A B S T R A C T S Abcès rétropharyngé sur corps étranger Retropharyngeal abscess, secondary to penetrating foreign bodies. Poluri A, Singh B, Sperling N • J Craniomaxillofacial Surg 2000 ; 28 : 243-6. Cette équipe new-yorkaise rapporte une série de 8 abcès rétropharyngés sur corps étranger observés sur une période de 12 ans. Le corps étranger était une arête de poisson dans six cas, un os dans un cas et une cartouche d’encre dans un cas. L’abcès était présent à l’arrivée aux urgences dans six cas. Quatre de ces patients avaient déjà eu un examen quelques jours auparavant qui n’avait pas permis de découvrir le corps étranger. Dans deux cas, l’abcès s’est développé après extraction du corps étranger. L’un de ces patients avait un syndrome d’immunodéficience acquise. Facteurs pouvant prédire l’impossibilité de réaliser en ambulatoire une tympanoplastie avec mastoïdectomie Outpatient tympanomastoidectomy : factors affecting hospital admission. Megerian CA, Reily J, O’Connell FM, Heard SO • Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2000 ; 126 : 1345-50. De plus en plus d’interventions sont réalisées en ambulatoire. Un des facteurs limitant la possibilité du retour au domicile le soir même est la survenue de nausées et de vomissements. Cette complication est beaucoup plus fréquente après les interventions otologiques qu’après d’autres types d’interventions, pouvant, dans certaines séries, atteindre 80 % des patients. Cela s’explique par le traumatisme prolongé du labyrinthe par l’irrigation (stimulation calorique unilatérale), l’aspiration et le fraisage (vibrations et traumatisme sonore). Les auteurs ont étudié, sur une série homogène de patients, les facteurs qui permettraient de prédire l’infaisabilité de l’ambulatoire et feraient prévoir une hospitalisation classique. La série était homogène car il n’y a eu qu’un seul opérateur et tous les patients ont eu une tympanoplastie avec mastoïdectomie. Il y avait 103 patients âgés de 2 à 73 ans, avec une moyenne de 34 ans. Dans deux tiers des cas, il y avait un cholestéatome. La durée moyenne de l’intervention a été de 158 minutes et la durée moyenne de l’anesthésie de 214 minutes. Trente-quatre patients (33 %) sont sortis le soir même, 95 le lendemain, et 8 un peu plus tard. Les patients qui sont restés plus de 24 heures avaient tous des problèmes médicaux requérant une surveillance postopératoire particulière. Les patients qui sont sortis le lendemain de l’intervention avaient été opérés dans l’après-midi ou avaient des nausées et des vomissements. Le risque de nausées était complètement indépendant de la durée de l’intervention, de la durée de l’anesthésie, de l’emploi de protoxyde d’azote, de l’administration peropératoire de drogues anti-émétiques. Il était en revanche significativement plus élevé chez les patients qui avaient le mal des transports et chez les patients qui avaient eu des nausées lors d’interventions chirurgicales antérieures. Les kystes rétentionnels du sinus maxillaire Do maxillary sinus retention cysts reflect obstructive sinus phenomena ? Bhattacharyya N • Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2000 ; 126 : 1369-71. Des kystes rétentionnels sont fréquemment observés dans le sinus maxillaire chez des patients asymptomatiques, mais ils sont un peu plus fréquents chez des patients se plaignant de leurs sinus. Leur signification n’est pas claire. L’auteur a repris 410 scanners des sinus effectués chez des adultes se plaignant de symptômes rhinosinusiens. Il a retrouvé un kyste rétentionnel dans 51 cas, plus fréquemment chez des femmes (36 cas) que chez des hommes (15 cas). Le kyste était solitaire dans 45 cas. Il y avait un kyste dans les deux sinus maxillaires dans 9 cas. L’analyse a porté sur les 42 cas de kyste unilatéral, le sinus controla28 téral servant alors de contrôle. Le kyste mesurait de 0,5 à 4,4 cm de diamètre (moyenne 1,6 cm), et la moitié des kystes étaient au bas-fond sinusien. Le kyste n’obstruait directement le méat que dans un cas. Il n’y avait pas de différence significative de taille entre les méats des deux côtés. La présence d’un kyste n’était pas corrélée à l’existence d’une concha bullosa ou de cellules de Haller. En conclusion, le kyste rétentionnel du sinus maxillaire n’est pas dû à une variante anatomique du complexe ostioméatal et ne reflète pas l’obstruction persistante du méat sinusien. M. François La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 259 - janvier 2001 Agressivité des épithéliomas de la langue chez la femme jeune More aggressive behavior of squamous cell carcinoma of the anterior tongue in young women. Vargas H, Pitman K, Johnson J, Galati L • Laryngoscope 2000 ; 110 : 1623-6. Il y a, tous les ans, 6 400 nouveaux cas d’épithéliomas de la langue mobile aux États-Unis. Dans neuf cas sur dix, le patient a plus de 45 ans et souffre d’une intoxication alcoolotabagique. La survenue d’un tel épithélioma chez un patient beaucoup plus jeune, sans intoxication alcoolo-tabagique, fait évoquer la possibilité d’une prédisposition génétique et fait craindre un plus mauvais pronostic. Pour étudier l’agressivité des épithéliomas de la langue chez la femme jeune, les auteurs ont comparé une série de 17 patientes âgées de moins de 40 ans à une série de 17 patients âgés de plus de 40 ans qui avaient des épithéliomas de la langue mobile de stade comparable. Ces femmes avaient eu une résection locale associée, dans 14 cas, à un curage ipsilatéral, dans 2 cas à un curage bilatéral, dans 9 cas à une radiothérapie et dans 4 cas à une chimiothérapie. La survie actuarielle n’est pas statistiquement différente dans les deux groupes. En revanche, les femmes les plus jeunes ont eu plus de récidives locales (65 % versus 41 %, p = 0,02) et des récidives plus précoces (14 mois versus 40 mois, p < 0,05) que les patients les plus âgés. Les auteurs en concluent qu’il faut faire un traitement initial d’autant plus agressif et une surveillance d’autant plus étroite qu’il s’agit de patients jeunes, sans facteur prédisposant. Prise en charge de la douleur dans le traitement des abcès périamygdaliens Management of pain in peritonsillar abscess. Nwe TT, Singh B • J Laryngol Otol 2000 ; 114 : 765-7. Plusieurs articles ont été publiés sur le traitement ambulatoire des abcès périamygdaliens par ponction(s). Ces articles s’attachaient à comparer le taux de guérison à celui du traitement classique par incision-drainage, mais ne parlaient pas du confort du patient, c’est-à-dire de l’évolution des symptômes. Les auteurs ont fait une étude prospective randomisée du traitement des abcès périamygdaliens chez 75 adultes. Ils ont comparé trois modalités thérapeutiques : la perfusion d’antibiotiques (en l’occurrence 600 000 U de pénicilline/6 h) associée à de la morphine (0,25 mg/kg/6 h en i.m.), la ponction de l’abcès sous anesthésie locale associée à une injection i.m. de pénicilline retard et du paracétamol per os, et l’incision du pilier antérieur de l’amygdale sous anesthésie locale associée à une injection i.m. de pénicilline retard et du paracétamol per os. Il n’y a eu aucun échec de traitement dans le dernier groupe. Cependant, 8 patients traités par antibiothérapie i.v. (30 %) et 6 patients traités par ponction (24 %) continuaient à avoir trismus et fièvre 48 heures après le début du traitement et ont dû subir une incision d’abcès. L’évolution des symptômes est aussi très en faveur de l’incision d’emblée. Deux heures après le début du traitement, aucun patient sous antibiotique i.v. et 98 % des patients qui avaient eu une ponction ne pouvaient boire de l’eau, alors que tous les patients dont l’abcès avait été incisé buvaient sans aucune douleur. Au bout de 24 heures, 95 % des patients sous antibiotiques i.v. et 65 % des patients ponctionnés avaient encore de la fièvre, contre 25 % des patients qui avaient eu une incision. Enfin, le trismus était beaucoup plus prolongé chez les patients traités par antibiotiques que chez ceux traités par ponction ou par incision. Méningite après stapédotomie Meningitis following stapedotomy : a rare and early complication. Nielsen TR, Thomsen J • J Laryngol Otol 2000 ; 114 : 781-3. Les auteurs rapportent le cas d’une patiente de 33 ans qui a fait une méningite trois jours après une stapédotomie. Cette patiente avait une surdité de transmission de 15 dB avec tympanogramme normal. Elle a eu une exploration de caisse qui a confirmé l’otospongiose. L’opérateur lui a alors fait une platinectomie calibrée et a mis en place un piston dont le pied a été entouré de Gelfoam. La patiente est sortie, comme prévu, le lendemain de l’intervention. Le Weber était alors latéralisé du côté opéré. Elle est revenue au troisième jour pour des nausées, vomissements, vertiges et douleurs auriculaires. Elle était apyrétique. À l’examen, le Weber était latéralisé du côté sain et elle avait un nystagmus de destruction. L’opérateur a alors retiré le piston sous anesthésie générale et a obturé la platine avec du tissu conjonctif et du Gelfoam. Le lendemain, la patiente a été mise sous antibiotiques car elle commençait à avoir de la fièvre. Les hémocultures montreront une infection à S. pneumoniae sensible à la pénicilline. Puis sont apparues une raideur de la nuque et des céphalées. La ponction lombaire a retrouvé un liquide louche. La culture du LCR est restée stérile : il s’agissait d’une méningite purulente décapitée. Deux ans après l’intervention, la patiente est cophosée du côté opéré, elle a des vertiges sporadiques et se plaint de céphalées et d’acouphènes. La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 259 - janvier 2001 M. François 29 A B S T R A C T S Mastoïdite à pneumocoque chez l’enfant Pneumococcal mastoiditis in children. Kaplan SL, Mason EO, Wald ER et al. • Pediatrics 2000 ; 106 : 695-9. L’émergence de souches de pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline (PSDP) a fait craindre une flambée de mastoïdites aiguës chez l’enfant. Les auteurs ont fait une étude rétrospective des mastoïdites aiguës chez l’enfant couvrant huit centres pédiatriques aux États-Unis, de 1993 à 1998. Ils n’ont pas retrouvé une telle augmentation du nombre de cas de mastoïdites aiguës. Il y a eu 1 cas de mastoïdite aiguë à PSDP en 1994, 2 en 1995, et 4 en 1996, 1997 et 1998. Paral- lèlement, il y a eu 4 mastoïdites aiguës à pneumocoque sensible en 1994, 6 en 1995, 11 en 1996, 8 en 1997 et 5 en 1998. Ces mastoïdites sont survenues dans 82 % des cas chez des enfants de moins de 2 ans. Seul un quart des enfants avait des antécédents d’otites moyennes aiguës récidivantes. Les sérotypes les plus fréquents étaient les sérotypes 19 (57 % des cas), 23 (14 % des cas) et 3 (11 % des cas). M. François PUB TANAKA à incorporer 30 La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 259 - janvier 2001