ÉDITORIAL Survie des personnes atteintes de cancer : l’exception française ! L’ Pr Jean-François Morère Rédacteur en chef de La Lettre du Cancérologue ; service d’oncologie médicale, hôpital Avicenne, Bobigny ; hôpital Paul-Brousse, Villejuif. exception consiste en une nouvelle méthode d’estimation de la survie (la survie nette), différente de la méthode classique utilisée précédemment (la survie relative). La France est le premier pays à utiliser cette méthode plus proche de la réalité. La comparaison des résultats français avec ceux des études internationales doit donc être prudente. En appliquant cette nouvelle méthode, le réseau Francim, le service de biostatistique des hospices civils de Lyon, l’Institut de veille sanitaire et l’Institut national du cancer ont récemment présenté leur rapport sur la survie des personnes atteintes d’un cancer en France portant sur 427 000 personnes et 47 localisations de cancers. Pour les cancers les plus fréquents, une amélioration significative a été observée. ➤ Pour les cancers de la prostate, ce progrès est particulièrement marquant, avec un gain de l’ordre de 20 %. La survie nette à 5 ans est passée de 70 % en 1990 à 90 % en 2002 ; à 10 ans, la survie est restée élevée, aux environs de 70 %. ➤ Pour les cancers du sein, l’évolution reste bonne avec un gain de 8 %, la survie nette à 5 ans passant de 81 % en 1990 à 89 % en 2002. ➤ Pour les cancers colorectaux, les résultats observés sont plus modestes puisque seul un gain de 4 % a été observé entre 1990 et 2002. ➤ Pour les cancers du poumon, le gain est encore plus limité, avec une évolution peu significative chez l’homme de 2 %, et de seulement 1 % chez la femme. De façon paradoxale pour un cancer qui avait bénéficié depuis de nombreuses années de la prévention, l’évolution du cancer du col de l’utérus est inverse, avec une légère diminution de la survie dans les formes invasives. Ce paradoxe n’est probablement qu’apparent et est sans doute lié à la pratique du frottis permettant de dépister des lésions précancéreuses précocement. Les lésions diagnostiquées à un stade de cancer invasif sont donc moins fréquentes mais sans doute plus graves cliniquement. On le voit, la survie des personnes atteintes d’un cancer varie donc en fonction de la localisation cancéreuse. Globalement, la survie à 10 ans peut ainsi varier de 1 à 93 %. Notons qu’en France aucune parité n’existe vis-à-vis du cancer puisque ceux de mauvais pronostic représentent 40 % des cas chez l’homme contre 16 % chez la femme. À l’inverse, 52 % des cancers chez la femme sont de bon pronostic pour seulement 28 % chez l’homme. 4 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 1-2 - janvier-février 2013 ÉDITORIAL Malgré ces quelques disparités, l’impression reste favorable. Les experts à l’origine de ce rapport pensent que ces gains peuvent être attribués à une avance au diagnostic du fait du dépistage. Il est intéressant d’ailleurs de souligner que cela semble particulièrement vrai dans le cadre du dépistage par le dosage du PSA dans le cancer de la prostate, dépistage individuel réalisé en pratique médicale courante en dehors de tout programme national. Ces gains sont aussi à mettre sur le compte d’une meilleure prise en charge globale. Reste malgré tout quelques “moutons noirs” tels que le cancer du poumon, des voies aérodigestives ou du pancréas qui justifient des efforts encore plus importants des oncologues et des chercheurs. Quoi qu’il en soit, le progrès thérapeutique apparaît comme un élément essentiel du pronostic des patients atteints d’un cancer ou susceptibles de le devenir. Toute l’équipe de rédaction de La Lettre du Cancérologue est donc très heureuse de vous proposer un panorama complet des évolutions récentes du traitement du cancer sur l’année écoulée. Bonne lecture ! 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