ces hypertendus Ces hypertendus difficiles Hypertensions résistantes d’origine surrénalienne César Séjourne, Frédéric Villeneuve, Xavier Girerd* Histoire 1 Histoire 2 Histoire 3 Une hypertension sévère qui débute par un OAP Une hypertension chez une femme asthénique qui prend du poids Hypertension résistante, hypokaliémie et anomalie sur le doppler des artères rénales Madame L., 39 ans, est adressée par son médecin traitant pour une HTA récente dépistée à l’occasion d’une asthénie. Elle n’a pas d’antécédents médicaux personnels, mais ses deux parents sont hypertendus. Le bilan réalisé a confirmé la permanence de l’hypertension par une MAPA (pression artérielle à 159/101 mmHg sur 24 heures sans traitement). Le bilan biologique est strictement normal. Un traitement médicamenteux par ARA2 est institué, mais sans grande efficacité. Il est rapidement renforcé par l’association d’un diurétique et d’un bêtabloquant. L’examen clinique retrouve un bon état général, mais Mme L. se dit très asthénique. Une prise de poids de 10 kg en 6 mois est annoncée avec une surcharge pondérale à répartition facio-tronculaire. Il est noté une aménorrhée depuis 8 mois associée à une acnée et une hypertrichose du visage et des bras. Devant la résistance aux traitements, le bilan est complété et une échographie rénale couplée à un doppler des artères rénales est réalisée. Une sténose des artères rénales est éliminée mais il est retrouvé une masse hypo-échogène de 28 mm de la surrénale droite. Le scanner surrénalien confirme l’existence d’un syndrome de masse de 29 mm prenant le contraste de façon hétérogène. Monsieur B., 41 ans, présente une hypertension artérielle sévère (220/120 mmHg et évoluant depuis au moins 5 ans. Malgré l’escalade thérapeutique allant jusqu’à une pentathérapie, les chiffres tensionnels restent élevés. Le seul facteur de risque est un tabagisme à 40 cigarettes par jour. Le bilan étiologique réalisé en ville a mis en évidence une hypokaliémie à 2,7 mmol/l et sur un doppler des artères rénales une sténose post-ostiale serrée de l’artère rénale droite. Les deux reins étaient de taille symétrique et normale. Devant ce tableau évocateur d’une hypertension rénovasculaire, une artériographie pour dilatation de la sténose de l’artère rénale droite est proposée sans bilan d’imputabilité préalable. Monsieur B. est hospitalisé mais l’artériographie se révèle normale, ne retrouvant pas de sténose de l’artère rénale droite. Monsieur D., 41 ans, est Camerounais, où il y vit, et fait du commerce international. Il est en parfaite santé, fumeur depuis l’âge de 20 ans, et reconnaît un antécédent familial d’hypertension artérielle chez son père. En février 2001, Monsieur D. est hospitalisé pour un œdème aigu du poumon dans un contexte d’hypertension sévère. Au cours de l’hospitalisation à Douala, aucune étiologie cardiaque n’est retrouvée pour expliquer la décompensation cardiaque, mais l’échographie cardiaque qui a retrouvé une hypertrophie ventriculaire gauche et une dysfonction diastolique conduit à incriminer l’hypertension artérielle sévère comme la cause de l’OAP. Un traitement comprenant un IEC au furosémide est prescrit. Quelques mois plus tard, Mr D. consulte lors d’un passage en France à l’hôpital Broussais. Sous IEC et diurétique, la pression artérielle n’est pas parfaitement équilibrée (150/100 mmHg en consultation), l’interrogatoire retrouve la notion de céphalées postérieures associées à des troubles visuels non spécifiques depuis une année. Devant cette hypertension survenant chez un sujet jeune de façon brutale et compliquée, un bilan étiologique est entrepris. Un traitement par inhibiteur calcique est prescrit afin de permettre l’interprétation des dosages hormonaux. L’automesure sur quatre jours retrouve des chiffres tensionnels élevés à 168/110 mmHg et une fréquence cardiaque moyenne à 80 batt/min. Le bilan biologique constate une créatininémie à 95 µmol/l et une hypokaliémie à 3,2 mol/l avec une kaliurèse inadaptée. L’examen clinique est normal. L’administration de 1 mg/kg de captopril n’induit qu’une baisse modérée de la pression artérielle. Il n’est pas noté d’hypotension orthostatique. Quel diagnostic suspecter chez ce patient ? Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 6, juin 2001 Quel diagnostic suspecter chez ce patient ? Quel diagnostic suspecter chez cette patiente ? * Hôpital Broussais, service de médecine interne, Paris. 152 difficiles Ces hypertendus difficiles Histoire 1 Histoire 2 Histoire 3 Un phéochromocytome surrénalien Une maladie de Cushing par adénome cortico-surrénalien Un hyperaldostéronisme primaire par adénome de Conn Un scanner des surrénales est demandé. Il retrouve un syndrome de masse surrénalien gauche avec glande arrondie et hétérogène de 17 mm sur 25 mm. Une prise de contraste est observée. La surrénale droite est normale. C’est le bilan hormonal qui va permettre de poser le diagnostic avec la mise en évidence d’une augmentation des normétanéphrines à 12,3 µM/24 heures avec des métanéphrines à 2,1 µM/24 heures. La somme du bloc des métanéphrines est a plus de 3,5 fois la normale 14,4 µM/24 heures (N < 3,7) ce qui signe le diagnostic de phéochromocytome. Le reste du bilan hormonal surrénalien indique un hyperaldostéronisme secondaire avec une rénine et un aldostérone élevé. L’hypokaliémie était donc la conséquence de l’hyperaldostéronisme secondaire qui est parfois observé chez les patients porteurs d’un phéochromocytome du fait de la déshydratation fréquente dans cette situation mais aussi de l’action directe des catécholamines sur la synthèse de la rénine qui est dépendante de récepteurs bêtaadrénergiques. Le bilan étiologique est poursuivi. Les métanéphrines et nor-métanéphrines urinaires sont normales. La rénine couchée est effondrée < 1 mU/l (N = 10-25), l’aldostérone couchée est basse à 74 pmol/l (N = 80-400). Le diagnostic d’hypercorticisme est retenu devant l’association d’un cortisol libre urinaire à 1 280 nmol/24 heures (N = 14250), d’une cortisolémie à 8 heures à 589 nmol/l (N = 330-500) et d’un test de freinage à la dexaméthasone négatif. L’origine surrénalienne de ce syndrome de cushing a été affirmée par un taux d’ACTH plasmatique effondré à 2 pg/ml (N = 20-80) associé au syndrome de masse de 29 mm de la surrénale droite au scanner. La persistance de l’hypokaliémie à 3,2 mmol/l fait reprendre le bilan étiologique. Un scanner des surrénales est réalisé. Il met en évidence une masse hypodense de 27 mm x 45 mm, aux contours réguliers, homogènes, situé au pôle supérieur du rein droit. Des dosages hormonaux indiquent un hyperaldostéronisme primaire avec une rénine couchée à 3 pg/ml (N = 10-25), une aldostérone couchée à 193 pg/ml (N = 30145) et une aldostéronurie très augmentée à 43,9 µg/24 heures (N = 5-17). Les dosages du cortisol libre urinaire et des métanéphrines totales sont normaux. Le diagnostic d’adénome de Conn gauche est porté. Le traitement est modifié et la spironolactone est débutée associée à un diurétique thiazidique et à un antagoniste calcique. Sous ce traitement la pression artérielle s’améliore à 150/90 mmHg et la kaliémie se normalise. L’exérèse chirurgicale de la surrénale droite a été effectuée et l’examen anatomopathologique a permis de porter le diagnostic d’un adénome cortico-surrénalien. L’exérèse chirurgicale de la surrénale gauche a été effectuée et l’examen anatomo-pathologique a permis de porter le diagnostic d’un phéochromocytome surrénalien. Une cure chirurgicale est décidée après quelques mois d’un traitement médical. La masse surrénalienne gauche est retirée par voie cœlioscopique. L’examen anatomo-pathologique confirme le diagnostic d’adénome du cortex surrénalien avec absence de caractère suspect de malignité. Masse surrénalienne droite adénome corticosurrénalien. Masse surrénalienne gauche phéochromocytome. Masse surrénalienne gauche adénome de Conn. 153 ces hypertendus Ces hypertendus difficiles Devant une hypertension artérielle de début brutal, gie surrénalienne actuellement la plus fréquente Commentaire ou avec une complication viscérale inaugurale, ou et en 10 ans, l’HAP est passée du stade d’une à chiffres élevés, ou qui résiste aux traitements, la cause rare de l’hypertension artérielle (moins de recherche d’une étiologie surrénalienne ne doit pas être négligée. 1 %) à celle d’une cause à rechercher prioritairement chez les Le phéochromocytome est l’anomalie la plus simple à diagnosti- hypertendus qui résistent aux traitements car sa fréquence est quer car le dosage urinaire des métanéphrines et normétanéphrines aujourd’hui décrite dans certaines études à 32 % des hypertensur un unique recueil urinaire des 24 heures possède une sensibilité dus explorés. Le bilan doit alors comprendre le dosage de la et une spécificité très satisfaisante pour éliminer ou confirmer ce rénine et de l’aldostérone dans des conditions de standardisation diagnostic. Le phéochromocytome reste toutefois une étiologie (traitements antihypertenseurs par diurétique, IEC, ARA2, bêtatrès rare d’hypertension et un médecin non spécialiste a une très bloquant stoppés depuis au moins 15 jours, régime normo-sodé, faible probabilité de tomber plus d’une fois sur un phéochromocy- hypokaliémie sévère supplémentée). Le bilan morphologique tome au cours de sa carrière médicale ! surrénalien (scanner) est indispensable pour permettre la classiLes hypercorticismes sont plus fréquents que les phéochromocy- fication du type de l’hyperaldostéronisme, mais il devrait être tomes, et le tableau clinique de maladie de Cushing est le plus sou- réalisé après les dosages hormonaux. vent très évocateur. L’hypertension artérielle n’est que rarement le Une fois ce bilan réalisé, une décision spécialisée est indispensigne clinique qui pose un problème. Les dosages hormonaux sable car les choix thérapeutiques sont souvent difficiles, et conduisent à porter rapidement le diagnostic, mais le diagnostic de contrairement au phéochromocytome dont le traitement est toula cause centrale ou périphérique est souvent plus difficile et néces- jours chirurgical, les hyperaldostéronismes primaires sont plus site un avis spécialisé pour adapter la prise en charge thérapeutique. souvent traités médicalement que chirurgicalement. Les hyperaldostéronismes primaires (HAP) constituent l’étiolo- ✁ ABONNEZ-VOUS ABONNEZ-VOUS Tarif 2001 Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules ❏ Collectivité ................................................................................. à l’attention de .............................................................................. ❏ Particulier ou étudiant Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... Prénom .......................................................................................... Pratique : ❏ hospitalière ❏ libérale FRANCE / DOM-TOM / CEE ÉTRANGER (autre que CEE) ❐ 580 F collectivités (88,42 €) ❐ 700 F collectivités (127 $) ❐ 460 F particuliers (70,12 €) ❐ 580 F particuliers (105 $) ❐ 290 F étudiants (44,21 €) ❐ 410 F étudiants (75 $) joindre la photocopie de la carte ❏ autre.......................... 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