Brèves de pharmacovigilance

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THÉRAPEUTIQUES
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Michel Gerson
Centre hospitalier
de Colmar
[email protected]
Brèves de pharmacovigilance
La diacéréine reste
sur le marché !
En décembre 2013, la Commission d’AMM de l’ANSM
avait jugé le rapport bénéfice/risque de l’« antiarthrosique » diacéréine (Art 50®, Zondar® et génériques) défavorable ; nous avions conseillé de ne plus utiliser ce
médicament [1]. Néanmoins, l’organisme de pharmacovigilance européen, le PRAC, a considéré que ce rapport bénéfice/risque demeurait favorable sous réserve
d’une modification de l’information : le médicament
est désormais déconseillé après 65 ans ; sa posologie
initiale est réduite et la fonction hépatique doit être
surveillée [2]. Une position étonnante...
Rappelons que la diacéréine est associée à des cas
fréquents de diarrhée, parfois sévères avec déshydratation et hypokaliémie, à des atteintes hépatiques cytolytiques et à des réactions cutanées graves.
Mots clés : arthrose ; effets des médicaments et
substances chimiques [Drug Effects; Osteoarthritis]
Références :
1. Gerson M. Ne plus traiter par diacéréine : rapport bénéfice-risque défavorable. Médecine. 2013;9(10):442.
2. Art 50 mg, Zondar 50 mg et générique : nouvelles restrictions d’utilisation et
recommandations spécialités contenant de la diacéréine – Lettre aux professionnels de santé. 8/12/2014. www.ansm.sante.fr
de pharmacovigilance (MHRA) de 1998 à 2011 et s’est
intéressée aux médicaments le plus souvent concernés par les notifications de dépression, de suicide et
de tentative de suicide [1].
Pour la dépression arrivent en tête deux médicaments du sevrage tabagique, la varénicline et le bupropion, puis un antidépresseur la paroxétine et un
traitement de l’acné, l’isotrétinoïne. Pour l’isotrétinoïne, le MHRA a publié une mise en garde invitant
à informer les patients et leur famille de ce risque
[2]. Pour les suicides et tentatives de suicide, arrivent en tête les antidépresseurs sérotoninergiques,
la clozapine et la varénicline. Les auteurs ont calculé
le taux de notifications d’effets indésirables psychiatriques rapportées au million de prescriptions ; arrivent en tête (après le rimonabant retiré du marché)
l’isotrétinoïne puis la méfloquine, la varénicline et le
bupropion.
En raison des biais inhérents à la notification spontanée, ces taux ne reflètent pas nécessairement l’incidence réelle de ces effets indésirables. Aussi les auteurs insistent-ils sur l’importance d’un recueil
rigoureux des évènements tels que la dépression, les
suicides et tentatives de suicides au cours des essais
thérapeutiques.
Mots clés : dépression ; suicide [Depression; Suicide]
Références :
Statines et cataracte
La responsabilité éventuelle des statines dans la survenue d’une cataracte est controversée en raison
d’études aux résultats divergents. Une nouvelle étude
cas-témoins portant sur deux cohortes vient d’être publiée [1] : une de Colombie-Britannique (Canada)
(162 501 patients appariés à 650 004 témoins) et l’autre des États-Unis (45 065 patients appariés à
450 650 témoins). Dans ces cohortes, tous les patients opérés de cataracte ont été identifiés. Le risque
d’intervention pour cataracte était plus élevé chez les
utilisateurs de statine : RR 1,27 (1,24-1,30) pour la première cohorte et 1,07 (1,04-1,10) pour la seconde.
Mots clés : cataracte ; inhibiteurs de l’hydroxyméthylglutaryl-CoA réductase [Cataract; Hydroxymethyl-glutaryl-CoA Reductase Inhibitors]
Référence :
DOI : 10.1684/med.2015.1192
1. Wise SJ, Nathoo NA, Etminan M, Mikelberg FS, Mancini GB. Statin use and
risk for cataract: a nested case-control study of 2 populations in Canada and the
United States. Can J Cardiol 2014;30:1613-9.
Médicaments et risque
de dépression ou de suicide
Une équipe anglaise a analysé les notifications spontanées reçues au Royaume-Uni par le système officiel
58 MÉDECINE février 2015
1. Thomas KH, Martin RM, Potokar J, Pirmohamed M, Gunnell D. Reporting of
drug induced depression and fatal and non-fatal suicidal behaviour in the UK
from 1998 to 2011. BMC Pharmacology and Toxicology. 2014;15:54.
2. Isotretinoin (Roaccutane). Reminder of possible risk of psychiatric disorderswarn patients and family; monitor patients for signs of depression. Drug Safety
Update volume 8 issue 5, December 2014: A2.
Ambroxol, bromexhine
et réactions allergiques
sévères
Le PRAC vient de publier ses conclusions sur le risque
de réactions allergiques sévères lié à deux expectorants, l’ambroxol (Surbronc® et autres) et la bromhexine (Bisolvon®) [1]. L’EMA avait été saisie en avril
2014 par l’Agence belge du médicament qui avait reçu
des notifications de réactions allergiques et d’atteintes cutanées sévères (érythème multiforme et syndrome de Stevens-Johnson) imputées à l’ambroxol ;
l’ambroxol étant un métabolite important de la bromhexine, le PRAC avait décidé d’étendre la réévaluation
à cette dernière. Le PRAC a conclu que le risque de
réaction allergique sévère avec ces médicaments était
faible.
Rappelons que le service médical rendu par ces spécialités est jugé insuffisant par la Commission de la
Transparence qui considère qu’elles n’ont pas de
place établie dans la stratégie thérapeutique [2, 3].
Mots clés : anaphylaxie [Anaphylaxis]
THÉRAPEUTIQUES
Brèves de pharmacovigilance
Références :
1. PRAC considers risk of severe allergic reactions with ambroxol- and bromhexine-containing medicines to be small. 12/01/2015. www.ema.europa. eu
2. HAS. Commission de la Transparence. BISOLVON 8 mg, comprimé. 22 juin 2005.
www.has-sante.fr
3. HAS. Commission de la Transparence. SURBRONC. 25 mai 2005. www.has-sante.fr
l’AMM, notamment le vitiligo, le lichen simplex chronique et
la dermatite séborrhéique.
Mots clés : tumeurs [Neoplasms]
Référence :
1. Réunion du Comité technique de Pharmacovigilance. Séance du 8 juillet 2014.
www.ansm.sante.fr
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Effets indésirables
de l'amoxicilline et essais
thérapeutiques
Une équipe australienne s’est intéressée à la qualité de l’évaluation des effets indésirables de l’amoxicilline dans les essais thérapeutiques [1]. Les auteurs ont effectué une métaanalyse de 45 essais thérapeutiques randomisés amoxicilline
(seul ou en association avec l’acide clavulanique) versus placebo. Seuls 25 essais fournissent des données pertinentes
pour l’évaluation des effets indésirables ; des données sur la
diarrhée sont disponibles pour seulement 10 des 28 essais
avec l’amoxicilline seule. Seuls deux effets indésirables sont
statistiquement plus fréquents avec l’amoxicilline qu’avec le
placebo : la diarrhée (seulement en association avec l’acide
clavulanique) et la candidose alors que des effets indésirables « classiques » de l’amoxicilline ne sont pas plus fréquents qu’avec le placebo : il en est ainsi avec les rashes,
les nausées, les vomissements. De plus, comme le note
l’éditorial qui accompagne cette étude [2], l’information sur
les effets indésirables lorsqu’elle existe est souvent incomplète et de mauvaise qualité ; la surveillance, souvent insuffisamment prolongée, ne permet pas de détecter les effets
indésirables tardifs. Au total, le risque est réel d’induire un
faux sentiment de sécurité quand le recueil des effets indésirables est d’aussi mauvaise qualité.
Mots clés : toxicité des médicaments [Drug Toxicity]
Références :
1. Gillies M, Ranakusuma A, Hoffman T, et al. Common harms from amoxicillin: a systematic review and meta-analysis of randomized placebo-controlled trials for any indication.
CMAJ. 2015;187:E21-E31.
2. Loke YK, Mattishent M. If nothing happens, is everything all right? Distinguishing genuine reassurance from a false sense of security. CMAJ. 2015;187:15-6.
Tacrolimus et risque de cancer
Le tacrolimus sous forme de pommade (Protopic®) a pour
seule indication la dermatite atopique, essentiellement en
cas de réponse inadéquate ou d’intolérance aux autres traitements. En 2012, l’ANSM avait attiré l’attention sur des cas
de tumeurs malignes, incluant des lymphomes et des cancers cutanés rapportés chez des patients traités par le tacrolimus pommade. Une nouvelle enquête de pharmacovigilance menée de 2011 à 2013 a identifié 50 notifications de
cas de cancer dont une majorité de cancers cutanés et de
lymphomes [1]. Le rapporteur de cette enquête conclut
qu’aucun nouvel élément ne permet d’écarter un risque de
cancer associé au tacrolimus topique. Il souligne la persistance d’un mésusage dans des indications non conformes à
Médicaments responsables
d'HTA
Les médicaments sont une cause sous-estimée d’HTA ou
d’aggravation d’une HTA pré-existante [1]. Les médicaments
d’utilisation courante impliqués sont les suivants :
– les AINS ; l’élévation tensionnelle est dose-dépendante et
le risque est plus élevé chez les patients âgés et les insuffisants rénaux. Les inhibiteurs calciques sont proposés
comme traitement de première intention ;
– les corticoïdes ;
– les œstroprogestatifs ;
– les décongestionnants nasaux : leur utilisation prolongée
est déconseillée ;
– un antidépresseur, la venlafaxine (Effexor® et génériques) :
des cas de crise hypertensive ont été rapportés.
Mots clés : hypertension artérielle [Hypertension]
Référence :
1. Serveaux M, Burnier M, Pruijm M. Médicaments : une cause sous-estimée d’hypertension artérielle. Rev Med Suisse. 2014;10:1661-5.
Atteintes hépatiques
et pulmonaires dues
à la nitrofurantoïne
De nouvelles données de pharmacovigilance sur la nitrofurantoïne (Furadantine®) portent sur la période 2010-2014 [1] :
surtout des atteintes hépatiques de type cytolytique et cholestatique (une seule atteinte chronique), des pneumopathies
interstitielles et des fibroses pulmonaires ; ces effets indésirables sont rapportés surtout chez des femmes âgées de
plus de 70 ans. Trois évolutions fatales ont été notées. Dans
80 % des observations, un mésusage est noté : prescriptions chez l’homme ; traitements itératifs ou intermittents ;
durée de traitement supérieure à la durée recommandée
(> 7 jours). Il a aussi été noté de nombreux cas de réintroduction positive après des expositions de courte durée ayant
déjà entraîné une première réaction. Les nombreuses mises
en garde de l’ANSM n’ont donc pas fait disparaître le mésusage.
Mots clés : antibactériens ; infections urinaires [Antibacterials Agents; Urinary Tract Infections]
Référence :
1. Réunion du Comité technique de Pharmacovigilance. Séance du 8 juillet 2014.
www.ansm.sante.fr.
MÉDECINE février 2015 59
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