ÉDITORIAL ESMO 2014 : la médecine de précision à l’honneur “ L J.F. Morère Service d’oncologie médicale, hôpital Avicenne, Bobigny ; service d’oncologie médicale, hôpital Paul-Brousse, Villejuif ; rédacteur en chef de La Lettre du Cancérologue. a médecine ciblée du cancer, ou médecine de précision, brille de tous ses feux à l’ESMO 2014. S’il fallait s’en convaincre, il suffit de regarder les résultats de l’étude CLEOPATRA. Dans cette étude de phase III, les investigateurs ont évalué la sûreté et l’efficacité d’une combinaison de pertuzumab + trastuzumab + chimiothérapie chez 808 patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique HER2+ non antérieurement traitées. Ces nouveaux résultats présentés à Madrid sont en effet spectaculaires. Cette combinaison triple, comparée à la combinaison double trastuzumab + chimiothérapie, donne un gain de survie globale de près de 16 mois, avec une survie médiane de 56,5 versus 40,8 mois. Le Dr S. Swain souligne ainsi que “l’amélioration de la survie de près de 16 mois observée dans l’étude CLEOPATRA n’a jamais été obtenue précédemment dans les études portant sur le cancer du sein métastatique”. Ce bénéfice en survie globale est observé quels que soient les sous-groupes de patientes. Le gain de survie sans progression observé lors des résultats et des analyses précédentes est maintenu avec un follow-up de 50 mois. En ce qui concerne la tolérance, celle-ci est inchangée dans le bras comportant le pertuzumab ; en particulier, il n’existe aucun signe de toxicité cardiaque à long terme. J. Cortes, autre signataire de l’étude, souligne, quant à lui, la surprise que constitue cet important accroissement de la survie globale supérieur à celui de la survie sans progression, et émet l’hypothèse que ce gain supplémentaire serait le reflet des différents mécanismes d’action que les anticorps monoclonaux exercent. Le mécanisme exact de cet accroissement reste cependant inconnu. Il est certain aujourd’hui que cette nouvelle combinaison modifiera nos pratiques dans un avenir proche. À côté de ces brillants résultats dans le cancer du sein, il faut aussi souligner l’intérêt que suscitent les ICI, nouveau vocabulaire pour inhibiteurs des checkpoints de l’immunité, qui se développent à vitesse grand V. Cette stratégie de domestiquer le système immunitaire de l’hôte pour se battre contre le cancer devient un must de la thérapeutique anticancéreuse avec, à côté des anticorps anti-CTLA4 tels que l’ipilimumab et le trémélimumab, 8 anticorps anti-PD1 ou anti-PD-L1. De nouvelles études nous montrent leur efficacité dans le mélanome malin utilisés seuls ou en combinaison ; toutefois, leur efficacité ne se résume manifestement pas à cette niche mais est observée dans les cancers du poumon non à petites cellules, les cancers de la tête et du cou, les cancers urothéliaux. On le voit, cette médecine de précision progresse aujourd’hui à grands pas. Vous retrouverez toutes ces avancées significatives de la médecine de précision et des thérapeutiques classiques dans les synthèses proposées par la rédaction de La Lettre du Cancérologue. Bonne lecture, et tous nos vœux pour cette fin d’année 2014. AVIS AUX LECTEURS Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef. Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle, l’implication d’un service de rédaction/révision ” in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef. Notre publication répond aux critères d’exigence de la presse : · accréditation par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse) réservée aux revues sur abonnements, · adhésion au SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé), · indexation dans la base de données INIST-CNRS, · déclaration publique de liens d’intérêts demandée à nos auteurs, · identification claire et transparente des espaces publicitaires et des publirédactionnels en marge des articles scientifiques. La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 11 - décembre 2014 | 455