R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco ARM et précision de l’évaluation du degré de sténose ■ L’angiographie numérisée représente la méthode de référence pour la détermination du degré de sténose carotide. Toutefois, cette technique n’est pas sans risque, ce qui explique l’intérêt porté aux méthodes non invasives. Les auteurs ont cherché à déterminer la variabilité interobservateurs dans l’estimation du degré de sténose carotide en ARM par des lecteurs plus ou moins expérimentés. L’étude, prospective et consécutive, a porté sur 29 patients présentant une sténose carotide serrée symptomatique au Doppler, chez lesquels ont été effectuées une ARM 2D et 3D TOF (reconstructions MIP) et une angiographie numérisée, ce dernier examen servant de référence. L’évaluation de la sténose a été faite sur films, en aveugle, par huit lecteurs : cinq radiologues formés dont trois en neuroradiologie, deux radiologues en formation dont un en neuroradiologie et un étudiant en médecine. Les résultats de l’étude montrent une grande variabilité dans l’estimation des sténoses en ARM, la précision des résultats allant de 49 % pour l’étudiant à 79 % pour deux radiologues expérimentés. Plus de 23 % des candidats à l’endartériectomie choisis sur des critères ARM ne le sont pas sur des critères angiographiques et, pour plus de 33 % des patients opérés sur les critères angiographiques, l’intervention chirurgicale n’aurait pas été retenue sur les critères ARM. Au total, les auteurs concluent que les reconstructions MIP de l’ARM TOF ne sont pas suffisamment précises pour remplacer l’angiographie numérisée. Commentaires. L’utilisation des images natives de l’ARM ainsi qu’une étude des artères intracrâniennes pourraient améliorer la précision des résultats. J.F. Méder, département d’imagerie morphologique et fonctionnelle, hôpital Sainte-Anne, Paris. ✔ Wardlaw JM, Lewis SC, Collie DA, Sellar R. Interobserver variability of magnetic resonance angiography in the diagnosis of carotid stenosis – effect of observer experience. Neuroradiology 2002 ; 44 : 126-32. neuropathie “vraisemblablement” (n = 131) ou “certainement” (n = 35) de cause indéterminée, définie cliniquement et par l’EMG. Chaque patient était ensuite comparé à 25 (!) témoins de la même région géographique du Danemark soigneusement appariés et chez qui les diverses expositions médicamenteuses étaient connues grâce aux registres de prescriptions médicamenteuses. Il apparaît alors une association significative entre neuropathie de cause indéterminée et consommation passée (OR 1,4) ou en cours (OR 4,6) de statines, qui se renforçait encore si la neuropathie était jugée “certainement” de cause indéterminée (OR 6,5 et 17 respectivement). Cela suggérant la survenue d’un cas de polyneuropathie associée aux statines pour 2 200 “patientsannée” de traitement. Commentaires. Prudente dans son analyse, modeste par les implications qu’elle suggère (l’usage des statines n’y est pas remis en cause étant donné leur bénéfice cardio-vasculaire), cette étude est pourtant exemplaire de ce qu’un usage intelligent de la classification internationale des maladies (CIM) et des registres de diagnostic (DIM) peut apporter comme informations en termes de pharmacovigilance et de santé publique. Sous traitement prolongé de statines, la survenue d’une neuropathie apparaît en effet quatre fois plus probable que la survenue d’une myopathie. L’apparition de symptômes et signes évocateurs d’atteinte du système nerveux périphérique chez ces malades nécessite donc un bilan étiologique précis qui pourra parfois remettre en cause le traitement hypolipémiant au long cours. Voici l’une des leçons qu’il nous faudra faire partager à nos amis généralistes et cardiologues ! Jacques d’Anglejan-Châtillon, Versailles. ✔ Gaist D, Jeppesen U, Andersen M et al. Statins and risk of polyneuropathy : a case-control study. Neurology 2002 ; 58 : 1333-7. ✔ Donaghy M. Assessing the risk of druginduced neurologic disorders : statins and neuropathy (editorial). Neurology 2002 ; 58 : 1321-2. Risque de polyneuropathie après traitement prolongé par les statines Maladie de Parkinson et stimulation du NST : sélection des candidats ■ ■ Gaist et al. publient une étude cascontrôles faite entre 1994 et 1998, à partir de 166 personnes souffrant de poly- La stimulation bilatérale du noyau subthalamique (NST) est un traitement efficace de la maladie de Parkinson La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. VI - mai 2002 (MP) à un stade avancé. Mais à quels candidats faut-il proposer cette thérapie ? La réponse à la L-dopa est le seul facteur prédictif bien établi. Lopiano et al. ont analysé la fréquence de leurs propres facteurs d’exclusion. Une présélection était fondée sur un diagnostic de MP idiopathique, la présence de fluctuations motrices et de dyskinésies L-dopa-induites, un âge inférieur à 70 ans et l’absence de comorbidité significative. Quatre-vingt-dix-huit patients ont ensuite été hospitalisés pour évaluer la sévérité des complications motrices (score moteur minimal de l’UPDRS 30/108, réponse minimale à la L-dopa 40-50 %), faire une IRM cérébrale et un bilan neuropsychologique. Un tiers des malades ont été exclus pour une ou plusieurs raisons. La plus fréquente était la présence d’un problème neuropsychologique ou psychique (48 %) : une dépression sévère ou une anxiété marquée était de loin le critère d’exclusion le plus fréquent, suivi par des troubles de la personnalité, une psychose ou une détérioration cognitive. Chez 38 % des patients, le handicap moteur n’était pas jugé suffisamment invalidant. Chez 31 %, une anomalie sur l’IRM était retenue. Dix pour cent des malades exclus n’étaient pas suffisamment motivés et 10 % avaient d’autres maladies associées. Les auteurs ne prétendent pas que leur approche est parfaite, et ils soulignent le manque de données prospectives. Commentaires. Bien que certains critères de sélection soient fondés sur des données objectives, comme l’âge, la sévérité des fluctuations motrices, la présence d’une démence ou d’une dépression sévère, ils n’en restent pas moins arbitraires. Quid de la grande majorité des malades qui ont plus de 70 ans ou de ceux avec une comorbidité psychiatrique ? Il existe aussi des critères plus subjectifs, par exemple, la situation sociale de l’individu. Les auteurs ne soulignent pas assez l’importance de certains signes dopa-résistants tels les troubles de la marche, des réflexes de posture ou de la parole, dont la présence met en cause l’intérêt de l’opération. Ce papier est un appel à une conférence de consensus sur la sélection des malades. P. Krack, service de neurologie du Pr P. Pollack, CHU de Grenoble. ✔ Lopiano L et al. Deep brain stimulation of the subthalamic nucleus in PD : an analysis of the exclusion causes. J Neurol Sci 2002 ; 195 : 167-70. 175 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco FA et infarctus cérébral cardioembolique : occlure l’auricule gauche ? ■ Plus de 90 % des thrombus survenant dans le cadre d’une fibrillation auriculaire siègent dans l’auricule gauche. Aussi est-il classique, lors d’une chirurgie cardiaque (valvulaire mitrale, par exemple) de ligaturer l’auricule gauche au passage, éliminant au moins le risque de thrombus auriculaire. Dans cette étude, les auteurs ont obturé l’auricule gauche par un ballon (sorte de cage recouverte d’une membrane polymérisée) chez 15 patients, sous contrôle angiographique et échographique transœsophagienne (ETO) durant la procédure. La voie d’abord du cathétérisme était la veine fémorale et les auteurs sont passés à travers le septum interauriculaire. Chez le premier patient, il y a eu un hémopéricarde. Il n’y a pas eu d’autre complication. Un mois plus tard, le matériel occlusif n’avait pas bougé au contôle ETO. Commentaires. La cardiologie interventionnelle ne cesse de nous surprendre par ses innovations et son dynamisme : après les fermetures percutanées des FOP, les dilatations mitrales par voie transeptale et même, récemment, la mise en place d’une valve aortique par voie percutanée transeptale, voici l’occlusion de l’auricule gauche percutanée ! Il sera intéressant de comparer la fréquence des HITS avant et après cette procédure. Puis il restera à voir si les thrombus ne se forment pas ailleurs dans l’oreillette… et si le risque de récidive d’infarctus cérébral diminue. P. Amarenco, centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale, hôpital Bichat, Paris. ✔ Sievert H et al. Percutaneous left atrial appendage transcatheter occlusion to prevent stroke in high-risk patients with atrial fibrillation. Early clinical experience. Circulation 2002 ; 105 : 1887-9. Attaque cérébrale et fatigue ■ 176 Cette étude porte sur la sensation de fatigue persistant à distance Ah bon, le mannitol est efficace dans les traumatismes crâniens ! (deux ans) d’un accident vasculaire cérébral (AVC). La fatigue est en effet une plainte fréquente des patients dans les suites d’un AVC, indépendamment de la dépression. Les auteurs ont étudié une importante cohorte de patients (plus de 4 000), à partir d’un registre national des AVC en Suède. Un questionnaire a été envoyé par courrier demandant aux patients d’évaluer leur fatigue et leur dépression sur une échelle à quatre niveaux (jamais, parfois, souvent, toujours). Près de 40 % des patients se disaient souvent ou toujours fatigués. Il existait une relation statistiquement significative entre fatigue et dépression, mais les deux troubles pouvaient être dissociés, de nombreux patients fatigués ne présentant pas de dépression. En analyse multivariée, après contrôle des facteurs confondants tels que l’âge ou l’existence d’une dépression, la fatigue était en soi un prédicteur significatif indépendant du pronostic (indépendance fonctionnelle, institutionalisation, décès). En conclusion, cette étude confirme la fréquence de la fatigue résiduelle deux ans après l’AVC et montre que la fatigue est un prédicteur indépendant du pronostic, au même titre que la dépression. Commentaires. Cette étude a l’avantage d’avoir été réalisée sur une cohorte impressionnante de patients, en conditions épidémiologiques. On peut donc penser qu’elle est assez bien représentative de l’ensemble des patients dans les suites d’un AVC. À l’inverse, l’inconvénient de ce type d’étude est de ne permettre qu’une approche assez simple, fondée sur un questionnaire dont la validité n’est pas connue, en particulier pour l’évaluation de la dépression. Néanmoins, elle a le grand mérite d’attirer l’attention des cliniciens sur la fatigue, qui est une conséquence fréquente, mais pourtant méconnue et sous-estimée, des AVC. L’hématome sous-dural aigu est l’une des causes de mortalité dans les traumatismes crâniens sévères. L’évacuation urgente de l’hématome peut, dans certaines situations, améliorer l’hypoperfusion cérébrale globale et donc influer sur l’évolution clinique. Dans cette étude prospective, les auteurs ont randomisé 178 patients consécutifs dans le coma avec un hématome sous-dural aigu post-traumatique. Ils ont administré en préopératoire à un groupe du mannitol à fortes doses en deux injections rapides (de 1,4 à 2,8 g/kg en cas de mydriase) et au groupe contrôle une dose plus faible (0,7 g/kg). Les patients des deux groupes ont été opérés dans les trois premières heures. Les auteurs ont montré que la disparition de la mydriase était plus fréquente dans le groupe ayant reçu une forte dose de mannitol et que le devenir clinique à six mois était significativement meilleur. En postopératoire, dans le groupe d’étude, la pression intracrânienne était plus basse et l’extraction cérébrale en oxygène plus élevée. L’efficacité du mannitol à forte dose en injection rapide semble être plus liée aux propriétés rhéologiques (diminution de la viscosité et réduction du diamètre des artérioles piales) qu’à l’effet osmotique classique. Les auteurs ont obtenu les mêmes résultats sur l’efficacité du mannitol à forte dose en injection rapide en préopératoire immédiat de l’évacuation de contusions hémorragiques temporales (article sous presse). Commentaires. L’originalité de cette étude repose non sur le résultat obtenu (l’efficacité du mannitol à forte dose en préopératoire immédiat dans les traumatismes crâniens sévères) mais surtout sur la méthodologie, c’est-à-dire sur la possibilité de réaliser des études randomisées à grand échantillon en neurochirurgie dans le cadre de l’urgence. P. Azouvi, Garches. M. Kalamarides, service de neurochirurgie, hôpital Beaujon, Clichy. ✔ Gladder EL et al. Post stroke fatigue. A 2-year follow-up study of stroke patients in Sweden. Stroke 2002 ; 33 : 1327-33. ■ ✔ Cruz J et al. Improving clinical outcomes from acute subdural hematomas with the emergency preoperative administration of high doses of mannitol : a randomized trial. Neurosurgery 2001; 49 : 864-71. ✔ Schrot RJ et al. Mannitol in acute traumatic brain injury. Lancet 2002 ; 359 : 1634-5. La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. VI - mai 2002