L’ É d i t o r i a l

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Éditorial
Traitement adjuvant du cancer du rein
Adjuvant therapy in renal cell carcinoma
L’
avancée thérapeutique majeure des thérapies
ciblées dans le traitement du cancer a fait
naître de nouveaux espoirs. Le cancer du rein
est devenu une des applications emblématiques des
thérapies ciblées par l’impact majeur de la ou des voies
de l’angiogenèse dans le développement et la croissance de la maladie, la validation précoce et rapide des
gains significatifs apportés par les antiangiogéniques
en situation métastatique influençant favorablement
la survie globale des patients, notamment. De plus, le
cancer du rein représente à ce jour la maladie cancéreuse
où sont utilisées le plus fréquemment des thérapies
ciblées en monothérapie, ce qui permet une analyse
plus pointue de la “balance” thérapeutique.
L’étape ultérieure a consisté à envisager l’approche
thérapeutique des thérapies ciblées dans des situations
plus précoces, dont l’indication en traitement adjuvant.
Néanmoins, cette évolution habituelle en cancérologie
doit être confrontée à des problématiques plus spécifiques de la situation micrométastatique hypothétique
qui conditionnent l’indication du traitement adjuvant
et que sont :
✓✓ l’implication de l’angiogenèse, de l’hypoxie ;
✓✓ le risque de résistance aux thérapies ciblées dans les
étapes initiales du risque micrométastatique ;
✓✓ l’évaluation adaptée du risque pronostique en
­présence d’une tumeur primitive du rein ;
✓✓ l’impact délétère des traitements plus discuté dans
cette situation de curabilité.
Ce nouveau numéro de Correspondances en
Onco-Urologie permet une approche pointue de ces
différents aspects en considérant bien, à ce stade, que le
résultat bénéfique du traitement adjuvant, notamment
par antiangiogénique, est à ce jour totalement
hypothétique.
S. Germain fait le point sur les liens de l’hypoxie, de
la pseudo-hypoxie (activation de HIF en normoxie)
et de l’angiogenèse. Au rappel de l’activation de HIF,
un point est adjoint sur sa régulation et celle des
mutations activatrices ainsi que des voies alternes de
l’angiogenèse. N. Rioux-Leclercq détaille les paramètres
reconnus pour influencer le pronostic des tumeurs
primitives du rein : taille tumorale, grade de Fuhrman,
stade TNM, nécrose tumorale, emboles vasculaires
microscopiques et présence d’une composante
sarcomatoïde. L’impact des facteurs pronostiques de
deuxième génération est ensuite développé : mutation
de VHL, HIF, VEGF, carbone anhydrase IX, etc. Enfin,
leur impact est analysé à nouveau sous l’angle de la
prescription des antiangiogéniques et pour l’histologie tubulopapillaire. É. Barrascout passe en revue
l’ensemble des essais adjuvants − essentiellement
d’immuno­thérapie −, de “vaccination” et de thérapie
cellulaire, tous négatifs, réalisés chez des patients
atteints d’un cancer du rein à risque de rechute. Un
rappel de la population à risque est également fait et
l’article se clôt avec la présentation des essais adjuvants
par thérapie ciblée. B. Beuselinck met en perspective les
données récentes sur les phénomènes à l’œuvre dans
la résistance aux antiangiogéniques et qui pourraient
être impliqués dans un échec des essais adjuvants
menés avec antiangiogéniques. Enfin, pour terminer
ce dossier thématique, H. Izzedine développe la physiopathologie de la toxicité rénale ou vasculo-rénale des
antiangiogéniques, et précise la clinique à laquelle elle
doit conduire. Bien évidemment, la “balance” thérapeutique dont s’assortissent les antiangiogéniques, étant
donné cette toxicité, est moins favorable en situation
adjuvante.
L’ensemble de ce dossier présente une synthèse des
points clés concernant les traitements adjuvants par
thérapies ciblées dans le cancer du rein, toujours au
stade de la recherche clinique.
Correspondances en Onco-urologie - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2011
A. Ravaud
Université de Bordeaux-Segalen, CHU de Bordeaux.
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