De la demande de perte de poids au changement de comportement Pr Eric Bertin Demande de perte de poids Médecin Prescription diététique Patient Régime Sport Diététicien nutritionniste Evaluation / préconisations Alimentation ± activité physique Objectifs du Conseil Nutritionnel habituel • équilibrer progressivement l’alimentation • diminuer les quantités ingérées • aménager les conditions de prise des repas • acquérir un rythme alimentaire limitant les compulsions • bouger pour renforcer la perte d’énergie La tendance spontanée est le retour aux comportements habituels • absence d’autonomisation du patient • Yo-Yo pondéral : perte estime de soi recherche de solutions miracle A 2 ans, l’effet est le même quel que soit le type d’alimentation (IMC initial = 33) Sacks et al. NEJM 2009, 360 : 859-873 Explications à l’absence de changements durables de comportements ? • le changement en question ou sa pérennité n’est pas un projet prioritaire pour le patient • le rapport bénéfices/inconvénients est défavorable • le patient n’a pas la maîtrise de son comportement Aspects positifs des comportements promoteurs de surcharge pondérale ? Bénéfices inconscients induits par l’alimentation • charge symbolique relationnelle : - appartenance à un groupe - vecteur d’affection - « madeleine de Proust » • valeur hédonique • étouffement des pulsions agressives • prise de poids antidépresseur ; apaise les tensions psychiques (stress émotionnel, angoisses …) Aliments = sensations / émotions vue ; odorat/ goût ; texture … système méso-limbique / cortex dopamine SNC Apports alimentaires (hypothalamus) Dépenses énergé nergétiques Masse Grasse Bénéfices inconscients d’une forte corpulence • appartenance à un groupe • échappement à l’emprise d’un proche • protection contre l’intrusion • « anesthésie » des sensations corporelles / effacement du désir sexuel • renforcement du « moi » induit une résistance à l’efficacité des changements alimentaires Toute suppression de ces éléments bénéfiques est potentiellement à même d’accentuer le déséquilibre psychique qu’ils tendent à corriger à court terme et à renforcer l’absence de maîtrise du comportement alimentaire ! Prise de poids / maintien d’un excès pondéral Restriction alimentaire TCA estime de soi violences stress professionnel deuil faille narcissique pas d’espace pour soi isolement social carence affective … L’évaluation quantitative de l’alimentation n’est pas fiable chez le sujet obèse • sous-déclaration des aliments « plaisir » et/ou pris de façon impulsive effacement ? ; culpabilité ? Importance de rechercher les TCA promoteurs d’obésité Rassasiement tachyphagie - non identifié - non priorisé Satiété (délai entre les repas) Faim - angoisses - incapacité à l’assumer TCA extra-prandiaux - grignotages - compulsions (craving) - accès boulimiques (binge) Extraits d’un atelier « Agir sur son poids » Propositions pour la pratique clinique Évaluation du patient • retracer l’histoire pondérale et faire émerger les évènements de vie associés aux prises pondérales • phénotyper le comportement alimentaire • évaluer niveau de stress (W ; sommeil), anxiété et humeur • rechercher si investissements personnels (activités de loisir …) Propositions pour la pratique clinique Prise en charge • faire prendre conscience de la réalité des TCA, des liens entre TCA et poids, et des déterminants des TCA • tendre à renforcer l’équilibre psychique (espace pour soi, « soupapes », lien social …) • travailler sur la perception des signaux internes lors des prises alimentaires, sur l’identification du niveau de tension L’envoi à un psy doit être préparé ! • y donner du sens pour éviter les résistances • patient en mesure de parler de lui / de ses difficultés • le présenter comme un élargissement du cadre de soins • beaucoup de patients supportent mal les silences Conclusion Ne pas se précipiter à changer les comportements S’éloigner de l’assiette Permettre l’expression du ressenti Bouger oui, mais pour se rapprocher de son corps