Malgré
l’heure tardive, le colonel d’Oléon
qui s’est rendu sur les hauteurs
dominant au nord de Montbéliard
donne l’ordre au lieutenant-colonel
Robelin de pousser hardiment dans la
ville.
16 heures 15 : l’escadron de SaintGermain pénètre dans Montbéliard par
le nord
18 heures : le lieutenant-colonel
Robelin qui a établi son PC à
l’hôtel de ville de Montbéliard rend
compte que les ponts sont tombés
intacts entre nos mains. Le 2e et
le 4e escadron ont mené l’action
avec une vigueur remarquable.
Des détachements de la légion et
des chars tiennent les points
importants.
21 heures : le nettoyage de la ville
terminé, la liaison est prise avec
les éléments du 5e RTM qui ont suivi
les blindés. Les sous groupement
Bourgin et Robelin sont prêts à
reprendre le mouvement en avant.
Au cours de la journée les
capitaines Dayout de SaintGermain, Bertelin, Dumont, le
lieutenant Bardner, le lieutenant
Boulay, l’aspirant du Boulay, les
lieutenants Cascalès, Guerner,
Viollez, l’aspirant Rabillet,
l’adjudant Jean, le MdL chef
Rychetusch se sont particulièrement
distingués.
La compagnie du capitaine Garde du
5e RTM avec un magnifique entrain a
exploité au plus près de l’action du
groupement du capitaine Davout.
[Doc. 20]
Journal de marche du Combat Command n°5 (CC 5) de la 5e DB de la 1re armée (16-17 novembre 1944). Selon
le modèle américain, les DB comprenaient en général 3 groupes blindés (combat command). Le CC opérait à
l’ouest du Doubs dans le secteur de Sainte-Marie-Montbéliard et était commandé par le colonel Desazars de
Montgailhard, tué au combat le 15 novembre. Le colonel Bourgin lui succéda. On remarquera en particulier, le
17 novembre, la libération de la ville de Montbéliard.
Extrait du Journal des marches et opérations du combat-Command n°5. AMM, CM753.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
[Doc. 21]
Les goumiers marocains dans la trouée de Belfort. Ces unités coloniales, au
statut particulier puisqu’elles n’étaient pas endivisionnées, se distinguèrent
notamment en Italie et participèrent activement aux combats de libération. Les
mulets eurent un rôle très important, surtout en terrain accidenté.
Photographie publiée in Pochette pédagogique n°6 : La libération du Pays de Montbéliard
(novembre 1944), Archives municipales de Montbéliard.
29
[Doc. 22]
Half-track de la 1re armée en attaque. On remarquera le camouflage (feuilles d’arbres) et la boue !
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4629, 1944.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 | La libération du Pays de Montbéliard |
leurs tirs et, à 11 h 20, une formidable préparation de plus de 400 canons s’abat
sur les positions allemandes et les villages évacués et donne le signal de
l’attaque.
Le front est divisé en deux secteurs séparés par la vallée du Doubs. Le premier
secteur, à l’est, de l’Isle-sur-Ie-Doubs à la frontière suisse, est tenu par la 9e DIC
(général Magnan) appuyé par des éléments de la 1re DB. Le second secteur, à
l’ouest, de Longevelle à Arcey, est tenu par la 2e DIM (général Carpentier)
appuyée par les CC 4 et 5 de la 5e DB. Ce secteur ouest étant considéré comme
le plus important, ouvrant la route de Belfort et de Montbéliard.
Dès 11 h 20 donc, les éléments de la 2e DIM attaquent et les tirailleurs marocains
attaquent Gémonval, Marvelise, Montenois, Beutal, au prix d’accrochages
sévères avec les Allemands. Dans le premier secteur, Magnan n’a pu attaquer
qu’à 14 h, et encore le brouillard sur les premières pentes du Jura paralyse-t-il
l’action de son aile droite, ce qui entraîne une seule attaque à l’aile gauche.
Malgré une vigoureuse résistance allemande, Colombier-Fontaine, Villars-sousÉcot sont atteints. Durant la nuit, de violents affrontements ont lieu à Écot, qui
connaît de véritables combats de rue et est finalement conquis par le 6e régiment
d’infanterie coloniale du Maroc. Il faut noter que dans les deux secteurs, le gros
des blindés est gardé en réserve pour l’exploitation. En définitive, les pertes
sont sérieuses dans les barrages minés allemands pris en enfilade sous le feu
des mitrailleuses et les positions adverses ne sont pas percées.
30
Cependant, le bilan est tout de même positif :
• aux environs de la route Besançon-Montbéliard, le lieutenant-général
Oschmann, commandant la 338e division d’infanterie, qui inspectait les
premières lignes, est abattu par une patrouille de la 2e DIM, et on retira,
dans la sacoche de son officier d’ordonnance, le dispositif détaillé de sa
division et les copies des ordres reçus ou donnés ;
• de plus, la surprise allemande paraît totale ; comme l’indiquent les
notes d’Oschmann : « Les Français sont sur la défensive. Aucun indice
d’attaque prochaine ». Le général Wiese, durant 48 h au moins, reste
convaincu que le vrai danger est dans les Vosges et pense qu’il ne s’agit
au sud que d’une attaque de diversion ;
• au soir du 14, le front adverse est ébranlé sur 15 km et, vers Montenois,
la pénétration atteint 5 km. Les résultats sont encourageants, malgré
une météo défavorable.
15 novembre
Dans le premier secteur, les soldats atteignent Écurcey, avec des pertes sévères
à Bourguignon. De violents affrontements ont lieu dans le bois de Glay où les
Marocains du 6e régiment de tirailleurs marocains (RTM) sont bloqués devant
les casemates allemandes.
Dans le second secteur, Arcey, Échenans, Desandans sont atteints avec l’appui
des blindés du CC 4 de Schlesser. De très violents combats s’engagent autour de
Sainte-Marie, transformée en forteresse par les Allemands. Le colonel Desazars
de Montgailhard, chef du CC 5, est tué au cours d’une reconnaissance en vue de
l’attaque du lendemain. Au sud, le 5e RTM atteint la forêt du Mont-Bart.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
16 novembre [doc. 19, 20, 21, 22]
Au cours de cette journée, l’action des chars fut décisive. Au nord du Doubs,
le CC 4 atteint Aibre et Laire, tandis que, à Sainte-Marie, s’engage une dure
bataille, maison par maison, chaque îlot ne tombant qu’avec la mort de ses
défenseurs. Vers 16 h, le village est conquis. Le CC 5 fonce vers Montbéliard,
atteignant Présentevillers à la nuit, tandis que le 5e RTM est à 2 km du fort du
Mont-Bart, faisant face à une dure opposition.
Dans la boucle du Doubs, le CC 3 atteint la route de Voujeaucourt -Bourguignon,
alors qu’à l’est, les Allemands sont délogés par les zouaves qui prennent Rochelès-Blamont et Glay.
Cette journée voit aussi une vive réaction allemande. Wiese comprend la gravité
de la situation et envoie des renforts avec mission de tenir à tout prix Héricourt,
afin de protéger la place de Belfort.
17 novembre [doc. 20, 21, 22]
Héricourt tombe après une journée de violents combats et le pont sur la
Lizaine est sauvé mais la ville doit être reconquise maison par maison. SaintValbert, Bussurel et Bethoncourt sont atteints. Au nord, un groupement spécial
récemment renforcé, aux ordres du général Molle, est chargé d’avancer en
direction de Giromagny et atteint Luze, Faymont, Lomont.
Dans le secteur de Montbéliard, les blindés sont à Dung, mais sont arrêtés
par le pont sur le Rupt qui vient de sauter. La population civile aide les soldats,
car le génie n’avait pu suivre, en utilisant les matériaux d’une scierie voisine
et établissant un pont provisoire en trois heures. Les Marocains du 5e RTM,
appuyés par les chars, réduisent tous les points d’appui du Mont-Bart, enlèvent
le fort, libèrent Bart et sont à 17 h à Sainte-Suzanne. Dès 15 h 30, le Commandant
Kruger de la Gestapo avait quitté la maison Mattern, après l’avoir incendiée et
en y laissant 5 cadavres de résistants.
Montbéliard est tout proche et le colonel Piatte, commandant le 5e RTM, « risque
le paquet » et envoie les compagnies Garde et Demange, appuyées par les
chars des escadrons Davout et Saint-Germain, qui nettoient les rochers où les
Allemands sont camouflés et foncent sur la ville par la route d’Allondans et la
rue Louis Pardonnet. Fantassins et blindés, après avoir débordé Montbéliard par
l’ouest, se rabattent brusquement sur la face nord où la défense est moindre.
La défense adverse est neutralisée et les Marocains se ruent sur la ville : il est
17 h 15. Dans les premières rues libérées, les habitants sortent et des drapeaux
apparaissent aux fenêtres.
Les FFI locaux, qui avaient reçu par radio l’ordre de tenter par tous les moyens
le déminage des ponts, en profitent pour agir, d’autant plus qu’ils ont à venger
un des leurs, abattu la veille par les Allemands, et bondissent sur les ponts de la
Lizaine, empêchant le mécanisme de mise à feu de jouer. Des éléments ennemis
d’arrière-garde tentent l’impossible, mais le fusil-mitrailleur des résistants les
fait fuir. En pleine nuit, les derniers Allemands qui cherchaient à s’échapper ou à
se cacher sont capturés. Les chars poursuivent leur avance, passant par la place
Denfert, la gare, en direction de Belfort. Il est 17 h 30, la cloche de l’Hôtel-de-
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 31
| La libération du Pays de Montbéliard |
Ville, actionnée par un agent de liaison du Lomont sonne la libération. [doc. 15,
25, 26]
La 9e DIC ne reste pas inactive à l’est. Le 6e RIC liquide les dernières résistances
dans la boucle du Doubs, libère Audincourt et Valentigney, tandis que le
9e Zouaves atteint Hérimoncourt, libérée en 1/4 d’heure, assurant un passage
sur le Gland. Les blindés atteignent Vandoncourt, Seloncourt, Dasle, Abbévillers.
Ainsi, au soir du 17 novembre, l’ennemi s’enfuyait, laissant de nombreux
prisonniers. La 1re armée avait atteint son premier objectif : libérer Montbéliard
et sa région, et porter la bataille au-delà, mettant la région urbaine à l’abri de
nouvelles souffrances et de nouvelles destructions. C’était le résultat d’une
bataille de rupture, fondée sur la surprise et une progression convergente sur un
même objectif de groupes très mobiles disposés en arc de cercle. Cette bataille
avait associé dans un effort commun les soldats et les résistants locaux, mais
avait coûté à la 1re armée 273 tués et 1 297 blessés. Les Allemands déploraient
des pertes sévères et de nombreux prisonniers [doc. 23, 24]. Le pays était libéré
et la population pouvait laisser éclater sa joie [doc. 2, 3, 4, 5, 15, 25, 26, 27].
[Doc. 23]
La résistance allemande dans la trouée
de Belfort : on remarquera l’équipement
d’hiver des soldats allemands, ainsi que
le bourbier caractéristique de la région
à cette époque. Au premier plan, un
véhicule tout terrain allemand de type
Wolkswagen et, à l’arrière-plan, des
chars Tigre qui surclassaient nettement
tous les chars alliés de même catégorie ;
ils souffraient d’un seul obstacle, leur
petit nombre.
32
Photographie publiée in Pochette pédagogique
n°6 : La libération du Pays de Montbéliard
(novembre 1944), Archives municipales de
Montbéliard.
[Doc. 24]
Une colonne de prisonniers allemands
près d’Héricourt le 17 novembre 1944.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4565, 1944.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
La liberté retrouvée [doc. 2 à 5, 9, 10, 15, 16, 25 à 34]
La liesse populaire
Dès le 17 novembre au soir, la population descend dans la rue, sort des drapeaux
tricolores confectionnés en cachette au cours des dernières semaines, embrasse
les libérateurs, leur apporte quelque chose à boire, crie sa joie. C’est déjà le délire
de la liberté retrouvée, mais il est déjà tard dans la nuit et la population ne
peut véritablement exprimer ses sentiments que le lendemain matin, samedi.
[doc. 15, 25, 26]
Le 18 novembre, toute la population est dans la rue, des bambins aux vieillards.
Ce sont les cris, les larmes de joie, les embrassades, sous un soleil retrouvé
après des semaines de grisaille. C’était la fin d’une occupation qui durait depuis
cinquante et un mois. On parle aux soldats, on les étreint, on entreprend
l’escalade des blindés ou des camions arrêtés. On se remplit les yeux et les
oreilles de toute cette agitation et de tout ce bruit que l’on attendait depuis si
longtemps.
L’entrée officielle des troupes a lieu le matin : elles défilent sous les acclamations,
impeccables dans leur tenue. C’est aussi le retour du maire élu de Montbéliard,
Armand Bermont, durement éprouvé dans sa famille, pourchassé par la police
de Vichy et les Allemands, membre du Comité Départemental de Libération du
Doubs et qui, depuis deux mois avait dû quitter sa ville. Il rejoint son poste
parmi les vivants, les applaudissements frénétiques, littéralement porté en
triomphe jusqu’à l’Hôtel-de-Ville. Il est accompagné par d’autres responsables
du CDL, MM. Carrez, Compagne et Reverbori. C’est aussi l’arrivée des autorités
officielles venues de Besançon : préfet, sous-préfet, président et vice-président
du CDL. Tous accueillent, vers 16 h, le général De Lattre, accompagné du général
Béthouart et du général Devers, et se rendent sur le parvis de l’Hôtel-deVille. Alors, sur une place noire de monde, ce sont les discours, les remises de
décorations, les hymnes, les acclamations. Les rues restent très fréquentées
jusqu’à une heure tardive ! [doc. 9, 10, 16, 28 à 31]
La journée du dimanche 19 novembre fut marquée aussi par des cérémonies, en
particulier l’accueil du Commissaire Régional de la République, M. Jean Mairey,
par le maire et les membres locaux du CDL. Audincourt fêtait aussi sa libération
en compagnie des autorités officielles et des FFI descendus du Lomont : à 17 h,
c’était la cérémonie à l’Hôtel-de-Ville avec ceux qui étaient à Montbéliard le
matin. La même joie, le même enthousiasme se lisaient sur les visages de la
population audincourtoise libérée. Mais une fois la joie de la libération passée,
il restait à réorganiser le pays. [doc. 32, 33, 34]
La réorganisation du Pays de Montbéliard
Une nouvelle administration
Comme tout le département du Doubs, le Pays de Montbéliard dépendait
maintenant de M. Jean Mairey, Commissaire Régional de la République,
représentant le Gouvernement provisoire du général De Gaulle et assurant
l’administration de huit départements. De nouvelles autorités préfectorales
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 33
| La libération du Pays de Montbéliard |
34
[Doc. 25]
« Montbéliard délivrée », extrait du journal Le Comtois du 20 novembre 1944
AMM, 4H31, 1944.
Communiqué de la 1re armée extrait du journal Le Comtois du 20 novembre 1944
AMM, 4H31, 1944.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
35
[Doc. 26]
Extraits du journal Libération du Pays de Montbéliard du 20 novembre 1944
AMM, 4H31, 1944
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 | La libération du Pays de Montbéliard |
[Doc. 27]
Extrait du journal suisse Le démocrate de
Délémont du 18 novembre 1944.
AMM, 4H31, 1944.
36
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
37
[Doc. 28]
Affiche du Comité de libération de l’arrondissement de Montbéliard (novembre 1944).
AMM, 16Fi1796, 1944.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 | La libération du Pays de Montbéliard |
[Doc. 29]
La foule et les officiels
devant l’Hôtel de Ville
(19 novembre 1944).
Photothèque des Armées.
AMM, 1Fi4568, 1944.
38
[Doc. 30]
La place Saint-Martin noire de monde.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4601, 1944.
[Doc. 31]
Un char pris d’assaut par la population
devant la gare.
Photothèque des Armées.
AMM, 1Fi4564, 1944.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
[Doc. 32]
Libération d'Audincourt 17 novembre 1944
Entrée des FFI à Audincourt.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4746, 1944.
[Doc. 33]
Libération d'Audincourt 17 novembre 1944
Les chars de la 1re armée dans les rues.
Photothèque des Armées. AMM, 1Fi4747, 1944.
39
[Doc. 34]
Les résultats des pluies
de l’automne.
Photothèque des Armées.
AMM, 1Fi4606, 1944.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 | La libération du Pays de Montbéliard |
avaient été mises en place : MM. Pierre Dumont, préfet du Doubs et Carel,
sous-préfet de Montbéliard. Les membres locaux des CDL avaient aussi un rôle
important. M. Armand Bermont retrouve sa mairie de Montbéliard après un
exil forcé de plusieurs semaines. Tous ces gens, animés d’un immense espoir et
d’une ferme détermination vont s’efforcer, avec la collaboration de la population,
de reconstruire le Pays. [doc. 15, 16, 25 à 28]
Les nécessités de la reconstruction
Depuis plusieurs semaines, le CDL du Doubs préparait la remise en état du
pays, dont la libération était imminente. Les villages de la ligne de feu étaient
souvent en ruines, mais les destructions dans les villes et villages libérés étaient
limitées’ en dépit de dégâts sévères à Héricourt.
À Montbéliard, quelques maisons étaient incendiées, mais la ville avait été
relativement à l’abri des combats, ne connaissant que des affrontements à
l’arme légère ou à la mitrailleuse. Cependant, l’occupation et les pillages nazis
avaient totalement désorganisé les circuits économiques. Il fallait reconstruire
le ravitaillement, le commerce, les communications. Dans les jours qui suivirent
la libération, pour 6 millions de francs de marchandises furent distribués
gratuitement dans tout l’arrondissement de Montbéliard. Ce n’était que le
début d’une tâche immense.
L’épuration [doc. 15, 25, 26]
40
Dès la libération, les collaborateurs les plus notoires furent arrêtés, mais
l’épuration dans le Pays de Montbéliard fut plus modérée et moins passionnée
qu’ailleurs. Le CDL local s’efforça de cicatriser les plaies de ce passé douloureux
sans excès inutiles.
Le début de la bataille d’Alsace
Mais la libération de Montbéliard n’était qu’une des étapes de la marche vers le
Rhin et l’Alsace. Dès le soir du 17 novembre, De Lattre lance « un ordre général
pour l’exploitation ». Dès le 20 novembre, Belfort et Mulhouse sont libérées,
alors que le Rhin avait été atteint la veille. La bataille d’Alsace commençait.
CONCLUSION
Pour conclure, laissons parler le général De Lattre : « Victoire de l’audace, de
la volonté, de la vitesse, du dynamisme, de la surprise, mais victoire de l’unité
nationale, car parmi toutes les images qui me restent de ces deux semaines
ardentes, il en est une qui, dans mon souvenir, symbolise l’union de toutes les
forces mises en œuvre pour remporter un succès aussi décisif. C’est l’image de la
rencontre émouvante, sur les ponts de Montbéliard, des patriotes qui venaient
d’en empêcher la destruction et de nos premiers blindés, prêts à continuer
leur course grâce au concours inappréciable qu’ils recevaient ainsi. Rarement
comme en cette circonstance, il a été possible de mettre en lumière l’intime
coopération réalisée par les initiatives héroïques de la résistance intérieure et
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
de l’action de notre armée. Coopération constante, généralement obscure et
qui, dans votre ville, est apparue avec éclat dans toute sa grandeur. »
(Discours du général De Lattre au Théâtre de Montbéliard à l’occasion du
1er anniversaire de la libération. 18 novembre 1945).
Abréviations
Afrique du Nord française
AFN
Combat command
CC
Corps d’armée
CA
Division blindée
DB
Division d’infanterie algérienne
DIA
Division d’infanterie coloniale
DIC
Division d’infanterie marocaine
DIM
Division française libre
DFL
Forces françaises de l’intérieur
FFI
Forces françaises libres
FFL
Régiment de tirailleurs marocains
RTM
Poste de commandement
PC
Notice biographique
BÉTHOUART Marie-Émile (1889-1982)
Né à Dole (Jura) le 17 décembre 1889.
Jeune général, il commande l’expédition française de Norvège et, à la tête de ses chasseurs alpins,
reprend Narvik aux Allemands (28 mai 1940), mais il doit rembarquer début juin en raison de
l’écroulement de l’armée française au cours de la bataille de France. Il contribue au succès du
débarquement allié au Maroc en dirigeant un putsch contre le général Noguès, représentant de Vichy
et favorable à une riposte armée (novembre 1942). Il est nommé Chef d’Etat-Major de la Défense
Nationale au sein du Comité Français de Libération Nationale à Alger en 1943. Il débarque en Provence
en août 1944 et, à la tête du 1er Corps de la 1re armée française, participe à la campagne de 1944-1945,
puis pénètre dans le Wurtemberg.
Commande, de 1945 à 1950, les troupes d’occupation françaises en Autriche.
Auteur de mémoires de guerre. Cinq Années d’espérance ; mémoires de guerre (1939-1945), Paris, Plon,
1968.
LATTRE DE TASSIGNY Jean de (1889-1951)
Né à Mouilleron-en-Pareds (Vendée) le 3 février 1889.
Issu d’une famille noble, d’origine flamande et remontant au xive siècle.
Formation militaire à Saint-Cyr et Saumur. Comportement très héroïque au cours de la guerre de 19141918 dont il sort avec 5 blessures, 8 citations et le grade de capitaine.
Au Maroc, de 1921 à 1926, puis à l’État-Major personnel du général Weygand. Général de Brigade en
1939 et chef d’État-Major de la 5e armée en Alsace lors du déclenchement de la 2e Guerre mondiale.
Combats de la Bataille de France (1939-1940).
Nommé par le Gouvernement de Vichy Commandant Supérieur des troupes de Tunisie (1941), puis
Commandant de la 5e division militaire de l’armée d’armistice à Montpellier (1942).
Tente de passer à la clandestinité en novembre 1942, au moment de l’invasion de la zone Sud par les
Allemands (11 novembre 1942). Arrêté puis jugé par un tribunal spécial français à 10 ans de détention.
Évadé en septembre 1943, il regagne l’Angleterre, puis Alger, où Giraud lui donne le commandement
de l’Armée B, embryon de la future 1re armée Française.
Débarque en Provence (16 août 1944), remonte avec la 1re armée la vallée du Rhône et de la Saône,
libère l'Alsace, réduit la poche de Colmar (février 1945), atteint Stuttgart (avril 1945) et Ulm, puis le lac
de Constance.
Le 9 mai 1945, signe à Berlin, au nom de la France, la capitulation de la Wehrmacht.
Inspecteur général de l'Armée (1945). Commandant en Chef des forces terrestres de l'OTAN (1949).
Haut-Commissaire et Commandant en Chef en Indochine (1950). Terrassé par un cancer, meurt des
suites d'une opération. Fait Maréchal de France à titre posthume.
Auteur de : Histoire de la 1re armée française, Rhin et Danube, Paris, édition Plon, 1949.
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 41
| La libération du Pays de Montbéliard |
MONSABERT Jean Goislard de (1887-1981)
Né à Libourne (Gironde) le 30 septembre 1887. Sort de Saint-Cyr en 1910. Longtemps officier des
Tirailleurs Algériens. Après 1940, fait partie de l’armée reconstituée par le général Weygand en Afrique
du Nord. Général en 1941. Participe à la campagne de Tunisie à la tête de la 3e division d'infanterie
algérienne, ainsi qu'aux campagnes d'Italie et de France. Général d'Armée en 1948.
Bibliographie sommaire
Presse locale
PER184 Le Comtois
PER013 La libération du Pays de Montbéliard ( journal de la Résistance)
4H
Plusieurs articles de La république de Franche-Comté
Principaux ouvrages
CARTIER Raymond, La deuxième guerre mondiale. 2, 1942-1945, Larousse et Paris-Match, 1965
CERE Roger, La Seconde guerre mondiale : 1939-1945, in collection « Que sais-je ? », Presse universitaire
de France, Paris, 8e édition, 1970.
BEAUFRE, André (directeur de publication), La seconde Guerre mondiale, Tallandier, Paris, 1980.
LATREILLE André, La deuxième guerre mondiale, 1939-1945 : essai d’analyse, Hachette, Paris, 1967
LATTRE DE TASSIGNY, Jean-Marie Gabriel de, Histoire de la 1re armée française, Plon, Paris, 1949.
MICHEL Henri, La deuxième guerre mondiale. 2, La victoire des Alliés : janvier 1943 – septembre 1945,
Presse universitaire de France, Paris, 1969.
RENARD Louis, Nouvelle histoire du Pays de Montbéliard, Methez Frères éditeurs, Montbéliard, 1950.
*Nous remercions Mme LEGER, MM. LEGER, COURANT, DEVELLE, HUC, LEGRAND, le Dr MESSMER
pour leurs témoignages. Les Généraux GELIOT et CLEMENT, le Colonel GARDE, le MédecinCapitaine VALENTIN avaient participé à une table ronde aux Archives Municipales, à l’occasion
du 35e Anniversaire de la Libération de Montbéliard (novembre 1979). Leur témoignage nous fut
particulièrement précieux.
42
Bibliographie complémentaire
Ouvrages généraux
Résistances 1940-1944 : vol.1 À la frontière franco-suisse des hommes et des femmes en résistance. /
MARANDIN Jean-Pierre. – Besançon : Cêtres, 2005. – 240 p. : ill : ISBN 2-87823-140-6. AMM, CM2387/t.1
Résistances 1940-1944 : vol.2 Le Pays de Montbéliard 1944 : lutte armée et répression. / MARANDIN JeanPierre. – Besançon : Cêtres, 2005. – 264 p. : ill. ISBN 2-87823-141-4. AMM, CM2387/t.2
La libération en Franche-Comté, agents secrets et services spéciaux dans la résistance : Haute-Saône et
Territoire de Belfort. / JEANNENEY Jean-Noël ; MOISSE André. – Vesoul : Franche-Comté éditions, 2004.
– 123 p. : ill.ISBN 2-915402-30-2. AMM, CM2420/t.1
La libération en Franche-Comté, agents secrets et services spéciaux dans la résistance : Jura et Doubs. /
AZEMA Jean-Pierre, CABU, MOISSE André. – Vesoul : Franche-Comté éditions, 2004. – 143 p. : ill.ISBN
2-915402-44-2. AMM, CM2420/t.2
Dictionnaire historique de la résistance : résistance intérieure et France libre. / LEROUX Bruno ; LEVISSE
– TOUZE Christine ; MARCOT François. – Paris : Robert Laffont, 2006. – 1187 p. :ill.ISBN 2-221-09997-4.
AMM, CM2476
La seconde guerre mondiale en Franche-Comté : L’invasion, l’occupation et la résistance, la libération. /
DUTRIEZ Robert. – Besançon : Cêtres, 2009. – 190 p. : ill.ISBN 978-2-87823-195-3. AMM, CM2632
La Franche-Comté sous l’occupation allemande et sa libération. / RICHE Jean. – Lons-le-Saunier :
Marque-Maillard, 1979. – 300 p. : ill. AMM, CM2637
Le grand beans. / BARTOLI Roger. – Paris : La pensée universelle, 1972. – 162 p. : ill. AMM, CM330
Le dernier des grands maquis de France : le Lomont, août-septembre 1944. / MARANDIN Jean-Pierre. –
Besançon : Editions du Sékoya, 2015. – 229 p. : ill.ISBN 978-2-84751-144-4. AMM, CM1717
Monument du maquis du Lomont : histoire – mémoire. / ALIX Jean-Marie ; LAMBERT Nathalie. – Belfort :
éditions Réalgraphic, 2007. – 206 p. : ill.ISBN 978-2-9525567-1-2. AMM, CM2565
Le Maquis du Lomont, 1944-94, Pays de Montbéliard. / LAMBERT Nathalie. – Belfort : Editions REITER,
1994. – 155 p. : ill. AMM, CM1134
Souvenirs : la Résistance, 1940-1944. / OSCHWALD Pierre. – Strasbourg : [s.n.], 1961. – 111 p. : ill. AMM, CM369
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
| La libération du Pays de Montbéliard |
Le groupe Tito : de la Résistance à l’Indochine. / METTETAL ; CUSENIER. – Montbéliard : Imprimerie
Metthez Frères, 1968. – 204 p. : ill. AMM, CM200
Cheminots et Résistants : la bataille du rail en Franche-Comté. / CUYNET Jean. - Châtillon-surChalaronne : Editions de la Taillanderie, 1997. – 320 p. : ill.ISBN 2-87629-116-9. AMM, CM1287
Profession : ouvriers saboteurs : 1943, à la rencontre des hommes et des femmes qui ont fait la résurrection
de Peugeot. / SEIGNEUR Daniel. – Besançon : Cêtres, 2009. – 103 p. : ill. ISBN 978-2-87823-201-1. AMM,
CM2616
1944 : Libérez Peugeot ! : Journal de jeunesse. / PEUGEOT Christiane. – Montreuil : AKR, 2006. – 171 p. :
ill. ISBN 2-913451-39-X. AMM, CM2527
1944 : De la frontière suisse aux Vosges, des africains combattaient. / BELEY F.P.. – Onans : comité de
rénovation du monument d'Onans, 1987. – 39 p. AMM, CM556
La Libération du Territoire et le retour à la République. / Besançon : Musée de la Résistance et de la
Déportation, 2013. – 76 p. : ill. AMM, CM2799
Historique du 5e [cinquième] Régiment de Tirailleurs Marocains (R.T.M.). / Anonyme. – Fribourg-enBrisgau : Imprimerie Nationale de Fribourg-en-Brisgau, 1948. – 148 p. : ill. AMM, CM85
Journaux de marche
Les opérations de la campagne de France de la Méditerranée à la Trouée de Belfort (septembre 1944 février 1945). / Anonyme. – [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. – 11 p. AMM, CM199
Journal de marche du 1/5 RTM. / Anonyme. – [s.l.] : [s.n], 1984. – 151 p. : ill. AMM, CM434
Journal de marche du 4e escadron. / Anonyme. – [s.l.] : [s.n.], [s.d]. – 31 p. AMM, CM732
Journaux de marches et opérations. / Anonyme. – [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. – [100 p.] AMM, CM821
Montbéliard et Pays de Montbéliard
Le 5e R.T.M en Franche-Comté : la libération de Montbéliard. / PIATTE (général). – [s.l.] : Revue historique
de l’Armée, 1956. – 20 p. : ill. AMM, CM325
La deuxième division d’infanterie marocaine dans une opération de rupture, Héricourt - Montbéliard
(14 - 17 novembre 1944). / DAUMONT (Lieutenant colonel). – [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. – 58 p. : ill. AMM, CM1791
Combats pour la liberté. / Anonyme. – Nancy : Est républicain, 1994. - 63 p. : ill. AMM, CM962
Libération : automne-hiver 1944. / Anonyme. – Paris : Les dossiers de l’histoire, 1984. – 90 p. : ill. AMM,
CM980
Fêtes commémoratives de la libération Montbéliard : sous la présidence de Monsieur le général De Lattre
de Tassigny : 17 novembre 1946. / LATTRE DE TASSIGNY Jean-Marie Gabriel de. – Montbéliard : s.n., 1946.
– 19 p. AMM, CM2406
Un automne 44 : le journal de la libération de Belfort-Montbéliard. / (dir. de pub.)DIDRY Pierre ; MOISSE
André ; PISCHOFF Edith [et al.]. – [s.l.] : Est républicain, [1984]. – 40 p. : ill. (tiré à part) AMM, CM2555
40e anniversaire de la Libération du Pays de Montbéliard : plaquette souvenir, 17 et 18 novembre 1984.
/ Anonyme. – Audincourt : Cercle Philatélique Georges Cuvier et celui du Pays de Montbéliard, 1984.
– 32 p. AMM, CM443
Automne 44, Montbéliard ou la liberté retrouvée : cinquantenaire de la libération (1944-1994). /
Anonyme. – Montbéliard : Collège Louis Pergaud, 1994. – 50 p. : ill. (réalisation scolaire). AMM, CM951
Les journaux de Suzanne Léger et de Louise Blazer, Souvenirs de l’automne 1944. / BLAZER Louise ; LEGER
Suzanne ; (préf.) BOUVARD André. – Société d’Émulation : Montbéliard, 1994. – 40 p. : ill. (tiré à part).
AMM, CM2861
La Libération de Pont-de-Roide à Delle. / Anonyme. – [s.l.] : [s.n.], [1990]. – 228 p. AMM, CM767
Grand-Charmont : D’une guerre à l’autre dans le «pays». / CHOPARD Roger ; SCHINKEL Jean-Pierre. –
Grand-Charmont : Association «Regards», 2015. – 246 p. : ill. ISBN 978-2-918999-15-7. AMM, CM1700
Vermondans (1944-1974) : 30e [trentième] anniversaire de sa libération. / COMMUNAL René ; MAIROT
René. – Vermondans : Ville de Vermondans ; Ville de Pont-de-Roide, 1974. – 24 p. : ill. AMM, CM88
Pont de Roide - Vermondans, 1939-1945 : 40e anniversaire de la Libération. / FOLLETETE Michèle. – Pontde-Roide : Ville de Pont de Roide, 1985. – 36 p. : ill.
St Maurice-Echelotte, Colombier-Châtelot novembre 1944 - novembre 1974 : 30e [trentième] anniversaire
de sa libération. / COMMUNAL René. – Montbéliard : Ville de St-Maurice-Colombier, 1974. – 19 p. : ill.
AMM, CM89
La libération d’Écot. / MOREL André. – Écot : [s.n.], 1990. – 30 p. AMM, CM787
En souvenir de la libération d’Hérimoncourt : 17 novembre 1944. / Anonyme. – [Sochaux] : [s.l.], [1946].
– 23 p. : ill. AMM, CM242
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6 43
| La libération du Pays de Montbéliard |
La libération d’Hérimoncourt : «un automne 44» : la vie quotidienne à Hérimoncourt de septembre
à novembre 1944. / (dir.de pub.) MARANDIN Jean-Pierre ; KAPPEL Yves ; LODS Philippe [et al.]. –
Hérimoncourt : Ville d’Hérimoncourt, 1980. – 51 p. : ill. AMM, CM282
Bavans : 40e anniversaire de sa libération. / PATOIS Michel. – Montbéliard : [s.n.], 1984. 19 p. AMM, CM445
La libération de Voujeaucourt. / Anonyme. – Voujeaucourt : Ville de Voujeaucourt, 1984. – 20 p. : ill. AMM,
CM452
65e anniversaire de la Libération de Voujeaucourt. / Voujeaucourt : Ville de Voujeaucourt, 2009. – 31 p. :
ill. AMM, CM654
La libération d’Audincourt. / [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. – [55 p.] : ill. AMM, CM557
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Rédaction
François Vion-Delphin, professeur agrégé d’histoire, chargé du Service éducatif des Archives municipales de
Montbéliard.
Crédits photographiques
Archives municipales de Montbéliard
Conception graphique
Atelier Gaïa – Montbéliard
4e trimestre 2016 : réédition – 1re édition 1981
ISSN
Archives municipales de Montbéliard | Pochette pédagogique n° 6
Archives municipales
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Tél. : 03 81 99 22 49 - Fax : 03 81 99 22 64
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