FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES (Outils Mathématiques 4) Bernard Le Stum Université de Rennes 1 Version du 13 mars 2009 Table des matières 1 Fonctions partielles, courbes de niveau 1 2 Limites et continuité 5 3 Différentiabilité 8 4 Fonctions implicites 19 5 Développements limités 21 1 Fonctions partielles, courbes de niveau Exemple 1.1 i) Volume d’un cylindre. [DESSIN] Une fois fixées des unités (mètre et mètre cube par exemple), lorsque le rayon r et la longueur h d’un cylindre varient dans R>0 , le volume V = πr2 h du cylindre varie dans R>0 . On dit V est fonction des deux variables r et h. On dispose donc d’une fonction réelle R2 (r, h) /R / V (r, h) = πr2 h de deux variables réelles. Cette fonction est définie sur son domaine D := {(r, h) ∈ R2 , 1 r, h > 0} 2 B04 – Version du March 13, 2009 et son image est R>0 . Choisissons deux valeurs r0 et h0 . Si on fixe le rayon r = r0 , alors on peut considérer la fonction partielle R h / / R V (r0 , h) = (πr02 ) × h (qui est linéaire). [DESSIN] De même, si on fixe la longueur h = h0 , on peut considérer l’autre fonction partielle /R R / V (r, h ) = (πh ) × r 2 r 0 0 (qui est cette fois quadratique). [DESSIN] Lorsqu’on donne différentes valeurs Vi à V , on obtient ce qu’on appelle les courbes de niveau d’équations πr2 h = Vi : [DESSIN] Enfin, le graphe de V est la surface de R3 d’équation V = πr2 h, c’est à dire l’ensemble des points de la forme (r, h, πr2 h) avec r, h > 0. [DESSIN] ii) Température en un point d’une pièce à un moment donné. [DESSIN] Dans une pièce de longueur L, largeur l et hauteur h, on peut mesurer pendant une période donnée (disons, une heure) la température en un point donné à un moment donné. Si on fixe des unités (mètre et seconde par exemple), le coin en bas à gauche comme origine de la pièce et le moment de la première mesure comme origine du temps, la température T est fonction des coordonnées x, y, z du point et du moment t ou la température est prise. En d’autres termes, T est fonction de x, y, z, t. On a définit donc une fonction réelle R4 (x, y, z, t) / T R / T (x, y, z, t) de quatre variables réelles. Quel est le domaine de définition de cette fonction ? Définition 1.2 On rappelle que R2 désigne l’ensemble de tous les couples (x, y) avec x ∈ R et y ∈ R. Une partie de R2 est un ensemble de couples de réels. Exemple 1.3 i) Le quadrant droit du plan. [DESSIN] 3 B04 – Version du March 13, 2009 Il peut être décrit comme Q = {(x, y) ∈ R2 , x, y ≥ 0} ou encore comme Q = R>0 × R>0 . ii) Le cercle unité. [DESSIN] Il peut être décrit comme C = {(x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 = 1} (en compréhension : condition) mais aussi comme l’ensemble C = {(cos θ, sin θ), θ ∈ R} (en extension : paramétrisation). Définition 1.4 Une fonction réelle de deux variables réelles est une méthode qui associe à certains couples de réels (x, y), un autre réel f (x, y). On écrit R2 (x, y) f / R / f (x, y) Son domaine de définition est la partie Df de R2 formée des couples (x, y) pour lesquels f (x, y) existe. L’image (du domaine) de f est l’ensemble de toutes les valeurs que f (x, y) peut prendre. xy − 5 Exemple 1.5 La fonction f (x, y) = √ est définie lorsque le point de coor2 y − x2 données (x, y) est situé au dessus de la parabole y > x2 . [DESSIN] On peut montrer que son image est R tout entier. Définition 1.6 Étant donne une fonction f : R2 → R et un point (a, b) de R2 , les fonctions partielles sont les fonctions d’une variable réelle obtenue en fixant y = b, R x ou en fixant x = a, R y / / fx (x, b) / / fy (a, y) R = f (x, b) R = f (a, y). 4 B04 – Version du March 13, 2009 Définition 1.7 (Généralisation) On désigne par Rn l’ensemble de tous les nuples (x1 , . . . , xn ) avec x1 , . . . , xn ∈ R. Alternativement, on verra les éléments de Rn comme des vecteurs u = (x1 , . . . , xn ) ou des points P = (x1 , . . . , xn ). La cor−→ respondance étant donnée par u = OP . Une partie de Rn est tout simplement un ensemble de n-uples de réels. Une fonction réelle de n variables réelles est une méthode qui associe à certains n-uples (x1 , . . . , xn ), un autre réel f (x1 , . . . , xn ). On écrit Rn (x1 , . . . , xn ) f / / R f (x1 , . . . , xn ) Son domaine de définition est la partie Df de Rn formée des points P pour lesquels f (P ) existe. L’image (du domaine) de f est l’ensemble de toutes les valeurs que f (P ) peut prendre. Enfin, les fonctions partielles en un point (a1 , . . . , an ) sont les fonctions d’une variable réelle obtenue en faisant varier seulement xi : Rn x f / R = f (a1 , . . . , ai−1 , x, ai+1 , . . . an ) / fx (a1 , . . . , ai−1 , x, ai+1 , . . . an ) i xyez es définie lorsque le point x2 + y 2 + z 2 − 1 de coordonnées (x, y, z)est situé en dehors de la sphère unité x2 + y 2 + z 2 ≤ 1. On peut voir que son image est encore R tout entier. Exemple 1.8 La fonction f (x, y) = √ Définition 1.9 Le graphe d’une fonction f : R2 → R est la « surface » G(f ) ⊂ R3 formée de tous les triplets de la forme (x, y, f (x, y)) avec (x, y) ∈ Df . xy − 5 Exemple 1.10 Par exemple, si f (x, y) = √ , alors 2 y − x2 xy − 5 G(f ) = {(x, y, √ ), 2 y − x2 y > x2 }. Définition 1.11 (Généralisation) Le graphe d’une fonction f : Rn → R est G(f ) = {(P, f (P )), P ∈ Df } ⊂ Rn+1 . Définition 1.12 Les courbes de niveau d’une fonction f : R2 → R sont les courbes planes d’étquation f (x, y) = k avec k fixé. Une courbe de niveau d’une fonction f est donc la même chose qu’une courbe de niveau de son graphe G(f ). Exemple 1.13 La fonction f (x, y) = y 2 − x2 . 5 B04 – Version du March 13, 2009 [DESSIN] Définition 1.14 Les courbes de niveau d’une surface S dans R3 sont les courbes obtenues en coupant S avec un plan d’équation z = k et en projetant sur le plan xOy. [DESSIN] Proposition 1.15 Une courbe de niveau d’une fonction f est la même chose qu’une courbe de niveau de son graphe G(f ). [Démonstration] Définition 1.16 Si f est une pression, on dit courbe isobare. Si f est une température, on dit courbe isotherme. Si f est un potentiel, on dit courbe equipotentielle Si f est une altitude, on dit courbe isoplèthe. etc. 2 Limites et continuité Définition 2.1 Soit f : R2 → R une fonction réelle de deux variables réelles, (a, b) un point de R2 et l ∈ R. Alors, f (x, y) a pour limite l quand (x, y) tend vers (a, b) si pour tout intervalle ouvert I contenant l, il existe un disque ouvert D contenant (a, b) tel que l’image de D \ (a, b) par f est contenu dans I. [DESSIN] Autrement dit, q ∀ > 0, ∃η > 0, ∀(x, y) 6= (a, b), (x − a)2 + (y − b)2 ≤ η ⇒ |f (x, y) − l| ≤ On écrira lim f (x, y) = l (a,b) ou lim (x,y)→(a,b) f = l. Définition 2.2 Les coordonnées polaires de (x, y) en (a, b) sont données par ( avec ρ = q x = a + ρ cos θ y = b + ρ sin θ (x − a)2 + (y − b)2 et θ ∈ [0, 2π[. Proposition 2.3 (Méthode des majorations) On a lim f (x, y) = l si et seule(a,b) ment si il existe F : R≥0 → R tel que |f (x, y) − l| ≤ F (ρ) et limρ→0 F (ρ) = 0. 6 B04 – Version du March 13, 2009 [Démonstration] x2 y 2 Exemple 2.4 On a lim 2 = 0 : en effet, (0,0) x + y 2 x2 y 2 ρ2 ρ2 2 sin 2θ ≤ →0 = x2 + y 2 4 4 quand ρ → 0. Proposition 2.5 (Méthode des chemins) S’il existe deux « chemins continus » α, β : R → R2 tels que α(0) = β(0) = (a, b) et lim0 (f ◦ α) 6= lim0 (f ◦ β), alors f n’a pas de limite en (a, b). [Démonstration] x2 y 2 n’a pas de limite en (0, 0) : il suffit de choisir α(t) = (t, 0) x4 + y 4 et β(t) = (t, t). On trouve d’un coté 0 et de l’autre 21 . Exemple 2.6 Définition 2.7 Une fonction f : R2 → R est continue en (a, b) ∈ R2 si f (a, b) = lim f (x, y). La fonction f est continue si f est continue en tout point de Df . (a,b) Exemple 2.8 i) La fonction x2 y 2 si (x, y) 6= (0, 0) f (x, y) = x2 + y 2 0 sinon est continue en (0, 0). ii) la fonction x2 y 2 si (x, y) 6= (0, 0) 4 + y4 f (x, y) = x 0 sinon n’est pas continue en (0, 0). Proposition 2.9 Soit f : R2 → R une fonction continue (sur son domaine) et (a, b) 6∈ Df . Alors l = lim f (x, y) existe si et seulement si f se prolonge par continuité (a,b) en (a, b) et on a alors f (a, b) = l. [Démonstration] Exemple 2.10 Soit f : R2 → R une fonction réelle de deux variables réelles. x2 y 2 se prolonge par continuité sur R2 en posant f (0, 0) = 0. i) f (x, y) = 2 x + y2 7 B04 – Version du March 13, 2009 ii) f (x, y) = x2 y 2 ne peut pas se prolonger par continuité. x4 + y 4 Proposition 2.11 Si f et g sont continues en (a, b), alors f + g, f g et f aussi (si g g(a, b) 6= 0 dans le dernier cas). [Démonstration] Corollaire 2.12 Toute fonction rationnelle est continue (sur son domaine de définition). Exemple 2.13 x2 y 2 x2 y 2 et sont bien continues sur leur domaine. x2 + y 2 x2 + y 4 Proposition 2.14 i) Si α : R → R2 est continue en t et f est continue en (a, b) = α(t), alors f ◦ α est continue en t. ii) Si f est continue en (a, b) et h : R → R est continue en f (a, b), alors h ◦ f est continue en (a, b). [Démonstration] Exemple 2.15 On sait que la fonction f (x, y) = x2 y 2 x2 + y 2 se prolonge par continuité sur R2 en posant f (0, 0) = 0 et la fonction sin est continue sur R. Il suit que la fonction x2 y 2 g(x, y) = sin( 2 ) x + y2 « est » continue sur R2 . Définition 2.16 (Généralisation) Soit f : Rn → R une fonction de n variables réelles, P0 ∈ Rn et l ∈ R. Alors, f (P ) a pour limite l quand P tend vers P0 si pour tout intervalle ouvert I contenant l, il existe une boule ouverte B contenant P0 tel que l’image de B \ P0 par f est contenu dans I. On écrira lim f (P ) = l P0 ou lim f = l. P →P0 q Si u = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn , la norme de u est kuk = x21 + · · · + x2n . Si P = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn et Q = (y1 , . . . , yn ) ∈ Rn , la distance de P à Q est q −→ d(P, Q) = kP Qk = (y1 − x1 )2 + · · · + (yn − xn )2 . 8 B04 – Version du March 13, 2009 On voit alors que lim f = l si et seulement si P →P0 ∀ > 0, ∃η > 0, ∀P 6= P0 , d(P0 , P ) ≤ η ⇒ |f (x, y) − l| < . La fonction f est continue en P0 si f (P0 ) = l. Proposition 2.17 Ces notions sont stables par somme, produit et quotient. Définition 2.18 (Généralisation) Une fonction vectorielle f : Rm → Rn est une méthode qui associe à certains vecteurs (ou points) de Rm , un vecteur (ou point) de Rn . Si on écrit f (P ) = (f1 (P ), . . . , fn (P )), on dit que les fonctions vectorielles f1 , . . . , fn : Rm → R sont les composantes de f . Exemple 2.19 L’application qui à un point du cercle associe son vecteur tangent orienté normalisé est une fonction vectorielle. [DESSIN] C’est tout simplement l’application (x, y) 7→ (−y, x) restreinte au cercle unité. Ses composantes sont les fonctions (x, y) 7→ −y et (x, y) 7→ x. Définition 2.20 Une fonction vectorielle est continue (en un point) si et seulement si toutes ses composantes sont continues (en ce point). Exemple 2.21 f (x, y) = (xy, (x2 + y 2 )exy , x sin(x + y 3 )) est continue partout. Proposition 2.22 f est continue en P0 si et seulement si ∀ > 0, ∃η > 0, ∀P ∈ Df , d(P0 , P ) ≤ η ⇒ d(f (P0 ), f (P )) < . [Démonstration] Proposition 2.23 (Généralisation) La continuité est stable par composition. 3 Différentiabilité Définition 3.1 Si f : R2 → R, les dérivées partielles de f en (a, b) ∈ R2 sont les dérivées des fonctions partielles (si elles existent) : ∂f f (a + h, b) − f (a, b) (a, b) := fx0 (a, b) = lim h→0 ∂x h et ∂f f (a, b + h) − f (a, b) (a, b) := fy0 (a, b) = lim . h→0 ∂x h Le gradient de f en (a, b) est alors le vecteur ∇f (a, b) = ( ∂f ∂f (a, b), (a, b)) ∂x ∂y 9 B04 – Version du March 13, 2009 Exemple 3.2 Si x2 y 2 si (x, y) 6= (0, 0) f (x, y) = x2 + y 2 0 sinon (0, 0) = fx0 (0, 0) = 0. Symétriquement, on a fx (x, 0) = f (x, 0) = 0 et donc ∂f ∂x ∂f (0, 0) = 0 et on a donc ∇f (0, 0) = (0, 0). ∂y x2 x2 +1 (1, 1). On a fx (x, 1) = f (x, 1) = Calculons ∂f ∂x ∂f si bien que ∂x (1, 1) = fx0 (1, 1) = 4−2 = 21 . 4 et donc fx0 (x, 1) = 2x(x2 +1)−2x(x2 ) (x2 +1)2 En général, on écrira aussi f (x + ∆x, y) − f (x, y) ∂f (x, y) = lim ∆x→0 ∂x ∆x si bien que ∇f = ( f (x, y + ∆y) − f (x, y) ∂f (x, y) = lim . ∆y→0 ∂y ∆y et ∂f ∂f , ). ∂x ∂y Exemple 3.3 Calculons ∇f lorsque i) x2 y 2 si (x, y) 6= (0, 0) 2 + y2 f (x, y) = x 0 sinon On a déjà vu que ∇f (0, 0) = (0, 0). Pour calculer ∂f , on considère y comme constant et on dérive par rapport à ∂x x. Pour (x, y) 6= (0, 0), on a donc 2x(x2 y 2 ) − 2xy 2 (x2 + y 2 ) −2xy 4 ∂f (x, y) = = ∂x (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )2 et par symétrie, on aura donc ∇f (x, y) = ( −2xy 4 −2x4 y , ). (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )2 ii) f (x, y) = x2 xy si (x, y) 6= (0, 0) + y2 0 sinon On voit facilement que ( ∇f (x, y) = 2 2 2 2 −y ) x(y −x ) ( y(x , ) si (x, y) 6= (0, 0) (x2 +y 2 )2 (x2 +y 2 )2 (0, 0) sinon Pour le second cas, c’est clair et pour le premier cas, il suffit par symétrie de calculer ∂f 2x(xy) − y(x2 + y 2 ) y(x2 − y 2 ) (x, y) = = . ∂x (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )2 On voit donc que ∇f existe tout le temps mais pourtant, f n’est pas continue en 0 ! 10 B04 – Version du March 13, 2009 Définition 3.4 Étant donné une fonction f : R2 → R, un point P := (a, b) et un vecteur v = (α, β), la dérivée de direction v en P de f est la dérivée en P de la fonction directionnelle t 7→ f (a + tα, b + tβ) : f (a + tα, b + tβ) − f (a, b) . t→0 t 0 f(α,β) (a, b) = lim 0 . On a en particulier fx0 = f(1,0) et fy0 = f(0,1) Exemple 3.5 La fonction de direction (1, 1) en (0, 0) associée à x2 y 2 si (x, y) 6= (0, 0) f (x, y) = x2 + y 2 0 sinon 2 est t 7→ t2 et sa dérivée est donc la fonction identique t 7→ t. On voit donc que 0 f(1,1) (0, 0) = 0. Définition 3.6 Le produit scalaire de deux vecteurs de (α, β) et (h, k) de R2 est (α, β) · (h, k) = αh + βk. Définition 3.7 Une fonction f := R2 → R est différentiable en (a, b) si elle admet des dérivées partielles en (a, b) et qu’en plus, lim f (x, y) − f (a, b) − (x,y)→(a,b) ∂f (a, b)(x − ∂x √ h2 + k 2 a) − ∂f (a, b)(y ∂y − b) = 0. La fonction f est différentiable si f est différentiable en tout point de Df . Exemple 3.8 La fonction x2 y 2 si (x, y) 6= (0, 0) f (x, y) = x2 + y 2 0 sinon est différentiable en (0, 0) : En effet, on a (x, y) = = f (x, y) − f (0, 0) − ∇f (0, 0) · (x, y) √ 2 x + y2 x2 y 2 x2 y 2 x2 x2 √ √ √ ≤ = ≤ = |x| |x| (x2 + y 2 ) x2 + y 2 y 2 x2 + y 2 x2 + y 2 et bien sûr, |x| → 0 quand ρ → 0 (car |x| < ρ). 11 B04 – Version du March 13, 2009 Rappelons que le produit scalaire de deux vecteurs de (α, β) et (h, k) de R2 est (α, β) · (h, k) = αh + βk. Si on pose ∆P = (x − a, y − b) et ∆f (P ) = f (x, y) − f (a, b), la condition de différentiabilité en (x, y) se réécrit : ∆f (P ) = ∇f (P0 ) · ∆P + o(∆P ). Théorème 3.9 Si f : R2 → R est différentiable en (a, b), alors f est continue en (a, b). [Démonstration] Définition 3.10 Une fonction f : R2 → R est de classe C 1 si ses dérivées partielles existent et sont continues (sur son domaine de définition). Exemple 3.11 Avec x2 y 2 si (x, y) 6= (0, 0) f (x, y) = x2 + y 2 0 sinon on calcule pour (x, y) 6= (0, 0), | ∂ 2xy 4 2xy 4 ∂ (x, y) − (0, 0)| = | 2 − 0| ≤ | | = 2|x| → 0. ∂x ∂x (x + y 2 )2 y4 ∂ On voit dont que ∂x est continue et il en va de même de fonction est donc de classe C 1 . ∂ ∂y par symétrie. Notre Théorème 3.12 Si f est de classe C 1 , alors f est différentiable. [Démonstration] x3 y prolongée par 0 à l’origine est x4 + y 2 continue, possède des dérivées partielles mais n’est pas différentiable (et donc pas de classe C 1 ). On vérifiera ça plus tard. xy 3 ii) La fonction f (x, y) = 4 prolongée par 0 à l’origine est de classe C 1 x + y2 (exercice). Elle est donc différenciable et en particulier continue. Exemple 3.13 i) La fonction f (x, y) = Proposition 3.14 Si f : R2 → R et g : R2 → R sont différentiables en (a, b), alors f + g est différentiable en (a, b) et on a ∂(f +g) (a, b) ∂x = ∂f (a, b) ∂x + ∂g (a, b) ∂x ∂(f +g) (a, b) = ∂f (a, b) ∂y + ∂g (a, b) ∂y ∂y 12 B04 – Version du March 13, 2009 Figure 1 – Surface pincée z = Figure 2 – Surface lisse z = x3 y x4 +y 2 xy 3 x4 +y 2 13 B04 – Version du March 13, 2009 ii) i) f g est différentiable en (a, b) et ∂(f g) ∂x (a, b) ∂g = g(a, b) ∂f (a, b) + f (a, b) ∂x (a, b) ∂x ∂(f g) (a, b) ∂g = g(a, b) ∂f (a, b) + f (a, b) ∂y (a, b) ∂y ∂y iii) Si g(a, b) 6= 0, alors f g est différentiable en (a, b) et ∂( fg ) ∂x (a, b) f ∂( g ) ∂y = 1 (a, b) [g(a, b) ∂f g(a,b)2 ∂x ∂g − f (a, b) ∂x (a, b)] (a, b) = 1 [g(a, b) ∂f (a, b) g(a,b)2 ∂y ∂g − f (a, b) ∂y (a, b)] [Démonstration] Corollaire 3.15 Si f et g sont de classe C 1 alors f + g, f g et f aussi. g Corollaire 3.16 Une fonction rationnelle est de classe C 1 . Proposition 3.17 Supposons que f : R2 → R est différentiable en (a, b) ∈ R2 . i) Si h : R → R est dérivable en f (a, b), alors h ◦ f est dérivable en (a, b) et ∇(h ◦ f ) = h0 (f (a, b))∇f (a, b), c’est à dire ∂f ∂(h ◦ f ) (a, b) = h0 (f (a, b)) (a, b) ∂x ∂x et ∂(h ◦ f ) ∂f (a, b) = h0 (f (a, b)) (a, b) ∂y ∂y ii) Si γ : R → R2 est dérivable en t0 (ses composantes γ1 et γ2 sont dérivables) et γ(t0 ) = (a, b), alors f ◦ γ est dérivable en t0 et (f ◦ γ)0 (t0 ) = ∇f (a, b) · (γ10 (t0 ), γ20 (t0 )), c’est à dire, (f ◦ γ)0 (t0 ) = ∂f ∂f (a, b)γ10 (t0 ) + (a, b)γ20 (t0 )) ∂x ∂y [Démonstration] Exemple 3.18 i) On sait que la fonction f (x, y) = x2 y 2 x2 + y 2 se prolonge en une fonction C 1 sur R2 et que son gradient est nul en 0. Il suit que la fonction x2 y 2 g(x, y) = sin( 2 ) x + y2 « est » est C 1 sur R2 et que son gradient aussi est nul en 0. 14 B04 – Version du March 13, 2009 x3 y prolongée par 0 à l’origine n’est pas différenx4 + y 2 tiable : en effet, si on pose α(t) = (t, t2 ), on a ii) La fonction f (x, y) = (f ◦ α)(t) = t3 t2 t = t4 + t4 2 qui est aussi valide pour t = 0 si bien que (f ◦ α)0 (t) = 21 . Or on a ∇f (0, 0) · (α10 (0), α20 (0)) = (0, 0) · (0, 0) = 0. Proposition 3.19 Si f : R2 → R est différentiable en (a, b), alors toutes les dérivées directionnelles existent en (a, b) et on 0 f(α,β) (a, b) = ∇f (a, b) · (α, β) On résume en fv0 = ∇f · v. Il suit que fv0 est maximal dans la direction de ∇f (pour kvk fixé). [Démonstration] Exemple 3.20 Avec x2 y 2 si (x, y) 6= (0, 0) f (x, y) = x2 + y 2 0 sinon 0 comme d’habitude, on retrouve bien f(1,1) (0, 0) = (0, 0) · (1, 1) = 0. Définition 3.21 (Généralisation) Soit f : Rn → R une fonction réelle de n variables réelles. i) Les dérivées partielles de f en P0 := (a1 , . . . , an ) ∈ Rn sont les dérivées des fonctions partielles (si elles existent) : ∂f (P0 ) := fx0 i (P0 ) ∂xi Le gradient de f en P est alors le vecteur ∇f (P ) = ( ∂f ∂f (P0 ), . . . , (P0 )) ∈ Rn ∂x1 ∂xn ii) Étant donné un vecteur v ∈ Rn , la dérivée de de direction v en P de f est la dérivée en P de la fonction directionnelle t 7→ f (P + tv) iii) La fonction f est différentiable en P si elle admet des dérivées partielles en P et qu’en plus, ∆f (P ) = ∇f (P0 ) · ∆P + o(∆P ). 15 B04 – Version du March 13, 2009 iv) La fonction f : R2 → R est de classe C 1 si ses dérivées partielles existent et sont continues. Théorème 3.22 (Généralisation) Si f : Rn → R est de classe C 1 , alors f est différentiable. Et si f est différentiable, alors f est continue. Théorème 3.23 (Généralisation) Si f : Rn → R et g : Rn → R sont différentiables en P0 , alors i) f + g est différentiable en P0 et ∇(f + g)(P0 ) = ∇f (P0 ) + ∇g(P0 ), ii) f g est différentiable en P0 et ∇(f g)(P0 ) = g(P0 )∇f (P0 ) + f (P0 )∇g(P0 ) iii) Si g(P0 ) 6= 0, alors f g et est différentiable en (P0 ) et f 1 (g(P0 )∇f (P0 ) − f (P0 )∇g(P0 )) ∇( )(P0 ) = g g(P0 )2 [Démonstration] Définition 3.24 (Généralisation) Une fonction vectorielle de plusieurs variables réelles f : Rm → Rn est différentiable (en un point P de Rm ) ou de classe C 1 si toutes ses composantes f1 , . . . , fn les sont. La jacobienne de f en P est la matrice ∇f1 (P ) ∂f1 /∂x1 (P ) . . . ∂f1 /∂xm (P ) . .. .. = . .. Jf (P ) = . . ∇fn (P ) ∂fn /∂x1 (P ) . . . ∂fn /∂xm (P ) Exemple 3.25 i) Si f (x, y) = (x2 + y 2 , x2 − y 2 , xy) et P = (2, −1), alors 2x 2y Jf = 2x −2y y x 4 −2 2 et Jf (P ) = 4 . −1 2 ii) La fonction (r, θ) 7→ (x, y) avec x = r cos θ et y = r sin θ a pour jacobienne " cos θ sin θ r sin θ −r cos θ # . Théorème 3.26 (Généralisation) Si f : Rm → Rn est différentiable en P ∈ Rm et g : Rn → Rp est différentiable en f (P ), alors g ◦ f est différentiable en P et on a Jg◦f (P ) = Jg (f (P )) · Jf (P ). Et de même pour C 1 . 16 B04 – Version du March 13, 2009 Corollaire 3.27 Si f : Rm → Rn et g : Rn → Rp sont C 1 , alors g ◦ f aussi. Exemple 3.28 (Changement de variable) i) Si u et v dépendent de x et y, on peut voir une fonction f de u et v comme fonction de x et y et (sous réserve d’existence), on aura ∂f ∂u ∂f ∂v ∂f = + ∂x ∂u ∂x ∂v ∂x ∂f ∂u ∂f ∂v ∂f = + ∂y ∂u ∂y ∂v ∂y . En effet, dire que u et v dépendent de x et y signifie qu’il existe une fonction vectorielle / R2 ϕ : R2 / (u, v) (x, y) Et dire qu’on voit f comme fonction de x et y signifie qu’on regarde la fonction composée f ◦ ϕ. On a alors Jf ◦φ (x, y) = Jf (u, v) · Jφ (x, y). On réécrit ça en h ∂f ∂x ∂f ∂y i = h ∂f ∂u ∂f ∂v i " ∂u ∂x ∂v ∂x ∂u ∂y ∂v ∂y # ii) Comme cas particulier, on peut regarder les coordonnées polaires ( x = a + r cos θ y = b + r sin θ ∂f ∂f ∂f = cos θ + sin θ ∂r ∂x ∂y ∂f ∂f ∂f =r sin θ − r cos θ ∂θ ∂x ∂y . iii) Comme application, on peut voir que fv0 = vecteur de norme 1 et d’angle θ, on a fv0 (a, b) = ∇f (a, b) · (cos θ, sin θ) = ∂f . ∂r Plus précisément, si v est le ∂f ∂f ∂f (a, b) cos θ + (a, b) sin θ = (a, b). ∂x ∂y ∂r Définition 3.29 Une courbe C dans Rn est l’image d’un chemin α : R → Rn . Si α est dérivable en t et α(t) = P , la droite dirigée par α0 (t) est dite tangente à C en P. Exemple 3.30 Le cercle est l’image du chemin α : t → (cos t, sin t). Sa dérivée est α0 : t → (sin t, − cos t). On a α( π2 ) = (0, 1) et α0 ( π2 ) = (−1, 0). Il y a donc une tangente horizontale en (0, 1). [DESSIN] 17 B04 – Version du March 13, 2009 Définition 3.31 Le plan tangent à une surface S ⊂ R3 en un point P ∈ S est l’ensemble de toutes les tangentes aux courbes tracées sur S passant par P . Attention : ce n’est pas toujours un plan (considérer l’origine d’un cône par exemple). Proposition 3.32 Soit F : R3 → R différentiable et S := {(x, y, z) ∈ R3 , F (x, y, z) = 0}. Soit P := (a, b, c) ∈ S avec ∇F (P ) 6= 0. Alors, le plan tangent à S en P a pour équation ∂F ∂F ∂F (P )(x − a) + (P )(y − b) + (P )(z − c) = 0. ∂x ∂y ∂z [Démonstration] Exemple 3.33 i) Le plan tangent un point, par exemple P = (1, 0, 0) de la sphère unité x2 + y 2 + z 2 = 1. On a donc F (x, y, z) = x2 + y 2 + z 2 − 1 si bien que ∂F ∂F ∂F = 2x, = 2y et = 2z ∂x ∂y ∂z et alors ∂F ∂F ∂F (P ) = 2, (P ) = 0 et (P ) = 0. ∂x ∂y ∂z Le plan tangent à donc pour équation 2(x − 1) + 0y + 0z = 0, c’est à dire x = 1. [DESSIN] ii) Il n’y a pas de plan tangent à l’origine P = (0, 0, 0) du cône d’équation x2 +y 2 = z 2 car ∇F (0, 0, 0) = (0, 0, 0). [DESSIN] Corollaire 3.34 Soit S le graphe d’une fonction différentiable f : R2 → R et P = (a, b) ∈ R2 . Le plan tangent à (a, b, f (a, b)) a pour équation z = f (a, b) + ∂f ∂f (P )(x − a) + (P )(y − b). ∂x ∂y Exemple 3.35 Pour f (x, y) = x2 + y 2 et P = (0, 0), le graphe est un bol posé sur le plan tangent qui n’est autre que le plan xOy. Définition 3.36 Une fonction f : R2 → R est de classe C 2 si les dérivées partielles (existent et) sont de classe C 1 . En général, on note 0 fxx = 0 fxy = ∂ 2f ∂ ∂f := ( ), 2 ∂x ∂x ∂x ∂ 2f ∂ ∂f := ( ) ∂x∂y ∂x ∂y 0 fyx = ∂ 2f ∂ ∂f := ( ) ∂y∂x ∂y ∂x 0 et fyy = ∂ 2f ∂ ∂f := ( ). 2 ∂y ∂y ∂y 18 B04 – Version du March 13, 2009 Exemple 3.37 xy 3 si (x, y) 6= (0, 0) f (x, y) = x2 + y 2 0 sinon On a et ∂f (x, y) ∂x y 3 (x2 + y 2 ) − 2x2 y 3 y 3 (y 2 − x2 ) ∂f = (x, y) = ∂x (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )2 = 0. On voit donc que ∂f y5 (0, y) = 2 2 = y ∂x (y ) et il suit donc que ∂ 2f (0, 0) = 1. ∂y∂x D’autre part, on a ∂f 3xy 2 (x2 + y 2 ) − 2xy 4 xy 2 (3x2 + y 2 ) (x, y) = = ∂y (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )2 et bien sûr ∂f (x, y) ∂y = 0. On voit donc que ∂f (0, x) = 0 ∂y et il suit donc que ∂ 2f ∂ 2f (0, 0) = 0 6= (0, 0). ∂x∂y ∂y∂x Théorème 3.38 (de Schwartz) Si f : R2 → R est C 2 , alors ∂ 2f ∂ 2f = . ∂x∂y ∂y∂x [Démonstration] Exemple 3.39 La fonction xy 3 si (x, y) 6= (0, 0) f (x, y) = x2 + y 2 0 sinon n’est pas de classe C 2 . Définition 3.40 (Généralisation) i) Une fonction f : R2 → R est de classe k C si toutes les dérivées partielles jusqu’à l’ordre k existent et sont continues. Grâce au théorème de Schwartz, il suffit de considérer les ∂ i+j f , ∂xi ∂y j i + j ≤ k. 19 B04 – Version du March 13, 2009 ii) Une fonction f : Rn → R est de classe C k si toutes les dérivées partielles ∂ i1 +···+in f , ∂xi11 · · · ∂xinn i1 + · · · in ≤ k. existent et sont continues. iii) Une fonction vectorielle f : Rm → Rn est de classe C k si toutes ses composantes le sont. Théorème 3.41 (Généralisation) Être de classe C k est stable par somme, produit, quotient et composition. [Démonstration] 4 Fonctions implicites Définition 4.1 i) Un voisinage d’un réel a est une partie V de R qui contient un intervale (ouvert) I contenant x. ii) Un voisinage V de (a, b) ∈ R2 est une partie V ⊂ R2 qui contient un disque (ouvert) contenant P . iii) Un voisinage V d’un point P de Rn est une partie qui contient une boule (ouverte) contenant P . [DESSIN] Exemple 4.2 i) ] − 1, 1[ est un voisinage de 0 dans R. Mais pas [0, 1]. [DESSIN] ii) V := {(x, y), 0 ≤ x, y ≤ 1} est un voisinage de (1/2, 1/2) dans R2 . [DESSIN] iii) R \ {(x, 0), x > 0} n’est pas un voisinage de (0, 0) dans R2 . [DESSIN] Définition 4.3 Soit F : R2 → R et (a, b) ∈ R2 tel que F (a, b) = 0. On dit que l’équation F (x, y) = 0 définit y comme fonction implicite de x au voisinage de (a, b) s’il existe ϕ : R → R telle que ϕ(a) = b et y = ϕ(x) ⇔ F (x, y) = 0 au voisinage de (a, b). On verra alors y comme fonction de x au voisinage de a avec y(a) = b (c’est à dire qu’on écrira y au lieu de ϕ). 20 B04 – Version du March 13, 2009 Exemple 4.4 i) L’équation x = y 2√définit y comme fonction implicite de x au voisinage de (1, 1) : prendre y = x. Mais ça définit aussi √ y comme fonction implicite de x au voisinage de (1, −1) : prendre y = − x. [DESSIN] ii) xy = 0 ne définit pas y comme fonction implicite de x au voisinage de (0, 0). Théorème 4.5 Si F : R2 → R est C 1 au voisinage de (a, b) et (∂F/∂y)(a, b) 6= 0, alors F (x, y) = 0 définit y comme fonction implicite de x au voisinage de (a, b) et on a (∂F/∂x)(a, b) . y 0 (a) = − (∂F/∂y)(a, b) [Démonstration] Exemple 4.6 Si F (x, y) = x − y 2 , on a (∂F/∂x) = 1 et (∂F/∂y) = −2y si bien que (∂F/∂y)(1, 1) = −2 6= 0. On voit donc que y est fonction implicite de x avec 1 = 12 . Ici, y(1) = 1. De plus, comme (∂F/∂x)(1, 1) = 1 et on aura y 0 (1) = − −2 √ comme on sait que y = x, on peut le vérifier en remarquant que y 0 = 2√1 x . Définition 4.7 (Généralisation) Soit F : R3 → R et P0 = (a, b, c) ∈ R3 tel que F (P0 ) = 0. On dit que l’équation F (x, y, z) = 0 définit z comme fonction implicite de x et de y au voisinage de P0 s’il existe ϕ : R2 → R telle que ϕ(a, b) = c et z = ϕ(x, y) ⇔ F (x, y, z) = 0 au voisinage de P0 . On verra alors z comme fonction de (x, y) au voisinage de (a, b) avec z(a, b) = c. Exemple 4.8 L’équation x2 + y 2 + z 2 = 1 définit fonction implicite de √ z 2comme 2 x, y au voisinage de (0, 0, 1) : on a en fait z = 1 − x − y . Théorème 4.9 (Généralisation) Si F : R3 → R est C 1 au voisinage de P0 := (a, b, c) et (∂F/∂z)(P0 ) 6= 0, alors F (x, y, z) = 0 définit z comme fonction implicite de x et y au voisinage de P0 et on a (∂F/∂x)(P0 ) ∂z (a, b) = − ∂x (∂F/∂z)(P0 ) et ∂z (∂F/∂y)(P0 ) (a, b) = − . ∂y (∂F/∂z)(P0 ) Exemple 4.10 L’équation 2 z 3 + 2z + ez−x−y = cos(x − y + z) définit z comme fonction implicite de x, y à l’origine. On pose 2 F (x, y, z) = z 3 + 2z + ez−x−y − cos(x − y + z) 21 B04 – Version du March 13, 2009 et on vérifie que F (0, 0, 0) = 0. Puis on calcule 2 ∂F/∂x = −ez−x−y + sin(x − y + z), , 2 ∂F/∂y = −2yez−x−y − sin(x − y + z) 2 et ∂F/∂z = z 2 + 2 + ez−x−y + sin(x − y + z). On en déduit que (∂F/∂x)(0, 0, 0) = −1, (∂F/∂y)(0, 0, 0) = 0 et (∂F/∂z)(0, 0, 0) = 3 et on voit en particulier que (∂F/∂z)(0, 0, 0) 6= 0 et on aura ∂z 1 (0, 0) = ∂x 3 et ∂z (0, 0) = 0. ∂y La même chose en pratique, on vérifie d’abord que l’origine satisfait bien l’équation : 0 + 0 + 1 = cos 0. Puis on fait x = y = 0 et on dérive les deux membres par rapport à z pour trouver 3z 2 + 2 + ez et − sin(z) puis on fait z = 0, ce qui donne 3 6= 0. Pour calculer la valeur de la dérivée partielle de z par rapport à x, on fait y = 0 et on dérive par rapport à x, ce qui donne en (x, 0), 3z 2 ∂z ∂z ∂z ∂z +2 +( − 1)ez−x = −(1 + ) sin(x + z) ∂x ∂x ∂x ∂x ∂z ∂z ∂z puis on fait x = z = 0, ce qui donne 2 ∂x (0, 0)+( ∂x (0, 0)−1) = 0 et donc ∂x (0, 0) = 31 . On fait ensuite la même chose pour la dérivée partielle de z par rapport à Y . On fait x = 0 et on dérive par rapport à y, ce qui donne en (0, y), 3z 2 ∂z ∂z ∂z ∂z 2 +2 +( − 2y)ez−y = −(1 − ) sin(x + z) ∂y ∂y ∂y ∂y ∂z puis on fait y = z = 0, ce qui donne 2 ∂y (0, 0) + 5 ∂z (0, 0) ∂y = 0 et donc ∂z (0, 0) ∂y = 0. Développements limités Remarque 5.1 Si g : R → R est continue sur [0, 1] et dérivable sur ]0, 1[, il existe θ ∈]0, 1[ telle que g(1) = g(0) + g 0 (θ). [DESSIN] Théorème 5.2 (des accroissements finis) Si f : R2 → R est différentiable sur −−→ le segment [P0 , P ], et ∆P := P0 P comme d’habitude, il existe P1 ∈]P0 , P [ tel que f (P ) = f (P0 ) + ∇f (P1 ) · ∆P. En d’autres termes, si P0 = (a, b) et P = (x, y), on a f (x, y) = f (a, b)+ avec θ ∈]0, 1[. ∂f ∂f (a+θ(x−a), b+θ(y−b))·(x−a)+ (a+θ(x−a), b+θ(y−b))·(y−b) ∂x ∂y 22 B04 – Version du March 13, 2009 [Démonstration] Définition 5.3 Si f : R2 → R est de classe C 2 , le Hessien de f en P = (a, b) est la matrice 2 ∂ f ∂2f (a, b) (a, b) 2 ∂x∂y . Hf (P ) := ∂∂x2 f ∂2f (a, b) (a, b) ∂x∂y ∂y 2 On le verra comme une application de R2 dans R en associant à un vecteur v = (α, β) ∈ R2 , le réel v · Hf (P ) · v := ∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f 2 (P )αβ + (a, b)α + 2 (P )β 2 . ∂x2 ∂x∂y ∂y 2 Exemple 5.4 Si f (x, y) = (x2 + y 2 )ex−y , on peut calculer ∇f et Hf partout. On a ∇f = (2x + x2 + y 2 )ex−y , (2y − x2 − y 2 )ex−y si bien que Hf := (2 + 4x + x2 + y 2 )ex−y (2y − 2x − x2 − y 2 )ex−y (2y − 2x − x2 − y 2 )ex−y (2 − 4y + x2 + y 2 )ex−y . En particulier " ∇f (0, 0) = (0, 0) et Hf (0, 0) = 2 0 0 2 # correspond à la forme quadratique correspondante est (x, y) 7→ 2x2 + 2y 2 . Proposition 5.5 (de Taylor-Lagrange) Si f : R2 → R est de classe C 2 il existe P1 ∈]P0 , P [ tel que 1 f (P ) = f (P0 ) + ∇f (P ) · ∆P + (∆P · Hf (P1 ) · ∆P ). 2 En d’autres termes, si P0 = (a, b) et P = (x, y), on a f (x, y) = f (a, b) + + ∂f ∂f (a, b)(x − a)) + (a, b)(x − b)) ∂x ∂y ∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f 2 (P )(x − a) + 2 (P )(x − a)(y − b) + (P1 )(x − b)2 1 1 2 2 ∂x ∂x∂y ∂y avec P1 = (a + θ(x − a), b + θ(x − b)) et θ ∈]0, 1[. [Démonstration] B04 – Version du March 13, 2009 23 Remarque 5.6 On retrouve en particulier la définition de la différentiabilité en P : f (P ) = f (P0 ) + ∇f (P ) · ∆P + k∆P k(P ). avec (P ) → 0 quand P → P0 . En effet, si on pose M = kHf (P1 )k en prenant le sup des normes des entrées de la matrice, on a k 1 (∆P 2 · Hf (P1 ) · ∆P ) k ≤ M k∆P k → 0. k∆P k Théorème 5.7 (Généralisation) Si f : R2 → R est de classe C k avec k ≥ 3, alors 1 f (P ) = f (P0 ) + ∇f (P ) · ∆P + (∆P · Hf (P ) · ∆P ) + · · · 2 Corollaire 5.8 Si f : R2 → R est de classe C 3 avec k ≥ 3, alors 1 f (P ) = f (P0 ) + ∇f (P ) · ∆P + (∆P · Hf (P ) · ∆P ) + k∆P k2 (P ) 2 avec (P ) → 0 quand P → P0 . Exemple 5.9 Avec Si f (x, y) = (x2 + y 2 )ex−y , on trouve donc 1 f (x, y) = 0 + 0x + 0y + (2x2 + y 2 ) + (x2 + y 2 )(x, y) 2