Chabrol H., et col. (2007). Les troubles des conduites alimentaires chez l’enfant et l’adolescent. Marseille, Solal, coll. Troubles du développement psychologique et des apprentissages. 268 pages. L’ensemble des formes cliniques et subcliniques relatives aux Troubles des Conduites Alimentaires (TCA) connaît un développement que certains spécialistes qualifient d’épidémique. Problème majeur de santé publique, notamment en France : l’anorexie, la boulimie, l’obésité, etc. inquiètent de plus en plus les professionnels de la santé et les pouvoirs publics : un enfant sur six, et une adolescente sur trois seraient concernés (Callahan et al., 2003). Longtemps dominée par l’approche psychanalytique, la compréhension de ce domaine, ainsi que les modalités de prise en charge profitent depuis quelques années des apports de nombreux travaux issus de diverses théories, explorant un large ensemble de facteurs psychosociaux, biologiques, culturels, etc. Coordonné par Henri Chabrol (pédopsychiatre, Université de Toulouse-Le Mirail), ce livre expose les données scientifiques actuelles sur les TCA de l’enfant et de l’adolescent, les modalités de prévention et les possibilités de traitements envisageables. Les auteurs ont pour objectif de regrouper un ensemble de contributions scientifiques, de niveau et d’envergure internationales, pour proposer un panorama complet des acquisitions récentes. L’ouvrage est structuré selon deux axes principaux, eux-mêmes subdivisés en sous-parties. Le premier axe regroupe les travaux de chercheurs, praticiens, médecins ou psychologues : • Isabel Urdapilleta (Laboratoire de Psychologie sociale EA 351, Université Paris 8) étudie et met en évidence les modalités cognitives spécifiques impliquées dans les TCA, notamment par le biais d’études expérimentales portant sur les catégorisations alimentaires (regroupement de noms et de propriétés d’aliments en catégories) susceptibles de favoriser l’installation de croyances alimentaires pathogènes. • Sarah Bydlowski (Psychiatre, Fondation Vallée, Gentilly) aborde et définit le rôle de la conscience émotionnelle et de l’alexithymie (déficit cognitivo-affectif qui se caractérise principalement par une difficulté à identifier, et à communiquer les émotions) dans les TCA chez l’adolescente. A partir d’une étude comparative, elle conclut que le niveau de conscience émotionnelle, ainsi que la capacité à exprimer ses émotions, sont des facteurs de premier ordre dans l’approche des TCA. • Pascal Isnard (Hôpital Bichat-Claude Bernard et Robert Debré, Polyclinique Ney) décrit la psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent obèse. Les facteurs déterministes, d’origine multifactorielle (neurobiologiques, psychologiques et comportementaux, environnementaux, socioculturels), sont mis en évidence et illustrés par un schéma en trois anneaux. La souffrance psychologique de l’enfant obèse (stigmatisation, trouble de l’estime de soi, et du comportement, anxiété) fait également l’objet d’une modélisation schématique annexe permettant de comprendre la comorbidité des troubles. L’auteur propose aussi trois illustrations cliniques. • Rosa Maria Raich (Universitad Autonoma de Barcelone) aborde la question de l’image du corps dans les TCA comme aboutissement du développement d’une image corporelle négative chez l’enfant et l’adolescent, analogue à un trouble dysmorphique. Elle conclut à la nécessité d’introduire des techniques d’amélioration de l’image corporelle dans la prévention et le traitement des TCA. Le second axe est consacré aux possibilités de traitement et aux modalités de prévention. • Amélie Rousseau (Université de Lille) et Audrey Knotter (Université de Toulouse-Le Mirail) exposent de manière exhaustive les programmes de prévention des TCA et de l’obésité de l’enfant/adolescent. Les auteurs soulignent la rareté de ces programmes, trop peu efficaces et exigeant notamment la participation des parents, l’association d’une éducation physique à une pédagogie nutritionnelle, ainsi que la mobilisation de nombreux acteurs sociaux (pouvoirs publiques, pédagogues, parents, industries agro-alimentaires). • Henri Chabrol, coordinateur de l’ouvrage, décrit la clinique de l’anorexie mentale de l’adolescente en abordant les prémisses des conduites alimentaires pathogènes, les différentes phases évolutives (initiale, d’optimisme, de détresse, de rémission), et les nombreux facteurs impliqués. Il définit également les modalités de traitement, notamment dans le cadre de l’hospitalisation. Un consensus se dégage en faveur d’une combinaison d’approches thérapeutiques, associant psychothérapie individuelle, familiale, et rééducation nutritionnelle. Deux études de cas illustrent cet exposé. • Sean O’Halloran et Amy Milkavich (Université du Northern Colorado Greeley, USA) réalisent un exposé similaire, mais à propos de la boulimie à l’adolescence. Publié dans une collection spécifiquement consacrée aux troubles du développement psychologique et des apprentissages, cet ouvrage maniable et pratique propose un appareil paratextuel exhaustif qui contribue à la richesse de l’ensemble. Principalement destiné aux professionnels de la santé, chercheurs, enseignants et étudiants, ce travail approfondi semble essentiellement réservé à un public spécialisé. Léonard Vannetzel, psychologue