M Une complication exceptionnelle de l’échographie transœsophagienne

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Une complication
exceptionnelle de l’échographie
transœsophagienne
D. Messika-Zeitoun*
* Service de cardiologie, hôpital Bichat, Paris.
M
onsieur F., 79 ans, est adressé au service de
cardiologie pour évaluation d’une valvulopathie mitro-tricuspide symptomatique. Il
a bénéficié en 2001 d’un remplacement valvulaire
par prothèse mécanique pour une sténose étiquetée
dégénérative. Depuis 1 an environ, il est gêné (classe III
de la NYHA), avec plusieurs hospitalisations pour insuffisance cardiaque congestive.
À son arrivée, le patient est en relativement bon état
général. L’hémodynamique est conservée. L’auscultation retrouve des bruits de prothèses normaux et
un souffle 3/6 au foyer mitral. Il existe de discrets
signes d’insuffisance cardiaque globale. Le patient
est en fibrillation auriculaire. Une échographie transthoracique et transœsophagienne est effectuée,
retrouvant un ventricule gauche dilaté à fonction
systolique conservée, un bon fonctionnement
de la prothèse aortique, une fuite mitrale sévère
dégénérative avec de volumineuses calcifications
valvulaires et annulaire ainsi qu’une insuffisance
tricuspide sévère.
Douze heures après l’échographie transœsophagienne,
le patient présente une douleur épigastrique brutale.
L’abdomen est sensible. Une radiographie pulmonaire
est effectuée (figure 1).
Quel est votre diagnostic ?
I M A G E
Figure 1. Radiographie pulmonaire.
La Lettre du Cardiologue • n° 464-465 - avril-mai 2013 | 11 IMAGE COMMENTÉE
Il s’agit d’un pneumopéritoine (flèches, figure 2).
Le diagnostic est confirmé par un scanner qui objective
une probable perforation au niveau de la grande courbure de l’estomac. Le patient est opéré en urgence sous
cœlioscopie, permettant la fermeture de la perforation
et des lavages de la cavité péritonéale. Les suites ont
été relativement simples.
L’échographie transœsophagienne est un examen de
routine en cardiologie. Il demeure néanmoins semiinvasif, avec un risque de complications faible mais non
nul, estimé entre 0,2 % et 0,5 % (incluant les complications minimes). Le risque de mortalité est, lui, estimé
inferieur à 0,01 %. Les principales complications sont
traumatiques et hémorragiques. La présentation est le
plus souvent bruyante, mais peut être masquée chez
les patients de réanimation. Les atteintes traumatiques peuvent toucher la sphère bucco-dentaire (sinus
piriforme), l’œsophage (surtout sa portion haute) et
l’estomac (figure 3). Les lésions gastriques sont liées
aux manipulations de la sonde lors des incidences et
touchent principalement la grande courbure.
■
I M A G E S
Figure 2. Pneumopéritoine visible
à la radiographie pulmonaire.
Bucco-dentaire :
dents, langue
Oropharyngé :
lacération,
perforation
Échographie
transœsophagienne
Larynx : cordes vocales,
trachéotomie
Œsophage :
lacération,
perforation,
fausse route
Estomac : lacération,
perforation
Figure 3. Atteintes traumatiques selon les sites.
12 | La Lettre du Cardiologue • n° 464-465 - avril-mai 2013
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