É D I T O R I A L Les CEGEPS : notre dernière chance de garder les essais cliniques en France The CEGEPS: last chance for clinical trials in France? ● O. Blin* onstatant le déclin amorcé des essais cliniques en France et le manque d’attractivité de notre pays pour les industries de santé, mis en exergue – et ce n’est pas toujours coutume – à la fois par les acteurs publics (rapport Masson) et privés (travaux du LEEM), le Comité Stratégique des Industries de Santé, dans sa session du 25 avril 2005, a entériné une proposition conjointe des ministères de la Santé, de la Recherche et de l’Industrie : la création de CEGEPS (CEntres de Gestion des Essais des Produits de Santé). Fait remarquable, l’industrie pharmaceutique, jouant le jeu à fond, a accepté spontanément, signe de son implication et de son intérêt manifeste pour l’opération, de financer cette opération à travers une taxe additionnelle créée par une disposition intégrée dans l’article 23 de la loi de finances rectificative de 2005. Cette disposition, qui s’applique depuis le 1er janvier 2006 au titre des ventes réalisées au cours des exercices 2005 à 2008, donc pour 4 ans, permet dès cette année de financer la création de CEGEPS avec un budget annuel de 8 à 10 millions d’euros. C L e CEGEPS a pour seul but de faciliter et d’organiser l’interface entre les promoteurs des essais cliniques et les différents partenaires régionaux, d’apporter une véritable valeur ajoutée en termes de rapidité et de gestion technique des essais : lever par la souplesse de leur gestion les freins et obstacles maté- riels à la réalisation des essais, recruter mieux et plus vite les patients en permettant l’organisation de réseaux efficients et en utilisant les TIC, mettre au plus près des patients les techniciens de recherche pour permettre à l’investigateur de se recentrer sur le cœur de son métier, bref donner aux essais cliniques une gestion professionnelle souvent alléguée, plus rarement constatée. G ageons que les différents intervenants, les industriels (l’INSERM à travers notamment les centres d’investigation clinique (CIC), la Fédération hospitalière de France (FHF) à travers les Directions de la Recherche et les Directions interrégionales de recherche clinique (DIRC), les autorités de santé, les hospitalo-universitaires) sauront dépasser une tendance naturelle et bien française à privilégier la manifestation de leur pouvoir par l’exclusivité du contrôle exercé, pour favoriser l’efficacité sur le terrain et l’attribution des moyens à ceux qui réalisent le travail. L’enjeu est de taille : le CEGEPS, par le financement qu’il offre, est probablement une des dernières chances permettant à la France de se maintenir parmi les pays qui comptent dans le développement des produits de santé. Si l’accord n’était pas trouvé, il ne faudrait pas venir s’étonner, d’ici quelques années, que la France ne soit plus qu’un comptoir de vente de médicaments développés dans d’autres contrées avec des règles qui nous auront échappé. L a solution est entre nos mains. Sachons en tirer intelligem* Pharmacologie clinique, CHU de Marseille. ment parti ! ■ La Lettre du Pharmacologue vous souhaite un bel été et vous remercie de la fidélité de votre engagement Le prochain numéro paraîtra en septembre 2006 42 La Lettre du Pharmacologue - Volume 20 - n° 2 - avril-mai-juin 2006