S É R I E U R O D Y N A M I Q U E Troubles vésico-sphinctériens des affections dysautonomiques ● J. Kerdraon*, M. Force** P O I N T S F O R T S CLASSIFICATION PHYSIOPATHOLOGIQUE P O I N T S F O R T S Comme celles d’autres atteintes viscérales, leur classification répond à des états d’hyperactivité, d’hypoactivité ou de dysrégulation centrale du système de contrôle neurovégétatif. De nouvelles méthodes d’investigation des modèles expérimentaux chez l’animal (traçage axonal après inoculation de virus neurotropes PRV, modèles génétiques, greffes neuronales) ont permis de préciser certains mécanismes physiopathologiques et une systématisation des sites lésionnels (2). ■ Les troubles vésico-sphinctériens sont un mode d’expression classique et parfois révélateur d’affections dysautonomiques. Leur extrême polymorphisme tient à la variété des sites lésionnels ainsi qu’aux diverses modalités de réorganisation du système de contrôle végétatif suivant la nature et le mode évolutif du processus causal. ■ Il n’existe pas de parallélisme entre la symptomatologie vésico-sphinctérienne, les résultats de l’exploration urodynamique et le type de l’atteinte (sympathique, parasympathique). Un diagnostic topographique et lésionnel ne peut souvent être posé que sur un ensemble de critères cliniques, manométriques, pharmacologiques et électrophysiologiques. ■ Toute pathologie uro-gynécologique associée détermine pour son propre compte une réorganisation des mécanismes du contrôle neurovégétatif et ainsi modifie le tableau vésico-sphinctérien et la réponse aux traitements correcteurs. ■ Le traitement repose sur l’identification du mécanisme et de l’évaluation des facteurs de risque sur le plan uronéphrologique. Le résidu chronique constitue fréquemment pour son propre compte un facteur de remaniement morphologique du détrusor. Celui-ci doit être détecté dès les formes de début pour faciliter la prise en charge ultérieure et préserver l’avenir uro-néphrologique. L a part prépondérante de l’innervation végétative dans le contrôle neurologique de la miction rend compte de la fréquence des troubles vésico-sphinctériens au décours évolutif de la plupart des affections dysautonomiques. Cette fréquence est encore accrue par la nécessaire intégrité de l’ensemble des structures du contrôle neurovégétatif (corticosous-cortical, spinal et ganglionnaire), à l’encontre d’autres atteintes viscérales (gastro-intestinal ou cardiovasculaire) où une certaine autonomie fonctionnelle reste assurée par la seule innervation intrinsèque. * Service de rééducation fonctionnelle, ** Service de neurologie, CH Hubert-Jégourel, Pontivy. La Lettre du Neurologue - n° 2 - vol. III - mars-avril 1999 Atteintes périphériques L’atteinte muscarinique pure par dénervation parasympathique post-ganglionnaire est réalisée expérimentalement chez le rat et détermine plusieurs tableaux suivant le caractère complet ou non de la dénervation et la rapidité du processus pathologique. Dans les dénervations complètes d’installation aiguë ou subaiguë, le tableau est celui d’une rétention souvent douloureuse à besoin conservé. La vessie est atone hypoactive, acontractile hypercompliante. La réponse aux agonistes cholinergiques est explosive et différée de plusieurs semaines. Cette hypersensibilité de dénervation rend compte d’une modification de l’affinité et de la densité des récepteurs cholinergiques, associée à une hypertrophie musculaire lisse sous médiation humorale. Cette hypertrophie du détrusor se développe d’autant plus vite qu’il existe des conditions de distension chronique accentuant le relarguage en acétylcholine circulante. Cet aspect a été montré chez le rat, où une dénervation complète avec diversion urinaire ne s’accompagne pas de remaniements morphologiques du détrusor (3). Les atteintes incomplètes ont des profils évolutifs moins nets où les manifestations d’hypersensibilité de dénervation peuvent être d’emblée au premier plan : défaut de compliance vésicale par hypertrophie musculaire lisse et augmentation de la densité des récepteurs muscariniques par régénération collatérale réalisant des conditions assez similaires sur les plans clinique et manométrique à celles observées lors d’une obstruction chronique sous-vésicale (hypertrophie du détrusor, hypocompliance et hypocontractilité). Lorsque l’atteinte cholinergique est pure, le col vésical reste compétent sur les enregistrements vidéo-urodynamiques. Lorsque l’atteinte concerne l’innervation parasympathique préganglionnaire (vessie décentralisée), il existe une réinnervation alpha-adrénergique du détrusor à partir des axones sympathiques préganglionnaires se traduisant par l’existence de 81 S É R I E U R O contractions détrusoriennes de faible amplitude réversibles après administration d’alpha-bloquants. Cet aspect est classique plusieurs mois ou années après lésion traumatique de la queue de cheval, et particulièrement net lors de certaines lésions chroniques radiculo-médullaires sacrées (myéloméningocèles). Il pourrait de même rendre compte de l’hyperactivité vésicale observée (25 à 50 %) lors des syndromes de GuillainBarré avec troubles sphinctériens. Les neuropathies distales autonomes avec atteinte sympathique et parasympathique réalisent des tableaux cliniquement proches où la rapidité d’installation du processus pathologique et l’atteinte prédominante sur les afférences ou les efférences déterminent le tableau clinique. Les troubles sphinctériens deviennent essentiellement symptomatiques en cas d’atteinte du contingent parasympathique (dysurie, rétention chronique avec ou sans perturbation du besoin). L’atteinte sympathique se traduit par une exagération des manifestations d’hypersensibilité de dénervation (contractions détrusoriennes autonomes réversibles sous alpha-bloquants, hypertonie sphinctérienne par excès de tonus alpha-adrénergique). Le rôle des récepteurs bêta reste mal connu dans la physiopathologie des troubles, l’hypocompliance parfois observée pouvant être la conséquence d’un défaut du contrôle inhibiteur bêta-adrénergique observé chez l’animal. D Y N A M I Q U E Atteintes centrales Leur physiopathologie est complexe, toute atteinte focale des voies ou centres du contrôle vésico-sphinctérien déterminant une réorganisation des circuits de contrôle sous-jacent. L’expression la plus fréquente en est l’hyperactivité vésicale. Définie selon l’ICS comme la survenue de contractions non inhibées supérieures à 15 cm d’eau avant 200 cm3 de remplissage, elle ne préjuge pas de l’étiologie en dehors d’une maladie neurologique connue même si elle procède toujours d’une réorganisation de l’équilibre neurovégétatif, quelle qu’en soit la cause (obstacle sous-vésical, lésion urothéliale, trouble de la statique pelvienne). L’obstruction sous-vésicale induite expérimentalement chez le rat augmente ainsi le nombre et la taille des afférences pelviennes et abaisse le seuil du réflexe mictionnel sans modifier le contrôle supraspinal de la miction. Une instabilité vésicale est de même retrouvée chez 30 % des femmes présentant une incontinence urinaire d’effort, qui disparaît après cure chirurgicale du prolapsus pour deux tiers d’entre elles. Le caractère polyfactoriel de l’hyperactivité vésicale a ainsi conduit à une nouvelle classification des perturbations de l’inhibition vésicale, les paramètres les plus suggestifs d’une étiologie neurologique étant la perturbation associée du besoin et/ou de la commande volontaire de la miction (tableau I). Tableau I. Classification fonctionnelle des hyperactivités vésicales (Fall et coll. 1995). Test à l’eau glacée Vessie hyperactive non inhibée Détrusor instable Vessie réflexe spinale Trouble de la commande mictionnelle, hyperactivité vésicale, et/ou miction désinhibée + -/+ + Besoin Synergie Commande volontaire Inhibition volontaire vésico-sphinctérienne de la miction de la miction diminué Normale Diminuée Diminuée augmenté Normale Normale Présente diminué ou aboli Abolie Abolie Absente Trouble du besoin, hyperactivité vésicale, synergie VS ↓ Contractions vésicales autonomes, trouble de compliance, test aux alpha-bloquants + Hypoactivité vésicale, compliance ↓ ou ↑, test de dénervation ↑↑, besoin ↓ Centres corticodiencéphaliques Eau glacée + Centres pontiques activateurs Relai interneuronal spinal Centre spinal activateur Fibres Aδ Fibres C Détrusor Relais ganglionnaire prévésical Capsaïcine - 82 La Lettre du Neurologue - n° 2 - vol. III - mars-avril 1999 CLINIQUE Aucun signe fonctionnel urinaire n’est spécifique d’une affection dysautonomique. Certains signes sont cependant évocateurs d’une étiologie neurologique impliquant le système nerveux autonome : – association à d’autres dérèglements périnéaux, les troubles génito-sexuels précédant fréquemment l’apparition des troubles urinaires chez l’homme ; – perturbation du besoin, le calendrier mictionnel attestant d’une raréfaction des mictions ; – perturbation de la sensibilité de passage des urines ; – perte de la douleur à la distension vésicale aiguë par atteinte des fibres C afférentes à haut seuil ; – début nocturne des troubles témoignant d’une levée des mécanismes adaptatifs sous contrôle volontaire. EXPLORATIONS URODYNAMIQUES La classification du type de dysfonctionnement vésico-sphinctérien est obtenue par les explorations urodynamiques. Aucun signe urodynamique n’est spécifique d’un dysfonctionnement primaire du contrôle neurovégétatif. Certains paramètres doivent être systématiquement analysés comme témoins d’une réorganisation du contrôle continence-miction : – la compliance vésicale, exprimant les propriétés d’adaptation de la paroi du détrusor au remplissage ; – la pression urétrale maximale, exprimant l’activité tonique des mécanismes de clôture ; – la pression détrusorienne maximale, exprimant la puissance contractile du détrusor ; – la relation pression/débit, traduisant la résistance à l’écoulement. Le test à l’eau glacée Bors et coll. (1957) observent que l’instillation rapide d’eau glacée provoque des contractions non inhibées avec abaissement du seuil du réflexe mictionnel chez des patients présentant une lésion médullaire supra-sacrée non observée chez les sujets normaux. Les voies afférentes de ce réflexe au froid ont été identifiées comme des fibres C “silencieuses” non impliquées dans le réflexe mictionnel du sujet normal adulte. La démonstration de cette réorganisation pathologique du réflexe mictionnel chez le sujet neurologique ou immature est apportée par la négativation de ce test après instillation intravésicale de capsaïcine (neurotoxique sélectif des afférences primaires non myélinisées) chez le rat spinalisé chronique. Ce test a conduit à proposer une nouvelle classification des anomalies de l’inhibition vésicale (tableau I). Tests pharmacologiques de dénervation Les tests de dénervation ont pour intérêt d’étudier les modifications de la balance sympathique-parasympathique sous l’effet d’un médiateur et du site présumé de l’atteinte. L’urécholine est essentiellement utilisée pour son activité parasympathomimétique directe sur les récepteurs muscariniques et à La Lettre du Neurologue - n° 2 - vol. III - mars-avril 1999 un moindre degré sur la synapse cholinergique préganglionnaire. La réversibilité de certaines anomalies cystomanométriques après administration d’alpha-bloquants en flash intraveineux renseigne sur la part d’une hypersensibilité de dénervation alpha-adrénergique dans la genèse de certains troubles (contractions autonomes du détrusor, hypoactivité du détrusor avec hypertonie cervico-sphinctérienne). Tests électrophysiologiques L’étude des fibres amyéliniques et des fibres myélinisées de petit diamètre est généralement impossible par les techniques conventionnelles. Les potentiels cutanés sympathiques résultent d’une variation de la résistance des tissus cutanés induite par les glandes sudoripares secondaire à l’activation des fibres efférentes de type C qui innervent ces glandes. Lorsqu’il existe un trouble du tonus sympathique des extrémités, la fiabilité de ce test est comparable à celle des tests cardiovasculaires (8). Il est montré un bon accord entre la perturbation des potentiels cutanés sympathiques et les anomalies de la contractilité détrusorienne dans le diabète (10). Corrélation des troubles sphinctériens avec les autres tests végétatifs Quand une atteinte diffuse du système nerveux autonome est suspectée, on peut utiliser des tests non invasifs et quantifiables pour confirmer le diagnostic et déterminer le type de l’atteinte : sympathique, parasympathique ou les deux. L’existence d’anomalies d’un ou plusieurs de ces tests est bien corrélée à l’existence de troubles vésico-sphinctériens parfois asymptomatiques (6). La variation des pressions urétrales sous médiation alpha-adrénergique est ainsi corrélée avec les variations de la tension artérielle lors des hypotensions orthostatiques baroréflexes dans la maladie de Shy et Drager. Un autre exemple est fourni par l’association entre gastroparésie et neurovessie autonome diabétique (4). Maladie de Parkinson Les troubles vésico-sphinctériens deviennent symptomatiques dans 40 à 70 % des cas de maladie de Parkinson, et ce pourcentage s’élève dans les études urodynamiques. Les symptômes cliniques sont toujours associés à d’autres manifestations neurologiques et regroupent des signes irritatifs (pollakiurie nocturne puis diurne, impériosité) en rapport avec une hyperactivité détrusorienne et des signes obstructifs moins fréquents associant dysurie d’initiation, dribbling postmictionnel et vidange incomplète. Le mécanisme le plus fréquent est l’hyperactivité du détrusor, conséquence directe de la déplétion dopaminergique. Les signes obstructifs restent de physiopathologie discutée (perturbation du contrôle tonique du sphincter, asynergie de commande périnéale) et doivent toujours conduire à éliminer une cause obstructive mécanique chez l’homme. En l’absence de cause urologique associée, la dysurie semble liée à d’autres troubles axiaux non dopaminodépendants et constituer un facteur de mauvais pronostic global. 83 S É R I E U R O D Y N A M I Q U E Atrophies multisystématisées Diabète Les troubles vésico-sphinctériens sont un mode d’expression classique et précoce des différentes formes d’atrophies multisystématisées (AMS) préalablement décrites comme la maladie de Shy et Drager (MSD), la dégénérescence striatonigrique (DSN) et certaines atrophies olivopontocérébelleuses (AOPC). Toutes formes confondues, les anomalies les plus fréquentes associent hyperactivité du détrusor, perturbation de l’initiation volontaire de la miction et d’importantes perturbations du contrôle cervicourétral (insuffisance sphinctérienne et incompétence du col) (7). Certaines distinctions restent identifiables au sein des différents sous-groupes en fonction du stade évolutif. Les troubles vésico-sphinctériens de la MSD sont les plus fréquents, retrouvés dans 90 % des cas après l’hypotension orthostatique et révélateurs de la maladie dans 60 % des cas. La symptomatologie génito-sexuelle est moins fréquente (80 %) mais souvent inaugurale de la maladie. Les troubles vésicosphinctériens sont d’expression polymorphe, dominés par l’incontinence (80 % des cas). Une rétention chronique s’installe classiquement avec la durée d’évolution de la maladie et persiste, voire s’aggrave, après chirurgie d’une cause urologique obstructive associée. L’élément clinique le plus évocateur est l’existence d’une incontinence d’effort chez l’homme en l’absence de tout signe neuropérinéal déficitaire ou d’antécédent spécifique (chirurgie prostatique). Si la clinique permet de différencier la MSD et l’AOPC de la MP, les explorations urodynamiques apportent des éléments complémentaires précieux dans le diagnostic différentiel avec la DSN (1). L’élément caractéristique, dans ce dernier cas, est l’apparition d’une hypoactivité du détrusor (66 % des cas) associée ou non à un trouble de compliance. L’hypoactivité avec hypocontractilité du détrusor constitue un tournant évolutif de la maladie par atteinte des colonnes intermédiolatérales de la moelle (7). Les lésions dégénératives observées au niveau des noyaux dorsaux pontiques et des formations réticulées latérales de la moelle contribueraient de même au développement progressif d’une rétention chronique par perte de l’initiation volontaire de la miction. Les études neuropathologiques dans les AMS ont montré d’autre part une atteinte sélective des motoneurones sphinctériens au sein des noyaux d’Onuf. L’examen de détection EMG des sphincters (urétral et anal) est le test le plus spécifique des différents modes de présentation de la maladie chez l’homme (88 % à 94 %) (9), celui-ci retrouvant un tracé appauvri et accéléré par la sommation temporelle, potentiels polyphasiques de durée augmentés (> 10 ms) et décharges répétitives complexes. La spécificité est moins bonne chez la femme en raison des antécédents gynéco-obstétricaux. Le traitement fait appel aux médications parasympatholytiques en cas d’hyperactivité vésicale. Leur utilisation reste limitée en raison du risque d’aggravation du résidu postmictionnel fréquemment associé dans les formes évoluées. Les alphamimétiques peuvent être utilisées afin de renforcer les mécanismes alpha-adrénergiques de clôture cervico-sphinctérienne en traitement associé de l’hypotension orthostatique avec les minéralo-corticoïdes. La desmopressine en prise vespérale peut parfois limiter la symptomatologie nocturne. Une estimation de la fréquence des troubles vésico-sphinctériens au cours du diabète a été relevée chez 20 à 88 % des patients, avec pour la plupart des séries un taux proche de 50 %. Il n’existe aucune corrélation entre les troubles urinaires, l’âge et le type du diabète. La symptomatologie fonctionnelle est extrêmement variable suivant le mécanisme physiopathologique : neurovessies d’atteinte centrale par atteintes des voies ou des centres du contrôle supra-sacré secondaire à la micro-angiopathie, neurovessie périphérique touchant le système nerveux somatique (voies sensitives principalement) et atteinte végétative affectant aussi bien le système sympathique que parasympathique, modifications de la diurèse. Dans les enquêtes de prévalence, leur traduction cystomanométrique est essentiellement l’hyperactivité du détrusor (55 %) (5). Il est par ailleurs admis que 75 à 100 % des patients présentant une neuropathie périphérique vont développer une cystopathie autonome diabétique. Le début des troubles est insidieux par un émoussement du besoin, une altération de la vidange vésicale et le développement d’un résidu chronique. La traduction cystomanométrique est une hypoesthésie avec hypocontractilité du détrusor. Les études cystomanométriques chez le rat diabétique ont montré que la force de la contraction vésicale était directement liée au taux d’innervation des nerfs pelviens à destinée détrusorienne, témoignant de la responsabilité de la neuropathie autonome dans la genèse des troubles (rétention chronique, dysurie). Le résidu chronique ne devient un facteur de risque infectieux que lorsque s’y associe une cause obstructive sous-vésicale soulignant l’intérêt d’un bilan urologique devant toute rétention chronique chez un diabétique connu. Le développement de la néphropathie diabétique semble en revanche indépendant de l’existence d’une rétention chronique, et évolue indépendamment des anomalies cystomanométriques. 84 Traitement Le traitement des troubles vésico-sphinctériens dans les affections dysautonomiques ne diffère pas des stratégies adoptées pour d’autres affections neurologiques. Ce choix repose sur l’identification du mécanisme en cause et des facteurs de risque sur les plans infectieux et uro-néphrologique. L’utilisation des molécules adrénergiques et cholinergiques doit prendre en compte les effets possibles sur le système cardiovasculaire dans les atteintes diffuses qui en limitent fréquemment la prescription (tableau II). La place d’autres agents non adrénergiques et non cholinergiques (antagonistes des récepteurs NMDA, NK2, capsaïcine) reste à préciser. Le recours aux différentes molécules reste indissociable du traitement impératif des troubles ano-rectaux constituant des épines rétentiogènes par effet viscéro-viscéral inhibiteur, du traitement symptomatique (sondages intermittents) de toute rétention chronique constituant pour son propre compte un facteur de remaniement morphologique du détrusor, du traitement des causes uro-gynécologiques associées intervenant comme cofacteur de risque infectieux. Le suivi de l’efficacité et de la tolérance est un impératif en raison de l’extrême labilité de l’équilibre vésico-sphinctérien au cours évolutif de nombreux La Lettre du Neurologue - n° 2 - vol. III - mars-avril 1999 Tableau II. Principales classes pharmacologiques. Mécanisme d’action Classe pharmacologique Anticholinergiques muscariniques Bloqueurs des canaux calciques Tricycliques Parasympathomimétiques directs Anticholinestérasiques Toltérodine, Oxybutynine, Flavoxate, Propanthéline bromure Nifédipine, Pinavérium bromure Imipramine Betanechol Pyridostigmine, Ambénonium Metoclopramide Agonistes alpha-adrénergiques Tricycliques Œstrogènes Phénylpropanolamine bromure, Midodrine Imipramine Estriol, Promestriène Réduction des résistances urétrales Muscle lisse Antagonistes alpha-adrénergiques Muscle strié Benzodiazépines Prazosine, Moxisylyte, Térazosine, Alfuzosine Diazépam Dantrolène Baclofène Régulateur de la diurèse Hormone antidiurétique Desmopressine R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Bonnet A.M., Pichon J., Vidailhet M. et coll. Urinary disturbances in striatonigral degeneration and Parkinson’s disease : clinical and urodynamic aspects. Mov Disord 1997 (juil.) ; 12 (4) : 509-13. 2. De Groat W.C., Booth A.M., Yoshimura N. Neurophysiology of micturition and its modification in animal models of human disease, Maggi C.A. : The autonomic nervous system, Vol 3, Nervous control of the urogenital system, Harwood Academic Publishers, London 1993 ; 227-90. 3. Ekström J., Malmberg L. Disuse as cause of supersensitivity in the rat urinary bladder. Acta Physiologic Scandinavica 1986 ; 126 : 429-32. 4. Goldman H.B., Dmochowski R.R. Lower urinary tract dysfunction in patients with gastroparesis. J Urol 1997 (mai) ; 157 (5) : 1823-5. 5. Kaplan S.A., Te A.E., Blaivas J.G. Urodynamic findings in patients with diabetic cystopathy. J Urol 1995 (fév.) ; 153 (2) : 342-4. 6. Katsumi T., Murayama K. A clinical study on the R-R interval of Ecg in diabetic neurogenic bladder. Hinyokika Kiyo 1986 (juin) ; 32 (6) : 819-22. 7. Kirby R., Fowler C., Gosling J. et coll. Urethro-vesical dysfunction in progressive autonomic failure with multiple system atrophy. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1986 ; 49 (5) : 554-62. 8. Low P.A., Zimmerman B.R., Dyck P.J. Comparison of distal sympathetic with vagal function in diabetic neuropathy. Muscle a Nerve 1986 ; 9 : 592-6. 9. Stocchi F., Carbone A., Inghilleri M. et coll. Urodynamic and neurophysiological evaluation in Parkinson’s disease and multiple system atrophy. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1997 (mai) ; 62 (5) : 507-11. 10. Ueda T., Yoshimura N., Yoshida O. Diabetic cystopathy : relationship to autonomic neuropathy detected by sympathetic skin response. J Urol 1997 ; 157 (2) : 580-4. La Lettre du Neurologue - n° 2 - vol. III - mars-avril 1999 A U T O - É V A L U A T I O N A U T O - É V A L U A T I O N 1. Quelles sont les anomalies urodynamiques évocatrices d’une AMS dans le diagnostic différentiel avec la maladie de Parkinson ? A. hyperactivité du détrusor B. insuffisance sphinctérienne C. trouble de compliance D. dyssynergie vésico-sphinctérienne E. perturbation de l’adaptation tonique du sphincter à l’orthostatisme 2. L’origine dysautonomique centrale d’une rétention chronique peut être évoquée sur les arguments suivants : A. positivité du test à l’eau glacée B. hyperactivité du détrusor avec perturbation du besoin C. positivité du test à l’urécholine D. dyssynergie vésico-sphinctérienne E. 85 de compliance 3. Parmi les propositions suivantes, lesquelles sont exactes ? A. l’examen EMG des sphincters est un test spécifique pour différencier une AMS d’une MP chez l’homme B. dans la DSN, la rétention chronique est en rapport avec une hypoactivité du détrusor avec perte de l’initiation volontaire de la miction C. la dysurie est une expression possible de la MP, en dehors de toute cause obstructive sous-vésicale D. l’hyperactivité vésicale est un des mécanismes observés dans la genèse des troubles urinaires au cours du diabète E. l’existence de troubles vésico-sphinctériens est corrélé à un type de diabète 3 : A, B, C et D dysfonctionnements autonomes et du possible échappement thérapeutique. Celui-ci repose sur la tenue d’un catalogue mictionnel effectué de façon séquentielle associé à une évaluation morphologique urinaire annuelle ou bi-annuelle par échographie vésico-rénale. ■ 2 : A, B et D Augmentation des résistances urétrales 1 : B, C et E Facilitation de la contraction vésicale Réponses : Facilitation de la relaxation vésicale DCI 85