Les nouveaux enjeux infirmiers

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Cancérologie
Les nouveaux enjeux infirmiers
La médecine et, singulièrement, la cancérologie, évolue. Face
aux progrès thérapeutiques, à l’efficacité grandissante des
traitements et à l’amélioration de leur tolérance, le corps
soignant, notamment infirmier, doit réussir son adaptation.
L
a profession infirmière regroupe désormais au moins
deux métiers. On lui demande en
effet non seulement un savoir
technique de plus en plus pointu,
mais également une capacité
d’écoute et de soutien du patient
et de son entourage, sur le plan
psychologique en particulier.
Cette évolution s’est accompagnée d’une implication des infirmières de plus en plus importante
dans les démarches d’évaluation
des pratiques de soins, et plus généralement dans la recherche clinique en cancérologie.
Favoriser la culture
de l’évaluation
A l’hôpital Saint-Louis (AP-HP),
par exemple, la démarche qualité
du projet de soins infirmiers s’appuie sur un processus d’amélioration continue de la qualité en
soins infirmiers. Ses objectifs sont
de deux ordres : la programmation d’actions d’évaluation systématique, d’une part, la mise en
place de plans d’actions qualité
écrits et validés, d’autre part. Une
démarche participative et pluridisciplinaire permet à l’encadrement de se positionner comme
acteur dynamique dans la mise en
œuvre des projets, de formaliser
des résultats, de hiérarchiser des
actions d’amélioration.
Pour chaque service, la mesure de
la qualité est réalisée par des auditeurs internes/observateurs.
Une journée d’audit comprend
quarante observations centrées
sur le patient (120 critères pris
dans le référentiel IGEQSI*) et
une observation centrée sur
l’unité (30 critères). Un service
audité représente 5 à 8 journées
d’observation. La reconstitution
des résultats globaux se fait, elle,
au niveau de l’entité. Les résultats
sont restitués au cadre et par le
cadre, au chef de service et aux
équipes. Des plans d’actions qualité sont alors élaborés dans
chaque service par une équipe
projet, suivant une structure
commune : objectifs, actions, acteurs, moyens, échéancier, indicateurs de suivi. Ce choix méthodologique a permis de créer
une dynamique institutionnelle,
faisant de la culture d’évaluation
et d’amélioration de la qualité une
valeur partagée par tous et un axe
de progrès permanent.
Une prise en charge
la plus homogène possible
Toujours dans le domaine de la démarche qualité, les infirmières de
l’institut Gustave-Roussy (IGR) ont
développé un nouvel aspect : le
suivi téléphonique des patients en
ambulatoire. Cette prestation de
soins infirmiers doit permettre
d’accroître la sécurité et le bien-être
des usagers de soins, de s’informer
de leur état de santé et, si besoin,
de leur prodiguer les conseils qui
s’imposent. Ce suivi, qui n’est en
soi pas réellement nouveau pour
les infirmières de l’IGR, devrait
prendre, à court terme, toute son
importance compte tenu de l’explosion de l’ambulatoire dans le
système hospitalier. En effet, le développement de l’ambulatoire répond aux impératifs actuels. Il
s’agit de réduire les coûts de santé
mais aussi d’améliorer la qualité de
vie et de garantir la sécurité des patients en préservant leur autonomie et en apportant une réponse à
leurs besoins et à leurs attentes. De
plus, il relève de la responsabilité
infirmière de renforcer l’informa-
tion et l’éducation des patients, il
s’agit donc d’un rôle renforcé dans
le suivi des soins.
Sur le plan du soutien au patient,
l’équipe infirmière d’oncologie radiothérapique du CHU de Poitiers
a proposé une solution simple pour
assurer une prise en charge soignante la plus homogène possible,
tout en assurant l’efficacité du traitement radiothérapique. Un outil
pédagogique intitulé “Soins infirmiers pendant la radiothérapie”, qui
n’est pour l’heure qu’une base de
travail, s’appuie sur le constat selon
lequel les mêmes soins, les mêmes
conseils prodigués aux patients
construisent une confiance sans laquelle il est difficile de travailler. Le
même bon soin permet d’améliorer
au mieux le confort de vie des patients. Il est essentiel de surveiller,
par exemple, les premières complications dues au traitement afin
d’éviter les interruptions toujours
préjudiciables à l’efficacité de la radiothérapie et, par voie de conséquence, au taux de survie.
Enfin, l’expérience infirmière en
recherche clinique à l’institut Curie (Paris) mérite elle aussi d’être
exposée. En janvier 2001, une
Unité d’investigation clinique
(UIC) a été créée au sein du département d’oncologie médicale.
Cette création est la réponse proposée à la volonté de professionnalisation et d’intégration de la recherche clinique dans la pratique
médicale en oncologie. A ce titre,
l’UIC est une unité transversale
(chimiothérapie, immunothérapie, hormonothérapie, thérapie
génique) qui a pour fonction l’organisation et l’autonomisation de
l’activité de recherche.
Stéphane Henri
D’après les propos tenus
lors de la 5e réunion du GRIOH parrainée
par les laboratoires GSK (RSTI 2002).
* Instrument global d’évaluation de la qualité des
soins infirmiers.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 46 - mai 2003
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