1 Dysnatrémies en réanimation. Christopher Thomas, Ph De Swardt, Gilles Bernardin, Service de Réanimation Médicale, Hôpital de L’archet, CHU de Nice. Introduction. Perturbations électrolytiques parmi les plus fréquentes en réanimation, les dysnatrémies (hypo et hypernatrémie) témoignent d’un trouble de l’homéostasie hydro-sodée. Une analyse soigneuse de leur mécanisme est le préalable indispensable à une action thérapeutique cohérente. Elles constituent en elles-même un facteur pronostique (la valeur de la natrémie entre dans le calcul des scores de gravité tel que APACHE et IGS). Rappel physiologique. 1)La quantité d’eau totale de l’organisme (60% du poids corporel) et sa répartition en secteurs extra-cellulaire (SEC, 20%) et intra-cellulaire (SIC, 40%), sont régulées de manière à demeurer constantes malgré la grande variabilité des apports en eau et en sodium. Cette régulation passe par celle de l’osmolalité extracellulaire et de la volémie. 2) La loi de l’osmose veut que les fluides se déplacent du secteur le moins concentré vers le secteur le plus concentré. Le but étant d’aller diluer le secteur le plus hypertonique afin que Osmolalité EC = Osmolalité IC) 3) Le sodium est la principale osmole du SEC. Urée et glucose qui traversent librement la membrane cellulaire, exerce également un pouvoir osmotique!: Calcul de l’osmolarité plasmatique!: (Natrémie x 2) + Glycémie (mmol/l) + Urée (mmol/l) La membrane plasmique est fonctionnellement imperméable au Na car la pompe Na/K ATPase en refoulant activement le Na à l’extérieur de la cellule, maintient une [Na]i très faible. Les variations de la natrémie et donc de l’osmolalité EC représentent la force motrice qui détermine les transferts d’eau de part et d’autre de la membrane cellulaire. Une baisse de la natrémie génère un flux d’eau entrant dans la cellule (hyperhydratation IC), qui abaissera l’osmolalité IC au niveau de l’osmolalité EC. Une élévation de la natrémie génère un flux sortant (déhydratation IC). La natrémie reflète l’osmolalité EC et l’état d’hydratation du SIC +++ 4) L’osmolalité EC (et donc la natrémie) est une valeur régulée de manière très précise par le bilan entrée/sortie de l’eau totale (une élévation de 2% de l’osmolalité EC déclenche le phénomène de soif). Cette régulation de l’osmolalité est prioritaire car c’est d’elle dont dépendent les ajustement permanents de volume entre les SIC et SEC. 5) L’état du pool sodé détermine l’état d’hydratation du SEC. Un bilan sodé négatif correspond à une réduction du volume EC associé à une baisse de la volémie. Une augmentation de la quantité totale de sodium génère une inflation du SEC avec hypervolémie. Régulation de l’osmolalité plasmatique. La «!boucle!» de régulation est simple dans son principe!: les osmorécepteurs hypothalamiques stimulent la synthèse locale (noyaux supraoptiques et paraventriculaires) d’hormone antidiurétique (ADH) transportée par voie axonale vers la post-hypophyse où elle est sécrétée dans le sang circulant. Le stimulus de la synthèse d’ADH est l’élévation de l’osmolalité EC. La cible de l’ADH ou vasopressine est le canal collecteur rénal. L’ADH active les récepteurs V2 à la vasopressine, stimulant la synthèse et l’activité de canaux spécifiques à l’eau (aquaporines). Ceux-ci mettent en communication la lumière canalaire (à ce niveau les urines sont isotoniques au plasma) avec l’interstitium rénal très hypertonique. Un flux d’eau urinaire est alors réabsorbé vers l’interstitium puis redistribué dans l’organisme. Il en résulte une concentration des urines pouvant aller jusqu’à 1200 mosm/Kg d’eau. Il s’agit ici d’une réabsorption d’eau “libre“, c’est à dire non liée au Na (on dit que l’ADH négative la clairance de l’eau libre). Il s’en suit une diminution de l’osmolalité EC (plasmatique) qui va freiner la sécrétion d’ADH. Notons qu’à la valeur physiologique de l’osmolalité (290 mosm/kg eau) il persiste une sécrétion basale d’ADH (on parle “tonus antidiurétique“). Cette boucle de régulation est extrêmement efficace et rapide (courte demi-vie de l’ADH). De nombreuses autres conditions peuvent stimuler la sécrétion d’ADH!: syndrômes infectieux, efforts de vomissements… Le principal stimulus non-osmotique est l’hypovolémie sévère. Régulation du volume du SEC. Le SEC se répartit entre le secteur intravasculaire (eau plasmatique circulante, 5%du poids corporel) et le secteur interstitiel (15% poids), dans lequel baignent les cellules. Ces compartiments sont séparés par la barrière capillaire seulement imperméable aux éléments figurés du sang. Les variations de la volémie correspondent physiologiquement à celles du SEC. Différents baro/volo-récepteurs perçoivent les variations de distention des parois vasculaires (artérielles et veineuses) et stimulent des 2 effecteurs agissant d’une part sur le muscle lisse artériel (système sympathique), d’autre part sur la rétention sodée par les reins. Le système rénine /angiotensine /aldostérone permet ainsi d’augmenter la réabsorption sodée au niveau de différents segments du néphron. Le mode d’action de l’aldostérone est abordé dans la question «!dyskaliémies en réanimation!». Cette action aboutit à une rétention sodée et à une majoration de l’excrétion potassique. La natriurèse est faible, la kaliurèse est préservée voire élevée. Un rapport Na/K < 1 dans les urines témoigne de cet “hyperaldostéronisme secondaire“. Dysnatrémies!: bases physiopathologiques 1) Selon l’équation d’Edelman, l’osmolalité est égale à la somme de la quantité de sodium échangeable (principale osmole EC) et de potassium échangeable (principale osmole IC) rapportée à la quantité d’eau totale!: Osm IC = Osm EC = Na(e) + K(e) Eau totale 2) L’équation simplifié d’Edelman donne!: Natrémie = [Na]EC = Na(e) Eau totale La valeur de la natrémie ne préjuge en rien du pool sodé de l’organisme. Une hyponatrémie vraie reflète un état d’hypoosmolalité EC et traduit une hyperhydratation IC. En l’absence de pseudo-hyponatrémie (cf infra) l’osmolalité efficace est très proche du double de la natrémie. Osm EC = 2 x Natrémie = 280 mosm/kg eau L’osmolalité efficace rend compte du pouvoir exercé par les particules qui sont réellement “osmotiquement active“, car en concentration différente de part et d’autre de la membrane cellulaire ( en première approximation il s’agit essentiellement du Na!; glucose et urée circulant librement). Hyponatrémie Les hyponatrémies sont définies par une natrémie inférieure à 137 mmol/l. Signes cliniques La sévérité des symptômes dépend de la rapidité d’installation de l’hyponatrémie, et de sa profondeur. Il existe des hyponatrémies chroniques profondes marquées par une simple asthénie. Les nausées, vomissements, céphalées, puis le syndrôme confusionnel, les mouvements anomaux et les convulsions, voire l’état de mal épileptique, sont provoqués par l’œdème cérébral induit par l’hypo-osmolalité. Des myalgies, des crampes sont également possibles. Prise en charge diagnostique Etape 1!: Calculer l’osmolarité pour affirmer le caractère vrai de l’hyponatrémie!: Ce calcul permet de distinguer les «!pseudohyponatrémies!» (avec osmolalité normale ou augmentée), des «!hyponatrémies vraies!» (avec hypo-osmolalité). -Yhyponatrémie avec hyperosmolalité: état d’hyperglycémie (diabète décompensé), élévation rapide de l’urée plasmatique (insuffisance rénale aiguë avec hypercatabolisme), perfusion de mannitol hypertonique (traitement d’un oedème cérébral). Dans ces circonstances, la natrémie est diminuée car l’inflation du SEC liée à son hyperosmolalité dilue le Na plasmatique. -Yhyponatrémie avec osmolalité normale!: la natrémie est dosée dans le plasma, composé de 935 ml d’eau plasmatique, qui contient le Na, et 65 ml de substances hydrophobes (proteines, lipides) qui ne contiennent pas de Na. La concentration en Na dans l’eau plasmatique (la natrémie “réelle“ ou “corrigée“) est en réalité égale à la natrémie divisée par 935 ml (environ 150 mmol/Kg d’eau plasmatique). Cette distinction n’a habituellement aucune importance en clinique. Cependant, en cas d’hyperlipidémie ou d’hyperprotidémie majeure (gammapathies mononoclonales à IgM), le volume d’eau plasmatique est inférieur à 935 ml par litre de plasma et de ce fait la natrémie exprimée par le laboratoire est artificiellement abaissée (alors que natrémie corrigée et osmolalité sont strictement normales). [Na] corrigée = [Na] mesurée x 1000 1000 – (protidémie + lipémie) [Ici on fait l’hypothèse que 1g de protéine ou de lipide occupe un volume de 1ml] Etape 2!: Evaluer le secteur extra-cellulaire: 3 situations sont rencontrées!: * SEC diminué Dans ce cas il s’agit d’une hyponatrémie de déplétion liée à des pertes hydro-sodées d’origine digestive, urinaire ou cutanée. Dans la mesure où toutes les pertes de l’organisme sont hypotoniques en Na par rapport au plasma (ce qui veut dire qu’elles sont toujours plus riche en eau qu’en Na) l’évolution naturelle d’une telle déplétion devrait conduire à l’apparition d’une HYPERnatrémie. Cependant l’élévation de l’osmolalité plasmatique qui en résulte déclenche déclanche non seulement la sécrétion d’ADH (pour freiner la sortie d’eau par le rein), mais surtout la sensation de soif conduisant à l’ingestion d’eau. Le patient restaure ainsi une partie du capital hydrique sans compenser les pertes en Na!; l’évolution du désordre hydro-électrolytique se fait vers la constitution d’une HYPOnatrémie. Il est fondamental d’avoir à l’esprit qu’un état de déhydratation EC lié à une déplétion hydro- 3 sodée peut s’accompagner aussi bien d’une HYPER que d’une HYPOnatrémie. Seul le comportement dypsique (prise de boissons) détermine le sens dans lequel va varier la natrémie. Si le sujet est incapable de ressentir (lésions de l’hypothalamus), d’exprimer (nourrisson, patient comateux), ou de satisfaire sa soif (naufragé du désert), l’évolution se fera inévitablement vers une déshydratation globale (DEC+DIC) avec hypernatrémie. Diagnostic positif de déplétion hydro-sodé (DEC) En fonction du degré de spoliation, l’examen retrouve des signes de déshydratation interstitielle (pli cutané, hypotonie des globes oculaires), des signes de contraction volémique (oligurie, tachycardie, allongement du temps de recoloration cutanée), jusqu’au tableau clinique de choc hypovolémique (extrémités froides, marbrures, hypotension). Sur le plan biologique on note une hémoconcentration (hématocrite et protidémie élevées) et une hyperuricémie. L’élévation de l’urée plasmatique est proportionnellement plus importante que celle de la créatininémie (ce qui témoigne de l’adaptation de la filtration glomérulaire à la déplétion volémique). Orientation étiologique!devant une DEC. Le ionogramme urinaire en dehors de tout traitement diurétique préalable est essentiel. Natriurèse < 10-20 mmol/l: le comportement rénal est adapté (à cet état de DEC), les pertes sont donc extra-rénales. La faible natriurèse confirme l’intégrité fonctionnelle de l’axe rénine /angiotensine /aldostérone. Les pertes en Na sont digestives basses (diarrhée, fistule), ou cutanées (sueurs abondantes, brulûres étendues, dermites bulleuses, toxidermies). Il faut aussi penser à la possibilité de séquestration hydro-sodée à la faveur de la constitution d’un “3ème secteur“ (occlusions digestives, péritonites, rhabdomyolyses). Natriurèse > 20 – 30 mmol/l et chlorurèse > 2030 mmol/l!: le comportement rénal est inadapté, les pertes sont donc d’origine rénale. Soit le rein est incapable de s’adapter à une cause extrarénale de déshydratation, soit il en est directement responsable. En l’absence de prise de diurétique on évoque une insuffisance minéralocorticoide (dosage de la rénine plasmatique, de l’aldostérone plasmatique, de l’aldostéronurie des 24 heures). Les autres causes sont purement uronéphrologiques!: prise de diurétiques, obstacles incomplets, néphropathies avec perte de sel. A noter la possibilité de pertes urinaires massives de Na de mécanisme physiopathologique discuté, survenant au cours de certaines pathologies neurologiques et entrant dans le cadre du “Cerebral salt-wasting syndrom“. A noter une situation particulière!: Natriurèse > 20-30 mmol/l et Chlorurèse < 10-20 mmol/l: situation rencontrée en cas de déplétion chlorée active d’origine gastrique! ( v o m i s s e m e n t s provoqués dans un but d’amaigrissement, aspiration gastrique continue). La déplétion en HCl (liquide gastrique) provoque une alcalose intense par déplétion en H+ et hypochlorémie, à l’origine d’une élévation de la bicarbonatémie qui s’accompagne d’une bicarbonaturie lorsque le seuil de réabsorption des HCO3- est dépassé. Cette fuite urinaire de HCO3- génère une natriurèse “obligatoire!“. Lorsque les vomissements cessent, la bicarbonaturie disparaît, et seulement à ce moment là, la natriurèse se verrouille. Traitement d’une hyponatrémie de déplétion Suppression de la cause, Correction d’une hypovolémie (remplissage vasculaire serum physiologique Na 0,9%) Correction du trouble hydro-sodé!: le but étant d’apporter de l’eau et du Na (le plus souvent par voie parentérale) mais théoriquement plus de Na que d’eau (en raison de l’hyponatrémie). Les solutés salés hypertoniques sont fréquemment utilisés en cas d’hyponatrémie sévère. Les apports en NaCl et KCl permettent de corriger une déplétion chlorée. Dans les cas de pertes extra-rénales, la réapparition d’une natriurèse égale aux apports témoigne de la normalisation du capital sodé. En cas de pertes digestives basses (diarrhées profuses riche en HCO3-), une partie des apports hydro-sodés pourront se faire sous forme de solutés bicarbonatés à 1,4%. * SEC normal Dans ce cas il s’agit d’une hyponatrémie de dilution liée à une rétention d’eau pure en rapport avec un état d’antidiurèse (appropriée ou non) associé à des apports hydriques excessifs. Cliniquement, on retrouve des signes d’HIC associés une prise de poids sans œdème périphérique. En phase initiale de constitution il existe souvent une fuite sodée transitoire (infraclinique) liée à une sécrétion de facteur atrial natriurétique qui corrige l’état d’inflation volémique. Ensuite le bilan sodé se rééquilibre, les sorties étant égales aux apports. Au plan biologique, hématocrite et protidémie ne sont pas modifiées. La Natriurèse est fonction des apports mais classiquement > 20 mmol/l SIADH Le bilan en eau est positif par sécrétion pathologique d’hormone anti-diurétique ou d’un peptide à activité “ADH-like“. On en distingue plusieurs types!: sécrétion anarchique d’ADH (Type A). Il arrive qu’au moment du prélèvement l’ADH soit retrouvée basse ce qui est une source d’erreur diagnostique. « !R e s e t de l’osmostat!»!(type B): dynamique de la sécrétion d’ADH conservée, mais décalée vers une osmolalité basse. Perte du rétrocontrôle de 4 sécrétion d’ADH lié à l’hypo-osmolalité induite par une sécrétion normale en réponse à une hyper-osmolalité (type C). Sécrétion permanente, fixée d’ADH quel que soit le niveau d’osmolalité (type D). Ce classement est basé sur des épreuves dynamiques mais n’est pas nécessaire à la démarche étiologique. Le diagnotic de SIADH est retenu devant une osmolalité urinaire très supérieure à l’osmolalité plasmatique. En cas de doute un test de charge hydrique est réalisé, démontrant un retard à l’élimination de l’eau avec abaissement insuffisant de l’osmolalité urinaire. Principales étiologie du SIADH Affections neurologiques!: infectieuses intracérébrales ou méningées, pathologie vasculaire, cancers primitifs ou secondaires, psychoses, Guillain-Barré, granulomatoses (sarcoidose, tuberculose)… Affections pulmonaires!: cancers bronchopulmonaires de tous types (petites cellules +++), pneumopathies aigues, SDRA, , tuberculose pulmonaire ou pleurale, pathologie asthmatique… Médicaments!: antidépresseurs, vincristine, vinblastine, halopéridol, amitriptyline, chlorpromazine. Carbamazépine, chlorpropamide, cyclophosphamide, agissent en augmentant la sensibilité tubulaire à l’action de l’ADH. Cette liste n’est pas exhaustive et en particulier toute nouvelle molécule doit être suspectée le cas échéant. Autres pathologies néoplasiques!: duodénum, pancréas, thymus, neuroblastomes, lymphomes (Waldenstrom ++). Le traitement du SIADH repose évidemment sur celui de sa cause. La restriction hydrique est obligatoire. Les diurétiques de l’anse, en supprimant le gradient osmotique corticopapillaire, empêchent la réabsorption hydrique normalement induite par l’ADH. Les SIADH chroniques, peuvent bénéficier d’administration orale d’urée ou de diètes hyperproteinées (élévation de l’osmolalité intra-tubulaire), de lithium, ou de déméclocycline (peu utilisée). Hypothyroidie Certaines hypothyroïdies s’accompagnent d’hyponatrémies profondes, de mécanisme mal connu. La diminution du débit cardiaque avec hypersécrétion réactionnelle d’ADH est un mécanisme possible. Ces hyponatrémies régressent avec la supplémentation en hormones thyroidiennes. Devant toute hyponatrémie à SEC normal il faut toujours rechercher une hypothyroidie. Potomanie et syndrôme du buveur de bière Dans le cas du potomane, les apports en eau sont compulsifs et massifs, dépassant les possibilités d’excrétion rénale en eau. En effet, l’osmolalité urinaire ne peut pas descendre en dessous d’une valeur de 60 mosm/Kg d’eau (dilution maximale des urines). Les hyponatrémies sont alors brutales et profondes, souvent graves. Une autre forme de potomanie consiste en une absorption régulière, permanente, de plusieurs litres (4 à 8 litres en général) d’eau par jour en raison d’une soif excessive. Il s’agit souvent de patients ayant une sensation de bouche sèche (syndrôme sec, diminution de la sécrétion salivaire par neuroleptiques ou antidépresseurs). La natrémie est rarement très basse. Enfin, le tableau clinique typique du patient buveur de bière qui associe à une limitation des capacités de dilution des urines (due au mauvais état nutritionnel), des apports quotidiens élevés (de 3 à 10 litres de bière/jour pour les plus «!performants!»). L’argument majeur pour différencier le SIADH de ces syndrômes par excés d’apports est représenté par l’osmolalité urinaire, élevée dans le SIADH et très inférieure à l’osmolalité plasmatique dans les autres cas. * SEC augmenté Dans ce cas il s’agit d’une hyponatrémie par rétention hydro-sodée. L’examen clinique retrouve le signe cardinal d’HEC, à savoir la présence d’oedèmes déclives prenant le godet. Sur le plan biologique il existe une hémodilution (diminution de l’hématocrite et de la protidémie). Le patient est oligurique, la natriurèse est faible (< 20 mmol/l), avec une formule biologique d’insuffisance rénale fonctionnelle. Les principales étiologies de rétention hydrosodée sont, l’!insuffisance cardiaque globale, la cirrhose et le syndrôme néphrotique. Le traitement consiste à traiter la cause lorsque cela est possible, et de manière symptomatique à négativer le bilan hydrique-sodé!: restriction des apports, augmentation des sorties par traitement diurétique (furosémide). Règles générales pour le traitement symptomatique des hyponatrémies. Les moyens thérapeutiques mis en oeuvre et la rapidité de la correction de l’hyponatrémie dépendent de l’intensité et de la rapidité d’installation de la symptomatologie clinique (“aigue“ [<48h] ou!“chronique“). En cas d’insuffisance thérapeutique, c’est l’œdème cérébral qui engage le pronostic vital ou fonctionnel, particulièrement chez les jeunes enfants, les femmes agées sous thiazidiques et les potomanes. Une correction trop rapide expose au tableau de myélinolyse centro-pontine (démyélinisation), dont la mortalité est extrêmement élevée. Le 5 risque est accru en cas d’hyponatrémie chronique et profonde, d’alcoolisme chronique, de dénutrition, chez les brûlés, et chez…les patientes agées sous diurétiques thiazidiques. * Hyponatrémie aigue symptomatique!: correction immédiate et rapide. Une perfusion en seringue électrique de 1 à 1,5 g/h de NaCl hypertonique (3% ou 10%) durant 3 à 4 heures peut être associée à une injection de Furosémide (20 ou 40 mg/j) (en l’absence de déshydratation!!). Il ne faut pas dépasser une vitesse de correction de 2 mmol.l-1/heure. La normalisation de la natrémie n’est pas un objectif obligatoire dans l’urgence, seule la disparition des symptômes importe. * Hyponatrémie «!chronique!» ou d’ancienneté inconnue et symptomatique!: le risque de myélinolyse centro-pontine est plus élevé, aussi on ne cherchera qu’a augmenter la natrémie de 10%, en ne dépassant jamais une vitesse de correction de 1,5 mmol.l-1/heure ou 15 mmol/24h. *Hyponatrémie chronique asymptomatique!: il ne s’agit pas d’une urgence. Restriction hydrique simple. * Hyponatrémie aigue asymptomatique!: généralement modérée, elle ne pose pas de problème particulier. Hypernatrémie Définie par une natrémie supérieure à 143 mmol/l, elle reflète un état d’hyperosmolalité EC et témoignent d’un état de DIC. Cette DIC se manifestent cliniquement par des signes cutanéomuqueux (peau sèche, perte de la moiteur axillaire, langue rôtie) et sourtout par des signes neurologiques (asthénie, hyperpyréxie, troubles de la conscience, syndrôme confusionnel, hypereflexivité osteo-tendineuse). Chez le sujet âgé, il existe un risque accru de survenue d’un hématome intra-cérébral lié à la réduction du volume cérébral avec distention des vaisseaux arachnoidiens. L’équation d’Edelman rend compte des 2 mécanismes possibles de ces hypernatrémies!: -inflation hydro-sodée!: c’est le mécanisme le plus rare, du à un apport excessif de solutés salés hypertoniques (salé hypertonique, bicarbonate molaire). Attention aux apports massifs et méconnus de Na avec certains traitements (fosfomycine!: 1g NaCl/g de fosfo). Cliniquement il s’agit d’un patient oedémateux (HEC) qui a soif (DIC). La natriurèse est > 20 mmol/l. -pertes hydro-sodée rénale ou digestive (toujours hypotoniques) sans compensation partielle du déficit hydrique par ingestion d’eau. Dans ce cas la déhydratation est globale (DEC+DIC). Ici, 2 situations!: Si osmolalité urinaire > 800 ou 900 mosm/Kg d’eau!: la sécrétion d’ADH réactionnelle à l’hyperosmolalité plasmatique est adaptée, et le rein est réceptif à cette ADH. Le patient est oligurique. Les pertes hydriques sont donc extrarénales. Ex!: absence d’accès à l’eau (nourisson, patients dépendants) ou altération de la sensation de soif (sujet agé)!; pertes non compensées en eau!(effort physique intense, sueurs profuses, brulûres, dermopathies étendues, diarrhées)!; Si osmolalité < 800 mosm/Kg!: le comportement du rein est inadapté à cette situation de DIC. La sécrétion d’ADH est insuffisante. On parle alors de diabète insipide. En cas de doute une épreuve de restriction hydrique sera réalisée. L’administration de vasopressine (spray nasal) corrige l’hypernatrémie. Les étiologies du diabète insipide central:chirurgie de l’hypophyse et du craniopharyngiome, tumeurs hypothalamiques ou comprimant la tige pituitaire!, tumeurs de la posthypophyse (pinéalomes, kystes, métastases -sein, poumon), traumatisme crânien, souffrance ischémique!(chocs, hypoxies prolongées, arrêts circulatoires, nécrose hémorragique antéhypophysaire -syndrôme de Sheehan), maladies de système!: (histiocytose X, sarcoidose, Wegener), anorexie mentale, anévrismes intracérébaux, méningo-encephalites, idiopathique (30%) Le diabète insipide «!néphrogénique!»!: insensibilité du tubule collecteur à l’action de l’ADH due à différents mécanismes. Médicaments!: lithium (environ 30% des patients sont porteurs d’un diabète insipide latent ou partiel), demeclocycline, streptozotocine. Les diurétiques de l’anse qui suppriment le gradient osmotique corticomédullaire. Une hyperosmolarité intra-tubulaire induite soit par du glucose (décompensation diabétique), soit par le Mannitol, soit par de l’urée (traitement des SIADH) peut diminuer le gradient osmotique et induire une diurèse hydrique forcée. Affections rénales chroniques!: toutes les causes d’insuffisance rénale chronique modérée, particulièrement les affections tubulointerstitielles chroniques. Mais aussi, le syndrome de Sjögren, l’amylose rénale, l’anémie falciforme, l’hypokaliémie chronique. Hypercalcémie!: semble induire une perturbation de l’expression des aquaporines. Le DI néphrogénique congénital!: mutation sur les récepteurs V2 de l’ADH, ou sur les gènes codant pour les aquaporines. L’administration de vasopressine permet de faire la distinction entre DI central ou néphrogénique. Le traitement symptomatique du DI repose sur des apports hydriques importants. Le déficit sodé doit également être pris en compte. Le diabète insipide central bénéficie d’une compensation hormonale par l’administration d’analogue de 6 l’ADH. Le traitement de la cause est bien sûr essentiel. Régles générales du traitement symptomatique des hypernatrémies. Ce traitement vise à restaurer un volume normal d’eau totale. En cas de deshydratation globale, la correction du déficit volémique est prioritaire (remplissage vasculaire). Le déficit en eau (en litres) peut être évalué de la façon suivante!: DPoids=Déficit en eau=0.6xPoids x [(natrémie/140) – 1] Une correction trop rapide de l’hypernatrémie expose au risque d’œdème cérébral avec convulsions. On recommande l’administration de la moitié du déficit calculé en 12 à 24 heures puis la seconde moitié dispensée sur les 24 heures suivantes. Le rythme de correction doit être d’environ 2 mmol.l-1/heure ce qui impose la surveillance du ionogramme. Les hypernatrémies asymptomatiques s’installent le plus souvent lentement et nécessitent donc une correction très lente.