Soins libéraux 36 26/03/04 16:14 Page 36 Soins Libéraux Nutrition Que penser des compléments alimentaires ? Les compléments alimentaires sont classés en trois principales catégories et sont prescrits dans des situations de dénutrition et d’amaigrissement, dus à l’âge ou à certains états pathologiques. En aucun cas, ils ne remplacent un repas. es compléments alimentaires sont des mélanges polymériques, constitués de nutriments naturels peu ou pas dégradés. L’intérêt de ces produits est de fournir, sous de petits volumes, un apport calorique et protéique important, ainsi qu’un apport en vitamines et minéraux. Leur rôle est de compléter un régime alimentaire insuffisant afin d’améliorer l’état général, de rétablir le poids de forme et de stimuler l’envie de manger. On retrouve trois nutriments énergétiques : les protéines (lait, soja…), les lipides (colza, tournesol, maïs…) et les glucides (saccharose, malto-dextrines...) qui sont plus ou moins présents dans les compléments alimentaires. Ceux-ci composent trois catégories principales : les hyper-caloriques (au moins 1 calorie par ml), les hyper-protidiques (le taux de protéines doit être > à 15 % de l’apport énergétique total) et les équilibrés. L Dans quel cas ? La dénutrition peut être sournoise et s’installer très rapidement. Elle est la conséquence de carences quand le patient n’a pas d’appétit, par exemple, ou d’un état d’hypercatabolisme (quand la pathologie entraîne une augmentation des besoins), ou encore des deux. Les pathologies qui provoquent cet hypercatabolisme sont essentiellement les infections (VIH en particulier), les cancers, les hyperthyroïdies et tous les états inflammatoires en général. Mais les patients ayant subi une chirurgie maxillo-faciale ou ceux en perte d’autonomie, comme les personnes âgées, souffrant de solitude ou d’inappétence, sont concernés également. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 53 • mars 2004 Comment prescrire Souvent, la personne conçoit une aversion pour la nourriture. L’astuce est donc de prescrire le complément alimentaire, non comme un aliment, mais comme un médicament afin de renforcer l’adhésion du malade. Certains sont d’ailleurs partiellement remboursés par la Sécurité sociale sur prescription médicale et certaines mutuelles acceptent de rembourser l’autre partie. Cinq pathologies sont prises en charge : la mucoviscidose, le VIH, l’épidermolyse bulleuse, les maladies neuromusculaires, les tumeurs. En cas de dénutrition globale (énergétique), on donne un produit hyper-calorique (personne âgée, cancer, problèmes de déglutition et de mastication). Face à un cas de dénutrition protéique, on donne un produit hyper-protidique (grands brûlés, escarres, chirurgies lourdes, sida). S’il s’agit seulement d’un problème d’inappétence momentané ou d’un dégoût alimentaire, on complète avec un produit équilibré avant que la dénutrition ne s’installe. Cependant, chaque personne doit consommer des produits adaptés selon que la dénutrition est associée à une diarrhée, une constipation, des troubles de la glycémie ou encore des troubles de la déglutition qui nécessitent des textures spéciales. Il faut également prévenir la déshydratation et, en principe, tous ces produits sont sans gluten. Par ailleurs, le goût ne doit pas être en reste. Ainsi, le malade a un choix de saveurs - salées ou sucrées – et un choix de textures – liquides, semi-liquides, crèmes, yaourts ou mixés prêts à l’emploi ou à reconsti- tuer, poudres à goût neutre pour enrichir les préparations classiques… Tous les produits ont l’avantage d’être facilement transportables, prêts à consommer ou du moins faciles à préparer. ALP En bref ... Attention à l’hygiène bucco-dentaire chez les personnes âgées Les recherches déjà réalisées jointes aux observations cliniques et validées par des travaux internationaux confirment le rôle déterminant de la malnutrition protéino-énergétique dans la polymorbidité des personnes âgées. La prévention par la nutrition intervient, selon les spécialistes, à deux niveaux : ✓ la prévention primaire des maladies : directe comme dans l’ostéoporose ; indirecte par le biais de la fonction immunitaire ; ✓ la prévention secondaire : complications des maladies, une fois installées (nourrir en même temps que l’on traite). Chez ces personnes, il existe une relation certaine entre l’état bucco-dentaire défectueux et la dénutrition. En effet, la perte des dents modifie le choix des aliments : elle réduit la consommation de viande, de fruits frais et de légumes. Une mauvaise mastication agit, en plus de son action mécanique, avec d’autres facteurs de risques. Les infirmiers(es) doivent encourager les personnes âgées à faire contrôler leur état bucco-dentaire et à se soucier de leur hygiène. Quelques mesures simples : ✓ détartrage ; ✓ boire suffisamment pour favoriser la salivation ; ✓ utilisation d’une solution antiseptique en bains de bouche ; ✓ réhabilitation prothétique chaque fois que c’est possible (important, en plus, pour l’image de soi).