Diminution de la stéatose chez des patients traités pour une hépatite

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Diminution de la stéatose chez des patients traités pour une hépatite C chronique
Revue critique
de l'actualité scientifique internationale
sur le VIH
et les virus des hépatites
n°106 - janvier-mars 03
VIH - GENOTYPE
Diminution de la stéatose chez des patients
traités pour une hépatite C chronique
Valérie Dalhuin-Venier
service d'hépato-gastroentérologie, Hôpital de Bicêtre (Le Kremlin-Bicêtre)
Hepatitis C
virus
genotype 3 is
cytopathic to
hepatocytes :
reversal of
hepatic
steatosis after
sustained
therapeutic
reponse
Kumar D.,
Farrell G.C.,
Fung C.,
George T.
Hepatology,
2002, 36, 12661272
Une diminution significative de la stéatose est observée chez
les patients de génotype 3 ayant une réponse virologique
prolongée, selon une étude dont les limites n'empêchent pas
d'y trouver un argument supplémentaire en faveur d'une
étiologie virale de la stéatose.
L'hépatite chronique virale C est une infection préoccupante
sur le plan de la santé publique. On estime que 600000
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Français sont porteurs chroniques du virus, dont 80% sont
virémiques. Le risque de toute hépatite chronique est
l'évolution vers la cirrhose, stade terminal de la maladie, dont
les risques sont liés à l'insuffisance hépato-cellulaire et à
l'hypertension portale. Certains facteurs de progression de la
fibrose ont été mis en évidence : l'âge au moment de la
contamination, la durée d'évolution de la maladie, la
consommation d'alcool ; d'autres restent à déterminer. La
stéaose pourrait être un facteur de progression de la fibrose1,2.
La stéatose est une particularité fréquemment observée au
cours de l'hépatite chronique virale C. En effet, Goodman et
coll., dans une revue de la littérature, l'avaient trouvée chez
31% à 72% des patients. Elle est beaucoup plus fréquente que
dans d'autres hépatopathies chroniques telles que l'hépatite
auto-immune ou l'hépatite chronique B, et persiste lorsqu'on
élimine les causes habituelles de stéatose. Il est maintenant
admis que le virus C lui-même est une cause de stéatose
indépendamment des causes habituelles de surcharge en
graisse du foie.
Les mécanismes qui expliquent l'apparition d'une stéatose
sont encore mal connus. Plusieurs études in vitro ont mis en
évidence des interactions entre la protéine de capside du virus
et l'assemblage des molécules lipidiques. De plus, il existe un
lien entre le génotype viral et la stéatose, celle-ci étant plus
fréquente en cas de génotype 3.
Dans une étude publiée dans le numéro d'Hepatology de
novembre 2002, Kumar et coll. suggèrent que si la stéatose
est liée au génotype 3, une disparition de cette dernière
devrait être observée chez les répondeurs virologiques à long
terme, et, à l'opposé, ne devrait pas être trouvée chez les
patients de génotype 1.
Tous les patients ayant une hépatite chronique C de génotype
1 et 3, traitée entre 1988 et 1998, et chez qui on disposait
d'une biopsie pré et post-thérapeutique, ont été inclus.
Les critères d'exclusion de l'étude étaient : autre cause
d'hépatopathie chronique (hépatite chronique B, hépatite autoimmune, hémochromatose, déficit en antitrypsine, maladie de
Wilson, diabète non contrôlé), un délai inférieur à 6 mois
après la fin du traitement, les patients sous corticoïdes ou
autres drogues connues pour favoriser une stéatose.
Le traitement comprenait une monothérapie par interféron
alpha pendant 6 à 12 mois et, pour 2 patients, une bithérapie
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par interféron et ribavirine.
A chaque biopsie étaient relevés l'âge, le sexe, la taille, le
mode de contamination et la durée d'évolution de la maladie,
la consommation d'alcool pendant les 12 mois précédant la
biopsie, la présence ou non d'un diabète, et le poids. La dose
et la durée du traitement, la réponse biochimique et
virologique au traitement, et la durée entre la fin du traitement
et la biopsie étaient également notées.
Sur le plan histologique, les scores d'activité et de fibrose
étaient évalués selon le score de Scheuer. La stéatose était
évaluée selon deux méthodes : semiquantitative : grade 0
(<1% des hépatocytes atteints), 1 (1-33% des hépatocytes
atteints), 2 (33-66% des hépatocytes atteints) ou 3 (> 66% des
hépatocytes atteints), ou à l'aide d'une technique
morphométrique.
Les résultats de cette étude mettent en évidence une stéatose
chez plus de 50% des patients, ce qui est conforme aux
données de la littérature. Une diminution significative de la
stéatose est observée chez les patients de génotype 3 ayant
une réponse virologique prolongée (définie comme la
négativation de l'ARN du VHC 6 mois après l'arrêt du
traitement). Cette diminution n'est pas retrouvée en cas de
non réponse virologique et chez les génotypes 1, qu'ils soient
répondeurs ou non.
Les facteurs prédictifs de disparition de la stéatose étaient la
réponse virologique prolongée chez les génotypes 3 alors
qu'aucun facteur n'était mis en évidence chez les génotypes 1.
L'absence de différence significative entre la sévérité de la
stéatose et les génotypes 1 et 3 est inattendue car celle-ci était
significativement présente dans les études antérieures.
Deux points font l'originalité de cette étude : tout d'abord, à
ma connaissance, peu d'études portant sur l'évolution de la
stéatose avec le traitement antiviral ont été publiées jusqu'à
présent dans la littérature. Les résultats sont confirmés par
ceux de Ratziu et coll., présentés sous forme de résumé à
l'Association française pour l'étude du foie en 20023. En effet,
dans leur étude portant sur 1428 patients, la stéatose
régressait de manière significative chez les patients de
génotype 3 par rapport aux non-3. Ces résultats sont en faveur
d'une origine virale de la stéatose. La raison pour laquelle elle
prédomine en cas de génotype 3 n'est pas connue.
La deuxième originalité porte sur l'évaluation
morphométrique de la stéatose. Il existe une bonne
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corrélation entre les deux méthodes utilisées dans cette
étude suggérant qu'elles sont aussi fiables l'une que
l'autre (r = 0,0877, p < 0,001). Il n'existe donc a priori pas de
"subjectivité" de la part des anatomo-pathologistes.
Cette étude présente cependant plusieurs limites : elle porte
sur un petit effectif (62 patients) et les critères d'exclusion
sont peu clairs. En effet, les auteurs soulignent l'importance
des facteurs de risque de stéatose, comme une consommation
excessive d'alcool, et de la variation du poids des patients.
Cependant, les patients ayant une consommation d'alcool
excessive ou une surcharge pondérale n'ont pas été exclus. De
plus, le BMI (Body mass index, ou index de masse
corporelle) moyen n'est pas mentionné dans les résultats. La
stéatose étant multifactorielle, il est fondamental d'exclure les
facteurs pouvant intervenir dans sa pathogénie. Par ailleurs,
les auteurs n'ont pas utilisé le score de Métavir pour
l'évaluation de la gravité de la maladie hépatique,
classification la plus utilisée en Europe.
En conclusion, la diminution de la stéatose avec le traitement
antiviral apporte un argument supplémentaire en faveur d'une
étiologie virale de celle-ci.
1 - Hourrigan LF, Macdonald GA, Purdie D et al.
"Fibrosis in chronic hépatitis C correlates significantly with body mass
index and steatosis"
Hepatology, 1999, 29, 4, 1215-9
2 - Adinolfi LE, Gambardella M, Andreana A et al.
"Steatosis accelerates the progression of liver damage of chronic
hepatitis C patients and correlates with specific HCV genotype and
visceral obesity"
Hepatology, 2001, 33, 6, 1358-64
3 - Ratziu V, Poynard T, McHutchison J et al.
"Effet du traitement par l'interféron pégylé alpha-2b et la ribavirine sur
la stéatose hépatique chez les patients infectés par le génotype 3 du
virus de l'hépatite C"
(résumé)
Gastroenterol Clin Biol, 2002, 26, 755
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