V ocabulaire Kyste B analisé par la médecine, le mot kyste, que son orthographe trahit comme venant du grec, apparaît en français au Moyen Âge sous la forme kisti, puis kist. Il ne se fixe sous la forme actuelle qu’au xviiie siècle, époque où son sens se précise. Car, dans la langue grecque, kustis, qui venait d’un très ancien verbe indo-européen signifiant “souffler”, pouvait désigner une vessie de porc gonflée, aussi bien que la vessie humaine. Ce sens de “vessie” existe encore en grec moderne, et c’est lui qu’on retrouve dans le préfixe cysto-, où le c correspond à un passage par le latin médical (par exemple cystitis avant cystite). Le mot kyste s’est limité à la pathologie ; il est devenu courant au début du xviiie siècle, entraînant la création d’un adjectif, kystique, et de enkysté, qui décrit la situation de tissus vivants, normaux ou non, enfermés dans une poche sans ouverture. À côté des kystes affectant divers organes –, les kystes ovariens sont bien connus –, on appelle par le même terme des pathologies osseuses et parfois des formations parasitaires, baptisées plus précisément pseudokystes. À un éventail de situations déjà riche, s’ajoute l’emploi du mot en biologie végétale et animale, à propos de cellules protégées par une membrane. Si dans l’ensemble, en pathologie humaine, le mot s’applique à des formations de nature bénigne, leur évolution rend souvent un traitement chirurgical nécessaire. Reste que ce mot est moins menaçant que beaucoup d’autres. On peut penser qu’il doit ce caractère à son origine : non une anomalie, mais un organe normal et nécessaire. ■ Alain Rey, directeur de rédaction du Robert, Paris. 105 Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 3 - juillet-août-septembre 2008